Le Franco-Algérien Mohamed Djeha, dit « Mimo », serait, selon les enquêteurs, un des grands parrains du trafic de drogue à Marseille
Présenté comme l’un des plus gros trafiquants de drogue de France, Mohamed Djeha, dit « Mimo », qui a commencé son ascension criminelle à Marseille, a été arrêté jeudi dernier en Algérie après des années de traque.
« C’est une très grosse prise parce que c’est quelqu’un qui peut être considéré comme le numéro 1 du trafic de drogue sur Marseille, mais il organisait également l’importation de produits stupéfiants pour d’autres régions françaises », que ce soit du cannabis ou de la cocaïne, a commenté auprès de l’AFP une source proche du dossier : « Il fait partie des plus gros trafiquants français » et figurait sur la liste des « cibles d’intérêt prioritaire » de l’Office français antistupéfiants (OFAST).
L’interpellation a été effectuée par la police algérienne jeudi dernier à Oran (nord-ouest de l’Algérie), ont précisé à l’AFP la procureure de Marseille Dominique Laurens et des sources policières, confirmant une information du Journal du Dimanche.
Le ministre français de l’Intérieur Gérald Darmanin a remercié les enquêteurs pour leur travail et « les autorités algériennes pour leur coopération ».
« Cette interpellation a eu lieu après le déplacement en mai de l’OFAST en Algérie, puis du directeur général de la police et du directeur central de la police judiciaire en juin, pour évoquer la coopération entre les deux pays et notamment la situation de M. Djeha », a indiqué à l’AFP une autre source proche du dossier.
« Les autorités judiciaires françaises ont dénoncé les faits [pour lesquels il a été condamné en France] à l’Algérie pour qu’il puisse être jugé sur place », a ajouté cette source, récusant a priori toute possibilité d’extradition pour ce quadragénaire qui possède la double nationalité franco-algérienne, l’Algérie n’extradant pas ses ressortissants.
« Depuis 2018 et le premier procès, ‘’Mimo’’ ne résidait plus en France. On savait qu’il voyageait entre Dubaï, l’Algérie et le Maroc »
- Une source proche du dossier
Né le 21 septembre 1981 à Béjaïa (250 kilomètres à l’est d’Alger), Mohamed Djeha Idri, 41 ans, surnommé « Mimo » mais aussi parfois « Papipaolo » ou « Suarez », faisait l’objet d’un mandat d’arrêt depuis 2019 après une condamnation à une peine de dix ans de prison dans une vaste affaire de blanchiment de trafic de stupéfiants à Marseille, à la cité de La Castellane.
Il avait aussi été condamné en mai de cette année, en son absence, à 30 ans de réclusion criminelle par la cour d’assises d’Aix-en-Provence, reconnu coupable d’avoir commandité un assassinat commis sur l’autoroute A55 près de Marseille en 2017.
De nombreux quartiers de la deuxième ville de France sont gangrénés par le trafic de drogue – majoritairement du cannabis – et les guerres pour le contrôle des points de vente sont de plus en plus meurtrières.
En 2022, une trentaine de personnes ont perdu la vie dans des règlements de compte liés au trafic. Depuis le début de cette année, 23 personnes ont été tuées, dont une mère de famille, qui pourrait être une victime collatérale, le 10 mai.
Les victimes sont en général de jeunes hommes, parfois des adolescents, situés en bas de l’échelle des trafics, les grands chefs, comme Mohamed Djeha, se cachant à l’étranger, au Moyen-Orient, au Maghreb ou en Espagne.
Traque prioritaire des gros trafiquants
« Depuis 2018 et le premier procès, ‘’Mimo’’ ne résidait plus en France. On savait qu’il voyageait entre Dubaï, l’Algérie et le Maroc », raconte à l’AFP une source proche du dossier.
Ce n’est que récemment que les enquêteurs ont eu la certitude qu’il s’était établi en Algérie et qu’il évitait Dubaï par peur d’y être arrêté puis remis à la justice française.
« Mouf », le baron français du trafic de cannabis, interpellé à Dubaï
« Ce n’est pas la première fois que la justice algérienne s’intéresse au fugitif marseillais. Il avait déjà été interpellé le 26 février 2020 par la sûreté de la wilaya [département] de Béjaïa, en réponse au mandat d’arrêt international émis le 2 décembre 2019 par le juge d’instruction en charge de l’enquête sur l’assassinat de l’A55 », rappelle le quotidien Le Monde.
« Il avait alors été présenté au procureur de la République du tribunal d’Amizour avant d’être placé sous contrôle judiciaire », poursuit le même média. Dans sa réponse au Bureau de l’entraide pénale internationale du ministère de la Justice, le directeur des affaires pénales et des grâces algérien écrivait, en avril 2020 : « Étant de nationalité algérienne, le nommé Djeha Mohamed ne peut être extradé vers la France. »
Depuis quelques années, l’OFAST s’est fixé comme priorité de traquer les gros trafiquants, souvent basés à l’étranger, grâce notamment à un « pôle renseignement » d’une trentaine de personnes, avec quelques succès de taille.
En mars 2021, un autre trafiquant considéré comme un baron de la drogue sur le territoire français, le Franco-Algérien Moufide Bouchibi, avait été arrêté à Dubaï puis transféré en France. Quelques mois plus tard, un homme soupçonné de piloter un important trafic de drogue à Marseille, Hakim Berrebouh, avait lui aussi été arrêté à Dubaï et remis à la justice française.
Plus récemment, Karim Harrat alias « Rantanplan », un Marseillais recherché pour une série d’homicides en bande organisée perpétrés entre 2018 et 2020 en lien avec le trafic de stupéfiants et qui avait fui à Dubaï puis au Maroc, a été extradé vers la France.
Ce jeudi, plusieurs centaines de personnes se sont rassemblées Place de la République à Paris en hommage aux survivants, morts et disparus du naufrage du navire de migrants le 14 juin en Méditerranée. Les organisations et manifestants présents dénoncent les politiques meurtrières de l’Union Européenne.
Crédits photo : Révolution Permanente
104 survivants, 82 morts et plus de 500 disparus : les conséquences tragiques de l’Europe forteresse sont apparues à nouveau à la suite du naufrage au large de la Grèce d’un navire transportant des migrants. Ce jeudi à Paris plusieurs centaines de personnes se sont rassemblées Place de la République à l’appel d’associations d’aide aux migrants.
Une semaine après ce qui est déjà considéré comme le pire naufrage depuis 2016. L’émotion et la colère étaient au rendez-vous, et une minute de silence a été observée.
Des intervenants de différentes organisations prennent la parole. « Il y a 500 femmes, hommes et enfants qui ont disparu. Ce n’est pas une tragédie unique : c’est ce qui se passe en Méditerranée depuis des années », commence une militante de SOS Méditerranée, avant de rappeler que depuis 2014, ce sont « plus de 27 000 personnes qui gisent au fond de la Méditerranée. » Une militante d’Amnesty International enchaîne, dénonçant les politiques anti-migratoires de l’Union Européenne : « nous devons pointer la responsabilité de la Grèce et tous les pays de l’Union Européenne dans le naufrage. »
À la suite, une militante du collectif La Cimade rappelle que les autorités grecques étaient au courant qu’un bateau risquait de faire naufrage dans la Méditerranée et rappelle également la responsabilité de l’UE : « c’est un temps de recueillement mais aussi de colère. Parce qu’on savait qu’il y avait un bateau en danger, et on le savait aussi pour les précédents naufrages. Parce que les politiques européennes sont des politiques qui tuent. »
Ce n’est en effet pas la première tragédie en Méditerranée, et qui risque malheureusement de ne pas être la dernière. Une situation que Mehdi Zenda, étudiant algérien à Paris 8 et militant au Poing Levé et à Révolution Permanente, a tenu à rappeler, expliquant avec émotion qu’« en Algérie, on est tous les jours en deuil, on compte tous les jours nos morts. » Pour expliquer les causes de ces drames, le militant a pointé la responsabilité des pays impérialistes et notamment de la France et de son histoire coloniale de la France, rappelant qu’à l’origine des flux migratoires et des naufrages se trouve « le pillage des ressources » dans les pays colonisés. Il ajoute : « et une fois qu’on arrive en France, ils nous passent une Loi Immigration, ils nous exploitent : pendant la crise sanitaire on était en première ligne de la pandémie. On compte nos morts, ils comptent leurs profits ! »
"Aujourd’hui maman est morte. Ou peut-être hier, je ne sais pas. J’ai reçu un télégramme de l’asile : « mère décédée. Enterrement demain. Sentiments distingués. » Cela ne veut rien dire, c’était peut-être hier." Voici l'un des plus célèbres incipits de la littérature française du XXe siècle.
"
Aujourd’hui maman est morte." Il s'agit de l’incipit de L’Etranger d’Albert Camus, récit glaçant de l’étrangeté au monde de son personnage principal, Meursault, qui s’ouvre par l’annonce de la mort de la mère de celui-ci et s’achève par le récit des jours qui précèdent sa montée sur l’échafaud : "Pour que tout soit consommé, pour que je me sente moins seul, il me restait à souhaiter qu'il y ait beaucoup de spectateurs le jour de mon exécution et qu'ils m'accueillent avec des cris de haine."
Albert Camus publie L'Etranger à Alger en 1942, en pleine Seconde Guerre mondiale, à un moment où le conflit met un couvercle sur les aspirations algériennes à l’indépendance. Il n’en reste pas moins, comme le notera plus tard le théoricien palestino-américain Edward Saïd, que le roman se déploie dans un contexte colonial : le meurtre, par Meursault, d’un "Arabe" dont on ignore le nom, montre l’anonymisation des objets de la colonisation qui ne sont pas encore des sujets. Un Arabe.
70 ans après, Kamel Daoud répond au célèbre incipit camusien
En 2014 est publié un autre roman signé de l’Algérien Kamel Daoud, qui commence ainsi : "Aujourd’hui, M’ma est encore vivante. Elle ne dit plus rien, mais elle pourrait raconter bien des choses. Contrairement à moi, qui, à force de ressasser cette histoire, ne m’en souviens presque plus. Je veux dire que c’est une histoire qui remonte à plus d’un demi-siècle. Elle a eu lieu et on en a beaucoup parlé. Les gens en parlent encore, mais n’évoquent qu’un seul mort – sans honte vois-tu, alors qu’il y en avait deux, de morts. Oui, deux. La raison de cette omission ? Le premier savait raconter, au point qu’il a réussi à faire oublier son crime, alors que le second était un pauvre illettré que Dieu a créé uniquement, semble-t-il, pour qu’il reçoive une balle et retourne à la poussière, un anonyme qui n’a même pas eu le temps d’avoir un prénom."
Dans Meursault, contre-enquête, Kamel Daoud essaye de donner un nom à cet "Arabe" qu’a assassiné Meursault. Le roman élargit le contexte, fouille dans la relation coloniale. La vraie question que pose le roman est brûlante : peut-on "réparer" la colonisation ? Peut-on redonner un nom à celui qui n’en a pas eu ? Et surtout, cela a-t-il un sens de le faire ? Les soixante-dix ans qui séparent les deux textes, les deux incipits, une mère morte, l’autre vivante, peuvent-ils tout simplement être franchis ? Comme le soleil empêche Meursault de voir réellement sa victime, qu’est-ce qui nous aveugle, aujourd’hui, au point de ne pouvoir vraiment regarder en arrière ? Néanmoins aujourd’hui, et malgré tous les obstacles, les deux textes peuvent être mis l’un en face de l’autre, et s’observer mutuellement, à parts égales.
Issu d’une famille modeste, Kamel Daoud est né en 1970. Ses parents l’avaient confié à ses grands-parents qui ne savaient ni lire ni écrire, dans un bourg des environs de Mostaganem. En proie à l’ennui, il est très vite devenu un lecteur compulsif, découvrant le monde à travers la littérature.
Enfant, Kamel Daoud a appris le français en autodidacte. Sans même un dictionnaire, du moins jusqu’au Robert offert par son père. Fort de ce savoir, il a souvent été mis à contribution par son entourage pour traduire des textes mais il a aussi expérimenté la langue comme un instrument de libération.
Kamel Daoud est un frère de Zabor, le héros de son roman éponyme, quelqu’un qui cherche à découvrir "une brèche dans le mur de nos croyances". Y compris celles qui assujettissent le corps. Il aime écrire comme s’il "palpait quelque chose", l’association entre sexe et texte est fondamentale.
Kamel Daoud a d’abord pratiqué le journalisme pour des raisons alimentaires, mais aussi dans l’espoir d'expérimenter le réel. Happé par la guerre civile, durant la décennie 90, il s’est confronté à une réalité trop intense pour lui laisser le temps d’écrire des livres, son projet de longue date.
Menacé depuis qu’un imam a lancé une fatwa contre lui, Kamel Daoud a décidé de ne pas laisser la peur gangréner sa vie. Mais sa liberté, c’est aussi de pouvoir quitter ce pays hanté par la mort. Il le fera peut-être, un jour, pour sortir de la "caserne algérienne".
3 déc. 2021 • 28 min
À propos de la série
"Quoi ? Il était là, pas très loin, écrivant dans une langue qui est aussi la nôtre et nous ne le connaissions pas ?" Voilà ce qu’ont pensé beaucoup de lecteurs français quand l’Algérien Kamel Daoud a fait irruption sur la scène littéraire hexagonale avec son roman Meursault, contre-enquête (Actes sud, 2014). Ainsi en va-t-il des livres qui changent vraiment notre façon de voir, notre sensibilité : nous avons du mal à imaginer le monde sans eux, avant eux. Auteur de nouvelles, de romans, d’un essai et de très nombreuses chroniques dans différents journaux, Kamel Daoud fait partie de ces écrivains qui affirment un style, mais aussi un point de vue, à l’écart des clichés ou des formes littéraires en circuit fermé. Quitte à froisser par sa liberté ou même, à se mettre en danger. Les mots, pour lui, servent à donner un sens au monde en cherchant une vérité derrière les mensonges et les faux-semblants. Un antidote aux fanatismes.
Par Raphaëlle Rérolle. Réalisation : Laurent Paulré. Prise de son : Martin Troadec et Ivan Charbit Attachée de production : Daphné Abgrall. Coordination : Sandrine Treine
L'ancien Premier ministre Noureddine Bedoui et l'ancien ministre de la Santé Abdelmalek Boudiaf ont été lourdement condamnés, ce mercredi 21 juin, par le pôle pénal économique et financier du tribunal de Sidi M’hamed d’Alger. Les deux anciens hauts responsables de l'État étaient poursuivis en leur qualité d'anciens walis de Constantine dans une affaire en lien avec la réalisation de la nouvelle aérogare de la ville des ponts suspendus.
En effet, Noureddine Bedoui et Abdelmalek Boudiaf ont écopé d'une peine de 5 ans de prison ferme assortie d'une amende d'un million de dinars. C'est finalement trois années de moins que la peine proposée par le procureur dans son réquisitoire. Dans le même procès, qui s'est tenu du 7 au 13 juin, un autre ex-wali de Constantine, Tahar Sekrane, a été acquitté, de même que l'ex-Secrétaire général de la wilaya Aziz Benyoucef.
L'affaire est liée à la réalisation de la nouvelle aérogare de Constantine
Le tribunal a également prononcé des verdicts allant de l’acquittement à 2 ans de prison ferme contre le reste des accusés (une quarantaine) dans cette affaire en lien avec le retard de plus de 6 ans dans la réalisation de l’aérogare de Constantine. Un retard qui a coûté des sommes faramineuses au Trésor public, notamment en raison des réévaluations et des surfacturations.
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Selon l’arrêt de renvoi, il s’agit d’un marché douteux portant sur la réalisation de l’aérogare de Constantine, où la surfacturation a entraîné la perte d’importantes sommes d’argent dans ce projet qui a été réceptionné après un délai de 10 ans au lieu des 4 ans fixés dans le cahier de charges, indique l'agence de presse nationale APS.
En fait, les deux hauts fonctionnaires de l'État, Bedoui et Boudiaf, étaient poursuivis pour 3 chefs d'accusation principaux, à savoir « abus de fonction », « dilapidation de deniers publics » et « octroi d’indus privilèges ». Il est utile de rappeler que les deux accusés principaux dans ce dossier sont également poursuivis dans d'autres affaires liées à la corruption, déclenchés dès 2019 juste après la naissance de la contestation populaire appelée « Hirak »
Israël menace l'intégrité territoriale de l'Algérie à partir du Maroc. D. R.
le sol marocain, selon Shay Cohen, responsable de la communication de la société à Rabat, rapporte Atalayar. «Bien qu’aucun autre détail sur les usines de production n’ait été révélé, Cohen a déclaré que l’une d’entre elles serait implantée dans la région de Casablanca», précise le site spécialisé espagnol anglophone, selon lequel la société israélienne «renforce sa présence au Maroc après plusieurs transactions commerciales avec le royaume».
Atalayar, qui rappelle qu’Elbit Systems a fourni aux forces armées royales marocaines des drones Hermes-900 et le système de lancement de fusées d’artillerie PULS, déjà opérationnel dans la structure militaire, indique qu’«après plus de deux ans de normalisation des relations, Israël est devenu un partenaire clé du Maroc en termes d’acquisition d’équipements militaires et de renforcement des capacités de défense et de sécurité du pays».
«Les deux pays ont préparé la production conjointe sur le sol marocain d’un vaste arsenal militaire : missiles à courte et moyenne portées, véhicules blindés, chars et drones kamikazes, dernière grande étape de la coopération entre les deux pays», souligne le site espagnol qui estime que le Maroc veut «devenir la première puissance militaire d’Afrique d’ici 2030, dépassant l’Algérie dans une course aux armements tendue au Maghreb». «A cette fin, Rabat a renforcé sa coopération avec les Etats-Unis et Israël en tant que principaux fournisseurs de systèmes de défense», poursuit le média basé à Madrid.
«L’alliance renouvelée du Maroc avec Washington à la suite de la reconnaissance de la souveraineté marocaine sur le Sahara Occidental sous l’ancien président Donald Trump et le rétablissement des relations diplomatiques avec Israël par le biais des Accords d’Abraham ont été des réalisations diplomatiques clés dans la modernisation, entre autres, de son arsenal militaire», explique encore Atalayar, en signalant que «ces derniers mois, Washington a transféré à Rabat les systèmes anti-missiles Barak MX, les avions de combat F-16 et le système de lance-roquettes Himars». «L’armement fourni fait partie d’un programme d’aide américain de 774 millions de dollars. La Maison-Blanche s’attend à une poursuite de la modernisation et de la coopération militaire avec le Maroc», conclut le site spécialisé.
Ces informations confirment les craintes des autorités algériennes qui voient d’un mauvais œil la normalisation entre le Makhzen et l’Etat voyou d’Israël, désormais implanté au cœur du Maghreb et dans le Sahel, à travers ses sociétés de fabrication d’armements et ses moyens d’espionnage disséminés le long de nos frontières ouest et sud.
Tony Greenstein, militant antisioniste juif accusé... d'antisémitisme. D. R.
Tony Greenstein a été un activiste politique pendant toute sa vie d’adulte, se concentrant principalement sur la Palestine et les activités antiracistes et antifascistes. Il est l’un des membres fondateurs de Palestine Solidarity Campaign (Campagne de solidarité avec la Palestine) en Grande-Bretagne et de Jews for Boycotting Israeli Goods (Juifs pour le boycott des produits israéliens. Syndicaliste actif, il risque une peine de prison pour avoir planifié une action contre une usine de fabrication de drones appartenant à Elbit Systems qui fournit des armes à Israël. La sentence du tribunal sera connue le 26 juin prochain.
Mohsen Abdelmoumen : Au cours des vingt dernières années, nous avons assisté à la montée parallèle et effrayante des néo-conservateurs en Occident (France, Royaume-Uni et Etats-Unis) et de l’aile droite messianique, suprématiste et apocalyptique en Israël. Selon vous, comment cela s’est-il produit et y a-t-il un lien entre les deux ?
Tony Greenstein : Je ne pense pas que la montée des néocons soit quelque chose de nouveau. Des forces similaires ont toujours existé dans l’Occident impérialiste, même si elles ne s’appelaient pas néocons. Il s’agit essentiellement de la croyance selon laquelle l’Occident possède un droit divin d’intervenir dans les colonies ou le tiers-monde chaque fois que cela est nécessaire pour protéger ses intérêts. Les Britanniques l’ont fait dans tout le Moyen-Orient – en Irak, en Egypte et, bien sûr, en Palestine.
L’aile droite messianique et suprématiste d’Israël trouve évidemment ses racines dans le sionisme travailliste. C’est un gouvernement sioniste travailliste qui a conquis la Cisjordanie, Gaza et le plateau du Golan, et ce sont les gouvernements sionistes travaillistes de Levi Eshkol, Yigal Allon, Gold Meir et Yitzhak Rabin qui ont entamé la colonisation et le peuplement de la Cisjordanie. C’est le gouvernement sioniste travailliste qui a autorisé la présence de colons à Hébron sous la direction du rabbin Moshe Levinger.
Le messianisme n’est pas propre à l’aile droite du mouvement sioniste, bien qu’il ait atteint son apogée dans l’avènement des forces de colonisation ouvertement suprématistes sur le plan racial et judéo-nazies d’aujourd’hui. Mais il s’agit là de l’aboutissement logique du sionisme lui-même. Selon les termes du Premier ministre israélien «modéré» Yair Lapid, la solution la plus souhaitable est d’avoir un maximum de terres avec un minimum de Palestiniens. Bien sûr, la droite coloniale peut, à juste titre, affirmer que si un Etat juif signifie moins de Palestiniens, elle peut aller encore plus loin et avoir un Etat sans Palestiniens ou, du moins, un Etat juif où les Palestiniens sont juridiquement inférieurs et n’ont, en fait, aucun droit. Le messianisme est en fait l’accomplissement de la mission coloniale sous la forme d’un messie revenant pour apporter le salut aux forces coloniales de peuplement. Il s’agit toujours, bien sûr, d’une inspiration divine car Dieu est toujours du côté du vainqueur.
Voyez-vous également un lien entre la montée des forces eschatologiques au sein de la population juive et la montée générale des forces non démocratiques et illégitimes en Occident, telles que les oligarques tout-puissants après quarante ans de néolibéralisme et le soi-disant Etat profond ?
Je pense que l’on a tendance à penser que, parce qu’Israël se considère comme le rempart de la civilisation contre la barbarie, pour citer le fondateur du sionisme, Theodor Herzl, le phénomène de dirigeants tels que Victor Orban en Hongrie, Le Pen en France et Georgia Meloni en Italie, ne fait que refléter les tendances et les courants politiques qui se manifestent en Israël.
Il s’agit là d’une erreur fondamentale. Alors que la démocratie bourgeoise est mise à rude épreuve par les régimes autoritaires qui s’installent dans une grande partie de l’Europe, Israël n’a jamais été une démocratie bourgeoise. Il a toujours été un Etat d’apartheid, même si ce n’est qu’aujourd’hui que cela apparaît clairement, même aux yeux des défenseurs des droits de l’Homme tels qu’Amnesty International, Human Rights Watch et B’Tselem. Israël est un Etat colonial de peuplement et le colonialisme de peuplement produit toujours une situation d’apartheid entre les colons et les colonisés. Le colonialisme de peuplement instaure une forme de démocratie pour les colons mais, comme Israël l’expérimente actuellement, si vous maintenez une junte militaire dans les territoires occupés, tôt ou tard, la répression des colonisés commence à se faire sentir et s’exprime par la réduction des droits des socialistes et des anti-impérialistes au sein de la société de peuplement et même à l’encontre des principaux libéraux, comme nous le voyons avec les réformes judiciaires.
Toutefois, il est erroné de se contenter de comparer les sociétés très différentes de l’Europe et d’Israël.
Avec les opérations psychologiques Covid et la guerre en Ukraine, le niveau de contrôle dystopique des populations et de répression des opposants politiques, en particulier des forces de gauche, n’a jamais été aussi élevé depuis la guerre froide. Où va l’Occident, selon vous ?
Je ne suis pas sûr d’être d’accord avec l’expression «opérations psychologiques Covid» et je ne suis même pas sûr de ce que cela signifie. La guerre en Ukraine, qui est une guerre par procuration de l’OTAN, a pour raison d’être l’expansion de l’empire mondial des Etats-Unis et de leurs petits alliés en Europe. La Russie est une cible, non pas parce qu’elle est socialiste, elle ne l’est pas, mais parce qu’elle est considérée comme résistante aux plans de l’empire américain, dont le but ultime est la confrontation avec la Chine. Bien sûr, lorsque vous entrez en guerre, la répression augmente à l’intérieur du pays, comme nous le voyons en Grande-Bretagne avec les attaques contre les manifestants qui mènent des actions directes et l’adoption d’une législation répressive telle que le Public Order Act 2023, dont l’objectif est d’empêcher toute protestation efficace.
Depuis de nombreuses années, vous êtes visé pour votre engagement en faveur de la Palestine par un système institutionnel qui tente de détruire votre carrière politique et menace aujourd’hui votre liberté. Comment est-ce possible en Grande-Bretagne qui est considérée comme la mère de la démocratie libérale ?
Toutes les démocraties bourgeoises se composent d’une couche superficielle de droits démocratiques et d’un Etat dur composé de la police et des services de renseignement. L’alliance de l’Occident avec Israël a donné lieu à une bataille idéologique dans laquelle l’«antisémitisme» est l’arme favorite d’une droite qui ne connaît que le langage d’une forme de racisme. L’antisémitisme est le faux antiracisme de la droite.
J’étais personnellement impliqué dans un groupe d’action directe, Palestine Action, et j’ai été arrêté lors d’une sortie qui visait la société d’armement israélienne Elbit. Elbit est intégralement impliquée dans les forces armées britanniques, et une attaque contre Elbit est donc considérée comme une attaque contre l’Etat lui-même. J’en paie le prix, comme d’autres militants. Comme nous l’avons vu avec le leadership de Jeremy Corbyn du Parti travailliste entre 2015 et 2019, face à une menace perçue pour leurs intérêts, l’ensemble des médias de masse, du Daily Mail de droite au Guardian «libéral» ont retourné leurs armes contre Corbyn et la gauche avec de fausses accusations d’antisémitisme.
Dans votre situation, ce qui est particulièrement frappant, c’est l’ironie qu’un juif puisse être accusé d’antisémitisme uniquement en raison de ses convictions humanistes et non sionistes, un courant politique qui a toujours existé parmi les juifs depuis la création du sionisme moderne. Comment expliquez-vous que les sionistes aient si complètement réussi à diffuser les critiques de l’entité sioniste israélienne et l’antisémitisme dans tout l’Occident ?
Lorsque le sionisme est apparu sur la scène politique à la fin du XIXe siècle, les juifs ont été ses plus féroces opposants. Ils considéraient le sionisme, avec sa conviction, que les juifs formaient une nation séparée, comme une forme d’antisémitisme juif. Le premier congrès sioniste s’est tenu en 1897 à Bâle, en Suisse. La raison en est que lorsqu’il avait été initialement prévu à Munich, en Allemagne, la communauté juive s’était révoltée et avait accusé les autorités locales d’antisémitisme. Le sionisme, qui affirmait que les juifs n’avaient pas leur place là où ils vivaient et qu’ils devaient émigrer en Palestine, n’a fait que reprendre le discours de l’antisémite qui disait la même chose.
A l’origine, le sionisme était une idée chrétienne et non juive. Ce sont des antisémites non juifs, comme Arthur Balfour, qui ont introduit la première loi sur l’immigration, l’Aliens Act 1905, pour rejeter les réfugiés juifs. Il ne voulait pas d’eux en Grande-Bretagne, mais il était heureux qu’ils colonisent la Palestine.
Israël a pris le contrôle de la collecte des statistiques sur l’antisémitisme dans le monde. Il a en quelque sorte colonisé les communautés juives de la diaspora et, ce faisant, a redéfini l’antisémitisme comme une hostilité à l’égard d’Israël et du sionisme. C’est ce qu’on appelle le «nouvel antisémitisme» pour le distinguer de ceux qui détestaient les juifs en tant que juifs. Le «nouvel antisémitisme» traite Israël comme un «juif parmi les nations». En d’autres termes, l’hostilité à l’égard d’Israël n’est pas due à ce qu’il fait, à ses expulsions, aux démolitions de maisons, etc. mais au fait qu’il s’agit d’un Etat juif.
Le sionisme attribue l’opposition des Palestiniens aux activités coloniales des colons à l’«antisémitisme» et non à leur réaction justifiée à la colonisation.
Comment expliquez-vous que l’entité sioniste criminelle d’Israël continue d’assassiner les Palestiniens en toute impunité. Est-elle au-dessus des lois ?
Israël jouit de la même impunité que les Etats-Unis en Irak, au Vietnam, etc. En cela, il n’est pas unique. Julian Assange est menacé d’extradition vers les Etats-Unis parce qu’il a révélé les crimes de guerre américains en Irak. Les criminels de guerre ont-ils été punis ? Bien sûr que non. Alors, quand vous dites qu’il est au-dessus de la loi, je vous demande, quelle loi ? Le droit international n’a pas de mécanisme d’application, sauf lorsque l’Occident souhaite utiliser la Cour pénale internationale contre ses opposants. Donc oui, dans la mesure où Israël est le principal allié de l’Occident au Moyen-Orient, il est au-dessus de la loi parce que c’est lui qui la dicte.
A votre avis, peut-on dire que le citoyen vit vraiment en démocratie en Occident ?
Je pense avoir répondu à cette question plus haut. Bien sûr, nous ne vivons pas dans une démocratie. Nous avons des droits démocratiques limités, c’est tout. Dans un Etat et une économie où quelques-uns contrôlent les moyens de subsistance du plus grand nombre, où il n’y a pas de démocratie économique ou de contrôle des ressources naturelles, il est évident que la société n’est pas démocratique.
Le lobby sioniste détient la quasi-totalité des médias en Occident. Selon vous, comment peut-on informer le public d’une manière efficace concernant les actes de barbarie commis par l’entité sioniste d’Israël à l’encontre du peuple palestinien ?
Je pense qu’il est erroné de dire que le «lobby sioniste possède presque tous les médias en Occident». Ce n’est pas vrai. Le lobby sioniste se compose de quoi ? L’ambassade d’Israël et diverses ramifications du mouvement sioniste – BICOM, Community Security Trust, Board of Deputies of British Jews, Jewish Leadership Council, Union of Jewish Students, etc. Ces organisations ne possèdent pas la grande majorité des médias. Des magnats tels que Rupert Murdoch, Lord Rothermere, etc. ne constituent pas le lobby sioniste, mais ils soutiennent l’impérialisme occidental et, par conséquent, le sionisme et sa création, l’Etat israélien.
La bourgeoisie non juive de ce pays a adopté le sionisme bien avant la bourgeoisie juive. En 1917, la Déclaration Balfour représentait l’alliance entre la bourgeoisie non juive et le mouvement sioniste dans ce pays. Sir Edwin Montagu a été le seul membre du cabinet de guerre de Lloyd George qui a approuvé la Déclaration Balfour, à être en désaccord. Il était également le seul membre juif de ce cabinet. Ce n’est qu’en 1940 que les sionistes se sont emparés du Conseil des députés et de son premier président, Sir Selig Brodetsky.
Il ne faut pas tomber dans une vision conspirationniste de ces choses. S’il était dans l’intérêt de l’impérialisme occidental de désavouer Israël, les médias ne soutiendraient pas autant le sionisme. Néanmoins, les gens sont bien mieux informés aujourd’hui qu’ils ne l’ont jamais été sur les Palestiniens et sur ce qu’ils subissent.
Mon pays, l’Algérie, est ciblé par Israël à travers des campagnes médiatiques et autres, notamment via le Team Jorge et en utilisant le vassal marocain. Pourquoi, d’après vous, l’entité sioniste d’Israël s’arroge-t-elle le droit d’agresser les pays et les peuples en toute impunité ? Israël n’est-il pas une entité voyou construite sur les guerres ?
Je ne connais pas la situation particulière à laquelle vous faites référence. Toutefois, le sionisme s’arroge le droit d’attaquer d’autres pays parce qu’il en reçoit l’autorisation des Etats-Unis principalement. Lorsqu’Israël a attaqué l’Egypte en 1956, en alliance avec la France et le Royaume-Uni, contre la volonté des Etats-Unis, Eisenhower a rapidement fait connaître son point de vue et Israël a été contraint de se retirer du Sinaï. Ce fut la guerre de Suez. Israël fait ce qu’il fait parce qu’il est le chien de garde agréé des Etats-Unis en particulier. Il n’est pas un agent libre. Israël a été contraint de rendre le Sinaï à Sadate parce que les Etats-Unis ont fait pression sur lui dans le cadre des accords de Camp David. Il ne l’a pas fait de son plein gré.
Des débuts en 1954 aux derniers brasiers de 1962, les grandes étapes sont racontées par des acteurs directs dans un va et vient permanent entre les situations personnelles et les évènements : la pacification, le FLN, les émeutes du Constantinois en 1955, les embuscades, les représailles, la bataille d’Alger, les DOP, les commandos de chasse, la liquidation des harkis…
Ô toi qui viens de tuer ton ennemi, Empresse-toi de t’en inventer un autre Pour donner un sens à ta vie, Car la joie que te procure ton acte est éphémère, Et alors, de quoi te réjouiras-tu, Lorsque les jours auront passé ? De quelle haine nourriras-tu ton âme ? Vite ! Vite ! Découvre-toi un autre homme à détester, Un qui n’aimera pas la façon dont tu pilles son champ, Celui de ses amis, Un qui sera différent, De qui tu n’apprécieras pas l’attitude, Dont tu pointeras les défauts, Dont tu condamneras les gestes, L’apparence, le port de cheveux, la taille de barbe ! Ô toi qui as mis à bas celui que toisait ton œil noir, À présent que ta vengeance l’a terrassé, Monte la voix, haut dans le soir Et crie son nom ! Ainsi tous ceux qui seraient tentés de te maudire, De te repousser à défaut de te nuire, Sauront quel sort sera le leur S’ils aboient trop fort. Si donc ton cœur ne sait battre qu’au son du tonnerre, Pioche parmi la foule de ceux qui t’ignorent, Eprouvent envers ton être un mince ressentiment, Et choisis le plus laid ! Le bossu ! Le borgne ! Ou laisse au hasard le soin d’en sortir un du nombre Et fais de celui-ci ton nouvel adversaire ! Dépêche-toi ! Avant qu’à force d’hésitation Et à ton immense déception, Tu en viennes à le connaître. Quelle folie ce serait s’il devenait ton ami !
J’ai parlé de Michèle Tabarot depuis longtemps sur mon blog, l’article que vous pourrez lire ci-dessous date du 13 avril 2016, écrit par le regretté François Nadiras de la Ligue des Droits de l'Homme de Toulon, mais il y a 2 jours à l’Assemblée nationale elle a « ramenée sa fraise » commençons donc par cela :
L'Hymne algérien a été un sujet de la séance du 20 juin 2023 à l'Assemblée Nationale
QUI EST MICHELE TABAROT ?
Michèle Tabarot fille de Robert Tabarot qui crée en 1960 le noyau OAS d’Oran avec Athanase Georgopoulos, patron de bar dit “Tassou” et Georges Gonzales dit “Pancho”. L’organisation terroriste sème la terreur, et, comme à Alger, n’hésite pas à assassiner des soldats français, notamment…
Le Chef de bataillon Bardy, le Commandant de gendarmerie Boulle, le Lieutenant Ferrer, le Général de corps d’armée Ginestet, le Médecin-colonel Mabille, le Lieutenant-colonel Mariot, le Chef de bataillon Maurin, le Sous-lieutenant Moutardier, le Lieutenant-colonel Rançon.
Le député Jean Léonetti raconte que, à l’occasion d’une réunion de rapatriés, une femme âgée lui a déclaré : « nous voudrions que vous arriviez, un jour, à dire à l’Assemblée nationale que ce que nous avons fait collectivement, en Algérie, c’était bien. »
On comprend cette personne qui, comme beaucoup d’autres ayant vécu ce drame, n’a pas de responsabilité individuelle dans les inégalités du système colonial ni dans les atrocités commises à l’occasion de cette guerre. Mais ceux qui aujourd’hui détiennent un mandat politique ont le devoir, sinon de dire la vérité, du moins de ne pas énoncer des contre-vérités.
En raison du rôle qu’elle a joué dans l’adoption de la loi du 23 février 2005, Michèle Tabarot porte une lourde responsabilité dans la réécriture mensongère de la période coloniale en Algérie.
« Certains veulent convertir leur mémoire en histoire officielle »Éric Savarese
Robert Tabarot dit “Rocher”, le père de Michèle Tabarot, est né à Paris en 1928. Il passe toute sa jeunesse à Oran dont ses parents sont originaires. Champion de boxe, il constitue avec Conessa et Villeneuve un des premiers groupes “contre-terroristes”.
En 1960, il crée le noyau OAS d’Oran avec Athanase Georgopoulos, patron de bar dit “Tassou” et Georges Gonzales dit “Pancho”. L’organisation terroriste sème la terreur, et, comme à Alger, n’hésite pas à assassiner des soldats français.
« L’accord F.L.N. (ou Exécutif Provisoire)-O.A.S. du 17 juin 1962 à Alger n’a aucun effet sur Oran, pas plus que les premiers rapprochements organisés à Tlemcen et surtout à Sidi-Bel-Abbès. Bien au contraire. Vendredi 22, samedi 23 et surtout lundi 25 et mardi 26 juin tout brûle à Oran. On ne leur laissera rien. […] Les destructions continuent et sont imputées à Robert Tabarot et Charles Micheletti. »
Le 27 juin, Tabarot fuit l’Algérie et se réfugie à Alicante où il ouvre une pizzeria et devient « une sorte de maire occulte pour quelque trente mille exilés d’Algérie, surtout des oranais ». Athanase Georgopoulos est à Torremolinos … Ils rentreront s’installer en France en 1969, bénéficiant de l’amnistie de 1968.
Assemblée générale de la Maison
du Pied-Noir du Cannet
Le Cannois N° 0200 du jeudi 2 janvier 2003 (extraits)
A l’extrême droite : Robert Tabarot
En présence de Robert Tabarot, président national de “La Maison du pied-noir”, Manuel Alenda, président de la section du Cannet, a déclaré : « Que notre passé aide notre avenir, que notre créance ne soit pas une dette d’honneur car, nous, nous n’en avons aucune envers qui que ce soit, sauf envers nos parents. Si cette mémoire n’est pas transmise aux générations futures, si elle ne rentre pas dans l’histoire officielle, alors les “pieds noirs” seront nés pour rien et disparaîtront définitivement. C’est pourquoi nous avons raison et devons revendiquer avec force et conviction nos droits à l’histoire avec un grand H. ».
Thierry Ollive
Née à Alicante (Espagne), le 13 octobre 1962, Michèle Tabarot, qui se définit pourtant comme une « Française d’Algérie », n’avait toujours pas mis les pieds en Algérie en octobre 2004 !
Maire du Cannet (Alpes-Maritimes) depuis 1995, elle est élue députée (UMP) de la 9ème circonscription des Alpes-Maritimes en juin 2002. Autant par fidélité familiale que par intérêt électoral — sa circonscription compte environ 10% de pieds-noirs — elle s’inscrit au Groupe d’étude sur les rapatriés, dont elle devient vice-présidente. Ce groupe de 57 députés agira comme un lobby. Comme tout groupe de pression, il transcende les clivages politiques : on y trouve six socialistes, à côté d’une forte majorité d’élus UMP et UDF.
Lors de l’élaboration du projet de loi en faveur des rapatriés, en 2004, Michèle Tabarot a défendu l’indemnisation des quelques centaines d’anciens membres civils de l’OAS qui avaient fui à l’étranger pour échapper à la justice française. L’article 13 de la loi du 23 février 2005 leur permettra de récupérer les points de retraite non acquis au cours des années 60. « En plus de l’effort d’indemnisation des harkis, il était normal de réparer cette injustice », estime Michèle Tabarot. Elle considère sans doute également comme “normal” le fait que l’ami Athanase Georgopoulos ait été nommé, le 30 décembre 2005, membre de la commission chargée de gérer cette indemnisation.
Cet ancien membre de l’OAS, élevé à la dignité de Commissaire aux gratifications, au côté d’un conseiller d’Etat, a ainsi portes ouvertes aux ors des ministères. Nul doute que, au moment de l’examen de sa propre demande, ses pairs apportent [aient apporté ?] une juste compensation financière à son « inactivité » exercée tant dans le cadre de l’OAS à Oran, que dans celui de sa florissante boite de nuit, l’Eldorado, à Torremolinos.
Michèle Tabarot a soutenu sans hésiter l’amendement de Christian Vanneste qui demandait aux programmes scolaires de souligner « le rôle positif de la présence française outre-mer, notamment en Afrique du Nord » « Il y en a marre de la repentance permanente ! dit-elle. Tant que nous ne serons pas fiers de notre histoire, nous ne pourrons pas favoriser l’intégration des jeunes générations. »
Adopté sans bruit dans la loi du 23 février 2005, cet amendement a fini par réveiller les consciences : une proposition de loi du PS visant à l’abroger est soumise à l’Assemblée nationale le 29 novembre 2005. Quelques extraits du discours prononcé par Michèle Tabarot à cette occasion méritent d’être repris.
Discours de Michèle TABAROT le 29 novembre 2005 à l’Assemblée Nationale pour la reconnaissance des aspects positifs de la colonisation [8]
Le 10 février dernier, lors que notre Assemblée venait d’adopter la loi portant reconnaissance de la Nation et contribution nationale en faveur des Français rapatriés, mes collègues et moi-même quittions cet hémicycle avec la légitime fierté d’avoir oeuvré, 40 ans après, à la réhabilitation de la mémoire française en Algérie, la légitime fierté de pouvoir dire à la communauté rapatriée, qu’en dehors de toute considération matérielle la Nation avait tenu à lui rendre un hommage solennel et ô combien mérité. [...]
Je ne peux m’expliquer qu’après plusieurs mois de silence l’opposition ait décidé de remettre en cause cette avancée, si ce n’est pour satisfaire une partie de son électorat et une minorité d’enseignants signataires d’une pétition contre l’article 4 de la loi du 23 février 2005.
Pour ma part, je n’oublie pas que les enseignants qui aujourd’hui demandent l’abrogation de l’article 4, sous un prétexte d’objectivité et de neutralité sont les mêmes qui arrivaient avec des roses à la main dans l’enceinte de nos salles de classe le 11 mai 1981.
Les mêmes qui nous ont enseigné pendant toutes ces années que les modèles communistes, de Moscou, Pékin ou Phnom Penh, permettaient à l’être humain de s’épanouir dans une société juste, égalitaire, et dans le respect des droits de l’homme.
Le bilan de ces régimes tyranniques est pourtant sans appel.
Les mêmes qui aujourd’hui, désemparés de ne plus pouvoir enseigner leur modèle de démocratie, font quotidiennement à leurs élèves le procès de la colonisation.
Mes chers collègues,
Il est bien trop réducteur d’avoir de l’Histoire une vision manichéenne.
Notre passé se compose de multiples facettes, certaines sont glorieuses, d’autres moins. Pour sa part, la France coloniale a permis d’éradiquer des épidémies dévastatrices, grâce aux traitements dispensés par les médecins militaires, Les Français d’Outre-mer ont permis la fertilisation de terres incultes et marécageuses, la réalisation d’infrastructures que les Algériens utilisent encore aujourd’hui. La France a posé les jalons de la modernité en Algérie, en lui donnant les moyens d’exploiter les richesses naturelles de son sous-sol. [...]
Il ne s’agit pas, comme cela a pu être dit, de réécrire l’histoire officielle. [...]
Il s’agit simplement, pour la représentation Nationale de donner son opinion sur un événement historique comme elle a pu le faire par le passé pour l’esclavage ou en reconnaissant le génocide arménien.
Au moment où l’on s’interroge sur ce qui compose l’identité nationale sur ce qui doit favoriser notre cohésion plus que jamais les jeunes Français doivent connaître l’histoire de leur pays, dans toute sa réalité et en être fiers.
Il faudra attendre le 15 février 2006, pour que, par le moyen d’une manoeuvre procédurale, à l’initiative du président de la République, l’article 4 finisse par disparaître de la loi.
Un dernier baroud d’honneur devait rassembler, le 3 février 2006, à Saint-Laurent-du-Var, la classe politique locale qui ne voulait rien perdre de son électorat. Les écharpes tricolores étaient légion et tous les partis de Droite étaient représentés, de l’UDF au FN en passant par l’UMP, le MPF, et le MNR.
« Nous n’avons à nous excuser de rien ! »
du Commissariat général au Plan, « la population musulmane d’âge scolaire est évaluée, pour le terme de la période de 20 ans, à 2.500.000 enfants de 6 à 14 ans. Déjà, en 1954-55, cette population s’élève effectivement à 1.990.000 enfants. Avec 307.000 élèves inscrits dans les écoles du premier degré, le taux de scolarisation atteint 15,4 % à la veille de la guerre d’indépendance. »
Dans l’enseignement supérieur, en 1954, « il n’y avait que 1.200 étudiants musulmans algériens dont un peu plus de la moitié à Alger, qui suivaient surtout des études formant à des professions libérales comme médecins ou avocats, qui les mettraient dans une situation de relative indépendance par rapport à l’administration. En 1954 donc, on comptait seulement quelque 600 Algériens musulmans pour 5.000 étudiants en Algérie, les universités françaises n’ayant formé à cette date qu’un seul architecte et un seul ingénieur algérien des travaux publics. »
Pouvons-nous en être fiers ?
L’histoire apprend, au premier chef, que le système colonial, en contradiction avec les principes fondateurs de la République française, a entraîné des massacres de centaines de milliers d’Algériens ; et qu’il les a dépossédés, « clochardisés » - pour reprendre le terme de Germaine Tillion - à une grande échelle, exclus de la citoyenneté, soumis au Code de l’indigénat, et sous-éduqués, au déni des lois en vigueur. Mais, aussi, qu’il y eut de multiples souffrances de Français, parfois déportés en Algérie pour raisons politiques, ou embrigadés dans les guerres coloniales, ou encore pris dans un système dont ils sont devenus, à son effondrement, les victimes expiatoires - comme l’ont été les harkis, enrôlés dans un guêpier qu’ils ne maîtrisaient pas, puis abandonnés, relégués en France et discriminés en Algérie.
« François Nadiras tu as écrit ce texte et je ne t’oublie pas »
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