Evènements douloureux Crimes répétés Malheurs prolongés Qui émaillent la vie Dans cette prison à ciel ouvert Dans cette enclave oubliée Dans cette cage laissée à son sort.
Gaza aux bras chaleureux Aux doigts généreux Gaza la ville millénaire Oublie les ultimes larmes de son cœur Les tréfonds de sa douleur Pense à la vie pas à la mort.
Gaza la vie résiste toujours Elle oublie la peur La violence, les années noires et la guerre Dépasse ses blessures, L’injustice poursuivie, les massacres perpétrés , Le silence complice, et juste le regard Devant l’impunité de l’agresseur, Gaza, la fierté des solidaires Qui portent avec elle le fardeau de l’espoir
Elle existe par la flamme de l’espoir, Sa patience extraordinaire, Et son courage exemplaire Sa résistance abat tous les murs Attend des jours meilleurs Sans cesse elle espère Avec ses oliviers qui poussent encore.
Ces oliviers à l’odeur de soleil et de lune Pointent à l’horizon parfumé Croissent partout à Gaza, Près des rivières Près de la mer Sous les plaines Au sommet de la colline Dans les profondeurs mêlées de son âge Aux reflets d’or et d’ombre.
Nos oliviers caressent sables et pierres Ils touchent âmes et cœurs Sont une mélodie pour le chant légendaire D’un oiseau migrateur Ils donnent toujours fruits, huile et victoire Malgré l’atrocité d’un occupant agresseur Vivant dans les ténèbres Qui arrache ces oliviers tous les jours, Même en pleine nuit sombre.
Oui, nos oliviers sont nos espérances, Notre amour irréductible Ils symbolisent paix, justice, et avenir Sont plantés avec la sueur De nos longues années de combat Soignés par notre histoire glorieuse, Arrosés avec nos sangs, Et récoltés en nos âmes.
Nos oliviers passionnés de justice Sont nos jours heureux Où se dessinent tous les rêves Ou se réalisent toutes les espérances, Où s’écrivent toutes les promesses. Nos racines sont aussi profondes que nos oliviers.
Entre l’humanisme de l’opprimé, Et la brutalité de l’oppresseur Les oliviers de la terre fertile de Palestine Résistent dignement Ils nous aident à dépasser désespoir Dans cette ville abandonnée Chargée d’histoire., De vie, et de beaux souvenirs.
Avec nos oliviers qui poussent toujours à Gaza Plantés et récoltés Génération après génération Nous attendons quelque chose de vrai D’authentiques jours meilleurs Pour notre avenir, Quelque chose de plus beau !
Gaza ouvre son cœur Avec une lutte, par un sourire Une dignité , un grand amour, Beaucoup d’espoir Elle persévère en des paroles pures Gaza tu poursuivras ton bonheur Avec tes oliviers qui poussent encore !
Il pleut de la pluie sur la Palestine De la pluie sans pluie de la pluie de feu Pour Marie la Vierge il y eut sept épées Il y en a bien plus dans le coeur de celles Qui ne dorment plus dans leurs maisons frêles Et qui ont la rue des pauvres terribles Pour tordre leurs bras sur le fils perdu
Il pleut de la pluie il pleut de la nuit Dans le plein soleil de ce jour perdu Où la vie n’a plus son beau nom de vie Le coeur n’en peut plus le coeur n’en peut plus De voir les enfants pleurer de détresse Le garçon morveux la fille en ses tresses
Ce pays d’olive est pays du Christ La palme est ici son signe perdu Nous avons chanté sa naissance claire Sa fragilité d’enfant condamné Par l’affreux César par l’affreux Hérode Dont les mains jamais ne seraient blanchies Si tous les Jourdain venaient les laver
Cet enfant d’hier renaît aujourd’hui Dans le giron noir des Palestiniennes Les maris sont morts les fils sont perdus Les maisons de tôle et de béton nu Sont tombés comme à Guernica les tuyaux crient Face aux tanks et face aux soldats casqués Muets du silence de ceux-là qui tuent
Moïse, Moïse N’a pas voulu ça
C’est notre planète, terrestre et si bleue Celle qu’on fit d’air et d’eau pour qu’ils vivent Ensemble : celui harnaché de cuir Et l’adolescent qu’on a laissé cuire Dans l’incendie créé où la bonbonne De gaz explosa sous le tir précis
Moïse, Moïse N’a pas voulu ça
Précise mitraille ajustée au coeur De l’enfant mort-né dans l’église blanche Tous dorment et pas seulement les gardes Mais l’Homme blanc de Rome aussi, si vieux, Les Démocraties et leur Chef miteux Celui-là de qui le front si étroit Sur des yeux étroits confirme Darwin
Pauvre Palestine des pauvres, pourquoi Oui pourquoi veux-tu que ça les réveille ? A Jérusalem règne l’Ubu-Roi, Sabra et Chatila en poche, et l’autre Le Prix Nobel de la Paix, le faux-nez
Oui, pourquoi veux-tu que ça nous réveille ? S’ils veulent double portion, pourquoi pas ? Nos princes se sont assoupis en barils/jour Le Pen en France arrive avec son oeil de verre Et la Maison de Verre aussi, à New York Est redevenue le " machin " qu’on sait
A quoi bon bouger, pauvre Palestine Puisqu’on te propose enfin d’en finir ?
Pays du Christ te souvient-il du Christ ? Pays d’Islam pourquoi veux-tu revivre ? Il y a pour toi les chars étoilés de Sharon Comme il y a pour la Tchétchénie Poutine Et Bush est là pour régler la musique … Pays du Christ pourquoi veux-tu vivre ? Pâques est passé et c’est "printemps d’épidémie" Il pleut il pleut il pleut sur toi, ma Palestine, Pays sans pluie pays à pluie de feu Et pour Marie, "la non-touchée d’un homme", Il y a toujours, au coeur du coeur, les épines
Marseille est la deuxième ville de France, mais elle est aussi un peu algérienne par la composante de sa population. Les liens forts entre l’Algérie et la cité phocéenne ont été réitérés à l’occasion d’une visite de courtoisie effectuée dans la ville par l’ambassadeur d’Algérie en France.
Samedi 16 décembre, Saïd Moussi, en poste en France depuis juillet 2022, était à Marseille dans le cadre d’une visite de courtoisie. Il a été reçu par le maire socialiste Benoît Payan qui, selon les comptes-rendus de la presse locale, n’a pas manqué d’éloges sur la relation entre sa ville et l’Algérie.
Séparée de l’Algérie par la Méditerranée sur environ 700 kilomètres, Marseille a toujours été l’une des plus importantes destinations de l’émigration algérienne. Aujourd’hui, sur ses 860 000 habitants, 150 000 sont Algériens. C’est la deuxième concentration des Algériens en France après Paris et sa région.
À l’issue de sa rencontre avec l’ambassadeur d’Algérie au palais du Pharo, le monument emblématique de Marseille, Benoît Payan a rappelé l’histoire singulière entre la ville et les Algériens qui ont grandement contribué à faire d’elle ce qu’elle est aujourd’hui.
« Marseille a été reconstruite, en partie, par des Algériens »
Le maire a en effet reconnu, dans des propos repris par La Provence, que Marseille « a été reconstruite, en partie, par des Algériens » après la Guerre. C’est une ville, a-t-il dit, « constituée de femmes et d’hommes qui portent une histoire et une identité singulière, belle et forte à la fois ».
« On sait ce que veut dire tout ça », a assuré le maire de Marseille qui a par ailleurs reconnu que quand on est français ou marseillais, « on a des choses à apprendre de l’Algérie ». Car, a-t-il expliqué, il y a en Algérie « une excellence universitaire, un entrepreneuriat et une manière d’être extrêmement sensible qui fait honneur à notre ville, car il y a beaucoup de Franco-Algériens et beaucoup de Marseillais issus de la communauté algérienne ».
Pour décrire les liens forts entre l’Algérie et sa ville, M. Payan n’a pas hésité à qualifier Marseille de « plus grande ville algérienne en France » parce qu’elle est « fabriquée » de cette histoire commune.
Évoquant plus globalement la relation bilatérale entre l’Algérie et la France, le maire de Marseille a indiqué que « la France doit regarder son passé de manière très claire et, aussi, son avenir qui passe par une coopération et des liens forts avec l’Algérie ».
L’ambassadeur Saïd Moussi s’est dit pour sa part « très touché » par l’accueil qui lui a été réservé et par la vision de son hôte de « cette belle Méditerranée que nous avons en partage » et de la communauté algérienne de Marseille. « La ville d’Alger vous attend prochainement » a-t-il dit à Benoît Payan.
Le maire de Marseille est l’une des rares personnalités politiques à s’exprimer positivement sur la relation franco-algérienne dans un contexte marqué par la montée de l’extrême droite en France
et de polémiques récurrentes sur l’immigration algérienne et l’accord de 1968.
La loi Darmanin sur l’immigration, rejetée à l’Assemblée, revient par la petite porte, dans une version de droite dure. Dans « À l’air libre », débat avec les députés Benjamin Lucas (écologiste), Élisa Martin (LFI) et Cécile Rilhac (apparentée Renaissance). Et François Héran, professeur au Collège de France.
Ça fait longtemps que j'attends ce moment pour dire pourquoi, pour dire comment certains Français n'aiment pas la France. Je serais probablement très mal notée parce que tout ce que je vais dire sera connoté ou mal interprété.
Je suis censée vous réciter mes abc du bac et non de sauter le pas en vous disant que j'en ai assez de vous voir faire semblant de me supporter, assez plus qu'assez de devoir vous respecter.
L’Aipac, relais de l’État hébreu outre-Atlantique, jouit d’une influence non négligeable sur la politique de Washington au Proche-Orient. Il entend l’utiliser, tout comme ses dollars, pour se débarrasser des élus un peu trop critiques d’Israël lors des élections de l’an prochain.
NewNew York (États-Unis).– En novembre, Nasser Beydoun a reçu une proposition qu’il ne pouvait pas refuser. Du moins sur le papier. Cet homme d’affaires de Dearborn, ville du Michigan connue comme la « capitale arabe des États-Unis » pour son importante population issue du Proche-Orient, a raconté que le lobby pro-israélien Aipac (American Israel Public Affairs Committee) était prêt à lui donner 20 millions de dollars (un peu plus de 18 millions d’euros) pour se présenter aux primaires démocrates de 2024 contre son « amie » Rashida Tlaib.
La députée locale est l’une des membre du « Squad », ce club d’élu·es progressistes qui défendent des positions propalestiniennes, et la seule femme d’origine palestinienne à siéger à la Chambre des représentants des États-Unis.
Nasser Beydoun est tombé des nues. « Le lobby pro-israélien est un monstre politique corrompu qui s’acharne à faire taire les Américains qui contredisent son programme, a-t-il déclaré dans un communiqué. J’ai été choqué qu’ils pensent que quelqu’un comme moi pourrait se retourner contre sa communauté et ses valeurs pour une somme d’argent. »
Il n’est pas le seul à avoir reçu une telle offre. Quelques semaines plus tôt, un candidat démocrate au Sénat, Hill Harper, recevait un coup de fil d’un ancien donateur de l’Aipac, qui lui a aussi proposé 20 millions de dollars (10 millions en contributions directes, 10 millions en dépenses indépendantes de promotion de sa candidature) pour défier la députée Tlaib sur ses terres. Lui aussi a refusé.
Si l’Aipac a nié être derrière ces demandes, le groupe basé à Washington n’a jamais caché son intention de réduire au silence les démocrates un peu trop critiques d’Israël. Son but affiché : renforcer les relations entre les deux pays. Ce qui passe par des efforts de lobbying auprès du pouvoir, mais aussi par l’élection de candidat·es jugé·es « pro-Israël ».
Trois millions de membres
À en croire son site, cela signifie voter en faveur de l’aide militaire de 3,3 milliards de dollars envoyée tous les ans par Washington à son allié pour l’aider à se défendre. Ou œuvrer contre tout effort pour le fragiliser, comme le mouvement « BDS » de boycott de l’État hébreu qui a émergé dans certains campus universitaires, ou les tentatives « illégitimes et injustes » de traîner Israël devant la justice internationale.
Lors des scrutins de mi-mandat (midterms) de 2022, l’Aipac a ainsi dépensé plus de 17 millions de dollars pour aider 365 démocrates et républicain·es (sur 470 sièges en jeu) à se faire élire au Congrès. 98 % de ces candidatures ont été victorieuses, notamment celles des leaders des deux partis au Sénat à la Chambre des représentants. Le lobby fut même le plus grand contributeur de la campagne de Mike Johnson, élu fin octobre président de la Chambre (speaker).
Avec près de trois millions de membres qui financent ses opérations, et malgré l’émergence de structures concurrentes, comme son pendant de centre-gauche J Street, l’Aipac jouit d’une influence non négligeable sur la politique états-unienne au Proche-Orient. Son congrès annuel est un passage obligé pour tout·e élu·e qui a de l’ambition.
Barack Obama, qui y a fait une apparition comme candidat en 2008, a évoqué le pouvoir du groupe dans ses mémoires de 2020, Une terre promise. « Les membres de deux partis avaient peur de se fâcher avec l’Aipac, se souvient-il. À mesure que la politique israélienne a glissé vers la droite, […] son personnel et ses dirigeants affirmaient de plus en plus qu’il ne devait y avoir “aucune différence de vue entre les gouvernements américain et israélien”, même lorsque Israël prenait des mesures contraires à la politique américaine. Ceux qui critiquaient trop bruyamment la ligne israélienne risquaient d’être qualifiés d’anti-israéliens, voire d’antisémites, et d’être confrontés à un opposant bien financé lors des prochaines élections. »
Né dans les années 1950, monté en puissance dans les années 1980
Depuis l’attaque du Hamas le 7 octobre 2023, le lobby controversé est de nouveau sous le feu des projecteurs. Dans les cortèges propalestiniens, les manifestant·es l’accusent d’étouffer les appels au cessez-le-feu et de tenir la classe politique en otage. La résidence secondaire de son président en Californie a récemment été aspergée de peinture rouge par un groupe de militant·es en colère.
« Je pense qu’on exagère l’emprise de l’Aipac sur la prise de décision politique. En revanche, il est indéniable que c’est un acteur puissant qui bénéficie d’un bon financement et est très bien organisé », analyse Brent Sasley, professeur de sciences politiques à l’université du Texas à Arlington, et spécialiste d’Israël.
Il précise que le lobby est une entité « légitime », qui « ne fait rien de mal sur le plan légal ». « Aux États-Unis, à la différence d’autres pays occidentaux, les groupes extérieurs peuvent participer au processus de décision, surtout quand ils ont beaucoup d’argent. Cela vaut pour n’importe quel acteur, organisation juive ou non. »
L’Aipac est né dans les années 1950 pour endiguer le sentiment anti-israélien qui régnait alors au Congrès. Il est monté en puissance dans les années 1980, à mesure que la communauté juive états-unienne gagnait en influence dans les milieux politiques, économiques et médiatiques. Pendant le plus clair de son histoire, le lobby ne donnait pas d’argent directement aux campagnes des candidat·es, mais les mettait en contact avec son immense réseau de riches donateurs et donatrices.
Battre la gauche de la gauche
Cela a changé en 2021, quand l’organisation a décidé de créer un « PAC » (Political Action Committee), une entité qui permet de lever de l’argent pour soutenir (ou faire battre) un·e candidat·e. Elle s’est aussi dotée d’un « Super PAC », structure autorisée à dépenser des sommes illimitées au bénéfice de telle ou telle candidature, pour financer l’envoi de courriers de campagne ou la diffusion de spots télévisés, par exemple.
Howard Kohr, patron de l’Aipac, avait alors justifié ce changement de cap par plusieurs facteurs, dont « la montée en puissance d’une minorité très bruyante à l’extrême gauche du Parti démocrate qui est anti-israélienne et cherche à affaiblir les relations » entre Israël et les États-Unis. « Nous voulions défendre nos amis et faire savoir à leurs détracteurs que nous nous opposerions à eux », a-t-il confié en 2022 au Washington Post.
Lors des midterms de 2022, l’organisation a déboursé des millions de dollars pour faire battre des candidat·es de la gauche de la gauche, jugé·es hostiles aux politiques de l’État hébreu. Comment ? En intervenant dans les primaires démocrates. Dans le Michigan, l’Aipac a ainsi contribué à la défaite du député sortant, Andy Levin, un élu juif issu d’une dynastie politique locale, en ouvrant son portefeuille à son adversaire, Haley Stevens.
Le tort de Levin : présenter un texte de loi qui aurait interdit que l’aide militaire états-unienne envoyée à Israël soit utilisée pour « annexer ou exercer un contrôle permanent sur les territoires palestiniens occupés ». Avec l’aide du lobby, son adversaire a pu dépenser cinq fois plus d’argent que lui. Dans des scrutins comme les primaires, où la participation est traditionnellement basse, une telle force de frappe peut faire la différence.
Celle-ci n’aurait pas été possible sans le soutien financier de personnalités juives de droite. En effet, United Democracy Project, le nom du « Super PAC » de l’Aipac, est en partie financé par des grands argentiers du Parti républicain, comme le milliardaire Bernie Marcus, fondateur des magasins de bricolage Home Depot, et le financier Paul Singer. Ils ont tous les deux donné un million de dollars à l’organisation en 2022. Ce qui a fait dire à ses critiques que l’Aipac utilisait les fonds des républicain·es pour faire battre des démocrates.
L’enjeu des élections de 2024, qui verront le renouvellement de l’intégralité de la Chambre des représentants et d’un tiers du Sénat, pourrait être encore plus important. En effet, c’est la première fois que l’ensemble du corps électoral sera invité à se rendre aux urnes depuis l’attaque du Hamas.
L’Aipac n’a pas attendu pour se mettre en ordre de bataille. D’après le site d’information Slate, le comité pourrait investir au moins 100 millions de dollars dans les primaires démocrates pour se débarrasser du « Squad », constitué des progressistes Alexandria Ocasio-Cortez, Ilhan Omar, Rashida Tlaib, Ayanna Pressley, Cori Bush, Jamaal Bowman et Summer Lee. Ces sept député·es ont appelé à un cessez-le-feu dans la bande de Gaza.
De l’autre côté de l’échiquier politique, l’organisation a récemment financé une campagne de publicité négative contre le républicain Thomas Massie, député du Kentucky. Motif : il s’était opposé à l’adoption, début novembre, de l’enveloppe de plus 14 milliards de dollars d’aides à Israël voulue par son parti.
Malgré son influence actuelle, le lobby semble être à la croisée des chemins. Alors que le climat largement favorable à Israël dans l’opinion publique outre-Atlantique a facilité son travail pendant des décennies, le vent est en train de tourner. En effet, plusieurs sondages ont montré que la jeunesse états-unienne était plus favorable à la cause palestinienne que les générations passées.
«Les positions que défend l’Aipac ne sont plus aussi évidentes aux yeux de beaucoup de gens, que ce soit chez les démocrates ou chez les républicains. Rappelons que Donald Trump a rendu acceptable la méfiance envers les pays étrangers, dont Israël, analyse Brent Sasley. Surtout, il est difficile de défendre l’idée que le pays est toujours un David face au Goliath que serait le monde arabe. Israël a l’armée et l’économie les plus puissantes de la région. Sans oublier qu’il bénéficie de la protection américaine et qu’aucun pays arabe ne veut partir en guerre contre lui […]. Tout cela complique le positionnement de l’Aipac. » Rendez-vous en 2024 pour mesurer son pouvoir.
Le conflit au Proche-Orient a révélé les fractures profondes déchirant la prestigieuse université américaine, fragilisant dramatiquement la position de sa nouvelle présidente, Claudine Gay, icône des milieux progressistes.
Claudine Gay, présidente de l’université de Harvard, témoigne devant la commission de l’éducation et de la main-d’œuvre de la Chambre des représentants, à Washington, DC, le 5 décembre 2023. KEVIN DIETSCH / AFP
Elle était une femme, noire, fille d’immigrés haïtiens et spécialiste des études afro-américaines. Lorsque Claudine Gay est choisie pour présider Harvard à compter du 1er juillet 2023, c’est une petite révolution, un nouveau saut progressiste pour la plus ancienne université américaine qui compte 25 000 étudiants et 2 450 professeurs enseignants. Une affirmation politique, alors que la Cour suprême, tous les observateurs l’ont compris, s’apprête à déclarer inconstitutionnelle la discrimination positive pour sélectionner les étudiants.
Las, son mandat àpeine commencé se fracasse, à partir de l’attaque terroriste du 7 octobre, sur le conflit israélo-palestinien. Interrogée le 5 décembre sur les débordements antisémites sur les campus, avec ses collègues de Penn University, Elizabeth Magill, et du Massachusetts Institute of Technology (MIT), Sally Kornbluth, Claudine Gay, 53 ans, est incapable de répondre clairement à la question posée par la représentante au Congrès, la républicaine Elise Stefanik. « Est-ce que l’appel au génocide des juifs viole le code de conduite » des universités en matière de harcèlement et d’intimidation ? « Cela peut être le cas, selon le contexte, comme cibler un individu », répond Claudine Gay, à l’instar de ses deux collègues.
Obsédées par la défense de leur règlement intérieur sur la liberté d’expression, les trois présidentes restent rivées aux éléments de langage préparés par les juristes. « Cela ne dépend pas du contexte. La réponse est oui, et c’est pourquoi vous devriez démissionner », lance Elise Stefanik. Précision notable : cette représentante trumpiste avait démarré l’audition en assimilant le fait d’appeler à l’Intifada (« soulèvement » en arabe) à celui de « commettre un génocide contre les juifs en Israël et au niveau mondial ». Cette définition toute personnelle, non contestée en séance, a fait basculer le débat du soutien à l’Intifada à la question du génocide.
L’audition a, depuis, été regardée des centaines de millions de fois, suscitant la consternation. Soixante et onze représentants républicains, rejoints par trois démocrates, ont demandé dans une lettre la démission des trois présidentes, tandis que la Maison Blanche se désolidarisait d’elles. « Il est incroyable de devoir dire cela : les appels au génocide sont monstrueux et contraires à tout ce que nous représentons en tant que pays », a déclaré le porte-parole Andrew Bates. Toutefois, Joe Biden se garde de prendre la parole sur l’affaire.
Les enseignants noirs montent au créneau
Samedi 9 décembre, la présidente de Penn, Elizabeth Magill, est acculée à la démission. « Une est tombée, il en reste deux, écrit Elise Stefanik sur X. Harvard et MIT, faites ce que vous devez faire, le monde regarde. » En réalité, au MIT, Sally Kornbluth, qui est de confession juive et qui s’est moins empêtrée lors de l’audition que ses collègues, a déjà reçu le soutien de son conseil d’administration, tandis qu’à Harvard s’organise la résistance de l’intérieur, pour sauver l’icône en devenir Claudine Gay.
A l’université de Harvard lors d’un rassemblement en soutien à la Palestine, à Cambridge (Massachusetts), le 14 octobre 2023. JOSEPH PREZIOSO / AFP
Dans une lettre, les enseignants noirs de Harvard, parmi lesquels l’historienne Annette Gordon-Reed, dénoncent les « insinuations » « spécieuses et motivées politiquement » selon lesquelles le processus de sélection de la présidente de l’université aurait conduit à choisir « une personne non qualifiée sur la base de considérations de race et de sexe ». « C’était un superbe choix et elle devrait avoir la chance d’accomplir son mandat afin de démontrer sa vision pour Harvard », assure le corps professoral noir.
Par Arnaud Leparmentier (New York, correspondant) et Corine Lesnes (San Francisco, correspondante)
Publié aujourd’hui à 05h00, modifié à 12h10https://www.lemonde.fr/international/article/2023/12/17/comment-la-guerre-israel-hamas-a-dechire-harvard_6206253_3210.html
Par Arnaud Leparmentier (New York, correspondant) et Corine Lesnes (San Francisco, correspondante)
Publié aujourd’hui à 05h00, modifié à 12h10https://www.lemonde.fr/international/article/2023/12/17/comment-la-guerre-israel-hamas-a-dechire-harvard_6206253_3210.html..
Dans son nouvel ouvrage, l’historien ravive sa mémoire pour raconter une décennie qui fait du jeune juif déraciné un militant engagé dans les combats de l’ère pompidolienne.
De livre en livre, Benjamin Stora s’attache à partager une vision scrupuleuse de l’aventure qui lie la France et l’Algérie, de la colonisation à la rupture dont le solde ne semble jamais acquis. En marge d’ouvrages savants et décisifs, il a toutefois entrepris une plongée dans son propre parcours, jalons d’une sorte d’ego-histoire qu’il livre sans plan particulier.
Ainsi, après les trois volets parus chez Stock, La Dernière Génération d’octobre (2003), sur son militantisme trotskiste, puis Les Trois Exils. Juifs d’Algérie (2006) et Les Clés retrouvées. Une enfance juive à Constantine (2015), Benjamin Stora livre le chaînon médian, L’Arrivée. De Constantine à Paris, 1962-1972 (Tallandier, 240 pages, 19,90 euros). Du brusque départ de la terre des ancêtres vers cette « métropole », qui confond sans scrupule les juifs indigènes avec les rapatriés, à son engagement d’adulte dans les champs politique comme historique, une décennie fait du jeune juif déraciné un militant engagé dans les combats de l’ère pompidolienne.
Tandis que ses parents, désormais ouvrière et employé, peinent à surmonter le déclassement, minés par la tristesse de la perte et la douleur de l’absence d’horizon, Benjamin Stora affronte un monde nouveau qui le fascine, mais le malmène.
Il y découvre les codes de l’assimilation réussie des lycées Janson-de-Sailly à Marcel-Roby, retrouve au pied des HLM la franche solidarité connue avant l’exil. Jusqu’à ce que Mai 68 le propulse dans d’autres sphères. Là, il lui faut cumuler les tâches pour tracer sa voie de militant et bientôt de chercheur, et s’affranchir de ses racines sans les renier.
La littérature comme boussole intime
Assurant son équilibre entre la cité de Sartrouville et le lycée Marcel-Roby de Saint-Germain-en-Laye, il mène une « double vie » sensible, terrible aussi. Avec le sentiment d’appartenance d’un côté, puissant, et la perspective d’un avenir que de solides études rendent possibles. La littérature lui sert de boussole intime, Le Rouge et le Noir en tête : « Les héros stendhaliens m’aidaient d’une certaine façon à me repérer dans mes tourments. »
La vocation d’historien viendra plus tard. Après la tentation de l’engagement politique qui permet de s’inscrire dans un mouvement lu dans le temps long. Connaître les références, les dates-clés et les biographies nécessaires pour savoir où se situer, de qui se réclamer. En soif de repères, le jeune homme n’opte pas pour l’histoire par vocation, mais par nécessité. Ce sera à Nanterre avec les meilleurs maîtres : Robert Mandrou, René Rémond, Jacques Ozouf, Jean-Pierre Rioux…
Le résultat est probant. Devenu historien, Benjamin Stora va s’attacher à transmettre les récits, sans exclusive, à en souligner les singularités, à répondre au désir d’origine et au besoin d’identité. Mieux : à prohiber par cette histoire au territoire strictement balisé la guerre des mémoires singulières, où s’opposent les douleurs initiales et leurs conséquences sans cesse réactivées.
« L’Arrivée. De Constantine à Paris, 1962-1972 », de Benjamin Stora, Tallandier, 240 p., 19,90 €.
La guerre contre Gaza a relancé le débat sur le sionisme, l’antisionisme et l’antisémitisme. Il est d’autant plus nécessaire de rappeler, comme le fait un livre qui vient de paraître, que c’est parmi les juifs qu’a émergé la première opposition au sionisme.
Theodor Hertzl, fondateur du mouvement sioniste, au Congrès sioniste de 1901 en Suisse
Wikimedia Commons
Si vous avez prévu d’offrir un cadeau de Noël à Emmanuel Macron, voici une bonne idée : un excellent livre intitulé Antisionisme, une histoire juive (Syllepse, Paris, 2023). À peine élu à la présidence, il innova en effet, dans son discours pour le 75e anniversaire de la rafle du Vel’ d’Hiv’, le 16 juillet 2017, en assurant : « Nous ne cèderons rien à l’antisionisme, car il est la forme réinventée de l’antisémitisme. » Sur cette lancée, le Conseil représentatif des institutions juives de France (CRIF) exigea que cette phrase se transforme en une loi. La polémique qui s’ensuivit dura jusqu’à ce que, le 19 février 2019, le président renonce à cette législation.
Si Macron dut rétropédaler, c’est, expliquai-je alors1, pour deux raisons principales. La première, sans doute décisive, est qu’une telle législation aurait introduit un délit d’opinion dans le droit français, qui n’en connaît pas. Ce qui fit tousser bien des juristes, y compris macronistes. La seconde choqua surtout les historiens : comment dénoncer comme « antisémite » l’« antisionisme » qui est, comme le titre joliment le livre en question, « une histoire juive » ?
Qu’un Soral ou un Dieudonné aient parfois drapé leur antisémitisme dans un charabia antisioniste n’y change rien : c’est bien de l’opposition au projet d’« État des juifs » de Theodor Herzl qu’est né l’antisionisme, courant amplement majoritaire parmi les juifs jusqu’à la seconde guerre mondiale. Après la naissance d’Israël, les antisionistes se fixèrent progressivement pour but de le transformer en « État de tous ses citoyens », comme la plupart des États du monde…
C’est de cette pensée et de ses cheminements que témoignent Béatrice Orès, Michèle Sibony et Sonia Fayman : elles ont choisi une cinquantaine d’extraits de textes d’auteurs juifs représentatifs de ce courant dans sa diversité, de Hannah Arendt à Ella Shohat, de Karl Kraus à Michel Warschawski, de Martin Buber à Abraham Serfaty, de Léon Trotski à Daniel Bensaïd…
Sur le plan chronologique attendu dans ce genre d’ouvrage, les autrices ont préféré une présentation transversale autour de cinq problématiques : sionisme et judaïsme ; sionisme et question nationale ; sionisme et antisémitisme ; sionisme, impérialisme et colonialisme ; sionisme… et après ? Ces chapitres permettent au lecteur de mesurer combien l’opprobre jeté par Emmanuel Macron sur l’antisionisme révèle en fait sa propre méconnaissance du sujet. Pas un « argument » ne résiste à la lecture.
Antisémite, l’antisionisme ? Et si c’était au contraire le sionisme qui convergeait avec la vision anti-juive, par sa définition ethnique des juifs et l’appel qu’il leur lance à quitter leur pays ? Dirigeant du Bund, le mouvement créé en 1897 sous le nom de l’Union générale des ouvriers juifs de Lituanie, Pologne et Russie2, Henryk Ehrlich rappelle, dans un article de 1938 « la règle en vigueur » depuis les origines du mouvement : « Plus il fait sombre dans le monde, plus la demeure du sionisme est lumineuse : plus les choses vont mal pour les juifs, mieux elles se portent pour le sionisme. »
De même, le slogan « Une terre sans peuple pour un peuple sans terre » : signifie-t-il que les leaders sionistes ont ignoré l’existence des Arabes de Palestine ou bien fait mine de ne pas les voir ? David Ben Gourion n’a pas de ces pudeurs : « Ne nous racontons pas d’histoires, déclare-t-il en 1936. Politiquement, c’est nous les agresseurs et ils se défendent… C’est leur pays parce qu’ils y habitent alors que nous voulons venir ici et coloniser. »
Que le sionisme se soit présenté comme libérateur pour les masses juives misérables de l’Empire tsariste l’empêche-t-il de constituer un projet colonial du point de vue des Palestiniens ? Dans son fameux article des Temps modernes de juin 1967, Maxime Rodinson décrivait Israël comme « l’aboutissement d’un processus qui s’insère parfaitement dans le grand mouvement d’expansion européo-américain des XIXe et XXe siècles pour peupler ou dominer économiquement et politiquement les autres terres ».
DÉTRUIRE L’ÉTAT D’ISRAËL ?
Comment prétendre que l’objectif des antisionistes serait, au début du XXIe comme à la fin du XIXe, de détruire l’État d’Israël, alors qu’ils cherchent à transformer ce dernier en un « État de tous ses citoyens » ? Quant à la définition d’Israël comme « juif et démocratique », ne devient-elle pas un oxymore, à partir du moment où les Arabes deviennent plus nombreux que les Juifs sur le territoire de l’ex-mandat britannique ?
Hans Kohn fut un des fondateurs du mouvement binationaliste Brit Shalom. En 1929, au lendemain des premières grandes émeutes, il écrivit ces lignes prémonitoires :
Il est possible qu’avec l’aide de l’Angleterre et, plus tard, avec celle de nos propres baïonnettes […] nous puissions nous maintenir et croître encore longtemps en Palestine. Mais alors nous ne pourrons plus jamais nous passer des baïonnettes. Les moyens auront déterminé la fin. La Palestine juive n’aura rien de la Sion que j’ai défendue. Nous pouvons encore aujourd’hui parvenir avec les Arabes à un équilibre qui garantisse une paix véritable.
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