Combien de ces chapiteaux , ces colonnes , leurs bases ou de ces autres éléments de notre patrimoine archéologique, donc de notre patrimoine historique , se trouveraient livrés à l’abandon ?
La gabegie, ce n’est pas seulement se fourvoyer en conjectures, dans le sens de la dilapidation des biens ou des mauvais usages qu’on en fait. C’est aussi ce qui n’est pas de se qui devrait y être !
Prenons un exemple significatif. En visite dans la région, un groupe de visiteurs Allemands nous avait confié : - Plus que le gaz est le pé trole réunis ,vous avez là une ressource extraordinaire , inépuisable, laissée à l’abandon, il s’agit de notre patrimoine archéologique. Ailleurs ,en en prenant grand soin, il fait vivre une grande partie de la population en faisant venir des millions de visiteurs à l’image de la Grèce, de l’ Egypte ou de l’ Italie et même des autres pays Maghrébins. Pourtant notre patrimoine est bien plus dense, aussi varié et aussi riche bien que notre pays encore en friche pour recéler de nombreux trésors archéologiques enfouies sous sol. D’Est en Ouest , du Nord au Sud ,il est marqué par ces présences du passé.
Mais quel est l’usage fait de ces ressources ainsi mises à jours sans doute à coups de dozers ou de pelleteuses ,occupées plutôt à balafrer les sols de tranchées pour les constructions sans aucun égard à ces vestiges et à ces trésors enfouis ?
Il n’est pas raisonnable voire qu’il serait risible de constater que de nombreuses administrations institutions et établissements publics «s’offrir» de ces pièces pour en faire de simples ornements. Se permettre ces monceaux de nos splendeurs d’ antan ,pour les livrer au quatre vents sur les pelouses de jardins dans des les allées et même aux abords des trottoirs ,sans conservatio et sans protection , relève de graves inconsciences ou de l’ ignorance purement et simplement.
Cette collection de pièces archéologiques, disséminées ça et là est livrée à l’abandon. Cassées brisées, repeintes, elles traduisent tout l‘intérêt accordé à des milliers et de millions d’années de notre histoire qui se trouvent comme vous le constaterez livrés à la décharge. Comme vous le verrez, le mausolée de Scipion, livré à l’abandon est devenu un lieu de beuverie. C’est vrai que cela traduit tout l’intérêt qui lui est accordé pour l’avoir enseveli une seconde fois au milieu d’une cité à proximité d’un autre temple du savoir qu’est le premier pôle de l’université de Sétif.
Il y a de quoi s’offusquer se rebeller mais il y a pire. Qu’en est il justement chez le commun par rapport à l’ administration de la culture ou les avis des conservateurs à propos de ces richesses qui sont le plus souvent ignorées .L’un de ces conservateurs me racontait en larmes sa profonde affliction a chaque été ,après le passage de l’ouragan des festivaliers, des suite des dégradations et des traces laissées sur ces sites mondialement connus et classés tels que Timgad, Tipaza ou Djemila, plus prêt de nous.
Maintenant que vous avez fait la visite virtuel de notre musée virtuel ,vous devenez responsable pour ne plus dire ''nous ne savions pas!''.
Dites haut et fort votre dénégation auprès de qui de droit pour sauver ce qui reste à sauver de notre patrimoine.
TIPASA, LA CASBAH, TIMGAD... Ces monuments risquent d’être déclassés
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Les sites culturels et naturels classés patrimoine mondial sont laissés à l’abandon.
De nombreux sites naturels et culturels à travers le monde ont été inscrits au patrimoine mondial lors de la 34e session du Comité du patrimoine mondial de l’Unesco à Brasilia. Le Parc national de l’île de la Réunion en France, l’archipel isolé des Papahanaumokuakea des îles Hawaï des Etats-Unis, le plateau de Putorana en Russie, le quartier des canaux à Amsterdam, la cité impériale de Thang Long-Hanoï au Vietnam ou encore la région montagneuse de forêts du Sri Lanka sont autant de sites qui font désormais partie du patrimoine mondial de l’humanité. En Algérie, c’est plutôt le contraire qui risque de se produire. Des monuments culturels et des sites naturels, déjà inscrits au patrimoine universel, risquent d’être déclassés de l’avis de certains observateurs. En effet, en adhérant à la Convention concernant la protection du patrimoine mondial, naturel et culturel, chaque Etat se doit d’assurer la protection, la conservation et la mise en valeur du patrimoine culturel et naturel dont il dispose. C’est en 1982, dix ans après l’adoption de cette convention par l’Unesco, que des sites naturels et culturels en Algérie ont été inscrits au patrimoine mondial par cette organisation. La cité antique de Djemila, les vestiges de Timgad, la Qal’âa des Beni Hammad, la Casbah d’Alger ou encore Tipasa sont les sites qui ont rejoint la longue liste établie par l’Unesco en 1982. L’état dans lequel se trouvent ces hauts lieux de l’histoire, aujourd’hui, est pour le moins que l’on puisse dire, affligeant. Chaque année, la cité antique de Djemila reçoit le festival éponyme de la chanson arabe. Il est inutile de rappeler toutes les nombreuses menaces que constitue ce genre de manifestations sur la sauvegarde et préservation de ce site archéologique. Elle s’écroule lentement et tranquillement dans l’indifférence totale des autorités locales. Le cas de la Casbah d’Alger est dans ce sens, édifiant. Il suffit d’y mettre les pieds une seule fois pour constater l’état de décrépitude dans lequel elle se trouve. Des pans entiers de notre histoire risquent ainsi d’être effacés. Les nombreux appels lancés par les associations de protection de ce patrimoine ancestral restent le plus souvent lettre morte. Témoin de plus d’un millénaire d’histoire, Tipasa ne fait malencontreusement pas l’exception. Preuve en est: l’état éctuel de ce joyau de l’humanité, tant encensé, qui a inspiré de nombreux poètes et écrivains dont Albert Camus, inscrit en 2006 sur la liste du patrimoine en péril lors de la 30e session du Comité du patrimoine mondial de l’Unesco, qui s’est tenue à Vilnius en Lituanie.
Constant
Louche Devant le Chenoua Huile sur toile, 36x120,
coll.part.
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LE FORUM, LE CAPITOLE, LA CURIE ET LA BASILIQUE
Cet ensemble, découvert en 1914-1916, couronne la colline centrale qui
s'appelait, dans l'Antiquité, la colline des Temples.
Une place de 50 mètres sur 27, au dallage intact, et
encore bordée de son caniveau d'écoulement' des ,eaux, le Forum occupe
le centre d'un groupe de monuments et forme le cœur de la vie civile de
la petite cité. A l'Est, précédé d'un perron qui servait de tribune
aux harangues, c'est la Curie, siège du Conseil Municipal ; au Nord,
c'est le soubassement d'un Capitole, à trois chapelles : Temple de
Jupiter, Junon et Minerve, ;à l'Ouest, en contrebas de quelques marches
et au delà d'une galerie couverte ou cryptoportique, c'est une
basilique civile, tribunal et siège de la vie économique. Une belle
mosaïque représentant des Maures captifs en ornait l'abside. Au Sud,
enfin, le Forum donnait sur la ville 'étendue à ses pieds 'et un vaste
escalier monumental à deux rampes permettait d'y accéder.
Le Tribunal
Le Tribunal
Le Tribunal
Escalier vers le Forum
Forum
Escalier du Forum
Escalier du Forum
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Les Thermes
Tipasa en possède au. moins quatre les grands Thermes, en bordure du
Parc Trémaux, et dégagés seulement en partie ; les petits Thermes, au
bord de la mer, à l'ouest de la crique, ; d'autres encore, en. arrière
du 'bâtiment. industriel aux quatre cuves. Le dernier enfin, à côté du
baptistère chrétien., Sans avoir,. même pour les premiers, qui,
d'ailleurs, étaient publics, l'ampleur des établissements de Cherchel,
de Timgad et de Djeniila, ils sont intéressants par leur état de
conservation et la disposition du système de chauffage à air chaud.
Aucun d'eux n'a fourni d'oeuvres, d'art, comme on en a trouvé entant
d'autres villes antiques.
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Le Temple
Outre le Capitole, on a découvert à l'intérieur du
parc un petit temple, entouré d'une cour à portique malheureusement
défigurée par une allée qui la traverse. Du temple lui-même il ne
subsiste, que le soubassement, l'escalier et, par côté, la base d'une
statue ou de l'autel. La jambe nue d'une statue, masculine de taille
colossale y a été découverte, Hercule, Mars, Empereur divinisé ?
Sans doute ignorera-t-on longtemps encore le dieu auquel
le, sanctuaire était dédié.
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Le Nymphée
Sur le même alignement que le temple, alignement fait par la voie
romaine qui conduisait à Cherchel et qui est ici enterrée, se dresse,
vers l'ouest, un hémicycle à colonnes et bordé de bassins, qui est un
château d'eau ou nymphée. C'est une fontaine monumentale placée à
l'arrivée dans la ville de l'aqueduc qui amenait l'eau d'une source
située à plusieurs kilomètres au sud-ouest. Décoré de statues, entre
lesquelles l'eau tombait en cascade, c'est un des plus beaux monuments
du même genre qu'on ait retrouvé en Afrique. Il atteste le désir des
habitants de décorer leur ville d'une façon monumentale et jolie à la
fois.
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Le Théâtre
Ce même souci esthétique appairait dans le
théâtre, voisin 'du nymphée. L'édifice, au lieu d'être adossé - ,à une
colline comme tous les autres théâtres antiques de l'Afrique du Nord,
excepté ceux de Madaure et de Sabratha, en Tripolitaine, a été
construit en élévation. S'il n'avait servi de carrière pour la
construction de l'hôpital de Marengo, nous aurions sans doute encore
les 25 rangées de gradins qu'il devait compter à l'origine, le mur de
scène et, les dépendances. Tel qu'il est, avec ses arceaux du
rez-de-chaussée, ses voûtes, à demi-ruinées, qui supportaient les
gradins supérieurs, les escaliers menant au premier étage, les,
couloirs d'accèsà l'orchestre,, le mur qui supportait la scène et la
fosse profonde de celle-ci, ce théâtre, de 3.000 places environ, reste,
sous -sa couronne d'oliviers et dans son cadre de verdure et de
montagne, un des monuments les plus évocateurs de Tipasa.
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L'Amphithéâtre
Un autre monument important était les arènes.
contiguës au temple du Parc Trémaux. Des sondages faits en 1916 ont
révélé des couloirs souterrains qui semblent attester la bonne
conservation des sous-sols, si intéressants dans les édifices de cette
catégorie. On vient d'en avoir' une preuve à Lambèse Bien qu'on puisse
craindre que l'amphithéâtre ait en partie connu le sort du théâtre et
servi de carrière. On peut imaginer qu'il en subsiste encore assez pour
former un bel ensemble.
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Les Maisons et Villas
Peu d'habitations privées ont été dégagées à
Tipasa. Parmi les plus belles, il faut citer la villa de la crique - où
des restes pitoyables de mosaïques sont 'es débris d'une belle
décoration, mais où des peintures murales ont été retrouvées.
Une autre demeure a été à peine explorée non loin de
celle-ci. Elle a livré une très intéressante mosaïque de la légende
d'Achille (au Musée d'Alger), exemple du goût, des Tipasiens pour les
épisodes homériques et du talent des artistes auxquels ils ont eu
recours. D'autres habitations plus modestes ont été fouillées à l'Est
et au Sud-ouest du village : demeures de petites gens ; dans l'un et
dans l'autre cas, elles ont montré l'existence de beaux pressoirs à
huile, installés dans l'habitation, et apportent des renseignements, sur
la vie économique de Tipasa.
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Les Remparts
C'est au III siècle, au moment où la prospérité de
Tipasa a été la plus grande, que, des menaces ayant troublé sa
sécurité, la ville s'est entourée d'un rempart dont les vestiges sont
bien apparents. Long de 2.300 mètres environ, il compte encore 15 tours
rondes et 16 tours carrées. Trois portes monumentales, dont deux, à
l'Ouest et au Nord, étaient précédées d'un vestibule en demi-lune, deux
portes secondaires, dont une poterne bien conservée au Nord-ouest,
permettaient de franchir le rempart. Dans son état actuel, le
retranchement, qui devait mesurer environ de 7 à 8 mètres de hauteur
avec des tours de 9 mètres, révèle une destruction exécutée
systématiquement, sans doute au cinquième siècle, après l'invasion des
vandales.
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Les Eglises
A l'intérieur de la ville on a retrouvé : près du
Forum, au-dessus de la mer une chapelle privée, dont une mosaïque
(déposée au Musée) décorait l'abside, et sur la colline de l'ouest, la
cathédrale, le plus vaste édifice chrétien d'Afrique après
Damous-el-Karita de Carthage. Construite au IV siècle avec des fragments
des édifices païens, elle comprenait neuf nefs séparées par des
colonnes et des piliers. Un immense tapis de mosaïque la décorait. Son
porche a l'ouest est appuyé contre le rempart. A l'Est, la vaste abside
s'est en partie effondrée dans la mer. Au nord, l'église était
flanquée d'une chapelle puis d'un baptistère, avec sa cuve à trois
degrés bien conservés et de petits thermes.
LES CIMETIÈRES - CHAPELLE D'ALEXANDRE, CRYPTE DES ÉVÊQUES, ENCLOS DES MARTYRS
Hors des murs de la ville à l'Est comme à l'Ouest,
de vastes nécropoles chrétiennes se groupaient autour de deux
sanctuaires. A l'Ouest, c'est la chapelle de l'évêque Alexandre.
Fouillée en 1940 après de longues années d'interruption, elle a
désormais son 'aspect primitif Alexandre la fit construire au IV siècle
pour y déposer les évêques, ses prédécesseurs et pour y reposer
lui-même après sa mort. Sa tombe, ornée d'une mosaïque a été retrouvée,
dans une chapelle à l'Ouest. A l'Est, neuf sarcophages placés sur une
sorte d'estrade renfermaient les corps des évêques. Ils avaient d'abord
été inhumes dans une crypte souterraine, véritable chapelle de
catacombes avec sa voûte en stuc et son lucernaire. On l'a retrouvée
dans un angle de l'église, mais elle avait été dévastée dans le passé.
Elle n'en demeure pas moins un vestige chrétien remontant sans doute au
début du III siècle et aux premiers temps de la communauté chrétienne
de Tipasa. Des inscriptions en vers, tracées sur mosaïques, dont
plusieurs cantiques rimés, décoraient le sol de l'église elle-même. En
contrebas s'étendait un enclos strictement fermé par un mur en pierres
de taille. On y accédait par un porche commun avec l'église adroite, en
descendant quelques marches, on trouvait sous un portique six tables
funéraires ou mensae de martyrs dont seuls subsistent trois noms :
Rogatus, Vitalis et Maxima. A gauche, on a découvert l'épitaphe de
Victorinus, martyrisé le dimanche 8 mai vers 2 heures de l'après-midi
d'une année de la fin du III° siècle et auprès une double épitaphe du
prêtre Amantius qui repose dit le texte auprès des martyrs. Tout
concourt à prouver que cet enclos contemporain sans doute de la crypte
des évêques, était réservé à des martyrs de la foi chrétienne et date
par conséquent d'avant Constantin et la fin des persécutions.
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Église et nécropole de, Sainte Salsa
Sur la colline dé l'Est a été découverte en 1891,
l'église construite sur le tombeau de Sainte Salsa. D'abord, petite
chapelle au IV" siècle, elle est devenue, au V et au VI siècle un vaste
édifice religieux à trois nefs avec des tribunes latérales. Un
sarcophage païen en marbre renfermait dans le chœur le corps de la
sainte et au-dessous on a retrouvé l'épitaphe païenne encore en place
de Fabia Salsa, aïeule sans doute de la fillette martyrisée. Des
mosaïques malheureusement détruites, entouraient le pieux monument. En
1932, furent dégagées à leur tour les centaines de tombes qui au cours
des siècles avaient étroitement encerclé l'église, ces sarcophages en
pierre primitivement ornés de mosaïques à sujets et à inscriptions sont
dans leur rudesse dépouillée d'une austérité et d'une grandeur
impressionnantes. Quelques épitaphes nous apprennent que les défunts
qui dorment là leur dernier sommeil étaient venus parfois de très loin
d'Afrique, d'Italie et même d'Asie Mineure. Au milieu d'eux, une
chambre d'agapes conserve intacts ses murs percés de fenêtres, sa table
en maçonnerie érigée sur un sarcophage inviolé, sa porte surmontée
d'une inscription grecque symbolique : " Ichtris ". Des-tombes de types
divers dévalent jusqu'à la falaise qui surplombe la mer, d'autres
chapelles funéraires se dressent à peu de distance.
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Musée de Tipasa
Inauguré en 1955, et dessiné par
l'architecte des monuments historiques Marcel Christofle, il est
composé d'un petit jardin externe, d'un espace Accueil, d'un patio, et
de deux salles d'exposition dont une réservée pour les expositions
temporaires.
Les Collections :
Grande salle d'exposition :
Dans la grande salle du
Musée ont été exposes une grande variété d'objets céramique (lampes,
plats, cruches, Askos, balsamaires) et de différents types (Attique,
Campanienne, Sigillée, et Commune); une importante collection de verre,
et métaux divers (pièces de monnaie, et autres) découverts lors des
différentes fouilles des différentes nécropoles allant de l'époque
préromaine jusqu'a l'époque chrétienne.
Sont également exposés des panneaux de mosaïque dont les
plus importants sont la mosaïque des captifs qui provient de I' abside
de la basilique judiciaire de Tipasa et ou est représenté une famille de
captifs, père mère et enfant; ainsi que la mosaïque Pax et Concordia
découverte dans la nécropole de Matarès a Tipasa.
Deux sarcophages de marbre se font face à l'intérieur de
cette salle, ou est représenté sur l'un la légende de Pélops et
d'Oenomaius et sur l'autre des monstres marins et des Néréides.
Parmi les objets de marbre exposes figure la tête de
Jupiter ainsi que le torse d'une petite Venus.
Le Patio:
A l'intérieur du patio sont
exposes plusieurs stèles votives puniques, ainsi que des tables a mensa
de l'époque chrétienne, et plusieurs éléments d'architecture (bases,
fûts de colonnes, chapiteaux et pilastres).
Provenance des objets
Les objets archéologiques
exposes et mis en réserves proviennent pour la plupart des différentes
nécropoles préromaines, romaines, et chrétiennes de la ville de Tipasa,
et notamment la nécropole préromaine de la porte de Césarée, la
nécropole païenne de l'est, la nécropole du premier siècle découverte
sous la villa des Fresques, la nécropole chrétienne occidentale, la
nécropole de Pierre et Paul, ainsi que la nécropole de Sainte Salsa et
la nécropole de Matarès.
Ces nécropoles ont été fouillées
respectivement par Jean Baradez, depuis l'année 1955, Serge Lancel de
1964 a 1968, et Mounir Bouchenaki pour les Fouilles de la nécropole de
Matarès de 1968 a 1973.
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Le Mausolée Royale de Maurétanie
Le mausolée qui coiffe une colline au
sud de la ville sur la route de Tipasa. Ce monument de style africain,
agrémenté d’éléments décoratifs appartenant au monde hellénistique n’a
toujours pas livré ses secrets au sujet de la famille royale maure ou
numide qui s’y est fait enterrer. Mais on se prend à rêver encore qu’il
a été élevé par Juba II en hommage à sa Cléôpatre, fille de la lune.
Juba II fut un des hommes les plus savants de son temps,
quant à son impériale épouse elle se dévouait sans compter pour le
bien-être de son peuple dont elle était aimée, voire vénérée. C'est
cette vénération qui s'est traduite, après la mort de Séléné, par un
mausolée dénommé par les populations locales : Tombeau de la Romaine.
L'édifice, un tumulus de pierre d'environ 80 000 m³,
ressemble de loin à une énorme meule de foin. Il mesure 60,9 m de
diamètre et 32,4 m de hauteur. Érigé non loin de Tipasa (près du
village de Sidi Rached), sur une crête des collines du Sahel, il domine
la plaine de la Mitidja à 261 m d'altitude.
Il comporte une partie cylindrique ornée sur son périmètre,
dont le développement est de 185,5 m, de 60 colonnes engagées
surmontées de chapiteaux ioniques et supportant une corniche. Cette
partie présente quatre fausses portes situées aux points cardinaux. Ce
sont des panneaux de pierre de 6,9 m de haut, encadrés dans un
chambranle et partagés au centre par des moulures disposées en croix.
C'est cet ornement qui a justifié le nom traditionnel de Tombeau de la
Chrétienne.
Au-dessus, la partie conique est constituée de 33 assises
de pierres, hautes de 58 cm, et se termine par une plate-forme. Elle
est largement échancrée au-dessus de la fausse porte de l'Est.
L'entrée véritable du monument, longtemps ignorée, se situe
dans le soubassement, sous la fausse porte de l'Est. Elle a été
découverte lors de la campagne de fouilles menée en 1865 par Adrien
Berbrügger, inspecteur des Monuments historiques, à la demande de
Napoléon III. C'est une porte basse, 1,1 m de haut, et étroite, qui
donnait sur une dalle coulissante en grès, trouvée brisée. Ensuite un
couloir d'accès très bas conduit au vestibule des lions. Il est ainsi
appelé parce qu'on y voit un lion et une lionne sculptés en relief
au-dessus de l'accès au couloir intérieur.
Ne pas oublier d'aller aussi à :
Cherchell - Césarée
O rivages aimés du soleil et des dieux !
Récifs rongés de sel où la mer vient s'abattre,
Tremblants sous le ressac de ses flots furieux,
Si blancs qu'on vous dirait d'albâtre.
Grève de sable fin que rosit le couchant,
Qui reçoit dans la paix les baisers de l'écume.
Alors que vers l'azur s'envole un dernier chant
Pour une étoile qui s'allume,
Pampres verts des coteaux couronnés d'orangers
Et de pins résineux ; vous, croupes
Nonchalantes
Que colore au printemps la fleur de ces vergers
Qu'on voit escalader vos pentes ;
Et toi, majestueux et troublant Chenoua
Dont le front plein d'orgueil se cache dans la nue,
Au flanc duquel pourrait dormir Antinéa
En quelque retraite inconnue !
Splendeur ! Immensité de la mer et du ciel !
Rien ne peut surpasser vos soudaines colères
Ou la sublimité d'un coucher de soleil
Devant des ruines séculaires.
C'est là Cherchell, que tu t'isoles dans l'oubli
Ainsi qu'en ton musée une statue ancienne
Que drape fièrement la tunique au long pli
Moulant son corps de patricienne.
Tuiles rouges des toits qui penchent vers le port,
Parfums -musc ou jasmin -s'exhalant des ruelles,
Balancelles que berce une brise à ton bord
De caresses perpétuelles.
Gazouillis des jardins, calices entrouverts,
Fûts géants des dattiers dont les palmes s'inclinent
Ainsi qu'une fusée éclate en bouquets verts
Qui retombent sur la colline....
Place romaine au pied de qui les flots calmés
Meurent dans la douceur d'un soir de clair de lune,
Où la chaleur du jour ne pénètre jamais,
Ni sa lumière inopportune ;
Thermes d'où montaient la musique et les chœurs
Aux applaudissements d'une foule en démence
Qui tout en couronnant de lauriers ses acteurs
Riait de Plaute ou de Térence !
Yol ! Yol ! Avais – tu fait ce rêve certains jours
Où tirant leur trirème au sable de ta plage,
Des marchands prirent pied sur ton sol, tour à tour.
Venus de Tyr et de Carthage ?
Pourtant la gloire vint sur ton front étonné
Déposer le baiser de Rome protectrice, quand
De Cléopâtre la fille Séléné
Unit sa grâce à ton délice.
Or, un vent de tempête et de sédition
Balaya le sommet d'où on te vit descendre,
Et les siècles tombant sur ta perfection
Firent sur toi pleuvoir leur cendre.
Mais le ciel éternel rajeunit la beauté
Et je veux, ô Cherchell, sur ta ruine sacrée
Célébrer le réveil de l'antique cité
La somptueuse Césarée.
Les professionnels du voyage proposent quelques circuits de
découverte du patrimoine romain de l’Algérie. Mais l’offre demeure
encore trop confidentielle alors qu’il y a pléthore de lieux à visiter.
Tipaza : l'Algérie recèle un extraordinaire patrimoine antique,
véritable musée à ciel ouvert réparti sur le littoral algérien et dans
l’arrière-pays
Tout le monde s’accorde à dire que l’Algérie recèle un
extraordinaire patrimoine antique.
Incontestablement, c’est l’un des plus imposants qui soit au
monde, avec celui de l’Italie.
Ce spectaculaire musée à ciel ouvert est réparti sur le littoral
algérien et dans l’arrière-pays. A Tipaza, Cherchell, Constantine,
Djemila, Setif, Timgad, Batna, Tebessa, Souk Ahras, Khemissa, Guelma,
Annaba…
Pourtant, ce marché de niche demeure relativement peu exploré, si
ce n’est par quelques tours opérateurs qui vendent le produit.
Anna Inaoudi, directrice de Géo découverte voyages est l’un de
ceux-là. Basée à Genève, elle propose « Algérie numide, romaine et
byzantine ».
« C’est un circuit magnifique.
J’adore ! L’Algérie était le dernier chaînon manquant s’agissant des
itinéraires de découverte de l’archéologie du bassin méditerranéen.
Depuis quatre ans nous le proposons, à raison d’un départ par an,
pour 12 à 20 personnes. Notre bassin de clients est la Suisse romande et
la France voisine et notre clientèle a entre 40 et 80 ans ».
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Emoti Travel positionné sur ce segment touristique
Cet engouement pour cette destination et des sites romains qui
présentent l’avantage de ne pas être saturés de visiteurs ne permet pas,
pour le moment, d’accroître davantage l’offre.
« Les gens ne sont pas encore
très rassurés pour aborder l’Algérie du Nord » atteste la
directrice qui précise que ce circuit ne représente que 2 % du chiffre
d’affaires, mais qu’il est important de le maintenir.
Emoti Travel est également positionné sur ce segment touristique
depuis deux ans, via un voyage en autocar de 10 jours, à 1495 € TTC.
« Le circuit commence à bien
fonctionner. Il intéresse de plus en plus la génération française issue
de l’immigration algérienne qui vient en séjour avec sa famille.
Contrairement à leurs parents, ces binationaux optent pour des
formules balnéaires comprenant l’hôtel. Nous avons également les enfants
des « Pieds-noirs » qui viennent en éclaireur découvrir les racines de
leurs parents » explique Kader, le directeur.
Le TO travaille principalement avec l’Office national algérien du
tourisme (ONAT) et Sofitours.
Les cités romaines de l’Algérie sont aussi programmées depuis
quatre ans par Terre Entière, société qui axe son activité sur les
croisières et les voyages culturels, les pèlerinages et les itinéraires
spirituels, et qui affiche plus de 10 millions d’euros de chiffre
d’affaires.
Un combiné « Pèlerinage en Algérie et Tunisie »
Plusieurs packages intègrent les visites de sites antiques. L’un
est prévu pour octobre prochain, au départ de Paris, avec l’expertise
d’un conférencier (2430 euros pour 11 jours).
Un autre séjour sur Alger inclut aussi la visite de Cherchell,
l’antique Césarée, ainsi que de l’ancien comptoir phénicien Tipaza.
Enfin, un combiné « Pèlerinage
en Algérie et Tunisie », permet d’emboiter le pas à Saint
Augustin, en allant de Constantine à Tunis.
Koré Voyages-Explorator est un autre tour voyagiste
commercialisant la découverte des sites romains algériens. Il revend
notamment à l’agence suisse L’Atelier du voyage.
Quant à Amine Lagoune d’Algérie Tours - Nouveau Départ, il réalise
25 % de son CA sur les circuits « Algérie romaine », et a notamment
conclu avec un TO italien.
Plusieurs déclinaisons de voyages sont possibles, dont le circuit «
Albert Camus » (11 jours/10 nuits à 1499 euros) avec entre autres
étapes, Annaba et le site d’Hippone, ainsi que Tipaza et Cherchell.
Le Comité du Patrimoine mondial de l’Unesco a félicité l’Algérie pour
"l’excellent travail accompli dans la clarification de la délimitation
de son bien du patrimoine mondial à Tipasa", apprend-on de la direction
de la culture de Tipasa. Dans un communiqué de cette direction rendu
public mardi, l’UNESCO rend hommage à l’Algérie, en tant
qu'Etat-partie, pour "ses efforts visant à améliorer la crédibilité de
la liste du patrimoine mondial". Cette déclaration du Comité du
Patrimoine Mondial de l’Unesco s’inscrit dans le cadre du suivi de ses
recommandations et décisions concernant l’état de conservation du
patrimoine mondial. Ce comité affirme suivre avec un "intérêt soutenu"
les efforts accomplis par l’Algérie pour la protection et la
conservation du site classé de Tipasa, notamment à travers la
réalisation d’un plan permanent de mise en valeur et de sauvegarde du
site archéologique (PPMVSA) dont la deuxième phase est en cours de
lancement. La première phase de ce plan, rappelle-t-on, concerne les
délimitations du site de Tipasa classé en 1982 par l’Unesco puis porté
en 2002 sur la liste du patrimoine en péril après que ses experts aient
constaté des manquements aux règles de conservation. Depuis, l’Algérie
a pris des mesures qui ont permis la levée, en 2007, de la mention "en
péril", suivies par la réalisation du plan permanent de sauvegarde du
site de Tipasa, le premier du genre en Algérie, et le lancement en même
temps de celui de la ville de Cherchell dont l’étude est en cours.
Quelques kilomètres plus loin, c’est Tipaza,
l’un des plus beaux sites de ruines romaines que je connaisse. J’y
étais déjà passé lors de mon premier voyage en Algérie en 1975, poussé
par Albert Camus dans Les Noces qui commencent par ses mots : Au
printemps, Tipasa est habitée par les dieux et les dieux parlent dans
le soleil et l’odeur des absinthes, la mer cuirassée d’argent, le ciel
bleu écru, les ruines couvertes de fleurs et la lumière à gros
bouillons dans les amas de pierres.
Outre la grandeur du site, sa variété, avec toutes ces traces d’un port
qui comptait près de 20 000 habitants au 2ème siècle, Tipaza doit son
charme exceptionnel à son site au bord de la mer et à la poésie dégagée
par ses allées ombragées. J’espère que ces photos vous permettent
d’avoir une petite idée de l’exceptionnelle beauté de Tipaza.
Sur la route du Chenoua face à Tipaza
Gravuire "Le port de Tipaza " vu par Charles Brouty.
'Le
charmant petit port de Tipasa – port marchand, port de pêche, bassin de
natation, port du miracle de Sainte Salsa – est aussi une darse de
tourisme... Le sphinx décapité du Chenoua est présent au delà des
admirables ruines romaines, de la colline aux absinthes, inspiratrices
d'Albert Camus, de la plage d'or baignée de flots indigo... Calme petit
port... Mais il y a quelques années, ce port des vins du Sahel et de
l'ouest de la Mitidja fut le théâtre d'un drame de la mer d'une
violence inouïe. Un de nos cargos sombra corps et biens au petit jour,
dans la furie d'une Méditerranée fantasque.'
Il
semble que les Tipaziens soient comme cet ami de Flaubert qui, au
moment de mourir, jetant un dernier regard sur cette terre
irremplaçable, s'écriait :Fermez la fenêtre, c'est trop beau !
Camus : "Une
matinée liquide se leva, éblouissante, sur la mer pure. Du ciel, frais
comme un oeil, lavé et relavé par les eaux, réduit par ces lessives
successives à sa trame la plus fine et la plus claire, descendait une
lumière vibrante qui donnait à chaque maison, à chaque arbre, un dessin
sensible, une nouveauté émerveillée."
Restons à Tipasa. Que nous dit Gabriel Teuler dans ses Espaces des étés :
«
Tipasa, un certain retrait temporaire de l'esprit : je rencontre de
nouveau Camus. Un peu de phrases résume ma modeste confrontation : les
mêmes choses nous donnent à tous deux une attitude différente, mais d'à
peine, c'est matière de nuances, à quoi je tiens pourtant ; alors que
Camus jeune fait son bonheur de cette vie algérienne frugalement riche,
je n'accueille pas sans crainte mon désir de me simplifier, y trouvant
parfois un bien désiré, mais difficile comme certaines hygiènes
efficaces, et parfois un mal puisque impossibilité. C'est peut-être ce
que Camus n'a pas trouvé que je cherche encore, mais bien persuadé que
c'est introuvable. J'ignore si c'est aussi un visage de l'absurde, mais
c'est simplement absurde, comme l'est ce dans quoi on persiste sans
espoir, avec clairvoyance. On peut vivre sur une erreur même reconnue
quand on veut vivre encore.
.
La Grande Basilique chrétienne de Tipaza Les mosaïques, les colonnes inégales, la terre rouge. . . Que de fois ai-je mis mes pas dans les pas de Camus?
Mosaïques dans la Basilique
Chez Camus, comme chez tous
les inquiets, il y a un moment où la tension se relâche, où le coeur
l'emporte sur l'esprit, il y a le temps de la "distraction". Alors le
philosophe s'oublie, il oublie de couper les cheveux en quatre. Il
entre nu dans l'eau et sourit au soleil, il chante, il est poète. Son
"appétit de clarté" se satisfait des fleurs, du sable, d'un corps
tiède.Le contrôle des mots s'arrête ou commence la liberté de jouïr. Le
voici "réconcilié". Le "silence déraisonnable du monde" fait place à la
réponse prodigue des routes vers la mer et des lèvres charnues.
"Devant
cette odeur d'amour et ses fruits écrasés et odorants, Mersault
comprit alors que la saison déclinait. Un grand hiver allait se lever.
Mais il était mûr pour l'attendre.De ce chemin on ne voyait pas la mer,
mais on pouvait apercevoir au sommet de la montagne des brumes légères
et rougeâtres qui annonçaient le soir."
Il y avait autrefois une ville dont la cathédrale était le plus vaste édifice de l'Afrique chrétienne. C'était
une colonie romaine prospère mais les vandales, vers 430, la
saccagèrent. Elle allait peu à peu sortir de l'Histoire. Les musulmans
Fatimides, vers 975, achevèrent le travail des Germains. Du moins,
c'est ce que rapporte Léon l'Africain. L'antique cité devint Tefassed, la "ruinée"
En
1854, un entrepreneur parisien, Demonchy,eut l'idée grandiose de
rebâtir Tipasa. L'administration lui accorda une vaste concession; à
charge pour lui de construire, à côté de sa ville, un village agricole.
L'année suivante Demonchy meurt du paludisme (dans la vallée du Nador
au pied du massif du Chenoua subsistait des marais), puis c'est le tour
de son épouse du fait du climat malsain qui régnait alors. Le fils,
découragé, vend la concession à son beau-frère, Jean-Baptiste Trémaux. La
ville de Tipasa ne renaîtra pas, mais Trémaux crée le jardin-musée pour
protéger l'ancienne cité du vandalisme moderne, à côté du futur Parc
Trémaux, parc national qui groupe l'essentiel des ruines romaines.
Aujourd'hui le parc Trémaux est interdit aux visiteurs.
.
Albert Camus :
"Vers
le soir, je regagnais une partie du parc plus ordonnée, arrangée en
jardin, au bord de la route nationale. Au sortir du tumulte des parfums
et du soleil, dans l'air maintenant rafraîchi par le soir, l'esprit s'y
calmait, le corps détendu goûtait le silence intérieur qui naît de
l'amour satisfait. Je m'étais assis sur un banc. Je regardais la
campagne s'arrondir avec le jour. J'étais repu. Au-dessus de moi, un
grenadier laissait pendre les boutons de ses fleurs, clos et côtelés
comme de petits poings fermés qui contiendraient tout l'espoir du
printemps
.
Albert Camus :
"C'est le grand libertinage de la
nature et de la mer qui m'accapare tout entier. Dans ce grand mariage
des ruines et du printemps, les ruines sont redevenues pierres, et
perdant le poli imposé par l'homme, sont rentrées dans la nature. Pour
le retour de ces filles prodigues, la nature a prodigué les fleurs.
Entre les dalles du forum, l'héliotrope pousse sa tête ronde et
blanche, et les géraniums rouges versent leur sang sur ce qui fut
maisons, temples et places publiques. Comme ces hommes que beaucoup de
science ramène à Dieu, beaucoup d'années ont ramené les ruines à la
maison de leur mère. Aujourd'hui enfin leur passé les quitte, et rien
ne les distrait de cette force profonde qui les ramène au centre des
choses qui tombent".
S'extraire
d'Alger, sillonner la côte, ses plages, ses corniches, ses cultures
entrecoupées de palmiers, de roseaux et de vignes qui courent vers la
mer. Au kilomètre 70, l’imposant djebel Chenoua annonce déjà… TIPAZA!
Celui
qui d’ordinaire n’aime pas les "vieilles pierres" doit admettre que
cette cité réputée pour ses vestiges romains en bord de mer est divine.
Un parterre de mosaïques ensablées, des pins qui ont pris la forme du
vent, des ruines gagnées par la végétation et redevenues pierres, des
moutons, un amphithéâtre, des tamaris, une basilique, des cyprès, des
thermes, des oliviers, un forum, des eucalyptus, un capitole. Le plus
parlant est encore le vestige d’une simple maison bâtie à un jet de la
mer. Les Romains, ces épicuriens.
La mythologie dit vrai. La vie est bien née de l’eau et du soleil.
Hélas,
si les murailles et les trente-sept tours de Tipaza ont contenu les
Vandales, le site a succombé à une horde d’un autre ordre. Armés de
flacons (qui rappellent les oenochées romaines), les Algérois
boivent et reboivent, puis cassent le verre sur la pierre. Certains
préfèrent consumer du marocain, en assurant que Tipaza est la ville de
tous les idéaux.
Idéal de l’amour aussi, car le site ne se visite presque que par deux.
De jeunes couples non mariés empruntent des sentiers escarpés, ne
serait-ce que pour soutenir les hanches de madame, puis se planquent
derrière les bosquets. Les solitaires, eux, sont plus grossiers. Leurs
frustrations ont les contours d’un vagin et d’un pénis dessinés sur des
colonnes du deuxième siècle. Pire. Entre les ruines de la nécropole,
plus à l’est, des filles attendent. De midi à 17 heures. Ce sont des
prostituées. Contre l’envahisseur, des pancartes. "Vous
avez obligation à vous abstenir de culbuter et, déplacer toutes
pierres, d’escalader les murs et les amphores, d’écrire sur les pierres
et les plantes." Contre l’envahisseur aussi, des gardiens. L’un,
de Kabylie, en a gros sur le cœur. Les déchets ? La faute des chèvres,
des rats et des Arabes!
En retrait, une stèle honore l’auteur des Noces de Tipaza ("Les
Dieux parlent dans le soleil et l’odeur des absinthes, la mer cuivrées
d’argent, le ciel écru, les ruines couvertes de fleurs et la lumière à
gros bouillon dans les amas de pierre…"). Albert Camus, enfant de Belcourt, banlieue défavorisée d’Alger, gardera toujours des séquelles de ses virées à Tipaza. "JE COMPRENDS ICI CE QU'ON APPELLE GLOIRE, LE DROIT D'AIMER SANS MESURE"
Cette citation gravée par son ami Louis Benisti sur la pierre est digne
du lieu (même si on s’étonne du ton péremptoire, lui si dubitatif,
toujours ébloui et pas sûr d’avoir bien lu), mais les alentours font
peine à voir. La végétation a été défrichée pour des raisons
sécuritaires, avant la visite éclair de Nicolas Sarkozy, en janvier
dernier. Il avait finalement choisi de ne pas s’aventurer jusqu’à la
stèle. Les Tipaziens disent qu’il aurait eu peur des "Sarkophage". Même
les mouettes en rient... Dans cette petite ville qui ressemble à un village, tous se disent des amis d’Albert. "Il venait souvent au Café des Pêcheurs", "J’allais lui porter des bouteilles d’eau", "Il écrivait là , des fois là" ... Il n’a pas écrit une seule ligne à Tipaza :
"Il
me suffit de vivre de tout mon corps et de témoigner de tout mon cœur.
Vivre à Tipaza, témoigner, et l’heure d’art viendra ensuite. "
Même
si toute l’œuvre d’Albert Camus ne cite pas une seule fois le prénom
d’un Arabe - des silhouettes fugaces, des décors mystérieux, mais pas
d’Arabes chez Camus ! - je remplacerai peut-être bientôt Le Dedans et le Dehors de Bouvier par L’Envers et l’Endroit de Camus. De ses mots pour la route :
"Le
destin du peuple algérien, je ne crois pas me tromper en disant qu’il
est à la fois de travailler et de contempler, et de donner par là des
leçons de sagesse aux conquérants inquiets que nous sommes."
"Des
hommes jeunes sur une terre jeune proclament leur attachement à ces
quelques biens périssables et essentiels qui donnent un sens à notre
vie : mer, soleil et femmes dans la lumière."
"Devant la mer, dans le vent, face au soleil, enfin libéré de ces villes scellées comme des tombeaux."
"C’est
une grande folie, et presque toujours châtiée, de revenir sur les lieux
de sa jeunesse et de vouloir revivre à quarante ans ce qu’on a aimé ou
dont on a fortement joui à vingt..."
A 70 kilomètres à l'Ouest d'Alger, sur la route du littoral Tipasa occupe un site qui n'a guère changé depuis l'Antiquité.
A
peu de distance du massif du Chenoua, qui l'abrite du côté de l'Ouest,
sur trois promontoires que séparent des criques profondes au pied de
collines modérées qui ferment l'horizon vers le Sud, la ville antique
s'étendait le long de la mer sur environ 1500 mètres.
Si
l'on ne possède que de maigres renseignements sur Tipasa, cela tient
essentiellement à ce que les recherches archéologiques y ont commencé
seulement vers 1895 - trop tard malheureusement pour empêcher bien des
destructions et des actes de vandalisme.
En 1859, d'après un document officiel quatre fours à chaux fonctionnaient sur l'ancienne ville.
Les
premières fouilles méthodiques furent faites en 1891 par Stéphane Gsell
et l'abbé Saint-Gérand. Elles furent interrompues assez brusquement à
la mort de ce dernier et c'est seulement en 1913 que le Service des
Monuments Historiques entreprit d'une façon plus suivie des recherches
sur ce site.
Depuis,
elles ont été poursuivies avec une certaine régularité et plusieurs
monuments témoignent à l'heure actuelle de l'importance et aussi de
l'intérêt dés vestiges de la ville antique.
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