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LE FORUM, LE CAPITOLE, LA CURIE ET LA BASILIQUECet ensemble, découvert en 1914-1916, couronne la colline centrale qui
s'appelait, dans l'Antiquité, la colline des Temples.
Une place de 50 mètres sur 27, au dallage intact, et
encore bordée de son caniveau d'écoulement' des ,eaux, le Forum occupe
le centre d'un groupe de monuments et forme le cœur de la vie civile de
la petite cité. A l'Est, précédé d'un perron qui servait de tribune
aux harangues, c'est la Curie, siège du Conseil Municipal ; au Nord,
c'est le soubassement d'un Capitole, à trois chapelles : Temple de
Jupiter, Junon et Minerve, ;à l'Ouest, en contrebas de quelques marches
et au delà d'une galerie couverte ou cryptoportique, c'est une
basilique civile, tribunal et siège de la vie économique. Une belle
mosaïque représentant des Maures captifs en ornait l'abside. Au Sud,
enfin, le Forum donnait sur la ville 'étendue à ses pieds 'et un vaste
escalier monumental à deux rampes permettait d'y accéder.
Le Tribunal
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Les ThermesTipasa en possède au. moins quatre les grands Thermes, en bordure du Parc Trémaux, et dégagés seulement en partie ; les petits Thermes, au bord de la mer, à l'ouest de la crique, ; d'autres encore, en. arrière du 'bâtiment. industriel aux quatre cuves. Le dernier enfin, à côté du baptistère chrétien., Sans avoir,. même pour les premiers, qui, d'ailleurs, étaient publics, l'ampleur des établissements de Cherchel, de Timgad et de Djeniila, ils sont intéressants par leur état de conservation et la disposition du système de chauffage à air chaud. Aucun d'eux n'a fourni d'oeuvres, d'art, comme on en a trouvé entant d'autres villes antiques.
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Le TempleOutre le Capitole, on a découvert à l'intérieur du
parc un petit temple, entouré d'une cour à portique malheureusement
défigurée par une allée qui la traverse. Du temple lui-même il ne
subsiste, que le soubassement, l'escalier et, par côté, la base d'une
statue ou de l'autel. La jambe nue d'une statue, masculine de taille
colossale y a été découverte, Hercule, Mars, Empereur divinisé ?
Sans doute ignorera-t-on longtemps encore le dieu auquel
le, sanctuaire était dédié.
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Le NymphéeSur le même alignement que le temple, alignement fait par la voie romaine qui conduisait à Cherchel et qui est ici enterrée, se dresse, vers l'ouest, un hémicycle à colonnes et bordé de bassins, qui est un château d'eau ou nymphée. C'est une fontaine monumentale placée à l'arrivée dans la ville de l'aqueduc qui amenait l'eau d'une source située à plusieurs kilomètres au sud-ouest. Décoré de statues, entre lesquelles l'eau tombait en cascade, c'est un des plus beaux monuments du même genre qu'on ait retrouvé en Afrique. Il atteste le désir des habitants de décorer leur ville d'une façon monumentale et jolie à la fois.
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Le ThéâtreCe même souci esthétique appairait dans le théâtre, voisin 'du nymphée. L'édifice, au lieu d'être adossé - ,à une colline comme tous les autres théâtres antiques de l'Afrique du Nord, excepté ceux de Madaure et de Sabratha, en Tripolitaine, a été construit en élévation. S'il n'avait servi de carrière pour la construction de l'hôpital de Marengo, nous aurions sans doute encore les 25 rangées de gradins qu'il devait compter à l'origine, le mur de scène et, les dépendances. Tel qu'il est, avec ses arceaux du rez-de-chaussée, ses voûtes, à demi-ruinées, qui supportaient les gradins supérieurs, les escaliers menant au premier étage, les, couloirs d'accèsà l'orchestre,, le mur qui supportait la scène et la fosse profonde de celle-ci, ce théâtre, de 3.000 places environ, reste, sous -sa couronne d'oliviers et dans son cadre de verdure et de montagne, un des monuments les plus évocateurs de Tipasa.
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L'AmphithéâtreUn autre monument important était les arènes. contiguës au temple du Parc Trémaux. Des sondages faits en 1916 ont révélé des couloirs souterrains qui semblent attester la bonne conservation des sous-sols, si intéressants dans les édifices de cette catégorie. On vient d'en avoir' une preuve à Lambèse Bien qu'on puisse craindre que l'amphithéâtre ait en partie connu le sort du théâtre et servi de carrière. On peut imaginer qu'il en subsiste encore assez pour former un bel ensemble.
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Peu d'habitations privées ont été dégagées à
Tipasa. Parmi les plus belles, il faut citer la villa de la crique - où
des restes pitoyables de mosaïques sont 'es débris d'une belle
décoration, mais où des peintures murales ont été retrouvées.
Une autre demeure a été à peine explorée non loin de
celle-ci. Elle a livré une très intéressante mosaïque de la légende
d'Achille (au Musée d'Alger), exemple du goût, des Tipasiens pour les
épisodes homériques et du talent des artistes auxquels ils ont eu
recours. D'autres habitations plus modestes ont été fouillées à l'Est
et au Sud-ouest du village : demeures de petites gens ; dans l'un et
dans l'autre cas, elles ont montré l'existence de beaux pressoirs à
huile, installés dans l'habitation, et apportent des renseignements, sur
la vie économique de Tipasa.
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Les RempartsC'est au III siècle, au moment où la prospérité de Tipasa a été la plus grande, que, des menaces ayant troublé sa sécurité, la ville s'est entourée d'un rempart dont les vestiges sont bien apparents. Long de 2.300 mètres environ, il compte encore 15 tours rondes et 16 tours carrées. Trois portes monumentales, dont deux, à l'Ouest et au Nord, étaient précédées d'un vestibule en demi-lune, deux portes secondaires, dont une poterne bien conservée au Nord-ouest, permettaient de franchir le rempart. Dans son état actuel, le retranchement, qui devait mesurer environ de 7 à 8 mètres de hauteur avec des tours de 9 mètres, révèle une destruction exécutée systématiquement, sans doute au cinquième siècle, après l'invasion des vandales.
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Les EglisesA l'intérieur de la ville on a retrouvé : près du Forum, au-dessus de la mer une chapelle privée, dont une mosaïque (déposée au Musée) décorait l'abside, et sur la colline de l'ouest, la cathédrale, le plus vaste édifice chrétien d'Afrique après Damous-el-Karita de Carthage. Construite au IV siècle avec des fragments des édifices païens, elle comprenait neuf nefs séparées par des colonnes et des piliers. Un immense tapis de mosaïque la décorait. Son porche a l'ouest est appuyé contre le rempart. A l'Est, la vaste abside s'est en partie effondrée dans la mer. Au nord, l'église était flanquée d'une chapelle puis d'un baptistère, avec sa cuve à trois degrés bien conservés et de petits thermes.
LES CIMETIÈRES - CHAPELLE D'ALEXANDRE, CRYPTE DES ÉVÊQUES, ENCLOS DES MARTYRS
Hors des murs de la ville à l'Est comme à l'Ouest,
de vastes nécropoles chrétiennes se groupaient autour de deux
sanctuaires. A l'Ouest, c'est la chapelle de l'évêque Alexandre.
Fouillée en 1940 après de longues années d'interruption, elle a
désormais son 'aspect primitif Alexandre la fit construire au IV siècle
pour y déposer les évêques, ses prédécesseurs et pour y reposer
lui-même après sa mort. Sa tombe, ornée d'une mosaïque a été retrouvée,
dans une chapelle à l'Ouest. A l'Est, neuf sarcophages placés sur une
sorte d'estrade renfermaient les corps des évêques. Ils avaient d'abord
été inhumes dans une crypte souterraine, véritable chapelle de
catacombes avec sa voûte en stuc et son lucernaire. On l'a retrouvée
dans un angle de l'église, mais elle avait été dévastée dans le passé.
Elle n'en demeure pas moins un vestige chrétien remontant sans doute au
début du III siècle et aux premiers temps de la communauté chrétienne
de Tipasa. Des inscriptions en vers, tracées sur mosaïques, dont
plusieurs cantiques rimés, décoraient le sol de l'église elle-même. En
contrebas s'étendait un enclos strictement fermé par un mur en pierres
de taille. On y accédait par un porche commun avec l'église adroite, en
descendant quelques marches, on trouvait sous un portique six tables
funéraires ou mensae de martyrs dont seuls subsistent trois noms :
Rogatus, Vitalis et Maxima. A gauche, on a découvert l'épitaphe de
Victorinus, martyrisé le dimanche 8 mai vers 2 heures de l'après-midi
d'une année de la fin du III° siècle et auprès une double épitaphe du
prêtre Amantius qui repose dit le texte auprès des martyrs. Tout
concourt à prouver que cet enclos contemporain sans doute de la crypte
des évêques, était réservé à des martyrs de la foi chrétienne et date
par conséquent d'avant Constantin et la fin des persécutions.
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Église et nécropole de, Sainte SalsaSur la colline dé l'Est a été découverte en 1891, l'église construite sur le tombeau de Sainte Salsa. D'abord, petite chapelle au IV" siècle, elle est devenue, au V et au VI siècle un vaste édifice religieux à trois nefs avec des tribunes latérales. Un sarcophage païen en marbre renfermait dans le chœur le corps de la sainte et au-dessous on a retrouvé l'épitaphe païenne encore en place de Fabia Salsa, aïeule sans doute de la fillette martyrisée. Des mosaïques malheureusement détruites, entouraient le pieux monument. En 1932, furent dégagées à leur tour les centaines de tombes qui au cours des siècles avaient étroitement encerclé l'église, ces sarcophages en pierre primitivement ornés de mosaïques à sujets et à inscriptions sont dans leur rudesse dépouillée d'une austérité et d'une grandeur impressionnantes. Quelques épitaphes nous apprennent que les défunts qui dorment là leur dernier sommeil étaient venus parfois de très loin d'Afrique, d'Italie et même d'Asie Mineure. Au milieu d'eux, une chambre d'agapes conserve intacts ses murs percés de fenêtres, sa table en maçonnerie érigée sur un sarcophage inviolé, sa porte surmontée d'une inscription grecque symbolique : " Ichtris ". Des-tombes de types divers dévalent jusqu'à la falaise qui surplombe la mer, d'autres chapelles funéraires se dressent à peu de distance.
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Musée de Tipasa
Inauguré en 1955, et dessiné par l'architecte des monuments historiques Marcel Christofle, il est composé d'un petit jardin externe, d'un espace Accueil, d'un patio, et de deux salles d'exposition dont une réservée pour les expositions temporaires.
Les Collections :
Grande salle d'exposition :
Dans la grande salle du Musée ont été exposes une grande variété d'objets céramique (lampes, plats, cruches, Askos, balsamaires) et de différents types (Attique, Campanienne, Sigillée, et Commune); une importante collection de verre, et métaux divers (pièces de monnaie, et autres) découverts lors des différentes fouilles des différentes nécropoles allant de l'époque préromaine jusqu'a l'époque chrétienne.
Sont également exposés des panneaux de mosaïque dont les
plus importants sont la mosaïque des captifs qui provient de I' abside
de la basilique judiciaire de Tipasa et ou est représenté une famille de
captifs, père mère et enfant; ainsi que la mosaïque Pax et Concordia
découverte dans la nécropole de Matarès a Tipasa.
Deux sarcophages de marbre se font face à l'intérieur de
cette salle, ou est représenté sur l'un la légende de Pélops et
d'Oenomaius et sur l'autre des monstres marins et des Néréides.
Parmi les objets de marbre exposes figure la tête de
Jupiter ainsi que le torse d'une petite Venus.
Le Patio :
A l'intérieur du patio sont exposes plusieurs stèles votives puniques, ainsi que des tables a mensa de l'époque chrétienne, et plusieurs éléments d'architecture (bases, fûts de colonnes, chapiteaux et pilastres).
Provenance des objets
Les objets archéologiques exposes et mis en réserves proviennent pour la plupart des différentes nécropoles préromaines, romaines, et chrétiennes de la ville de Tipasa, et notamment la nécropole préromaine de la porte de Césarée, la nécropole païenne de l'est, la nécropole du premier siècle découverte sous la villa des Fresques, la nécropole chrétienne occidentale, la nécropole de Pierre et Paul, ainsi que la nécropole de Sainte Salsa et la nécropole de Matarès.
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Le Mausolée Royale de Maurétanie
Le mausolée qui coiffe une colline au sud de la ville sur la route de Tipasa. Ce monument de style africain, agrémenté d’éléments décoratifs appartenant au monde hellénistique n’a toujours pas livré ses secrets au sujet de la famille royale maure ou numide qui s’y est fait enterrer. Mais on se prend à rêver encore qu’il a été élevé par Juba II en hommage à sa Cléôpatre, fille de la lune.
Juba II fut un des hommes les plus savants de son temps,
quant à son impériale épouse elle se dévouait sans compter pour le
bien-être de son peuple dont elle était aimée, voire vénérée. C'est
cette vénération qui s'est traduite, après la mort de Séléné, par un
mausolée dénommé par les populations locales : Tombeau de la Romaine.
L'édifice, un tumulus de pierre d'environ 80 000 m³,
ressemble de loin à une énorme meule de foin. Il mesure 60,9 m de
diamètre et 32,4 m de hauteur. Érigé non loin de Tipasa (près du
village de Sidi Rached), sur une crête des collines du Sahel, il domine
la plaine de la Mitidja à 261 m d'altitude.
Il comporte une partie cylindrique ornée sur son périmètre,
dont le développement est de 185,5 m, de 60 colonnes engagées
surmontées de chapiteaux ioniques et supportant une corniche. Cette
partie présente quatre fausses portes situées aux points cardinaux. Ce
sont des panneaux de pierre de 6,9 m de haut, encadrés dans un
chambranle et partagés au centre par des moulures disposées en croix.
C'est cet ornement qui a justifié le nom traditionnel de Tombeau de la
Chrétienne.
Au-dessus, la partie conique est constituée de 33 assises
de pierres, hautes de 58 cm, et se termine par une plate-forme. Elle
est largement échancrée au-dessus de la fausse porte de l'Est.
L'entrée véritable du monument, longtemps ignorée, se situe
dans le soubassement, sous la fausse porte de l'Est. Elle a été
découverte lors de la campagne de fouilles menée en 1865 par Adrien
Berbrügger, inspecteur des Monuments historiques, à la demande de
Napoléon III. C'est une porte basse, 1,1 m de haut, et étroite, qui
donnait sur une dalle coulissante en grès, trouvée brisée. Ensuite un
couloir d'accès très bas conduit au vestibule des lions. Il est ainsi
appelé parce qu'on y voit un lion et une lionne sculptés en relief
au-dessus de l'accès au couloir intérieur.
Ne pas oublier d'aller aussi à :
Cherchell - Césarée
O rivages aimés du soleil et des dieux !
Récifs rongés de sel où la mer vient s'abattre,
Tremblants sous le ressac de ses flots furieux,
Si blancs qu'on vous dirait d'albâtre.
Grève de sable fin que rosit le couchant,
Qui reçoit dans la paix les baisers de l'écume.
Alors que vers l'azur s'envole un dernier chant
Pour une étoile qui s'allume,
Pampres verts des coteaux couronnés d'orangers
Et de pins résineux ; vous, croupes
Nonchalantes
Que colore au printemps la fleur de ces vergers
Qu'on voit escalader vos pentes ;
Et toi, majestueux et troublant Chenoua
Dont le front plein d'orgueil se cache dans la nue,
Au flanc duquel pourrait dormir Antinéa
En quelque retraite inconnue !
Splendeur ! Immensité de la mer et du ciel !
Rien ne peut surpasser vos soudaines colères
Ou la sublimité d'un coucher de soleil
Devant des ruines séculaires.
C'est là Cherchell, que tu t'isoles dans l'oubli
Ainsi qu'en ton musée une statue ancienne
Que drape fièrement la tunique au long pli
Moulant son corps de patricienne.
Tuiles rouges des toits qui penchent vers le port,
Parfums -musc ou jasmin -s'exhalant des ruelles,
Balancelles que berce une brise à ton bord
De caresses perpétuelles.
Gazouillis des jardins, calices entrouverts,
Fûts géants des dattiers dont les palmes s'inclinent
Ainsi qu'une fusée éclate en bouquets verts
Qui retombent sur la colline....
Place romaine au pied de qui les flots calmés
Meurent dans la douceur d'un soir de clair de lune,
Où la chaleur du jour ne pénètre jamais,
Ni sa lumière inopportune ;
Thermes d'où montaient la musique et les chœurs
Aux applaudissements d'une foule en démence
Qui tout en couronnant de lauriers ses acteurs
Riait de Plaute ou de Térence !
Yol ! Yol ! Avais – tu fait ce rêve certains jours
Où tirant leur trirème au sable de ta plage,
Des marchands prirent pied sur ton sol, tour à tour.
Venus de Tyr et de Carthage ?
Pourtant la gloire vint sur ton front étonné
Déposer le baiser de Rome protectrice, quand
De Cléopâtre la fille Séléné
Unit sa grâce à ton délice.
Or, un vent de tempête et de sédition
Balaya le sommet d'où on te vit descendre,
Et les siècles tombant sur ta perfection
Firent sur toi pleuvoir leur cendre.
Mais le ciel éternel rajeunit la beauté
Et je veux, ô Cherchell, sur ta ruine sacrée
Célébrer le réveil de l'antique cité
La somptueuse Césarée.
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René Rousseau.
Tiré du site : http://www.ogebc.net/sites.htm
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