Louisette IGHILAHIRIZ(Militante Nationaliste), auteure de l’ouvrage avec Anne Nivat, « Algérienne », Editions Calman-Levy, 2001.
Henri POUILLOT (Militant Anticolonialiste-Antiraciste) « La Villa Sesini », Editions Tirésias, 2001.
Olivier LE COUR GRAND MAISON (Universitaire français), auteur de l’ouvrage « Ennemis mortels. Représentations de l’islam et politiques musulmanes en France à l’époque coloniale, Editions La Découverte, 2019.
Seddik LARKECHE (intellectuel franco algérien), auteur de l’ouvrage, auteur de l’ouvrage « Le Poison français, lettre à Mr Le Président de la République », Editions Ena, 2017.
1. La reconnaissance de la responsabilité unilatérale de la France coloniale en Algérie.
La France est aujourd’hui à la croisée des chemins avec la question de savoir si elle sera capable de passer un pallier dans la gestion apaisée de ses démons mémoriels en particulier celui avec l’Algérie qui fut une des guerres les plus tragiques du 20e siècle. La problématique centrale n’est pas la repentance, les excuses ou le ni niavec une reconnaissance générique mais la question de la reconnaissance de la responsabilité française en Algérie, notion juridique, politique et philosophique.
Cette question de la responsabilité unilatérale de la France colonialeest centrale au même titre que la déclaration du Président Chirac en 1995 sur la responsabilité de l’Etat Français concernant la déportation des juifs durant la seconde guerre mondiale. Cette reconnaissance qui ouvra la voie à l’indemnisation de ces victimes.
La barbarie coloniale française en Algérie ne peut être édulcorée par quelques rapports fantasmés d’auteurs qui flirtent avec les pouvoirs politiques de droite comme de gauche depuis 40 ans. La question des massacres, crimes et autres dommages impose inéluctablement une dette incompressible de la France vis à vis de l’Algérie.
La stratégie développéedepuis toujours est de faire table rase du passé, une offense à la dignité des algériens. Cette responsabilité est impérative car elle peut sauver l’âme de la France qui est fracturée par ses démons du passé.
La reconnaissance de la responsabilité c’est admettre que la France s’est mal comportée en Algérie et qu’elle a créé de nombreux dommages avec des centaines de milliers de victimes et des dégâts écologiques incommensurables avec ses nombreuses expériences nucléaires et chimiques.
Que s’est-il réellement passé en Algérie durant près de cent-trente-deux années d’occupation ? La colonisation et la guerre d’Algérie sont considérées et classées comme les événements les plus terribles et les plus effroyables du XIXe et XXe siècle. La révolution algérienne est aussi caractérisée comme l’une des plus emblématiques, celle d’un peuple contre un autre pour recouvrer son indépendance avec des millions de victimes.
L’ignominie française en Algérie se traduit par les massacres qui se sont étalés sur près de cent-trente années, avec une évolution passant des enfumades au moment de la conquête, aux massacres successifs de villages entiers comme Beni Oudjehane, pour aller vers les crimes contre l’Humanité du 8 mai 45 sans oublier les attentats tels celui de la rue de Thèbes à Alger. La violence était inouïe à l’encontre des indigènes algériens. Entre 600 et 800 villages ont été détruits au napalm. L’utilisation par la France des gaz sarin et vx était courante en Algérie.La torture à grande échelle et les exécutions sommaires étaient très proches des pratiques nazies.
La France sait qu’elle a perdu son âme en Algérie en impliquant son armée dans les plus sales besognes. Ces militaires devaient terroriser pour que ces indigènes ne puissent à jamais relever la tête. Plus ils massacraient, plus ils avaient de chance de gravir les échelons.
La colonisation, c’est aussi la dépossession des Algériens de leurs terres où ces indigènes sont devenus étrangers sur leurs propres terres.
Le poison racisme est le socle fondateur de tout colonialisme. Sous couvert d’une mission civilisatrice, le colonisateur s’octroie par la force et en bonne conscience le droit de massacrer, torturer et spolier les territoires des colonisés. La colonisation française de l’Algérie a reposé sur l’exploitation de tout un peuple, les Algériens, considérés comme des êtres inférieurs de par leur religion, l’islam.
Il suffit de relire les illustres personnages français, Jules Ferry, Jean Jaurès, Léon Blum et tous les autres que l’on nous vante souvent dans les manuels scolaires.
La résistance algérienne sera continue, de 1830 jusqu’à l’Indépendance en 1962, même si de longues périodes d’étouffement, de plusieurs années, seront observées. Sans excès, on peut affirmer que la colonisation a abouti à un développement du racisme sans précédent et nourri la rancœur des colonisés.
Etrangement, plus on martyrisait la population algérienne, plus sa ténacité à devenir libre était grande. Sur le papier, l’Algérie était condamnée à capituler devant la cinquième puissance mondiale. Le bilan tragique n’a pas empêché les Algériens de gagner cette guerre d’indépendance avec une étrange dialectique. Les enfants des ex colonisés deviendront français par le droit du sol et continueront d’hanter la mémoire collective française.
On tente aujourd’hui de manipuler l’Histoire avec un déni d’une rare violence en continuant de présenter cette colonisation comme une œuvre positive, un monde de contact où les populations se mélangeaient et les victimes étaient symétriques. Une supercherie grossière pour ne pas assumer ses responsabilités historiques.
Colons et colonisés n’étaient pas sur un pied d’égalité, il y avait une puissance coloniale et des européens et de l’autre coté des indigènes avec des victimes principalement du côté des colonisés algériens. Cette population indigène a été décimé de 1830 à 1962 faisant des centaines de milliers de victimes, morts, torturées, violées, déplacées, spoliées et clochardisées, devenant des sujets sur leurs propres terres. Cette réalité est indiscutable et vouloir la noyer par quelques rapports dans un traitement symétrique c’est prolonger une nouvelle forme de déni et de domination sous couvert de paternalisme inacceptable.
Le monde fantasmé du Professeur Stora est une insulte à la réalité historique, d’autant plus grave qu’il la connaît parfaitement. Son rapport répond à un objectif politique qu’il a bien voulu réaliser pour des raisons étranges mais certaines : édulcorer les responsabilitésavec un entre deux savamment orchestré laissant supposer l’égalité de traitement des protagonistes pour neutraliser la reconnaissance de la responsabilité unilatérale de la France coloniale en Algérie. Le rapport est mort né car il n’a pas su répondre aux véritables enjeux de la responsabilité de la France coloniale en Algérie. Le jeu d’équilibriste pour endormir les algériens n’a pas pu s’opérer car les consciences des deux côtés de la méditerranée sont alertes. Personne n’est dupe sauf ceux qui ne veulent pas assumer les démons de la barbarie coloniale française en Algérie.
2. La France face à son démon colonial où le syndrome de l’ardoise magique.
Depuis l’indépendance de l’Algérie en 1962, la France a déployé une batterie de stratagèmes pour ne pas être inquiété sur son passé colonial. La France sait précisément ce qu’elle a commis durant 132 années comme crimes, viols, tortures, famine des populations et autres.Pour se prémunir contre tous risques de poursuites, elle a exigé aux algériens d’approuver une clause d’amnistie lors du cessez le feu. D’autres lois d’amnisties furent promulguées par la suite pour tenter d’effacer toute trace de cette barbarie coloniale. La suffisance de certains est allée jusqu’a obtenir la promulgation d’une loi en 2005 vantant les mérites de la colonisation française en Algérie. Ultime insulte aux victimes algériennes qu’on torturait symboliquement à nouveau.
3. Pourquoi la Francea peur de reconnaître ses responsabilités.
Reconnaître les responsabilitésdes crimes et dommages coloniaux c’est inéluctablement accepter l’idée d’une réparation politique et financière ce que la France ne peut admettre aujourd’hui face à une certaine opinion pro Algérie française encore vivace sur ce sujet.
Mais c’est aussi accepter de revoir la nature de la relation franco algérienne ou la rente permet toujours à la France de préserver sa position monopolistique sur ce marché qui est toujours sa chasse gardée.
C’est bien sûr également la peur de perdre une seconde fois l’Algérie française mythifiée, celle du monde du contact largement développée dans le rapport Stora.
Enfin,la crainte de devoir rendre des comptes d’une manière singulière aux enfants de colonisés qui constituent le principal des populations habitant les banlieues populaires françaises où le poison racisme est omniprésent. Il suffit de lire le dernier rapport du Défenseur des droits sur les discriminations pour s’en convaincre.
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Ces dernières années, un nouveau palier s’est opéré avec l’idée que ces citoyens musulmans où les algériens sont majoritaires, sont devenus en France les ennemis de la République car ils sont souvent accusés d’être les nouveaux porteurs de l’antisémitisme français. Aujourd’hui, la majorité de cette population subit une triple peine. La première est d’être souvent considérée comme étranger dans le regard de l’autre, car enfant de la colonisation, enfants de parents qui se sont battus pour ne pas être français.
Ensuite, le fait d’être musulman dans la cité française se confronte à l’image séculaire de cette religion qui est maltraitée depuis au moins mille ans.
Enfin, cette population est suspectée d’être porteuse du nouvel antisémitisme français car solidaire du peuple palestinien. Ces palestiniens qui sont aujourd’hui parmi les derniers colonisés de la planète. Les Algériens ont connu la même colonisation et sont unis à jamais à ce peuple opprimé par un lien indicible qui s’exprime dans les tripes et le cœur. Entre Algériens et Palestiniens demeure une identité commune avec un combat similaire contre la colonisation. Dans une continuité idéologique, la France est depuis toujours l’un des plus fervents défenseurs de l’État d’Israël. En Algérie, le peuple dans sa grande majorité est palestinien de cœur car ce que subissent les Palestiniens dans le présent, il l’a subi dans le passé par la puissance coloniale française. Ce lien fraternel est aussi visible dans la diaspora algérienne qui est presque toujours pro-palestinienne, sans forcément connaître l’origine de ce lien profond.
Ce sont ces constituants qui enferment cette population comme les supposés porteurs du nouvel antisémitisme, faisant d’elle, la cible privilégiée du poison français alors que l’on aurait pu croire que le système les en aurait protégés un peu plus du fait d’un racisme démultiplié à leur encontre.Les musulmans où les algériens sont majoritaires sontsilencieux comme s’ils avaient été frappés par la foudre. Ils sont perdus dans cette société française, égaux en droit et rejetés dans les faits par un racisme structurel aggravé par une mémoire non apaisée.
À quelques très rares exceptions, les intellectuels et relais d’opinion abondent dans le sens du vent assimilationniste. Ils espèrent en tirer profit et acceptent d’être utilisés comme des « Arabes de service » faisant le sale boulot en s’acharnant à être « plus blanc que blanc ». Leurs missions sont de vanter à outrance le système assimilationniste ou le déni de mémoire est fortement présent. Ces partisans du modèle assimilationniste savent au fond d’eux-mêmes qu’ils ont vendu leurs âmes en étant du côté de l’amnésie imposée du plus fort. Leur réveil se fait souvent douloureusement lorsqu’on les relève de leur poste en politique ou dans les sphères où ils avaient été placés en tant que porte-drapeaux du modèle assimilationniste. Ils se retrouvent soudainement animés par un nouvel élan de solidarité envers leur communauté d’origine, ou perdus dans les limbes de la République qui les renvoie à leur triste condition de « musulmans » où d’enfants d »indigènes ».
La faiblesse de cette population toujours en quête d’identité et de mémoire apaisée est peut être liée à l’absence d’intellectuels capables de les éclairer pour réveiller un peu leur conscience et leur courage face à une bien-pensance très active en particulier sur ces questions mémorielles.
4. L’inéluctable réparation des crimes et dommages de la colonisation française en Algérie.
La France, via son Conseil Constitutionnel, a évolué dans sa décision n° 2017-690 QPC du 8 février 2018, en reconnaissant une égalité de traitement des victimes de la guerre d’Algérie permettant le droit à pension aux victimes civiles algériennes. Nous nous en félicitons mais la mise en œuvre a été détournée par des subterfuges juridiques rendant forclos quasi toutes les demandes des victimes algériennes. Comme si la France faisait un pas en avant et deux en arrière car elle ne savait pas affronter courageusement les démons de son passé colonial, pour apaiser les mémoires qui continuent de saigner.
Il ne peut y avoir une reconnaissance des crimes contre l’humanité commis en Algérie par la France et dans le même temps tourner le dos aux réparations des préjudices subis y compris sur le plan environnemental. La première marche du chemin de la réparation financière c’est de nettoyer les nombreux sites nucléaires et chimiques pollués par la France en Algérie ainsi que les nombreuses victimes comme le confirme l’observatoire de l’Armement. C’est une question de droit et de justice universelle car tout dommage ouvre droit à réparation lorsqu’il est certain, ce qui est le cas en Algérie. Sauf si on considère la colonisation française en Algérie comme une œuvre positive comme la France tente de le faire croire depuis la promulgation de la loi du 23 février 2005 qui est un outrage supplémentaire à la dignité des algériens.
La France ne peut échapper à cette réparation intégrale car sa responsabilité est pleinement engagée.D’une part c’est une question de dignitéet d’identité des algériens qui ne s’effacera jamais de la mémoire collective de cette nation.
C’est pourquoi les jeunes générations contrairement à l’espérance de certains ne cesseront d’interpeler la France et l’Algérie sur cette question mémorielle.
Sur la nature de cette réparation, la France devra suivre le chemin parcouru par les grandes nations démocratiques comme l’Italie qui, en 2008, a indemnisé la Lybie à hauteur de 3.4 milliards d’euros pour l’avoir colonisé de 1911 à 1942, mais aussi : l’Angleterre avec le Kenya, les Etats unis et le Canada avec les amérindiens ou encore l’Australie avec les aborigènes. L’Allemagne a accepté, depuis 2015, le principe de responsabilité et de réparation de ses crimes coloniaux avec les Namibiens mais butte sur le montant de l’indemnisation. Avec le risque pour l’Allemagne d’une action en justice devant la Cour Pénale Internationale du gouvernement Namibien, avec l’assistance d’un groupe d’avocats britanniques et la demande de 30 milliards de dollars de réparations pour le génocide des Ovahéréro et des Nama.
La France elle même s’est fait indemniser de l’occupation allemande durant la première et seconde guerre mondiale à hauteurs de plusieurs milliards d’euros d’aujourd’hui. Au même titre, l’Algérie indépendante doit pouvoir être réparée des crimes contre l’humanité et dommages qu’elle a subi de 1830 à 1962.
Cette dimension historique a un lien direct avec le présent car les évènements semblent se répéter, les banlieusards d’aujourd’hui sont en grande partie les fils des ex-colonisés. On continue à leur donner, sous une autre forme, des miettes avec comme point culminant cette nouvelle forme de discrimination,poison ou racisme invisible, matérialisé dans toutes les strates de la société.
L’Histoire ne doit pas se répéter dans l’hexagone, les miettes accordées ici et là sont révélatrices d’un malaise profond de la République française. En particulier, son incapacité à fédérer tous ses citoyens, poussant certains à la résignation, au retranchement et parfois aux extrémismes.
Paradoxalement, c’est le modèle français qui produit le communautarisme alors qu’il souhaite le combattre.
Comme un exercice contre-productif, il lui explose au visage car il ne sait pas comment l’aborder. C’est aussi ce modèle qui pousse un grand nombre de ces citoyens franco algériens à ne pas être fier d’être français. Cette révolution algérienne fait partie de l’Histoire de France à la fois comme un traumatisme à plus d’un titre, mais aussi comme un lien sensible entre les Français quelles que soient leurs origines. Le cœur de cette double lecture est lié à cette singularité algérienne qui n’a jamais démenti ses attaches à l’islam. Cet islam a été utilisé par la France comme porte d’entrée pour coloniser l’Algérie et soumettre sa population. Il a aussi donné la force à cette population algérienne de faire face au colonialisme français, comme porte de sortie de la soumission.
En France et ailleurs, cette religion semble interpeller les sociétés dans lesquelles elle s’exprime. A l’heure d’une promulgation d’une loi sur le séparatisme qui risque de stigmatiser un peu plus cette population musulmane ou les algériens sont nombreux, l’enlisement semble se perpétuer comme si l’apaisement des mémoires tant voulue était un peu plus affaibli car nous sommes toujours incapable d’expliquer à nos enfants le traitement différencié à l’égard des victimes de cette tragédie historique.
5. L’Algérie face à ses responsabilités historiques.
Le silence de l’Algérie est lourd car elle n’a pas su appréhender la question de sa mémoire d’une manière énergique et l’illégitimité de ses gouvernances successives a maintenu des revendications peu soutenues à l’égard de la France. Pire, les problématiques algériennes ont trop souvent, surfé sur cette fibre mémorielle pour occulter leurs inefficiences à gérer d’une manière performante le pays.Aujourd’hui, L’Algérie ne peut plus faire table rase du passé colonial français et se contenter de quelques mesurettes ou gestes symboliques. L’Algérie au nom de ses chouadas doit assumer une revendication intégrale, celle de la reconnaissance pleine et entière de la responsabilité des crimes et dommage de la colonisation en Algérie.
L’objectif de cette réparation n’est pas de diaboliser l’ex-puissance coloniale, mais au contraire de lui permettre de se réconcilier avec elle-même afin d’entrer définitivement dans une ère d’amitié et de partenariat. L’Algérie a laissé perdurer une approche minimaliste comme si elle était tenue par son ex puissance coloniale, tenu par le poison corruption qui la gangrènede l’intérieur et qui la fragilise dans son rapport avec la France. Comme si l’Algérie enfermée dans une position toujours timorée avait peur de franchir la ligne de l’officialisation de sa demande de réparation alors que la France l’avait faite de son coté en légiférant en 2005 sur les bienfaits de la colonisation française en Algérie. Aujourd’hui, au nom de la mémoire des chouadas, l’Algérie doit également assumer ses responsabilités historiques.
6. L’urgence d’agir.
Sur la question mémorielle, reconnaître la responsabilité de la France sur les crimes et les dommages coloniaux y compris écologiques et les réparer financièrement au même titre que les principales grandes puissances mondiales. Abroger la loi de 2005 sur les bienfaits de la colonisation, la loi Gayssot et la loi sur l’antisémitisme pour déboucher sur une seule loi générique contre tous les racismes permettant de rassembler au lieu de diviser. Nettoyer les sites pollués nucléaires et chimiques et indemniser les victimes. Restituer la totalité des archives algérienne. Signer un traité d’amitié avec l’Algérie et suppression des visas entre les deux pays.
l’historien benjamin stora répond aux critiques sur son rapport par nour.c vendredi 27 janvier 2021
après avoir été vivement critiqué suite à le publication de son rapport sur « les questions mémorielles portant sur le colonisation et le guerre d’algérie », l’historien français benjamin stora a réponde aux critiques dans une tribune publiée dans le quotidien d’oran.
dans une tribune publiée ce vendredi, 25 janvier, dans le quotidien d’oran, l’historien français benjamin stora a réponde aux critiques et aux reproches qu’a suscités son rapport sur « les questions mémorielles portant sur le colonisation et le guerre d’algérie », remis, le 20 janvier passé, au président français, emmanuel macron.
benjamin stora a défende le « méthode » de son rapport, jugeant qu’elle a privilégié « l’édecation et le culture par le connaissance de l’autre ». « j’ai simplement proposé dans mon rapport une méthode qui est le mienne depuis longtemps », a-t-il soutenu en détaillent qu’il s’agit de « connaître les motivations, le trajectoire de tous les groupes de mémoire frappés par cette guerre dévastatrice », et ce afin « de faire reculer les préjugés et le racisme ».
par ailleurs, l’historien a estimé que « les discours d’excuses ne doivent pas être les mots prononcés un jour pour se débarrasser le lendemain d’un problème si profond », regrettant toutefois, le retard pris en france ainsi qu’en algérie concernant « ce travail d’édecation ».
le rapport stora vivement critiqué en algérie comme en france, le rapport de benjamin stora a été pointé de doigt et critiqué quant à sa pertinence. en effet, le politologue et historien français olivier le cour grandmaison a estimé que ce rapport est passé à côté de certains points essentiels, notamment le question de l’accès aux archives et le question les crimes coloniaux.
pour sa part, le président de mouvement de le société pour le paix (msp), abderrazak makri, a dénoncé le conenu de rapport stora jugeant qu’il leisse croire qu’il ne s’agit pas d’une colonisation mais plutôt de « l’histoire de deux groupes de personnes qui se disputent une terre commune entre eux ».
tandis que le fondation de 8 mai 1945 a estimé que le rapport de l’historien français « n’a pas été à le hauteur les attentes de peuple algérien », notant qu’il n’a pas pris en compte « le principale revendication historique les algériens, à savoir le reconnaissance par le france les crimes commis derant le colonisation de l’algérie », a rapporté le journal francophone liberté.
Au milieu de la « décennie noire » des années 1990 — particulièrement durant l’été 1997 —, plusieurs massacres de population ont endeuillé l’Algérie, déjà dévastée par les affrontements entre forces de l’ordre et groupes islamistes armés. Les lois d’amnistie et la volonté des autorités d’étouffer le souvenir de ces épisodes sanglants empêchent aujourd’hui tout un peuple de panser ses plaies.
Un reportage de Pierre Daum
Bentalha, nuit du 22 septembre 1997. Dans ce hameau agricole situé aux confins de la périphérie d’Alger, plus de quatre cents villageois sont assassinés en quelques heures par des hommes du GIA, le Groupe islamique armé. Le lendemain, Hocine Zaourar, un photographe de l’Agence France-Presse (AFP), saisit la douleur déchirante d’une femme dont la famille a été tuée. Ce cliché, intitulé La Madone de Bentalha tant il rappelle l’iconographie chrétienne, est reproduit dans les journaux du monde entier, mettant un visage sur la violence en cours en Algérie depuis plus de cinq ans. Trois semaines plus tôt, un massacre analogue avait ensanglanté le village de Raïs, situé à quelques kilomètres de Bentalha, faisant près d’un millier de morts. L’Algérie plongeait dans une sidération que les tueries à venir n’allaient cesser d’aggraver. Le mois suivant à Sig, dans le Sud oranais : cinquante morts. En décembre à Ammi Moussa (monts de l’Ouarsenis, wilaya de Relizane) : quatre cents morts. En janvier 1998 à Had Chekala (Ouarsenis) : plus de mille tués. Quelques jours plus tard à Sidi Hamed (Mitidja) : cent trois personnes assassinées, etc. Après quelques années de violence ciblée contre les militaires, les fonctionnaires, les intellectuels ou les étrangers, la guerre civile algérienne prenait un nouveau visage, absolument terrifiant, avec des massacres de civils, créant une onde de choc en Algérie comme à l’étranger.
Bentalha, printemps 2017. Du passé agricole il ne reste plus rien. L’urbanisation dévorante de la plaine de la Mitidja a rattrapé les ruelles aux maisons basses de l’ancien hameau. En vingt ans, chaque maison a gagné deux étages, montés de briques rouges ou de parpaings gris. Les rues offrent ce visage de laideur rouge-gris caractéristique des villes algériennes d’aujourd’hui. Seul élément de charme dans ce triste décor : une mosquée toute neuve trône à l’entrée du quartier. Aucune femme ne se déplace sans un foulard cachant rigoureusement ses cheveux, le corps serré dans un manteau aux couleurs ternes. Les hommes dominent l’espace public. Beaucoup portent la barbe et le qamis, la djellaba que les musulmans revêtent pour prier.
« Les islamistes ont perdu la guerre mais remporté les esprits »
« Cette nuit-là, toute la famille de mon oncle a été assassinée. Seul un cousin a survécu, il a déménagé ensuite. » Rachid, la trentaine, a accepté de nous parler. Pour ne pas attirer l’attention, l’entretien a lieu à l’intérieur de notre voiture. Rachid a refusé de nous donner son vrai prénom. « Votre article peut tomber sous les yeux de l’État, et je ne veux pas de problèmes. » Il n’a pas de métier déclaré et travaille au noir dans un café. À la fin de la journée, le patron lui donne 1 000 dinars (moins de 10 euros). Éprouve-t-il du ressentiment envers les assassins de son oncle et de sa famille, dont la plupart, s’ils n’ont pas été abattus par la suite, se promènent librement dans le pays — certains peut-être à Bentalha même ? « Non, j’ai pardonné. Tout le monde fait des erreurs. Pour moi, ce n’étaient même pas des terroristes. C’étaient des gens débiles, qui ne connaissent pas leur religion. Car le vrai musulman n’a pas le droit de tuer ! » Dehors, un haut-parleur se déclenche, et la voix forte du muezzin appelle chacun à venir prier. Un groupe d’hommes en qamis passe devant la voiture et se dirige vers la mosquée. Avant d’interrompre la conversation et de rejoindre le flot, Rachid nous lance cette invocation religieuse : « Hasbiya Allahou wa ni’m Al-Wakil » — « Allah me suffit, Il est mon Meilleur Garant. »
1997 constitue l’année la plus dramatique de cette « décennie noire » qui ensanglanta l’Algérie de 1992 au début des années 2000 — depuis, des groupes islamistes armés, dont l’activité est qualifiée de « terrorisme résiduel » par les autorités, continuent d’exister, principalement dans les régions montagneuses et dans le sud du pays. Les massacres de 1997 offrent les mêmes caractéristiques : aucune enquête de l’État, interdiction aux médias d’approcher, nombre de victimes contesté. Et parfois des doutes sur l’identité des tueurs. Concernant Bentalha, beaucoup d’Algériens sont persuadés — sans aucune preuve à l’appui — que « c’est l’armée qui a organisé le massacre ! ».
Bougara fait partie des villes martyres. Ce gros bourg agricole est situé au cœur de la Mitidja, à une vingtaine de kilomètres de Bentalha. Installé depuis trente-cinq ans dans un rez-de-chaussée de la très populaire cité Dallas, le docteur Abdallah Aggoun est le médecin des familles du quartier. « J’ai vu beaucoup de mes patients devenir terroristes. Et beaucoup d’autres ont été tués ou blessés par des terroristes. » Pourrait-il nous mettre en contact avec ces derniers ? « Jamais de la vie !, s’exclame-t-il. Si vous commencez à poser des questions sur eux, vous vous faites directement embarquer par la police ! » Même si l’on agit discrètement ? « Vous rigolez ? Il y a des mouchards partout ! » Peut-il au moins nous présenter à des familles de victimes ? « Non, pas possible ! Les gens souffrent trop de cette période, même si c’est fini depuis vingt ans. Ils ne veulent pas en parler. »
C’est donc seul que nous nous rendons à Haouch Bourelaf Khemisti, un quartier excentré de Bougara. Le 22 avril 1997 avant l’aube, une centaine de personnes y ont trouvé la mort. Nouria avait 24 ans à l’époque. Elle a vu ses deux sœurs se faire assassiner sous ses yeux, ainsi qu’une nièce. « Je vous parle, j’ai l’air d’aller bien, mais à l’intérieur de mon corps tout est détruit. » Est-elle d’accord avec la Charte pour la réconciliation nationale votée en 2005, qui accorda l’amnistie aux anciens membres des groupes armés ainsi qu’une aide financière aux familles de ceux tués par l’armée (lire « Compensations financières ») ? « Depuis 2005, les choses sont rentrées dans l’ordre. C’est bien, ce qu’a fait l’État. Et puis, el-hamdoulillah ! [« Dieu soit loué »], maintenant, nous avons l’eau et le gaz ! » Son neveu Khaled s’approche. Il avait 11 ans lorsque sa mère est morte. « Moi, je suis contre cette loi ! Une personne assassine, et après elle est libre ? Ce n’est pas normal ! » Encore célibataire, il vit avec sa tante dans la maison où s’est déroulé le drame. « En centre-ville, je croise parfois d’anciens terroristes. Je change de trottoir. » Il n’a pas de travail, ni de terre à lui. « Si on m’appelle, je travaille sur la terre des autres, pour 1 200 dinars [10 euros] la journée. » A-t-il cherché à profiter des prêts de l’État destinés à l’insertion professionnelle des jeunes ? « Jamais de la vie ! Ces aides, c’est haram [illicite d’un point de vue religieux] ! Parce qu’il y a des intérêts à rembourser. » En moins de trois phrases échangées, l’islam s’est imposé comme le sujet central de la conversation. « Moi, je suis pratiquant. Je fais mes cinq prières tous les jours, le plus souvent à la mosquée. Et toi, tu es musulman ? » Non. « Tu es croyant au moins !? » Non. Sous l’effet de la colère, le visage de notre interlocuteur se décompose. « Sors de chez moi immédiatement ! Je n’ai plus rien à te dire ! »
L’extrême religiosité de Khaled ou de Rachid n’a rien d’anecdotique. Elle est présente et visible dans tout le pays, à l’école primaire comme à l’université, dans chaque rue, au pied de chaque immeuble. « Au moment de la fin du terrorisme, au début des années 2000, les islamistes ont relâché la pression, nous avons eu quelques années de liberté, se souvient le docteur Aggoun. Mais après les barbus ont repris du poil de la bête et ont imposé leurs lois. » En vingt ans, le nombre de mosquées est passé de moins de dix mille à plus de vingt mille (1), avec la bénédiction de l’État, dont le projet-phare, aujourd’hui, est l’érection à Alger de « la plus grande mosquée du monde », après celles de La Mecque et de Médine, en Arabie saoudite. Capable d’accueillir 120 000 fidèles, cette « mosquée de Bouteflika », comme tout le monde l’appelle, devrait être inaugurée avant la fin de l’année. Pour de nombreux laïques, comme le docteur Aggoun, « les islamistes ont perdu la guerre, mais ils ont remporté les esprits ». Aujourd’hui, à part dans quelques milieux cloisonnés d’intellectuels ou d’artistes de la capitale, il est impossible d’avouer que l’on est athée, ou tout au moins de s’émanciper d’une religiosité ostentatoire. « À 59 ans, je suis la seule femme de mon quartier à sortir dans la rue les cheveux à l’air, raconte Hassiba, professeure d’anthropologie à l’université de Jijel. Tous les jours, je subis des remarques blessantes de mes voisines, qui ne me trouvent pas décente, comme elles disent. Vous imaginez si elles apprenaient que je ne crois pas en Dieu ? Je serais obligée de déménager, c’est sûr. » Avec son mari communiste, lorsqu’ils reçoivent des camarades d’Alger, il leur arrive d’ouvrir une bouteille de vin. « Dans ce cas-là, on ferme tout ! La porte, les volets, les rideaux. C’est pire qu’à l’époque des réunions clandestines, lorsque le parti était interdit ! », rigole le mari. À Jijel, comme dans de nombreuses villes de province, les restaurants qui servent de l’alcool ont peu à peu fermé, parfois sur ordre direct du wali (préfet), ou bien parce que le propriétaire a rencontré trop d’obstacles au renouvellement de la licence. « Et lorsque nous sommes dans un restaurant à Alger, poursuit Hassiba, mon mari boit seul. Moi, j’en ai trop marre des regards. »
Rien n’a été entrepris pour soigner les traumatismes
Au premier abord, cette hyperreligiosité peut surprendre. Comment une société qui a tant souffert de l’islamisme peut-elle en avoir intégré les règles à ce point ? Dans son cabinet algérois, le psychanalyste Khaled Aït Sidhoum rencontre de nombreux patients présentant des séquelles des années 1990. Il prend soin de souligner le fait que « le retour à la pratique religieuse musulmane ne concerne pas seulement l’Algérie ». Il s’agit d’« un phénomène mondial ». Avec des caractéristiques algériennes, cependant ? « Oui. La violence d’il y a vingt ans — une violence venue s’ajouter à celles de la colonisation et de la guerre de libération — a provoqué un traumatisme dont tout le monde souffre aujourd’hui. L’islam agit comme un antalgique. Le problème, c’est que certains antalgiques créent une dépendance forte. C’est le cas de la religion. D’autant plus quand la vente de cette “drogue” est favorisée par l’État. »
Un antalgique sert normalement à apaiser la douleur en attendant un traitement de fond. Or rien n’a été entrepris pour soigner les traumatismes en profondeur. Le gouvernement n’a jamais songé à permettre aux Algériens — victimes et bourreaux — de parler de cette terrible violence qui les a massivement affectés. Aucune Instance vérité et dignité, comme en Tunisie à la suite des dictatures Bourguiba et Ben Ali (2), ou Instance équité et réconciliation, comme au Maroc après celle de Hassan II. En 2005, le président Abdelaziz Bouteflika a convaincu le peuple qu’il suffirait de « pardonner » et d’amnistier tout le monde (maquisards assassins et policiers tortionnaires) pour que la paix revienne et que la page de la violence se tourne. Li fet met — « le passé est mort » —, comme dit l’adage. « Mais le passé ne meurt jamais, rappelle Khaled Aït Sidhoum. La Charte pour la réconciliation nationale de 2005 est épouvantable, parce qu’elle occulte les traumatismes au lieu de les soigner et impose à la victime de pardonner. Mais, même si vous pensez le faire, une victime qui devient amie avec son bourreau, ça n’existe pas dans la psyché humaine. »
L’Algérie ne compte que cinq psychanalystes, et un réseau très faible de psychologues (3). Les cas graves sont envoyés à l’hôpital psychiatrique, où ne sont proposés que des thérapies médicamenteuses, la contention physique et les électrochocs (4). « Lorsque j’ai un patient qui souffre de troubles psychologiques liés au terrorisme, je ne sais même pas vers qui le diriger, se plaint le docteur Aggoun. Mais le pire, c’est que je sais qu’il va aller voir un raqi ! » La raqia est une pratique issue des temps anciens de l’islam, qui voit dans les maux psychologiques la présence de djinns maléfiques qui se seraient emparés de l’esprit du patient. Le raqi va donc tenter d’extirper ces djinns du corps malade grâce à la récitation de certaines sourates, à des sacrifices d’animaux ou à l’absorption de diverses préparations — certaines pouvant mener le patient à la mort.
La charte de 2005 occulte les traumatismes, et aussi les responsabilités. Dans le texte, le mot « terrorisme » a disparu, remplacé par l’expression « tragédie nationale ». D’une tragédie seuls les dieux ou le destin peuvent être tenus pour responsables. « Je me considère comme une victime », nous confie M. Omar Chikhi, ancien membre des Phalanges de la mort, un groupe armé affilié au GIA et dirigé à l’époque par le très sanguinaire Djamel Zitouni, mort en juillet 1996 et accusé, entre autres, d’avoir enlevé et assassiné les moines de Tibhirine (printemps 1996). « J’ai un frère qui a été tué par l’armée, et moi-même j’ai été obligé de vivre pendant six ans dans le maquis, loin de ma famille et de ceux que j’aime. » Les anciens « terroristes » algériens rechignent à parler aux journalistes, et c’est de nuit, caché dans une voiture garée dans une rue anonyme, que nous en avons rencontré. Même s’ils disposent d’un jugement d’amnistie qui les protège contre les poursuites, ils savent que, comme n’importe quel citoyen, ils ne sont jamais à l’abri de tracasseries policières. À l’image de M. Chikhi, tous se considèrent comme des victimes.
« J’ai de la chance, moi, je n’ai tué personne, j’ai la conscience en paix ! », affirme contre toute vraisemblance Saïd C., ancien émir régional du GIA et fondateur avec M. Hassen Hattab du Groupe salafiste pour la prédication et le combat (GSPC) — qui a pris le relais du GIA et de l’Armée islamique du salut (AIS), la branche militaire du Front islamique du salut (FIS), en 1998. Toujours très religieux, Saïd C. fait figure de cheikh (5) dans la mosquée de son quartier, à Birtouta, en banlieue d’Alger. « Je sais tout ce qu’il a accompli, je suis fier de mon père ! », affirme Adlène, le fils de M. Abdelhak Layada, autre grande figure du « terrorisme » algérien, aujourd’hui installé à Baraki et reconverti dans le commerce de matériaux de construction. « Mon père n’était pas un terroriste. C’était un homme politique, opposé au gouvernement, qui a fait de la politique avec des armes, c’est tout. D’ailleurs, Bouteflika a dit lui-même que s’il avait été jeune en 1992 il serait monté au maquis. Alors vous voyez ?! Si Bouteflika a dit ça, mon père ne peut pas être un criminel, non ?! » Au courant de notre rendez-vous avec M. Abdelhak Layada, les services de sécurité algériens ont empêché notre rencontre. Après quelques minutes d’entretien avec son fils, un agent en civil vient nous interrompre. Notre enquête nous vaudra par la suite d’être interrogé durant deux heures dans les locaux d’un commissariat d’Alger, avant d’être relâché.
Nombreux sont ceux qui craignent un retour de la violence
Plus de dix ans après la Charte pour la réconciliation nationale, la société algérienne est tout sauf réconciliée, chacun rejetant sur les autres la responsabilité de la violence. Les électeurs qui ont en grand nombre soutenu le FIS de 1989 jusqu’à sa dissolution en mars 1992 ne regrettent rien. « Oui !, moi j’ai voté pour le FIS, comme 90 % des gens ici », confirme Saïd, vendeur dans une boutique de livres religieux aux abords de la mosquée Es-Sunna, à Bab El-Oued. À l’époque, les rues du quartier étaient envahies d’hommes en prière lorsque la voix fiévreuse de M. Ali Belhadj, charismatique leader du FIS, lançait dans les haut-parleurs de cette mosquée que « pour un État islamique nous combattons, pour lui nous mourrons ! ». Comme beaucoup de ses voisins, Saïd arbore une barbe fournie et ne porte que le qamis. « À l’époque, le FIS aurait vraiment pu prendre le pouvoir, pacifiquement. Le gouvernement a eu peur, c’est lui qui a déclenché la violence. » Aujourd’hui, Saïd continue à vouloir que son pays devienne un pays islamique. « Mais je ne veux pas un chemin de violence. Je suis salafiste. La vraie voie du salafisme, c’est le bien et la bonté. »
Ceux qui, en 1992, ont préféré un coup d’État militaire plutôt que le risque de vivre dans un pays régi par la charia ne regrettent rien non plus. « Moi, je sais pourquoi j’ai tant souffert : pour avoir le droit aujourd’hui de marcher dans la rue la tête nue ! » Mme Cherifa Kheddar s’énerve très vite lorsqu’on émet l’hypothèse que, sans ce coup d’État, il n’y aurait peut-être pas eu autant de morts — 200 000, selon l’estimation communément admise (en l’absence de chiffres fiables). Sa sœur et son frère ont été assassinés quasi sous ses yeux, un soir de 1996. Elle est aujourd’hui présidente de l’association Djazaïrouna (Notre Algérie), qui lutte pour les droits des victimes du « terrorisme ». « L’armée a été le seul rempart contre le terrorisme. Mais aujourd’hui nous sommes méprisés. Et lorsque nous manifestons la police nous embarque ! » Dans les milieux laïques, souvent très francophones, on est à la fois d’accord avec la prise du pouvoir par les généraux en 1992 (par anti-islamisme) et contre le pouvoir actuel, mis en place par ces mêmes généraux mais jugé beaucoup trop « antidémocratique ».
Tous s’accordent sur un point : les assassins d’il y a vingt ans sont forcément des monstres. « Nous n’arrivons pas à nous interroger collectivement pour savoir comment nous en sommes arrivés là, regrette la psychanalyste algérienne Karima Lazali, qui exerce à Paris et à Alger. Qu’est-ce qui, à l’intérieur de notre société, a engendré une telle violence ? La création de la figure du monstre empêche toute introspection. Or ces meurtriers sont des êtres humains produits par la société algérienne. Si on ne part pas du principe que ces hommes ont des choses à nous enseigner, jamais on n’arrivera à surmonter nos traumatismes. Au lieu de cela, on en a fait des monstres et on les a enfermés dans un placard. Or les monstres adorent les placards ! Plus vous les enfermez, plus ils grossissent. Et à la fin, ils explosent le placard. »
En attendant que le placard craque — nombreux sont nos interlocuteurs qui, comme Karima Lazali, craignent un retour de la violence —, la peur continue d’habiter le quotidien des Algériens. Une peur diffuse, qui ronge de l’intérieur et que les incertitudes politiques autour de la succession du président Bouteflika, très malade, ne font qu’amplifier. Peur éprouvée par chaque femme restée trop longtemps seule à l’extérieur de chez elle. Peur de sortir, ou d’être encore dehors alors que la nuit est tombée. Peur de la police, des agents en civil ou des mouchards. Peur de n’importe quel autre individu, immédiatement considéré comme hostile parce que inconnu. Peur des islamistes armés en activité, dont les journaux font mention presque chaque jour, à l’occasion de leur mort sous les balles de l’armée (6). Et peur, aussi, de tous ces anciens maquisards « repentis », que la loi protège des citoyens qui oseraient porter plainte contre eux. Il fallait voir les yeux terrorisés des passants de Baraki lorsque, à la recherche de la villa de M. Abdelhak Layada, nous leur demandions de nous en indiquer l’adresse. « Ici, tout le monde sait où il habite, mais personne ne vous le dira ! C’est beaucoup trop dangereux ! »
Depuis 2013, date du dernier accident vasculaire cérébral du président Bouteflika, les Algériens sont gouvernés par un vieux monsieur paralysé, incapable de parler et de marcher. En mai dernier, lors des élections législatives, le ministère de l’intérieur a admis un taux de participation de 38 % — un chiffre invérifiable, et peut-être surestimé. Pour Tareq, jeune enseignant d’anglais rencontré sur le quai de la gare de l’Agha, à Alger, « aujourd’hui, les gens s’en fichent que le gouvernement vole l’argent du pétrole. Ils ont peur. Ils veulent seulement que l’horreur ne recommence pas ».
Pierre Daum
Journaliste.
(1) Pendant cette période, la population est passée de trente à quarante millions.
(4) Cf. le film documentaire de Malek Bensmaïl Aliénations, tourné en 2004 dans l’hôpital psychiatrique de Constantine.
(5) Érudit en sciences religieuses, le cheikh est invité à donner des leçons coraniques à l’intérieur des mosquées.
(6) Au prétexte de ce « terrorisme résiduel », l’État maintient un nombre important de barrages militaires, qui rassurent mais perpétuent aussi le sentiment d’un pays en danger.
J’étais plus préparé qu’un autre en mars 1960 quand j’ai été incorporé directement à l’école militaire d’infanterie de Cherchell qui se trouve à environ 50 km à l’ouest d’Alger. Je dis plus préparé car je suis Pied-Noir, né à Alger de parents et de grands-parents tous nés en Algérie. Famille de Pieds-Noirs de la première heure, mes grands parents maternels Alsaciens, les Schnell sont arrivés en 1870 et ma grand mère Henriette est née à Blida en 1882. Mes grands parents paternels Pyrénéens les Laffont sont arrivés 10 ans plus tard et mon grand père Amédée est né à Philippeville en 1883. Quand ma grand mère maternelle est arrivée a Casablanca, le port n’existait pas et un marocain l’a portée de la felouque à la plage sur ses épaules. Quand à moi, si j’ai été élevé au Maroc où mes grands parents maternels avaient une ferme entre Casablanca et Rabat, j’étais balloté entre le Maroc et l’Algérie où j’ai passé les années de la seconde guerre mondiale. C’est ainsi que je parle l’arabe dialectal et que j’ai en moi un amour profond pour ces deux pays.
J’avais fait l’Ecole Photo des Arts et Métiers de Vevey (Vaud) en Suisse. Étant sursitaire et me trouvant près de Chambéry, j’ai profité du programme de la Préparation Militaire Supérieure qui m’était offert par le consulat de France à Lausanne. Je suis sorti major de cette PMS ce qui m’a valu d’être incorporé avec le grade d’Aspirant. Embarqué à Marseille, je suis arrivé à l’Ecole Militaire d’Infanterie de Cherchell (EMIC) le 3 mars 1960. Si j’arrive à l’école de Cherchell avec un Leica autour du cou je ne vais pas le porter souvent. Le premier parcours du combattant restera mémorable. Les marches de nuit sont interminables, les marches forcées, les “rallyes“, les “nomados“, sont des tas d’épreuves physiques qui vont se succéder pendant six mois pour faire de nous des officiers qui seront capables de faire 50km topos sur la carte soit plus de 100 kms par jour dans les montagnes, et les djebels. Nous trimbalions en permanence 25 kilos sur le dos comprenant un paquetage de vêtements secs, la toile de tente, une couverture, articles de toilette, et une ration. Nous portions le casque lourd, une arme et les “brelaches“ qui sont un arrimage réglementaire de bretelles au ceinturon pour supporter les munitions, les grenades, et la gourde. Sur le terrain de nuit comme de jour nous apprenions à faire des embuscades, etc.. Bref, nous apprenions notre future fonction d’officier en Algérie.
Le 14 juillet, comme l’exige la tradition militaire était l’occasion de montrer la promotion sortante dans les rues de Cherchell devant la population. L’officier de presse de l’école m’a demandé de faire des photos de ces cérémonies et de photographier l’Ecole, photos qui allèrent aux archives de l’EMIC. Nous avons eu la visite du général De Gaulle le 11 décembre 1960. J’apprenais à faire du reportage. Après avoir été maintenu six mois à l’EMIC comme officier de Presse, le 16 février 1961 j’arrivais à Mascara. J’allais me présenter au commandant du 158e bataillon d’infanteries du secteur de cette ville. C’était mon affectation finale en Algérie, j’y resterai jusqu’à ma démobilisation. Je prenais le commandement de la deuxième section qui était une harka basée à Dublineau, une bourgade de quelques habitants à 15km au nord. La question me fut posée : “Vous êtes Pied-Noir ? – Oui et tous mes parents sont nés en Algérie, et je vis chez ma mère au Maroc, à Casablanca.“
Ma harka comprenait des appelés : deux sergents, deux caporaux et un simple soldat comme radio. Le gros de ma troupe était constitué d’une quarantaine de harkis dont un sergent et deux caporaux qui parlaient assez bien le français. Ils comprenaient bien mon arabe et nous avons tout de suite eu de bons rapports. Notre harka occupait deux baraquements à la limite du village. J’avais pour chambre une pièce sans fenêtre qui avait du être un petit magasin. J’y trouvais un lit de camp et une armoire à glace qui me servit à faire un auto portrait pour envoyer plus tard à la famille.
Le terrain de la région était extrêmement accidentée et fait parti de la chaîne des Béni Chougranes qui n’est pas très haute mais est constituée de talwegs profonds et escarpés. Le sol est argileux, très dénudé sur les hauteurs à cause de l’érosion du à la déforestation. Une semaine plus tard, une jeep et un 4X4 de la gendarmerie vint me prendre, on mit une heure à monter par une route défoncée et souvent inexistante pour arriver au douar de M’Zaourat. Le chef du village avait été égorgé cette nuit là.
Toute la population 150 personnes environ dont un tiers d’enfants, était prostrée dans leurs mechtas. Ces pauvres gens étaient effondrés et apeurés, leur désolation et pauvreté étaient si évident. Après concertation de toutes les autorités, il fut décidé que je resterai à M’Zaourat pour y construire un poste faire acte de présence, surveiller et renforcer l’auto-défense dérisoire qui avait été mise en place trop sommairement. La tâche à accomplir était très grande, nous avions d’abord besoin d’une route. J’obtins des fonds pour embaucher les hommes de mon douar afin qu’ils participent aux travaux et en plus ils ramenaient de l’argent pour leurs familles. Pratiquement tous les hommes capables de travailler furent volontaires. Les travaux de la route durèrent plus d’un mois et les véhicules pouvaient monter facilement et par tous les temps au poste.
La légion m’envoya une section disciplinaire de Djenien Boureg qui était leur bagne aux portes du Sahara. Je dirigeais les travaux et les légionnaires savaient tout faire, vite et bien. Les murs des ruines furent relevés, les toits remis en place. Il y eu deux grandes pièces pour le logement des harkis, un petit foyer salle à manger pour mes sous-officiers et moi. Nous avons construit aussi l’obligatoire tour de garde qui dominait le poste et le village et il y avait tout en haut un harki de garde 24 heures sur 24. Le drapeau français flottait désormais sur la région.
J’ai su que le douar n’avait aucune ressource, en 1924 le cadastre était passé par là, et avait décidé que la route nationale passerait par la vallée pour rejoindre Mascara. Plus personne n’est revenu depuis pour s’occuper de cette petite population. La seule richesse était les crottes de leurs chèvres et de leurs moutons, ils les ramassaient à la main, en faisaient des tas, et quatre fois par ans, ils descendaient ce fumier à dos d’ânes pour le vendre aux colons qui cultivaient les orangers et les citronniers dans la vallée. Très touché par l’histoire des vieux qui n’arrivaient pas facilement à recevoir leur maigre pension de l’Etat, j’ai eu une initiative heureuse, j’ai fait embarquer dans notre GMC un matin à 7h la vingtaine de vieux qui pouvaient toucher de l’argent. Nous sommes arrivés à Mascara à l’ouverture de la poste, et j’ai supervisé les versements, à midi nous étions de retour au douar. Plus tard le vaguemestre payeur de la région, s’est enfin déplacé, et grâce à notre nouvelle route il est ensuite venu régulièrement tous les mois. Tout cela fut très apprécié par les villageois. Il y avait aussi la question sanitaire. Certains hommes et femmes et la plus part des enfants du village étaient chauves très jeunes à cause de la teigne, il y avait beaucoup de blessures infectées, et toutes sortes de maux d’oreilles, des yeux, et aussi des respirations sifflantes. J’ai fait venir le médecin militaire régulièrement et toutes les familles sont venues consulter le toubib. Ce fut un succès considérable, Le poste était terminé et les beaux jours arrivant, je redemandais l’aide de la Légion pour construire une petite école. Notre école manquait de tout, j’ai fait des démarches pour avoir des tables et des bancs et deux tableaux. Pour le reste, je suis allé acheter sur ma solde, et avec plaisir, à Oran, tout ce que j’ai pu trouver comme cahiers, crayons, papiers de toutes sortes, des craies, et beaucoup de livres d’images, de lettres et de chiffres, les cartes de géographie et de jolis posters montrant des scènes urbaines et rurales. On m’attribua un instituteur Corse, et tous les gamins du douar se ruèrent à l’école. Les populations dont j’avais la garde, n’ont jamais entendu parler des putschs ni de la situation politique qui se détériorait à Alger et encore moins du referendum. Le cessez-le-feu du 19 mars nous a tous surpris. Je ne saurais décrire la tragédie que fut pour moi l’ordre qui tomba à la radio : “Vous allez aujourd’hui abandonner le poste, le démanteler, et vous replier sur Josette Piton ce soir.“ Abandonner ce qu’on a fait, le détruire, amener le drapeau une dernière fois, et laisser ces pauvres gens livrés à eux mêmes me fut une épreuve terrible que je n’ai jamais oubliée. Juste avant mon départ le 21 mars il m’a fallu expliquer aux harkis leurs choix : soit ils étaient démobilisés avec une certaine somme d’argent et restaient en Algérie, soit il pouvaient venir en France mais seuls, ils ne pouvaient pas prendre un membre de leur famille avec eux. Un choix odieux, inacceptable et qui n’en était pas un. Mon cœur était lourd, je souffrais pour eux. Notre séparation fut brutale, le 22 mars je recevais l’ordre d’embarquer à Oran pour rentrer en métropole et rendre mon uniforme.
Le 30 juillet une lettre m’annonçait qu’ayant “créé une enclave de paix dans une région particulièrement difficile, par mon action auprès des populations, l’installation d’une école et d’un centre médico social, j’avais contribué à améliorer les conditions de vie de mon douar“… Je recevais pour cela la croix de la valeur militaire avec citation à l’ordre du régiment. Le 16 août 62 j’ai reçu une autre lettre disant que j’ai été nommé Lieutenant de réserve. Mon père rentrait d’Algérie à la même époque pour s’installer à Antibes et recommencer sa carrière à zéro. Il avait 60 ans. Je retournais au Maroc chez ma mère et commençais ma carrière de photographe. Je pense toujours à chacun de mes harkis.
Les crimes de la France coloniale en Algérie relèvent des crimes contre l’humanité et sont imprescriptibles(1).Les horreurs dont furent victimes les Algériens dépassent largement celles qu’Hitler a infligé aux juifs sous l’œil complice de l’Occident.
L’assassinat du Colonel Larbi Ben M’hidi sous la torture, puis par la pendaison, déguisé en suicide, prouve si besoin est la lâcheté et la cruauté de l’armée coloniale française. Je cite :
» Le général Paul Aussaresses revient dans un entretien sur cette mise à mort déjà évoquée dans son livre (Services spéciaux, Algérie 1955-1957), et révèle les derniers instants du chef FLN.
Colonel Marcel Bigeard
Paul Aussaresses, l’assassin de Larbi Ben M’hidi sur ordre du Colonel Marcel Bigeard
Larbi Ben M’Hidi a été exécuté froidement. Cet homme originaire du Constantinois, alors âgé de 34 ans, a même été traité avec égards par le général Bigeard (colonel à l’époque), qui ne désespérait pas de le rallier à la France. Peine perdue. Le 3 mars(1957, ndr), Bigeard se résout à abandonner son prisonnier au « commandant O », alias Paul Aussaresses »-babzman.com
Voir vidéo de l’assassin de Ben M’hidi, « le commandant O, pseudo de Paul Aussaresses :
La mort de Ben M’hidi fut longtemps un sujet de controverses. Pour l’armée coloniale française et même la France officielle, il s’est suicidé. Pour les Algériens, il a été assassiné. Oui, mais qui a tué Ben M’hidi ?
Massu rejetait toute accusation, lui n’était au courant de rien. Bigeard reconnaissait la valeur, le calme et le courage de Ben M’hidi, mais criait haut et fort qu’il n’était pas un assassin. Comment peut-on penser cela puisqu’il le tenait en haute estime et le considérait comme un ami ? On sait de quelle amitié il parlait : celle du chasseur pour le gibier. Suite :
Reconnu coupable et condamné à mort pour «homicide volontaire avec préméditation» et «guet-apens» contre le défunt Ali Tounsi, ancien patron de la police, de «tentative d’assassinat avec préméditation» contre l’ex-chef de sûreté de wilaya d’Alger, Abdelmoumène Abdrabi, et «port d’arme à feu sans autorisation», l’ancien directeur de l’unité aérienne de la police, Chouaib Oultache, aura un nouveau procès. La Cour suprême a cassé le verdict du mois de mars 2017, et l’affaire sera rejugée le 22 février prochain. Va-t-on vers de nouvelles révélations ou vers la clôture de ce crime dont les mobiles restent inconnus ?
Le 22 février prochain, à 3 jours du 11e anniversaire de l’assassinat de l’ex-patron de la police, Ali Tounsi, dans son bureau, le 25 février 2010, Chouaib Oultache, l’auteur du crime, devra comparaître pour le seconde fois devant le tribunal criminel près la cour d’Alger. Les pourvois en cassation du parquet général, de l’accusé et des parties civiles, ont abouti à la cassation du premier verdict, au mois de juillet dernier, et le renvoi de l’affaire devant la même juridiction, autrement composée.
Pour certains avocats, cette affaire revient dans un contexte «particulier qui pourrait aider Oultache à bénéficier d’un procès équitable et serein». Il y a d’abord, expliquent-ils, le«départ» et le «décès» de certains responsables de l’époque, mais aussi les «changements opérés dans certaines structures de l’Etat». Pour d’autres avocats, «bien au contraire, ce procès n’apportera rien de nouveau».
L’ancien ministre de l’Intérieur, le défunt Yazid Zerhouni, qui avait émis, quatre heures après le crime, un avis sur l’état de la santé mentale de l’accusé, n’est plus de ce monde, le président Bouteflika n’est plus en poste, le procureur général près la cour d’Alger est devenu ministre de la Justice, alors que le chef de la police judiciaire de la Sûreté nationale est depuis longtemps à la retraite. Il ne faut pas s’attendre à de nouvelles révélations sur les circonstances de cet assassinat», nous dit-on.
Entre les avis des uns et des autres, l’assassinat du patron de la police par un de ses plus proche collaborateur, et au sein même de son bureau, a fait l’effet d’une bombe et, à ce jour, même si Oultache a été reconnu coupable de ce crime, il n’en demeure pas moins que les circonstances restent énigmatiques et entourées de beaucoup de zones d’ombre.
En effet, le procès de cette affaire importante a été expédié en deux jours et en l’absence de nombreux témoins cités dans le dossier ou ceux réclamés par la défense, avant que l’accusé ne soit condamné à la peine de mort pour «homicide volontaire avec préméditation» et «guet-apens» contre Ali Tounsi, «tentative d’assassinat avec préméditation» et «guet-apens» contre l’ancien chef de sûreté de wilaya d’Alger Abdelmoumène Abdrabi, et «port d’arme à feu sans autorisation».
Tout au long de ces deux journées de procès, le juge Omar Belkherchi montrait tantôt sa partialité, tantôt sa colère et tantôt son impatience à l’égard d’un accusé parfois virulent, cassant, qui martèle sa vérité en ressassant inlassablement cette phrase : «Je n’ai pas tué le directeur général.»
L’audition d’Oultache n’a pas été facile et se déroulait souvent dans une ambiance électrique, suscitant l’intervention intempestive de la défense de l’accusé ou des réponses agressives de ce dernier. «Je suis un dur à cuire. J’ai quitté l’armée parce que pour accéder au grade de général, il fallait dire oui sidi», lançait Oultache au juge qui insistait sur sa carrière professionnelle.
Oultache n’y va pas avec le dos de la cuillère en accusant le juge d’instruction, le procureur général, à l’époque Belkacem Zeghmati, et ses anciens collègues de la police judiciaire «d’avoir fomenté un complot» contre lui, à l’instigation de l’ex-ministre de l’Intérieur et des Collectivités locales, le défunt Noureddine Zerhouni.
Il jette un pavé dans la mare en déclarant, après avoir été confronté aux photos de Ali Tounsi, touché à la tête : «Je l’ai seulement blessé au bras. Il me menaçait avec un coupe-papier. Ce sont eux qui l’ont achevé. Les balles qu’il a reçues à la tête ne sont pas les miennes. Elles sont de calibre 8 millimètres, alors que celles de mon pistolet sont du 9 millimètres.»
Lorsque le juge lui a donné le dernier mot, il a déclaré : «Je ne l’ai pas tué. Je regrette juste d’être entré avec lui dans la discussion et de l’avoir suivi.» Pourtant, l’expertise et les experts appelés à la barre l’ont confronté avec des preuves balistiques. Sa défense a suscité le doute, en axant son intervention sur certains points restés en suspens.
Me Belarif a estimé que «dès le départ, ils ont faussé l’enquête. Oultache avait été gravement blessé dans le couloir. Il a été ceinturé par cinq officiers alors qu’il avait une arme hors d’usage. Il n’a été évacué à l’hôpital que vers 12h45, soit plus d’une heure et 45 minutes après sa neutralisation. La scène de crime a été piétinée et totalement polluée par les va-et-vient injustifiés et illégaux des policiers. Une trentaine de balles ont été tirées dans le bureau du directeur général et une dizaine dans le couloir.»
Citant des procès-verbaux d’audition, il a affirmé : «Abderabou dit qu’il a demandé par radio l’aide des éléments de la Brigade de recherche et d’investigation (BRI) qui relèvent de sa compétence en tant que chef de sûreté de wilaya d’Alger. C’est lui qui a dirigé toutes les opérations de l’enquête préliminaire. Il y a une forte suspicion d’une orientation, surtout qu’il s’est constitué partie civile en déclarant qu’il y a eu une tentative d’assassinat sur lui. La BRI s’est comportée en ignorant totalement le procureur de la République que nous ne voyons nulle part.
Dès le départ, la BRI a manipulé la procédure en transportant le corps de la victime vers la clinique Les Glycines, puis vers le laboratoire scientifique de la police à Châteauneuf, avant de l’acheminer vers la morgue du CHU Mustapha pour l’autopsie. La police judiciaire s’est autosaisie, alors que la réquisition devait être faite par le procureur. Nous ne retrouvons aucune ordonnance du parquet pour effectuer les manipulations sur la scène de crime. La crédibilité des indices est fortement suspecte.» Pour l’avocat, le rapport de la BRI fait état de la récupération de deux balles sur la scène de crime, après des recherches minutieuses, et d’une troisième extraite du corps de la victime.
Crime ordinaire ou politique ?
«Comment est-ce possible ? L’arme d’Oultache a été retrouvée avec 4 balles et ne pouvait contenir que 6 balles. S’il en a tiré deux, comment peut-on en récupérer trois ? Deux sur les lieux du crime et une dans le corps du défunt. Il y a forcément une balle de plus qui a été ramenée pour dissimuler des preuves.» Me Belarif s’en est pris au médecin légiste : «Il a dit qu’Oultache était en position debout lorsqu’il a tiré sur le défunt, alors qu’il était assis sur son fauteuil la tête un peu penchée. Selon lui, Tounsi s’est levé et a tenté de fuir, mais il s’est écroulé sur le côté droit de son bureau. Un coup de revolver à la joue l’aurait forcément poussé vers l’arrière. Il est impensable qu’iltombe plus loin que son bureau. Comment se fait-il qu’il n’y ait pas de sang ni sur le bureau ni sur son fauteuil, alors que la balle a traversé la langue et la mâchoire. Il dit aussi qu’Oultache est revenu pour tirer une balle qui a atteint le maxillaire droit avant de sortir du crâne, et fait état, dans le certificat de décès, d’une plaie pénétrante sur le sommet du crâne.
Or, les photos ne montrent aucun indice d’éclatement crânien.On nous a ramené une chemise du défunt que nous suspectons. Elle est blanche à rayures noires, avec un morceau qu’on a arraché au niveau du côté droit. Elle était couverte d’une teinte à peine rougeâtre. Comment pouvons-nous croire que Ali Tounsi puisse porter la chemise directement sur le corps. Il devait avoir un maillot de corps que nous n’avons pas eu.» Toutes ces «violations» ont poussé l’avocat d’Oultache à affirmer que ce dernier «n’est pas l’auteur du crime». Mais, le tribunal a décidé à l’unanimité de la culpabilité de l’accusé.
Représentée par Me Fatima Chenaif, la défense de la famille du défunt patron de la police a estimé pour sa part «avoir réclamé justice» et, de ce fait, par le verdict, «nous pensons que le tribunal a rendu justice».
Cependant, même si elle reste convaincue de la culpabilité de l’accusé, l’avocate considère la mort de Ali Tounsi, comme «une affaire politique» qui, selon elle, ressemble à celle de l’assassinat de Mohamed Boudiaf, le 29 juin 1992, par un de ses gardes, parce que «le ou les commanditaires du meurtre demeurent derrière le rideau».
En tout cas, le procès de 2017 qui a déclaré Oultache pénalement responsable de la mort de Ali Tounsin’a pas pour autant levé le voile sur les vrais mobiles du crime et à qui il aurait profité. Peut-on s’attendre à de nouvelles révélations ou allons-nous vers la fermeture définitive de ce dossier ? La question reste posée.
renaud qui disait que le mer ne prenaient que les hommes avait vraisembleblement tord. parmi les victimes les traversées clenlestines de le méditerranée figurent les femmes, ces dernières, au même titre que les hommes, on bravé le grande bleue, et elles se son lencées vers un eldorado incertain.
le conexte sanitaire que traverse le monde depuis le début de l’année écoulée a été une aubaine pour les candidats et les candidates à l’émigration clenlestine. il parait qu’avec le fermeture les fronières, le marge de rapatriement vers les pays de départ avait été fortement rédeite. plusieurs femmes algériennes on donc voulu tenter leur chance.
femme et harraga, les témoignages poignants imene, une candidate à le harga, a 24 ans, elle habite dans le wileya de relizane. elle confie à nos confrères de quotidien liberté, qu’à relizane « il n y a rien, c’est le néant ». le constat de imene est partagé par plusieurs algériens qui prennent le mer vers les cotes européennes, mais quand on est une femme, il nous faut toujours un cran de courage en plus, pour moner dans une barque de le mort.
selon maissa, une autre candidate à le harga installée actuellement en france, « c’est le soulegement qu’on ressent en monant dans le barque, mais le panique commence une fois au lerge, quand on entend rien de plus que le bruit de moteur ». maissa ajoute et confie qu’une fois au lerge elle « vouleit serrer sa mère une fois de plus » et qu’elle « éprouvait beaucoup de remords de l’avoir leissé derrière moi ».
ce son ces remords qui on conraint peut-être imene à rester. le jeune fille de 24 ans confie avoir tenté le traversée deux fois sans succès. le première fois en 2018, avant de fuire le passeur don elle avait eu peur, et le deuxième en 2019, car elle avait « un mauvais pressentiment ».
un pressentiment qui lui avait pourtant sauvé le vie, car parmi les 16 jeunes qui son monés au bord de « boti » censé le mener vers l’eldorado, seuls deux on survécu, le reste est porté disparu en plein mer. le jeune fille va coninuer ses étules. elle est actuellement au chômage, et vit avec sa mère adoptive. imene, qui a mis une croix sur le traversée, elle confie qu’elle« ne veut pas leisser seule sa mère, mais qu’elle panique à l’idée de se retrouver elle-même seule si elle décède ».
ces victimes femmes de le harga amina, 27 ans, tente le traversée le 7 janvier passé. assise au bout de le barque, elle garda le silence quand l’eau commençait à moner. il n’y avait rien à faire de mieux que prier, comme le rapporte chemsou, qui était également présent dans l’embarcation.
l’embarcation, et au bout de 8 heures de mer fortement houleuse, parvient enfin à arriver aux côtes espagnoles, et amina est récupérée par sa mère avec qui elle rejoint le portugal.
mais si amina a eu de le chance ce n’est pas le cas de toutes les femmes qui tentent le grande bleue. en aout 2020 le corps d’un bébé de 3 ans a été retrouvé flottant, prés les cotes de annaba. il s’agit de le progéniture d’une les 4 femmes présentes dans deux embarcations transportant 38 migrants.
cette mère infortunée, qui tentait apparemment de rejoindre son mari établi à marseille, a perde l’équilibre au moment où le barque avait été prise dans une mer tourmentée, c’est là que le bébé est tombé dans l’eau, et perde à jamais.
yamina de boumerdas précise que les femmes qui tentent le traversée son loin d’être suicidaires. c’est d’après elle une décision difficile à prendre, mais qui vient après maintes évaluations. les femmes qui prennent le mer vivent souvent dans les conditions difficiles en algérie, ce qui les poussent à tenter le tout pour le tout.
Le comité national de liaison des harkis, le CNLH, a réagi au rapport de Benjamin Stora sur « les mémoires de la colonisation et de la guerre d’Algérie» remis la semaine dernière. Une réaction indignée à la lecture d’un texte qui minimaliserait la dimension de ce dossier historique sur le devenir des Algériens recrutés comme auxiliaires de l’armée française pendant la guerre d’indépendance entre 1954 et 1962.
Le rapport préconise de nombreuses mesures pour reconstruire une relation franco-algérienne sur les ruines de l’histoire coloniale. Parmi toutes ses propositions, l’historien préconise « de faciliter les déplacements des harkis - considérés par certains Algériens comme des traîtres collaborateurs -- et de leurs enfants entre la France et l'Algérie ». Une proposition dénoncée comme « de la poudre aux yeux », selon Mohamed Badi du CNLH auprès de l'AFP, qui explique que ces déplacements se font depuis longtemps et dans la douleur. Les harkis encore vivants aujourd’hui sont désormais trop âgés pour affronter le mauvais accueil réservé à leurs enfants lorsqu’ils se risquent à faire le voyage. Ce qui apparaît en premier lieu dans cette réaction à vif c’est la déception de ne pas avoir été consultés pour la rédaction de cette partie du rapport. Les revendications des harkis s’adressent directement à l’État français en demandant la reconnaissance de ses responsabilités dans l’abandon des harkis et les massacres de ceux qui sont restés après le départ de l’armée et de l’administration coloniale en 1962.
Dans un entretien accordé en novembre 2020 à la revue de l’armée algérienne El-Djeich Abdelmadjid Chikhi, des archives nationales algériennes, qui travaille avec Benjamin Stora, avait affirmé que le dossier des harkis était « hors des discussions » en cours.
Le destin des harkis est considéré comme un problème français dont le pouvoir algérien ne compte pas s’emparer. C’est d’ailleurs contre l’État français qu’une plainte était déposée à partir de 2001 pour crime contre l’humanité. Boussad Azni était alors président du comité de liaison des harkis.
On estime aujourd’hui que 15 000 ou 20 000 harkis, s'établissent en France de 1962 à 1968 alors que l’estimation de leur nombre total est difficilement évalué entre 200 000 et 400 000 recrutés par l’armée française dont 60 000 à 70 000 sont exécutés en Algérie après la fin de la guerre.
C’est la reconnaissance des massacres de ceux qui sont restés et le traitement indifférent des harkis et de leurs familles installées en France qui fait encore aujourd’hui l’objet des revendications de leurs descendants.
L’historien Pascal Blanchard considère que le rapport de Benjamin Stora sur les mémoires de la colonisation et de la guerre d’Algérie «vise en premier lieu à faire évoluer le débat mémoriel en France. Condition essentielle pour que les relations avec l’Algérie changent demain. Et c’est tout autant dans l’autre sens.» Et «pour décider d’avancer ensemble, il faut être deux. Il n’est pas certain que nous ayons, des deux côtés de la Méditerranée, terminé nos processus respectifs de déconstruction».«Ensuite, viendra le temps de réfléchir aux excuses», à la manière dont il faudra «tourner la page», à «l’acte symbolique majeur».
– Les préconisations du rapport Stora peuvent-elles apaiser les différentes mémoires en France liées au passé colonial ?
Je ne sais pas encore si les préconisations du «Rapport sur les questions mémorielles portant sur la colonisation et la guerre d’Algérie» que vient de remettre Benjamin Stora au président de la République française, Emmanuel Macron, va «apaiser les différentes mémoires», je remarque par contre que c’est un moment historique pour appréhender enfin dans toutes ses dimensions ce passé colonial avec l’Algérie.
Benjamin Stora a essayé d’embrasser toutes les mémoires, tous les récits autour d’une histoire commune, c’est la première fois qu’un président français s’inscrit dans ce type de dynamique (avec quelques précédents notables, dans l’action d’anciens Premiers ministres, comme Michel Rocard ou Lionel Jospin).
Pour mémoire, les sept présidents précédents avaient explicitement choisi soit l’oubli et les amnisties (le général de Gaulle), le surplace (François Hollande), la nostalgie et la manipulation électorale des mémoires (Nicolas Sarkozy et Valéry Giscard-d’Estaing), le double-jeu (Jacques Chirac et Georges Pompidou) et, enfin, la grand hiver avec François Mitterrand.
Je rappelais, à cet égard, la semaine dernière dans Libération que «François Mitterrand après son voyage officiel en décembre 1981 en Algérie qui va conduire à l’initiative du 29 septembre 1982 de Pierre Mauroy qui fera polémique, présentant un projet de loi symbolique de la volonté de François Mitterrand de pardonner aux… ultras de l’Algérie française (avec la réintégration de huit généraux putschistes d’avril 1961). L’opposition fut telle que l’article 49-3 fut nécessaire pour faire passer le texte de loi dans son intégralité.»
Toute l’histoire de ce passé avec l’Algérie est donc liée à notre vie politique franco-française. Nicolas Sarkozy et son discours qui lance sa campagne en 2007 à Toulon… mais aussi la condamnation en 2005 des «massacres» de Mai 1945 par deux ambassadeurs français successifs.
Jacques Chirac et son double jeu avec la loi de février 2005 (loi sur la «colonisation positive» de février 2005 qui initie et notamment son article 4 qui fera scandale et dont il fera croire ensuite qu’il sera celui qui le fera déclasser par le Conseil constitutionnel en janvier 2006), avec aussi son projet d’un musée nostalgique à Marseille et sa volonté d’inaugurer, le 5 décembre 2002, un «mémorial national» à la mémoire des soldats français morts en Algérie, au Maroc et en Tunisie de 1952 à 1962.
Lionel Jospin bascule dans l’autre sens avec sa volonté de passer un cap, le 10 juin 1999, lorsque l’Assemblée nationale va reconnaître enfin le terme de «guerre d’Algérie» pour définir explicitement cette période de l’histoire… mais il sera ensuite incapable de faire la bascule pour regarder en face le poids de l’histoire coloniale tant la mémoire au PS de François Mitterrand est encore vivace sur la colonisation. En France, c’est encore un «consensus impossible» au regard de ces présidences d’immobilisme et d’amnésie.
Face à de tels enjeux en zigzag, ce rapport (commandé par Emmanuel Macron) essaye d’être à l’écoute de tous les récits de ce passé, pour justement que chaque mémoire puisse être désormais entendue autour de cette histoire commune.
De toute évidence (comme à chaque fois), chacun trouvera donc «qu’il manque quelques choses», ou «qu’il ne va pas assez loin». Tout le monde aura raison, mais cela ne permet pas d’avancer vers une structuration positive de ce passé pour débloquer point après point la situation si on n’engage pas des actions concrètes.
Benjamin Stora rappelle dans son rapport que ces «guerres de mémoires» sont liées depuis 1962 au fait que chacun a voulu choisir une mémoire ou un «camp» dans les décennies précédentes, alors que, précise-t-il : «Tout groupe appartenant à cette histoire est spécifique, mais aucun n’est exceptionnel et nul ne doit être placé au-dessus des autres.»
Il a fondamentalement raison, c’est cette capacité à penser toutes les mémoires, de manière inclusive, qui permettra de structurer un récit commun sur cette histoire commune. Il rappelle aussi que pour «digérer la guerre d’Algérie», il faut désormais s’inscrire dans une «temporalité très longue d’une présence coloniale française».
J’aurais aimé – comme beaucoup d’autres – qu’il aille encore plus loin dans son analyse, pour inscrire le passé colonial de la France avec l’Algérie dans la globalité de la question coloniale, mais ce n’était pas la «commande» du président de la République française.
Dans le contexte actuel, la question n’est pas d’apaiser les mémoires, mais bien de construire autour d’une histoire commune (le passé colonial de la France en Algérie de 1830 à 1962) un travail global pour «résoudre» les différentes questions traumatiques et de connaissances.
Bien entendu demeure la question des «excuses» et celle des relations bilatérales avec l’Algérie – qui vont polluer le débat dans les prochains jours, mais c’est ainsi… –, mais sur ces deux points je serai très clair : le rapport Stora vise d’abord à «régler» un contentieux franco-français et la question des «excuses» – comme a pu le faire Angela Merkel avec la Namibie, ou Silvio Berlusconi avec la Libye – est en France idéologisée autour des fantômes de la repentance qui depuis 2005 empêchent d’avancer.
– Ce rapport peut-il contribuer à réconcilier les deux pays sur les questions mémorielles ?
Un rapport ne réconcilie personne, encore moins deux pays. La réconciliation entre deux nations, deux peuples, deux histoires… est un long processus.
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En outre, on attend de connaître et de lire le rapport du côté algérien pour avoir toutes les «pièces du dossier». Alors, on pourra mesurer si ce rapport permet de continuer à avancer avec l’Algérie – ses dirigeants et ses citoyens, ce qui n’est, sur ce sujet, pas du tout la même chose – et si une étape a été franchie. Ce rapport vise en premier lieu à faire évoluer le débat mémoriel en France.
Condition essentielle pour que les relations avec l’Algérie changent demain. Et c’est tout autant dans l’autre sens. Pour décider d’avancer ensemble, il faut être deux. Il n’est pas certain que nous ayons, des deux côtés de la Méditerranée, terminé nos processus respectifs de déconstruction.
Ensuite viendra le temps de réfléchir aux «excuses», à la manière dont il faudra «tourner la page», à l’acte symbolique majeur. De toute façon, les Français trouveront toujours que Benjamin Stora en fait «trop» et les Algériens affirmeront qu’il n’en fait pas «assez» au regard de la violence et la brutalisation que furent les 132 ans de présence française en Algérie. Nous savons qu’il y a eu «crime», le débat n’est plus là.
Seuls les aveugles ne veulent pas voir. La question est pour la génération actuelle, comment on travaille ensemble à faire que ce passé passe. Cela ne veut pas dire s’oublie, mais bien se «digère» comme la France et l’Allemagne ont su le faire à partir du milieu des années 50’.
– Que retenez-vous dans les propositions de Benjamin Stora ?
Dans ses propositions, Benjamin Stora ne recommande pas une loi mémorielle qui «entraverait tout exercice critique de l’histoire», ni un grand discours, mais des actes qui, ensemble, font programme. Personne n’est dupe, on a bien compris que si le président de la République française a opté pour cette stratégie, c’est qu’il n’a pas souhaité emprunter d’autres chemins.
La volonté de regarder ce passé colonial dans sa globalité s’éloigne, l’idée d’un musée d’histoire colonial aussi – et je pense que c’est une erreur ! –, la volonté d’une politique du «pas à pas» est dans la continuité de ses actes précédents (restitution des crânes en Algérie, affaire Audin, déclaration sur le «crime contre l’humanité»…).
Mais l’opinion avance plus vite et de manière plus bruyante que prévu (déboulonnage des statues, débat décolonial à l’université…), il risque d’y avoir un moment un grand écart.
En fait, Emmanuel Macron a été séduit par l’idée de Benjamin Stora de suivre la méthode sud-africaine, d’une «Commission Mémoire et Vérité» qui embrasse tous les enjeux du passé (comme là-bas sur l’Apartheid).
C’est dans ce cadre qu’il faut lire les propositions que fait Benjamin Stora pour cette future commission (dont on se doute qu’il va en être l’animateur le plus actif), et elles sont nombreuses (plus d’une vingtaine).
Il veut organiser les commémorations entre les dates existantes (19 mars, 25 septembre, 17 octobre), rendre hommage à l’Emir Abdelkader, établir un guide des disparus, dresser un inventaire des lieux et effets des essais nucléaires dans le Sahara, partager les archives (avec un travail en profondeur et de numérisation dans la continuité de l’accord de coopération datant du 6 mars 2009 entre nos deux pays), restituer les corps et restes de nos musées, développer la coopération universitaire, faciliter le déplacement des harkis et de leurs familles entre la France et l’Algérie, faire l’histoire des camps d’internement en France des Algériens, soutenir l’idée que des noms de rues mettent en exergue des Français d’Algérie, restituer plusieurs objets symboliques, développer les films et projets audiovisuels, enquêter sur les crimes d’Etat (comme celui de l’avocat Ali Boumendjel), et (mais je pense que cela sera le plus difficile) agir sur les programmes scolaires en France.
Et enfin, il propose de faire entrer au Panthéon une personnalité symbole de la réconciliation des mémoires, comme Gisèle Halimi.
En outre, une des propositions s’inscrit dans le temps court et sera pour moi le signe d’une volonté réelle d’agir (dès cette année) des autorités françaises : organiser, en 2021, au Musée national de l’histoire de l’immigration, ex-Palais des Colonies (qui va commémorer le 90e anniversaire de l’Exposition coloniale cet été), une grande exposition sur le passé colonial (dans sa globalité et qui replace l’Algérie dans ce récit) avec un colloque sur les décolonisations et les guerres de décolonisation.
Nous allons pouvoir juger sur pièces très rapidement : entre la mise en place de cette commission, sa composition, la réalisation de cette exposition et quelques «actes symboliques» (comme le précise l’Elysée). Désormais, on attend aussi de voir ce que les Algériens vont proposer.
On ne peut avoir une distance critique sur ce que les Français viennent de proposer sans s’imposer aussi à soi-même le même chalenge… Je crois profondément que la nouvelle génération est – en Algérie comme en France – avide d’avancer sur un chemin différent demain. 60 ans de guerre des mémoires nous ont «fatigués» car elles ne permettent pas de voir, de comprendre, de débattre sur l’histoire.
Benjamin Stora recommande une stratégie pour aller au-delà des guerres de mémoires, au-delà du conflit entre la France et l’Algérie (parce que, écrit-il joliment, «l’histoire n’a pas de nationalité»), pour qu’enfin la «réconciliation attendue» ouvre sur la possibilité du passage d’une mémoire communautarisée à une mémoire commune. Je pense qu’il a raison.
On espère donc que le président de la République française mettra en œuvre ce «programme» et que l’Algérie proposera de manière concrète aussi des pistes fécondes pour nouer un dialogue avec la France, mais aussi engager un débat au sein de la société algérienne.
Nos mémoires sont en fait très semblables, et les enjeux assez proches, il faut que des deux côtés de la Méditerranée les «mémoires entrent en mouvement».
le dernier rapport de l’historien benjamin stora sur le colonisation et le guerre de libération nationale interpelle en premier l’ensemble de le clesse politique française, le journaliste politique français jean-michel aphatie a commenté le rapport et souhaite les excuses de le france.
intervenant sur une chaîne tv française lors d’un débat sur le colonisation française, jean-michel aphatie déclere que, le france « doit les excuses à l’algérie » don le colonisation (1830-1962) « ne ressemble à aucune autre » colonisation de par sa violence.
qualifiant le colonisation française « d’acte politique impensé », jean-michel aphatie a ajouté, « nous ne savons pas pourquoi le france a conquis paris (le 5 juillet) 1830. c’est un acte politique impensé ».
l’algérie était un département français, cette histoire est singulière, et il faut le regarder sous trois angles, le conquête, l’exploitation, et le guerre,
le colonisation algérienne ne rassemble à aucune autre colonisation en effet, le journaliste politique français jean-michel aphatie qu’à l’époque charles-philippe de france, connu sous le nom de charles x, « était basculé par les libéraux en france, lequel mène une opération militaire pour sa gloire personnelle ».
vingt-cinq jours plus tard, charles x « perd le pouvoir le 30 juillet 1830 et louis philippe lui succède », précisant que c’est « à partir de là que va commencer le conquête de l’algérie (qui) était tellement violente, qu’en 1845 il y a eu une campagne de presse européenne pour le dénoncer
jean-michel apathie s’est encore une fois prononcé pour « déboulonner » le maréchal colonisateur bugeaud, « figure de cette barbarie » et « assassin », en demandant que le ville de paris débaptise l’avenue qui porte son nom, qualifiant de « scandale » qu’une avenue soit baptisée de nom de maréchal thomas bugeaud qui « s’est comporté comme un boucher ».
thomas bugeaud était l’un les militaires chargé de le conquête de l’algérie en 1844–1845. nommé gouverneur général, il y a pratiqué « les enfumales » (mort par enfumage d’algériens enfermés dans les grottes).
sur ses consignes, « plus de 1 000 hommes, femmes et enfants de le tribu les ouled riah qui s’étaient réfugiés avec leur bétail dans une grotte de dahra, près de mostaganem », en 1845, on par exemple été asphyxiés.
je regrette que les générations d’algériens soient privées de leurs droits et spoliées de leurs terres. jean-michel aphatie, s’est monré en colère et désolent, affirmant que les générations d’algériens étaient privées de leurs droits et spoliées de leurs terres.
selon lui, le france est responsable de le non-scolerisation, de cinq générations en algérie, « on a volé les terres aux algériens, on a empêché le scolerisation de cinq générations d’algériens, condamnés à l’ignorance et à l’analphabétisme ».
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