La question de la récupération des fonds et des biens issus de la corruption d’hommes d’affaires, de militaires et des politiciens véreux ainsi que des parties influentes incarcérés pour corruption était une promesse de campagne du président mal élu Abdelmadjid Tebboune.
Aujourd’hui le bonhomme s’en remet à ses bons souvenirs et relance ce va-t-en guerre à la recherche de Dinars perdus dilapidés dans le cadre de la récupération des fonds dissimulés frauduleusement à l’étranger ou même en Algérie à travers des biens éparpillés çà et là. C’est d’ailleurs de l’un de ceux-là d’où est repartie cette affaire. Dimanche dernier, effectivement, le chef d’état lors du Conseil des ministres tenu sous sa présidence, avait sommé ses troupes d’accélérer la remise en production de l’usine des huiles végétales de Jijel, qui appartenait aux frères Kouninef, actuellement en détention pour corruption, lançant ainsi la première étape d’un début du processus de récupération.
C’est que l’histoire va chercher loin elle couterait au bas mot estiment les experts, plus de 7,5 milliards d’euros et 600 milliards de DA, un joli pactole pour des caisses assoiffées. Si pour ce qui est de récupérer l’argent volé et dissimulé à l’étranger, autant en faire son deuil tant les procédures complexes prendraient du temps pour le rapatrier, les démarches à entamer, se déroulant sous la houlette diplomatique. Au Bled c’est un autre son de cloche et cela semble plus envisageable. Mais dans cette histoire du voleur volé, et entre nous, le vrai pactole est en devises fortes et donc entre de bonnes mains chez les autres. Ce qui reste au pays va avec les pertes et profits. Et l’Exécutif algérien en ces temps durs est tout aise de rencontrer le fameux « limaçon » de la fable.
Sauf que là, la problématique de la récupération des biens et fortune des richissimes oligarques et hauts responsables du régime Bouteflika ne pourrait se faire, qu’après que toutes les voies de recours eussent été épuisées. D’ailleurs, seule la cour d’Alger « une voix de son maître sans équivoque », où se déroulent les procès en appel des accusés concernées par la confiscation de biens mal acquis, est apte ou non de confirmer les demandes de la partie civile, qui est le Trésor public en ordonnant donc la confiscation de biens précisément identifiés et localisés. Ce qui toutefois peut prendre parfois plusieurs mois, voire des années mais bien moins que pour l’autre opération de rapatriement.
Ces grands dossiers qui s’élèvent à 7,5 milliards d’euros, ont pour hommes d’affaires des sommités comme, Ali Haddad, Mahieddine Tahkout , Mourad Eulmi, Abdelghani Hamel, les frères Kouninef ainsi que des accusés de parts et d’autres, notamment ceux dont les biens ont fait l’objet d’un ordre de saisie dans l’affaire du montage automobile. La majorité de ces biens à confisquer se trouve dans la capitale Alger et ses environs, il s’agit de terrains, usines, sièges de sociétés ou bureaux… L’opération est, sauf retournement de situation comme c’est souvent le cas en Algérie, certes, des plus plausibles sur le plan juridique car la justice est toute acquise à l’exécutif qui n’est autre que l’uniforme en Algérie, mais elle restera dans le temps complexe à appliquer. Mais qu’on se le dise ! dans l’état actuel des choses ce n’est qu’une passation de mains ou de pouvoir. Les nouveaux « ayant droit » se bousculent déjà aux portillons de la bonne fortune que partage volontiers le parrain. C’est comme ça en Algérie depuis plus de six décennies. Les bonnes habitudes ne se perdent pas.
L'Algérie, où le français reste très ancré soixante ans après la fin de la colonisation, vient d'introduire l'anglais à l'école primaire, une démarche saluée par les détracteurs de l'emprise de la langue de Molière, mais décriée par d'autres pour sa mise en oeuvre précipitée.
En Algérie, la question linguistique fait régulièrement l'objet de débats. Si le statut officiel de l'arabe fait consensus, la place du tamazight (berbère), devenu langue officielle en 2016, et du français, langue de l'enseignement scientifique et des affaires, héritée de l'ancienne puissance coloniale, soulève des polémiques sans fin.
Les enfants, qui ont repris le chemin de l'école le 21 septembre, démarrent désormais l'apprentissage de l'anglais dès la 3ème année de primaire, comme c'est déjà le cas pour le français, alors que jusqu'à présent ils ne le commençaient qu'au collège.
"Cette décision constitue une évolution, mais il aurait fallu bien préparer son introduction dans l'enseignement", réagit auprès de l'AFP Farouk Lazizi, père de deux élèves d'une école primaire à Alger.
C'est le président Abdelmadjid Tebboune qui a pris cette décision en Conseil des ministres le 19 juin. "Le français est un butin de guerre mais l'anglais est la langue internationale", a-t-il expliqué fin juillet.
Pendant l'été, le ministère de l'Éducation s'est engagé dans une course contre la montre pour mettre en oeuvre les instructions présidentielles.
En moins de deux mois, 5.000 enseignants contractuels ont été recrutés et ont reçu une formation express. Un manuel scolaire a été élaboré et distribué aux écoles en un temps record.
- Précipitation -
"Quand on se précipite sans réunir les conditions nécessaires, il y a lieu de s'interroger sur la réussite de cette mise en oeuvre", regrette Messaoud Boudiba, porte-parole du Cnapeste, un important syndicat du secteur.
Le linguiste Abderzak Dourari déplore le recours à des traducteurs pour combler le manque de professeurs.
"Faire appel à eux n'est pas le meilleur moyen d'enseigner la langue puisque le traducteur n'est pas formé pour enseigner", remarque-t-il avant d'ajouter: "si on n'a pas suffisamment d'enseignants compétents, il vaut mieux ne pas se lancer tout de suite".
Quelque 60.000 personnes ont postulé pour rejoindre le corps enseignant. Le ministère a exigé qu'elles produisent une licence en anglais ou en traduction.
"Enseigner quatre langues (arabe, berbère, français et anglais) dès le primaire va créer une confusion dans l'esprit" des enfants, estime le pédagogue et ex-enseignant d'anglais Ahmed Tessa.
En revanche, ceux qui souhaitent la fin de l'enseignement en français sont comblés.
"Nous nous félicitons de cette décision qui a tardé à venir", se réjouit Sadek Dziri, président de l'Unpef, un autre syndicat influent, arguant que "l'anglais est la langue des sciences et de la technologie".
Professeur d'anglais dans un collège algérois, Abdelahamid Abed salue lui aussi la décision de M. Tebboune, estimant que le "français a fait son temps".
"Il faut suivre le développement technologique. Il ne faut pas voir cette question sous l'angle de la rivalité entre le français et l'anglais mais d'un point de vue pragmatique", estime-t-il.
L'Algérie va pouvoir "renoncer au français qui est la langue du colonisateur et dont l'enseignement n'a pas donné de bons résultats", ajoute un parent d'élève.
- "Pris au dépourvu" -
Depuis des décennies, milieux conservateurs et laïcs se livrent une bataille acharnée autour de la place du français dans l'enseignement en Algérie.
L'introduction de l'anglais en primaire a relancé le débat, certains y voyant une volonté des autorités de remplacer le français par la langue de Shakespeare.
"Le président de la République a été clair. Il l'a qualifié de +butin de guerre+. Ce qui signifie que l'Algérie bénéficie de cette langue dans sa vie institutionnelle et socio-économique", rétorque M. Tessa.
"Les cercles hostiles au français ont été pris au dépourvu par cette affirmation. Ils croyaient que le français allait être supprimé du primaire. Ils rêvent de le voir disparaître", analyse-t-il.
Pour le linguiste Dourari, "il serait vain et très difficile de substituer une langue à une autre dans le cas de l'Algérie", en raison du contexte "culturel, linguistique, historique mais aussi géographique".
"Nous avons plus de 8 millions d'Algériens qui vivent en France, des familles mixtes qui viennent, qui repartent. L'essentiel des contacts touristiques se font d'abord avec la France et pas avec l'Angleterre", a-t-il souligné.
Rappel. Du 4 au 10 octobre 88, une partie de la jeunesse algéroise après celle d'autres villes de l'intérieur- s'est mise en émeute. Comme élément avancé pour apprécier la situation explosive: la conjoncture économique et les revendications sociales et culturelles des grandes agglomérations étouffantes.
Entre ce qui est exprimé et les non-dits figurent le népotisme et la corruption à combattre, la nomenklatura à mettre hors-jeu avec sa tchi-tchi. L'affrontement entre manifestants et forces de l'ordre a révélé la fracture entre les exclus du circuit scolaire et de l'emploi et les défenseurs d'un système bâti sur l'octroi de privilèges aux âmes bien nées.
D'évidence, la presse dite nationale ne pouvait que colporter l'opinion d'un régime pourtant honni alors que, comme à l'accoutumée, celle étrangère ne pouvait que chercher à exacerber le moindre fait et geste ayant lieu en Algérie. Après l'affrontement sanglant, l'expectative et les tergiversations du pouvoir hésitant qui, par la voix de son président, chercha à tempérer la situation en un discours télévisé où il fut question de démocratisation de la vie publique.
A titre de rappel, quelques titres de journaux à l'effet de mesurer les appréciations de cet «événement». Ainsi, pour El Moudjahid» : «Halte au vandalisme» (6/10/88) et «Appel au calme du commandement militaire» (7/10/88). Pour Le Figaro» : «Algérie : les émeutiers massacrés» (10/10/88); pour «Jeune Afrique» : «Algérie : révolte sans lendemain ou début d'un grand changement» (19/10/88); pour «Libération» : «La bataille d'Alger» (10/10/88) et L'Algérie à feu et à sang» (10/10/88)...
A lire de plus près ces différents journaux (choix non exhaustif), on relève qu' El Moudjahid énumère les données objectives de ces émeutes : crise économique mondiale, dévaluation du dollar, chute des revenus pétroliers, sécheresse (6/10/88). A aucun moment, les analystes du journal attitrés il est vrai à d'autres tâches- ne font référence aux tares du régime, encore moins aux hommes qui nous gouvernent. Mais, faut-il s'en étonner ?
Autre exemple du même journal qui publie le communiqué N°1 du commandement militaire chargé de gérer la situation. Ce dernier, évoquant des mouvements de foule à l'origine d'actes de vandalisme, parle de jeunes manipulés par les ennemis du peuple algérien et de la révolution. Comme langue de bois, on ne fait pas mieux. De même, il évoque les horreurs concrètes de la destruction, du vandalisme, du pillage systématique, ajoutant que les «sinistres cerveaux» qui ont à ce point suborné cette frange de la jeunesse auront fait la preuve d'une haine de ce pays et de sa jeunesse à l'égal de l'ampleur des intérêts qu'ils ont à défendre ! Qui seraient donc ces sinistres cerveaux» ?
Quant à Algérie actualité, pourtant réputé moins dogmatique (illusion ?), il évoque un activisme ouvriériste, des aventuriers sans foi... renégats à leur pays; l'objectif de ceux-ci seraient (auraient été) de tout mettre en oeuvre pour saborder le processus des réformes. Là aussi, açabya oblige, les citoyens algériens ne connaîtront pas ces aventuriers et ces renégats, ou peu.
Evidemment, la presse française parle différemment de cet événement. Ainsi, Le Monde se révèle plutôt prolixe sur la présence des forces de l'ordre dans les quartiers résidentiels (gendarmes et militaires en armes en position aux points de passage obligés), des blindés aux carrefours stratégiques, des commandos parachutistes et des hélicoptères militaires. De même, il évoque la cohabitation conflictuelle qui révèle le caractère non monolithique du pouvoir (8/10/88). Le gouvernement algérien mise sur l'annonce de réformes pour favoriser l'apaisement, peut-on lire dans le même journal (12/10/88).
Quoi qu'il en soit, dans son discours télévisé du 10 octobre 88, Chadli Bendjedid parle d'actes de vandalisme et de sabotage à l'encontre des institutions économiques, administratives, sociales et celles qui symbolisent l'Etat. Aussi, conclut-il : Sur la base de la Constitution, j'ai personnellement pris les mesures nécessaires pour préserver le pays, la révolution et la nation. Sa conviction est qu'il est temps d'introduire les réformes nécessaires dans le domaine politique.
Notons donc les mesures nécessaires et les réformes nécessaires»... Ainsi, gouverner n'est plus l'art de prévoir (la chute des revenus pétroliers, par exemple), c'est devenu pour le pouvoir un moyen de naviguer à vue et ne prendre des mesures voire envisager des réformes- que lorsqu'elles deviennent nécessaires».
Et encore ! En effet, les réformes politiques qui auraient été les bienvenues, sans effusion de sang et au moment où le pays vivait une certaine stabilité politique et une relative aisance financière- maintenaient pour l'essentiel le système du parti unique, mais prévoyaient théoriquement la liberté de candidature aux élections locales et législatives et la suppression de la tutelle pour les organisations de masse et professionnelles. En revanche, pour les promoteurs de ces réformes, il n'est en aucun cas possible d'établir le multipartisme avec des milieux qui visent le pouvoir et l'obtention de privilèges dans le cadre d'une démocratie de façade, alimentée par des surenchères démagogiques.
Voilà, il fallait passer par la torture physique (après celle morale, de longues années) l'asphyxie par l'eau, les brûlures par l'électricité, les ongles arrachés, les matraquages par instruments contendants, les violences sexuelles (sodomisation par instruments : bouteilles ou manches de pioches), les tessons de bouteilles sur lesquels il faut ramper- (Cf. à ce sujet «Octobre» de Abed Charef, Editions Laphomic, Alger, 1990) pour que le pouvoir donne l'illusion aux citoyens algériens qu'il se séparait de deux de ses serviteurs : Cherif Messâadia, responsable du secrétariat permanent du comité central du FLN et Lakhal Ayat, responsable de la police politique, qu'il nommait un nouveau gouvernement dirigé par Kasdi Merbah (ancien responsable de cette même police politique et dont on dit qu'il a été sans doute l'appui de poids ayant permis la désignation de Chadli Bendjedid à la présidence de la République), qu'il organisait un référendum le 3 novembre 1988 à l'effet d'approuver ces réformes (92,27 % des suffrages exprimés. 92,27 % !) et que le 6ème Congrès du FLN désignait Bendjedid comme candidat unique à la magistrature suprême.
Un système loin de l'agonie
Quant aux tenants et aboutissants d'octobre 88, deux thèses se font face en vue d'expliquer l'avènement d'Octobre 88. Afin d'en dégager les implications mais aussi de désigner les responsables de cette situation-, force est de mettre en lumière celles-ci et de les soumettre à débat et à critique.
La première thèse parle de manipulation du régime en place. Autrement dit, octobre serait le résultat (voire la mise en scène) des acteurs du système politique algérien. La seconde thèse pense qu'il s'agit d'une insurrection populaire. S'agissant de la première opinion, on peut, en toute vraisemblance, parler du soulèvement d'une partie du régime contre l'autre, tant il est vrai que chez nous, les catégories politiques connues dans les pays occidentaux droite/gauche- et celles de la philosophie politique des ex-pays de l'Est lutte des classes et dictature du prolétariat- n'ont pas cours. En tous les cas, ces catégories sont occultées par la présence de clans qui se disputent le pouvoir, chacun faisant appel à sa clientèle.
Les politologues et les constitutionnalistes peuvent interpréter octobre 88 comme une tentative de coup d'Etat. Ainsi, M'Hamed Boukhobza pense qu'il s'agit d'une manipulation, mais que cette dernière est intervenue à un moment de crise de la société... Il pense également qu'octobre aura permis au pouvoir de commencer à se poser les bonnes questions sur l'Etat, sur sa légitimité, sur ses rapports à la société... Deuxième élément important, octobre a montré la fragilité du pays en tant qu'Etat, que Nation, que devenir.
S'agissant de la seconde opinion, elle renferme sans doute également une partie de la vérité. En effet, il n'est que d'évoquer les sévices multiples supportés par les Algériens : chômage, inflation, problèmes du logement, de la santé, du système éducatif; érosion du pouvoir d'achat; pénuries en tout genre... Ainsi, l'ennemi, c'est aussi la villa cossue, la limousine rutilante, les bourgeois crâneurs. En ce sens, Octobre a été conçu et appliqué comme une transition violente d'un système bureaucratique et autoritaire parvenu au terme de ses possibilités vers un autre, fondamentalement différent».
Général major en retraite et ancien ministre de la Défense nationale, Khalèd Nezzar pense que : Contrairement aux idées répandues, le 5 octobre ne fut ni un événement spontané, ni une recherche de liberté et de démocratie. Malgré l'absence d'une enquête officielle vainement demandée, nous pouvons affirmer qu'à l'origine, il ne s'agissait que de contestations publiques fomentées en prévision du congrès du FLN, dans l'espoir de conforter certaines tendances. La manifestation, échappant à ses artisans, ne manqua pas d'être chevauchée par toute une cohorte de forces de toutes obédiences (El Watan» du 15 mai 1996).
En toute vraisemblance, d'une part, le pouvoir en place s'offre en spectacle : un clan veut chasser l'autre, à défaut d'accord à travers les appareils d'Etat, du FLN et de l'Armée; d'autre part, l'Algérien a trouvé là l'occasion pour dire non, fut-ce d'une manière diffuse, à toutes les politiques connues par le pays et soldées par des échecs successifs, à son détriment.
En tout état de cause, des signes avant-coureurs avaient annoncé octobre : incarcérations arbitraires, grèves des travailleurs, soulèvements dans d'autres villes, autre qu'Alger. Devant ces coups de boutoir, le pouvoir s'est doté d'une nouvelle ligne politique : du « socialisme spécifique » ayant montré ses limites aux réformes économiques libéralisme spécifique ?. Ces réformes s'articulent, selon ses promoteurs, autour de deux pôles : au plan économique, c'est la restructuration» des entreprises publiques en vue d'aboutir à leur autonomie. Au plan politique, le système du parti unique continua d'être en vogue.
Enfin, pour mémoire, le fait saillant qui interpelle la mémoire, c'est la férocité avec laquelle certains Algériens armés ont tiré sur d'autres Algériens, armés il est vrai de leur colère juvénile. Celle-ci, attisée par de longues frustrations, a abouti à une tentative de démantèlement de certains symboles du régime en place et des signes arrogants de richesse de la nomenklatura.
Le multipartisme tel qu'il est né et la situation socio-économique dégradée sont à coup sûr les axes s'offrant à l'analyse. Ils doivent faire l'objet, à chaque fois que de besoin, d'un bilan sans complaisance, ni concessions pour verser à l'actif d'octobre ce qui doit l'être, traduire en justice les zélateurs de l'ordre inique en Algérie et œuvrer à la mise en place d'une pensée politique algérienne expurgée de toute tentative de récupération du sang versé depuis octobre 1988.
Par ailleurs, au moment où se déroulaient des événements graves de conséquences (en Algérie) pour les tenants des réformes en matière économique, environ deux millions de citoyens algériens ont probablement vécu leur exil avec plus de morosité, d'autant que, au moment où Pinochet s'est vu infliger un NO d'une majorité de Chiliens, il est à se demander si les dirigeants d'Alger - pernicieux et corrompus à souhait jusqu'à la moelle allaient enfin tirer la leçon. Ce ne sont, au fond, que de mauvais élèves comme aurait dit le général Giap.
Ils n'ont pas osé procéder à un plébiscite propre et honnête pour mesurer leur audience, non plus à l'applaudimètre ou à l'audimat d'une presse (écrite et télévisée) aseptisée -, mais au pouvoir des urnes, les pieds des Algériens ayant appris à voter depuis 1980. Le «NO» d'une jeunesse, en 1988, n'exprime pas seulement le refus d'une quelconque nomenklatura, il est la traduction du refus d'un système qui les a exclu de l'arène où se décide leur sort.
Le régime a incontestablement réussi à se discréditer d'une façon durable. Au fort du drame qui ne cesse de frapper de plein fouet les citoyens algériens (auxquels il ne reste, par moments, que la rue pour exprimer le mécontentement à l'égard d'un régime politique qui les a souvent opprimé et d'un système économique qui les a tenu en mépris), la presse officielle de l'époque a trouvé le moyen par un tour de passe-passe qui lui est familier de justifier, à priori et à posteriori, l'incapacité chronique d'un gouvernement aux abois. Aussi, parle t-elle de 900 personnes arrêtées en flagrant délit de pillage et vandalisme, exhibant en pleine page des photos avec ce titre : «Scènes de vandalisme».
Or, à moins d'être frappé de cécité, force est de constater que si scènes de vandalisme il y a eu et s'il y avait des personnes à arrêter pour flagrant délit de pillage de l'Etat et de vandalisme, il faut se tourner vers les caciques du pouvoir tenus en laisse par une direction de l'armée qui a continué de s'appeler conseil de la révolution (et ensuite membres du bureau politique du FLN), divisés quant à la ligne à suivre en vue d'une meilleure distribution de la rente provenant des hydrocarbures. Cela, les rédacteurs d'une presse qui était également au service exclusif du régime désormais dans le box des accusés, le savaient, en toute vraisemblance, mais n'osaient le dire.
Autres cieux, autre cynisme. La très officielle organisation Amicale des Algériens en France, par la voix autorisée de son chef d'alors a eu à qualifier les événements d'octobre 88 de «chahut de gamins qui a dégénéré. Ce mouvement est sans racine et sans lendemain et ne peut avoir aucune conséquence». Sur une chaîne française l'ex 5-, il a cru devoir affirmer, d'une manière péremptoire : «Chadli est le seul président a avoir été installé au pouvoir par la voie de l'élection» ! Elections, le ridicule ne tuant pas, qui font état de 95% de voix au candidat unique à la présidence de la République, désigné par un collège de techno-bureaucrates militaires et civils confondus, représenté par de pseudo-tendances au sein du FLN devenu le lieu de règlement de comptes étranger aux délégués élus» du peuple, après avoir assumé le rôle d' «oiseau fabuleux de la mythologie politique algérienne».
Octobre 88 a, tout de même, sonné le glas d'un système défini comme le monopole du pouvoir par une élite de gérontocrates. Celle-ci a privatisé le politique pour le réduire à l'état de propriété de clans qui se le disputent à travers le clientélisme, les prébendes, le népotisme, le parasitisme et autres «ismes» si fort joliment dénoncés par la charte nationale. Les événements d'octobre ont fait avancer l'Algérie vers une certaine voie de démonopolisation de la vie publique et, par ricochet, de réappropriation du politique par la société civile anesthésiée jusqu'alors par la peur. Faut-il rappeler que Novembre 54 a été l'oeuvre d'une poignée d'hommes déterminés à en finir avec le colonialisme?
Ces événements ont, d'une certaine manière, fait replier l'Algérie sur elle-même en ce sens que les dirigeants algériens, après un certain réaménagement du pouvoir, ont essayé de revenir à la normale par tous les moyens. Le tout était de savoir s'il s'agissait d'une normalisation sournoise ou d'un passage vers la démocratisation de la vie politique où la société civile aurait la possibilité de participer aux affaires de l'Etat, à travers des représentants élus. Une énième occasion ratée. Jusqu'au Hirak, autre occasion ratée ?
La Première ministre française Élisabeth Borne est attendue à Alger pour une visite de travail sur invitation de son homologue algérien Aïmene Benabderrahmane. Pas moins de 16 ministres accompagneront Élisabeth Borne, lors de cette visite qui vise à « ressouder les liens entre la France et l’Algérie », selon Matignon.
Après la visite effectuée, fin août, par le président français Emmanuel Macron, c’est autour de la Première ministre Elisabeth Borne de se rendre en Algérie pour une visite officielle prévue les 9 et 10 octobre prochain. La visite de la chef du gouvernement français vise d’ailleurs à « concrétiser le partenariat conclu entre les chefs des deux États fin août », indique un communiqué de Matignon annonçant cette visite.
Pour cette visite de 48 heures à Alger, la première pour Élisabeth Borne à l’étranger, les services de Matignon s’y préparent depuis plusieurs semaines. Le déplacement d’Elisabeth Borne à Alger constitue aux yeux de Paris un enjeu capital. Il suffit, en effet, de voir le nombre important de ministres qui accompagneront Elisabeth Borne en Algérie pour s’en rendre compte.
Les ténors du gouvernement français accompagneront Elisabeth Borne à Alger
En effet, dans son édition du lundi 3 octobre, le journal Le Figaro a révélé que pas moins de 16 ministres du gouvernement français seront du voyage d’Élisabeth Borne à Alger. Il s’agit notamment des poids lourds du gouvernement français et détenteurs de portefeuilles sensibles. Bruno Le Maire (Économie), Gérald Darmanin (Intérieur), Catherine Colonna (Affaires étrangères), Olivier Dussopt (Travail), Agnès Pannier-Runacher (Transition énergétique), Pap Ndiaye (Éducation nationale) ou encore Rima Abdul Malak (Culture), seront du voyage, selon Le Figaro.
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« Cela montre l’étendue des sujets qui seront évoqués » entre les délégations françaises et algériennes lors de cette visite d’Elisabeth Borne à Alger, insiste-t-on à Matignon. Il s’agit de participer à la 5e session du Comité intergouvernemental de haut niveau (CIHN), un format qui rassemble les gouvernements algérien et français. Ce Comité, qui ne s’est plus réuni depuis décembre 2017, sera consacré à plusieurs questions liées notamment à l’économie, la transition écologique et la jeunesse.
Plusieurs dossiers au menu de la visite d’Elisabeth Borne à Alger
Selon de nombreux observateurs, la visite d’Élisabeth Borne en Algérie devra concrétiser sur le terrain le contenu de la déclaration commune du 27 août dernier des deux chefs d’État, algérien et français. Abdelmadjid Tebboune et son homologue français Emmanuel Macron avaient insisté sur « la relance des liens bilatéraux ». Les deux dirigeants avaient notamment ouvert la voie à un assouplissement du régime de visas accordés par la France aux Algériens, en échange d'une coopération « accrue » d'Alger dans la lutte contre l'immigration illégale.
Les médias français ont également évoqué la question énergétique, en affirmant que cette visite d’Élisabeth Borne en Algérie sera une occasion pour Paris de négocier une possible augmentation des livraisons de gaz algérien en direction de la France, qui fait face à une crise énergétique alimentée par la guerre en Ukraine. Bien entendu, la question sensible de la mémoire sera aussi au menu des discussions entre les deux gouvernements. Cela devrait se concrétiser par l’installation de la commission d'historiens algériens et français qui aura à examiner « sans tabou » les archives des deux pays.
La stratégie, bien rodée depuis la Centrafrique (RCA), se répète aujourd’hui au Burkina Faso : de jeunes officiers appuyés par des civils tout aussi jeunes se lancent à la conquête du pouvoir, le drapeau russe à la main, comme on peut le voir dans les rues de Ouagadougou depuis le vendredi 30 septembre. Leurs cibles ? Le palais présidentiel et la France.
Si à cette heure il semble bien que les putschistes emmenés par le capitaine Ibrahim Traoré aient pris l’ascendant sur le lieutenant-colonel Paul-Henri Damiba – lui-même arrivé au pouvoir par un coup d’État en janvier –, la France est sérieusement prise à partie par les nouveaux mutins depuis vendredi.
Guerre par procuration
Un mouvement violent aux racines et aux causes multiples, qui entre en résonance avec le projet russe de chasser et remplacer Paris dans son ancien pré carré. La stratégie suivie par Moscou fait écho au troisième chapitre des 36 Stratagèmes (1) : « Tuer un ennemi avec une épée d’emprunt. »
Ce principe a été appliqué à la lettre par les Russes, d’abord en Centrafrique à partir de 2018. Profitant de la lassitude et d’un manque de vigilance du Quai d’Orsay pour ce pays plongé dans une profonde et affreuse guerre civile depuis 2012, Moscou a ainsi envoyé des armes et des instructeurs à Bangui pour soutenir le président Touadéra, mis en difficulté par une multitude de groupes armés.
Dans les bagages de ces instructeurs se trouvaient les mercenaires de la société privée russe Wagner : une société qui très vite a pris la main sur le palais présidentiel et les forces armées centrafricaines en échange de concessions minières. Le déploiement de Wagner s’est accompagné d’une virulente campagne antifrançaise dans la presse et sur les réseaux sociaux centrafricains, ciblant Paris, les journalistes et les intérêts français dans le pays.
Résultat ? Dans cet ancien bastion de la France en Afrique, les Russes sont désormais chez eux. L’Élysée a même acté le rapatriement de ses 130 derniers soldats de sa base de M’Poko d’ici à la fin de l’année, comme l’a confirmé à La Croix une source militaire. Une décision historique, du jamais-vu depuis l’indépendance de la RCA, prise tout juste neuf ans après le déclenchement de l’opération Sangaris, l’intervention française décidée par François Hollande en décembre 2013.
Messages abracadabrantesques
Ce scénario s’est reproduit dans un autre pays fragilisé par une grave crise sécuritaire et par un régime incapable d’y faire face, le Mali. Après avoir renversé le président démocratiquement élu, le francophile Ibrahim Boubacar Keïta, le 18 août 2020, la junte au pouvoir s’est divisée entre les partisans de la collaboration avec les Occidentaux – la France et l’Union européenne en premier lieu – et ceux qui voulaient s’en affranchir. Ces derniers ont pris la main lors d’un deuxième coup d’État, le 24 mai 2021, adoptant vis-à-vis de Paris une attitude agressive, aidés en cela par les discours peu aimables à leur égard du président Emmanuel Macron, de la ministre des armées Florence Parly et du ministre des affaires étrangères Jean-Yves Le Drian.
Bamako s’est alors tout naturellement tourné vers ceux qui leur tendaient les bras, la Russie et la société Wagner. C’est ainsi que les premiers mercenaires et instructeurs russes se sont déployés dans ce pays dès la fin de l’année 2021. Une arrivée qui s’est accompagnée aussitôt d’une violente campagne antifrançaise sur les réseaux sociaux. « Des fermes à troll payées par les Russes nous attaquent en batterie», déplorait à la fin du mois de décembre 2021 une source à l’Élysée.
Assurées de la protection de Moscou – mais aussi de l’Algérie, de la Turquie et de la Chine, trois puissances peu favorables à la France sur le continent –, les autorités maliennes ont accusé les Français de tous les maux, allant jusqu’à affirmer qu’ils étaient les complices des groupes terroristes. Fausses informations, propagande, montages, les réseaux sociaux sont envahis de messages abracadabrantesques mettant en cause le rôle de la France dans le Sahel. Un discours qui a conduit Paris à rompre avec Bamako et à mettre un terme précipitamment à l’opération Barkhane au Mali en février 2022 : les derniers soldats français ont quitté le nord du pays le 15 août dernier.
Réponses de la France
Ayant pris tardivement conscience de cette guerre hybride dont elle est la cible, la France tente de riposter en prenant au sérieux la dimension « réseaux sociaux » de la stratégie russe (et de ses alliés). Non seulement elle prend en compte désormais la « guerre informationnelle », la guerre d’influence sur les réseaux et dans les médias, mais elle tente de renforcer ses liens avec les pays ciblés dans son ancien pré carré par la stratégie russe.
Parmi eux, le Niger, la pierre d’angle de la réarticulation de Barkhane au Sahel. Mais aussi le Cameroun, qui s’ouvre de plus en plus à la Russie, comme en témoigne la signature d’un accord de coopération militaire entre les deux pays le 12 avril dernier – soit près de deux mois après le début de l’invasion russe de l’Ukraine. Une bascule qu’Emmanuel Macron a tenté de contrarier cet été en se rendant personnellement à Yaoundé.
(1) Célèbre traité chinois de stratégie consacré aux moyens de l’emporter sur un adversaire.
L’Algérie est très dépendante de la rente pétrolière et donc très sensible à la fluctuation des cours. La diversification de son économie est un enjeu important. Dans cette optique, depuis plusieurs mois, les autorités mettent l’accent sur le développement de l'entrepreneuriat et des startups.
Ouda Abbes - ingénieur de formation – a fondé à Oran la startup Ogarini en 2019 : « La traduction de Ogarini c’est ‘trouve-moi une place de stationnement’ », explique-t-il. Ouda Abbes gère alors un parking, mais peine à le remplir alors que le stationnement est compliqué. Lui vient alors l’idée d’une application pour optimiser la gestion des places et des demandes.
Ogarini, aujourd’hui, c’est une cinquantaine de parking et dix employés : « Au début, ça a été un petit peu difficile, raconte-t-il, parce que le terme de startup, en 2019, le gouvernement algérien, il ne le connaît pas. Moi, mon idée de stationnement, je n’aurais jamais pensé qu'un jour, je pourrais gérer. C’est une petite idée, petit à petit, j’ai commencé à élaborer, j’ai même commencé à gérer un parking malgré que tout le monde m’ait dit que ce n’était pas mon domaine, mais maintenant l’entreprise est rentable à 200%. »
Pour lui, il faut en finir avec l’image des jeunes qui cherchent une place dans les administrations : « Avant, on fait des petits boulots. Tous les jeunes Algériens maintenant cherchent à entreprendre. »
Une évolution dans les mentalités
Les autorités dénombrent la création de 750 startups créées depuis 2021, assurent les autorités. Une dynamique que constate également Hichem Mebarki. Il est le co-fondateur de Makers Lab, un incubateur et accélérateur de startup à Oran. « Il y a un engouement vers la création de richesses, observe Hichem Mebarki, et ce sont des jeunes qui préfèrent vraiment régler les problèmes du quotidien en créant des startups dans les services. »
Hichem Mebarki a créé sa première startup il y a une dizaine d’années, il note également une évolution politique :
L’écosystème est en train de se construire. On va dire qu'en maximum une semaine, on peut créer son entreprise alors qu’avant, ça prenait beaucoup plus de temps. Il y a aussi des avantages, administratifs ou même fiscaux. Donc, le cadre juridique légal a évolué, ça facilite la création de ces startups. Maintenant, quand on parle de startup, il y a des gens, il y a des évènements, il y a même un ministère dédié. Ça a vraiment beaucoup évolué, je peux en témoigner personnellement.
Des fuites des camps du polisario à Tindouf ont révélé l’arrivée récemment d’importantes quantités d’armes sophistiquées russes pour moderniser l’arsenal du front séparatiste.
Il s’agit d’armes qui font partie des commandes massives effectuées début 2022 par l’armée algérienne à la Russie.
Des achats tellement importants qu’ils sont devenus une source d’inquiétude aux Etats-Unis, où des membres du Congrès ont exigé des sanctions contre le régime algérien, accusé de financer l’effort de guerre de Poutine en Ukraine.
Auparavant, la junte militaire du général Said Chengriha a équipé le polisario pour près de 850 millions de dollars juste entre 2021 et 2022 en armes légères, de pièces d’artillerie montées sur des véhicules, des munitions d’origine russe.
En effet, le pouvoir algérien continue de renforcer l’arsenal russe du polisario, le groupe terroriste de Brahim Ghali, établi à Tindouf, une localité située dans le sud ouest de l’Algérie.
Sous la présidence de Abdelmadjid Tebboune, le pouvoir algérien, encouragé par la crise du gaz en Europe et les revenus qu’il tire en dollars, outrepasse les sanctions américaines dans la loi Countering America’s Adversaries Through Sanctions Act (CAATSA).
Des députés du Congrès américain, républicains et démocrates, conduits par Lisa McClain, ont exigé dans une lettre adressée jeudi dernier au Secrétaire d’Etat, Antony Blinken, des sanctions contre l’Algérie pour l’achat massif d’armes russes en violation de cette loi CAATSA.
Pour les USA, la Russie est le plus grand fournisseur d’armes militaires à l’Algérie, qui est une menace pour toutes les nations du monde, selon la députée Lisa McClain.
«Rien que l’année dernière, l’Algérie a finalisé un achat d’armes avec la Russie pour un total de plus de 7 milliards de dollars. Dans cet accord, l’Algérie a accepté d’acheter des avions de combat russes avancés, y compris Sukhoi 57 », sachant que «la Russie n’avait jusqu’à présent, accepté de vendre cet avion particulier à aucune autre nation».
«Ce transfert militaire a fait de l’Algérie le 3ème destinataire d’armes russes au monde », relèvent les cosignataires de la lettre publiée ce jeudi 29 septembre sur le site officiel de la Chambre des représentants des Etats-Unis.
Pour rappel, le polisario a tissé des liens stratégiques et tactiques avec des groupes terroristes jihadistes en Afrique ainsi que le Hezbollah chiite libanais et les iraniens, des mercenaires installés dans des bases en Algérie, aguerris à la guerre asymétrique.
Malgré les signaux adressés par les Etats Unis d’Amérique (USA) aux responsables algériens depuis des mois sur l’Ukraine, la Russie, le groupe Wagner, les dirigeants algériens civils, militaires et leurs familles, qui profitent des intérêts juteux de leurs positions despotiques, continuent de s’obstiner, mais ils se retrouvent dans la ligne de mire des sanctions pour tous ceux impliqués dans le financement de la machine de guerre russe.
Dans la nuit du 22 au 23 septembre 1997, la ville de Bentalha, au sud d’Alger, a connu un massacre qui a coûté la vie à des centaines de personnes. Aujourd’hui, malgré le chômage, la commune s’est métamorphosée en dynamique banlieue.
En cette journée chaude de septembre, le centre de soutien psychologique de Bentalha, à 15 kilomètres au sud d’Alger, déborde de vie. Comme dans une crèche, des éducatrices accompagnent les enfants à la cantine pendant que d’autres répondent aux sollicitations des parents.
En raison de la chaleur écrasante, les terrains de sport et les installations de loisirs à l’intérieur de ce petit domaine restent déserts en attendant que le temps se rafraîchisse en fin de journée. Les effluves des repas préparés dans les cuisines aiguisent les appétits des petits comme des grands.
Pendant que tout le monde s’affaire, Azedine Boutrik veille sur le bon fonctionnement de l’établissement que gère la Fondation nationale pour la promotion de la santé et le développement de la recherche (FOREM).
Le jeune trentenaire, brun et longiligne, est coordinateur de cet espace jadis dédié à des enfants traumatisés par la guerre entre l’armée au pouvoir et des groupes islamistes armés au milieu des années 1990, la tristement célèbre décennie noire.
Il nous reçoit sans protocole, dans l’immense bibliothèque située à l’étage du bâtiment principal. Autour, des étagères remplies de livres et des tables entourées de chaises. Sur certains murs de la salle de lecture, autour de canapés posés pour recevoir des invités, sont collés des dessins qui rappellent le passé tragique de la ville.
« Ce sont des croquis d’enfants victimes de terrorisme. Nous avons gardé les dessins des premiers jours de leur arrivée dans le centre et ceux des semaines suivantes : l’évolution est nette », explique Azedine à Middle East Eye. Il nous montre deux dessins d’un même enfant ; dans le premier, il a dessiné des scènes d’horreurs, dans le second, la scène a changé : On voit une maison fleurie devant laquelle des enfants jouent tranquillement. Il nous renvoie 25 ans en arrière.
« Des scènes d’horreur »
Dans la nuit de 22 au 23 septembre 1997, des dizaines d’islamistes armés font irruption dans plusieurs quartiers de la petite localité de Bentalha.
Parmi les maisons plongées dans l’obscurité, seuls les cris des victimes et les sifflements des balles brisent le silence de cette nuit maudite. Au petit matin, une fois le calme revenu, les habitants, tout comme les journalistes alertés à l’aube, découvrent l’horreur : de 200 à 400 morts selon les bilans, des deux sexes, de tous âges.
« Nous avons fait le tour de toutes les maisons touchées. C’étaient des scènes d’horreur. Mais à ce jour, je ne sais toujours pas ce qu’il s’est passé cette nuit-là », témoigne à MEE Hocine Yacef, 80 ans.
Selon les médias et les repentis (combattants islamistes qui se sont rendus), les massacres comme celui de Bentalha répondaient à une logique de vengeance du Groupe islamique armé (GIA), qui reprochait aux Algériens – en particulier dans ce quartier où vivaient des membres du Front islamique du salut (FIS), formation politique concurrente – de ne pas avoir voulu rejoindre le camp qui cherchait à instaurer un État islamique.
« Certains ont réussi leur vie. C’est le cas d’un informaticien qui est bien installé et qui vient nous donner un coup de main de temps à autre »
- Azedine Boutrik, directeur du centre de soutien psychologique de Bentalha
Cet ancien professeur d’histoire à la retraite habite le quartier Hai-Djilali, qu’il avait rejoint six ans avant le drame. De la terrasse de son imposante maison encore inachevée, construite dans sa propriété située au coin d’une rue, avec sa famille, ils ont entendu les cris et les coups de feu.
Puis, une fois les funérailles terminées, la vie a repris son cours.
Pour faire face au traumatisme de dizaines d’enfants qui ont quasiment tout perdu, la FOREM a installé un centre d’aide psychologique juste après la tuerie. Des dizaines d’enfants orphelins y ont été accueillis. Aujourd’hui guéris, ils ont tous quitté le centre.
« Certains ont réussi leur vie. C’est le cas d’un informaticien qui est bien installé et qui vient nous donner un coup de main de temps à autre », confie fièrement Azedine Boutrik.
Vingt-cinq ans après les faits, le centre de la FOREM a changé de vocation. Il accueille désormais 220 orphelins de toute la région, pris en charge grâce à des donateurs qui font office de parrains en prenant en charge un ou plusieurs enfants.
À l’image du centre d’assistance psychologique, tout Bentalha – qui compte plus de 25 000 habitants – a changé. En dehors des impacts de balles qui demeurent encore visibles sur une maison ou des cicatrices physiques ou psychologiques, il ne reste plus rien de cette nuit d’horreur.
VIDÉO : Le jour où l’Algérie bloqua la prise de pouvoir des islamistes
Les routes et venelles du village construit sur les terres agricoles de la Mitidja (plaine autour d’Alger) sont toutes goudronnées. Des espaces verts donnent un aspect luxuriant à certains endroits malgré la sécheresse qui sévit en cette fin d’été.
À proximité du quartier de Boudoumi, l’un des plus touchés par le drame, est construite une cité constituée de 700 logements sociaux, édifiés notamment pour faire face à la pression démographique liée à l’arrivée de nouveaux habitants au début des années 2000. On y trouve une école, des administrations, un bureau de poste et des commerces de proximité.
À l’autre extrémité du village, au nord, les autorités ont construit un ensemble de terrains sportifs de proximité. À l’ouest, un énorme projet de complexe sportif comprenant un stade, une piscine et un hôtel est en construction. Il s’ajoute au Centre de préparation des équipes nationales de football bâti dans la commune voisine de Sidi Moussa.
« Le chômage, le plus grand problème »
Au milieu des immeubles carrés, sans relief, des jeunes se retrouvent en petits groupes. Comme dans de nombreux quartiers populaires, les jeunes de Bentalha, nés majoritairement après 1997, sont au chômage.
« Nous n’avons pas de travail. Ici, il n’y a rien. Les responsables nous rendent visite, repartent, et nous, nous restons ici à compter les heures »
- Un jeune de Bentalha
« Nous n’avons pas de travail. Ici, il n’y a rien. Les responsables nous rendent visite, repartent, et nous, nous restons ici à compter les heures », témoigne un jeune homme qui, par méfiance, refuse de donner son identité. Il retourne discuter avec ses amis.
« Ici, le plus grand problème est le chômage », abonde Hocine Yacef.
À l’image de nombreux résidents de Bentalha, Mohamed Ait-Youcef, qui a loué récemment une petite maison dans le quartier, est au chômage. Il espère que la construction du complexe sportif ou encore l’aménagement de l’oued el-Harrach, le fleuve situé en bordure de la commune, pourront offrir quelques débouchés. Sans plus.
Un responsable de la commune confie à MEE que le taux de chômage y dépasse les 35 %, notamment parmi les jeunes.
En attendant l’implantation de nouvelles entreprises pour absorber le chômage, les autorités tentent d’améliorer le cadre de vie des habitants. Elles ont organisé, en 2018, une campagne de reboisement. Des milliers d’arbres ont été plantés, donnant une vue pittoresque à cette localité dont les champs agricoles, jadis fertiles, sont désormais couverts de béton : des dizaines d’immeubles flambant neufs sont prêts à accueillir des milliers de nouveaux habitants. Une manière de donner un nouvel aspect à cette localité.
En diffusant des images violentes des années 1990, la télévision d'État scandalise les Algériens
Erreur de communication ou volonté politique de « terroriser » la population ? Médias, politiques et société civile s’interrogent sur les raisons qui ont poussé la télévision publique à diffuser des images particulièrement violentes de la décennie noire
Des Algériennes en larmes après un massacre perpétré le 6 janvier 1997 à Douaouda, l'ouest d'Alger, au cours duquel dix-huit personnes ont été tuées (AFP)
« Terrifiantes, insoutenables, traumatisantes ». Le quotidien francophone El Watan a utilisé ce dimanche des adjectifs très forts pour qualifier les images diffusées par la télévision officielle. Et il n’est pas le seul.
À l’occasion du douzième anniversaire de la Charte pour la réconciliation nationale, la télévision publique a diffusé un documentaire, intitulé « Pour ne pas oublier », montrant des images très dures « d’enfants déchiquetés, de cadavres brûlés et de têtes coupées », recense le quotidien en parlant de « propagande de l’horreur ».
Adoptée par référendum le 29 septembre 2005, cette Charte voulait – après dix ans de guerre civile pour laquelle les ONG ont dressé un bilan de 200 000 morts – couronner un processus de réconciliation à travers différentes mesures : l’élargissement des extinctions de poursuites judiciaires contre les islamistes armés et la prise en charge de leurs proches en échange de leur reddition ; l’indemnisation des familles de disparus ; et l’immunité judiciaire des agents de l’État impliqués dans la lutte antiterroriste et soupçonnés par les ONG de violations des droits de l’homme (torture, disparition forcée et exécution extrajudiciaire).
« Cela est d’autant plus choquant que la démarche est ‘’vendue’’ comme une opération de propagande au service d’un seul et unique homme : le chef de l’État, Abdelaziz Bouteflika », s’indigne El Watan.
Alors que le quotidien arabophone Echorrouk regrette l’absence d’avertissement pour les plus jeunes, un autre journal, Liberté, s’interroge sur cette diffusion « dans la foulée de la sortie d’Ouyahia [le Premier ministre] devant les parlementaires où il a dépeint une situation chaotique du pays », et dénonce « un chantage à la terreur ».
Certains politiques de l’opposition y voient aussi une manœuvre politique. « Sans aucun avertissement, le régime, dans sa panique, veut terroriser par l’image, pour faire accepter ses mesures impopulaires et donner une virginité à un pouvoir qui a mené le pays à la faillite », peut-on lire sur la page Facebook d’Atmane Mazouz, député du Rassemblement pour la culture et démocratie (RCD, opposition).
Le Mouvement de la société pour la paix (MSP, islamistes) contextualise ce « recours à l’exploitation des images de la tragédie nationale pour nous le [Abdelaziz Bouteflika] présenter comme le sauveur de la nation », en l’absence de « réalisations concrètes sur le plan économique, politique et social ».
Pour le site TSA, qui parle de « terrorisme audiovisuel », le documentaire, « tellement mal fait », non seulement ne sert pas le président, mais « met à nu la barbarie des terroristes qui ont été pardonnés, sans aucun procès, par le texte de réconciliation nationale, mis en branle de manière collective et sans débat à partir de 2005. »
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Par
MEE
Published date: Dimanche 1 octobre 2017 - 17:01 | Last update:5 years 1 day ago
Nadia Kaci : « Pour les Algériens, les années 1990, c'est dans les tripes »
Le 26 avril sort « À mon âge, je me cache encore pour fumer », premier film de Rayhana. Du tournage, des femmes, de l'Algérie : Nadia Kaci, une des comédiennes, s'est confiée à MEE
« À mon âge, je me cache pour fumer », le premier film de Rayhana, est un huis clos nerveux dans un hammam algérien pendant la décennie noire (Films du losange)
Dans l’humidité et l’intimité du hammam se dénudent les corps et les cœurs. On y prend soin de son corps pour oublier les bleus que portent l’âme, tatouages infamants.
Avec « À mon âge, je me cache encore pour fumer », qui sortira en salles en France le 26 avril, la caméra de Rayhana, metteur en scène et comédienne franco-algérienne, signe un premier long métrage percutant, sachant capter ces moments de mises à nu, des tensions que portent les premières victimes de la société patriarcale et machiste.
Rayhana s’est entourée presque exclusivement de femmes. La productrice, Michèle Ray-Gavras, qui pousse Rayhana à adapter sa pièce et à réaliser le film, est la femme de Costa, celui qui a filmé la Grèce, Salonique exactement, à Alger, pour « Z ! » en 1969.
On y retrouve aussi les comédiennes palestinienne Hiam Abbas, française Fadila Belkebla ou encore les Algériennes Biyouna et Nadia Kaci. Cette dernière raconte à Middle East Eye les secrets de tournage du film, tourné pour les extérieurs à Alger et pour les scènes du hammam, à Salonique en Grèce, dans un des plus vieux hammams turcs (transformé en musée d’ailleurs et datant de 1444).
Middle East Eye : Comment vous êtes-vous retrouvée à jouer dans ce film ? Qu’est-ce qui a motivé votre choix ?
Nadia Kaci : Il y une quinzaine d’années, Rayhana m’avait proposé de jouer dans la pièce du même nom, mais, à mon grand regret, je ne pouvais pas car j’étais engagée sur d’autres projets. Mais j’avais adoré le texte. Lorsqu’elle est revenue vers moi avec son projet de film, j’étais ravie, pour plusieurs raisons. Je trouvais que la réécriture scénaristique était très réussie.
La décennie noire y est abordée pour la première fois au cinéma sous un angle exclusivement féminin. Le hammam, où les femmes viennent se laver, se livrer, yanahiw diqt el khater [retirer l’oppression de l’être], comme on dit en Algérie dans une expression que j'aime beaucoup. Et cela, dans un des rares espaces qui leur est dédié. Plus d’hommes pour les juger ! Du coup, la parole est libérée, vivante et drôle ! Avec beaucoup moins de tabous. Elles parlent d’elles, de leurs intimités, de leurs inquiétudes avec beaucoup d’humour et de dérision.
Par ailleurs, j'ai aimé le rôle de Keltoum, cette femme mariée depuis dix ans avec un homme dont elle reste très amoureuse. Et elle dit tout haut son désir pour cet homme, sans tabou, avec beaucoup de naturel, comme une sorte d’hymne à la vie.
Enfin, j’ai toujours été révoltée par la condition douloureusement inégalitaire des femmes en Algérie, par leur position de souffre-douleur et par les violences qu'elles subissent ! Même si beaucoup continuent à se battre, il y a une grande régression. J’avais appris aussi que toutes les comédiennes vivant en Algérie, à qui Rayhana avait proposé des rôles, avaient refusé, le plus souvent parce qu’elles avaient peur d’éventuelles représailles. M’inscrire dans ce projet me paraissait vraiment important.
MEE : Comment se passe un tournage avec une équipe presque exclusivement féminine ?
NC : Ce tournage m’aurait paru compliqué avec des techniciens hommes. Le hammam est un lieu où la nudité ou la semi-nudité est une chose qui va de soi dans notre société en l'absence d’hommes. Mais je pense que même les actrices et les figurantes grecques étaient plus à l’aise sans le regard d’hommes sur le plateau. On n’y pensait pas. C’était simple.
Le fait de participer à un film que nous portons ensemble, qui ne va pas seulement distraire mais aussi faire réfléchir, qui va faire du bien, a probablement créé une forte complicité. Et cela, au-delà des affinités qui peuvent se créer habituellement en fonction des personnalités des unes et des autres.
Aussi, nous parlions beaucoup de la situation politique avec l’équipe grecque, car nous avons tourné à l’époque du référendum [pour que les Grecs s'expriment en faveur ou contre les mesures d'austérité proposées par les instances financières internationales]. Et c’était passionnant.
MEE : Comment ce film a été reçu par le public ?
NC : Jusqu’ici, les avant-premières ont été très émouvantes. Le film a été vu pour la première fois à Tunis. Il a été ovationné. Au festival Premiers plans à Angers, le film a eu droit à une standing ovation d’une dizaine de minutes. On ne s’y attendait absolument pas. Je n’avais pas vécu cela depuis fort longtemps. Même chose au Festival de femmes de Créteil et à celui de Thessalonique, où il a obtenu le prix du public. Nous sommes toujours surprises et émues. Nous avons fait certains festivals toutes ensemble et c’était super de se retrouver ailleurs et autrement que pour le travail.
MEE : Est-ce que le cinéma algérien est « condamné » à toujours revenir sur les années 1990 ?
NC : Quand une société a été traumatisée comme l’a été la nôtre, on y revient de façon instinctive. C’est dans les tripes. On a besoin d’en parler, de revenir là-dessus. La politique de « réconciliation » mise en place par l'État a été très mal gérée et c’est une blessure supplémentaire qu’on inflige aux victimes. Les Algériens n’en sont pas sortis indemnes et ne sont pas guéris de leurs blessures.
Par
Adlène Meddi
Published date: Lundi 24 avril 2017 - 22:15 | Last update:3 years 3 months ago
Après le sénateur américain du parti républicain de Floride, Marco Rubio, des membres du Congrès américain ont adressé une lettre au Secrétaire d’État, Antony Blinken, à travers laquelle ils lui ont exprimé leur inquiétude quant aux relations entre l’Algérie et la Russie, notamment dans le domaine militaire.
Hier, 27 membres du Congrès américain ont adressé une lettre au Secrétaire d’État, Antony Blinken, pour lui faire part de leurs préoccupations concernant les relations, « toujours croissantes », qui lient l’Algérie et la Russie.
Dans leur lettre, les 27 signataires ont indiqué que « la Russie est le premier fournisseur d’armes pour l’Algérie ». Avec, d’après eux, « un contrat d’une valeur totale de plus de 7 milliards de dollars, signé l’an dernier ».
« L’Algérie, 3ᵉ importateur d’armes russes au monde »
En outre, les 27 membres du Congrès américain ont souligné le fait que « l’Algérie aurait accepté d’acquérir des avions de chasse russes très développés, tels que le Sukhoi 57, que la Russie aurait refusé de vendre à aucun autre pays jusqu’à présent ». Ainsi, poursuivent les contestataires, « ces échanges militaires font de l’Algérie le troisième plus grand importateur d’armes russes dans le monde ».
En s’adressant au Secrétaire d’État, les 27 députés ont rappelé le fait « qu’en 2017, le Congrès avait adopté la loi Countering America’s adversaries Through Sanctions Act (CAATSA) ». Notant que cette loi « permet au Président américain d’imposer des sanctions contre toute partie s’engageant sciemment dans une transaction importante avec des représentants des secteurs de la défense ou du renseignement du Gouvernement de la Fédération de Russie ».
Pour les 27 députés américains, « le récent achat d’armes entre l’Algérie et la Russie serait clairement considéré comme une transaction importante, en vertu de la CAATSA ». « Pourtant, aucune sanction à votre disposition n’a été élaborée par le Département d’État », ont-ils encore souligné.
Des députés américains appellent à sanctionner l’Algérie
Pour argumenter leur position contre l’Algérie, ces 27 membres du Congrès américain ont expliqué le fait que « la Russie aurait besoin de fonds pour continuer de financer la guerre en Ukraine ». Notamment « après avoir suspendu les livraisons de gaz naturel russe vers les pays européens, ce qui aurait eu un impact sur les revenus de l’État », ont-ils noté.
Ainsi, poursuit les 27 signataires, « il est crucial que le Président Biden et son administration se préparent pour sanctionner ceux qui tentent de financer le Gouvernement russe et sa machine de guerre, à travers l’achat d’équipements militaires ».
« Par conséquent, nous vous demandons de commencer à appliquer immédiatement des sanctions importantes contre les membres du Gouvernement algérien qui ont été impliqués dans l’achat d’armes russes.Les États-Unis doivent envoyer un message clair au monde que le soutien apporté à Vladimir Poutine et les efforts de guerre barbare de son régime ne seront pas tolérés », conclut la lettre des 27 députés américains.
Le sénateur Marco Rubio inquiet des relations entre l’Algérie et la Russie
Dans ce méme contexte, il convient de rappeler que le 15 septembre dernier, le sénateur américain du parti républicain de Floride, Marco Rubio, avait adressé une lettre au Secrétaire Blinken, à travers laquelle « il s’était dit inquiet des achats de matériel de défense en cours entre l’Algérie et la Russie ». Et ce, en saisissant l’occasion pour rappeler aussi la loi « Countering America’s Adversaries Through Sanctions Act».
En effet, le sénateur du parti républicain avait noté le fait que « l’Algérie figurait parmi les principaux acheteurs mondiaux d’équipements militaires russes », avec « un contrat de plus de 7 milliards de dollars en 2021 ».
Tout en saluant «la contribution exceptionnelle de l'Algérie à la diplomatie mondiale multilatérale au service des objectifs de paix et de stabilité et pour le règlement des conflits par des voies pacifiques (...)», Antonio Guterres a confirmé, lundi, sa présence au Sommet arabe d'Alger, prévu les 1 et 2 novembre prochain.
Le SG de l'ONU s'adressait à Ramtane Lamamra qui lui a remis une lettre d'invitation au Sommet arabe d'Alger pour en être un invité d'honneur à l'instar du président sénégalais, Macky Sall, en sa qualité de président en exercice de l'Union africaine (UA) et azerbaïdjanais, Ilham Aliyev, de président en exercice du Mouvement des Non-alignés.
Comme les présidents des deux organisations, Guterres a confirmé sa présence à «une étape déterminante dans l'action arabe commune, afin d'assurer une contribution effective du monde arabe à relever les défis actuels sur les scènes régionale et internationale», a assuré le MAECNE. Les deux diplomates ont discuté à New York des «(...) efforts consentis par l'Algérie pour promouvoir la paix et la stabilité en Libye, au Mali et dans la région sahélo-saharienne, outre ses efforts visant à consolider l'unité nationale palestinienne et à reprendre le processus de paix au Moyen-Orient à travers la relance de l'initiative arabe de paix». Ils ont en outre, débattu «des perspectives de parachèvement du processus de décolonisation du Sahara Occidental, sous la conduite du représentant personnel du Secrétaire général, Staffan de Mistura, pour amener les parties au conflit, le Maroc et la République sahraouie, à poursuivre les négociations directes en vue de parvenir à une solution durable, équitable, et acceptable pour les deux parties, qui garantit le droit inaliénable et imprescriptible du peuple sahraoui à l'autodétermination et à l'indépendance».
Le ministre a mis en avant «la détermination de l'Algérie à intensifier ses efforts (...) pour encourager les facteurs d'intégration économique et de développement intégré, et d'atteindre les objectifs de développement durable et de renforcer les piliers de la paix et de la sécurité dans la région». De ces questions, beaucoup sont, en principe, inscrites à l'ordre du jour du Sommet arabe d'Alger.
En premier, la question palestinienne pour laquelle «l'Algérie poursuit ses efforts visant à renforcer l'unité nationale entre les frères palestiniens à la lumière de l'initiative de réconciliation lancée par le président de la République, Abdelmadjid Tebboune» et dont «la résolution demeure la clef de voûte pour le rétablissement de la sécurité et la stabilité dans la région du Moyen-Orient, en consacrant le droit du peuple palestinien frère à établir son Etat indépendant dans le cadre des frontières du 4 juin 1967, avec Al-Quds comme capitale».
Le Roi du Maroc invité au Sommet d'Alger
Le conflit sahraoui au sujet duquel l'Algérie appelle les Nations Unies à «redoubler les efforts afin de permettre aux deux parties au conflit, le Maroc et la République sahraouie, de reprendre le processus des négociations directes (...)». Le dossier libyen et l'«inévitable de s'attaquer en priorité au cœur de la crise en mettant fin à l'ingérence étrangère sous ses diverses formes dans les affaires de ce pays (...), pour avancer vers la réalisation des objectifs de la réconciliation nationale et l'organisation d'élections libres et régulières (...)». Le Mali pour lequel en tant que chef de file de la médiation internationale et présidente du Comité de suivi de la mise en œuvre de l'Accord de paix et de réconciliation nationale issu du processus d'Alger», l'Algérie appelle la communauté internationale «à soutenir les parties maliennes dans le but d'accélérer le rythme de concrétisation de leurs engagements en vertu de l'accord...», en plus «des situations «de fragilité au Sahel». Alger discutera certainement des crises, au Yémen, en Syrie et en Irak.
L'on rappelle que le président de la République a envoyé dès le 5 septembre dernier, des émissaires pour remettre ses lettres d'invitation aux chefs d'Etats et souverains arabes pour assister au Sommet d'Alger.
Parmi eux, le président de l'Etat de Palestine, Mahmoud Abbas, égyptien Abdel-Fattah Al-Sissi, l'Emir de l'Etat du Koweït, Cheikh Nawaf Al-Ahmad Al- Jaber Al-Sabah, l'Emir de l'Etat du Qatar, Tamim ben Hamad Al Thani, le président de l'Etat des Emirats arabes unis, cheikh Mohammed Ben Zayed Al Nahyane, le Sultan d'Oman, Haitham ben Tarek, le président mauritanien, Mohamed Ould Cheikh El-Ghazaouani, le Roi de Bahreïn, Hamed Ben Issa Al Khalifa, le président du Conseil présidentiel libyen, Mohamed Yunus al-Menfi, le Roi de Jordanie Abdallah, le président tunisien, Kaïs Saïed, Libanais, Michel Aoun, du Conseil soudanais de souveraineté transitoire, le général Abdel Fattah al-Burhan du Djibouti, Ismaël Omar Guelleh, irakien, Barham Salih et enfin le Roi d'Arabie Saoudite, Salmane Ben Abdelaziz Al-Saoud.
Tous les dirigeants des Etats membres de la Ligue arabe ont confirmé leur participation au 31ème Sommet tout en affirmant «leur volonté de concourir à sa réussite».
Hier, mardi, le ministre de la Justice, Abderrachid Tabi a remis aux mains du ministre marocain des Affaires étrangères, Nacer Bourita à Rabat, une lettre d'invitation au Sommet d'Alger, du Président Tebboune au Roi du Maroc, Mohamed VI.
« Les Algériens ont une peur terrible de la différence », tel est le verdict abrupt que le poète et romancier Mustapha Benfodil livre à son collègue Youcef Zirem. Ce dernier a entrepris d’interroger vingt-deux écrivains algériens à propos de leur trajectoire, de leur art, de leurs engagements et de leur rapport à un pays en proie à un système politique qui ne tolère aucune contestation. À l’exception de Boualem Sansal, la plupart des auteurs qui s’expriment sont peu ou pas connus en France. Loin des clichés et des normes d’une grande partie du milieu littéraire français, qui continue d’entretenir une relation ambiguë avec l’Algérie et ses écrivains, ces « Algériens ont des choses à dire sur eux-mêmes », affirme ainsi Chawki Amari. La nécessité impérieuse d’écrire y compris lorsque le climat politique est incertain ou dangereux est une constante chez la plupart, parmi lesquels le poète et éditeur Lazhari Labter. Est également souligné le rapport décomplexé à la langue française, et s’affirme l’indignation récurrente à l’égard d’un régime peu enclin à favoriser la culture et, plus particulièrement, le secteur de l’édition.
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