La montée de l'extrême droite nationaliste en Europe constitue l'un des développements politiques les plus préoccupants de notre époque, suscitant une vague de préoccupations au sein des communautés, des partis politiques et des organisations de défense des droits de l'Homme. Cette tendance est illustrée par l'élection de leaders tels que Giorgia Meloni en Italie et Geert Wilders aux Pays-Bas, ainsi que par les ambitions de Marine Le Pen en France pour les élections présidentielles de 2027. Bien que ces figures diffèrent dans leurs contextes nationaux et leurs approches, elles partagent une vision commune caractérisée par un nationalisme fervent, une opposition virulente à l'immigration et une critique acerbe des élites politiques et économiques.
Giorgia Meloni, à la tête du parti «Frères d'Italie», incarne un virage significatif dans la politique italienne, autrefois dominée par des coalitions centrées ou de gauche. Son accession au pouvoir en 2023 marque une réorientation vers une politique de réaffirmation de l'identité nationale italienne et de fermeté accrue sur l'immigration, offrant une voix à ceux qui se sentent trahis par les promesses non tenues de la mondialisation.
Ce phénomène n'est pas isolé à l'Italie; aux Pays-Bas, Geert Wilders, leader du Parti de la liberté (PVV), incarne une autre facette de cette montée de l'extrême droite. Connu pour ses positions anti-immigration et anti-Islam, Wilders a capitalisé sur les craintes culturelles et sécuritaires, en proposant des mesures radicales pour « protéger » l'identité nationale néerlandaise, témoignant d'une frustration croissante vis-à-vis de l'establishment politique. Simultanément, en France, Marine Le Pen prépare activement sa campagne pour les élections de 2027. En ajustant son discours pour paraître plus modérée et acceptable aux électeurs centristes, elle tente de consolider son électorat traditionnel tout en attirant de nouveaux sympathisants. Cette stratégie de « dédiabolisation » du Rassemblement National vise à élargir son attrait tout en maintenant une ligne dure sur l'immigration et la critique des élites. Par ailleurs, la présence d'Éric Zemmour et de son parti Reconquête' contribue à cette dynamique en renforçant l'extrême droite française avec un discours encore plus virulent, forçant ainsi Le Pen à moduler son image pour rester compétitive.
Cette montée de l'extrême droite ne peut être comprise sans examiner les contextes économiques et sociaux globaux qui la favorisent. La mondialisation, bien qu'ayant apporté des avantages économiques significatifs, a également engendré des perturbations majeures, exacerbant les inégalités sociales et créant un terreau fertile pour les mouvements populistes. Les crises économiques récurrentes, comme la crise financière de 2008 et les récentes turbulences économiques provoquées par la pandémie de COVID-19, ont amplifié le sentiment de précarité et d'insécurité parmi les citoyens européens. Les politiques d'austérité, souvent perçues comme imposées par des institutions supranationales telles que l'Union européenne, ont nourri le ressentiment contre les élites politiques, perçues comme déconnectées et incapables de protéger les intérêts des populations locales. Dans ce climat de frustration, les mouvements d'extrême droite exploitent le mécontentement général en utilisant des discours nationalistes et identitaires. Ils désignent souvent les migrants comme responsables des difficultés économiques et des menaces à l'identité culturelle, offrant ainsi des explications simplistes à des problèmes complexes. Ce recours aux boucs émissaires renforce les divisions sociales, attisant la peur et la méfiance envers les étrangers et les communautés perçues comme « autres ». Le discours populiste de l'extrême droite s'articule autour de l'opposition entre le « peuple » et les élites, perçues comme corrompues et déconnectées de la réalité.
Cette perspective manichéenne alimente une méfiance croissante envers les institutions démocratiques et les principes de la démocratie libérale. En insistant sur la corruption et l'incompétence des élites, les leaders d'extrême droite érodent la confiance dans les structures démocratiques, suggérant que seules des politiques radicales peuvent redresser les injustices subies par le « vrai peuple ». Cette approche contribue à une polarisation croissante et à une érosion du consensus démocratique.
Les conséquences de cette montée de l'extrême droite sont profondes et multiples. En prônant une identité nationale stricte et en utilisant les migrants comme boucs émissaires, ces mouvements exacerbent les divisions ethniques et culturelles, ce qui peut entraîner une augmentation des tensions sociales et des actes de violence raciste. La rhétorique populiste de l'extrême droite menace également l'intégrité des institutions démocratiques en sapant la confiance dans les processus électoraux et en promouvant des tendances autoritaires. En focalisant le débat public sur des questions d'identité nationale et de sécurité, ces mouvements détournent l'attention des véritables enjeux économiques et sociaux, retardant ainsi la mise en œuvre de solutions constructives et inclusives pour des problèmes tels que les inégalités économiques, le changement climatique et la gestion des migrations. La montée de l'extrême droite en Europe pose un défi sérieux à la coopération internationale. Les politiques nationalistes et protectionnistes prônées par ces mouvements peuvent entraver les efforts de collaboration transnationale sur des questions cruciales. Le nationalisme économique et le protectionnisme compliquent les relations commerciales et affaiblissent les alliances économiques.
Les défis mondiaux tels que le changement climatique, la sécurité collective et la gestion des migrations nécessitent une coopération internationale. Les politiques isolationnistes et les attitudes hostiles envers les institutions supranationales risquent de saper les efforts collectifs nécessaires pour aborder ces problèmes de manière efficace. L'extrême droite exacerbe les divisions ethniques et culturelles en désignant les migrants et les minorités comme boucs émissaires des difficultés économiques et sociales.
En alimentant la xénophobie et le nationalisme, ces mouvements fracturent le tissu social et aggravent les tensions communautaires. Ils préconisent des politiques d'exclusion et de protectionnisme qui non seulement accentuent les inégalités mais aussi minent le dialogue interculturel et la relation entre les différentes composantes des sociétés Européennes et les nations du monde.
par Mustapha Aggoun
Jeudi 13 juin 202
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