Il n'y a pas plus congénitale que ce bout de tissu, avec qui l'on fête des victoires et l'on s'endeuille des peines. Plus qu'une fibre textile, il est une terre natale, une signature maternelle.
Le voilà déjà arboré avec solennité aux frontons officiels de pas mal d'Etats européens. Rien ne va arrêter cette propension à le voir, un jour dodeliner par la douceur du vent au-dessus des sièges onusiens. Il a bien été honoré, en se brandissant cette semaine au sein même de l'Assemblée nationale française. L'ire du porc, député sioniste était à son comble.
L'Algérie et bien d'autres pays, dans un temps honni, avaient été empêchés d'agiter leur identité. C'est par un combat acharné, un lot infinissable de souffrance, des caravanes successives de martyrs qu'ils ont atteint ce jour mémorable. C'est justement ce combat hardi et courageux que mène le peuple palestinien qui saura le ramener au sommet de tout édifice, de tout monument. Ce peuple dont le sang fait peur au fusil et la dignité fait chuter la force. Même ce temps meurtri ou cette humanité au cœur verrouillé lui donne toutes les odeurs de l'espoir. C'est comme une dense forêt, on lui casse des branches, on lui altère le feuillage, parfois on la désherbe, on la désertifie, mais les racines tellement vieilles et bien ancrées sont toujours là pour régénérer la vie, pour faire éclore d'autres bourgeons, d'autres roses d'autres envolées célestes.
Il passe pour être, depuis le 7 octobre, le plus levé des emblèmes. Il ne symbolise pas uniquement un pays, mais une existence historique que l'on tend à étouffer. Dans chaque maille de son tissage se trouve l'innocence d'une âme, ôtée pour avoir crié liberté. Dans chacune de ses trames se côtoient allègrement dignité ancestrale et combat héroïque. C'est un socle de martyre où se suspend l'espoir, un mât où se pend la haine. D'un linceul couvrant tout chahid pavoisant les cimetières, à un rappel secouant la conscience humanitaire, il est de tous les jours, de tout continent.
Chez nous, il passe pour une constante nationale. Une juxtaposition avec le nôtre. Dans les stades, les magasins, chez les coiffeurs il fait un honneur d'appartenance à tous ceux qui l'arborent.
Ce jour viendra comme est venu ce jour du 8 octobre 1962 où l'étendard algérien fut hissé au siège de l'ONU. Après quoi ? Une longue et douloureuse lutte, un acharnement diplomatique depuis 1956 et une volonté populaire de fer. Tout triomphe est un processus où le temps et la détermination sont l'unique chemin vers Manhattan. Il vibrera dans tout espace autant que continueront à vibrer en nous nos espérances.
par El Yazid Dib
Jeudi 6 juin 2024
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