Quand on est contraint de déjeuner dehors, il faut souvent accepter d'ingurgiter une nourriture de piètre qualité.
Loubia, lentilles et pois chiches viennent ainsi en tête des plats en sauce prisés par les plus pressés ou par ceux qui n'ont pas les moyens de s'offrir des plats de ragoût, de bœuf, d'agneau ou de poulet voire de poisson.
Même le fameux « frites-omelette » en sandwich n'est pas accessible à une grande partie des travailleurs puisque son prix peut atteindre les 150 dinars soit 4.500 par mois, le quart du Smig.
Démocratisation de la malbouffe ?
Le terme malbouffe ou « junkfood » est apparu avec le développement de l'alimentation industrielle dans les années 70-80.
La malbouffe englobe plusieurs concepts : les plats issus de la restauration rapide comme les hamburgers, les frites, les sandwichs grecs
Mais, ce sont aussi les de produits industriels transformés et ultra-transformés tels que les plats industriels, céréales du petit déjeuner, sodas, pâtes à tartiner
Elle est caractérisée par la consommation de produits trop gras, trop salés, trop sucrés et une manière de manger ayant un impact négatif sur la santé (absence de faim, repas pris sur le pouce, repas pris devant la télé
).
Omniprésente dans notre quotidien et mise en avant dans les publicités, il est difficile de ne pas se laisser tenter !
Pourtant, la malbouffe a un impact négatif réel sur notre santé. Tous les experts sont d'accord pour dire qu'elle favorise le surpoids, le diabète et les maladies cardiovasculaires et contribue à l'augmentation de la mortalité.
Et l'obésité, faut-il en parler ?
D'après l'OMS, l'UNICEF et The Lancet, l'exposition aux publicités faisant la promotion de la malbouffe est responsable de l'augmentation de l'obésité chez les enfants et adolescents : 124 millions en 2016 contre 11 millions en 1975, soit une multiplication par 11 du nombre d'enfants ou adolescents touchés.
Il est donc important d'être informé, et d'être plus vigilant encore avec ces catégories.
C'est ce que s'est attelé à faire notre ministre de la Santé qui a alerté sur les risques énoncés supra et qui a annoncé le lancement prochain d'un « plan national de lutte contre l'obésité et l'adoption d'une approche globale axée sur la prévention et la sensibilisation à ce phénomène ».
Dans son allocution à l'ouverture des travaux du deuxième Congrès international de la Société algérienne d'obésité et maladies métaboliques (SAOMM), le ministre a indiqué que la lutte contre ce phénomène « en appelle à la conjugaison de nos efforts de prévention en adoptant une approche globale qui inclut l'éducation nutritionnelle, la promotion de l'activité physique, la sensibilisation du public et le lancement d'un plan national de lutte contre l'obésité qui mobilise toutes les parties concernées et s'appuie sur 5 axes ».
Il a souligné, à cet égard, la nécessité de « promouvoir la production d'aliments sains, la promotion de la pratique d'activité physique et le respect d'un comportement alimentaire sain et équilibré » pour prévenir ce problème.
Pour M. Saïhi, il s'agit d'un « problème de santé publique », soulignant l'augmentation du nombre de cas, sur la base de l'étude menée par l'Organisation mondiale de la santé (OMS) en Algérie, laquelle montre que « 30% de femmes, 14% d'hommes et environ 10% d'enfants souffrent d'obésité ».
Les résultats des campagnes de dépistage menées dans le cadre de la « 1re Semaine nationale de prévention » décrétée par le ministère de la Santé et qui s'est déroulée du 5 au 11 mars 2023, ont également montré que « le taux d'obésité est triplé chez les individus âgés de 0 à 49 ans, en particulier chez les femmes », ce qui justifie le traitement de ce phénomène qui est défini comme « une augmentation excessive de la quantité de graisse corporelle ».
Dans ce contexte, le ministre a estimé que l'obésité peut entraîner plusieurs autres maladies telles que « le diabète, les accidents vasculaires cérébraux, le syndrome d'apnée du sommeil et l'hypertension artérielle, ainsi que des problèmes psychologiques et sociaux ».
Education nutritionnelle
La restauration rapide est l'un des facteurs les plus souvent retrouvés dans l'excès de poids. C'est une alimentation déséquilibrée et très souvent hypercalorique. On y rajoute à outrance les exhausteurs de goût (sel, sucre, gras) pour augmenter l'appétit et pousser à consommer plus.
De plus en plus, les gouvernements conscients du danger de la malbouffe sensibilisent leurs citoyens et durcissent leur législature afin de freiner l'appétit des patrons de l'agroalimentaire et partant, les patrons des pizzerias et autres fastfoods.
On ne néglige ni le contenant ni le contenu et à défaut d'interdire, on informe, on veille en publicité mensongère et on encourage la création d'associations de protection du consommateur. On va jusqu'à financer des études indépendantes pour dénoncer les dérives.
Mais ce n'est pas assez !
Un autre maillon de la chaine de protection doit intervenir pour sauvegarder la nutrition des catégories fragiles en matière d'alimentation que sont les enfants :
- Surveiller l'alimentation de l'enfant.
- Lui apprendre à se dépenser physiquement, l'encourager à faire du sport.
- Modifier ses achats alimentaires. Finies les barres chocolatées, les viennoiseries, les céréales prêtes à l'emploi très grasses (300 à 500 calories aux 100 g), etc.
- Apprendre à manger plus équilibré, ne pas sauter de repas, réapprendre à boire de l'eau.
Des choses très simples qu'on ne fait plus !
Outre le ministère du Commerce qui doit renforcer le contrôle de la teneur en sucre des produits mis sur le marché et l'étiquetage obligatoire des composants de tout produit alimentaire commercialisé, le ministère de l'Intérieur, des Collectivités locales et de l'Environnement est tout aussi concerné !
Il doit inviter les présidents d'APC via les walis à redynamiser « les bureaux d'hygiène communaux » par abréviation « BHC » et les inviter à investir le terrain à l'orée du mois de Ramadhan, mois de piété certes, mais mois où certains, ne manquant pas d'ingéniosité vont jusqu'à créer « des métiers du Ramadhan » : cherbet, zlabia et kalbelouz et autres brochettes souvent impropres à la consommation car fabriqués non seulement dans des conditions douteuses, mais aussi et surtout dans des locaux dont ce n'est pas la destination première !
D'où l'impérieuse nécessité d'y mettre un terme, avec le concours des associations de protection des consommateurs, des médias et des citoyens eux-mêmes, dès lors que leur santé est mise en jeu.
par Cherif Ali
jeudi 15 février 2024
https://www.lequotidien-oran.com/index.php?news=5327753
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