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Rédigé le 29/01/2024 à 15:43 | Lien permanent | Commentaires (0)
J'aime, de la nuit, le prélude, lorsque vous venez,
Main dans la main et me prenez lentement, strophe après strophe, dans vos bras.
Vous m'emportez, tout là-haut, sur vos ailes. Amis, restez, ne vous hâtez pas
Et dormez contre mes flancs pareils aux ailes d'une hirondelle fatiguée.
Votre soie est chaude. À la flûte d'attendre un peu
Pour polir un sonnet lorsque vous me trouverez secret et beau
Comme un sens sur le point de se dénuder. Ne parvenant à y arriver
Ni à s'attarder devant les mots, il me choisit pour seuil.
J'aime, de la poésie, la spontanéité de la prose et l'image voilée,
Dépourvue d'une lune pour l'éloquence :
Ainsi lorsque tu t'avances pieds nus, la rime abandonne
L'étreinte des mots et la cadence se brise au plus fort de l'essai.
Un peu de nuit auprès de toi suffit pour que je sorte de ma Babylone
Vers mon essence – ma fin. Point de jardin en moi
Et tu es toute, toi. Et, de toi, déborde le moi libre et bon.
In Le lit de l'étrangère, © Actes Sud, 2000 – trad. Elias Sanbar
Photographie d'une oeuvre d'Ernest Pignon-Ernest réalisé en l'honneur de Mahmoud Darwich, en Palestine
On t'oubliera
Comme si tu n'avais jamais été
On t'oubliera, comme si tu n'avais jamais été
On t'oubliera comme la mort d'un oiseau,
comme une église abandonnée,
comme un amour passager
et comme une rose dans la nuit ... on t'oubliera
J'appartiens à la route ... D'autres pas
ont précédé mes pas.
D'autres que moi ont dicté leurs visions
à mes visions,
d'autres ont répandu le verbe
afin qu'il intègre le récit
on éclaire pour celui qui suivra,
trace lyrique ... et intuition
On t'oubliera ... comme si tu n'avais jamais été
homme ou oeuvre ... on t'oubliera
J'avance guidé par la vision. Le récit sera peut être
plus personnel. Car les mots
me gouverne et je les gouverne.
Je suis leur forme
et ils sont la libre transfiguration
Mais ce que je dirai a été dit.
Un futur antérieur me précède.
Je suis le roi de l'écho.
Je n'ai de trône que les marges. Et le chemin
est la méthode. Les Anciens ont peut être
oublié de décrire
quelque chose, pour que j'y réveille
mémoire et sensations.
On t'oubliera comme si tu n'avais jamais été
acte ou trace ... on t'oubliera
J'appartiens à la route ...
Quelqu'un pose ses pas
dans mes pas, qui me suivra jusqu'à ma vision,
quelqu'un qui déclamera des vers de louanges
aux jardins de l'exil, devant la maison,
des vers délivrés de l'adoration du passé,
délivrés de ma métonymie et de ma langue,
et je témoignerai
que je suis vivant
et libre
quand on m'oubliera !
Extrait de "Ne t'excuse pas", in Anthologie (1999-2005) Mahmoud Darwich - Edition Babel -
Rédigé le 29/01/2024 à 14:14 dans Palestine, Paléstine | Lien permanent | Commentaires (0)
Au moment où les projecteurs sont braqués sur les houthistes en mer Rouge, un documentaire de la BBC diffusé le 23 janvier 2024 jette une lumière crue sur les agissements des Émirats arabes unis dans le sud du Yémen. Signée Nawal Al-Maghafi, l’enquête détaille l’implication de mercenaires américains et d’une entreprise israélienne dans l’assassinat de figures politiques et religieuses à Aden depuis 2015.
Affiche du documentaire American Mercenaries : Killing in Yemen, réalisé par Nawal Al-Maghafi, sorti le 23 janvier 202
L’élimination de figures du parti Al-Islah, branche yéménite des Frères musulmans, ainsi que de leaders salafistes et de journalistes a longtemps été une dimension ignorée de la stratégie émiratie au Yémen. La longue série d’assassinats perpétrés dans les gouvernorats du sud, en particulier entre 2016 et 2018, est souvent apparue aux yeux des observateurs extérieurs comme un enjeu marginal du conflit. Elle était considérée comme un avatar (implicitement acceptable) de la lutte contre les djihadistes, une politique jugée nécessaire et efficace après la libération d’Aden de l’emprise houthiste au cours de l’été 2015. En tout état de cause, elle demeurait sous bien des radars.
Dans ce contexte, les autorités d’Aden, affidées aux Émiratis, faisaient commodément passer les
assassinats ciblés de dizaines d’individus sur le compte de règlements entre islamistes. Elles pointaient du doigt des responsabilités djihadistes ou même houthistes, comme c’est le cas dans l’assassinat de la figure montante du salafisme Abdel Rahman Al-Adani, tué en février 2016. Dans d’autres cas, elles annonçaient que les éliminations extrajudiciaires qu’elles avaient menées ciblaient des membres d’Al-Qaida ou de l’organisation de l’État islamique (OEI).
Mais dans la capitale du sud et ses environs, l’implication émiratie dans des assassinats qui avaient en réalité une tout autre ambition était un secret de polichinelle. Ont ainsi été ciblés des civils qui se tenaient à l’écart des djihadistes, et n’avaient aucun autre engagement que politique ou lié la mosquée. Ils avaient cependant tous en commun de critiquer les Émirats arabes unis (EAU). La liste des victimes de cette guerre secrète est longue : au moins cent personnes ont été éliminées entre 2016 et 2018 dans des attaques qui ont entretenu l’insécurité dans la grande ville, et continuent de le faire jusqu’à aujourd’hui. Alors qu’Aden devait au cours de cette période devenir la vitrine d’un Yémen pacifié, débarrassé des houthistes, elle a été maintenue dans un état d’instabilité et de misère. La ville a ainsi pu incarner aux yeux de bien des Yéménites, l’incurie des alternatives aux rebelles venus du nord.
Parmi ces victimes, on trouve Adel Al-Shihri, un salafiste qui avait engagé un rapprochement avec le parti Al-Islah et critiquait Al-Qaida. Une figure reconnue, tout comme Rawi Samhan Al-Ariqi, qui avait le même profil. Leurs assassinats n’ont jamais été élucidés. Un autre homicide, celui de Mohsen Al-Sarari, fils de la militante des droits humains Houda Al-Sarari, en 2019, illustre combien cette guerre secrète n’avait que peu à voir avec la lutte contre les djihadistes. Des dizaines de militants ou cadres locaux d’Al-Islah, dont Ansaf Mayo, député au Parlement yéménite ayant survécu à une attaque à la voiture piégée, ont par ailleurs été pris pour cibles, de même que des journalistes travaillant pour des médias proches de ce parti.
Un documentaire diffusé par Al-Jazira1 en 2018 (au paroxysme des tensions entre le Qatar et ses voisins) dans la fameuse émission d’investigation Al-Sunduq Al-Aswad (La boîte noire) avait déjà accusé les EAU de commanditer des assassinats en série pour lutter contre ses opposants, plus particulièrement les Frères musulmans dans le sud. Le documentaire démontrait que cette stratégie s’accompagnait de nombreuses violations des droits humains, et notamment de la systématisation de la torture à l’intérieur de centres secrets disséminés dans les zones sous contrôle émirati.
Six ans plus tard, l’implacable documentaire de Nawal Al-Maghafi donne de la substance aux accusations visant les Émirats arabes unis. Cette journaliste d’origine yéménite a une solide expérience et a notamment remporté trois Emmy Awards pour son travail sur le trafic sexuel en Irak et sur la crise Covid au Yémen. Intitulé American Mercenaries : Killing in Yemen, son documentaire donne à entendre le récit direct de citoyens américains anciens soldats, ayant participé de manière directe au programme d’élimination. Dans leurs interventions, ils affirment avoir œuvré à la lutte contre les djihadistes, sûrs d’avoir fait le bien, obéissant sans mot dire aux ordres venus d’Abou Dhabi.
Au fil du documentaire, des réseaux macabres se révèlent. Les mercenaires ont été recrutés via l’entreprise de sécurité Spear Operations Group dirigée par l’israélo-hongrois Abraham Golan, grâce à ses contacts avec Mohammed Dahlan, Palestinien de Gaza devenu conseiller de Mohammed ben Zayed, le dirigeant émirati.
L’enquête de la journaliste, entretiens et documents à l’appui, bénéficie du travail fastidieux mené par l’organisation Reprieve et par le juriste Baraa Shiban. Elle inclut aussi des révélations plus anciennes diffusées par le média américain d’information BuzzFeed2 en 2018. Ensemble, ces divers éléments démontrent combien les profils de la plupart des victimes ne peuvent aucunement être associés aux mouvements islamistes armés. Et quand bien même ils le seraient, les exécutions extrajudiciaires demeurent une violation patente des droits humains, menées en dehors de tout cadre juridique.
Le documentaire illustre combien il ne s’agit aucunement de « victimes collatérales », mais bien d’une stratégie délibérée d’élimination des opposants aux Émirats, quitte à s’allier au passage certains djihadistes hostiles aux Frères musulmans. Des noms et des détails sont livrés, en plus de curieuses concomitances, comme celle entre l’assassinat d’Ahmed Al-Idrissi, un dirigeant du mouvement sudiste réputé avoir refusé de livrer le port d’Aden qui était sous son contrôle, et la cession de la gestion de ce port aux Émirats arabes unis. Enjeux politiques et affairisme sont étroitement mêlés.
Sans surprise, le documentaire a fait grand bruit sur les réseaux sociaux yéménites. La nature des échanges illustre la fragmentation du champ politique, mais aussi la mauvaise foi de bien des intellectuels, journalistes et décideurs au Yémen, qui continuent de se positionner en fonction des intérêts de leurs sponsors régionaux. À cet égard, les réactions face aux éléments apportés par la BBC constituent un bon indicateur de l’état du débat public après presque une décennie de guerre.
Face aux révélations de Nawal Al-Maghafi, les défenseurs des Émirats ont eu beau jeu de renvoyer la journaliste à une alliance imaginaire avec les houthistes du fait de ses origines supposément hachémites (descendants du Prophète), partagées avec les leaders du mouvement rebelle. Leur critique du documentaire de la BBC veut s’inscrire dans le mouvement intellectuel de redéfinition de l’identité yéménite qui vise à exclure les Hachémites du récit national. En même temps, les défenseurs des EAU soulignent l’implication supposée des Frères musulmans dans ces révélations, montrant combien la polarisation régionale autour de la relation à la confrérie continue à structurer enjeux et positions.
Contre toute attente, on trouve également dans les critiques certains militants pro-houthistes qui, forts de leur popularité acquise grâce à leur engagement en faveur de Gaza, tentent à présent de ne pas s’aliéner les Émirats. Ceux-là ont ainsi pointé du doigt le caractère opportuniste de la sortie de ce documentaire. De leur point de vue, le film constitue une tentative du Royaume-Uni (BBC oblige) afin de faire pression sur les Émirats arabes unis qui refusent de rejoindre la coalition militaire formée avec les États-Unis pour stopper les attaques houthistes en mer Rouge. Cette critique semble faire bien peu de cas du professionnalisme de la rédaction de la BBC et de la temporalité d’une telle enquête débutée il y a plusieurs années.
Sans doute, le documentaire valide-t-il auprès du public yéménite un sentiment largement partagé d’exaspération face à la stratégie émiratie. Du Soudan à la Libye en passant par le Yémen, la politique étrangère émiratie soutenue en particulier par la France est, depuis les soulèvements arabes de 2011, fauteuse de troubles, de violences et d’instabilité. En cherchant à installer sur l’île de Socotra une base militaire et un comptoir, en soutenant le mouvement sudiste contre le gouvernement reconnu par la communauté internationale, la « petite Sparte » a développé une diplomatie dont les ambitions, comme les moyens, sont problématiques. L’état de décomposition du Yémen doit beaucoup aux décisions prises à Abou Dhabi, sans doute autant qu’à l’hubris des dirigeants saoudiens.
Dans sa réaction à la diffusion du documentaire, Ali Al-Boukhaiti, ancien partisan des houthistes devenu un féroce critique, relevait combien la stratégie d’élimination des figures politiques et religieuses à Aden avait directement contribué à l’échec de la coalition menée par l’Arabie saoudite. Cette tactique a en effet divisé profondément le camp anti-houthiste et généré une défiance à l’égard des acteurs régionaux. Deux jours après la diffusion, Al-Boukhaiti a organisé un space (salon de discussion) sur X (ex-Twitter) afin d’évoquer le documentaire, rassemblant plus de 15 000 personnes en direct.
En parallèle, les réactions face au documentaire s’inscrivent aussi dans une volonté de porter l’affaire des assassinats extrajudiciaires devant les tribunaux. Pour nombre d’activistes et militants — dont certains ont été emprisonnés et torturés par les forces de sécurité émiraties —, les éléments présentés fournissent de la matière à des poursuites internationales. Le travail mené par Reprieve, mais également par Huda Al-Sarari est à cet égard d’une grande importance. Sa mise en lumière par Nawal Al-Maghafi constitue une étape fondamentale.
PIERRE BERNIN
https://orientxxi.info/lu-vu-entendu/yemen-des-mercenaires-americains-tuent-pour-le-compte-des-emirats-arabes-unis,7027
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Rédigé le 29/01/2024 à 13:29 | Lien permanent | Commentaires (0)
« Si je dois mourir/tu dois vivre/pour raconter mon histoire (…) Si je dois mourir/que cela amène l’espoir/qu’il en naisse un récit. »
Les intellectuels gazaouis pleurent la mort de Refaat Alareer, professeur de littérature anglaise et voix emblématique de l’enclave, tué le 6 décembre au cours d’un bombardement israélien.
Un portrait de Refaat Alareer exhibé lors d’une manifestation propalestinienne à Cologne, en Allemagne, le 9 décembre. YING TANG/NURPHOTO/AFP
Son poème a été traduit dans des dizaines de langues, du japonais au swahili, et partagé par des internautes partout dans le monde. « Si je dois mourir/tu dois vivre/pour raconter mon histoire (…) Si je dois mourir/que cela amène l’espoir/qu’il en naisse un récit. » Dans Gaza ravagée par les bombes israéliennes, l’écrivain Refaat Alareer avait partagé, début novembre, ce poème en anglais sur son compte X, épitaphe et rempart contre l’ombre permanente de la mort dans l’enclave. Le 6 décembre, en fin d’après-midi, il a été tué dans un bombardement israélien sur la ville de Gaza. Il avait 44 ans. Son frère, sa sœur et quatre de leurs enfants ont été emportés avec lui. Leurs corps sont toujours sous les décombres.
Sa mort a secoué une large partie de l’élite intellectuelle gazaouie, dont Refaat Alareer était l’une des voix emblématiques. Toute une génération d’auteurs anglophones s’est formée dans les cours de littérature anglaise qu’il prodiguait avec passion depuis plus de seize ans à l’Université islamique de Gaza. « Plus qu’un professeur, il était un mentor, un ami, et il se souciait réellement de ses étudiants », écrivait, le 8 décembre sur X, l’un de ses anciens élèves, l’universitaire et écrivain Jehad Abusalim. Ce dernier, qui avait publié l’un de ses textes dans le recueil Light in Gaza : Writings Born of Fire (« lumière à Gaza : écrits nés du feu », Haymarket Books, 2022, non traduit) ajoutait alors : « Pour Refaat, l’anglais était un outil de libération, un moyen de se libérer du siège prolongé à Gaza, un instrument de téléportation qui défiait les barrières d’Israël et le blocus intellectuel, académique et culturel de Gaza. »
Poète et écrivain, il avait publié deux ouvrages, dont Gaza Writes Back (« Gaza répond par la plume », non traduit, 2014), un recueil de nouvelles écrites par des jeunes auteurs gazaouis. « Il était plein d’énergie, de vie et d’humour. Il aimait la pizza de Chicago, les chats, l’histoire, la musique classique, le théâtre, la poésie et Harry Potter », tweetait, le 7 décembre, l’écrivain gazaoui Muhammad Shehada, responsable de la communication de l’ONG Euro-Med Human Rights Monitor.
« Il était plus qu’un universitaire, il était un activiste », affirme à M Le magazine du Monde l’ex-journaliste américaine Pam Bailey, qui a vécu plusieurs années à Gaza. En 2015, elle fonde le projet We Are Not Numbers (« nous ne sommes pas des numéros ») afin de publier des textes de jeunes Gazaouis. Elle cherche quelqu’un pour les entraîner à écrire en anglais. Tout le monde lui recommande Refaat Alareer, qui portera le projet avec elle. Ils sont devenus amis. « Quand je l’ai rencontré à Washington, le seul endroit où il voulait aller était la bibliothèque de Shakespeare », se souvient-elle. Elle le savait dévasté par l’actuel soutien américain à la destruction de Gaza, où plus de dix-huit mille Palestiniens ont perdu la vie ces deux derniers mois, selon les chiffres du Hamas.
Depuis le 7 octobre et le massacre du Hamas en Israël qui a tué mille deux cents Israéliens et étrangers, Refaat Alareer multipliait les interviews de son enclave et publiait avec frénésie sur son compte X, suivi par plus de cent mille abonnés. A la BBC, il avait qualifié l’attaque du Hamas de « légitime et morale », alors que les détails n’étaient pas encore connus précisément. Certaines de ses réactions étaient brutales : il avait ainsi répondu à un tweet mentionnant un bébé qui aurait été tué dans un four par le Hamas (une enquête du journal israélien Haaretz a démontré, le 4 décembre, que l’information était fausse) en demandant « avec ou sans levure ? ». « Il ne croyait pas à cette affirmation et voulait le souligner. Comment pouvait-il y répondre, si ce n’est avec de l’humour morbide ? C’est une manière de survivre », défend Pam Bailey.
Sa famille, comme beaucoup à Gaza, avait payé un lourd tribut à la guerre. En 2014, il avait perdu son frère et une trentaine de ses proches dans des bombardements israéliens sur leur quartier de Chadjaya. Quand l’armée israélienne a ordonné, le 13 octobre, l’évacuation du nord de la bande de Gaza, le poète, son épouse et ses six enfants ont décidé de rester dans la ville de Gaza. « Nous ne partons pas parce que nous ne voulons pas une autre Nakba », avait-il déclaré sur le site Electronic Intifada, dont il était un contributeur régulier, en référence à l’exode forcé de plus de sept cent mille Palestiniens lors de la création d’Israël, en 1948.
Après avoir été déplacé plusieurs fois au sein de la ville de Gaza, il s’était installé avec sa famille dans une école de l’UNRWA, l’agence onusienne pour les réfugiés palestiniens. L’étau s’était resserré. « Les débris et les éclats frappent les murs et volent dans les rues. Israël n’a cessé de bombarder, de pilonner et de tirer. Nous sommes enveloppés dans d’épaisses couches de poudre à canon et de ciment », tweetait-il début décembre. L’un de ses amis a confié à plusieurs personnes, dont Pam Bailey, qu’il avait reçu un avertissement de l’armée israélienne : elle avait identifié où il se trouvait. Le professeur s’était alors réfugié non loin, chez sa sœur.
L’ONG Euro-Med Human Rights Monitor demande une enquête, accusant Israël de l’avoir visé. « La frappe aérienne ciblait avec une précision chirurgicale le deuxième étage où se trouvait Refaat dans un immeuble de trois étages, et non le bâtiment en entier, indiquant que l’appartement était la cible et non pas un possible dommage collatéral, a indiqué l’ONG dans un communiqué publié le 8 décembre. Cela est survenu après des semaines de menaces de mort que Refaat recevait en ligne et par téléphone de la part de comptes israéliens. » Pam Bailey ne décolère pas : « Israël ne cible pas seulement le Hamas, mais poursuit ceux qui pourraient construire le futur de Gaza. » Refaat Alareer, dit-elle, avait promis de lancer son stylo à la figure des soldats israéliens s’ils étaient venus le chercher chez lui.
Par Clothilde Mraffko
Publié le 13 décembre 2023
https://www.lemonde.fr/m-le-mag/article/2023/12/13/les-derniers-vers-du-poete-de-gaza_6205601_4500055.html
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Rédigé le 29/01/2024 à 06:01 dans Israël, Palestine, Paléstine, Poésie/Littérature | Lien permanent | Commentaires (0)
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Rédigé le 28/01/2024 à 20:39 dans Palestine, Paléstine | Lien permanent | Commentaires (0)
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Rédigé le 28/01/2024 à 19:23 dans France, Guerre d'Algérie | Lien permanent | Commentaires (0)
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Rédigé le 28/01/2024 à 17:04 dans Israël, Palestine, Paléstine | Lien permanent | Commentaires (0)
Il était le pied d’ici et de là-bas. Une musique qui accompagnait tantôt un texte en kabyle tantôt un texte en français nous permettait de nous plonger dans l’univers de ce poète aux allures de chansonnier.
Il nous faisait rire au même moment où il faisait pleurer nos parents.
Le ton humoristique d’un « Dites-moi mes amis… » réveillait la douloureuse nostalgie d’un pays et ravivait l’espoir, le mythe du retour au village pour nos aînés…
J’adore la chanson de Slimane Azem depuis toujours. Elle continue d’accompagner ma vie chaque jour. Je crois que s’il y a une chose que nous avons toutes et tous en commun et que l’on partage assurément tel que l’air que l’on respire, c’est bien l’œuvre de Slimane Azem.
Enfant, l’on s’est surpris à imaginer que Slimane pouvait être un membre de la famille. Un grand oncle, un cousin que l’on citait à chaque leçon de vie. Ses mots flottaient du salon à la cuisine en traversant parfois les murs de nos voisins.
« Tiens ?! Un Kabyle qui chante aussi en français ?! C’est drôle ! » Oui drôle mais, plus que tout, c’est poignant quand il s’agit de chanter l’amour de son pays jusqu’au dernier souffle.
Ce pays, cette terre si chère à son cœur et qu’il n’a jamais pu oublier.
Elle était en lui, indissociable de sa chair…
De sa chanson, il ressort que Slimane Azem était un homme d’une immense culture, d’une grande humilité et humanité.
Certes, rien ne prédestinait ce petit berger, issu d’une modeste famille à devenir l’un des plus grands poètes kabyles. Sauf peut-être ses prédispositions à la poésie et à la récitation ou encore une enfance bercée de la poésie de sa mère, de celle de Si Muhend U Mhend ou encore de La Fontaine…
Mais par un destin incroyable, des années plus tard Slimane Azem est propulsé sur le devant de la scène.
Aujourd’hui, Slimane Azem est sans aucun doute l’artiste kabyle le plus repris, adapté, revisité. Il inspire encore la nouvelle génération, au talent prodigieux, qui se délecte à reprendre ses chansons à travers différents genres musicaux poussant parfois l’humour ou l’émotion à son paroxysme.
C’est dire à quel point son œuvre est immortelle !
Je fais chaque semaine l’expérience de faire écouter Slimane Azem à mon cher et tendre papa. Sa maladie qui s’efforce à lui faire oublier le moindre de ses souvenirs n’a toujours pas eu raison de la poésie et des mélodies de Slimane Azem. Quelques notes et voilà que papa chante « Ay afrux ifirelles » « Effeɣ ay ajrad tamurt-iw » ou encore « Azger yεaqel igma-s ». Il m’en explique même la morale.
Alors à quoi bon me tracasser de savoir s’il se rappelle de son repas du midi quand je sais qu’il peut me réciter d’aussi belles poésies ?!
L’œuvre de Slimane Azem est telle la madeleine de Proust. Son parfum enivrant titille les sens les plus primaires et redonne vie à la plus infime mémoire qu’il reste en nous.
C’est cela la magie de Slimane Azem.
Nassima Chillaouidimanche
28 janvier 2024
https://lematindalgerie.com/slimane-azem-entre-memoire-collective-et-souvenirs-personnels/
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Rédigé le 28/01/2024 à 15:56 dans Souvenirs | Lien permanent | Commentaires (0)
Reprise des bombardements israéliens à Rafah, dans le sud de la bande de Gaza, le 1er décembre 2023
Alors qu’Israël et ses alliés invoquent le droit international, y compris un soi-disant droit à se défendre, l’analyse des textes fondamentaux de l’ONU confirme le caractère mensonger de ces allégations. Les aspects juridiques de la situation dans le territoire palestinien occupé ne correspondent pas aux discours officiels tenus à Tel Aviv. Sont ici en jeu, principalement, le droit des peuples à disposer d’eux-mêmes, le maintien de la paix, et le droit régissant l’occupation militaire.
Aujourd’hui, je pense que la phase qui arrive va être désastreuse. Je ne vois pas au-delà. Il faudrait voir, si ce désastre survient, la forme qu’il prendra et, à ce moment-là, commencer à réfléchir sur l’après. Aujourd’hui, on ne peut pas aller plus loin que ça, sauf à spéculer1.
Le droit international public consacre sans aucun doute, depuis la période de la décolonisation, le « droit des peuples à disposer d’eux-mêmes ». Ce droit est issu de la pratique juridique de la Charte des Nations unies, de grandes résolutions de son assemblée générale, telle la résolution 1514 (1960), qui ont acquis une force obligatoire générale. Si le processus de décolonisation est pour l’essentiel achevé, cet ensemble normatif conserve son importance pour des « territoires non autonomes » dans lesquels des mouvements indépendantistes existent toujours, et contestent le pouvoir des « puissances administrantes ».
Ainsi le Comité de la décolonisation de l’ONU continue-t-il d’exister et d’examiner ces situations, comme en témoigne le travail que mène l’assemblée générale sur la situation actuelle en Nouvelle-Calédonie. Cet ensemble normatif conserve aussi toute son importance s’agissant de la Palestine puisque, en tant que peuple subissant une occupation militaire (et la bande de Gaza est aussi considérée en droit international comme un territoire occupé par l’État d’Israël), le peuple palestinien en relève sans contestation possible. La Cour internationale de justice (CIJ), qui est l’organe judiciaire principal de l’ONU et qui fait autorité en droit international public, l’a très clairement confirmé dans son avis du 9 juillet 2004 sur l’édification d’un mur dans le territoire palestinien occupé (§ 118).
Dans son principe, le droit des peuples à disposer d’eux-mêmes pose des obligations pour l’État colonial, l’État occupant ou l’État gouvernant par l’apartheid, mais aussi des obligations pour les États tiers. Il reconnaît des droits aux peuples qui en relèvent. S’agissant de l’État colonial ou occupant, il est tenu de permettre l’autodétermination des peuples qu’il gouverne. Cette autodétermination prend la forme principale de l’indépendance et donc de l’accès à la qualité étatique, qui emporte pleine souveraineté économique et sur les ressources naturelles.
Mais, dès lors qu’il est régulièrement consulté, le peuple colonial/occupé peut aussi choisir une libre association avec l’État colonial/occupant, voire une intégration dans cet État (Assemblée générale, résolution 1541, 1961). De manière logique, pour permettre l’autodétermination, l’État colonial ou occupant a l’obligation de ne pas réprimer les mouvements d’émancipation du peuple qu’il administre, il a le « devoir de s’abstenir de recourir à toute mesure de coercition » qui priverait les peuples de leur droit à l’autodétermination (Assemblée, résolution 2625, 1970). Et de manière également logique, les peuples titulaires ont en principe le droit de résister à un État interdisant leur autodétermination, y compris par le moyen de la lutte armée (Assemblée générale, résolution 2621, 1970, évoquant les peuples coloniaux et les puissances coloniales).
Ceci trouve des prolongements dans le droit de la guerre puisque les guerres de libération nationale ont été assimilées à des conflits internationaux par le premier protocole additionnel aux Conventions de Genève de 1977, ce qui a pour conséquence que les combattants d’un mouvement de libération nationale sont considérés comme des combattants étatiques et doivent pouvoir jouir du statut de prisonnier de guerre s’ils sont mis hors de combat ; évidemment les combattants de tout type de conflit doivent respecter les règles humanitaires du droit de la guerre, fondées sur le principe de distinction entre objectifs militaires d’une part (qui peuvent être ciblés), personnes et biens civils d’autre part (qui ne doivent jamais l’être). Enfin, la CIJ a consacré depuis longtemps l’importance du droit des peuples à disposer d’eux-mêmes en affirmant qu’il génère des obligations erga omnes, c’est-à-dire des obligations exceptionnelles pour tous les États qui sont tenus de ne pas reconnaître les situations de domination. L’avis de la CIJ de 2004 précité l’a rappelé s’agissant du peuple palestinien (§§ 155 et 156).
Aussi, l’État occupant, en présence d’une attaque émanant d’un territoire occupé, ne peut invoquer la légitime défense que consacre la Charte des Nations unies en son célèbre article 51. Le « droit naturel » de légitime défense de l’article 51 n’est accessible qu’à un État faisant l’objet d’une agression armée de la part d’un autre État ; dans ce cadre, l’État victime de l’agression armée peut être soutenu par d’autres États dans sa réaction en légitime défense puisque la Charte reconnaît la légitime défense collective. Il est vrai que la réaction en légitime défense à une attaque terroriste telle que celle du 11 Septembre a été discutée ; mais quoiqu’il en soit de ces discussions, elles n’ont jamais permis de penser qu’une attaque émanant d’un peuple vivant sous occupation justifiait l’invocation de la légitime défense de la Charte par l’État occupant.
C’est d’ailleurs ce qu’a affirmé la CIJ en 2004 : l’invocation de la légitime défense par Israël, s’agissant du territoire palestinien occupé, était « sans pertinence au cas particulier » (§ 139 de l’avis). Elle a aussi affirmé que si un État a le droit, et le devoir, de répondre à des actes de violence visant sa population civile, les mesures prises « n’en doivent pas moins demeurer conformes au droit international » (§ 141 de l’avis). S’agissant de précédentes opérations militaires d’Israël, l’Assemblée générale avait condamné en 2009 « le recours excessif à la force par les forces d’occupation israéliennes contre les civils palestiniens, en particulier récemment dans la bande de Gaza, qui ont fait un nombre considérable de morts et de blessés, y compris parmi les enfants, massivement endommagé et détruit des habitations, des biens, des éléments d’infrastructure vitaux et des édifices publics, y compris des hôpitaux, des écoles et des locaux des Nations Unies, et des terres agricoles, et entraîné des déplacements de civils » (résolution 64/94, 2009).
La récente résolution de l’Assemblée générale demandant une « trêve humanitaire immédiate, durable et soutenue, menant à la fin des hostilités » ne reprend pas explicitement cette condamnation d’un recours excessif à la force. Une seule demande explicite est formulée à l’intention d’Israël, puissance occupante, en l’occurrence « l’annulation de l’ordre donné (…) aux civils palestiniens et au personnel des Nations Unies, ainsi qu’aux travailleurs humanitaires et médicaux, d’évacuer toutes les zones de la bande de Gaza situées au nord de Wadi Gaza et de se réinstaller dans le sud de la bande de Gaza », selon la résolution A/ES-10/L.25 du 26 octobre 2023, point 5. L’Assemblée y insiste aussi sur le fait « qu’on ne pourra parvenir à un règlement durable du conflit israélo-palestinien que par des moyens pacifiques (…) ». Le soutien à la résistance armée du peuple occupé, parfois exprimé avant les accords d’Oslo a donc, à ce stade, largement disparu2.
En réalité, nous sommes actuellement en présence d’une bataille pour le droit qui se déroule sur plusieurs fronts.
Le premier, le plus visible, est donc celui qui cherche à convoquer la figure de la légitime défense de la Charte dans une « guerre contre le terrorisme » afin de soutenir le principe des attaques militaires israéliennes à Gaza. Ce discours passe par la désignation du Hamas comme groupe terroriste dans le droit des États-Unis et de l’Union européenne3. Le recours à la caractérisation « terroriste » justifie l’adoption de sanctions économiques par les États-Unis et l’Union européenne contre Gaza. Relevant qu’elles sont soutenues par le Quartet, John Dugard conclut dans son rapport de 2007 qu’il s’agit du premier exemple de sanctions économiques adoptées à l’encontre d’un peuple occupé.
Il se rencontre dans la malheureuse idée du président français de rassembler, en faveur d’Israël, la coalition internationale établie pour lutter contre l’organisation de l’État islamique (OEI) en Syrie et en Irak, idée qui, il est vrai, a été rapidement écartée. Lors de sa visite en Israël le 24 octobre 2023 le président français a affirmé : « La France est prête à ce que la coalition internationale contre Daech, dans le cadre de laquelle nous sommes engagés pour notre opération en Irak et en Syrie, puisse aussi lutter contre le Hamas »4. Ce discours a aussi été expressément avancé dans le projet de résolution porté par les États-Unis au Conseil de sécurité le 25 octobre 2023, suscitant l’opposition claire de la Russie.
Mais il y a une limite dans le discours des États alliés d’Israël qui passe par la délégitimation de l’adversaire comme terroriste. C’est celle de l’inadmissibilité de l’acquisition de territoires par la guerre (annexion), soulignée, s’agissant d’Israël, dès la résolution 242 (1967) du Conseil de sécurité. Il ne sera donc certainement pas possible au Conseil de sécurité de soutenir « l’éradication d’un sanctuaire » créé par des groupes désignés comme terroristes sur un territoire, comme il l’avait fait s’agissant de l’OEI en 2015 (résolution 2249), de manière déjà très contestable. Une telle éradication à des fins d’annexion semble correspondre au projet du gouvernement israélien à Gaza.
Le second front, plus discret, est celui qui tente de remettre en question la représentation, dominante en droit international, de l’occupation militaire du territoire palestinien contrôlé par Israël depuis 1967. Pour le droit international et l’ONU, ce territoire relève d’un régime d’occupation décrit dans la IVe Convention de Genève de 1949 sur le droit de la guerre. Or, cela fait plusieurs années que les rapporteurs spéciaux du Conseil des droits de l’homme de l’ONU sur les territoires palestiniens occupés depuis 1967 — parmi lesquels John Dugard, Richard Falk, Michael Lynk et Francesca Albanese, dont les rapports sont accessibles sur le site du Haut-Commissariat aux droits de l’homme des Nations unies — s’interrogent : se trouve-t-on encore en présence d’un régime d’occupation militaire ?
Cette interrogation se fonde sur la longue durée de l’occupation (alors que l’occupation est censée être provisoire), sur la description de pratiques d’annexion par l’édification du mur, par la colonisation, de punition collective (blocus de Gaza), et sur l’instauration d’un système de discrimination ayant les caractéristiques d’un régime d’apartheid, considéré comme gravement illicite par le droit international. En 2022, le rapporteur spécial Michael Lynk concluait :
Le système politique de gouvernement bien ancré dans le Territoire palestinien occupé, qui confère à un groupe racial, national et ethnique des droits, des avantages et des privilèges substantiels tout en contraignant intentionnellement un autre groupe à vivre derrière des murs et des points de contrôle et sous un régime militaire permanent, sans droits, sans égalité, sans dignité et sans liberté, satisfait aux normes de preuve généralement reconnues pour déterminer l’existence d’un apartheid5.
Cette autre bataille pour le droit pourrait trouver une issue judiciaire. Ainsi, la CIJ a été saisie, par la résolution 77/247 de l’Assemblée générale du 30 décembre 2022, d’une nouvelle demande d’avis qui semble bien relayer les interrogations relatives à la permanence du régime d’occupation. Les questions posées à la Cour sont en effet les suivantes :
a) Quelles sont les conséquences juridiques de la violation persistante par Israël du droit du peuple palestinien à l’autodétermination, de son occupation, de la colonisation et de son annexion prolongées du territoire palestinien occupé depuis 1967, notamment des mesures visant à modifier la composition démographique, le caractère et le statut de la ville sainte de Jérusalem, et de l’adoption par Israël des lois et mesures discriminatoires connexes ?
b) Quelle incidence les politiques et pratiques d’Israël visées au paragraphe (…) ci-dessus ont-elles sur le statut juridique de l’occupation et quelles sont les conséquences juridiques qui en découlent pour tous les États et l’Organisation des Nations Unies ?
Si la Cour venait à considérer que l’occupation des territoires palestiniens n’a plus de fondement juridique et que l’on se trouve en réalité en présence d’une pratique d’annexion accompagnée de l’instauration d’une forme d’apartheid, la représentation de la situation et son encadrement juridique, seraient bien différents. Par-delà l’effet symbolique extrêmement négatif de la caractérisation d’un gouvernement d’apartheid, la présence d’Israël sur ces territoires serait en elle-même gravement illégale, et les mesures collectives de nature sanctionnatrice de l’ONU visant à mettre un terme à un régime d’apartheid, observées dans le contexte de l’Afrique australe, pourraient être mises en place.
L’émergence d’un troisième front dans la bataille des qualifications juridiques, où les pratiques israéliennes sont rapportées à la figure du génocide ne sera pas évoquée ici6. Un crédit croissant est accordé à cette analyse, ce dont on ne peut pas se réjouir dès lors qu’elle semble correspondre à la condition actuelle du peuple palestinien à Gaza.
Agrégée des facultés de droit ; professeur des u
https://orientxxi.info/magazine/israel-et-ses-allies-au-mepris-du-droit-des-peuples,6918
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Rédigé le 28/01/2024 à 08:52 dans Israël, Palestine, Paléstine | Lien permanent | Commentaires (0)
:- )
LE VRAI ALI lAPOINTE :
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Rédigé le 27/01/2024 à 21:45 dans France, Guerre d'Algérie | Lien permanent | Commentaires (0)
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