Serge Letort, 85 ans, habite à Grandcamp-Maisy dans la résidence du village des Hollandais avec son épouse Geneviève. Il aime écrire et chanter. Pour laisser une trace.
Serge Letort prend la plume pour témoigner des histoires de la vie. ©La Renaissance le Bessin
Serge Letort, 85 ans, habite à Grandcamp-Maisy (Calvados) dans la résidence du village des Hollandais avec son épouse Geneviève. Il aime écrire et chanter. Il a composé une trentaine de chansons. Il reste dans l’ombre, ce qui compte pour lui, c’est de laisser une trace.
Serge Letort est un ancien combattant d’Algérie, c’est une période de sa vie qu’il n’oubliera jamais et il en parle très peu. Il fut affecté en septembre 1959 au 3e zouave à Bougie en Algérie comme infirmier opérationnel en petite Kabylie. Il fut libéré de toutes obligations et renvoyé dans ses foyers en novembre 1960.
« Des images qui reviennent la nuit »
« Il y a des images qui ne s’échappent pas. Certaines reviennent la nuit… Il faut essayer de prêcher la paix, mais ça reste avec un point d’interrogation quand on voit encore tout ce qui se passe. La vie, c’est ce qu’il y a de plus beau. Malheureusement, certains la massacre. »
Le coup de foudre pour Grandcamp
Le couple est arrivé à Grandcamp-Maisy début 2000. « Je suis un horsain », sourit Serge Lefort. « On est venu rejoindre des amis un week-end du 14 juillet à Grandcamp-Maisy, on n’a pas eu de chance : quatre jours de flotte. Et malgré tout, on a eu un coup de foudre pour ce petit port de pêche qui a gardé ses traditions et pour son bord de mer. »
Il a pris la présidence de l’Union Nationale des Combattants, section de Grandcamp-Maisy de 2010 à 2014. En 2014, il est responsable des actions sociales et humanitaires au sein de la section locale et membre du bureau de l’amicale nationale des anciens des forces en Allemagne section Normandie.
Il avait déjà été président cantonal de l’UNC de 1975 à 1987 dans le département de l’Eure. Il fut plusieurs fois décoré avec la croix du combattant, la croix du Djebel bronze, la croix du Djebel argent. En 2016, il reçoit la médaille d’argent du mérite de l’UNC.
L’an passé, il a reçu la médaille de la guerre froide par l’amicale des anciens des forces françaises en Allemagne. Serge Letort a deux passions : la cuisine et l’écriture et il s’y donne avec aisance.
« Léon Gautier a pleuré, c’est quelque chose qui vous prend aux tripes ! »
Sa première chanson fut intitulée Haïti au moment du tremblement de terre. Depuis, Serge en a écrit bien d’autres.
« J’ai écrit une trentaine de chansons, certaines ne sont pas finies. Je pars d’un air d’une chanson connue et j’écris mes idées qui vont s’accorder avec. Ce que j’écris, c’est toujours la réalité. Je pars d’un événement, sur l’actualité comme au moment du coronavirus, sur les étapes de la vie, un anniversaire… J’écris des choses joyeuses et d’autres moins joyeuses. »
Il a écrit notamment Les gens du port sur l’air des Gens du Nord. L’ado sur l’air de Plaisir des bois, Not Maisy sur l’air de Fleur de Paris… et bien d’autres. Il a également écrit un hommage aux bérets verts sur l’air de Ma Normandie. « Le 5 juin 2019, avec la chorale La bigaille dont je faisais partie, nous l’avons chantée à l’occasion de la cérémonie Kieffer. J’ai envoyé le texte à Léon Gautier à qui nous rendions hommage avec ses camarades des commandos. Sa fille m’a dit qu’il était très ému. Léon Gautier a pleuré, c’est quelque chose qui vous prend aux tripes ! »
Cette chanson, il l’a aussi adressée à Dominique Kieffer, fille de Philippe Kieffer, qui l’a vivement remercié. En 2021, il écrit Les appelés en AFN, quelques paroles évoquent ce douloureux souvenir, son camarade Bernard qu’il avait connu en Algérie est décédé là-bas. Extrait : C’était un jour du mois d’décembre. Il fut blessé l’après-midi. Evacuation de toute urgence. C’était mon « pote »… un infirmier. Qui se dévouait, chaque journée. Auprès d’civils pour l’AMG. Dans la nuit même, qui suivait, il est parti « dans nos regrets ».
Donner à réfléchir
Une chanson sur l’air cette fois de la balade irlandaise a également été consacrée aux liens d’amitiés du jumelage allemand Kindsbach/Grandcamp-Maisy à l’occasion du 30e anniversaire. « Nous avons des liens forts avec nos amis allemands même si avec mon épouse nous ne pouvons plus aller en Allemagne. Mais on les reçoit. »
Enfin, Serge aime bien les messages qui font réfléchir, notamment « Le véritable bonheur, c’est de pouvoir et de savoir partager ses joies. » Ou encore :« La mort n’est pas une fin, c’est le début des souvenirs » « Pour moi ces messages ou dictons, c’est important, ça permet de se corriger parfois ! »
Après 19 semaines dans les soins, Serge Letort est rentré chez lui. Il est reconnaissant et il a déjà commencé l’ébauche d’une chanson pour le personnel de l’Ehpad du Champ Fleury à Bayeux. « Ce sont des gens formidables, j’ai eu un superbe accueil et surtout de bons soins, je veux les remercier et leur rendre hommage à travers une chanson. Mes idées sont en vrac, mais il n’y a plus qu’à… »
Par Rédaction Le BessinPublié le
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