Saber Mansouri
Passés composés, Paris, 2022, 224 pages, 20 euros.
Hâtivement qualifiée de miracle politique, la « révolution du jasmin » (2010-2011) s’est déroulée à huis clos sans que le peuple tunisien n’ait son mot à dire, martèle Saber Mansouri, docteur en histoire. Dressant un inventaire critique de la transition démocratique, il affirme que cet événement a accouché d’un monstre. En témoigne la fracture qui sépare l’image idyllique d’une révolution aux lendemains qui chantent et un peuple ignoré en détresse sociale. Épris de culture grecque, l’auteur note l’absence d’une sémantique arabe appropriée pour nommer les bouleversements en cours. Et remarque que les élites répètent les erreurs du passé en égrenant des concepts empruntés à l’Occident. Il déplie le tapis de l’histoire de son pays natal, explique la révolution de 2011 par le « moment Ben Ali » et le « moment Bourguiba », rappelle le protectorat français établi en 1881 en le mettant en relation avec la colonie de peuplement qu’était l’Algérie. La « révolution du jasmin » aura été un mouvement éphémère sur lequel auront eu un fort impact la chute de Mouammar Kadhafi et la descente aux enfers de la Libye, poumon économique d’une Tunisie aux ressources limitées.
Tigrane Yégavian
https://www.monde-diplomatique.fr/2023/10/YEGAVIAN/66201
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