Née d’une mère russe, de père inconnu, Isabelle Eberhardt a choisi très tôt de s’affranchir des conventions. A une époque où les femmes peuvent à peine sortir dans la rue sans chaperon, s’habillant en homme, enivrée par l’orient des romans de Pierre Loti elle décide à 20 ans de partir pour l’Algérie
Le 28 octobre 1904, à Aïn-Sefra au sud de l’Algérie, après sept jours de recherche, le corps sans vie d’un jeune homme est retrouvé dans la boue après la crue d’un oued. Le jeune homme s’appelait Si Mahmoud. Tout le monde le connaissait : vêtu d’un burnous et d’un turban, il sillonnait le désert à cheval et discutait des heures avec les vieux sages soufis, ou, une cigarette à la main, avec son ami le général Lyautey. Mais le jeune homme mort est en réalité une jeune femme, née très loin du désert, Isabelle Eberhardt.
Née en Suisse d’une mère russe, de père inconnu, cette bâtarde a choisi très jeune de s’affranchir des conventions. A une époque où les femmes peuvent à peine sortir dans la rue sans chaperon, elle, s’habillant en homme, enivrée par l’orient des romans de Pierre Loti, décide à 20 ans de quitter l’Europe pour l’Algérie.
Le choc, à la fois sensoriel, esthétique et spirituel, est à la hauteur de sa soif de liberté. C’est là, en Algérie, qu’Isabelle Eberhardt va accomplir son rêve : devenir écrivaine.
L'invitée : Karelle Ménine, écrivaine, dramaturge et journaliste. A consacré à Isabelle Eberhardt une exposition en 2019 à Genève, et prépare un documentaire sur elle. avec un réalisateur algérien et une production suisse.
La fiction : "Isabelle Eberhardt, la vagabonde des sables" de Christel Mouchard Avec : Isabelle Eberhardt : Tatiana Spivakova Véra : Anouck Siboni Augustin : Gabriel Mirété Sliman Ehni : Nadhir El Arabi Victor Barrucand : François Bureloup Robert Arnaud : Elya Birman Hubert Lyautey : Jean Paul Bordes un soldat : Benoit Chauvin
Bruitage : Bertrand Amiel. Prise de son, montage, mixage : Eric Villenfin, Dhofar Guerid Assistante à la réalisation : Laure Chastant Réalisation : Cédric Aussir
A lire : de Marie-Odile Delacour et Jean-René Huleu "Le voyage soufi d'Isabelle Eberhardt" paru aux Editions Joëlle Losfeld en 2008 et de Tiffany Tavernier "Isabelle Eberhardt : un destin dans l'islam" publié chez Tallandier en 2016. L'essentiel des œuvres d'Isabelle Eberhardt est disponible aux éditions Joëlle Losfeld.
A lire également : de Karelle Ménine "Nimbe Noir" paru chez Labor et Fidès et "Bleuir l'immensité" publié chez MétisPresses en 2022.
Philippe Fritsch a été professeur de sociologie à l'université Lyon 2 et directeur d'une équipe de recherche associée au Cnrs. Ses travaux et publications ont également fait place à des intérêts d'ordre épistémologique et de circulation internationale des idées.
L’acte d’accusation contre l’ex-président américain détaille la conservation précaire des archives classifiées transportées de la Maison Blanche vers sa résidence floridienne, et conservées plusieurs mois dans « une salle de bal, une salle de bains, un espace de bureau, sa chambre ».
Une image non datée, publiée par le tribunal du sud de la Floride, montre des boîtes à archives qui contiendraient des documents confidentiels dans une salle de bains de la résidence de Donald Trump de Mar-a-Lago, à Palm Beach en Floride. HANDOUT / AFP
La négligence, le goût narcissique de la possession, le mensonge, la dissimulation. Mais avant tout, un mépris absolu pour la sécurité nationale. L’acte d’accusation publié vendredi 9 juin, recensant les chefs d’inculpation contre Donald Trump dans l’affaire des documents classifiés conservés dans sa résidence de Mar-a-Lago (Floride), dessine un caractère et donne le vertige. Preuves à l’appui – photos, enregistrements audio et SMS –, il détaille la façon dont l’ancien président a cherché à tromper les autorités fédérales, pour ne pas rendre les archives confidentielles emportées illégalement à son départ de la Maison Blanche, en janvier 2021.
Donald Trump comparaîtra formellement le 13 juin devant un tribunal de Miami (Floride) pour se faire notifier son inculpation. Vendredi, dans une brève et rare allocution, le procureur spécial Jack Smith, chargé de l’instruction, a rendu hommage à son équipe et aux enquêteurs de la police fédérale (FBI). Il a invité le public américain à prendre connaissance du document judiciaire, afin de « comprendre l’étendue et la gravité » des crimes allégués et a souhaité un « procès rapide ».
Les chefs d’accusation retenus sont lourds. Leur enjeu n’est pas seulement une probité personnelle en faillite, mais la sécurité des Etats-Unis. Les principaux retiennent la rétention et la dissimulation d’informations relevant de la défense nationale, en violation de l’Espionage Act, de fausses déclarations, la conspiration en vue de faire obstruction à la justice, en compagnie de son assistant personnel, Waltine Nauta, également inculpé. Certains de ces chefs sont passibles de dix et vingt ans de prison. « Nos lois protégeant les informations relevant de la défense nationale sont essentielles pour la sûreté et la sécurité des Etats-Unis, et elles doivent être appliquées, a souligné Jack Smith. La violation de ces lois met notre pays en danger. »
Président, Donald Trump avait l’habitude d’entreposer toutes sortes de souvenirs dans des boîtes en carton : des coupures de presse, des photographies, mais aussi des documents classifiés portant sur les sujets les plus sensibles. Parmi eux, les capacités nucléaires américaines, des armements de pointe, les vulnérabilités potentielles du pays à une éventuelle attaque étrangère ainsi que celles d’alliés de l’Amérique, ou encore les plans de représailles à une attaque. Des secrets d’Etat, que Donald Trump a traités comme de vieux numéros du magazine Sports Illustrated.
Cartons éparpillés à Mar-a-Lago
Le 20 janvier 2021, le jour où l’ex-président, niant la réalité de sa défaite, a dû quitter la Maison Blanche, il a fait transporter les cartons d’archives vers sa résidence de Mar-a-Lago. Il « a été personnellement impliqué dans ce processus », souligne l’acte d’accusation. Il n’avait aucun droit d’agir ainsi, selon la loi.
En outre, ce lieu n’offrait pas les conditions sécuritaires prévues pour la détention et la consultation de documents du plus haut degré de classification, ayant trait à la sécurité nationale, dont la fuite serait catastrophique. Entre janvier 2021 et août 2022, plus de 150 événements ont été organisés dans la résidence – mariages, levées de fonds… – constituant autant de moments de vulnérabilité pour y accéder.
Et pourtant, note Jack Smith, ces cartons ont été éparpillés à Mar-a-Lago dans différents endroits, notamment « une salle de bal, une salle de bains et douche, un espace de bureau, sa chambre et un espace de stockage. » Une photo montre les cartons négligemment empilés sur la scène de la salle de bal.
Au bout de quelques semaines, ils ont été en partie déplacés vers le business center. Le 5 avril 2021, deux employés de la résidence ont échangé des messages par téléphone, cherchant à résoudre le problème d’espace disponible. « Il y a encore un peu de place dans la douche où se trouvent ses autres trucs, écrit l’un. Y a que ses papiers qui le préoccupent ? Y’a d’autres trucs là-dedans qui ne sont pas des papiers. » Le lendemain, les cartons sont entreposés dans la salle de bains en marbre, sous un chandelier en cristal. Une photo en fait foi.
En mai, Donald Trump demande qu’une pièce de stockage soit vidée pour accueillir les cartons. Elle est située juste à côté de la réserve d’alcools et de la serrurerie. Le 7 décembre, Waltine Nauta découvre que le contenu de plusieurs boîtes est répandu à terre. En apparence, parmi des coupures de presse, se trouvent des notes destinées à une circulation très restreinte entre membres des Five Eyes, un partenariat en matière de renseignement réunissant les Etats-Unis, le Canada, l’Australie, le Royaume-Uni et la Nouvelle-Zélande.
Fausse déclaration, obstruction est répétée et caractérisée
Entre novembre et décembre 2021, Donald Trump passe en revue ses dizaines de cartons, en vue de procéder à une sélection. Plusieurs employés font des allers-retours, les bras chargés, en fonction de sa progression. Depuis mai, les Archives nationales réclamaient la restitution de la totalité. Une demande à laquelle M. Trump refuse de se résoudre, comme si ces notes de renseignement prolongeaient son pouvoir présidentiel. En janvier 2022, l’ex-chef d’Etat accepte de rendre quinze cartons contenant 197 documents. En mars, le FBI ouvre une enquête pour détention illégale de documents classifiés.
Le 3 juin, en réponse à une assignation de la justice fédérale, Donald Trump rend 38 autres notes classifiées. Il convainc l’un de ses avocats de signer une fausse déclaration assurant que toutes les demandes formulées dans l’assignation étaient satisfaites. Ce même jour, la famille Trump prend son avion pour partir en vacances : à bord, plusieurs cartons de documents classifiés. Il a fallu attendre la perquisition du 8 août, à Mar-a-Lago, pour que le FBI mette la main sur tout le reste, soit 102 notes.
Pour les enquêteurs, l’obstruction est répétée et caractérisée. Selon l’acte d’accusation, Donald Trump a suggéré à l’un de ses avocats de prétendre qu’il ne possédait pas les documents réclamés par l’assignation du 11 mai. « Ça ne serait pas mieux si on leur disait qu’on n’a rien ici ? », lui dit-il alors, en substance, selon les notes du juriste.
L’ancien président a aussi proposé de dissimuler ou de détruire une partie des archives. « Pourquoi est ce que tu ne les emporterais pas dans ta chambre d’hôtel, et s’il y a quelque chose de vraiment mauvais dedans, eh bien, tu sais, tu t’en débarrasses », aurait suggéré le favori actuel des primaires républicaines, selon le souvenir de son conseil.
Enfin, il a convaincu son assistant personnel, Waltine Nauta, de déplacer des cartons pour les soustraire à ses propres avocats et au FBI, avant la visite des enquêteurs le 3 juin. Ancien militaire, Nauta est « un homme merveilleux », « fort, courageux et un grand patriote », a signalé Donald Trump vendredi dans un message public de soutien.
Documents classifiés montrés à des personnes non habilitées
A deux reprises, en 2021, Donald Trump a montré des documents classifiés à des personnes non habilitées. La première fois lors d’un entretien accordé à son club de golf à Bedminster (New Jersey), devant quatre individus – un épisode documenté par un enregistrement audio. Donald Trump se dit alors en possession d’un « plan d’attaque » contre l’Iran préparé à son intention par le Pentagone. « Comme président, j’aurais pu le déclassifier, explique-t-il alors à ses invités. Maintenant, je ne peux pas, vous savez, mais c’est toujours un secret. » Un membre de son staff rit. « Oui, maintenant, on a un problème. » Ces extraits mettent à mal la défense de Donald Trump, qui prétend depuis un an qu’il avait déclassifié tous les documents et qu’il avait le droit de le faire même oralement.
La deuxième occurrence a eu lieu en août ou septembre 2021, dans ce même club de Bedminster. L’ex-président a montré une carte relative à une opération militaire en cours dans un pays étranger à un membre de son comité d’action publique (super-PAC), tout en lui précisant qu’il ne devrait pas faire cela.
Vendredi matin, Donald Trump a joué au golf mais a néanmoins multiplié les messages colériques sur son réseau Truth Social, traitant Jack Smith de « dérangé » et de « haineux ». Il a aussi confirmé le départ de deux de ses avocats, James Trusty et John Rowley.
Au cours de la campagne présidentielle de 2016, Donald Trump avait enseveli son adversaire, Hillary Clinton, sous les accusations de négligence pour avoir utilisé une adresse e-mail non sécurisée alors qu’elle était secrétaire d’Etat. Aujourd’hui, le voilà exposé à des poursuites judiciaires d’une gravité extrême. Crier à la conspiration et à l’instrumentalisation de la justice ne contentera que ses partisans les plus fidèles.
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Par Piotr Smolar(Washington, correspondant)
Publié aujourd’hui à 01h14, modifié à 09h08https://www.lemonde.fr/international/article/2023/06/10/comment-donald-trump-a-voulu-dissimuler-la-conservation-illegale-de-documents-classifies_6176977_3210.html .
si le soleil revient, si le soir descend si la nuit a un goût de nuits à venir, si un après-midi pluvieux semble revenir d’époques trop aimées et jamais entièrement obtenues, je ne suis plus heureux, ni d’en jouir ni d’en souffrir ; je ne sens plus, devant moi, la vie entière… Pour être poètes, il faut avoir beaucoup de temps ; des heures et des heures de solitude sont la seule façon pour que quelque chose se forme, force, abandon, vice, liberté, pour donner un style au chaos. Moi je n’ai plus guère de temps : à cause de la mort qui approche, au crépuscule de la jeunesse. Mais à cause aussi de notre monde humain, qui vole le pain aux pauvres et la paix aux poètes.
Pier Paolo Pasolini
Parce que tu avais un grand grand coeur, du talent et de la sensibilité, je te souhaite " une longue route " parmi les étoiles ; que la terre te soit légère , Ami
Comédien, metteur en scène, auteur, photographe, poète. Il se forme à Nice avec Henri Legendre à la fin des années 80, puis avec Mireille Baudon à Porto-Vecchio. Depuis 2001, il poursuit sa formation, notamment aux côtés de Robin Renucci, Anne Cornu et Vincent Rouche, Noël Casale, René Jauneau et collabore régulièrement avec l’Aria.
Si vous souhaitez l'écouter ( le pénitent et le dernier Corse)
Ami, cache ta vie et répands ton esprit.
Un tertre, où le gazon diversement fleurit ; Des ravins où l'on voit grimper les chèvres blanches ; Un vallon, abrité sous un réseau de branches Pleines de nids d'oiseaux, de murmures, de voix, Qu'un vent joyeux remue, et d'où tombe parfois, Comme un sequin jeté par une main distraite, Un rayon de soleil dans ton âme secrète ;
Calme et pure, à travers les âmes fécondées, Un immense courant de rêves et d'idées, Qui recueille en passant, dans son flot solennel, Toute eau qui sort de terre ou qui descend du ciel ! Toi, sois heureux dans l'ombre. En ta vie ignorée, Dans ta tranquillité vénérable et sacrée, Reste réfugié, penseur mystérieux ! Et que le voyageur malade et sérieux Puisse, si le hasard l'amène en ta retraite, Puiser en toi la paix, l'espérance discrète, L'oubli de la fatigue et l'oubli du danger, Et boire à ton esprit limpide, sans songer Que, là-bas, tout un peuple aux mêmes eaux s'abreuve.
Sois petit comme source et sois grand comme fleuve.
L'assaillant a été interpellé [étrangement] vivant, cette fois-ci... D. R
Une contribution de Khider Mesloub – L’attaque au couteau ayant visé des enfants à Annecy en France aura réservé plusieurs surprises. Ce dramatique crime aura fait éclater bien des stéréotypes.
Premièrement, événement inédit : les victimes sont des enfants en bas âge. Deuxièmement, situation inédite : le forcené est un Syrien, mais de confession chrétienne. Troisièmement, on aura découvert qu’il avait obtenu curieusement trois avis favorables de statut de réfugié, octroyés par trois pays européens, à savoir la Suède, la Suisse et l’Italie. Quatrièmement, c’était un bon père de famille, papa d’un enfant de 3 ans. Cinquièmement, il n’avait jamais vécu les affres de la guerre en Syrie puisqu’il avait réussi à quitter son pays dès 2011.
Toute la classe politique française, tout comme la majorité des Français, était presque déçue car le suspect de l’attaque au couteau visant des jeunes enfants à Annecy est, certes, un réfugié syrien, mais chrétien.
Depuis plusieurs décennies, selon des stéréotypes bien établis en France et en Europe, un massacre commis par un Arabe est forcément l’œuvre d’un musulman. Pis. Tout attentat est forcément commis par un musulman.
Selon la définition du dictionnaire, le terme attentat signifie, entre autres, tentative criminelle contre une personne ou un groupe. Selon un préjugé bien ancré, pour la majorité des personnes européennes, notamment françaises, tout attentat est perpétré par un musulman.
De même, le terrorisme est, selon les stéréotypes racistes français, d’essence islamique. Or, le terrorisme est né en Europe, avec les narodniks russes, les anarchistes français, les Irlandais. Sans oublier les organisations terroristes sionistes européennes, notamment l’Irgun et la Haganah. Le terrorisme de l’OAS. Le terrorisme d’extrême-gauche perpétré dans les années 1970-80.
Quant aux attentats, c’est-à-dire les crimes commis contre un groupe de personnes, associés injustement aux pays musulmans, ils sont commis majoritairement dans un pays démocratique occidental, qui plus est majoritairement chrétien : les Etats-Unis. Si l’on s’en tient à la définition des dictionnaires, en effet, l’Amérique détient le record d’attentats perpétrés sur son territoire. C’est-à-dire des crimes commis contre une personne ou un groupe. Par ailleurs, ces attentats ou crimes collectifs sont commis par des Américains majoritairement blancs de confession chrétienne.
En dépit de l’application de la peine de mort, ce pays, au modèle libéral criminogène, détient le sinistre record mondial des taux d’homicides et des massacres de masse, ces fusillades qui défrayent régulièrement la chronique mondiale. Selon les statistiques publiées par la police fédérale (FBI), les Etats-Unis ont enregistré plus de 21 500 homicides en 2020, soit près de 59 par jour. Un grand nombre de ces homicides est perpétré par des enfants âgés de 10 à 19 ans. Pareillement en 2021 et 2022.
L’année dernière, en 2022, il y a eu quasiment 700 fusillades, c’est-à-dire attentats. Soit presque deux fusillades par jour. Depuis 2012, il y a eu 3 865 fusillades de masse, commises par de jeunes Américains, majoritairement blancs de confession chrétienne. En effet, ces jeunes sont souvent issus de familles «blanches» pieuses, fréquentant régulièrement l’église. Ce sont des jeunes baptisés, grands lecteurs de la Bible. Et pourtant, curieusement, on n’incrimine jamais la religion chrétienne d’être pourvoyeuse de meurtres, de massacres de masse. On attribue le crime à la folie de l’auteur de l’attentat, c’est-à-dire de la fusillade. On n’établit jamais de lien entre l’auteur de l’attentat et son appartenance religieuse chrétienne. La religion chrétienne est exemptée de toute culpabilité, de responsabilité.
Les Etats-Unis constituent, parmi les pays chrétiens «en paix», la nation où le risque de mourir d’une arme à feu ou dans une tuerie de masse est le plus élevé au monde. 25 mineurs meurent chaque semaine par balle et 91% des enfants tués dans le monde par des armes à feu le sont aux Etats-Unis.
Par ailleurs, la population carcérale des Etats-Unis est la plus importante au monde : plus de deux millions de prisonniers. La population carcérale des Etats-Unis a été multipliée par plus de quatre, de près d’un demi-million en 1980 à un pic à plus 2,3 millions.
Un récent livre de David Michael Smith, Holocaustes sans fin : mort de masse dans l’histoire de l’Empire des Etats-Unis (New York : Monthly Review Press, 2023) a estimé que l’Empire américain est responsable, ou partage la responsabilité, de près de 300 millions de morts.
David Michael Smith évalue le nombre d’autochtones décimés lors de la colonisation européenne de l’Amérique du Nord à 13 millions. Le génocide des Amérindiens a contraint les colonisateurs européens à importer des captifs d’Afrique pour les faire travailler de force sur les nouvelles terres conquises. Selon Smith, environ 25 millions d’Africains ont été initialement capturés. Plus de la moitié d’entre eux sont morts entre la capture et l’embarquement des navires négriers qui les ont amenés en Amérique du Nord. D’après Smith, plus de 20 millions d’Africains supplémentaires sont morts dans des raids d’esclaves, portant le total des morts à cause de la traite transatlantique des esclaves à 32,5 millions. Au total, il estime que 41,5 millions de personnes pourraient être mortes à cause de l’esclavage. Au lendemain des attentats du 9 septembre 2001, en représailles des millions de musulmans ont été tués, notamment en Afghanistan et en Irak.
David Michael Smith souligne que «les Etats-Unis font partie des sociétés les plus violentes de l’histoire – avec des taux d’homicides, de meurtres par la police et d’incarcération inquiétants – et sont confrontés à la menace des milices de droite et des terroristes».
Ainsi, outre les génocides des Amérindiens et des esclaves afro-américains, l’Empire américain continue à provoquer des interminables holocaustes de par le monde. A semer partout des guerres.
Pourtant, ce pays génocidaire et impérialiste, culturellement criminogène, continue à être présenté comme le modèle politique et social à suivre. Notamment par la France qui, dans le même temps, voue une haine pathologique contre les Arabes, fustige et méprise le monde musulman.
Signe des temps, sous le capitalisme décadent, de nos jours, les homicides tuent beaucoup plus de personnes que les conflits armés, selon une étude de l’ONU publiée en 2018. Près de 464 000 personnes dans le monde ont été victimes de violences meurtrières en 2017, soit plus de cinq fois le nombre de personnes tuées dans des conflits armés au cours de la même période. En particulier aux Etats-Unis, parangon de la «démocratie» et du capitalisme.
Au vrai, l’Amérique, pourtant imprégnée de religiosité chrétienne, demeure une société foncièrement criminogène et belligène, vectrice de délinquance et de crimes.
Ndlr : Les opinions exprimées dans cette tribune ouverte aux lecteurs visent à susciter un débat. Elles n’engagent que l’auteur et ne correspondent pas nécessairement à la ligne éditoriale d’Algeriepatriotique.
Je souhaite à tous les blessés, par arme blanche, à Annecy, dont quatre très jeunes enfants et deux adultes le plus prompt rétablissement. Toutes mes félicitations à tous les héros du jour, dont l'un témoigne ci-dessous, mais il n'était pas seul. Je condamne tout amalgame et récupération politique et je fais confiance à la Justice pour déterminer le sort d'un individu qui nous a fait connaître des sommets d'horreur.
Michel Dandelot
Voici deux témoignages, le premier date d’hier, le second il y a plusieurs années :
Attaque au couteau à Annecy : Henri, "lehéros au sac à dos" témoigne sur BFMTV
Henri, 24 ans, a poursuivi l'assaillant de l'attaque au couteau d'Annecy qui a fait six blessés dont quatre enfants, le faisant fuir. Il témoigne de ce geste héroïque sur BFMTV ce vendredi.
Un jeune Français musulman de 15 ans sauve la vie d'un pompier pendant que son copain appelait les secours
Attaque au couteau à Annecy : Henri, "le héros au sac à dos" témoigne sur BFMTV
Henri, 24 ans, a poursuivi l'assaillant de l'attaque au couteau d'Annecy qui a fait six blessés dont quatre enfants, le faisant fuir. Il témoigne de ce geste héroïque sur BFMTV ce vendredi.
Le groupe de légende formé en 1973 par des jeunes Algériens de France a été un laboratoire sans égal où se marièrent influences rock et traditions kabyles et maghrébines. Le label Bongo Joe leur consacre une excellente compilation : Amazigh Freedom Rock.
Culte. Le mot est on ne peut plus approprié à l’évocation des Abranis, un groupe vénéré aussi bien par les chercheurs de son du monde entier que par les zélateurs prosélytes de l’identité berbère. Pour en mesurer l’impact, il suffit de se balader sur la vaste toile, où ces musiciens originaires d’Algérie sont le sujet de maintes conversations comme leurs vinyles – 45-tours ou LP – ont plus que la cote sur les réseaux de diggers. Et cela ne date pas d’hier, même si une compilation publiée sur le label suisse Bongo Joe remet une nouvelle fois les pleins phares sur ce légendaire combo. Comment expliquer un tel phénomène qui traverse les âges ? « Il y a sans doute un sentiment de nostalgie pour la nouvelle génération née en Europe, qui est curieuse de ce que nous représentons. A l’époque, nous incarnions la symbiose entre l’Europe et le monde kabyle. Nous étions au moment de l’apogée de l’ouverture culturelle qui a dominé dans le monde », analyse Shamy, cofondateur du groupe qui fêtera l’an prochain ses quatre-vingts ans.
« Nous avons même été les premiers à la Sacem dans les scopitones (jukebox associant l’image au son, NDLR). Devant Johnny et Claude François ! », assure le même homme, auteur de nombreux documentaires et livres. Ce n’était pas rien pour ce groupe né dans la tête de deux jeunes Kabyles émigrés en France, où ils fréquenteront les bars kabyles qui font les chaudes nuits du nord est parisien, tout en écoutant les musiques de leur jeunesse : Elvis Presley, James Brown, Otis Redding, Duke Ellington, les Beatles, les Rolling Stones et ainsi de suite. Liste non exhaustive, dont le futur octogénaire aime préciser que Cat Stevens en était le chanteur préféré.
Des chevelus qui irritent le FLN
C’est tout autant dans une voie médiane qu’ils écrivent leurs paroles. Le propos ? « Social, philosophique, festif, sentimental, parfois rebelle et revendicatif… », souligne aujourd’hui Karim, le chanteur et principal compositeur. « Les textes étaientmoins crus que Matoub Lounès, tempère Shamy. Nous étions inspirés par les auteurs kabyle du 18ème siècle et la modernité de notre époque. » Et cette synthèse prenait la forme de métaphores et paraboles, qui évoquent à mi-mots la situation du peuple amazigh dans l’Algérie post-coloniale. Chacun néanmoins en comprendra vite la portée, à en jauger l’écho que leurs chants provoquent dans les montagnes nord-africaines. D’ailleurs, cette prévention à ne pas prendre de front le gouvernement d’Alger ne les prémunira nullement de sérieuses galères quand, partant en bagnole de Chelles en banlieue parisienne, ils débarquent en Algérie pour le premier festival de la chanson algérienne en 1973.
« Les officiels algériens avaient peur qu’on chante en français ou anglais. En fait quand on a commencé en kabyle, ils ont vite compris : au bout de trois chansons, ils ont baissé le rideau ! », se souvient mi-amusé mi-ironique Shamy à qui on enlève alors son passeport six mois durant. En clair, les autorités d’Alger mettent un sérieux coup de pression pour que le groupe chante en arabe, ce qu’il fera non sans « dérision » en composant une chanson avec trois couplets – un en arabe, un en français, un en kabyle – puis en signant la bande originale d’un film, au titre explicite (les Étrangers). « Le pouvoir arabo-baassiste considérait notre arrivée comme l’intrusion d’un parasite. Ils estimaient que notre style était un mauvais exemple pour la jeunesse. Ce qui les dérangeait le plus, c’est que les textes soient chantés en kabyle, langue méprisée et quasiment interdite », reprend Karim. « Pour le pouvoir algérien, nous étions perçus comme des décadents, porteurs des germes du capitalisme. », renchérit Shamy. Et ce fut tout naturellement la double peine pour ce groupe d’hirsutes affranchis qui menaçaient les valeurs de l’État nation en pleine édification. Le Président Boumediène ira jusqu’à réunir quatre ministres pour évoquer le problème de ce groupe qui remplit les stades en important des idéologies contraires à l’esprit du FLN.
« Nous souhaitions simplement déterrer ce que le pouvoir cherchait à enterrer », clarifie tout net Shamy, qui aime à dire que Saint Augustin était berbère, et que neuf papes furent kabyles. Toujours est-il que les Abranis vont dès lors se positionner à l’avant-garde du mouvement du renouveau culturel amazigh. « Et puis il y a eu Djamel Allam, Idir… », ajoute Shamy, énumérant les mouvements insurrectionnels liés à cette communauté : « Le printemps 80, le mouvement de 1988, 2001 et le printemps noir sur lequel j’ai réalisé un film, tous viennent de Kabylie. Et même le hirak reprend nos slogans. » On comprend alors mieux pourquoi en 1975, leur première grande tournée algérienne est frappée par une interdiction de concert en Kabylie, provoquant manifestations et affrontements avec les forces de l’ordre en place, qui se résoudra à autoriser le spectacle pour calmer les esprits. « Nos fans furent même bousculés et battus, arrêtés et maltraités, voire torturés, notamment à Sidi-Aich lors d’un gala annulé par la police à la dernière minute », précise Karim. Et d’ajouter qu’ils furent par la suite sujets de censures par la radio et télévision officielle.
Ambassadeurs de la « Rockabylie »
Tout a commencé en 1967, lorsque ces deux jeunes font le pari de créer un groupe branché rock. Le premier, Abdelkader Chemini, né en 1944 et plus connu sous le sobriquet de Shamy El Baz, est arrivé en France au début des années 1960, après avoir été torturé dans le djebel par l’armée française. Il y subira 33 opérations, portant à tout jamais les stigmates de cette guerre qui ne dit alors pas son nom, mais fera de cette résilience une nouvelle chance : il va saisir l’opportunité de reprendre ses études en autodidacte et apprendre les premiers rudiments aux claviers. « J’ai vite compris la différence entre le peuple et le pouvoir. Ce sont deux choses tellement distinctes », insiste encore en 2023 celui qui vit depuis soixante ans en France, partageant désormais son temps entre Honfleur et Paris. Quant au second et plus jeune Karim Abdenour, Sid Mohand Tahar à l’état civil, il est arrivé à treize ans en France, juste après les accords d’Evian qui scellent l’indépendance de l’Algérie. Loin de ses montagnes natales, celui qui a touché sa première guitare en débarquant sur les bords de Seine va bientôt fréquenter le Golf Drouot (club rock à Paris, NDLR), et y trouver matière à imaginer de donner du rock une version originale, « le rockabyle ». Ce sera Les Abranis, une bande de jeunes parmi tant alors que la planète bruisse en pleine effervescence hippie, une ère de révolutions fleuries en mode peace and love.
Les Abranis donc, un nom qui ne doit rien au hasard pour cette formation du genre abrasif. « Durant des siècles, trois tribus berbères couvraient une zone qui s’étend de l’Egypte à la Mauritanie. Deux se faisaient constamment la guerre, et la troisième était considérée comme plus pacificatrice. C’était les Branis, qui agissaient comme des réconciliateurs », assure Shamy qui reconnaît dans ce choix une forme d’« allégorie quant à leurs objectifs ». D’un point de vue musical, ceux-ci consistent à formuler un trait d’union entre le folklore de leurs origines et les sonorités qui traversent de part en part le monde, une fusion qu’ils formulent dès 1973 avec le batteur Samir Chabane et le guitariste Madi Mahdi. Le 45-tours Athedjaladde, titre qui introduit la présente compilation baptisée Amazigh Freedom Rock, en fournit une bonne idée. Un sentiment de liberté formelle, dont témoigne tout autant « AyetheriAL’Afjare », autre chanson gravée en 1973 où la tonalité générale – un garage rock teinté de post-psychédélisme – n’exclut pas d’oser les rythmiques pentatoniques.
« Un laboratoire perpétuel créatif »
Tout comme l’esthétique mute au fil des années pour ces musiciens qui ajoutent en mesure des cordes et accords à leur jeu, le combo va être sujet à de nombreux changements de personnel, suite au départ dès 1975 des premiers piliers que furent Samir Chabane et Madi Mahdi. Au hasard des albums que les Abranis enregistrent, on retrouve des exilés d’Algérie comme des musiciens de la scène française, dont le bassiste Jannick Top et le batteur Dédé Ceccarelli, autant d’ajouts qui ne retranchent rien au caractère originel et original de ce groupe qui a pour socle les compositions de Shamy et Karim, « une base improvisée en yaourt d’où ressortait toutes nos références. (…)Il s’agissait d’un laboratoire perpétuel créatif. A la différence d’autres qui ont modernisé le traditionnel, à l’image de Nass El Ghiwane, ou de Vigon qui chantait en anglais. », précise Shamy, des plus érudits lorsqu’il s’agit d’évoquer la diffusion de la culture kabyle à travers les âges. « Nous avons même utilisé des instruments bretons ! Cela remonte à Hannibal. »
Le caractère précurseur et singulier des Abranis, habitués comme les tout bons au plateau du Pop Club de José Artur mais boudés par la plupart des médias mainstream – « Hormis quelques maisons de la culture, ce sont surtout des associations qui nous demandaient pour des galas de solidarité gratuitement parce qu’elles étaient elles-mêmes sans sous », rappelle Karim – s’avère à chaque seconde de cette compilation, qui puise dans leur abondante discographie consignée entre 1973 et 1983, leur âge d’or qui eut pour apogée le drôlement bien-nommé Album N°1. A partir du milieu des années 1980, si le groupe continue de tourner, en Afrique du Nord comme en Europe, ayant même Les Négresses Vertes et la Mano Negra pour premières parties en Allemagne, il n’ira plus qu’épisodiquement en studio. Il est désormais loin le temps du sombre Abranis 77, brûlot paru sur Bordj El Fen, un label algérien, tout comme le suivant. Imité Tayri en 1978, d’une tonalité autrement plus festive.
Vingt ans après leurs premiers sillons, Shamy El Baz et Karim Abdenour se rendent en studio en 1993 pour produire en Algérie sur leurs deniers un nouvel album, alors que le pays vient d’entamer la décennie noire qui va décimer toute la culture locale. Ce sera l’acte final, les deux amis de toujours – « jusqu’à aujourd’hui », assure encore Shamy – étant en désaccord. « Karim a accepté de chanter pour Alger, capitale de la culture arabe.Pas moi ! », se souvient véhément l’aîné. Et il faudra attendre plus de dix ans avant qu’une nouvelle formule du groupe réapparaisse, avec Karim, désormais retraité et installé en Algérie, mais aussi certains de ses enfants, dont Belaïd à la guitare. « Abranis est devenu un concept plus qu’un groupe figé sur quelques individus. Une bonne quarantaine de musiciens entre les guitaristes, batteurs et bassistes ont fait une apparition dans cette aventure», souligne Karim.
Après la visite de la Première ministre italienne, les défenseurs des droits humains s’inquiètent de sa connivence avec le président tunisien en matière de politique migratoire.
La Première ministre italienne Giorgia Meloni et le président tunisien Kaïs Saïed à Tunis le 6 juin 2023. (TUNISIAN PRESIDENCY VIA AFP)
Après la visite de la Première ministre italienne, les défenseurs des droits humains s’inquiètent de sa connivence avec le président tunisien en matière de politique migratoire.
« Vous dites tout haut ce que les autres pensent tout bas. » La courte phrase prononcée par le président tunisien Kaïs Saïed sur le perron du palais de Carthage lors de l’accueil de la Première ministre italienne Giorgia Meloni, mardi 6 juin, a eu l’effet d’un coup de tonnerre chez les défenseurs des droits humains tunisiens. En cause, l’inquiétante complicité des deux dirigeants ultraconservateurs en matière de politique migratoire. Une politique « uniquement répressive », déplorent les associations comme Terre pour tous, qui vient en aide depuis plus de dix ans aux familles des disparus en mer.
Son président, Imed Soltani, manifestait ce même mardi à Tunis avec des militants de son ONG, pour la plupart les mères de jeunes hommes partis dans des embarcations de fortune et disparus en mer depuis. Imed Soltani dénonce les accords bilatéraux conclus entre son pays et l’Italie. Ils ont « fait de la Méditerranée un cimetière pour notre peuple », dit-il. Selon le Forum tunisien pour les Droits économiques et sociaux, au moins 534 personnes ont disparu ou perdu la vie au large des côtes tunisiennes en tentant de rejoindre l’Europe au cours des cinq premiers mois de l’année. Pour le militant, « l’accord signé avec l’Italie en 2011, renouvelé par Kaïs Saïed en 2020, visant à empêcher par la force les Tunisiens de quitter le pays, est inutile. Ce n’est pas la police qui mettra un terme à la volonté des Tunisiens de fuir ».
La dirigeante d’extrême droite italienne est venue, officiellement,promettre son soutien à la Tunisie dans les négociations que le pays mène avec le Fonds monétaire international (FMI). Mais les défenseurs des droits de l’homme s’inquiètent des exigences italiennes monnayées en contrepartie en matière de lutte contre l’immigration. En mai, Rome avait déjà débloqué une enveloppe de 10 millions d’euros et livré une cinquantaine de véhicules de police afin de « lutter contre les trafiquants d’êtres humains ».
« La pire crise depuis une génération »
La situation économique tunisienne est catastrophique. L’Etat, endetté à hauteur de 80 % de son PIB, est menacé de faillite en raison de plusieurs remboursements d’emprunts qui arrivent à échéance. Chômage élevé (16,1 % au premier trimestre 2023, 40,2 % chez les 15-24 ans), accroissement des inégalités, aggravation du taux de pauvreté (un tiers de la population)… « Les Tunisiens sont confrontés à la pire crise depuis une génération », affirme l’Organisation de Coopération et de Développement économiques (OCDE) dans son dernier rapport.
Une crise renforcée par les incertitudes politiques depuis que le président Saïed s’est arrogé les pleins pouvoirs en juillet 2021. Associées aux progrès limités en matière de réformes structurelles, elles freinent la confiance des investisseurs étrangers. Ainsi, le FMI a conditionné l’octroi d’un nouveau prêt de près de 2 milliards de dollars (1,8 milliard d’euros) à des réformes économiques ainsi qu’à la levée de certaines subventions étatiques sur les produits de base. Or Kaïs Saïed, qui a affirmé ne pas vouloir se soumettre aux « diktats » de l’institution, refuse de mettre en place la moindre mesure. Il est soutenu par une partie de la population, déjà confrontée à des pénuries chroniques de produits alimentaires, qui ne supporterait pas de voir les subventions supprimées.
Face à ces difficultés, Rome, désormais premier partenaire commercial de Tunis devant Paris, offre donc son soutien. Car l’Italie redoute plus que tout autre pays européen un effondrement économique de la Tunisie, susceptible de déclencher un afflux encore plus grand de migrants sur ses côtes.
Chaque année, des dizaines de milliers de Tunisiens et Subsahariens en quête d’une vie meilleure tentent la traversée, notamment vers l’île italienne de Lampedusa située à seulement une centaine de kilomètres des côtes tunisiennes. Leschiffres explosent : selon le Haut-Commissariat des Nations unies pour les Réfugiés (HCR), 51 000 migrants ont gagné l’Italie par la mer depuis le 1er janvier – contre 20 000 sur la même période en 2022 –, dont plus de 26 000 au départ de la Tunisie. Or le succès électoral de Giorgia Meloni, élue à l’automne 2022, reposait notamment sur sa promesse de réduire drastiquement les arrivées à Lampedusa et en Sicile.
« Idéologie xénophobe »
Les défenseurs des droits humains s’inquiètent donc de l’influence possible de Rome sur la politique migratoire de Kaïs Saïed. Près de trente ONG tunisiennes et italiennes, dont le Forum tunisien pour les Droits économiques et sociaux et la Ligue tunisienne des Droits de l’Homme, ont publié un communiqué commun pour dénoncer la nouvelle entente entre les deux Etats. Les associationsrefusent une politique uniquement fondée sur des logiques sécuritaires et contestent « le traitement inhumain que les migrants, dont de nombreux Tunisiens, subissent dans les centres » de transit italiens. Elles s’inquiètent également de « l’idéologie xénophobe » qui sous-tend cette politique des deux côtés de la Méditerranée.
Car Giorgia Meloni n’est pas la seule à tenir des discours racistes. Le président tunisien a lui-même eu ces derniers mois des propos haineux envers les populations subsahariennes, évoquant des « hordes » d’immigrés clandestins dont la présence serait, selon lui, source de « violence et de crimes ». Il considère qu’il existerait une « entreprise criminelle » qui viserait à « changer la composition démographique » du pays. Des propos complotistes dignes des théoriciens européens du « grand remplacement » qui ont d’ores et déjà été suivisd’une augmentation des actes de violences envers les Subsahariens en Tunisie.
Connue pour ses déclarations parfois « irréalistes », Ibtissem Hamlaoui, fait encore parler d’elle. Non pour avoir été « élue » à la tête du Croissant rouge algérien, mais pour avoir tout bonnement accusé certaines associations (algériennes) de bénéficier d’un financement étranger.
« Certaines associations nationales bénéficient d’un financement étranger occulte dont on ignore la provenance », a-t-elle en effet laissé entendre ce jeudi, sur le plateau d’une chaîne TV privée.
Quelles sont ces associations ? Combien sont-elles ? D’où leur parvient ce financement « occulte ? Ibtissem Hamlaoui n’en dira pas plus. Pourtant, la déontologie l’exige, si ce n’est de la pure et simple « spéculation ».
Si ces affirmations s’avèrent vraies, celle qui s’est de tout temps distinguée par ses déclarations burlesques, ne servant dans la plupart des cas qu’un clan bien défini, des comptes doivent être rendus.
Ibtissem Hamlaoui, en sait quelques choses. En septembre 2021, elle n’a pas hésité à user de mots dégradants pour décrire le sélectionneur national Djamel Belmadi, qui n’avait pourtant fait que dénoncé l’état des pelouses de nos stades.
Elle est vite recadrée par des milliers d’internautes qui se sont solidarisés avec lui. « Belmadi pas touche ! », avaient-ils écrit unanimement sur les réseaux sociaux.
Quelques mois auparavant, elle se distingue par des critiques acerbes à l’adresse des « pouvoirs publics qui avaient mal géré la crise sanitaire liée au coronavirus »
« Le manque de moyens matériels dans les hôpitaux à causé un retard flagrant dans le nombre de dépistages laissant entrevoir une situation qui pourrait devenir hors de contrôle. Si le confinement total n’est pas décrété, le pays risque une catastrophe sanitaire », avait-elle notamment prédit en mars 2020.
Deux ans après, les faits sont là, pour lui rappeler qu’elle était entièrement en déphasage avec la réalité. Fruit du hasard ? Assurément pas.
La stratégie « gagnante » menée par l’Algérie pour lutter contre la propagation du Coronavirus (Covid-19), a été en effet saluée par y compris, des organismes internationaux telle que l’OMS qui s’est félicitée des « mesures prises par le gouvernement algérien pour circonscrire l’épidémie à tous les niveaux ».
Le Président Tebboune suivait en personne, heure par heure l’évolution de cette pandémie (…), à la tête d’une cellule de crise, donnait les orientations à suivre, les mesures à prendre et les adaptations à y apporter selon l’évolution des courbes de la pandémie avec comme premier et unique souci de sauver les vies.
Enfin, que dire de celle qui affirmait que les manifestants qui sortaient tous les vendredi (lors du Hirak) l’empêchaient de «faire sa sieste » ? Du délire tout simplement.
Un monument à Maurice Audinau Père Lachaise à Paris
En hommage à Maurice Audin, un cénotaphe, monument funéraire ne contenant pas le corps du défunt, a été inauguré au cimetière du Père Lachaise, à Paris le 11 juin 2019. Ce mathématicien français, partisan de l'indépendance de l'Algérie, est mort en juin 1957 alors qu'il était détenu par l'armée française. Son corps n'a jamais été retrouvé.
Le 11 juin 1957, Maurice Audin a été enlevé à son domicile à Alger par des militaires français qui le soumirent à la torture et le tuèrent. La disparition de son fils Pierre le 28 mai 2023 donne une signification particulière à l’hommage rendu cette année à Maurice, Josette et Pierre Audin. Quelques mois avant la mort de Josette Audin le 2 février 2019, le président de la République lui avait rendu visite et avait reconnu la responsabilité de l’État français dans la mort de son mari. Un rassemblement, auquel appellent de nombreuses associations dont la Ligue des droits de l’Homme, a lieu le dimanche 11 juin 2023 à 11 heures devant le cénotaphe de Maurice Audin. Pour demander que toute la lumière soit faite sur les circonstances de sa disparition ainsi que sur celle des nombreux combattants pour l’indépendance de l’Algérie et civils algériens enlevés comme lui par des militaires français.
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