Cette chanson évoque la détresse d'un amérindien (ou autochtone d'Amérique) face à l'appropriation des terres ancestrale de son peuple par l'homme blanc. Le refrain se répète trois fois, reprenant les mêmes mots.
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Cette chanson évoque la détresse d'un amérindien (ou autochtone d'Amérique) face à l'appropriation des terres ancestrale de son peuple par l'homme blanc. Le refrain se répète trois fois, reprenant les mêmes mots.
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Rédigé le 31/05/2023 à 19:07 dans Chansons | Lien permanent | Commentaires (0)
En 1954, le service militaire, d’une durée de dix-huit mois, était un passage obligé – et ritualisé: «Bon pour le service, bon pour les flles», entendait-on à l’issue des «trois jours» de présélection. Le service s’inscrivait dans une continuité logique d’entrée dans l’âge adulte, avec la fn des études, les débuts dans la vie professionnelle puis la fondation d’une famille. Avant leur départ pour l’Algérie, les appelés effectuaient leurs classes pour apprendre à marcher au pas et se familiariser avec le maniement des armes. C’était là aussi que des amitiés se nouaient – et que l’on faisait l’apprentissage de la discipline, voire de l’arbitraire. Avec les besoins sans cesse grandissants de l’armée, les appelés ont été de plus en plus nombreux à effectuer leurs classes directement en Algérie.
> Tract intitulé «Silence pour la paix. Ce que signife la présence des rappelés à l’église Saint-Séverin».
Les 24 et 28 août 1955, quelques jours après le soulèvement du Nord-Constantinois, des décrets de rappel des jeunes gens ayant terminé leur service militaire, et de maintien sous les drapeaux de jeunes gens en train d’accomplir leur devoir national, sont passés. Ils concernent respectivement 62 000 et 180 000 personnes. Ces mesures impopulaires entraînent de nombreux incidents. Le mécontentement tient au fait de devoir faire une nouvelle période sous les drapeaux, mais des revendications anticolonialistes existent, comme dans ce document distribué le 29 septembre 1955.
«Tu te rends compte, un an (presque) sans revenir chez soi»
Bien chère maman, Je suis sorti de l’infrmerie, ce matin. J’ai été me renseigner pour mon départ en “perme”; je ne pars pas avant le 3 septembre, et en plus de cela je n’ai que 6 jours à prendre; ces salauds-là, ils m’ont déduit les 2 jours que j’avais pris à Noël ; alors au lieu de 8 jours je n’en ai plus que 6 ; pour ma dernière “perme” cela va être très court. Ils auraient dû faire un petit effort. Je ne sais pas si tu te rends compte, un an (presque) sans revenir chez soi, et dans un bled perdu à “Tataouine”, c’est presque un encouragement à devenir déserteur, ce truc-là.»
> Lettre de Bernard Henry à sa mère, août 1957.
Employé parisien du Printemps, Bernard Henry est appelé au service militaire en 1957. D’abord affecté en Allemagne, après avoir été muté au 588e bataillon du train, le caporal Bernard Henry, né en 1937, est « chef de pièce » dans une compagnie opérationnelle. Il subira des attaques régulières qui le plongeront dans l’inquiétude (lire p.27).
qu’ils peuvent. Sur les wagons sont inscrits les cris UN DÉPART LES LARMES AUX YEUX
les rappelés”; “Flics au Maroc, CRS dans l’Aurès”, Il est 16 heures, nous ne faisons rien, depuis ce matin, nous etc. On n’entendra plus que ces vociférations avons juste touché nos rations pour le voyage et notre dans toutes les gares […]. À Nantes, chahut armement; j’ai une mitraillette, mais on ne sait pas si nous monstre, occupation du buffet. Les types boivent, la garderons là-bas. La journée est monotone, nous se saoulent, cassent les verres, renversent les attendons ce soir avec impatience. Ce matin, chaises, interpellent les gendarmes et les je suis parti vite car j’avais autant que gradés. À Toulouse, nous devons faire 200 toi envie de pleurer. Je suis arrivé à la mètres le long de la gare de triage pour caserne à Vincennes à 7h10. Le capiretrouver la cantine. Un camion de CRS taine vient de faire un appel, nous est stationné à côté, dès qu’ils nous partons ce soir vers 22 heures.»
dans leur camion qui va se cacher > Lettre de Jean Billard à sa derrière un hangar ! » fancée, mardi 18 décembre 1956. > Journal de Stanislas Hutin, Jean Billard, né en 1935, a été incorporé le 9 mai 1956 puis affecté au 584e bataillon du novembre 1955. train. À la mi-décembre 1956, il apprend son départ pour l’Algérie. Ses Lettres d’Algérie Stanislas Hutin est un jeune séminariste lorsqu’il est envoyé ont été publiées aux éditions Canope en 1998.en Algérie en novembre 1955. Il vient d’accomplir treize mois de service militaire à Madagascar et apprend, lors de sa libération, qu’il est maintenu sous les drapeaux et affecté en Algérie. Il a publié son Journal de bord aux éditions GRHI en 2002. POÈME DE STANISLAS HUTIN
Je vais là-bas. /
J’y vais, la honte sur le dos. /
La honte qui a revêtu sur moi la couleur de bataille. /
J’y vais sans le vouloir. /
Attiré par la lumière d’un pays neuf pour moi, /
Honteux de ce que je porte sur moi, /
Fort de ce que je porte en moi. /
Ce qui est sur moi n’est pas de moi; /
On me l’a posé sur le dos. /
Et si je ne l’avais pas accepté? /
Je n’ai pas pu ne pas l’accepter. Et même, en suis-je sûr? /
Je ne sais plus… /
Je pars pourtant, de l’amour plein l’âme. /
Je pars, la haine en bandoulière, /
La haine qui n’est pas de moi, qui n’est pas à moi: /
Ce fusil-mitrailleur! /
Que Dieu fasse que jamais /
Cet engin ne crache contre la vie, /
À cause de moi. Novembre 1955.
PREMIERS DE CORVÉE
De nombreux appelés du contingent, bien que libérables, sont maintenus sous les drapeaux et envoyés en Algérie : au cours des six premiers mois de l’année 1956, le nombre de soldats présents en Algérie passe de 200 000 à 400 000.
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by alain benezra
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Rédigé le 30/05/2023 à 21:54 dans France, Guerre d'Algérie | Lien permanent | Commentaires (0)
Rédigé le 30/05/2023 à 19:52 dans Chansons | Lien permanent | Commentaires (0)
C’est en mémoire d’un véritable monument de son histoire que l’Algérie va prochainement ériger une statue colossale.
Implantée sur les hauteurs d’Oran, la statue majestueuse à l’effigie de l’illustre Émir Abdelkader, le fondateur du premier Etat algérien moderne, à la fois chef de guerre, remarquable stratège, fin lettré et héros magnanime, surplombera la radieuse cité portuaire de l’ouest algérien.
Haute de 42 mètres, elle déploiera ses dimensions impressionnantes sur le Mont Murdjadjo, le point culminant de la ville, dominant le fort et la chapelle de Santa Cruz. Cette oeuvre grandiose fera mieux que rivaliser avec la célèbre statue du Christ Rédempteur, symbole iconique de Rio de Janeiro. Elle la surpassera en gigantisme, et ce, pour la plus grande fierté d’un homme : le wali d’Oran, Saïd Sayoud.
« Le président de la République nous a accordé un financement de 1,2 milliard de dinars pour réaliser un musée doté d’une statue à l’effigie de l’Émir Abdelkader, qui sera implanté sur le Mont Murdjadjo. Nous avons reçu la notification de financement, jeudi dernier, pour mener l’étude et la réalisation de ce projet », a annoncé Saïd Sayoud, lors d’une réunion qui s’est tenue, mercredi 24 mai, dans l’hémicycle de la wilaya, en présence des cadres des collectivités locales et de l’aménagement urbain.
« Nous avons déjà une idée bien précise sur la conception de ce projet. Avec une hauteur de 42 mètres, la statue sera plus haute que Santa Cruz et dépassera même la plus haute statue du monde qui domine la ville de Rio de Janeiro au Brésil, haute de 39m. Ainsi, Oran sera dotée de la plus haute statue du monde ! », s’est exclamé celui qui préside aux destinées de la deuxième plus grande ville d’Algérie, devenue l’un des hauts-lieux du tourisme grâce aux précieux atouts qu’elle recèle.
Elle se dressera fièrement tout en haut du Mont Murdjadjo, la future statue de l’Émir Abdelkader, l’âme de la résistance algérienne, sera dotée d’une épée particulière. « L’épée de la statue sera conçue de façon qu’elle soit dotée d’un laser qui sera dirigé vers la Qibla pour montrer aux fidèles la direction de la Mecque. Le cheval de la statue s’appuiera sur cinq supports en référence aux cinq piliers de l’Islam », a précisé Saïd Sayoud.
Nul doute que cette oeuvre monumentale, créée en hommage à un géant de l’histoire de l’Algérie, aura un fort potentiel d’attractivité. Oran, la radieuse, peut plus que jamais rayonner de bonheur : son avenir touristique s’annonce sous d’heureux auspices.
https://oumma.com/algerie-une-statue-monumentale-de-lemir-abdelkader-bientot-sur-les-hauteurs-doran/
Une statue géante de l’émir Abdelkader va dominer Oran
Symbole de la lutte contre la colonisation française, l’émir Abdelkader reste une figure forte et fédératrice en Algérie. Une statue géante du résistant se dressera dès la fin de 2024 au cœur de la ville portuaire. Une décision du président de la République en personne.
Sur décision du président Tebboune lui-même, les autorités algériennes vont consacrer une enveloppe de 1,2 milliard de dinars (près de 8 millions d’euros) pour ériger une statue géante de l’émir Abdelkader (1808-1883) et créer un musée en sa mémoire dans la grande ville d’Oran, “sur le mont Murdjadjo [ou Aïdour, qui culmine à 429 mètres d’altitude], où se trouve le fort de Santa Cruz”, rapporte le site d’information Tout sur l’Algérie.
“Avec une hauteur de 42 mètres, la statue sera plus haute que [le fort de] Santa Cruz et dépassera même la plus haute statue du monde qui domine la ville de Rio de Janeiro au Brésil qui a 39 mètres de hauteur [le Christ rédempteur, en haut du mont Corcovado]”, a déclaré fièrement le wali (préfet) d’Oran, Saïd Sayoud, lors d’un point de presse organisé le 24 mai et relayé par la chaîne de télévision Ennahar TV.
Certains titres de la presse algérienne notent toutefois que le Christ rédempteur n’est pas la plus haute statue du monde et que celle de l’émir ne parviendra pas à détrôner les 182 mètres de la Statue de l’Unité en Inde, ni un certain nombre d’autres statues à travers le monde qui dépassent nettement les 42 mètres de hauteur.
Figure emblématique ayant lutté pendant quinze ans contre l’occupation française, Abdelkader est présenté comme “le père de la nation algérienne” dans un podcast signé Radio-Canada. Fait émir (commandant des croyants), il est battu par la France en 1847 et emprisonné à Amboise pendant quatre années. Le monument en son honneur disposera d’un large balcon, et l’épée de l’émir brillera et pointera vers La Mecque.
Saluée par le chef d’état-major de l’armée, Saïd Chanegriha, qui a fait l’éloge de l’émir Abdelkader en tant que “symbole de la résistance populaire algérienne contre les forces de la colonisation et la tyrannie”, l’initiative ne fait pourtant pas l’unanimité chez les Algériens. Sur les réseaux sociaux, certains considèrent que la construction de statues est contraire à l’islam.
“On a eu la mosquée de Bouteflika avec le plus haut minaret du monde et on aura la plus haute statue du monde avec Tebboune. Pour les hôpitaux, les centres de recherche et autres infrastructures stratégiques, les Algériens attendront”, ironise de son côté le site d’information indépendant Le Matin d’Algérie. Une preuve de plus, selon le site d’information, que le régime continue d’“instrumentaliser la mémoire de la résistance algérienne”.
L’émir Abdelkader à Damas, en Syrie, en 1862PHOTO : Wikipédia
igure emblématique de l'Algérie, l'émir Abdelkader a lutté pendant 15 ans contre l'occupation française dans ce pays du Maghreb. Sylvain Cornac, chargé de cours à l'Université de Montréal, nous parle de ce héros de la nation algérienne.
L’émir Abdelkader naît au début du 19e siècle dans une zaouïa, un centre spirituel où « l’on cultive la connaissance, la culture musulmane ». À cette époque, l’Algérie se trouve à la frontière du Maroc chérifien et des confins de l’Empire ottoman. Le pays se trouve sous la pression de la supériorité militaire des Occidentaux, qui ont achevé leur révolution industrielle.
Le père de l’émir Abdelkader combat la France en 1830 pour « défendre une terre musulmane », explique Sylvain Cornac. « On n’est pas, à cette époque-là, dans un esprit nationaliste. » En 1832, il passe la main à son fils.
L’émir organise un embryon d’État en levant des impôts et en faisant appliquer des lois. Pour résister contre la puissance militaire qu’est la France, il compte sur le fait que les troupes françaises rentreront de plus en plus à l’intérieur du pays. La stratégie ne fonctionne pas, car vers 1840, la France colonise le pays. En plus, les soldats français ruinent le pays pour affaiblir l’émir.
L’émir Abdelkader est défait en 1847 et emprisonné en France. « C’est lui qui s’est rendu. On lui avait promis, en fait, qu’il pourrait se retirer vers une terre musulmane, probablement l’Empire ottoman », précise Sylvain Cornac. Il est enfermé à Amboise pendant quatre ans. « Il n’aura de cesse de rappeler à la France sa promesse de le libérer. […] Les autorités militaires ne sont pas prêtes à le laisser aller. »
Napoléon III le libère en 1852, avec l’accord des Ottomans. L’émir Abdelkader s’installe à Damas, en Syrie. Sa figure spirituelle, qui favorise le dialogue interreligieux, se confirme. « Il est accueilli comme un prince régnant, raconte Sylvain Cornac. Il va même enseigner à la grande mosquée de Damas. » Au cours de ce séjour, il protège des chrétiens qui sont la cible de musulmans.
En terminant, Sylvain Cornac raconte pourquoi le nom et l'image de l'émir sont récupérés par l’indépendance en 1962. « C’est un personnage au milieu des mondes, au milieu des empires qui a une spiritualité très profonde », selon le chargé de cours, qui lui a consacré sa thèse de doctorat.
Aujourd'hui l'histoirePublié le 6 avril 2023
https://ici.radio-canada.ca/ohdio/premiere/emissions/aujourd-hui-l-histoire/segments/entrevue/439262/emir-abdelkader-algerie
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Rédigé le 30/05/2023 à 16:06 dans colonisation, Société | Lien permanent | Commentaires (0)
Les relations diplomatiques entre l’Algérie et les USA se renforcent petit à petit. Des entrevues entre les officiels algériens et américains pour promouvoir le commerce international, jusqu’aux rendez-vous entre l’ambassadrice et les ministres du Gouvernement algérien. Des collaborations entre les deux pays, il y en a depuis des siècles, à l’image de la petite ville d’Elkader, nommée en l’honneur de l’Émir Abdelkader et portant son nom à ce jour. Une cité qui brandit haut et fort l’histoire de l’Algérie au cœur des USA.
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Il existe une ville dans l’Iowa qui porte fièrement le nom du combattant historique Emir Abdelkader. Une petite agglomération tranquille qui met à l’honneur l’histoire coloniale d’Algérie et qui abrite quelque 1200 habitants. Telle est la description qui sied le mieux à Elkader.
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L’écho des exploits de l’Émir Abdelkader contre l’armée française entre 1830 et 1847 est parvenu jusqu’en Amérique. Fondée en 1836 par Elisha Boardman et Horace Bronson, la ville prend quelques années plus tard le nom du célèbre guerrier algérien.
Elkader est jumelée à la ville de Mascara depuis 1984. Les deux cités sont considérées comme des villes « sœurs » depuis cette date. Son musée retrace l’histoire de l’Émir Abdelkader et de l’Algérie brièvement. Outre son cachet historique, la ville dispose de bien des atouts pour attirer les touristes et charmer les visiteurs. On peut y trouver un restaurant algérien du nom de « Schera’s Algerian-American Restaurant ».
La ville dispose même d’un jardin nommé « Mascara Park » pour refléter la ville de naissance du personnage emblématique que représente la ville. Petite et chaleureuse, la ville d’Elkader possède un centre-ville animé avec une rue principale où se trouvent la plupart des commerces et échoppes. Une bonne façon de visiter la ville est de commencer par ce lieu bouillonnant d’histoire.
https://www.algerie360.com/usa-une-ville-de-liowa-baptisee-elkader-en-lhonneur-de-lemir-abdelkader/
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Rédigé le 30/05/2023 à 15:21 dans colonisation, USA | Lien permanent | Commentaires (0)
L’opération de relogement des familles sinistrés suite aux récentes intempéries a été entamée, ce mardi, à Tipasa, sous la supervision du wali, ont indiqué ses services sur le site officiel de la wilaya.
«Le wali de Tipasa, Aboubakr Seddik Boucetta, accompagné par le P/APW, a supervisé aujourd’hui l’opération de relogement des familles sinistrées suites aux dernières inondations», é-t-on écrit.
Dans un premier temps, l’opération a touché «122 familles habitant les communes de Khemisti, Koléa, Fouka et Bouharoune».
A peine deux jours après les instructions du Président Abdelmadjid Tebboune concernant l’indemnisation des familles, els autorités locales se sont mobilisées.
Sur place, le wali a assuré les familles que « l’Etat n’abandonne pas ses enfants », rappelant que le Président avait promis leur relogement, « un engagement tenu ».
Pour rappel, lors de la réunion du Conseil des ministres tenue dimanche, le président de la République a ordonné l‘affectation immédiate de 10 milliards de dinars, soit 1.000 milliards de centimes, du Fonds des catastrophes naturelles pour l’indemnisation, avant la fin de la semaine en cours, des sinistrés des récentes intempéries.
mardi 30 mai 2023 🕓 17:40
https://anndz.dz/fr/2023/05/30/intemperies-122-familla/
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Rédigé le 30/05/2023 à 14:45 dans Société | Lien permanent | Commentaires (0)
Réal Siellez nous ramène en 1964, deux ans après la fin de la Guerre d’Algérie, et nous raconte l’histoire d’un des tubes de Gilbert Bécaud, L’orange.
Au début des années 1960, Gilbert Bécaud, déjà surnommé "monsieur 100.000 volts", chante et sort des albums depuis une dizaine d’années. Et pourtant, ses plus grands titres sont encore à écrire. "L’important, c’est la rose", "Je reviens te chercher" ou encore "Un peu d’amour et d’amitié" sont encore dans la plume de l’auteur et compositeur français.
En 1964, Gilbert Bécaud s’apprête à retourner à la maison, à savoir à l’Olympia, cette salle qui l’a révélé et consacré, celle dans laquelle il se produira 31 fois, un record. Pour ce retour à l’Olympia, Bécaud réserve la création et la première interprétation d’un autre de ses tubes… "Nathalie".
Pourtant, malgré ce tube en devenir, Bécaud sent qu’il lui manque une chanson pour son concert à l’Olympia.
A deux semaines du concert, Bécaud est dans sa cabane du Chesnay avec son ami et parolier Pierre Delanoë et lui demande s’il n’a pas une chanson en magasin pour compléter son programme. La réponse est non. Bécaud lui rétorque alors "c’est pas compliqué, dis-moi le premier mot qui te passe par la tête". "Je lui réponds ORANGE…", explique Delanoë : "A partir de là, cette orange, on n’allait pas la cueillir ni la vendre ou l’éplucher. En revanche, le vol introduisait une dimension dramatique. Le côté antiraciste de la chanson est venu naturellement."
Gilbert Bécaud, à l’Olympia © Lipnitzki / Roger Viollet via Getty Images
La force de cette chanson, c’est ce chœur accusatoire, qui a bien plus de texte et de présence vocal que l’interprète principal, qui se débat par des cris chantés au milieu de la vindicte populaire. Le propos de la chanson est bien une accusation d’ordre raciste. Les exemples sont surréalistes, l’image du sang qui coule sur les doigts amène une portée criminelle alors qu’il s’agit juste d’une orange sanguine, les mains crochues sont à la fois une image fantasmée du méchant de conte que l’on devine en filigrane, et une correction de texte, puisque dans le texte originel, on évoquait un "nez crochu", insulte archétypale hautement antisémite qui a été modifiée avant la première interprétation… Le racisme étant déjà assez clairement présent dans la chanson.
Le contexte historique de l’écriture de cette chanson est très important. En effet, nous sommes en France en 1964… Depuis deux ans, des milliers d’Algériens sont venus s’installer en France.
L’orange est donc une chanson qui traite de la peur de l’étranger qui arrive sur les marchés de la belle France. Le fruit, c’est le travail de cueillette et de vente retiré de la main du bon patriote, et la nourriture confisquée de la bouche de sa famille.
Et l’indice sur l’origine algérienne du personnage dessiné par Bécaud et Delanoë, se trouve peut-être dans sa défense : "je cherchais l’oiseau bleu". Cet oiseau bleu, c’est, entre autres, le nom de code d’une opération des services secrets français lors de la guerre d’indépendance d’Algérie. Elle avait pour objectif de détacher de la rébellion algérienne des centaines de Kabyles pour les transformer en commandos clandestins au sein de leur propre front de libération national, à savoir le FLN.
Quand l’interprète, qui incarne l’étranger, dit à la foule – qui finira tout de même par le pendre -, qu’il cherche l’oiseau bleu… Il veut potentiellement se protéger en assurant aux rageux écumants qu’il a été prêt à trahir sa nation d’origine pour être des leurs.
L’orange, une chanson qui dénonce le racisme en le mettant en scène et qu’il est bon de remettre sur le devant de la scène, tant son sujet est encore et bien malheureusement, actuel.
https://fr.wikipedia.org/wiki/Op%C3%A9ration_Oiseau_bleu
https://www.rtbf.be/article/lorange-de-gilbert-becaud-une-chanson-qui-denonce-le-racisme-ambiant-dune-france-post-guerre-dalgerie-11205147
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Rédigé le 30/05/2023 à 10:57 dans Chansons, France, Guerre d'Algérie | Lien permanent | Commentaires (0)
Fils du militant communiste anticolonialiste Maurice Audin, le mathématicien est mort dimanche 28 mai d’un cancer. Il avait combattu toute sa vie pour que la lumière soit faite sur la mort de son père.
Pierre Audin, avec l’écharpe verte, lors de l’inauguration d’un buste de son père sur la place Maurice-Audin, au centre d’Alger (Algérie), le 5 juin 2022. PHOTO BY AFP
La photo de Pierre Audin, tout sourire et passeport vert à la main, datant d’avril 2022, a été maintes fois partagée sur les réseaux sociaux algériens à l’annonce de son décès, dimanche 28 mai 2023, des suites d’un cancer. Professeur de mathématiques et longtemps médiateur scientifique au Palais de la Découverte à Paris, il avait attendu 55 ans pour se voir délivrer son passeport algérien grâce à une naturalisation par décret présidentiel, publié au Journal officiel le 25 août.
C’est « bizarre qu’on naturalise algérien un Algérien », avait alors déclaré Pierre Audin. Sa mère, Josette Audin, avait en effet la nationalité algérienne depuis 1963, ce qui aurait dû automatiquement lui permettre de l’acquérir, selon la loi.
L’histoire de la famille est en effet avant tout une histoire algérienne. Pierre Audin a passé sa vie à défendre la mémoire de son père Maurice Audin, mort lorsqu’il n’avait qu’un mois. Le militant communiste anticolonialiste soupçonné d’être en lien avec le Front de libération nationale (FLN), avait été enlevé à Alger le 11 juin 1957, en pleine guerre d’Algérie, et assassiné par les paramilitaires du général français Jacques Massu. Une responsabilité que la France a mise soixante et un ans à assumer. La reconnaissance est venue par la voix d’Emmanuel Macron. Le 13 septembre 2018, le président français a déclaré « au nom de la République française, que Maurice Audin a été torturé puis exécuté ou torturé à mort par des militaires qui l’avaient arrêté à son domicile ».
« La vie de Pierre aura été consacrée au combat incessant, aux côtés de sa mère Josette, pour que soit dite toute la vérité sur les circonstances de la disparition de son père, Maurice Audin, mathématicien et militant actif du Parti communiste algérien » rappelle un communiqué de l’association Josette et Maurice Audin.
La mémoire de Maurice Audin, considéré comme un martyr de la cause indépendantiste, reste vive en Algérie. Le nom du militant a d’ailleurs été donné à une place au cœur de la ville d’Alger, devenue l’épicentre du vaste mouvement de contestation du régime, le Hirak, entamé en février 2019 pour contester la candidature du président Abdelaziz Bouteflika à un cinquième mandat et pour réclamer un changement de système politique, largement dominé depuis l’indépendance par les hauts gradés militaires. Dès les premières manifestations, des jeunes avaient entouré le portrait en céramique de Maurice Audin, créé sur un mur de la place, de quantité de petits mots notés sur des post-it pour rendre hommage à son combat et s’inscrire dans la continuité de sa lutte pour la liberté des Algériens.
Pierre Audin était revenu à Alger en mai 2022, à l’occasion du 60e anniversaire de l’indépendance. Puis le 5 juin, il avait assisté à l’inauguration du buste à l’effigie de son père. Un grand moment d’émotion dans ce lieu évocateur du combat d’hier pour l’indépendance, comme celui pour les libertés porté récemment par le Hirak, aujourd’hui étouffé par la répression.
Car le combat des Audin n’avait rien d’une histoire passée. Pierre Audin s’est distingué ces dernières années par ses prises de position en faveur du Hirak et contre la répression. Il s’était engagé dans un comité international de soutien au journaliste Khaled Drareni et avait adressé un message d’une grande vigueur aux autorités algériennes, appelées à se « ressaisir » et à laisser les citoyens s’exprimer.
Alors que Khaled Drareni était incarcéré de mars 2020 à février 2021 pour sa couverture en direct des manifestations du Hirak, Pierre Audin lui envoyait souvent des courriers. « Ces lettres étaient souvent écrites dans une écriture quasi illisible. Lorsque je le lui ai fait remarquer, Pierre m’a expliqué avec humour qu’il faisait exprès d’écrire mal pour fatiguer les responsables de la prison qui lisaient les lettres avant de me les remettre », raconte Khaled Drareni, rendant hommage à un homme « resté profondément attaché à ses compatriotes en Algérie et qui soutenait leur quête de la dignité et des libertés ».
Ce combat, Pierre Audin l’a mené jusqu’au bout de sa vie. « Maurice Audin a été torturé et assassiné parce qu’il voulait une Algérie indépendante, fraternelle et solidaire. Aujourd’hui, j’ai honte pour ce pouvoir qui oublie son histoire, agresse des manifestants sur la place Audin, arrête Khaled Drareni à proximité de la place Audin, dans la rue même où ma mère garait sa 4 CV, une rue en pente, pour pouvoir démarrer sans manivelle ! Moi, mon histoire me colle aux tripes, c’est comme si, encore une fois, on arrêtait quelqu’un chez moi », écrivait Pierre Audin qui estimait qu’« Alger était la plus belle ville au monde ».
Par Karim Amrouche(Alger, correspondance)
Rédigé le 30/05/2023 à 09:58 dans Algérie, France, Guerre d'Algérie | Lien permanent | Commentaires (0)
L’école militaire d’ingénieurs, composée à 20 % d’élèves internationaux, est accusée par plusieurs étudiants de perpétuer une culture néocoloniale et xénophobe qui participe à la séparation entre les Français issus du prestigieux concours et les autres.
Au Maroc, la renommée de l’Ecole polytechnique ne se discute pas. Une partie des élites politiques et économiques sont issues de cette prestigieuse institution française. Alors quand Malik (son prénom a été modifié), brillant élève en classe prépa MPSI (mathématiques, physique et sciences de l’ingénieur), est admissible dans les plus grandes écoles d’ingénieurs (les Ecoles centrales, les Mines, l’ENS et Polytechnique, surnommée l’X), sa famille organise une petite fête. Lui a déjà choisi : ce sera l’X. Son père, électricien, est fier de son « ascension sociale ». « Un honneur », pense Malik.
C’est dans cet état d’esprit que l’élève arrive sur le campus de l’école militaire située sur le plateau de Saclay, à Palaiseau (Essonne), à la rentrée 2019. Prêt à embrasser les traditions militaires françaises, le jeune Marocain remarque vite que lui et ses camarades internationaux sont traités « différemment ». « Nous étions relégués dans des sections sportives sans aucun élève français. Les sections sont au cœur de la vie sociale de l’école, ce sont vos premiers amis et votre premier cercle. » Quant aux militaires, « il y aurait beaucoup de choses à dire sur leur comportement, avec les filles, avec les non-francophones, sur leur discours vis-à-vis de la présence française en Afrique », ajoute l’étudiant.
Plus tard, au moment de finaliser sa demande de naturalisation – depuis 2005, l’école apportait un soutien dans les démarches et une recommandation personnalisée, une aide qui a pris fin en 2022 à cause de la généralisation du dépôt des demandes de naturalisation par voie dématérialisée –, Malik explique adhérer à l’esprit des « droits de l’homme » et aux valeurs d’un pays qui respecte les personnes LGBT, comme lui. Le cadre militaire qui examine sa lettre l’interrompt : « Tu devrais écrire quelque chose de plus neutre. »
En mars, le magazine des élèves de l’école, l’IK, consacrait un numéro entier aux élèves internationaux : une trentaine de pages de témoignages – tous anonymes – qui faisaient état d’un certain mal-être, de difficultés avec les traditions militaires, de discriminations, de stigmatisations… Le colonel Thibault Capdeville, directeur de la formation humaine et militaire de l’école, affirme que « si l’IK exprime le mal-être d’un certain nombre d’élèves, la majorité a réussi à trouver sa place au sein de Polytechnique ».
Pour de nombreux étudiants internationaux, l’école n’a pas pris la mesure du malaise. « Tout le monde était choqué lors de la publication de l’IK. Pourtant, l’administration n’a pas réagi », raconte Yousef, 20 ans, étudiant de la promotion X21. Une réunion est finalement organisée trois semaines plus tard. L’administration explique attendre la publication d’une enquête menée à l’initiative du bureau des élèves sur le bien-être des étudiants internationaux sur le campus. « On pourra alors travailler avec les étudiants et les anciens à l’amélioration de l’intégration des internationaux », assure Dominique Rossin, directeur de l’enseignement et de la recherche de l’Ecole polytechnique.
De nombreux témoignages recueillis par Le Monde auprès d’étudiants internationaux et français de plusieurs générations pointent un climat pesant et empreint de stéréotypes racistes. Parmi les témoignages, les étudiants marocains sont surreprésentés, notamment parce que le système de classe préparatoire est calqué sur le « modèle » français et qu’ils comptent pour environ 25 % dans les cohortes d’internationaux.
Sofiane, étudiant marocain issu de la promotion 2019, évoque avec amertume son stage militaire à La Courtine, un camp militaire dans la Creuse, où tous les jeunes ingénieurs sont formés par l’armée de terre. « Ce stage, c’était un choc. Nos encadrants expliquaient que la France était intervenue au Mali ou ailleurs pour “sauver l’Afrique” devant nous, étudiants africains et nord-africains, avec une posture coloniale assumée », raconte celui qui poursuit ses études en Europe. Provisoire et expérimentale, la présence des internationaux à La Courtine a pris fin en 2019, en raison de retours négatifs des élèves et des encadrants. Seuls les élèves officiers français qui ont un statut militaire continuent de s’y former.
Néanmoins, pendant leur « inkhorpo » (jargon polytechnicien désignant l’intégration), tous les élèves de la promotion continuent d’apprendre certains textes issus du carnet de chants militaires. Un étudiant dénonce le répertoire, teinté de colonialisme, selon lui : « Plusieurs d’entre nous viennent d’Afrique ; comment est-on censé chanter ce genre de choses ? » Ces critiques font référence au Chant des Africains. Le texte a été composé pendant la seconde guerre mondiale par un capitaine de l’armée française, rappelle le colonel Thibault Capdeville. « Il rend hommage aux troupes de l’armée d’Afrique, qui ont participé à la libération de la France. Sans contextualisation, je comprends que ce texte puisse être dérangeant. L’année prochaine, mes subordonnés livreront des explications pour qu’un jeune civil étranger ne soit pas déboussolé », explique-t-il au Monde.
Rémi (son prénom a été modifié), un élève français, a quitté sa formation militaire à La Courtine au bout de deux jours : « Mes encadrants étaient misogynes et racistes. L’un d’entre eux avait surnommé un étudiant mauritanien “Kirikou”. C’est inadmissible. » Le colonel Capdeville assure être intransigeant face à ce genre de propos : « J’ai servi quatorze ans à la Légion étrangère. Les insultes racistes sont inacceptables. Elles ne sont pas dignes d’une troupe professionnelle. »
En novembre 2021, quatre étudiants ont adressé un « signalement » à l’école, faisant état de « cas probable de discrimination, d’homophobie et de sexisme ». Le document, dont Le Monde a pris connaissance, porte de lourdes accusations contre un ancien cadre militaire. L’un des exemples porte sur la dégradation par un étudiant d’une fresque réalisée par l’association LGBT de l’école. Le cadre militaire aurait justifié cet incident par le caractère « très visible » des élèves de la communauté LGBT sur le campus. Il aurait demandé aux élèves de comprendre la « frustration » de l’auteur des faits et aurait refusé de reconnaître le caractère homophobe de la dégradation.
Le militaire aurait également tenu des propos homophobes – « Ne tiens pas une voix de “tafiole” napolitaine » – à un élève homosexuel avant son discours pour une cérémonie militaire. Le colonel Thibault Capdeville, alors tout juste nommé, a reçu l’ensemble des victimes présumées, ainsi que l’encadrant en question. Ce dernier a été sanctionné par un avertissement et ne travaille plus à Polytechnique aujourd’hui. M. Capdeville rappelle que tous les élèves, y compris les internationaux, disposent d’un droit au rapport : « Qu’ils n’hésitent pas à venir me voir pour se plaindre de leur hiérarchie. » Mais, selon lui, les remarques discriminantes « sont surtout le fait d’autres d’élèves ».
En plus des codes spécifiques au monde militaire, les élèves internationaux se heurtent à un entre-soi d’étudiants issus du même moule. Leur marginalisation est d’autant plus forte qu’une grande partie des élèves ingénieurs se connaissent déjà avant d’intégrer Polytechnique. « La plupart des Français viennent de trois lycées prestigieux en région parisienne, ils sont aussi majoritairement issus de la grande bourgeoisie, et, pour certains, c’est la première fois qu’ils rencontrent des jeunes Noirs ou Arabes », témoigne Sofiane. A la dernière rentrée, sur les 431 élèves français qui ont intégré Polytechnique, 92 sont issus du lycée privé Sainte-Geneviève à Versailles, 75 du lycée Louis-le-Grand et 43 de Stanislas, deux établissements parisiens.
Présents à l’école en tant qu’auditeurs libres dès la création de Polytechnique, en 1794, les étudiants internationaux ont la possibilité d’obtenir le même diplôme que leurs camarades français, les élèves-officiers, depuis 1921. Mais c’est en 2000 seulement qu’ils intègrent l’école en plus grand nombre, à la suite d’une réforme de l’enseignement. L’X, dont le prestige était fondé sur la dureté du concours après deux années de préparation, s’ouvre à la filière universitaire : « On atteint alors un quota de 20 % d’internationaux en cycle ingénieur », retrace Dominique Rossin. Or la filière universitaire, dont sont essentiellement issus les internationaux, est perçue comme une porte d’entrée moins digne, analyse l’historien Hervé Joly : « Ce qui fonde l’identité polytechnicienne, c’est le caractère extrêmement sélectif du concours. »
L’augmentation des frais de scolarité, passés en 2017 de zéro à 19 000 euros pour les Européens, et de 29 000 à 38 000 euros pour les non-Européens, exacerbe aussi le sentiment d’injustice, d’autant que les élèves français sous statut militaire reçoivent, eux, une solde d’environ 500 euros mensuels. « On est encore loin des tarifs anglo-saxons », se défend Dominique Rossin, qui rappelle que la transformation de l’école en institution internationale nécessite des moyens, et met en avant les débouchés lucratifs assurés par Polytechnique : « Nos diplômés gagnent en moyenne 70 000 euros [par an] en sortie d’école, et peuvent monter à plus de 100 000. » Certains étudiants, comme Chiraz, X21, voient d’ailleurs dans l’augmentation du nombre d’étudiants étrangers une opportunité très lucrative.
L’historien Christophe Charle le résume autrement : « Comme toute aristocratie, Polytechnique doit s’adapter si elle veut rester dans la course avec les prestigieuses universités du monde entier. » Reste à savoir si cette école militaire, vieille de plusieurs siècles, qui a su tirer un trait sur plusieurs de ses traditions, est prête à remettre en question certains usages d’un autre âge.
Marine Miller et Margherita Nasi
ublié aujourd’hui à 06h00, modifié à 09h45
https://www.lemonde.fr/campus/article/2023/05/30/a-polytechnique-des-etudiants-etrangers-denoncent-leur-mal-etre-et-des-stereotypes-racistes_6175375_4401467.html
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Rédigé le 30/05/2023 à 09:28 dans Racisme | Lien permanent | Commentaires (0)
Il avait poursuivi les combats de ses parents, Josette et Maurice Audin, torturé et assassiné par l’armée française pendant la guerre d’Algérie en 1957. Pierre Audin a été emporté par la maladie le 28 mai à l’âge de 66 ans.
Pierre et Josette Audin à la Fête de l'Humanité en 2018, pour un débat sur l'Agora du journal.
© Albert Facelly
C’était il y a un an jour pour jour. L’Humanité avait accompagné Pierre Audin en Algérie, où il conduisait une délégation de l’Association Josette-et-Maurice-Audin. Un retour au pays natal placé sous le signe de la mémoire et de la coopération scientifique, au bout du fil d’Ariane de l’histoire familiale.
Ces dernières années, depuis la reconnaissance en 2018 du crime d’État commis par l’armée française sur son père, Maurice Audin, pendant la guerre d’Algérie, il avait donné de son temps, et de la voix, pour défendre la liberté de la presse.
« Mon père se décarcassait pour le journal du Parti communiste algérien, Liberté. Après cent trente-deux ans de colonialisme avec un peuple bâillonné et contraint de courber l’échine, après sept ans d’une guerre sauvage, violente, l’Algérie aurait dû être la première sur les droits humains et les libertés, expliquait-il. Elle a aujourd’hui les moyens d’avancer vers une société solidaire, grâce à sa première richesse : la jeunesse ».
Il se vivait tout à la fois Algérien et Français
Pierre Audin venait enfin d’obtenir son passeport algérien promis depuis longtemps. Il se vivait tout à la fois algérien et français. En 2019, il avait suivi au jour le jour le Hirak, ce mouvement populaire irrigué par le désir de liberté et de justice sociale de la jeunesse algérienne. Il nous alertait régulièrement sur la répression des militants et journalistes pris pour cibles par le pouvoir algérien : « Ça ferait un bon papier dans l’Huma » nous suggérait-il sur un ton espiègle, avec son humour corrosif.
Pierre Audin le « fils du chahid » revient, la mémoire au poing
L’Humanité était devenu « son » journal, comme il fut celui de son père. Une photographie avait immortalisé Maurice Audin en éternel jeune homme, levant les yeux au ciel et tenant dans les mains l’ Humanité. Ce cliché, qui trônait sur l’étagère du salon de Josette Audin, dans son appartement de Bagnolet, a accompagné plus de 65 ans le combat mené sans relâche pour exiger justice et vérité.
En 2017, lors d’une nouvelle enquête sur l’assassinat de Maurice Audin par l’armée française, nous avions longuement rencontré Pierre pour lui soumettre un nouveau témoignage que nous avions recueilli. Celui d’un ancien appelé pensant avoir participé à faire disparaître, en 1957, le corps du mathématicien communiste.
Ce fut le début d’un long travail, mené main dans la main avec la famille, pour enfin faire reconnaître le crime d’État. Pierre s’y était engagé à nos côtés avec opiniâtreté. Des heures et des nuits passées à ausculter chaque nouvelle photographie retrouvée, à recouper nos informations.
« Ma mère n’en parlait jamais. C’était son jardin secret, et on l’a respecté »
Pierre Audin n’a qu’un mois ce 11 juin 1957, l’un des plus meurtriers de la bataille d’Alger, quand des parachutistes tambourinent à la porte du domicile des Audin, militants du Parti communiste algérien. « Quand est-ce qu’il va revenir ? » demande Josette Audin, alors que son mari est enlevé par l’armée. « S’il est raisonnable, il sera de retour dans une heure », lui répond un capitaine. « Occupe-toi des enfants », a le temps de lui lancer Maurice Audin. Ce seront les derniers mots qu’ils échangeront.
« Ma mère n’en parlait jamais. C’était son jardin secret, et on l’a respecté, nous avait confié Pierre Audin en 2017. Il y avait son portrait partout, je me doutais que c’était un héros, mais je ne savais pas pourquoi. Un jour, je suis tombé sur un livre dans la bibliothèque, intitulé l’Affaire Audin (1)…».
En 2018, à défaut de connaître enfin avec certitude le nom des bourreaux de son père et les circonstances exactes de son assassinat, Pierre s’engage à nos côtés, avec l’aide du mathématicien Cédric Villani et du député communiste Sébastien Jumel, pour faire reconnaître le crime d’État. Une lettre ouverte, adressée au président de la République, signée par de nombreuses personnalités, est publiée dans nos colonnes. « Des deux côtés de la Méditerranée, les mémoires algérienne et française resteront hantées par les horreurs qui ont marqué cette guerre, tant que la vérité n’aura pas été dite et reconnue », affirme le texte. L’été suivant, Pierre Audin nous appelle: « Emmanuel Macron va reconnaître le crime d’État ».
Quelques semaines plus tard, devant le palais de l’Élysée, il affiche son sourire des grands jours et savoure le moment. Nous venons de prendre connaissance du texte historique signé du président de la République. La France regarde enfin en face l’une des pages les plus cruelles de la colonisation. C’est l'épilogue d’un long combat, celui de toute une vie, de toute une famille, également soudée par une autre passion : les mathématiques.
Pierre Audin, lui aussi mathématicien, avait à cœur l’accès du plus grand nombre à la culture scientifique ; il a passé l’essentiel de sa carrière au Palais de la Découverte. « Je perds un frère en vulgarisation mathématique, un ami fidèle en toutes circonstances, un collègue militant avec qui j’ai vécu certains des moments les plus émouvants de toute ma vie, l’a salué Cédric Villani. Jusqu’à son dernier souffle, Pierre a levé le poing pour la liberté, l’association Josette et Maurice Audin continuera ses combats ». L’Humanité aussi. Notre journal adresse ses condoléances les plus chaleureuses à son épouse, Line, , à ses filles, à sa sœur Michèle, à tous ses proches, à tous ses camarades.
(1) « L’affaire Audin ». Pierre Vidal-Naquet. Les éditions de minuit. 1958
SOURCE : Pierre Audin, mathématicien, fils de Maurice Audin, est décédé | L'Humanité (humanite.fr)
Dimanche 28 mai 2023
Rosa Moussaoui et Maud Vergnol
http://www.micheldandelot1.com/le-quotidien-l-humanite-aussi-pierre-audin-mathematicien-fils-de-mauri-a214241591
En mémoire à Pierre Audin qui vientde nous quitter à l'âge de 66 ansemporté par un cancer
Maurice Audin avec son fils Pierre, peu avant son enlèvement par les paras
Pierre Audin : TV5 MONDE :
Que représente pour vous le 19 mars 1962 et les accords d'Evian ?
Le 19 mars 1962 (plus précisément le 18 mars) ce sont les accords d'Evian et le cessez-le-feu. Je suis prêt à célébrer le cessez-le-feu. Mais je suis beaucoup moins prêt à célébrer le contenu des accords d'Evian notamment qui ont permis d'amnistier tous les criminels, des criminels de guerre. La France n'a pas reconnu ce terme. Il n'empêche que ce sont des criminels de guerre. Un certain nombre de crimes contre l'humanité ont été commis contre les Algériens durant les huit années de guerre. Je célèbre surtout le 5 juillet 1962, date de l'indépendance.
1er novembre 1954... Au début des années cinquante, la France considère l'Algérie comme faisant partie intégrante de son territoire : ce sont plusieurs départements français... (Sur le papier mais pas dans les coeurs). Pourtant la population musulmane a de plus en plus de mal à supporter l'inégalité de la société algérienne, dans laquelle elle se retrouve sous-représentée politiquement et opprimée par un système économique qui ne profite qu'aux colons.
Des nationalistes, regroupés dans le Front de Libération Nationale (FLN), passent à l'offensive à l'automne 1954. Au cours de la Toussaint Rouge ou sanglante, dans la nuit 31 octobre au 1er novembre, plusieurs attentats sont perpétrés dans une trentaine de points du pays. La guerre d'Algérie a commencé... Une guerre sans nom - on disait "les événements" -, qui durera huit ans, jusqu'à l'indépendance proclamée du pays le 5 juillet 1962.
A Paris, François Mitterrand, ministre de l'intérieur, affirme « Nous ne tolérerons aucun séparatisme ». La guerre ? Jamais ce terme n'a été utilisé. «Événements», « Flambée de violence » sont les expressions les plus employées pendant longtemps. Personne ne pensait alors que la Toussaint rouge, le 1er novembre 1954, serait le début d'une affaire qui allait marquer l'histoire des deux côtés de la Méditerranée pendant les dix années suivantes. Le début d'une guerre qui allait causer tant de malheurs, coûter tant de sang et de larmes et provoquer tant de blessures encore mal cicatrisées, 65 années après le commencement de la tragédie.
"La levée des sanctions à l’égard de responsables d’atrocités commises pendant la guerre d’Algérie interdit de vider l’abcès, puisqu’il y a effacement des repères qui distinguent entre ce qui est crime et ce qui ne l’est pas. Les simples exécutants ne seront jamais déchargés d’une partie de leur culpabilité, ou de leur honte. Les responsables, jamais identifiés. Les Français ne feront donc jamais ce que les Américains ont fait pour le Vietnam : juger leurs criminels de guerre. Et, bien vite, cette loi de 1982 qui avait pour justification le pardon commencera, d’abord, par réveiller l’ardeur des nostalgiques de l’OAS. Les leaders d’une extrême droite à 0,8 % des voix, au moment de l’élection présidentielle de 1981, “réintègrent” la vie politique."
A partir de la fin de la guerre d’Algérie, les autorités françaises ont promulgué toute une succession d’amnisties et de grâces.
Ce furent d’abord les décrets promulgués lors des accords d’Évian (les 20 mars et 14 avril 1962) qui effaçaient à la fois les "infractions commises avant le 20 mars 1962 en vue de participer ou d’apporter une aide directe ou indirecte à l’insurrection algérienne", et celles "commises dans le cadre des opérations de maintien de l’ordre dirigées contre l’insurrection algérienne". Puis vinrent quatre lois successives. La première, du 17 décembre 1964, concernait les "événements" d’Algérie et fut suivie, le 21 décembre, d’une grâce présidentielle pour 173 anciens membres de l’OAS. Celle du 17 juin 1966 amnistiait les "infractions contre la sûreté de l’État ou commises en relation avec les événements d’Algérie". Vint ensuite, en pleine crise de Mai 68 et liée directement à elle, la grâce du 7 juin 68 concernant, cette fois, tous les membres de l’OAS qui étaient encore détenus ; elle fut suivie de la loi du 24 juillet effaçant toutes les infractions liées aux "événements" y compris celles "commises par des militaires servant en Algérie pendant la période". Cette loi, malgré le dépôt d’un amendement socialiste allant dans ce sens, ne stipulait pas encore la réintégration des intéressés dans leurs fonctions civiles ou militaires ni dans leurs droits à porter leurs décorations.
Ce fut chose faite après l’arrivée de la gauche au pouvoir. Déjà, en 1965, l’extrême droite proche de l’OAS avait été appelée à se rallier à la candidature de François Mitterrand ; l’année suivante, un projet de loi déposé par Guy Mollet, Gaston Deferre et le même François Mitterrand avait proposé le rétablissement des condamnés de l’OAS dans leurs grades et leurs fonctions ; et, en 1972, le programme commun de la gauche ne comportait aucune référence ou allusion aux suites de la guerre d’Algérie ni à la lutte pour la décolonisation. Avant les élections présidentielles de 1981, des négociations menées par des proches du candidat François Mitterrand aboutirent à l’appel du général Salan à voter Mitterrand et, entre les deux tours, à celui de l’organisation de rapatriés le RECOURS à "sanctionner" Valéry Giscard d’Estaing. C’est donc bien dans la ligne de cette politique que fut votée le 3 décembre 1982 la dernière des lois d’amnistie réintégrant dans l’armée les officiers généraux putschistes et permettant même les "révisions de carrière" nécessaires à la perception de l’intégralité de leurs retraites. Cela, au nom de l’argument formulé par François Mitterrand : "Il appartient à la nation de pardonner."
http://www.micheldandelot1.com/pierre-audin-tv5-monde-que-represente-pour-vous-le-19-mars-1962-et-les-a212264143
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Rédigé le 30/05/2023 à 08:46 dans France, Guerre d'Algérie | Lien permanent | Commentaires (0)
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