Après 14 ans de fermeture, le Sud algérien est de nouveau accessible aux voyageurs français. Un vol direct Paris-Djanet sera relancé cet automne. Au grand bonheur de nombreux professionnels du voyage et voyageurs.
Au début des années 1980, alors que l’Algérie jouissait d’une hausse exceptionnelle des prix des hydrocarbures, le pays a décidé de tourner le dos au tourisme international pour se concentrer sur le tourisme domestique. Le choc pétrolier de 1986, les émeutes et la crise politique de 1988 puis la décennie noire du terrorisme dans les années 90 ont achevé les ambitions du tourisme algérien. Jusqu’à aujourd’hui.
Après 14 ans de fermeture, le Sud algérien est de nouveau accessible aux voyageurs depuis octobre 2022. Encore balbutiante avant le Covid, la volonté de l’Algérie de se replacer sur l’échiquier touristique méditerranéen semble désormais bien solide.
En témoigne l’invitation par Air Algérie et l’Etat algérien d’une délégation composée d’une vingtaine d’opérateurs touristiques français et de représentants de médias français pour effectuer une visite de prospection et de découverte dans la région de l’Ahaggar, wilaya de Tamanrasset. De l’Assekrem, à l’oasis d’Outoul, en passant par la zone Tabssa jusqu’à Djanet. Le programme de cet éductour concocté avec un très bon réceptif de Tamanrasset Akar Akar (la première agence de voyage privée du pays !) était riche et intense.
L’Algérie et les visas : une si longue histoire
Un des points noirs du tourisme en Algérie a pendant longtemps été la délivrance des visas et de manière générale tout ce qui a trait aux démarches administratives. « Il y a un problème de visas, reconnaissait il y a quelques mois l’ancien ministre du Tourisme et de l’Artisanat, Yacine Hamadi. La procédure de l’obtention du visa en Algérie est un peu lourde et un peu difficile. Ceci s’explique par la situation vécue en Algérie ».
Le pays promet des améliorations. Le visa touristique est dorénavant délivré à l’arrivée pour le Grand Sud. Le prix du visa est de 110 euros si vous partez moins de 90 jours et de 130 euros si vous partez plus longtemps (frais de dossier inclus).
L’Algérie dispose de 18 consulats en France (Paris, Marseille, Strasbourg, Lyon, Lille, Bobigny, Créteil, Nanterre, Pontoise, Saint-Etienne, Nice, Besançon, Grenoble, Metz, Bordeaux, Nantes, Toulouse et Montpellier). Les délais d’obtention du visa sont de 2 à 10 jours ouvrés. Mais selon Point-Afrique, il faut plutôt compter au moins 15 jours.
Si tout n’a pas été simple pour le groupe de cet éductour, qui s’est parfois heurté au zèle de la police aux frontières algérienne, la situation semble beaucoup plus fluide pour les touristes français partis ces dernières semaines en Algérie. « Les retours clients sur la délivrance et le contrôle des visas est jusqu’à présent très bon. Nous n’avons pas de souci particulier à signaler là-dessus » confirme Florent Bochet, le directeur commercial de Terres d’Aventure. Espérons donc que cette attente à l’aéroport d’Alger ne soit qu’une exception qui confirme la règle.
L’aérien vers l’Algérie : un maillon essentiel
Un des autres enjeux pour la relance du tourisme algérien est le transport. Qu’il soit maritime ou aérien. Face à l’arrivée massive des low cost, notamment française avec Transavia France, Air Algérie se devait d’agir. Rencontré à Alger, Yacine Benslimane, le PDG d’Air Algérie, nous indique que « le gouvernement a donné son feu vert à l’acquisition par la compagnie aérienne Air Algérie de 15 avions neufs ». Si on ne peut pas connaître le montant de cette transaction qui n’est pas encore finalisée, on sait que la future commande portera sur 8 Boeing 737-9 MAX, 5 Airbus 330-900 et 2 Airbus 350-1000.
Comme ces avions n’arriveront pas avant 2025, et pour compléter sa flotte, le PDG d’Air Algérie va aussi faire appel à « 10 avions en leasing qui arriveront dès le milieu du mois de juin 2023 ». Par ailleurs, le nouveau dirigeant a indiqué qu’Air Algérie travaillait effectivement à la création d’une low cost pour la fin 2023 afin de concurrencer les compagnies européennes.
Sur le plan opérationnel, la reconduction du vol direct Paris-Djanet est actée. Yacine Benslimane s’y est engagé devant les professionnels français. Par ailleurs « un vol direct depuis Marseille vers Djanet est à l’étude. Tout comme la ligne vers Tamanrasset. Nous étudions aussi la relance hebdomadaire de Timimoun et de Ghardaïa depuis Paris. Notre but est de reprendre les habitudes d’avant la fermeture du désert algérien ». Tous ces vols s’effectueront les week-ends avec un départ les samedis et un retour les dimanches pour coller aux attentes des pros. Ces nouveautés devraient être mis en place pour le début de la saison saharienne qui débutera le 22 octobre 2023.
Quel tourisme dans le Sahara ?
Tous ces éléments, ajoutés à l’incroyable potentiel touristique du désert algérien souvent considéré comme le plus beau du monde, et à l’accueil sincère et touchant des Touaregs, devraient sans nul doute replacer l’Algérie dans l’écosystème touristique français. D’ailleurs, les professionnels participants à l’éductour ne s’y sont pas trompés.
Jean-Luc Pintaud, de Nouvelles Frontières, nous expliquait : « Malheureusement pour les brochures 2024, cela risque d’être un peu court. Mais dès 2025 j’espère bien sortir un circuit qui permet de découvrir le sud de l’Algérie avec une rencontre des Touaregs dans le Sahara comme on l’a vécu ». Point Afrique, pour qui la destination algérienne est importante, va même mettre les petits plats dans les grands. « En partenariat avec Air Algérie, nous allons cet automne mettre des charters en vol directs vers Tamanrasset et Djanet au départ de Paris et Marseille » indique Sonia Esseghir, de Point Afrique.
Se pose désormais aussi la question de savoir quel tourisme veut l’Algérie. « Il ne faut pas que le désert algérien devienne un endroit dénaturé par le tourisme de masse. Les équilibres ici sont si fragiles » suppliait le père espagnol, gardien de l’Assekrem. Entre aucun touriste et beaucoup trop, telle va être la périlleuse ligne de crête sur laquelle devront danser les acteurs du tourisme algérien. Car sans nulle doute que nombreux seront les touristes à venir découvrir les merveilles du Sud algérien.
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