(Baie de Guantánamo, Cuba) L’armée américaine a rapatrié jeudi en Algérie un prisonnier qui avait été détenu à Guantánamo sans inculpation pendant plus de 20 ans, alors que l’administration Biden poursuit ses efforts pour réduire le nombre de détenus sur la base navale.
Le prisonnier, Said bin Brahim bin Umran Bakush, âgé de 52 ans, faisait partie de la vingtaine de combattants présumés de bas niveau qui ont été arrêtés par les services de sécurité pakistanais lors d’un raid mené en 2002 à Faisalabad contre des habitations considérées comme des refuges d’Al-Qaïda. Les combattants présumés ont finalement été emmenés à Guantanamo Bay.
À la suite de sa libération, il reste dans la prison du Pentagone à Cuba un seul prisonnier capturé lors du raid. Les autres ont été transférés ou rapatriés.
Les avocats qui ont tenté de s’entretenir avec M. Bakush l’ont décrit comme un homme reclus. Il a boycotté les audiences au cours desquelles son aptitude à être libéré a été examinée et est resté la plupart du temps dans sa cellule du camp 6, le bâtiment de la prison où les captifs coopératifs sont détenus et autorisés à manger, prier et regarder la télévision ensemble.
H. Candace Gorman, une avocate de la défense établie à Chicago qui représente M. Bakush depuis 17 ans, a déclaré qu’il avait cessé de la rencontrer en 2017 ou 2018.
M. Bakush n’a jamais été marié et n’a pas d’enfants, mais il pourrait avoir de la famille éloignée en Algérie.
Preuve de la dangerosité future d’un détenu
Dans un premier temps, les forces américaines ont identifié le prisonnier comme étant un Libyen nommé Ali Abdul Razzaq, et ce nom figurait dans les documents déposés auprès du tribunal fédéral. Mais avec le temps, il s’est identifié comme Said bin Brahim bin Umran Bakush et a déclaré qu’il était algérien.
Au moment de l’audience de 2021, les services de renseignement américains avaient conclu qu’il avait « probablement suivi un entraînement de base et avancé en Afghanistan et qu’il avait ensuite servi d’instructeur dans un camp extrémiste avant sa capture ».
Un officier de l’armée américaine représentant les intérêts de Bakush a déclaré qu’« il préfère être seul et passe beaucoup de temps dans sa cellule », ajoutant qu’il a peu d’éducation et aspire à acheter un camion et à devenir chauffeur-livreur.
En 2018, les avocats ont essayé d’utiliser son cas pour amener les tribunaux fédéraux à fixer une norme plus élevée pour l’évaluation des renseignements recueillis contre les hommes dans les premiers jours de Guantanamo Bay. Mais cette tentative a échoué.
Ils ont également fait valoir qu’à l’approche des 20 ans de détention, le gouvernement américain devrait être tenu de prouver la dangerosité future d’un détenu d’une manière plus proche d’un internement civil pour des raisons psychiatriques. La Cour suprême a refusé de se saisir de l’affaire en 2021.
Objectif : fermer la prison
Le rapatriement de M. Bakush est le sixième transfert fait en six mois par l’administration Biden qui, dans ses déclarations, a décrit chaque libération comme conforme à son objectif de « réduire de manière responsable la population de détenus et, à terme, de fermer le centre de Guantanamo Bay ».
À l’heure actuelle, 16 des 30 hommes détenus à Guantánamo peuvent prétendre à un transfert, mais les négociations diplomatiques seront plus complexes que pour les récents rapatriements. Il s’agit de 11 Yéménites, de 1 Libyen et de 1 Somalien qui, en vertu de la loi, ne peuvent être renvoyés dans leur pays d’origine. Les négociations visant à trouver des pays susceptibles d’accueillir certains de ces hommes remontent à l’administration Obama.
En outre, les avocats d’un criminel de guerre reconnu, Abd al-Hadi al-Iraqi, sont à la recherche d’un pays susceptible de l’accueillir dans le cadre d’un accord de plaidoyer qui lui permettrait de bénéficier de soins médicaux. M. Hadi, âgé d’une soixantaine d’années, est handicapé en raison de la détérioration de sa colonne vertébrale et a subi six opérations du dos et du cou à Guantanamo Bay depuis 2017.
Au fil des ans, 780 hommes et garçons ont été détenus à Guantanamo Bay, dont la population maximale était d’environ 660 personnes en 2003. Tous ont été amenés là sous l’administration de George W. Bush.
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