Montage Le Devoir Le terme « footballistiquement » devrait faire partie du dictionnaire officiel de la langue française, estime l’auteur.
Samy Moubah
L’auteur est un élève de cinquième secondaire.
« Ce que je sais de la morale, c’est au football que je le dois… »
— Albert Camus
En ces temps si déprimants de guerre, de tremblements de terre, de ballons-espions et de drames collectifs en tous genres, comment trouver du réconfort ? Tout à fait conscient des enjeux criants qui agitent le monde, je ne peux cependant pas oublier l’interlude de paix que nous a procuré le dernier Mondial de foot : une véritable trêve morale et intellectuelle. Depuis cet événement qui a retenu l’attention du monde, une idée a cogité dans mon esprit, provoquant une ébullition que je n’avais jamais connue. Alors, laissez-moi vous parler un instant de ballon rond, de football, souvent synonymes de joie et d’amour.
Je suis un élève de cinquième secondaire, et c’est mon enseignante de français qui m’a encouragé à mettre en forme ma pensée et à pratiquer ici — pourquoi pas ! — la lettre ouverte, objet de mon examen de fin d’études dans quelques semaines. Mes arguments sauront peut-être vous convaincre à leur tour du bien-fondé de mon rêve footballistique…
En effet, en rédigeant une production écrite en classe à l’automne dernier, je me suis retrouvé perplexe devant l’absence d’un mot génial au dictionnaire : « footballistiquement ». L’adjectif « footballistique », lui, pourtant, existe bel et bien, si bien qu’il m’est apparu légitime de pouvoir utiliser l’adverbe ! Mon enseignante, ne trouvant pas le mot au dictionnaire, m’a donc lancé qu’il ne me restait qu’à le faire accepter dans un ouvrage de référence pour que je puisse enfin l’utiliser légitimement, et ainsi même gagner un point bonus ! Cela m’a laissé perplexe au départ, mais j’ai vite senti la nécessité de défendre mon point auprès des grands éditeurs de dictionnaires !
J’ai donc décidé d’écrire à quatre éditeurs d’ouvrages que nous utilisons couramment : Druide pour Antidote, Québec Amérique pour le Multidictionnaire de la langue française, Le Petit Robert et Larousse. Ma missive explicite que l’adverbe « footballistiquement » aurait sa raison d’être, à mon avis, en tant que déclinaison de la même famille lexicale que « footballistique », d’autant plus qu’aujourd’hui, cet adverbe est communément utilisé à l’oral par moult commentateurs et intervenants du monde du football, et ce, dans les plus grands médias du monde entier.
Par exemple, les amoureux du football tels que Romain Molina, écrivain et journaliste sportif passé par CNN, The Guardian, la BBC, The New York Times, et Wiloo, analyste footballistique cumulant plus d’un demi-million d’abonnés sur YouTube, m’ont confirmé par courriel l’usage de l’adverbe « footballistiquement » dans le monde professionnel et amateur du sport, et qu’il s’agit d’un terme fort utile et employé pour décrire l’environnement lié au football et les aspects reliés à celui-ci.
Il a notamment été utilisé dans le cadre d’un épisode de L’Équipe du soir (émission de la chaîne L’Équipe) par le fameux chroniqueur Didier Roustan, passé par TF1, Canal+, TV5 Monde et France 2. De plus, Nicolas Landry, chroniqueur à RDS et présent au Qatar afin de couvrir la Coupe du monde 2022, a affirmé sans ambages dans sa réponse à mon courriel qu’il est d’avis que l’adverbe « footballistiquement » devrait être accepté et valide universellement dans notre chère langue française.
J’ai tenté de contacter Samuel Piette, milieu de terrain du CF Montréal et de l’équipe nationale canadienne, sans obtenir de réponse, même si mon message avait bel et bien été lu par le joueur. Bref, j’ai joué le tout pour le tout, parce que c’est ma conviction que l’adverbe « footballistiquement » est passé dans l’usage et qu’il doit être reconnu afin que tous les jeunes puissent le faire rayonner dans leurs productions écrites d’école !
Et, puisque de tout temps le Québec a été innovateur, et même visionnaire et précurseur, en matière d’évolution de la langue, et que ces jours-ci on casse du sucre sur le dos de ma génération qui, semble-t-il, parle si mal le français, j’avais envie de me lever et de dire qu’il y a aussi des jeunes comme moi qui ont envie de vivre dans cette langue et de la garder bien vivante.
Voilà pourquoi je suggère aujourd’hui le terme « footballistiquement », qui devrait, à mon humble avis, faire partie du dictionnaire officiel de la langue française, ayant déjà fait ses preuves dans la langue orale en usage dans les grands médias sportifs de la francophonie. Or, il ne s’agit pas que d’un mot, en des temps où des vocables anglais envahissent notre univers linguistique francophone : n’est-il pas urgent d’augmenter le pouvoir des mots français pour nommer la réalité qui nous entoure ?
S’il y a des millions de locuteurs du français dans le monde, aussi amoureux fous du foot que moi, il me semble que ce serait une façon de contrer le recul de la langue, sujet qui est sur toutes les lèvres en ce moment, et tout un pied de nez à l’anglais, que de donner à tous ces gens un nouveau mot pour s’amuser et vivre passionnément les temps singuliers présents. Oh ! Et je crois bien que je vais envoyer ma lettre à monsieur Laferrière !
https://www.ledevoir.com/opinion/idees/786678/idees-footballistiquement-votre
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