Guy Pervillé, Histoire de la mémoire de la guerre d’Algérie, Préface de Serge Barcellini, Ed Soteca, 2022
La guerre d’Algérie, contrairement à ce que l’on dit trop souvent, tient une place non négligeable dans les programmes d’histoire de l’enseignement secondaire français depuis les années 1980, et sa mémoire a fait l’objet d’un enseignement méthodologique particulier pour la préparation de l’oral du baccalauréat, concurremment avec celle de la Seconde Guerre Mondiale. Pourtant, ces deux histoires et ces deux mémoires sont loin d’être identiques. Les élèves et les enseignants en sont d’ailleurs bien conscients, et se sentent souvent moins à l’aise avec la plus récente qu’avec la plus ancienne des deux.
D’autre part, le statut reconnu par l’Etat à la mémoire de cette guerre n’est pas du tout le même en France et en Algérie. Il faut comprendre les raisons de cette différence et ses conséquences, d’autant plus importantes que l’Etat algérien s’est efforcé depuis plus d’un quart de siècle d’effacer cette différence en essayant d’obtenir que la mémoire française s’aligne sur la mémoire algérienne, sans succès jusqu’à présent.
L’auteur a donc voulu faire œuvre d’histoire contemporaine et immédiate, en allant jusqu’aux événements les plus récents.
Guy Pervillé, professeur émérite d’histoire contemporaine, a consacré de nombreux livres et articles à la guerre d’Algérie.
L’ouvrage de Guy Pervillé rentre dans la collection « Histoire de Mémoire », dirigée par Serge Barcellini.
Parmi les autres ouvrages publiés dans cette collection :
Rémi Dalisson, Histoire de la mémoire de la guerre de 14-18, 2015
Olivier Lalieu, Histoire de la mémoire de la Shoah, 2015
Emile Kern, Histoire de la mémoire du Premier Empire, 2016
Sophie Hasquenoph, Le devoir de mémoire, Histoire des politiques mémorielles, 2017
Pour en savoir plus : https://boutique.soteca-editions.fr
Véronique Gazeau-Goddet, Tramor Quemeneur, Mourir à Sakiet, Enquête sur un appelé dans la guerre d’Algérie, puf, 2022
Cet ouvrage vient rompre le long silence tombé sur la mort de l’aspirant Bernard Goddet, l’un de quinze tués du 3/23e Régiment d’infanterie dans l’embuscade de Sakiet du 11 janvier 1958, à la frontière algéro-tunisienne. L’enquête s’est cristallisée autour du jeune homme qui a laissé des écrits et une abondante correspondance, croisés avec des sources archivistiques et des entretiens avec des appelés du 23e Régiment. Sorti d’HEC, chrétien, le jeune homme s’interroge sur différentes solutions pour mettre fin à la guerre. L’opération dans laquelle Bernard Goddet et ses camarades trouvent la mort est enfin mise au jour grâce aux archives militaires. Cette opération était-elle bien préparée ? L’événement soulève aussi la question des frontières. Ainsi, à la suite de l’embuscade, la France bombarde le village de Sakiet Sidi Youssef et déclenche ainsi une grave crise, tant internationale que nationale, qui se solde par la chute de la IVe République, avec le putsch d’Alger du 13 mai 1958.
Pour en savoir plus : https://www.decitre.fr/livres/mourir-a-sakiet-9782130835714.html#resume
L’Histoire, Tragédies algériennes, collection N°95, avril-juin 2022
Ce deuxième numéro de la nouvelle formule de L’Histoire-Collection, réunit les spécialistes de l’Algérie.
Le trimestriel du magazine L’Histoire fait peau neuve et devient un mook de 132 pages. Portfolios, cartes, BD, infographies, entretiens, complètent les articles pour éclairer le passé et en comprendre les enjeux.
Le temps long de l’Algérie a été privilégié : les violences de la conquête et du régime colonial français les huit ans d’une guerre qui déchira tous les camps, mais aussi les drames qui ont suivi l’indépendance de 1962.
Pour en savoir plus : https://www.lhistoire.fr/parution/collections-95
Historia, Numéro spécial, Guerre d’Algérie, Le choc des mémoires, mars 2022
Historia revient dans ce dossier sur les points de tensions mémoriels entre la France et l’Algérie et publie, pour la première fois dans l’histoire des relations franco-algériennes un sondage, réalisé des deux côtés de la Méditerranée, qui ouvre de nouvelles perspectives pour un avenir apaisé.
Pour en savoir plus : https://www.historia.fr/parution/mensuel-903
Raphaëlle Branche (Dir) En guerre(s) pour l’Algérie, Témoignages, Tallandier, 2022
La guerre s’est achevée il y a soixante ans en Algérie. Elle a marqué durablement les sociétés française et algérienne et touché directement des millions de personnes. Comment ces Français et ces Algériens ordinaires l’ont-ils vécue ? Quinze femmes et hommes ont accepté de confier leurs souvenirs de jeunesse. Leurs témoignages sont essentiels pour écrire une histoire qui ne soit pas seulement celle des décisions et des grands événements politiques et militaires. Ils éclairent ce que furent des vies simples prises dans la tourmente de la guerre.
Ils étaient appelés du contingent, militaires de carrière, harkis ou militants indépendantistes (du FLN et du MNA) en métropole et en Algérie, mais aussi membre de l’OAS, simples civils algériens ou français. Conscients de l’urgence de témoigner, ils racontent la guerre vue d’un appartement d’Alger, d’une usine parisienne, du maquis, d’une caserne. Quelles peurs les habitaient ? Quels dangers ont-ils affrontés ? Quelles étaient aussi les raisons de leur engagement ? Quels étaient leurs espoirs ? Ils répondent à ces questions avec le souci constant de dire au plus vrai, de raconter au plus juste. Les témoignages ne se situent pas d’un côté ou de l’autre de la Méditerranée. Ils ne sont pas au service d’une groupe de mémoire particulier. Au contraire, ils permettent d’explorer les multiples facettes de ce conflit complexe où guerre de libération et luttes fratricides se sont mêlées, où destruction et ravages se sont accompagnés d’aspiration au renouveau.
Pour en savoir plus : https://www.tallandier.com/livre/en-guerres-pour-lalgerie/
Raoul Girardet, L’idée coloniale en France de 1871 à 1962, Bartillat, 2022
Comment s’est développé en France, aux lendemains de la guerre de 1870, une volonté cohérente d’expansion coloniale ? Comment cette volonté s’est-elle affirmée, quels échos a-t-elle rencontrés dans les esprits et dans les cœurs ? Autour de quels thèmes la vision impériale française s’est-elle progressivement définie ? À quelles résistances s’est-elle heurtée et comment celles-ci se sont manifestées ? De l’époque où se consommait le partage du monde jusqu’aux derniers sursauts de la décolonisation, quelle place le fait et le débat colonial ont-ils en définitive occupé dans la conscience nationale française ? C’est à ces questions encore jamais abordées qu’a tenté de répondre Raoul Girardet.
Étude d’histoire collective des mentalités, des sentiments et des croyances, menée avec toute la rigueur méthodologique du spécialiste, ce livre est aussi l’histoire d’une idée, une idée que l’on voit naître, croître, combattre, s’imposer, puis décliner et succomber…
La renaissance de ce livre équilibré et original permettra justement d’offrir un regard pertinent sur le fait colonial qui fait tant débat aujourd’hui.
Pour en savoir plus : https://www.leslibraires.fr/livre/20213623-l-idee-coloniale-en-france-1871-1962-raoul-girardet-bartillat
Simon Murray, Légionnaire, un Anglais dans la guerre d’Algérie, Perrin 2022
Le 22 février 1960, à l’âge de dix-neuf ans, Simon Murray pousse les portes du fort de Vincennes pour s’engager dans la Légion étrangère. L’Aventure commence : l’embarquement à Marseille, l’arrivée en Algérie, à Sidi bel-Abbès, les longs mois d’instruction, l’affectation au 2e régiment étranger de parachutistes, la guerre et la traque des fellaghas de la frontière marocaine à la frontière tunisienne, les Aurès, le putsch avorté de 1961, les accords d’Evian, la lente et difficile adaptation au temps de paix…
Durant ses cinq années de service, Murray consigne dans ses carnets de bord son expérience quotidienne de la rude vie de légionnaire, l’entraînement, les marches sans fin et les échauffourées avec les fellaghas dans les montagnes de l’Atlas. La force du récit tient à la personnalité atypique de son auteur. Issu d’un milieu bourgeois, formé dans une vénérable école britannique, il s’enorgueillit de servir dans une unité légendaire. Telle est la vertu première de ce journal de guerre unique en son genre : il dit la vérité, toute la vérité et permet de comprendre l’organisation et les motivations de cette troupe à nulle autre pareille.
Un témoignage essentiel sur la guerre d’Algérie comme sur le quotidien des « hommes sans nom » qui composent la Légion étrangère.
Pour en savoir plus : https://www.decitre.fr/livres/legionnaire-9782262097738.html
Alice Kaplan, Maison Atlas, Le Bruit du Monde, 2022
Au début des années 1990, Emily quitte le Minnesota pour s’installer à Bordeaux. Sur les bancs de l’université, elle rencontre Daniel Atlas, un juif algérien dont elle tombe amoureuse. Il n’est encore qu’un jeune dandy lorsque la guerre civile déchire son pays, l’obligeant à quitter Emily et la France. De retour à El Biar, le quartier de son enfance, Daniel retrouve ses parents isolés et menacés. Cette illustre famille de commerçants, qui a connu l’Algérie colonisée puis indépendante, a choisi de rester sur cette terre envers et contre tout. Bien des années plus tard, Becca, une jeune Américaine fera elle aussi le voyage jusqu’à Alger pour mieux comprendre leur lignée.
Pour en savoir plus : https://lebruitdumonde.com/livre/29
Béatrice Commengé, Alger, rue des Bananiers, Verdier, 2022
« Le hasard m’avait fait naître sur un morceau de territoire dont l’histoire pouvait s’inscrire entre deux dates : 1830-1962. Tel un corps, l’Algérie française était née, avait vécu, était morte. Le hasard m’avait fait naître sur les hauteurs de la Ville Blanche, dans une rue au joli nom : rue des Bananiers. Dans la douceur de sa lumière, j’avais appris les jeux et les rires, j’avais appris les différences, j’avais aimé l’école au Soleil et le cinéma en matinée, j’avais découvert l’amitié et cultivé le goût du bonheur. »
En remontant le cours d’une histoire familiale sur quatre générations, Béatrice Commengé entremêle subtilement la mémoire d’une enfance et l’histoire de l’Algérie française. Au plus près de l’esprit des lieux, elle parvient à donner un relief singulier au récit de cet épisode toujours si présent de notre passé.
Pour en savoir plus : https://editions-verdier.fr/livre/alger-rue-des-bananiers/
Henri-Christian Giraud, Algérie : Le piège gaulliste, Perrin, 2022
« Je ne me sens bien que dans la tragédie » Charles de Gaulle. Au terme de sa longue traversée du désert, Charles de Gaulle s’empare de la cause de l’Algérie française pour prendre le pouvoir en 1958. Loin des hésitations et des tâtonnements que certains historiens prêtent au Général à cette époque, Henri-Christian Giraud dresse le portrait d’un homme déterminé, guidé par une idée qu’il suivra tout au long de l’affaire algérienne : l’indépendance ne fut jamais pour lui une concession accordée à contrecœur, pas plus qu’une noble initiative anticolonialiste placée sous le signe du temps.
Elle fut un moyen, un prétexte pour la France de s’extraire d’une colonie dont elle n’avait plus rien à espérer. Convaincu de servir l’intérêt supérieur de son pays, de Gaulle doit faire face à de nombreux obstacles : l’armée, l’opinion publique, le gouvernement, le peuple français, la presse, les agitateurs, les Européens d’Algérie… Autant d’intransigeants que ce « prince de l’ambiguïté » entend surmonter à sa façon. Faisant miroiter l’association aux uns, la sécession aux autres, louvoyant entre représentants de l’URSS, du FLN, du GPRA et de son propre camp, de Gaulle orchestre d’une main de maître, et par une série de coups montés, le piège dans lequel tous les acteurs du conflit vont être amenés à glisser, jusqu’à la tragédie finale. Un document capital, fondé sur des archives inédites, notamment soviétiques, et des observations presque quotidiennes de nombreux témoins clés des événements.
Pour en savoir plus : https://www.decitre.fr/livres/algerie-le-piege-gaulliste-9782262100629.html
Maxime Tandonnet, Georges Bidault, de la Résistance à l’Algérie française, Perrin, 2022
Fondée sur d’abondantes archives personnelles récemment ouvertes et de nouveaux témoignages, cette biographie de Georges Bidault (1899-1983) brosse le portrait romanesque d’un professeur d’histoire issu de la France profonde, militant chrétien dans l’entre-deux-guerres, engagé dans la lutte clandestine au sein du mouvement Combat dès 1941 et devenu, en 1942, le plus proche compagnon de Jean Moulin avant de lui succéder à la tête du Conseil national de la Résistance. Ministre des Affaires étrangères du général de Gaulle à la Libération, il prit personnellement une part déterminante à la reconquête du « rang » international de la France en 1945, malgré des relations tendues avec l’homme du 18 Juin. Créateur d’un parti politique, l’inclassable Mouvement républicain populaire (MRP), Bidault fut l’un des principaux dirigeants de la IVe République, plusieurs fois reconduit au Quai d’Orsay en pleine guerre froide, visionnaire de la réconciliation européenne et bête noire de Staline, mais aussi président du Conseil à l’origine de grandes réformes sociales dont la création du SMIG.
Pourtant, son style exagérément bohème, mâtiné d’un sens aigu de la dérision et de la provocation, le condamna à l’incompréhension puis à la solitude. Au début des années 1960, son engagement en faveur de l’Algérie française acheva de le diaboliser et d’en faire un authentique paria contraint à l’exil avec son épouse Suzanne Borel, ancienne résistante et première femme diplomate française. Grand-croix de la Légion d’honneur, compagnon de la Libération, passé en quelques années de la lumière du héros à la nuit du pestiféré, hanté par le déclin de la France et de l’Europe mais pourfendeur de la résignation, Bidault sort aujourd’hui de l’oubli grâce à la plume savante et passionnée de Maxime Tandonnet.
Pour en savoir plus : https://www.mollat.com/livres/2606871/maxime-tandonnet-georges-bidault-de-la-resistance-a-l-algerie-francaise#
Pierre Pellissier, Les derniers feux de la guerre d’Algérie, Perrin, 2022
Le couchant de l’Algérie française. Cet ouvrage brasse les derniers mois de « l’Empire » et apporte une réponse à de nombreuses questions demeurées en suspens. Oui, avant même les accords d’Evian, des contacts entre l’Etat français et le FLN ont eu lieu contre l’OAS et les populations réfractaires à l’indépendance. Oui encore, il y a eu un engagement commun contre le maquis de l’Ouarsenis. Un ordre a été effectivement donné pour ouvrir le feu contre des civils, rue d’Isly à Alger, le 26 mars 1962. Un général français a bien refusé de voir les massacres d’Oran et de venir en aide aux victimes. Le livre s’attarde également sur le refus de la métropole d’accueillir les harkis et autres supplétifs au service de la France, sur son indifférence, également, devant l’exode des pieds-noirs. Cet ouvrage, nourri de sources inédites, fait la lumière sur la fin crépusculaire de l’Algérie française.
Pour en savoir plus : https://www.leslibraires.fr/livre/20395479-les-derniers-feux-de-la-guerre-d-algerie-pierre-pellissier-perrin
Saad Khiari, Le soleil n’était pas obligé, orientseditions, 2021
Dans « l’Etranger », le célèbre roman d’Albert Camus, Meursault est condamné à mort et exécuté pour avoir assassiné l’ « Arabe », laissant seule sa compagne Marie Cardona. Des dizaines d’années plus tard, celle-ci vit seule dans le sud de la France et apprend par le roman de Kamel Daoud « Meursault, contre-enquête » que l’auteur n’est autre que le propre frère de l’ « Arabe ». Meursault, l’unique homme de sa vie a donc été guillotiné pour avoir tué le frère unique de l’auteur. Convaincue que le malheur partagé crée la proximité, elle se sent dès lors proche de Kamel Daoud et cherche à le rencontrer. Elle décide de partir en Algérie pour des raisons que l’auteur nous dévoile dans ce roman au cours de ce voyage éprouvant et difficile mais riche en découvertes surprenantes.
Pour en savoir plus : https://www.orientseditions.fr/
Daniel Saint-Hamont, Lionel d’Arabie, Orients Editions, 2021
Daniel Saint-Hamont est un scénariste connu pour avoir décrit au cinéma ou dans ses romans les affres et les souffrances des Pieds-noirs d’Algérie, aussi bien dans leur exode que lors de la leur arrivée en France. Le Coup de Sirocco, Le Grand Pardon, Le Grand Carnaval, l’Union Sacrée, ne sont que quelques-uns des films qu’il a signés ou cosignés, el plus souvent avec le réalisateur Alexandre Arcady.
On ne sait toutefois pas que le père de l’auteur était en fait algérien et musulman, marié à une Pied- noire chrétienne, dont la sœur avait elle-même épousé un Juif. Deux événements très rares dans l’Algérie d’alors.
Lionel d’Arabie revient sur cette histoire familiale enfouie où cultures et religions, Bible, Coran et Evangiles mélangés se bousculent dans un tourbillon étonnant qui fait tour à tour sourire et pleurer.
Pour en savoir plus : https://www.orientseditions.fr/
Alexandre Lalanne Berdouticq, Souvenirs du colonel de la Chapelle, Dans les tempêtes de l’Histoire, de la drôle de guerre au putsch d’Alger, Ed Pierre de Taillac, 2022
En avril 1961, le colonel de la Chapelle commande le célèbre 1er régiment étranger de cavalerie. Considérant « qu’il y a des choses qui ne se font pas », il fait le choix d’engager son unité dans le putsch d’Alger. Cet officier courageux a commencé sa carrière à l’âge de 20 ans comme simple soldat. Pendant les vingt-sept ans où il servira la France les armes à la main, Gilbert de la Chapelle sera impliqué dans toutes les guerres où sera engagé notre pays : la campagne de France (1940), la guerre fratricide en Syrie (1941), la dure campagne de Tunisie (1943) et la libération de la France (1944-45)
Il part en Indochine en 1951 et s’illustre à la tête d’un groupement amphibie pendant deux ans puis sert un an à l’état-major du commandant en chef, entre autres lors de la bataille de Diên Biên Phu.
Après un premier séjour en Algérie, il se voit confier le commandement du 1er REC en 1960. Ces souvenirs offrent un éclairage original sur les tempêtes de l’Histoire qu’a traversées l’armée française au XXe siècle, vécues par un acteur étranger aux passions. Son témoignage, inédit, a été recueilli par le général Lalanne Berdouticq en 1995 sur des cassettes audio. Il se révèle exceptionnel et apporte à l’Histoire bien des précisions sur des événements parfois peu connus.
Pour en savoir plus : https://www.decitre.fr/livres/dans-les-tempetes-de-l-histoire-9782364451933.html
Dominique Lormier, Histoires secrètes de la guerre d’Algérie, Alisio Histoire, 2022
Soixante ans après les accords d’Évian, la guerre d’Algérie (1954-1962) demeure un événement majeur et douloureux de notre histoire contemporaine. De nombreuses zones d’ombre restent à ce jour non élucidées : faits d’armes, arrestations, missions secrètes, guérillas…
Dans cet ouvrage, Dominique Lormier revient sur les moments déterminants du conflit jusqu’à la déclaration d’indépendance et donne voix aux récits de 23 acteurs de la guerre d’Algérie : politiques, anciens combattants, officiers et simples soldats, Pieds-noirs et nationalistes algériens, partisans et adversaires de l’Algérie française. Ils racontent à l’historien leur guerre, ce qu’ils ont vu, ce qu’ils ont vécu. Et leur parole, bien des décennies après, brûle encore.
Pour en savoir plus : https://www.editionsleduc.com/produit/2720/9782379352201/histoires-secretes-de-la-guerre-d-algerie
Les autres livres du mois
Jean-Claude Degras, De la monarchie à la France libre, Destins d’officiers et de soldats français de la Caraïbe, 2022
Il y a quatre siècles, le hasard et la géographie ont placé les Antilles au cœur du monde. De la monarchie à la République, des soldats et des officiers nés sur ces terres françaises ont par éducation, désir de s’émanciper ou esprit d’aventure, choisi le métier des armes. Dans le chaos de l’histoire, leurs motivations disparates en ont fait des héros et rarement des proscrits avec pour seule devise la France ou l’honneur de servir leur conscience. Ce dictionnaire qui décrit leur parcours rappelle l’apport des îles des Caraïbes à l’histoire de France avec pour seul passeport pour l’existence : la vie ou la mort.
Jean-Claude Degras est délégué général du Souvenir Français pour le département de la Guadeloupe.
Pour en savoir plus : [email protected]
Jean-Yves Séradin, La maison d’à côté ou les trois filles du Professeur Lot, à l’ombre des Mots, 2022
En 1939, le grand historien Ferdinand Lot achète la villa Breiz-Izel à Trégastel sur la Côte de Granit rose. Le prix Osiris obtenu pour l’ensemble de son œuvre lui permet cette acquisition. Il a 73 ans. Avec son épouse Myrrha d’origine russe, médiéviste et théologienne, il projette d’y retrouver ses filles lors des longues vacances d’été : Irène et son mari Boris Vildé, linguiste et ethnologue né à Saint-Pétersbourg comme sa belle-mère, Marianne et son mari Jean-Berthold Mahn, historien et Eveline, la cadette.
La défaite de juin 1940 ne le permettra pas. La famille Lot ne peut tolérer que les principes de la République française soient piétinés par les envahisseurs nazis et les Français qui les soutiennent. Dès la fin de l’été 1940, Boris prend la direction de ce qui va devenir le Réseau du Musée de l’Homme. Eveline y participe, tapant des articles pour le journal publié par Boris et ses amis : Résistance.
Jean-Berthold, après un séjour en Espagne, rejoindra les armées de la France Libre. Le 23 février 1942, Boris est fusillé avec six camarades au Mont Valérien. Le 23 avril 1944, Jean-Berthold est tué dans une embuscade lors de la conquête alliée de l’Italie. Amoureuse d’Anatole Levitsky, ethnologue d’origine russe lui aussi, adjoint de Boris, fusillé ce 23 février 1942, Eveline sera doublement frappée.
Les trois sœurs sublimeront leurs souffrances dans un intense travail intellectuel : Irène, bibliothécaire et linguiste, Marianne, historienne, et Eveline, ethnologue. Chaque été, les trois filles du Professeur Lot venaient se ressourcer à Trégastel. L’auteur les a connues dès le milieu des années 1950. Sa maison familiale est voisine de Breiz-Izel. Dans ce livre, ses souvenirs de vacances ouvrent les portes de leurs histoires et de leurs œuvres.
Pour en savoir plus : https://www.decitre.fr/livres/la-maison-d-a-cote-ou-les-trois-filles-du-professeur-lot-9782490508143.html
Jean-Claude Auriol, Les insoumises de 1914-1918, La résistance des femmes oubliée, 2022
« Ce que personne ne sait et qui ne laisse pas de trace, n’existe pas… « . Cette phrase de l’écrivain Italo Sveso décrit bien la résistance durant la Première Guerre mondiale et notamment celle des femmes. Qu’elles soient françaises ou belges, elles se sont révoltées face aux exactions des troupes allemandes. Dans cet ouvrage l’auteur a voulu honorer et rendre publiques, les épreuves de celles qui n’ont pas eu le beau rôle dans cette tragédie que fut la Grande Guerre, et parmi cette foule anonyme, il a choisi celles qui ont résisté dans un mouvement jusque-là inconnu.
Ce livre répare un oubli. Il interroge sur les conditions de vie et de lutte des résistantes, espionnes disait-on à l’époque. Il met en lumière les parcours exceptionnels des femmes ayant œuvré dans la vie politique et économique du pays.
Au moyen d’une sélection de témoignages, ce document propose d’explorer diverses facettes de la guerre clandestine dans les régions occupées. Ainsi le lecteur pourra connaître les différentes formes de cette guerre secrète : l’espionnage ferroviaire, la transmission de courriers, l’édition et la distribution d’une presse clandestine ou encore l’histoire de la « ligne », barrière électrifiée le long de la frontière belgo-hollandaise. Sans oublier les difficultés quotidiennes, la peur, les différentes craintes et soucis engendrés par la féroce répression de la « Polizei » allemande.
Grande absente de l’historiographie de la Grande Guerre, la résistante féminine retrouve la place qui correspond à la vaillance, mais aussi à la souffrance, engendrées par la lutte contre l’occupant. Il est vrai que le terme de résistance n’a pas la même valeur sémantique de celle du second conflit mondial, car elle ne fut pas armée. Mais cette lutte de l’ombre a généré des héroïnes obscures, humbles, voire marginales. Toutes ces résistantes resteront hostiles à l’occupant, insensibles aux punitions et sourdes aux invitations à trahir.
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La mémoire à travers les vidéos
Nicolas Balique, Tu verras du pays mon fils, Paroles d’appelés en Algérie, 2022
Un film écrit et réalisé par Nicolas Balique, président du comité du Souvenir Français de Martigues dans les Bouches-du-Rhône. Il a retrouvé et interviewé des anciens appelés de la guerre d’Algérie qui racontent leurs souvenirs de la guerre, et le retour en France et à leur vie après les accords d’Evian.
Avant-première au cinéma La Cascade le jeudi 17 mars 2022 à Martigues.
Pour en savoir plus : [email protected]
France télévision, C’était la guerre d’Algérie, série en 6 épisodes, 2022
Juillet 1962, l’Algérie est indépendante. Ils sont des millions à travers tout le pays à fêter la naissance d’une nation et la fin de 130 années de présence française. Un million d’autres, Européens, appelés les « Pieds-noirs », nés en Algérie, enracinés depuis des générations quittent le pays dans un dramatique exode. « La guerre d’Algérie, c’est la guerre qui n’aurait jamais dû avoir lieu », a dit Ferhat Abbas, le premier président du gouvernement provisoire de la République algérienne. Et pourtant cette guerre qui longtemps n’aura pas de nom va durer huit longues années. De 1954 à 1962, la guerre d’Algérie, ce sont un million et demi de jeunes appelés français, contre des milliers de maquisards, côté algérien, 30 000 morts militaires français, des centaines de milliers d’Algériens tués, des milliers d’Européens disparus au moment de l’indépendance… On devrait dire « les » guerres d’Algérie. Une guerre entre nationalistes algériens et l’armée française bien sûr, mais aussi une guerre entre Algériens ; celle qui opposa cruellement deux mouvements indépendantistes rivaux. Et l’autre qui opposa les harkis, ces musulmans pro-français, au Front de libération nationale algérien (FLN) et qui fit, à l’indépendance, des dizaines de milliers de morts, côté harkis. Et enfin la guerre franco-française qui commence à Alger en juin 1958 par un grand malentendu. Une guerre qui divisa la France, la terrorisa durant des années et faillit la faire basculer dans le chaos. C’est tout cela la guerre d’Algérie. L’histoire de deux peuples déchirés un temps, mais liés à jamais par ce passé commun.
A partir d’archives rares, restaurées et colorisées, C’était la guerre d’Algérie, est un film sans tabou et à hauteur d’hommes. Tous les tabous de cette « guerre sans nom » sont abordés : les tabous de la colonisation française et de ses promesses non tenues ; mais aussi les tabous d’une histoire algérienne méconnue, avec ses vainqueurs et ses victimes…
Pour en savoir plus : https://www.france.tv/france-2/c-etait-la-guerre-d-algerie/
Arte, En guerre(s) pour l’Algérie, série en 6 épisodes, 2022
Soixante ans après les accords d’Evian, cette série documentaire retrace l’un des plus traumatisants conflits coloniaux du XXe siècle. En archives et à travers l’expérience intime de celles et ceux qui l’ont vécu en France et en Algérie, un récit aussi éclairant que touchant.
Brahim, chauffeur de car, assiste dans les Aurès, le 1er novembre 1954, à l’assassinat de deux passagers. Cet attentat, signé par le FLN, compte parmi les dizaines qui éclatent ce jour-là sur tout le territoire algérien. Il marque le début de la guerre de libération. Installée depuis 1830 en Algérie, la France coloniale est restée sourde aux alertes. Après le « Manifeste du peuple algérien » de Ferhat Abbas publié en 1943, et malgré les massacres des environs de Sétif et Guelma en 1945, cette dernière ignore encore qu’elle est condamnée, se berçant de l’illusion que la « Méditerranée traverse la France comme la Seine, Paris ». Entre richesse de la plaine de la Mitidja et misère de l’immense majorité de la population, entre discriminations et insouciance, l’histoire de chacun ne paraît pas raconter le même pays.
Ils sont civils algériens, Français d’Algérie, appelés du contingent, engagés et militaires de carrière français, militants indépendantistes du FLN et du MNA, combattants de l’ALN, intellectuels et étudiants, réfractaires, employés de l’administration française en Algérie, membres de l’OAS, supplétifs de l’armée française, porteurs de valises… Soixante ans après, toutes et tous, certains pour la première fois, racontent avec une émotion intacte, la guerre telle qu’ils l’ont vécue, à hauteur de jeunes adultes ou d’enfants : les douleurs subies, les actes de violence commis, les illusions brisées, les regrets et les espoirs aussi.
Pour en savoir plus : https://www.arte.tv/fr/videos/095161-001-A/en-guerre-s-pour-l-algerie-1-6/
France télévision, Les appelés de la guerre d’Algérie, Un si long silence, 2022
Un film documentaire qui donne la parole à des appelés partis en Algérie à 20 ans. Ils racontent leur expérience de la guerre d’Algérie, mais surtout le retour en France après la fin du conflit, le retour à la vie qu’ils avaient laissée, et l’incompréhension des proches pour qui la guerre d’Algérie était déjà un lointain souvenir.
Pour en savoir plus : [email protected]
Alexis Rousseau, Verdun la première Ligne, en ligne sur YouTube
Court-métrage réalisé par Alexis Rousseau sur un jeune soldat engagé sur la première ligne française à Verdun.
Pour visionner le court-métrage :
La mémoire à travers les spectacles
Les renards volants, L’homme de boue, 2022
L’homme de boue est un seul-en-scène bouillonnant de dynamisme et de fureur de vivre. Le comédien entraîne le public dans un voyage émotionnel à travers 4 ans d’une guerre indicible, celle de 14-18. Rendu vivant par sa parole, le texte apparaît alors troublant de modernité et de poésie. L’acteur virevolte entre les objets parsèment le plateaux seuls compagnons d’armes qui le soutiennent dans les méandres de cette histoire. Complétés par de la vidéo et une bande sonore qui mélange styles et époques, l’Homme de Boue est une pièce hors du temps qui nous rappelle que, finalement, cela aurait pu être écrit aujourd’hui.
Pour en savoir plus et pour soutenir le projet : [email protected]
La mémoire à travers les expositions
Musée Clémenceau, Des femmes et Clémenceau, la liberté pour horizon, du 8 mars 2022 au 30 juillet 2022
Le musée Clémenceau présente Des Femmes et Clémenceau, la liberté pour horizon, une exposition s’intéressant aux positions de Clémenceau sur les droits des femmes à travers plusieurs portraits féminins parmi ses relations : Louise Michel, Marguerite Durand, Sévérine, Rose Caron et d’autres. Réputé misogyne, Georges Clémenceau, à partir de 1894, une fois divorcé, tout en continuant à mener sa vie d’homme libre, œuvre pour la reconnaissance de certains droits aux femmes. Loin de devenir féministe. Il Refuse le puritanisme et se batte contre les humiliations et l’injustice, il combat « l’ordre moral bourgeois » et revendique des droits économiques et sociaux pour les femmes.
Pour en savoir plus :
Les expositions conseillées par François Rousseau, journaliste du Patrimoine
Musée de l’Ordre de la Libération, Entre ombre et lumière, Portraits de Compagnons de la Libération
C’est la disparition d’Hubert Germain, dernier Compagnon de la Libération, qui a conduit Christian Guémy, alias C215 à réaliser des portraits pour garder leur mémoire. Il n’en est pas à son coup d’essai dans ses représentations de personnages de la Seconde Guerre mondiale. On se souvient par exemple de sa sculpture de haut-relief de Joséphine Baker boulevard de l’Hôpital à Paris.
Christian Guémy exprime son émotion d’exposer à côté de la tenue de Jean Moulin, portée sur une des photos les plus importantes du 20e siècle. «On est au-delà d’un projet strictement artistique, on est dans le champ des valeurs. C’est la diversité des Compagnons qui est passionnante. Ils ont fait plus que ce que le destin aurait pu leur proposer.»
Le choix des 30 Compagnons représentés ne pouvait pas ignorer quelques grands noms qui sont autant de repères pour le grand public. Dans un souci d’équilibre, il exprime tout l’éventail politique de l’époque, d’Estienne d’Orves à Jean-Pierre Vernant.
C215travaille avec des pochoirs fabriqués par ses soins et des bombes aérosols. Il joue sur les contrastes entre ombre et lumière. Les documents originaux servant de supports aux pochoirs, journaux, objets militaires, ont été glanés par l’artiste. Le portrait de Romain Gary est peint sur une veste d’aviateur, tandis qu’une valise sert de support à celui de Marie Hackin. On verra Félix Éboué sur une carte d’Afrique et Leclerc dominant une carte d’Europe.
Comme exemple pour la jeunesse, C215 a choisi Henri Fertet, lycéen, dont la lettre à ses parents avant d’être fusillé montre sa maturité et sa force et bien sûr Daniel Cordier, entré en résistance à 20 ans et dont le portrait fait la couverture du catalogue.
Pour toucher tous les publics et en particulier ceux qui ne franchissent pas le seuil des Invalides, C215 a peint sur du mobilier urbain de l’arrondissement ces mêmes portraits de Compagnons.
Avec chaque portrait, le catalogue de l’exposition montre aussi le plan de l’exposition hors les murs.
François Rousseau
Jusqu’au 8 mai 2022
Musée de l’Ordre de la Libération Hôtel national des Invalides
Ouvert tous les jours de 10h à 18h (nocturne le mardi jusqu’à 20h)
Plein tarif: 14€, réduit: 11€ (avec l’entrée au musée de l’Armée)
Publication: C215 Entre ombre et lumière Portraits de compagnons de la Libération, 120 pages, illustrations couleur, broché avec rabats, Critères Éditions, prix 13,5€
Pour en savoir plus : www.ordredelaliberation.fr
Musée de la Libération de Paris – Musée du général Leclerc, Femmes photographes de guerre
Avec les clichés de 8 femmes photographes de guerre qui couvrent le sort des réfugiés, des victimes civiles et des femmes au combat, l’exposition met en évidence l’implication des femmes dans tous les conflits. Peut-être plus que les hommes, elles prennent des images sans cacher l’horreur des événements.
Sylvie Zaidman, conservatrice du musée de la Libération de Paris, explique: «Nous sommes un musée d’histoire dont le rôle est de faire de la pédagogie. L’exposition, qui couvre plusieurs conflits différents dans le temps et les lieux, permet l’explication du présent par l’histoire.»
Les photos proposées aux organes de presse alertent l’opinion publique dans la limite de ce qu’elle est prête à accepter. On remarquera certaines mises en scène pour adapter la photo aux besoins de la presse.
Prenons l’exemple de Gerda Taro, née dans une famille juive de Galicie avant de s’installer en Allemagne. Elle échappe au nazisme et part pour Paris en 1933. Initiée à la photographie par Robert Capa, elle couvre avec lui la guerre civile en Espagne où elle succombe en juillet 1937. Elle tombe rapidement dans l’oubli, d’autant plus qu’une grande partie de ses images est attribuée à Capa. Ce n’est qu’au début du 21e siècle qu’est redécouvert son travail de photographe de guerre.
Sa photo du bataillon Tchapaiev sur le front de Cordoue porte un regard sur l’armée du peuple. La vision de Gerda Taro paraît la plus proche de nous, en référence au conflit actuel qui secoue de nouveau l’Europe. On verra le fac-similé de la Une de Ce soir du 28 juillet 1937: Notre reporter photographe Mlle Taro a été tuée près de Brunete.
François Rousseau
https://le-souvenir-francais.fr/on-aime-on-soutient-59/
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