Tipaza

N o c e s @ T i p a z a

À propos de l'auteur

Ma Photo

Les notes récentes

  • 31 juil 2024 12:27:22
  • Wassyla Tamzali présente son dernier livre à Montréal
  • Assia Djebar (1936-2015) par Maïssa Bey
  • Ce que l'on sait de la mort de dizaines d'anciens mercenaires de la compagnie "Wagner" au Mali, leurs pertes les plus importantes depuis le début de leur présence en Afrique
  • الحمد لله مابقاش استعمار في بلادنا
  • La tragique histoire de Cléopâtre Séléné, fille de la plus célèbre reine d'Egypt
  • Mythologie Berbère
  • G a z a
  • Albert Camus . Retour à Tipasa
  • ALBERT CAMUS - L'étranger

Catégories

  • Décennie noire (10)
  • Gaza (155)
  • Mahmoud Darwich (1)
  • Proche-Orient (3)
  • SANTÉ MENTALE (1)
  • «Europe (2)
  • Accueil (4)
  • Afghanistan (21)
  • Afique (7)
  • Afrique (7)
  • Afrique du Nord (1)
  • AGRICULTURE (2)
  • Alger (91)
  • Algérie (716)
  • Angleterre (3)
  • Arabie Saoudite ou maud;.. :) (10)
  • Armée (9)
  • Assia Djebar (26)
  • Autochtones (1)
  • AZERBAÏDJAN (1)
  • Biens mal acquis (1)
  • Bombe atomique (6)
  • Camus (679)
  • Canada (29)
  • changements climatiques (13)
  • Chansons (92)
  • Cherchell (20)
  • Chine (19)
  • Cinéma (65)
  • Climat (11)
  • colonisation (634)
  • COP15 (1)
  • corruption (36)
  • Covid-19 (80)
  • Culture (666)
  • Curiel, (4)
  • De Gaulle (1)
  • Divers (579)
  • Donald Trump (7)
  • Décennir noire (66)
  • Egypte (9)
  • Femmes (3)
  • France (1944)
  • Frantz Fanon (2)
  • Féminicides (10)
  • Guerre d'Algérie (3769)
  • Hadjout / Marengo (36)
  • Haraga (4)
  • Harkis (3)
  • HIRAK (26)
  • Histoire (494)
  • Immigration (86)
  • Incendies (16)
  • Inde (1)
  • Indochine (3)
  • Irak (3)
  • Iran (39)
  • Islam (170)
  • Islamophobie (6)
  • Israël (712)
  • Italie (2)
  • J.O (1)
  • Japon (2)
  • Jean Séna (2)
  • Jean Sénac (1)
  • Justice (1)
  • Kamala Harris a-t-elle des chances de gagner ? (1)
  • L'Algérie Turque (31)
  • L'Armée (4)
  • Lejournal Depersonne (209)
  • Les ruines (98)
  • Liban (3)
  • Libye (9)
  • Littérature (175)
  • Livres (164)
  • Ll’information (2)
  • L’autisme (2)
  • L’extrême-droite (2)
  • Macron (25)
  • Maghreb (5)
  • Mahmoud Darwich (6)
  • Mali (1)
  • Maroc (137)
  • Mayotte (2)
  • Moyen-Orient (21)
  • Musulman (1)
  • Nanterre (1)
  • Nelson Mandel (1)
  • Nicolas Sarkozy (2)
  • Niger (2)
  • Nouvelle-Calédonie (2)
  • Oran (1)
  • Otan (2)
  • ouïghoure (1)
  • ouïghoure » (3)
  • Palestine (488)
  • Paléstine (540)
  • Pirates informatique (2)
  • Plastique (7)
  • Police (3)
  • Politique (183)
  • Poésie/Littérature (695)
  • Pétrole (2)
  • QATAR (5)
  • Québec (47)
  • Racisme (178)
  • Religion (73)
  • Russie-Ukraine (82)
  • RÉFUGIÉS (1)
  • Sahara Occidental (25)
  • SANTÉ MENTALE (1)
  • Santé (1)
  • Société (459)
  • Souvenirs (64)
  • Sport (12)
  • Suisse (1)
  • Syrie. (1)
  • séisme (1)
  • Séismes (17)
  • Tipaza (52)
  • Tourisme (201)
  • Tsunami (1)
  • Tunisie (72)
  • Turquie (3)
  • Ukraine (65)
  • USA (94)
  • Vietnam (13)
  • Violences policières (100)
  • Wilaya de Tipaza (214)
  • Yémen (3)
  • Zemmour (1)
  • Éducaton (2)
  • Égypte (4)
See More

Les commentaires récents

  • ben sur Qu’est-ce que l’indépendance au XXIe siècle?: les défis du prochain quinquennat
  • ben sur En Quête D’Identité
  • ben sur À la Cour internationale de justice, un revers pour Israël
  • ben sur Le spectre d’une seconde Nakba en Cisjordanie
  • ben sur Tremblements de terre ! Incertitudes et enseignements
  • GONZALEZ Francis sur Attentat du Drakkar : 58 paras meurent pour la France
  • anissa sur Camus - Kateb Yacine, deux frères ennemis !?
  • Rachid sur La femme dans la guerre d’Algerie
  • Daniele Vossough sur Moi, Roberte Thuveny et le rêve algérien de mon père
  • Seddik sur Le poison français (2e partie)

Archives

  • juillet 2024
  • juin 2024
  • mai 2024
  • avril 2024
  • mars 2024
  • février 2024
  • janvier 2024
  • décembre 2023
  • novembre 2023
  • octobre 2023

« mai 2022 | Accueil | juillet 2022 »

Message de paix

 

Oran accueille à partir d'aujourd'hui la 19e édition des Jeux méditerranéens. Le pari pris en 2015 est visiblement réussi, à voir l'enthousiasme des Oranais et la grande satisfaction des athlètes. Les Jeux sont donc partis pour figurer parmi les meilleurs que le Bassin méditerranéen a eu à accueillir. La cérémonie d'ouverture qui promet d'être mémorable mettra Oran et plus globalement l'Algérie dans une ambiance de fête qui durera dix jours. En même temps que la paix, dont le sport est l'une des expressions, l'Algérie célébrera le 60e anniversaire du recouvrement de son indépendance. Un événement historique qui a certifié la fin de la guerre et l'avènement de la paix pour un peuple qui a souffert 132 ans d'une colonisation abjecte.


Ces Jeux interviennent dans un contexte géopolitique mondial, pour le moins détestable. Une situation tendue au Maghreb, une guerre en Europe, la famine qui guette certaines contrées d'Afrique... Et tout cela, dans un décor qui rappelle les temps de la guerre froide, avec en prime une sérieuse menace de voir des missiles nucléaires sortir de leurs silos. Que peuvent donc des Jeux, fussent-ils méditerranéens et à leur 19e édition, contre l'inéluctable géopolitique, en phase de façonner la planète? L'interrogation est de mise. On pourrait répondre par le fait que les dix prochains jours seront une petite parenthèse pour les habitants d'Oran qui seront aux premières loges. Ils oublieront les malheurs du monde, l'espace des Jeux. Pour le reste de l'humanité, ils entendront peut-être à peine parler de ce qui se déroule à Oran.


Mais les Oranais nous ont démontré que les Jeux méditerranéens ne se limitent pas à des prestations sportives et des moissons de médailles. Les athlètes ne sont pas les seuls acteurs. Le peuple aussi a un rôle à jouer. En cela, les citoyens d'El Bahia ont marqué leurs premiers points et glané leur première médaille en exprimant avec l'enthousiasme dont ils ont le secret, leur désir de partager leur joie du moment, d'envoyer des messages de paix. Le formidable et très fraternel accueil qu'ils ont réservé à la délégation marocaine illustre, combien les Algériens sont épris de paix et de concorde.


Ils ne l'ont pas fait pour la galerie, ils y croient pour avoir vécu sous le joug du colonialisme, dont ils se sont débarrassés au prix d'immenses sacrifices. Les Algériens qui, dans une dizaine de jours, célèbreront leur indépendance, synonyme du rétablissement de la paix dans leur pays, en connaissent la valeur. Ces Jeux, c'est notre message de paix.

 

 

 

Saïd BOUCETTA

 25-06-2022

https://www.lexpressiondz.com/editorials/message-de-paix-316660

 

.

 

 

 

 

Rédigé le 25/06/2022 à 16:24 | Lien permanent | Commentaires (0)

A Perpignan, deux regards distincts sur 1962, les rapatriés et la Méditerranée

 

image from static.lpnt.fr

 

Commémoration de l'exode des Français d'Algérie en 1962 pour la mairie RN de Perpignan, "Liberté, égalité, Méditerranée" pour la gauche et SOS Racisme: deux visions de l'indépendance de l'Algérie s'opposent fin juin dans la cité catalane.

A l'occasion du 60e anniversaire des accords d'Evian, de vendredi à dimanche, la ville de Perpignan et le Cercle algérianiste ont programmé expositions, conférences et témoignages pour rendre hommage aux rapatriés et "rétablir l'histoire" dans une ville "emblématique dans l'accueil des pieds-noirs et des harkis", souligne le maire Louis Aliot.

 

Il regrette "les pages tronquées", selon lui, dans les manuels d'histoire sur la présence française en Algérie.

"On oublie trop souvent les gens simples qui travaillaient en Algérie, insiste le maire de Perpignan, élu en 2020. On ne peut pas être dans l'accusation unilatérale de la France, il faut rappeler l'apport de la France. Il suffit de voir l'état de l'Algérie aujourd'hui, on ne peut pas dire que ce soit glorieux".

 

Le départ des pieds-noirs "vers la mère-patrie, oui, c'est un exode, ils ont tout abandonné, ils sont partis une main devant, une main derrière, un grand traumatisme", met en avant le vice-président du Rassemblement national, qui a raflé dimanche les quatre sièges des Pyrénées-Orientales à l'Assemblée nationale.

Parmi les temps forts, la mairie de Perpignan inaugurera un square Mourad Kaouah, député de 1958 à 1962, arrivé à Perpignan en 1962, et proche de Jean-Marie Le Pen.

En 1962, 12.000 pieds-noirs et 12.000 harkis sont arrivés à Perpignan, une ville d'environ 80.000 habitants à l'époque.

 

En réaction, la gauche locale et SOS-Racisme ont imaginé un festival nommé Nostre Mar ("notre mer" en catalan), avec des conférences et des animations du 27 juin au 3 juillet.

"On trouvait dramatique une manifestation basée sur des ressentiments mémoriels, on avait envie de proposer une offre culturelle qui parle de l'unité du monde méditerranéen", explique Nicolas Lebourg, historien, spécialiste de l'extrême-droite et co-organisateur du festival.

"Nous voulons porter un autre discours, dit-il, une vision plurielle et positive de la relation entre les peuples de la Méditerranée. Il n'y a pas que les réfugiés et la guerre d'Algérie".

 

Pour les organisateurs de Nostre mar, il s'agit d'une première édition d'un festival qu'ils aimeraient ancrer dans les Pyrénées-Orientales, carrefour entre la France et l'Espagne, avec l'objectif d'en faire "un haut-lieu de l'antiracisme".

Le 2 juillet, le festival a programmé une marche des fiertés LGBT à Perpignan.

Après la campagne présidentielle et un "assaut des racismes les plus décomplexés", SOS-Racisme affirme vouloir "remettre au coeur de la place publique le combat culturel contre le racisme, l'antisémitisme et la haine anti-LGBT".

"La mémoire de l'antisémitisme y a même subi l'attaque d'un révisionnisme voulant réhabiliter le maréchal Pétain. Il était temps d'agir, et de le faire ici", souligne l'association de défense des droits de l'homme.

 
 

Source AFP

Publié le 24/06/2022 à 15h17

https://www.lepoint.fr/societe/a-perpignan-deux-regards-distincts-sur-1962-les-rapatries-et-la-mediterranee-24-06-2022-2480855_23.php

 

.

 

Rédigé le 25/06/2022 à 16:01 dans France, Guerre d'Algérie | Lien permanent | Commentaires (0)

L'amour selon Albert Camus

 

Pour Albert Camus (1913-60), l'amour est sacrifice, occupation principale, bonheur, confession, générosité, égocentrique, justice, devoir, vieillir ensemble, rébellion, possession impuissante, délire, désir de durer, force insuffisante, alibi.

 

Démonstration à l'aide de quelques citations d'Albert Camus:

"Il n'y a que l'amour qui nous rende à nous-mêmes."

"La longue revendication de la justice épuise l'amour qui pourtant lui a donné naissance."

"Il y a seulement de la malchance à n'être pas aimé; il y a du malheur à ne point aimer."

"C'est cela l'amour: tout donner, tout sacrifier sans espoir de retour."

"Il n'est qu'un seul devoir sur terre et c’est celui d’aimer."

"Aimer un être, c'est accepter de vieillir avec lui."

"Personne ne peut aimer sans s'aimer."

"L'acte d'amour est une confession."

"La rébellion ne peut exister sans une forme étrange d'amour."

"Les quatre conditions du bonheur: La vie au grand air, L'amour d'un autre être, La liberté d'ambition, La création."

"Le goût de la possession n'est qu'une autre forme du désir de durer ; c'est lui qui fait le délire impuissant de l'amour."

"Croyez-moi il n'y a pas de grande souffrance, de grand regret, de grand souvenir... tout est oublié, même un grand amour. C'est ce qu'il y a de triste dans la vie, et c'est aussi ce qu'elle a de merveilleux. Il n'y a qu'une façon de voir les choses, une façon qui vous vient de temps à autre. C'est pourquoi c'est bien d'avoir eu de l'amour dans sa vie après tout, d'avoir eu une passion malheureuse, cela donne un alibi aux vagues désespoirs dont nous souffrons tous."

"Un amour n'est jamais assez fort pour trouver sa propre expression."

"Mon occupation principale, malgré les apparences, a toujours été l'amour."

...

Quelques comparaisons entre Camus et divers autres auteurs se trouvent ici:

 

https://blogs.mediapart.fr/wawa/blog/231219/preuves-damour

...

 

 

 

 

wawa

Chien qui aboie ne mord pas (et la caravane passe).

 23 JUIN 2022

https://blogs.mediapart.fr/wawa/blog/230622/lamour-selon-albert-camus

 

.

 

 

Rédigé le 25/06/2022 à 13:57 dans Camus | Lien permanent | Commentaires (0)

vidéo "Je n'ai plus voulu dire que j'étais pied-noir" : le difficile retour des Français d'Algérie en 1962

 

https://www.francetvinfo.fr/monde/afrique/algerie/video-je-n-ai-plus-voulu-dire-que-j-etais-pied-noir-le-difficile-retour-des-francais-d-algerie-en-1962_5185474.html

 

"Les Pieds-noirs d'Algérie, une histoire française", réalisé par Jean-François Delassus, donne la parole aux citoyens français contraints de fuir l'Algérie il y a 60 ans.

C'est un pan douloureux de l'histoire de France, une cicatrice qu'il est toujours délicat d'évoquer : la guerre d'Algérie. Ce conflit, appelé également "guerre sans nom", qui fit 250 000 morts côté algérien et plus de 25 000 côté français, a pris fin le 18 mars 1962 avec la signature des accords d'Evian. L'indépendance condamne plus d'un million de Français d'Algérie à l'exode. Ceux que l'on nomme les "pieds-noirs" abandonnent tout du jour au lendemain. Un déchirement indicible pour une majorité d'entre eux, qui n'avaient encore jamais mis les pieds en métropole.

Diffusé en 2018 et à nouveau visible en replay sur France 5 depuis le 5 juin, le documentaire Les Pieds-noirs, une histoire française est émaillé d'une myriade de témoignages qui relatent le parcours de ces exilés qui avaient "pour patrie la France et pour pays l'Algérie". Ils racontent la douceur de vivre dans ce pays d'Afrique du Nord, leurs relations contrastées avec les Algériens, mais aussi l'hostilité dont ils furent victimes dès leur retour en France.

Ces rapatriés sont tantôt accusés d'avoir profité des Algériens, tantôt tenus responsables de la mort de nombreux jeunes au combat. Les hôteliers refusent de leur louer des chambres, leurs colis sont pillés, la rumeur grandit sur leurs prétendues richesses. "Les douaniers nous accablent de leur mépris et de leur hauteur, confie Alain Vircondelet, qui avait 15 ans lors de son arrivée en France en 1962. Ils nous demandent si nous avons des lingots d'or."

Des déracinés dénigrés
La plupart des Français d'Algérie avaient pourtant des revenus bien inférieurs aux salaires pratiqués dans l'Hexagone. Certains étaient plombiers, employés de chemin fer ou encore pêcheurs. "Les Français ont cru, majoritairement, qu'on allait envahir leur pays et que l'on était des gens très riches", poursuit Alain Vircondelet.

"La vérité n'a pas été dite, donc les Français ne savaient pas qui nous étions."

Marie-Jeanne Soler, Française d'Algérie dans le documentaire
Un jour, alors qu'elle s'apprête à monter dans un taxi, le chauffeur refuse. "De ce jour-là, je n'ai plus voulu dire que j'étais pied-noir", raconte-t-elle. Après la confusion et l'accueil frileux de ces rapatriés, les aides s'organisent et l'Etat français prend en main leur intégration, par le biais de logements et d'allocations, comme le rappelle un chercheur du CNRS interrogé dans le documentaire. Mais même si leur assimilation débouche, pour beaucoup, sur une réussite professionnelle, cet accomplissement n'apaise ni la mélancolie ni la nostalgie de ces déracinés envers une Algérie rêvée.

Le documentaire Les Pieds-noirs d'Algérie, une histoire française réalisé par Jean-François Delassus est visible en replay sur france.tv jusqu'au 30 juin 2022.

 

 

Publié le 25/06/2022 07:11

Isabelle Malin
France Télévisions

https://www.francetvinfo.fr/monde/afrique/algerie/video-je-n-ai-plus-voulu-dire-que-j-etais-pied-noir-le-difficile-retour-des-francais-d-algerie-en-1962_5185474.html

 

 

 

.

 

 

Rédigé le 25/06/2022 à 11:33 dans France, Guerre d'Algérie | Lien permanent | Commentaires (0)

UNE QUINZAINE DE JOURS après la levée de l’état de siège à Alger ...

 

 

image from media.gettyimages.com

Students walk past a sign that asks teachers to stop work on November 22 in order to participate in a university-wide meeting at Bab-Ezzouar University in the suburbs of Algiers. Only a month before, in October 1988, hundreds of protesters, many of them students, were killed during anti-government riots. (Photo by © Patrick Robert/Sygma/CORBIS/Sygma via Getty Images).

 

UNE QUINZAINE DE JOURS après la levée de l’état de siège, Alger a été recouverte de grandes affiches pour la démocratie.

 

Les mobilisations des milieux intellectuels contre la répression et la torture ont certes impulsé un large mouvement d’opinion pour une démocratisation de la société. Mais les affiches pour la démocratie étaient cyniquement l’initiative de ceux-là même qui avaient ordonné le massacre de centaines de jeunes. Profitant de l’état de choc collectif créé par la violence du soulèvement populaire et la sauvagerie de la répression militaire, Chadli reprenait l’initiative politique avec la promesse d’une ouverture démocratique. En échange, il demandait au peuple une participation massive au référendum du 3 novembre, pour faire oublier ses crimes et plébisciter sa politique avant le congrès du Front de libération nationale (FLN).

SE LIMITANT à une réorganisation du pouvoir exécutif, les amendements constitutionnels proposés ne répondaient en rien aux aspirations sociales et politiques exprimées par les mobilisations populaires. Mais le vote de confiance demandé par le pouvoir était d’autant plus indécent que les tortures ignobles pratiquées sur des milliers de jeunes emprisonnés ravivaient quotidiennement la douleur des quartiers populaires endeuillés.

 

Les oppositions se multiplient

A Bab El Oued, les militants du FLN qui tentaient d’organiser une manifestation desoutien à Chadli ont dû être dispersés par les militaires, pour éviter leur lynchage par la population. A Tizi-Ou­zou, une manifestation similaire a été bloquée par les jeunes et s’est transformée en bagarre générale. Dans les quartiers populaires d’Alger, les affiches du pouvoir étaient systématiquement déchirées et l’intention de vote considérée comme une trahison des martyrs d’octobre.

quentaient d’organiser une manifestation de soutien à Chadli ont dû être dispersés par les militaires, pour éviter leur lynchage par la population. A Tizi-Ou­zou, une manifestation similaire a été bloquée par les jeunes et s’est transformée en bagarre générale. Dans les quartiers populaires d’Alger, les affiches du pouvoir étaient systématiquement déchirées et l’intention de vote considérée comme une trahison des martyrs d’octobre.

Dans les mosquées, les dirigeants intégristes exigeaient le châtiment des assassins et le dédommagement des victimes de la répression. Ils n’ont pas donné explicitement de consigne de vote dans leurs prêches, mais le mot d’ordre de non-participation circulait largement.

Quelques jours après l’annonce du référendum, le Parti d’avant-garde socialiste (le Parti communiste, PAGS) appelait à l’abstention, en justifiant cette position sans précédent par le fait qu’il ne pouvait dire non à un contrôle du gouvernement par les députés, mais que le flou des réformes politiques promises l’empêchait de donner un chèque en blanc au pouvoir.

Toutes les organisations révolutionnaires pour leur part, appelait au boycott de la mascarade des assassins en exigeant l’élection libre d’une assemblée constituante.

Même les forces bourgeoise exclues du pouvoir ont désavoué Chadli dans une déclaration signée par 18 anciens dirigeants dont Bouteflika, Belaïd Abdeslam, Cherif Belkacem et Tahar Zbiri, appelant à un « report de l’élection présidentielle » pour donner le temps à « une conférence nationale » « d’élaborer sans précipitation et dans un délai de 6 mois, les réformes institutionnelles attendues par la nation ».
Réalisant le décalage manifeste entre ses propositions et lei aspirations libérées par le soulèvement populaire, la présidence de la République va prendre l’initiative de publier le projet de réformes politiques que Chadli envisageait de présenter au congrès du FLN, avant de le soumettre à un nouveau référendum.

La réforme politique de Chadli

Ce projet était centré sur la levée du monopole politique du FLN, appelé à « se ressourcer démocratiquement ». Cela impliquait nécessairement des amendements à ses statuts, avec, en particulier, la suppression de l’article 120/121 qui exigeait de tout candidat à une responsabilité syndicale ou politique, la carte du parti. L’autonomie des organisations de masse était explicitement évoquée ainsi que la réélection de toutes les institutions étatiques, de l’assemblée communale à l’assemblée nationale, avec possibilité de candidatures libres. Ce « ressourcement du FLN pour la démocratie effective à la base », devait se faire dans le cadre de sa transformation de parti unique en front rassemblant différentes tendances et sensibilités. Le multipartisme était explicitement évoqué, mais exclu dans l’immédiat au profit d’un objectif de « pluralisme politique ».

Les mobilisations populaires bousculent le pouvoir

Malgré toutes les références actuelles à d’anciens discours de Chadli, pour faire croire que ces réformes politiques étaient envisagées avant le soulèvement d’octobre, ce sont indéniablement les mobilisations populaires qui ont bousculé le pouvoir et précipité les échéances.

Le point central de l’ordre du jour du congrès du FLN était de balayer toutes les résistances à la réforme économique engagée par la présidence depuis septembre 1987. Certes, il était prévu de discuter de l’éventualité de candidatures libres aux élections municipales, pour avancer vers une timide libéralisation politique. Mais c’est sous le choc du soulèvement populaire que Chadli a été contraint à aller plus loin dans ses projets de réformes politiques, en mettant le congrès du FLN devant le fait accompli. Le projet d’union avec la Libye lancé en septembre dernier pour que le congrès du FLN et le peuple donnent leur avis, a complètement disparu du calendrier politique. Et pour bien confirmer la façon dont le soulèvement d’octobre venait de redistribuer les cartes au sein du pouvoir, la commission de préparation du congrès laborieusement constituée voilà une année, a été remplacée par une mini-commission sous la direction de Mehri, le successeur de Mes­saâdia à la tête du parti. La désignation implicite du monopole étouffant du FLN comme premier responsable de l’explosion sociale ne pouvait être crédible sans le limogeage de Messaâdia. Chadli profitait ainsi de la situation pour se débarrasser d’un apparatchik devenu gênant, tout en faisant comme si le renforcement du contrôle para-policier du FLN sur la société n’était pas une décision de son propre régime, destinée à briser la renaissance des luttes sociales en 1980.

Le plébiscite : un ouvrage préfabriqué

Mais, malgré les précisions sur l’ouverture démocratique envisagée, le projet devait préalablement être approuvé par le congrès du FLN. Or, le massacre d’octobre venait de briser la légitimité politique du FLN, et plus généralement, celle du pouvoir dans son ensemble, même si c’est le premier qui était désigné comme bouc émissaire par le contenu des réformes proposées.

De ce fait, l’attitude générale à l’égard du référendum du 3 restait inchangée et les apprentis démocrates commençaient à craindre un échec de leur tentative de faire plébisciter Chadli avant le congrès. Ils vont alors lancer une violente campagne politique contre tous ceux qui refusaient de cautionner le pouvoir.

Comme par hasard, c’est le journal porte-parole des libéraux qui va se distinguer le plus dans ce déchaînement polémique. Dès le 27 octobre, il s’attaque violemment au PAGS pour son appel à l’abstention et le rédacteur en chef se permet même de dénier la nationalité algérienne aux militants communistes. Ali Yahia, le président de la ligue des droits de l’Hom­me non-reconnue, est personnellement calomnié pour salir son courageux combat pour la démocratie.

Les inspecteurs religieux sont mobili­sés pour dénoncer « les suppôts du communisme » et les intégristes qui dénaturent l’islam. Quant aux signataires de la déclaration des 18, ils sont poliment remis à leur place par un rappel de leur passé peu reluisant en matière de démocratie et par l’affirmation sans équivoque que le changement ne saurait s’envisager en dehors du cadre fixé par Chadli. C’étaient là les premières indications sur la conception qu’ont les assassins-libéraux sur la démocratie. L’ouverture démocratique ne peut être que celle qu’ils ont eux-mêmes conçue. La souveraineté populaire se réduit au plébiscite de leurs projets et toute autre proposition s’expose aux traditionnelles méthodes policières et inquisitrices.

La dénonciation de tous ceux qui refusaient d’offrir leur caution politique le 3 novembre, ne suffisait pourtant pas pour faire oublier les centaines de morts, les milliers de blessés et de torturés. L’aspiration démocratique de la société civile continuait à s’exprimer par l’exigence du châtiment des assassins et des tortionnaires. Profitant de la commémoration du 1er novembre 1954, début de la guerre d’indépendance et date traditionnelle de grâce présidentielle, Chadli va ordonner la mise en liberté provisoire de toutes les personnes arrêtées durant les journées d’octobre et annoncer la possibilité d’un dédommagement des victimes de la répression. Il tentait ainsi de faire d’une pierre deux coups : désamorcer la mobilisation générale contre la torture et essayer une dernière fois d’acheter un vote de confiance.

Mais les bureaux de vote seront quand même nettement moins fréquentés que d’habitude. Et, à partir de quinze heures, les taux de participation vont « grimper » comme par enchantement, pour atteindre les chiffres officiellement annoncés à deux heures du matin : 83% de participation et 92% de oui. Ces scores électoraux grossièrement gonflés par le traditionnel bourrage des urnes, venaient confirmer les limites des prétentions démocratiques du pouvoir. Néanmoins, le régime des assassins pouvait officiellement se prévaloir du plébiscite de Chadli et de ses propositions de réformes, avant le congrès du FLN.

Un changement très limité

Dès le 5 novembre. Kasdi Merbah, le chef de la sécurité militaire de 1962 à 1980, est désigné pour diriger le premier gouvernement de l’ouverture démocratique. La poursuite de la libéralisation économique engagée constitue la tâche prioritaire qui lui est fixée par Chadli et la constitution du gouvernement composé soit de ministres sortants, soit de secrétaires généraux de ministères promus, indique clairement les limites du changement.

Les débats de l’Assemblée nationale autour du programme présenté par Kasdi Merbah, vont permettre aux députés triés sur le volet par le FLN il y a moins de deux ans, de se découvrir des qualités de censeurs du gouvernement. Pour se défendre contre leur image traditionnelle de bé­ni oui-oui, ils vont commencer par s’engager dans une bruyante bataille de procédure, en exigeant un temps d’étude du programme gouvernemental avant sa discussion. Après avoir obtenu cette concession, ils vont obliger le Premier ministre à préciser son programme par des chiffres et des objectifs concrets, en lui demandant surtout où il comptait trouver l’argent pour financer ses mesures sociales. Mais le débat traîne en longueur et ce qui était au début présenté comme la concrétisation de la démocratie, finit par agacer le pouvoir. Par le biais de la presse nationale, des appels à la responsabilité sont lancés aux députés et le programme du gouvernement est finalement approuvé dans la tradition, avec plus de 90% de oui.

La reprise des grèves ouvrières

La vague de grèves ouvrières de la fin septembre s’était arrêtée dès le début de la montée de la violence des jeunes, le 5 oc­tobre. Après la levée de l’état de siège et l’annonce des réformes politiques. ce sont les mobilisations d’intellectuels contre la répression et pour la démocratie qui avaient pris le relais. La classe ouvrière, pour sa part, se donna un temps d’observation pour tester l’ouverture politique. Mais dès la fin octobre, et surtout après le 3 novembre. les grèves ouvrières se sont étendues à toutes les régions du pays.

Pour les seules journées des 10 et 20 novembre, 99 et 72 conflits étaient officiellement enregistrés.

Le secteur portuaire avec les ports de Skikda, Arzew, Bejaia et Ghazaouet, et les gros complexes de l’industrie avec en particulier Berrouaghia, EI Hadjar et encore Rouiba, ont été le théâtre des grèves les plus importantes. Dans toutes ces luttes, les revendications salariales occultées par le pouvoir, occupaient de loin la première place. Mais, à la faveur de l’ouverture politique, les travailleurs exigeaient souvent un changement de directeur et la dissolution des structures syndicales imposées par le FLN. A Berrouaghia, les travailleurs du complexe pompes et vannes, interdirent l’accès de l’usine au conseil de direction et s’engagèrent à assurer la production en autogestion. Au complexe de véhicules industriels de Rouiba, la commission de négociations, démocratiquement élue lors de la grève de fin septembre, a impulsé un élargissement de la représentation syndicale par des élections libres de délégués d’ateliers et de services. Au port d’Alger, une assemblée générale des travailleurs réussit à imposer à la direction de l’Union générale des travailleurs algériens (UGTA) la dissolution de l’Assemblée des travailleurs de l’entreprise (ATE) et à élire une commission pour la préparation d’élections syndicales démocratiques.

Mais c’est aux travailleurs du complexe électro-ménager de Tizi-Ouzou que revient l’initiative la plus importante en faveur de la démocratie et de l’indépendance syndicale. Une réunion d’une centaine de syndicalistes y a élu une coordination régionale et lancé une pétition nationale pour un congrès extraordinaire de l’UGTA, avec comme objectif déclaré, la concrétisation de l’autonomie syndicale.

Dans sa dynamique de rupture avec un passé très récent, la presse nationale a régulièrement informé sur ces luttes ouvrières, en reconnaissant la légitimité de certaines revendications sociales. Mais, très vite, les apprentis-démocrates commencèrent à exprimer la peur de la bourgeoisie devant cette vague de remise en question du pouvoir patronal dans les entreprises. Dès lors, les éditorialistes n’en finissaient plus de mettre en garde contre « les manipulations » et « l’orchestration » de cette série de grèves, en appelant à la responsabilité des travailleurs face à la crise économique, surtout lors des grèves des deux principaux ports d’exportation d’hydrocarbures, Skikda et Arzew.

Le test des luttes sociales

La promesse d’une augmentation de 250 dinars (1 dinar = 1 FF) pour les bas salaires, d’un gel des prix et d’un programme anti-chômage, ont été les premières réponses du nouveau gouvernement aux revendications ouvrières. Pour calmer le mécontentement des travailleurs, le chef du gouvernement s’est réuni avec la direction de l’UGTA, le 24 novembre, mais les mesures promises ne seront réalisées qu’en janvier 89 dans le cadre de la nouvelle loi de finances.

Au-delà du caractère insuffisant des mesures sociales proposées, il faut relever comment les grèves ouvrières ont mis à nu les limites des prétentions démocratiques du pouvoir qui a rapidement mis en garde contre un dérapage de la démocratie vers « l’anarchie sociale ».

La même mise en garde a été adressée aux habitants de six communes qui, à la faveur du vent de démocratisation, s’étaient mobilisés pour exiger la dissolution de leurs assemblées populaires communales (APC) corrompues et des élections libres.

Quant au mouvement des intellectuels dont on avait toléré tous les débats et rassemblements dans le cadre de leurs institutions respectives, il vient de se heurter à la ligne rouge de l’ouverture démocratique. Le 24 novembre, une journée de mobilisation centrale était organisée à l’université de Bab Ezzouar. Après le succès de la marche des médecins à l’intérieur de l’hôpital Mustapha, il était prévu pour la première fois de sortir du cadre d’une institution et de marcher vers le cimetière d’El Alia, pour y déposer des gerbes de fleurs à la mémoire des martyrs d’octobre. Le matin même, un communiqué dans la presse annonçait l’interdiction formelle de tout attroupement sur la voie publique. Et, dans l’après-midi, la marche sera détournée par un barrage de brigades anti­-émeutes, puis bloquée à l’entrée du cimetière dans un face-à-face d’une demi-heure avec des gendarmes armés de kalachnikovs. Le pouvoir indiquait ainsi que l’ouverture démocratique ne l’empêcherait pas de tirer à nouveau sur des manifestants.

Le congrès du FLN initialement prévu pour la mi-décembre a été avancé au 27 novembre. Dès la publication des résultats du référendum du 3, les conférences de préparation du congrès ont commencé à se réunir. Partout, le ton était le même. Les militants du FLN se saisissaient de la parole pour se défendre contre le rôle de boucs-émissaires qu’on voulait leur faire jouer. La presse nationale sera violemment dénoncée pour sa contribution à la campagne anti-parti et, à Batna par exemple, les journalistes furent contraints de quitter la salle. Les militants ne comprenaient pas la précipitation avec laquelle on les emmenait à un congrès dont l’ordre du jour avait été bouleversé de façon peu démocratique. Cela faisait plusieurs mois qu’ils débattaient du premier ordre du jour et voilà qu’en une semaine, on leur demandait d’approuver un vaste projet de réformes politiques dont ils n’avaient jamais discuté.

Le fait accompli

Mais malgré ces résistances et protestations, les cinq conférences régionales ont approuvé les mesures du pouvoir face aux événements d’octobre et donné leur soutien aux propositions de réformes avancées par Chadli. Néanmoins, dans leur réaffirmation de la légitimité politique du FLN, ils ont violemment rejeté toute idée de multipartisme, en exprimant clairement leurs résistances contre les transformations du parti en front et l’autonomie des organisations de masse.

Après deux décennies de passe-droits et de corruption de la hiérarchie militaire, la répression sanglante d’octobre a brutalement brisé le mythe de l’armée populaire. D’aucuns y ont vu une tentative du pouvoir d’affaiblir politiquement l’armée. Mais la préparation du congrès du FLN est venue balayer ces illusions. Dans un article anonyme intitulé « Nouvelles du pays debout », une mise en garde claire a été adressée à tous ceux qui tenteraient de « déstabiliser l’Armée nationale populaire (ANP) et de la couper du peuple ». Le rapport de l’armée devant le congrès du FLN déplorait, comme tout le monde, les victimes d’octobre mais il soulignait que « l’ANP s’est trouvée face à la nécessité de mettre un terme à l’anarchie » et « qu’il en sera ainsi chaque fois que les circonstances l’y obligeront ». C’est d’ailleurs seulement après avoir réuni la hiérarchie militaire le 21 novembre pour s’assurer de son soutien, que Chadli s’est présenté au congrès du FLN. Fort de cet appui et de son « plébiscite » du 3 novembre, il s’est permis un discours d’ouverture très offensif, assumant personnellement la responsabilité des réformes économiques contestées, de la décision de recourir à la répression militaire, du fait accompli du projet de réformes politiques et même de l’éventualité de prochaines révisions idéologiques. Le rapport de forces établi avant le congrès excluait tout rejet des réformes politiques proposées, dans la mesure où le multipartisme demeure considéré comme « un danger pour l’unité nationale ». Dès lors, Chadli ne pouvait être que plébiscité par le congrès, dans le respect des traditions politiques du FLN.

Une réorganisation longue et douloureuse

L’assassin en chef a ainsi assumé ses crimes à la tribune du congrès et le FLN « démocratisé » le propose comme candidat unique à un troisième mandat résidentiel. Le peuple algérien s’oriente vers une série de consultations électorales en tous genres. Mais les conflits inter-bourgeois et les difficultés d’accouchement de la démocratie ne font que commencer. La réorganisation du FLN en front s’annonce douloureuse et un congrès extraordinaire est déjà prévu dans une année.

La peur de la bourgeoisie algérienne à assumer publiquement ses différenciations politiques et à faire face à la contestation sociale, sera le principal frein de l’ouver­ture démocratique.

Les masses ouvrières et populaires devront continuer à se mobiliser pour lui imposer la démocratie, l’indépendance de leurs organisations et la satisfaction de leurs revendications sociales.

29 novembre 1988

Saïd Akli

 
 
 
17/08/2020
Article de Saïd Akli paru dans Inprecor, n° 278, 13 décembre 1988, p. 6-8
https://sinedjib.com/index.php/2020/08/17/said-akli-ouverture-moderee/
 
 
 
 
http://association-radar.org/IMG/pdf/16-040-00278.pdf
 
 
 

Contre l’explosion prolétarienne, la bourgeoisie algérienne assassine, l’impérialisme approuve

 

image from media.gettyimages.com

Pillages et incendies lors des émeutes le 6 octobre 1988 à Alger, Algérie. (Photo by SIDALI-DJENIDI/Gamma-Rapho via Getty Images)

 

Les émeutes qui ont enflammé durant une sanglante semaine une bonne partie du pays ne se réduisent pas à un « coup de fièvre de la jeunesse », mais sont l’expression d’un mouvement social aux origines indiscutablement prolétariennes (1).

Le mouvement a commencé en septembre par une vague de grèves dans les entreprises : à Rouiba-Reghaïa, El Harrach Bouira, Bejaïa, Annaba, Tizi-ouzou. A Rouiba les grévistes de la SNVI (usine de camions) protestaient contre la suppression d’une prime qui signifiait une diminution de salaire. Des grèves de solidarité éclatent dans la zone industrielle. Le 27 septembre les ouvriers entament une marche de protestation en direction d’Alger, mais sont violemment réprimés par la police, qui bloquera pendant plusieurs jours la route entre Rouiba et Alger. Pendant le mois de septembre des manifestations contre les pénuries alimentaires sont signalées dans plusieurs villes. A la fin du mois les grèves touchent Alger, d’abord avec la grève d’Air-Algérie, puis avec la grève dans les Postes.

Mardi 4 octobre des appels à la grève générale sont diffusés dans Alger et vont déclencher les premières manifestations de jeunes dans la capitale.

A partir de ce moment les émeutes passent au premier plan. Malgré ou à cause de la répression, elles s’étendent dans le reste de l’Algérie : Tlemcen, Sidi-bel-Abés, Oran, Mostaganem, Blida, Boufarik, Staoueli, Tipaza, Annaba, etc.

Partout ce sont les bâtiments officiels du parti, les magasins d’alimentation qui sont attaqués par les manifestants, ce qui témoigne de la haine sociale contre l’Etat, ainsi que les causes matérielles de ces émeutes : la misère, la faim.

A Alger les manifestations ont touché le centre-ville ; mais les affrontements les plus sérieux ont eu lieu et se sont prolongés dans les quartiers populaires: Bab El Oued, El Harrach, Ben Aknoun, etc …

La brutalité de la répression, l’imposition de l’état de siège n’arriveront à briser les manifestations qu’au bout de plusieurs jours, après le message de Chadli à la télé. Le nombre de morts est estimé à près de 500, les arrestations se sont chiffrées par milliers.

L’IMPERIALISME FRANCAIS SOLIDAIRE DE LA BOURGEOISIE ALGERIENNE

Alors que les dirigeants français ne ratent pas une occasion de se gargariser des « droits de l’homme » et de faire la leçon aux dictatures du Chili ou de Pologne, les évènements d’Algérie ont révélé ce que sont ces discours : du vent. Dès qu’il s’agit de ses zones d’influence dès que ses intérêts peuvent être réellement menacés, l’impérialisme « redécouvre » les vertus de la répression. Dans ses néo-colonies d’Afrique noire, l’impérialisme tricolore ne s’est jamais soucié de prêcher les « droits de l’homme ». Pour l’Algérie, il s’est retranché derrière la « non-ingérence » pour ne pas condamner la répression, ce qui aurait pu gêner l’armée algérienne d-ans ses massacres. Le ministre des Affaires étrangères a déclaré le 10 octobre : Nous ne devons pas nous mêler des affaires intérieures de l’Algérie. Nous devons prendre cela globalement (…). L’Algérie est un partenaire indispensable pour la France. L’Algérie est indispensable à l’équilibre du Maghreb. C’est pour cela que nous souhaitons que l’Algérie retrouve à la fois sa paix et son équilibre économique ». L’argument de la non-ingérence est repris par ceux qui, en refusant de dire un mot en faveur des victimes des tueries, montrent qu’ils sont du côté de la bourgeoisie algérienne ; le PCF, le MRAP … Le PS, quant à lui, attend la fin des émeutes pour parler dans un communiqué de « répression » et ajouter : « on ne restaurera pas l’ordre uniquement par l’intervention des forces armées mais aussi par des mesures sur le plan économique et social ». Répression d’accord, mais avec des mesures sociales !

La réaction de la plupart des forces institutionnelles françaises s’explique par l’importance des relations économiques avec l’Algérie et pas par un prétendu « complexe d’ancien colonisateur ». Les échanges commerciaux ont sans doute chuté ces derniers mois en raison d’un contentieux sur les achats de gaz, mais l’Algérie reste cependant le premier client et le premier fournisseur africain de la France. Elle est aussi son second débiteur, après le Brésil (27 milliards de F dettes). Selon « le Nouvel économiste » (14/10) « des 1981 M. F. Mitterrand a soutenu Chadli, le plus francophile des présidents algériens depuis l’indépendance, dans l’espoir de desserrer les relations militaires algéro-soviétiques et de libéraliser le régime. » Le journal veut dire « ouvrir davantage le régime aux intérêts français ». Pas de « non-ingérence » quand l’impérialisme essaye d’augmenter son influence et d’ouvrir des marchés (l’Algérie n’achète pratiquement pas de matériel militaire français) !

C’est pourquoi Rocard a tenu à assurer, par l’intermédiaire de l’ambassadeur d’Algérie, « la sympathie et la solidarité du gouvernement français » envers le gouvernement d’Alger : attitude similaire à celle du gouvernement de gauche vis-à-vis du gouvernement tunisien lors des « émeutes de la faim » ou à celle du gouvernement Chirac vis-à-vis du gouvernement sénégalais au moment des émeutes de Dakar ce printemps.

Les communistes n’ont jamais cessé de rappeler que contre le prolétariat et les masses exploitées, la solidarité des bourgeoisies est sans failles. La solidarité de l’impérialisme français avec la bourgeoisie algérienne en est la démonstration. Les déclarations attristées sur le sort des opprimés dans telle ou telle région du monde ne sont que de l’hypocrisie, quand elles ne servent pas à masquer telle ou telle opération cynique.

LE CAPITALISME AFFAME LES MASSES

Les grèves et les « émeutes de la semoule » sont dues à la dégradation des conditions de vie des travailleurs et de la population. Le chômage s’accroît régulièrement. Il est estimé à 17% de la population active et à 50% des moins de 25 ans. Dans le cadre de la rentabilisation des entreprises publiques, des milliers de licenciements sont prévus. La réduction des ventes de pétrole – qui représentent plus de 90% des exportations du pays – a conduit l’Etat à réduire de façon drastique ses importations. Or le développement capitaliste de l’Algérie s’est fait, comme il se fait toujours, en sacrifiant l’agriculture. Résultat : l’agriculture algérienne qui fournissait 70% des besoins des habitants en 1969, n’en fournit plus que 40% en 1976. Les diminutions des importations se font au détriment de la consommation alimentaire des masses, car il n’est pas question d’interrompre les importations nécessaires à l’industrie. Les masses algériennes souffrent de la faim pour que le capital puisse être rassasié.

Après les émeutes de Constantine l’Etat avait procédé à des importations d’urgence d’huile, de beurre, de semoule, de café. Mais les pénuries sont ensuite réapparues. La semoule, ingrédient de base de l’alimentation, était devenue presqu’introuvable ces derniers temps. Le kilo de bœuf a doublé de prix pour atteindre 150 dinars, soit 10% du salaire ouvrier moyen ( 1 dinar = 1 F, au change officiel). L’austérité renforcée cette année a comporté un blocage des salaires, ce qui est la façon qu’ont les bourgeois pour dire baisse du niveau de vie.

Le syndicat officiel UGTA, pour ne pas perdre tout crédit aux yeux des travailleurs, a publié au début du mois un communiqué pour dire qu’il partageait les revendications ouvrières et il a dénoncé « la baisse intolérable du pouvoir d’achat des masses ».

La détérioration de la situation économique d’un pays soi-disant « socialiste », cité en exemple par le FMI il y a quelques années, a rendu nécessaire des réformes pour « rentabiliser » les entreprises d’Etat peu performantes. Ces réformes vont donner plus d’espace à la bourgeoisie privée, vont rendre autonomes les entreprises publiques, les rendre « libres » de supprimer les travailleurs en « surnombre ». Sur le plan agricole elles impliquent la liquidation des entreprises « autogérées » au profit des propriétaires privés. Elles préparent une exploitation accrue de la force de travail du prolétariat algérien.

La jeune bourgeoisie algérienne est divisée en clans rivaux, qui se sont affrontés sur cette question des réformes. Le PAGS (parti « communiste ») et les cadres de l’UGTA n’indiquent comme responsables de la situation des masses que les partisans des réformes et la bourgeoisie privée. Mais cette situation ne date pas des réformes, qui sont à peine entrées en application. Bourgeoisie privée, bourgeoisie d’Etat, partisans des réformes ou défenseurs de la primauté économique de l’Etat sont tous, autant les uns que les autres, des ennemis de la classe ouvrière et des masses exploitées.

CONTRE LES PIEGES DE LA « DEMOCRATISATION », LE SALUT DU PROLETARIAT NE PEUT VENIR QUE DE SA REORGANISATION ET DE SA LUTTE DE CLASSE

Nous avons vu que les évènements ont eu un caractère de classe indéniable. Les islamistes, souvent présentés en France comme les responsables, ne sont apparus que plusieurs jours après le début des émeutes pour tenter de récupérer le mouvement. Leur action est toujours allée dans le sens de la modération et plusieurs n’ont pas caché leurs liaisons avec les autorités. En dépit de leurs critiques contre les gouvernants, ils sont un recours pour l’ordre bourgeois et un danger pour la classe ouvrière.

Le PAGS a une implantation parmi les travailleurs et dans l’UGTA ; certains de ses militants ont été arrêtés. Le correspondant du « Monde », proche des cercles gouvernementaux, laisse entendre que l’action de l’ UGTA et de « la gauche du FLN » a contribué à l’explosion. En réalité l’UGTA n’a été obligée de coller en paroles aux revendications ouvrières que pour ne pas être débordée par la création de commissions syndicales indépendantes. Mais il est probable que la bourgeoisie lui reprochera, ainsi qu’au PAGS, de ne pas avoir su empêcher le grèves.

Pour reprendre un certain crédit, Chadli a parlé de « démocratisation » et a organisé un référendum, Plusieurs centaines de manifestants ont été relâchés.

De leur côté, les groupes d’ opposition mettent en avant une perspective de démocratisation et de pluralisme. Les trotskystes appellent même à « l’unité des forces d’opposition sur des revendications démocratiques » ainsi que leur rituelle « Assemblée constituante » (« Rouge » 14/10/88).

Mais une démocratisation de l’Etat ne pourrait être qu’un leurre pour les prolétaires. Le capitalisme algérien s’est développé à marches forcées en imposant une poigne de fer à la population. Ce sont les impératifs de développement qui ont donné à la dictature de la bourgeoisie algérienne ses traits particulièrement répressifs. Le capitalisme algérien ne peut se payer les frais d’une démocratie libérale à l’occidentale (qui est le rêve ultime des petits bourgeois) dans les premières phases de son accumulation, et maintenant dans une situation de crise économique. Tout épisode démocratique ne pourrait être qu’une concession tactique de la bourgeoisie avant de repartir à l’assaut des travailleurs. La férocité de la répression ne doit pas laisser le moindre doute sur les possibilités de démocratisation de l’Etat bourgeois.

« Il n’y a pas de milieu. Seuls en rêvent vainement les fils à papa, la gent intellectuelle, les petits messieurs qui ont fait de mauvaises études dans de méchants bouquins. Nulle part au monde il n’y a et il ne saurait y avoir de milieu. Ou bien la dictature de la bourgeoisie (dissimulée sous la pompeuse phraséologie socialiste-révolutionnaire et menchévique sur la souveraineté du peuple, la constituante, les libertés, etc.), ou bien la dictature du prolétariat. Celui à qui toute l’histoire du XIX ème siècle n’a pas appris cela est un imbécile fini. » (Lénine, Œuvres T. 29, p. 564).

Pour le prolétariat il n’y a que la perspective de la révolution socialiste, de la dictature du prolétariat qui n’est pas illusoire. La réalisation de cette perspective n’est sans doute pas immédiate. Il serait absurde de confondre des émeutes aussi prolongées soient-elles, avec l’entrée dans une phase révolutionnaire. Les émeutes ont témoigné avec éclat d’une certaine maturation des contradictions sociales : ce n’est plus une région, mais tout le pays qui est touché et pendant plusieurs jours. Elles ont montré sans équivoques que le prolétariat est à l’origine du mouvement.

Mais elles ont aussi indiqué la distance qu’il reste à franchir à la classe ouvrière pour se mettre à la tête des mouvements de révolte, pour dépasser et intégrer les émeutes dans une lutte révolutionnaire de classe. Elles peuvent et elles doivent servir à renforcer les travailleurs, à condition que ceux-ci sachent y lire un appel à ce qu’ils s’organisent de façon indépendante, de classe, sur des objectifs et des méthodes propres, en opposition à toutes les formules d’union nationale au nom de la patrie, de la démocratie ou de l’islam. Cette organisation est nécessaire aujourd’hui dans les luttes économiques pour contrer le sabotage de l’UGTA ; dans la résistance à une répression qui va se déchaîner, pour la libération de tous les emprisonnés. Elle sera indispensable dans la lutte révolutionnaire de demain, en liaison étroite avec les prolétaires de tous les pays, en particulier de ceux des pays impérialistes, pour renverser le capitalisme mondial et venger toutes ses victimes.

Le 15/10/88


(1) Les médias bourgeois ont insisté sur les aspects secondaires de la révolte en leur conférant des traits existentiels qu’ils n’ont pas en réalité. Ce n’est pas parce qu’il n’y a que 7 cinémas à Alger que les jeunes sont descendus dans la rue. Ce n’est pas l’ennui, mais la misère et la faim qui ont motivé leur action.

 

 

 

 

25/10/2018

Article paru dans Le Prolétaire, n° 398, octobre-novembre 1988, p. 1-2

https://sinedjib.com/index.php/2018/10/25/explosion/

 

 

.

 

 

 

.
 
 

Rédigé le 25/06/2022 à 09:49 dans Décennir noire | Lien permanent | Commentaires (0)

À Nice, le nom de Gisèle Halimi est-il "trop polémique" pour lui accorder une rue?

 

image from fyooyzbm.filerobot.com

 

 

Le groupe écologiste a proposé le nom de l’avocate militante féministe mais il a été retoqué en commission des noms de rue à la Ville.

"On marche sur la tête", s’est offusquée Juliette Chesnel Le Roux, conseillère municipale d’opposition écologiste à Nice. La commission des noms de rues de la Ville s’est réunie mercredi et les élus ont, comme à l’accoutumée, proposé des femmes et, surtout, des hommes, afin qu’un jour, une artère niçoise puisse porter leur nom.

La conseillère municipale EE-LV a proposé le nom de Gisèle Halimi. Mais Philippe Vardon, le leader de l’opposition d’extrême droite, ex-Rassemblement national, a mis son veto. "Ma proposition...

   
 
 
PAR STÉPHANIE GASIGLIA Mis à jour le 23/06/2022 à 20:36 Publié le 23/06/2022 à 19:16
 
https://www.nicematin.com/index.php/politique/a-nice-le-nom-de-gisele-halimi-est-il-trop-polemique-pour-lui-accorder-une-rue-776446
 
 
 
 

La Ville de Nice refuse d’accorder un nom de rue à la féministe Gisèle Halimi

 

 

 
 

Aucune rue niçoise ne portera finalement le nom de la militante féministe Gisèle Halimi, disparue il y a deux ans. La majorité centriste estime que cette figure « ne fait pas l’unanimité ».

Juliette Chesnel-Le Roux (EELV) n’en revient pas. « Depuis que je suis élue au conseil municipal, je propose à la commission d’attribution des noms de femmes puissantes pour nos rues. C’est ce que j’ai fait hier, le 22 juin ». Sauf que la séance, habituellement bien tranquille, ne s’est pas déroulée comme prévu.

« J’ai suggéré que l’on accorde un nom de rue à Gisèle Halimi, eu égard à son combat pour la cause des femmes », mené notamment avec Simone de Beauvoir et Jean Rostand. Son action a été déterminante pour que la France évolue enfin, dans les années 1970, sur le sujet du droit à l’avortement.

« Elle mérite sans doute plus un geste que certains militaires, que le multi-condamné Charles Pasqua ou que Jacques Médecin, qui a fui la justice ». Tous deux ont leur hommage chez nous, à la Libé et dans le Vieux-Nice.

« Mais l’ex-RN Philippe Vardon a répondu que c’était hors de question, puisque Gisèle Halimi a défendu des membres du Front de libération nationale (FLN) » dans le contexte post-guerre d’Algérie. « La majorité, qui était favorable à mon idée au départ, lui a emboîté le pas » raconte-t-elle à Nice-Presse. « Le risque de trouble à l’ordre public a été évoqué. »

« Avocate de terroristes »

« Si on présente aujourd’hui Gisèle Halimi uniquement sous l’angle des combats féministes, on oublie bien souvent qu’elle fut aussi l’avocate des terroristes du FLN algérien » fait valoir Philippe Vardon.

« Au nom des pieds-noirs et harkis accueillis nombreux dans notre ville, je suis intervenu pour affirmer mon objection catégorique à ce qu’une artère de Nice porte (son) nom. Les élus de mon groupe se battront toujours pour le respect de la mémoire française en Algérie. »

Idée « rédhibitoire »

Les conseillers municipaux de la majorité macroniste Nice Ensemble « n’ont pas du tout emboîté le pas de Vardon » dément Gaël Nofri, adjoint de Christian Estrosi notamment chargé de la circulation. « J’avais souhaité prendre la parole avant lui, pour expliquer que Gisèle Halimi n’est pas une personnalité consensuelle. »

« Certes, son combat pour les femmes appartient à l’histoire. Mais nous n’allons pas donner des noms de rues aux avocats des poseurs de bombes du FLN. Cette idée est totalement rédhibitoire. Cela dit, personne n’a évoqué d’éventuel trouble à l’ordre public. »

Et de trancher: « le groupe écologiste est à côté de ses pompes, comme d’habitude. Il cherche sa petite polémique… Comme avec Jean-Luc Mélenchon que la NUPES soutient, on voit là une haine de la France et de son histoire. »

« Nous avons pu honorer d’autres femmes, et nous le ferons encore. »

Parmi les autres propositions, celles portant sur Juliette Gréco et Robert Hossein ont été adoptées.

 
 
 
 
Clément Avarguès23/06/2022 19:18
 
https://nicepresse.com/la-ville-de-nice-refuse-daccorder-un-nom-de-rue-a-la-feministe-gisele-halimi/
 
 
.
 
 

Rédigé le 24/06/2022 à 20:55 dans France, Guerre d'Algérie | Lien permanent | Commentaires (0)

Damas, Tripoli et Alger font partie des villes les moins agréables au monde, selon une étude

 

image from www.middleeasteye.net

Une Libyenne se trouve au bord de la mer Méditerranée dans la capitale Tripoli, classée parmi les villes les moins agréables au monde (AFP)

 

 

La capitale syrienne Damas est la ville la moins agréable du monde, selon une étude publiée mercredi par l’Economist Intelligence Unit (EIU)

Les capitales libyenne et algérienne, Tripoli et Alger, ainsi que la ville de Lagos au Nigeria, complètent les quatre dernières places de l’édition 2022 du Global Liveability Index. 

Dans le cadre de cette étude réalisée en mars, 172 villes du monde entier ont été analysées et une note comprise entre 1 (insupportable) et 100 (idéale) leur a été attribuée. L’indice a été agrégé selon cinq facteurs : stabilité, soins de santé, culture et environnement, éducation et infrastructures. 

Damas, Tripoli et Alger ont obtenu un score inférieur à 40 en raison de l’agitation sociale, du terrorisme et des conflits, selon le rapport. 

La capitale syrienne est désignée par cet indice comme la ville la moins agréable chaque année depuis 2013 (à l’exception de 2020, l’étude ayant été interrompue en raison de la pandémie). 

La guerre civile en Syrie se poursuit depuis 2011, année où le président Bachar al-Assad a écrasé un mouvement de protestation pacifique et entraîné le pays dans un conflit brutal. Aidées par ses alliés, les forces d’Assad ont repris la majeure partie du pays, y compris Damas et ses environs. 

En parallèle, la Libye est secouée par la guerre et l’instabilité politique depuis le renversement du dirigeant de longue date Mouammar Kadhafi en 2011. 

La semaine dernière encore, de violents affrontements entre groupes armés ont éclaté à Tripoli après une tentative de coup d’État manquée, alors que deux Premiers ministres rivaux se disputent le pouvoir dans le pays.  

L’EIU précise que les dix villes qui ferment la marche – parmi lesquelles la capitale iranienne Téhéran – ont vu leur score s’améliorer par rapport à l’an dernier, à l’exception de Tripoli.

Au Moyen-Orient, l’hégémonie des villes émiraties

Le haut du classement est dominé par l’Europe occidentale : Vienne occupe la première place, tandis que Copenhague, Zurich, Genève, Francfort et Amsterdam figurent dans le top 10. 

Trois villes canadiennes – Calgary, Vancouver et Toronto – prennent place parmi les dix villes les plus agréables à vivre au monde, aux côtés d’Osaka (Japon) et Melbourne (Australie), dixièmes ex æquo. 

Blasphème gastronomique ? Un classement « scandaleux » fait réagir les internautes du Moyen-Orient
Lire

La capitale ukrainienne Kyiv a été exclue de l’étude en raison de la guerre avec la Russie qui a éclaté au moment où l’étude était menée.

Les villes russes de Moscou et de Saint-Pétersbourg ont dégringolé dans le classement en raison de la censure, de l’instabilité et des sanctions résultant du conflit.

Ailleurs au Moyen-Orient, les villes les mieux classées se situent principalement dans le Golfe : l’indice accorde à Dubaï et Abou Dabi près de 80 points. 

Les capitales du Koweït, du Qatar, de Bahreïn, d’Oman, de la Jordanie et d’Israël ont toutes obtenu un score supérieur à 60. 

Entre le milieu et le bas du classement, avec des scores compris entre 40 et 60, on retrouve les capitales égyptienne et tunisienne, Le Caire et Tunis, les villes de Casablanca (Maroc) et d’Istanbul (Turquie), ainsi que trois villes saoudiennes : Riyad, Djeddah et Khobar. 

Traduit de l’anglais (original) par VECTranslation.

 

 

Par 
Rayhan Uddin
Published date: Vendredi 24 juin 2022 - 08:18 |

https://www.middleeasteye.net/fr/actu-et-enquetes/damas-tripoli-alger-villes-les-moins-agreables-monde-classement

 

 

Lire également

 

À Alger, des designers repensent la ville. Une urgence !

La première Biennale algéro-française du design, qui se tient actuellement dans la capitale algérienne, fait cohabiter concepteurs de tous ordres pour repenser la ville de demain.
 
 
image from www.middleeasteye.net
 
Vue du front de mer d’Alger, de la Casbah et de la mosquée Djamaa Jdid (AFP/Farouk Batiche)
 
sharethis sharing button

Alger accueille jusqu’au 27 juin la première Biennale algéro-française du design, DZign 2020+1. Placée sous la thématique « repenser la ville par le design », cette rencontre a ouvert la voie à l’expérimentation urbaine. Pour l’occasion, Alger est devenue un réel laboratoire d’innovation : les concepteurs se sont appropriés la ville et ont imaginé des projets futuristes, durables et engagés dans l’amélioration de la vie de ses habitants.

Une préoccupation d’actualité alors que The Economist vient de classer encore une fois la capitale algérienne en bas de la liste des villes les plus agréables à vivre : Alger arrive à la 136e place sur 140, derrière Tripoli et Karachi !

Organisée par l’Institut français d’Alger (IFA) et placée sous le commissariat de la designer Feriel Gasmi Issiakhem, cette biennale devait initialement se tenir en mars 2020. Pour cause de pandémie, elle a été reportée d’une année. Selon les organisateurs, ce report a permis de renforcer le programme initial.

Expositions, discussions, portes ouvertes dans des universités partenaires, projections de films... : Feriel Gasmi Issiakhem explique à Middle East Eye le concept de biennale, « pas si éloigné de celui d’un festival ».

« Dans le monde de l’art, de l’architecture et du design, on utilise le terme de biennale car l’événement s’adresse à un public plus avisé. Partout dans le monde, une biennale dure un mois, c’est pourquoi nous avons élaboré un programme avec plusieurs temps forts », précise-t-elle.

Ce programme a été organisé autour de porteurs de projets, des « concepteurs » issus de tous les métiers formant la discipline du design.

« Ce qui est intéressant dans cette biennale, c’est justement cette démarche : faire cohabiter tous ces métiers autour d’un projet », ajoute la commissaire. « Nous exposons par exemple l’urbaniste Akli Amrouche, qui propose pour la première fois du mobilier urbain. Ou encore la designer Amina Laoubi, qui a conçu des ombrières pour le parc Tifariti [à Alger], un projet d’urbanisme. Ils conceptualisent tous des projets, quelles que soient leurs formations, et pourraient à l’avenir travailler ensemble. »

Un parcours dans la ville

Les trois temps forts de la biennale sont les trois expositions : « Extramuros » aux Ateliers sauvages (résidence de créations et lieu d’écriture), « Intramuros » à la Villa Abdellatif (résidence d’artistes), et l’exposition photographique « Photographiez la cité de demain » à l’Institut français d’Alger.

Ces trois expositions ont été montées de manière à suivre un parcours sur Alger. « C’est une manière d’avoir une sorte de marqueur dans le temps et l’espace. Montrer les projets de manière linéaire et donner la chance à toutes les expressions de rencontrer le grand public », décrit Feriel Gasmi Issiakhem.

Pour répondre au challenge « repenser la ville par le design », les concepteurs se sont exprimés à travers différents médiums : photographie, design graphique, maquettes, prototypes, objets, installations, vidéos.

« Le but de notre participation est d’interpeller sur des solutions qui n’existent pas encore chez nous mais qu’on pourrait lancer, comme le recyclage du béton »

- Riyad Aissaoui, designer

Pour Feriel Gasmi Issiakhem, l’objectif est de donner une liberté de création aux concepteurs et d’optimiser la compréhension pour le public.

Les médiums sont différents mais le message est le même. Les concepteurs évoquent tous le consumérisme. Ils ne veulent plus exister dans un monde surchargé d’objets. Ils proposent des projets techniques qui sacralisent la durabilité.

L’exposition « Photographiez la cité de demain » montre par exemple les clichés de vingt étudiants en architecture, algériens et français. Ces futurs architectes ont exprimé des inquiétudes et des souffrances, observées dans l’espace public. Qu’ils viennent d’Alger, Marseille, Nancy, Paris ou Lyon, ils portent tous le même discours : ils veulent « réparer l’existant ».

« Extramuros » est la plus spectaculaire des expositions, de l’avis des visiteurs que MEE a rencontrés. Les concepteurs ont repensé Alger en intervenant sur des espaces connus de la capitale : le jardin Tifariti, la baie d’Alger, l’esplanade des Fusillés. Ces repères ont permis aux visiteurs de se projeter dans la ville et d’imaginer l’apport des projets dans leur vie au quotidien.

Au jardin Tifariti, dans le quartier du Telemly, la designer Amina Laoubi propose un aménagement qui introduit l’artisanat et le design dans l’espace. Elle initie un ensemble d’activités qui mettent en valeur l’identité du lieu, garde certaines fonctions initiales du jardin comme les terrasses et les espaces de jeu, et aménage d’autres coins en espaces d’exposition en plein air, des bancs marquant des percées visuelles de la ville tout au long de la promenade.

L’architecte urbaniste et designer Liess Vergès propose une installation qui engage une réflexion sur la situation de la Casbah d’Alger. Il estime que même un lieu déserté, endommagé et abandonné à la dégradation, comme l’est l’ancienne médina de la capitale, n’est pas encore une ruine, il est « témoin de son histoire ».

 

Rénovation de la Casbah d'Alger : sous les pavés, la polémique

« Certains habitants de la Casbah sont partis dans des quartiers plus habitables, pendant que d’autres sont restés dans une pauvreté de plus en plus aigüe. La solidarité, qui était constitutive de la société de la Casbah, a disparu. Résultat, les écarts se creusent. En tant qu’architecte, mon questionnement est là : il faut d’abord travailler sur la mémoire », analyse-t-il pour MEE.

Le projet de la designer Souad Delmi Bouras s’intitule « Dzira ». Il s’agit d’un banc public végétalisé. Ce mobilier urbain est, selon la description de sa conceptrice, « un espace de repos et de rencontres ». Soucieux de la question environnementale et de la durabilité, il veut absorber le CO2 et réintégrer l’élément végétal fonctionnel dans les espaces urbains. Un banc fait de terre, de végétaux et de planches de bois.

Pour le designer Riyad Aissaoui, qui propose un mobilier urbain connecté, cette exposition permet de démontrer qu’il est possible « d’intervenir sur l’espace public efficacement et à moindre coût ».

« Le but de notre participation est d’interpeller sur des solutions qui n’existent pas encore chez nous mais qu’on pourrait lancer, comme le recyclage du béton », explique-t-il à MEE.

« En tant que designer, je m’intéresse particulièrement aux avancées en matière de recyclage dans les autres pays. On ne parle plus de matière première mais de dernière matière. Ce genre de rencontre nous permet de confronter nos visions, de compléter nos connaissances et surtout, de dire qu’il est possible de concrétiser des projets dont le retour sur investissement est aussi assuré. »

Démarche écoresponsable

À la Villa Abdellatif, l’exposition « Intramuros » est dédiée à l’objet du quotidien : mobilier, luminaires, art de la table...

Les concepteurs Mouna Boumaza Bensalem et Khalil Bensalem proposent une installation constituée d’une table, composée de pieds cylindriques en sciure liée par de la résine, dans lesquels s’imbrique un fin plateau de tôle en laiton brossé.

 

image from www.middleeasteye.net

La table conçue par les artistes Mouna Boumaza Bensalem et Khalil Bensalem (Facebook)

 

Les deux concepteurs adoptent une démarche écoresponsable. Ils exploitent la sciure de bois, déchet issu de la fabrication de leurs mobiliers, et lui insuffle un nouveau cycle de vie, la sciure devenant ainsi matière première dans la création de produits inédits.

« Igerzzen » (la merveilleuse) est une lampe de chevet proposée par les artistes designers Leila Mammeri, Rachida et Samia Merzouk. Fabriquée en fer forgé et terre cuite, elle sert aussi de vide-poche et de diffuseur de parfum.

 

image from www.middleeasteye.net
Lampe de chevet proposée par les artistes designers Leila Mammeri, Rachida et Samia Merzouk (MEE)

Pour Feriel Gasmi Issiakhem, cette biennale a pour objectif de « déstabiliser les certitudes de beaucoup de gens qui pensent que le design n’est qu’un objet ». C’est pour cette raison que les organisateurs ont pensé le programme des expositions en laissant en dernier celle dédié à l’objet.

« En visitant la première exposition, le public profane va se demander quel est le lien entre le design et la photo. Mais il comprendra vite que ce sont des architectes qui participent à l’exposition », souligne Feriel Gasmi Issiakhem.

« Ensuite, il découvrira ‘’Extramuros’’, liée à l’objet urbain, et là encore, il va engager une réflexion sur le lien du design avec des projets d’urbanisme. Enfin, avec ‘’Intramuros’’, dédiée à l’objet design, il comprendra que le design n’est pas de l’esthétique, c’est une science des processus au service de l’homme. »

DZign 2020+1 se clôturera dimanche 27 juin avant de revenir en novembre 2021 avec des expositions, des rencontres, des débats et des master classes dirigées par des personnalités internationales du design.

 
 
 
 
Published date: Jeudi 24 juin 2021 - 09:22 | 

https://www.middleeasteye.net/fr/reportages/algerie-designers-biennale-alger-repenser-la-ville-art-urbanisme

 

Le dernier souffle de la Casbah d’Alger

 

Maisons en ruines, artisans en voie d’extinction, rénovations abandonnées... chronique d’une disparition annoncée que rien – et surtout pas l’État – ne semble pouvoir enrayer.

 

 

image from www.middleeasteye.net

Depuis les terrasses, le désastre causé par les nouvelles constructions en parpaing est bien visible (MEE/Adlène Meddi)

 

Là, comme un décor de théâtre oublié, des maisons dont des pans entiers se sont effondrés tiennent à bout de force des arcades mauresques suspendues dans le vide. Ici, des plaques de tôle tentent de voiler des dépotoirs que les odeurs ne parviennent pas à dissimuler. « Les constructions du XVIIe siècle se sont écroulées. Celles du XVIIIe commencent à s’effriter. À ce rythme, dans 30 ans, il ne restera plus rien de la Casbah », déplore L’hadi Bendebka, guide algérois et avocat spécialisé dans l’immobilier, qui assiste, impuissant, au délitement de la médina d’Alger.

 

Un décor en ruines

 

Car ni les classements internationaux, ni l’État n’ont pu empêcher le temps, le climat, les séismes et les hommes de fragiliser ce site unique, inscrit au patrimoine mondial de l’Unesco depuis 1992, habité depuis au moins le VIe siècle avant J-C par les Phéniciens, et dont les contours correspondent aujourd’hui aux remparts de l’époque ottomane. De la cité modèle qui influença l’urbanisme en Méditerranée occidentale et en Afrique sub-saharienne, il ne reste aujourd’hui que des photos sépias que les anciens de la Casbah placardent sur les murs de leur atelier ou les devantures de leur boutique comme la preuve ultime d’une grandeur passée qui ne reviendra jamais.

 

image from www.middleeasteye.net

 
Depuis 2012, l’État a attribué plus de 800 millions de dollars à la réhabilitation de la Casbah d’Alger. Sans résultat (MEE/Adlène Meddi)

Celles de Khaled Mahiout s’exposent au milieu des coupures de presse en l’honneur de son père, des pochoirs en bois et des photos de famille. Il y a sept ans, l’État a décidé de restaurer la douirette (maison traditionnelle) de cet ébéniste décorateur. « Malheureusement, faute de trouver les artisans compétents, l’État a arrêté les travaux », raconte-t-il à MEE en nous faisant visiter le chantier. « Les ouvriers ont laissé sur place les gravats que j’essaie de jeter au fur et à mesure. Et je ne peux même pas reprendre la restauration à mon compte car l’État exige des artisans une expérience et des fonds dont aucun Algérien ne dispose. »

Pourtant, il y a urgence : depuis que la maison mitoyenne voisine a été rasée en 1982, les murs de la sienne sont en train de pivoter. Mais pour ce fils de la Casbah, il y a plus grave que la perspective de ne jamais voir sa maison rénovée. Il y a ses voisins : de « nouveaux » résidents, étrangers aux règles de la citadinité. Pire. Étrangers aux règles de la Casbah.

« Ils ont enlevé les portes et les balustrades, ils ont bouché les puits et ont construit sur les terrasses ! », s’emporte-t-il. « Je ne peux pas vivre avec ces gens-là. » Un peu plus bas dans la rue, une odeur d’excréments et d’égouts vous prend à la gorge. « Pour ne pas avoir à descendre en ville pour chercher de l’eau quand arrivait l’été et que les fontaines s’asséchaient, les habitants de la Casbah avaient construit, sous les maisons, des djoubs, des réservoirs pour récupérer les eaux pluviales », explique L’hadi Bendebka. « Quand les nouveaux résidents sont arrivés, ils ont fabriqué des toilettes à chaque étage et ont connecté les canalisations aux djoubs. Et comme les eaux usées ne sont pas évacuées, elles stagnent sous la maison. D’où cette odeur terrible… »

 

image from www.middleeasteye.net

Dans les ruelles escarpées de la Casbah, impossible d’envoyer les camions ramasser les poubelles. L’entreprise publique de nettoyage a donc recours aux ânes, comme autrefois (MEE/Adlène Meddi)

La vue depuis les terrasses ne trompe pas. Partout, du parpaing, du ciment, des tuiles, que ne peuvent supporter, sur le long-terme, les constructions organiques traditionnelles de la Casbah, faites de terre, de bois et de pierre, sans fondation. Selon l’Office de gestion et d’exploitation des biens culturels, un organisme public algérien, 400 parcelles vides (17 % du parc immobilier de la Casbah) et près de 1 200 bâtisses en ruine « menacent la solidité de l’ensemble du tissu urbain ».

Des plans de sauvegarde initiés par l’État, il y en a eu, pourtant.

Le dernier, appelé « plan permanent de sauvegarde et de mise en valeur de la Casbah d’Alger », doté de presque 900 millions de dollars, remonte à 2012. Pour faciliter les opérations de restauration, l’État avait voulu racheter leurs biens aux propriétaires en mettant à leur disposition des logements temporaires. « Sauf qu’il est pratiquement impossible de trouver les véritables propriétaires, de nombreuses maisons étant occupées par des gens qui n’ont pas de titre de propriété », souligne L’hadi Bendebka. « Et même si on sait à quelle famille appartient une maison, les propriétaires, souvent les enfants, sont trop nombreux pour s’entendre. »

Quant aux habitants qui ont été déplacés dans les nouvelles cités-dortoirs en banlieue d’Alger, la plupart sont… revenus dans la Casbah. « Ils ont vite compris qu’il leur manquait l’essentiel, la vie de quartier », reconnaît Khaled Mahiout. Conséquence de ces mouvements de population et des velléités de restauration de l’État : la Casbah est devenue une incroyable manne d’argent pour les associations de défense du patrimoine et une énorme bulle de spéculation immobilière. « Les gens disent : ‘’Je te vends cher parce que l’État va restaurer gratuitement, témoigne un habitant. Résultat, on frôle les 6 000 dinars algériens (60 dollars) le mètre carré. »

Une situation qui fait bondir l’architecte urbaniste Halim Faïdi, contacté par MEE. « Au lieu de se demander ce qu’on veut faire de la Casbah dans 25 ans – une cité touristique ou un quartier d’Alger – on met en place des plans budgétivores. Sous prétexte qu’elle appartient au patrimoine mondial, on pense que c’est l’État qui doit s’en occuper. Or les autorités n’ont ni la vision, ni le talent, ni les compétences pour traiter ce dossier. »

Pour l’urbaniste, la solution est pourtant « simple ». « Il faut remettre la Casbah au secteur privé, comme cela a été fait à Sidi Bou Saïd en Tunisie ou à Marrakech au Maroc. Sinon, dans 10 ans, elle n’existera plus ». Puisque les gens qui y habitent n’ont pas les moyens d’acheter leur maison, cela permettrait de « régénérer la cité, surpeuplée, des deux tiers de ses habitants ». Alors que la Casbah comptait 3 000 habitants avant l’arrivée des Français, elle en contient aujourd’hui, selon les estimations, entre 50 000 et 60 000.

 

L’abandon des artisans

 

Dans sa cave éclairée au néon où il ne voit jamais la lumière du jour, Saïd, 54 ans, un des plus anciens dinandiers de la Casbah, fils craché des années Boumediene et héritier de l’idéologie socialiste, ne voit quant à lui le salut qu’en l’État. « C’est à lui de me donner un local assez grand pour que je puisse former des apprentis », affirme-t-il à MEE. « Si aujourd’hui je n’arrive pas à travailler, c’est parce que l’État n’a rien fait pour préserver les importateurs de cuivre. La matière première est très difficile à trouver ! Pour que les touristes viennent dans la Casbah, il faut qu’ils puissent y trouver des souvenirs ! » 

 

image from www.middleeasteye.net
Saïd, un des plus anciens dinandiers de la Casbah (MEE/Adlène Meddi)

Un peu plus bas, dans ce qu’on appelle la Basse-Casbah, partie de la citadelle détruite par les Français qui y ont construit un quartier haussmannien, Halim dénonce lui aussi la politique du gouvernement vis-à-vis des commerçants. Sa petite boutique de kalb elouz (pâtisserie à la semoule trempée dans le miel), où entrent plus d’abeilles que de clients, est un musée aux couleurs de l’USMA, l’un des deux clubs de foot algérois. Sur la porte est scotché un portrait en noir et blanc plastifié d’Ali Lapointe, héros de La Bataille d’Alger, le célèbre film de Gillo Pontecorvo, entouré d’Hassiba Ben Bouali et Petit Omar, figures emblématiques de la résistance algérienne. Ces demi-dieux omniprésents que la Casbah refuse d’oublier rôdent à chaque coin de rue.

« Moi, j’ouvre pour le prestige. Je ne gagne pas d’argent », déclare Halim en désignant ses gâteaux vendus 45 dinars (environ 0,20 dollars). « Mais l’État me réclame des impôts. En revanche, le marchand qui s’est installé sur mon pas de porte et qui vend des pétards alors que la loi en interdit normalement l’importation, on ne lui demande rien parce que le gouvernement n’ose rien exiger du commerce informel pour maintenir la paix sociale. »

Sous la flamme de son petit fer à souder et la lumière des néons, Jamaa Boudjemaa secoue la tête. « Ils ne nous ont pas aidés », lance-t-il pour désigner l’invisible magma de décideurs algériens. « Pourtant, la vie de la Casbah, c’est l’artisanat. Moi, je n’ai plus les moyens d’acheter de l’or, alors je répare les bijoux », raconte-t-il en saisissant une petite chaîne entre ses doigts d’ancien boxeur. Ce que je gagne me sert à acheter du pain et du lait. » Mais Jamaa ne renonce pas. Entre les ventilateurs et de vieilles photos qui attestent de sa présence depuis de nombreuses années, il montre fièrement les affiches des films Le Patriote et Le Gladiateur, où le visage des acteurs a été remplacé par le sien. Tout un symbole.

 

image from www.middleeasteye.net
L’artisan bijoutier Jamaa Boudjemaa ne peut plus acheter d’or, alors il se contente de réparer les bijoux de ses clients (MEE/Adlène Meddi)

Au milieu de ces murs blanchis à la chaux et des rues aux pavés polis par le temps, là où les hommes sont partis, les souvenirs résistent. « Enfant, je passais ici avec mon père quand on allait voir les matchs de foot », se souvient Mohamed Rezala, éditeur de guide touristique. « On s’y arrêtait pour acheter des oublis [gaufres] ou un créponné [sorbet algérien au citron]. » L’hadi Bendebka évoque les effluves du Ramadan prisonnières des ruelles étroites, celles de la chorba (soupe) ou des boureks (rouleau de pâte feuilletée fourré). C'est toute l’âme d’Alger, dont le saint patron, le marabout Sidi Abderrahmane, repose dans le mausolée quelques rues plus bas. Rien qui ne suffise à arrêter la destruction de la Casbah, mais une façon de dire tout haut qu’elle ne se fait pas dans l’indifférence. 

 

 

Par 
Mélanie Matarese
Published date: Lundi 10 août 2015 
 
https://www.middleeasteye.net/fr/reportages/le-dernier-souffle-de-la-casbah-dalger
 

 

.

 

 

 

 

Rédigé le 24/06/2022 à 16:25 dans Alger, Société | Lien permanent | Commentaires (0)

La colonisation de l’Algérie glorifiée à Perpignan : le scandale continue !

 

image from www.algeriepatriotique.com

Louis Aliot, maire RN de Perpignan. D. R

 

Louis Aliot, dirigeant bien connu du Rassemblement national et maire de Perpignan, a décidé de soutenir politiquement et financièrement, à hauteur de 100 000 euros, la 43e réunion hexagonale du Cercle algérianiste (1), et d’accueillir ses membres et les participants au Palais des congrès de cette ville, du 24 au 26 juin 2022. Il se confirme que la loi scélérate du 23 février 2005, jamais abrogée faut-il le rappeler, qui établit une interprétation officielle et apologétique de la colonisation française en Algérie et dans le reste de l’empire, n’était pas l’épilogue d’une entreprise de réhabilitation de ce passé mais le prologue bien plutôt. Le discours du candidat Nicolas Sarkozy affirmant, à la veille des élections présidentielles de 2007, que le «rêve de la colonisation» n’était pas un «rêve de conquête» mais «un rêve de civilisation», celui de François Fillon quelques années plus tard et, plus généralement, les positions de la direction des Républicains en témoignent. Fustigeant une prétendue «repentance» et vantant les aspects supposément «positifs» de la colonisation de l’Algérie, les responsabilités de ces derniers sont majeures, établies et accablantes (2). De même celles de certains intellectuels, chroniqueurs et bateleurs médiatiques qui, au nom de la lutte contre «la pensée unique» hier, contre le «décolonialisme» aujourd’hui, redécouvrent les «beautés» de la colonisation aux couleurs de la France.

N’oublions pas l’un des pionniers de cette réhabilitation, A. Finkielkraut, qui déclarait doctement que l’entreprise coloniale «avait aussi pour but d’éduquer» et «d’apporter la civilisation aux sauvages.» (Haaretz, 18 novembre 2005). Indigne philosophe et vrai idéologue qui, sur ce sujet entre autres, débite des opinions rebattues en les prenant pour de fortes pensées. A l’instar des personnalités politiques précitées, il ressasse les trivialités mensongères de Malet et Isaac, ces historiens officiels qui, de l’entre-deux-guerres au début des années soixante, n’ont cessé de contribuer à l’élaboration et à la diffusion de la mythologie impériale-républicaine ; celle-là même qui, depuis plus d’une décennie, est désormais reprise par les différentes forces que l’on sait à des fins partisanes et électoralistes. En ces matières, les uns et les autres ne sont que les piteux ventriloques de discours élaborés par les élites politiques – mention spéciale à Jules Ferry, cet ardent promoteur de l’empire et du racisme élitaire de saison – et académiques de la Troisième République pour légitimer «la course à l’Afrique» et les guerres de conquête menées en Cochinchine et à Madagascar.

Sur ces sujets en particulier, il y a longtemps que le prétendu «front républicain» a disparu au profit de convergences et de compromissions toujours plus graves et toujours plus assumées avec l’extrême-droite, les partisans de l’Algérie française et les soutiens des généraux putschistes. Dans ce contexte, auquel s’ajoute la spectaculaire progression politique du Rassemblement national, sinistrement confirmée par les résultats des élections présidentielles et législatives qui viennent d’avoir lieu, la tenue du congrès du Cercle algérianiste dans la ville de Perpignan ne saurait surprendre. Le soutien apporté par le maire à cette initiative est parfaitement conforme aux orientations défendues depuis toujours par le Front national et le Rassemblement qui lui a succédé. Apologie de la colonisation, révisionnisme historique, mensonges par omission, minorisation et dénégation des massacres, des crimes de guerre et des crimes contre l’humanité commis par les armées françaises entre 1830 et le 19 mars 1962, tels sont quelques-uns des piliers idéologiques de cette extrême-droite qui demeure fidèle à ses traditions.

Il faut y ajouter la glorification des généraux qui, pour défendre l’Algérie française, ont pris les armes contre la République, le 21 avril 1961. En élevant «au rang de citoyens d’honneur de la ville des représentants des familles d’Hélie Denoix de Saint-Marc, des généraux Edmond Jouhaux et André Zeller… (3)», Louis Aliot persévère dans cette voie, ce qui jette une lumière pour le moins singulière sur la conversion des dirigeants du RN aux «valeurs républicaines». Commandant par intérim du 1er régiment étranger de parachutistes, Denoix de Saint-Marc a joué un rôle de premier plan lors de la tentative de coup d’Etat à Alger, ce qui lui a valu d’être condamné à dix ans de réclusion criminelle par le Haut Tribunal militaire. Ayant réussi à s’échapper, Jouhaud a poursuivi son combat au sein de l’organisation terroriste, OAS, laquelle est responsable de l’assassinat de 2 360 personnes, auxquelles s’ajoutent 5 419 blessés, majoritairement algériens (4). Arrêté le 24 mars 1962, Jouhaud est condamné à mort puis gracié par le général De Gaulle, et sa peine commuée en détention à perpétuité. Zeller, qui a rejoint le «quarteron de généraux» putschistes, écope lui de 15 ans d’emprisonnement. Signalons enfin que le programme officiel des journées perpignanaises du Cercle algérianiste prévoit que l’ancien membre d’un commando de l’OAS à Oran, Gérard Rosenzweig, impliqué dans plusieurs attentats, remette le «Prix universitaire algérianiste» en tant que président du jury. Tels sont quelques-uns des multiples honneurs qui seront rendus à des hommes, anciens criminels lourdement condamnés par la justice, décédés ou vivants, dont le point commun est d’avoir défendu l’Algérie française par tous les moyens, y compris les pires.

Un scandale, assurément. Nonobstant l’initiative locale et courageuse du «Collectif 66 pour une histoire franco-algérienne non falsifiée», ce scandale ne semble pas, à l’heure où ces lignes sont écrites, susciter l’indignation et la mobilisation nationales que l’on serait en droit d’attendre des gauches partisanes, syndicales et associatives pour s’opposer à cette nouvelle offensive de l’extrême-droite. Non seulement, cette dernière ne désarme pas mais, plus grave encore, elle se sent pousser des ailes en raison de la conjoncture politique que l’on sait. Une telle situation devrait obliger celles et ceux qui ne se résignent pas à cette progression, jusqu’à présent irrésistible, et à ses conséquences depuis longtemps désastreuses sur tous les plans. Eu égard à l’importance politique et stratégique que le RN accorde à ce 43e congrès du Cercle algérianiste, une riposte d’ampleur s’impose. Organisons-là lors des prochaines commémorations des massacres du 17 Octobre 1961 en en faisant une initiative unitaire, anticoloniale et antiraciste pour la vérité historique, la justice et la reconnaissance des crimes de guerres et des crimes contre l’humanité commis par la France en Algérie et dans les autres territoires de l’empire.

Le Cour Grandmaison, universitaire. Derniers ouvrages parus : Ennemis mortels. Représentations de l’islam et politiques musulmanes en France à l’époque coloniale, La Découverte, 2019 et avec O. Slaouti (dirs), Racismes de France, La Découverte, 2020.

O. L. G.

Université d’Evry-Val d’Essonne, sciences politiques et philosophie politique

1- Créé le 1er novembre 1973 pour réhabiliter les combats des partisans de l’Algérie française et la colonisation de ce territoire, ce Cercle, qui se présente comme une «association culturelle des Français d’Afrique du Nord», n’a cessé de rendre hommage aux anciens terroristes de l’OAS et aux généraux putschistes, entre autres.

2- Avec la finesse qui le caractérise, L. Wauquiez livre aux Français ébahis cette analyse dont la profondeur et la rigueur laissent pantois : «Ajoutez (…) une repentance systématique et vous comprendrez pourquoi des jeunes issus de [ l’] école en viennent à prendre les armes contre leur propre pays.» Le Figaro, 14 février 2016.

3-. Cf., le programme : 43e congrès national du Cercle…

4-. Y. Benot, «La décolonisation de l’Afrique française (1943-1962)», in Le Livre noir du colonialisme, XVIe-XXIe siècle. De l’extermination à la repentance, sous la dir. de L. Ferro, Paris, R. Laffont, 2003, pp. 517-556.

Ndlr : Avec l’aimable autorisation de l’auteur.

 

 

Par Olivier Le Cour Grandmaison 

Juin 24, 2022 - 9:39

https://www.algeriepatriotique.com/2022/06/24/la-colonisation-de-lalgerie-glorifiee-a-perpignan-le-scandale-continue/

 

.

 

 

Rédigé le 24/06/2022 à 14:28 dans France, Guerre d'Algérie | Lien permanent | Commentaires (0)

ACCUEILA LA UNE La colonisation de l’Algérie glorifiée à Perpignan : le scandale continue !

 

image from www.algeriepatriotique.com

Louis Aliot, maire RN de Perpignan. D. R

 

Louis Aliot, dirigeant bien connu du Rassemblement national et maire de Perpignan, a décidé de soutenir politiquement et financièrement, à hauteur de 100 000 euros, la 43e réunion hexagonale du Cercle algérianiste (1), et d’accueillir ses membres et les participants au Palais des congrès de cette ville, du 24 au 26 juin 2022. Il se confirme que la loi scélérate du 23 février 2005, jamais abrogée faut-il le rappeler, qui établit une interprétation officielle et apologétique de la colonisation française en Algérie et dans le reste de l’empire, n’était pas l’épilogue d’une entreprise de réhabilitation de ce passé mais le prologue bien plutôt. Le discours du candidat Nicolas Sarkozy affirmant, à la veille des élections présidentielles de 2007, que le «rêve de la colonisation» n’était pas un «rêve de conquête» mais «un rêve de civilisation», celui de François Fillon quelques années plus tard et, plus généralement, les positions de la direction des Républicains en témoignent. Fustigeant une prétendue «repentance» et vantant les aspects supposément «positifs» de la colonisation de l’Algérie, les responsabilités de ces derniers sont majeures, établies et accablantes (2). De même celles de certains intellectuels, chroniqueurs et bateleurs médiatiques qui, au nom de la lutte contre «la pensée unique» hier, contre le «décolonialisme» aujourd’hui, redécouvrent les «beautés» de la colonisation aux couleurs de la France.

N’oublions pas l’un des pionniers de cette réhabilitation, A. Finkielkraut, qui déclarait doctement que l’entreprise coloniale «avait aussi pour but d’éduquer» et «d’apporter la civilisation aux sauvages.» (Haaretz, 18 novembre 2005). Indigne philosophe et vrai idéologue qui, sur ce sujet entre autres, débite des opinions rebattues en les prenant pour de fortes pensées. A l’instar des personnalités politiques précitées, il ressasse les trivialités mensongères de Malet et Isaac, ces historiens officiels qui, de l’entre-deux-guerres au début des années soixante, n’ont cessé de contribuer à l’élaboration et à la diffusion de la mythologie impériale-républicaine ; celle-là même qui, depuis plus d’une décennie, est désormais reprise par les différentes forces que l’on sait à des fins partisanes et électoralistes. En ces matières, les uns et les autres ne sont que les piteux ventriloques de discours élaborés par les élites politiques – mention spéciale à Jules Ferry, cet ardent promoteur de l’empire et du racisme élitaire de saison – et académiques de la Troisième République pour légitimer «la course à l’Afrique» et les guerres de conquête menées en Cochinchine et à Madagascar.

Sur ces sujets en particulier, il y a longtemps que le prétendu «front républicain» a disparu au profit de convergences et de compromissions toujours plus graves et toujours plus assumées avec l’extrême-droite, les partisans de l’Algérie française et les soutiens des généraux putschistes. Dans ce contexte, auquel s’ajoute la spectaculaire progression politique du Rassemblement national, sinistrement confirmée par les résultats des élections présidentielles et législatives qui viennent d’avoir lieu, la tenue du congrès du Cercle algérianiste dans la ville de Perpignan ne saurait surprendre. Le soutien apporté par le maire à cette initiative est parfaitement conforme aux orientations défendues depuis toujours par le Front national et le Rassemblement qui lui a succédé. Apologie de la colonisation, révisionnisme historique, mensonges par omission, minorisation et dénégation des massacres, des crimes de guerre et des crimes contre l’humanité commis par les armées françaises entre 1830 et le 19 mars 1962, tels sont quelques-uns des piliers idéologiques de cette extrême-droite qui demeure fidèle à ses traditions.

Il faut y ajouter la glorification des généraux qui, pour défendre l’Algérie française, ont pris les armes contre la République, le 21 avril 1961. En élevant «au rang de citoyens d’honneur de la ville des représentants des familles d’Hélie Denoix de Saint-Marc, des généraux Edmond Jouhaux et André Zeller… (3)», Louis Aliot persévère dans cette voie, ce qui jette une lumière pour le moins singulière sur la conversion des dirigeants du RN aux «valeurs républicaines». Commandant par intérim du 1er régiment étranger de parachutistes, Denoix de Saint-Marc a joué un rôle de premier plan lors de la tentative de coup d’Etat à Alger, ce qui lui a valu d’être condamné à dix ans de réclusion criminelle par le Haut Tribunal militaire. Ayant réussi à s’échapper, Jouhaud a poursuivi son combat au sein de l’organisation terroriste, OAS, laquelle est responsable de l’assassinat de 2 360 personnes, auxquelles s’ajoutent 5 419 blessés, majoritairement algériens (4). Arrêté le 24 mars 1962, Jouhaud est condamné à mort puis gracié par le général De Gaulle, et sa peine commuée en détention à perpétuité. Zeller, qui a rejoint le «quarteron de généraux» putschistes, écope lui de 15 ans d’emprisonnement. Signalons enfin que le programme officiel des journées perpignanaises du Cercle algérianiste prévoit que l’ancien membre d’un commando de l’OAS à Oran, Gérard Rosenzweig, impliqué dans plusieurs attentats, remette le «Prix universitaire algérianiste» en tant que président du jury. Tels sont quelques-uns des multiples honneurs qui seront rendus à des hommes, anciens criminels lourdement condamnés par la justice, décédés ou vivants, dont le point commun est d’avoir défendu l’Algérie française par tous les moyens, y compris les pires.

Un scandale, assurément. Nonobstant l’initiative locale et courageuse du «Collectif 66 pour une histoire franco-algérienne non falsifiée», ce scandale ne semble pas, à l’heure où ces lignes sont écrites, susciter l’indignation et la mobilisation nationales que l’on serait en droit d’attendre des gauches partisanes, syndicales et associatives pour s’opposer à cette nouvelle offensive de l’extrême-droite. Non seulement, cette dernière ne désarme pas mais, plus grave encore, elle se sent pousser des ailes en raison de la conjoncture politique que l’on sait. Une telle situation devrait obliger celles et ceux qui ne se résignent pas à cette progression, jusqu’à présent irrésistible, et à ses conséquences depuis longtemps désastreuses sur tous les plans. Eu égard à l’importance politique et stratégique que le RN accorde à ce 43e congrès du Cercle algérianiste, une riposte d’ampleur s’impose. Organisons-là lors des prochaines commémorations des massacres du 17 Octobre 1961 en en faisant une initiative unitaire, anticoloniale et antiraciste pour la vérité historique, la justice et la reconnaissance des crimes de guerres et des crimes contre l’humanité commis par la France en Algérie et dans les autres territoires de l’empire.

Le Cour Grandmaison, universitaire. Derniers ouvrages parus : Ennemis mortels. Représentations de l’islam et politiques musulmanes en France à l’époque coloniale, La Découverte, 2019 et avec O. Slaouti (dirs), Racismes de France, La Découverte, 2020.

O. L. G.

Université d’Evry-Val d’Essonne, sciences politiques et philosophie politique

1- Créé le 1er novembre 1973 pour réhabiliter les combats des partisans de l’Algérie française et la colonisation de ce territoire, ce Cercle, qui se présente comme une «association culturelle des Français d’Afrique du Nord», n’a cessé de rendre hommage aux anciens terroristes de l’OAS et aux généraux putschistes, entre autres.

2- Avec la finesse qui le caractérise, L. Wauquiez livre aux Français ébahis cette analyse dont la profondeur et la rigueur laissent pantois : «Ajoutez (…) une repentance systématique et vous comprendrez pourquoi des jeunes issus de [ l’] école en viennent à prendre les armes contre leur propre pays.» Le Figaro, 14 février 2016.

3-. Cf., le programme : 43e congrès national du Cercle…

4-. Y. Benot, «La décolonisation de l’Afrique française (1943-1962)», in Le Livre noir du colonialisme, XVIe-XXIe siècle. De l’extermination à la repentance, sous la dir. de L. Ferro, Paris, R. Laffont, 2003, pp. 517-556.

Ndlr : Avec l’aimable autorisation de l’auteur.

 

 

Par Olivier Le Cour Grandmaison 

Juin 24, 2022 - 9:39

https://www.algeriepatriotique.com/2022/06/24/la-colonisation-de-lalgerie-glorifiee-a-perpignan-le-scandale-continue/

 

.

 

 

Rédigé le 24/06/2022 à 14:28 dans France, Guerre d'Algérie | Lien permanent | Commentaires (0)

ACCUEILEDITORIAL Boudia, héros oublié

 

image from www.algeriepatriotique.com

Mohamed Boudia est mort pour la cause palestinienne. D. R.

 

Mohamed Boudia, moudjahid, fondateur dès l’indépendance, de la revue culturelle Novembre et assassiné en 1973 par le Mossad, méritait un autre sort de la part de sa patrie que celui de l’indifférence. En organisant, en 1997, un hommage à ce héros à la Bibliothèque nationale d’Alger, 24 ans après sa tragique disparition, les éditions Marinoor avaient voulu faire connaître son parcours exceptionnel qui aurait dû faire la fierté de tout Algérien, mais aussi interpeller les autorités de notre pays pour que justice lui soit rendue en donnant son nom à un lieu de culture.

La même année, un numéro spécial de la revue Repères, sous le titre Militantisme éthique, lui avait été consacré en recueillant de nombreux témoignages et en reproduisant le premier numéro de cet organe de l’Union des écrivains. Dans son éditorial, Mohamed Boudia, dramaturge qui s’était investi pour confectionner un théâtre et d’autres lieux d’expression culturelle et de création artistique, écrivit : «L’indépendance de l’Algérie a restitué au peuple algérien non seulement sa liberté mais aussi son patrimoine intégral, en lui permettant d’accéder enfin à ce qu’est l’essence de toute civilisation : la culture.» Au sommaire de ce numéro figurent des noms prestigieux de la littérature et de la culture, tels que Malek Haddad, Jean Senac, Assia Djebar, Bachir Hadj-Ali, Ould Abderrahmane Kaki, Anna Greki, Abdelhamid Benzine, Georges Arnaud et Baya.

Les divergences d’opinion ne peuvent servir de prétexte à ostraciser et exclure les personnalités dont le passé glorieux et le prestige ont été acquis par leur engagement militant au service de la Révolution. Pour rendre justice à tous ces grands hommes qui font la fierté de notre histoire, notre devoir est de témoigner pour transmettre aux nouvelles générations, afin que l’oubli ne s’installe pas, et témoigner pour se souvenir, pour construire la mémoire au-delà des divergences, des opinions contraires à l’abri des manipulations, dans la sérénité.

Dans un souci de vérité et d’éthique, à ces grands hommes, qui ont contribué à enrichir notre patrimoine culturel et à nourrir par leur exemple un habitus sociétal progressiste et d’avant-garde qui a servi de modèle au tiers-monde et réveillé sa conscience, inscrivant notre pays dans l’histoire globale, la reconnaissance de la nation doit être due.

L’histoire, qui n’est jamais donnée a priori, se construira dans une culture d’appartenance et fera émerger des citoyens légitimement fiers de leur passé, enracinés dans une communauté de mémoire sans arrogance, débarrassée des scories du clanisme, ouverte à d’autres solidarités. Elle fera partager un système d’images, de références et de valeurs avec un courant de pensée, antidote à l’atrophie de la mémoire culturelle et barrière à toute forme de manipulation exogène.

Mohamed Boudia, martyr à l’âge de 41 ans de la lutte pour les causes justes dans le monde, nous a légué un message d’espoir et d’amour pour l’humanité tout entière, ainsi que celui de la solidarité des hommes et des peuples. C’est en entretenant la solidarité nationale que nous serons attentifs et disponibles pour l’autre partie du message, la solidarité avec les peuples.

En ce 60e anniversaire de l’indépendance, c’est rendre justice à Mohamed Boudia que de baptiser de son nom un lieu de culture, en reconnaissance de son rôle pendant la Guerre de libération nationale, à l’indépendance et en faveur des mouvements de libération.

 

 

 

Par Nouredine Benferhat 

Iuin 24, 2022 

https://www.algeriepatriotique.com/2022/06/24/boudia-heros-oublie/

 

.

 

 

 

Rédigé le 24/06/2022 à 14:19 dans Palestine | Lien permanent | Commentaires (0)

« | »