Livre
L’auteur scrute l’Algérie de nos vingt ans, où l’essentiel de l’espoir se cueillait à l’issue des chauds débats idéalistes à la Cinémathèque algérienne.
Belkacem Achite est descendu de son “Mont des orfèvres” non pas “pour refaire le chemin à l’envers”, mais pour y scruter avec l’œil précis de l’orfèvre l’itinéraire sur lequel il y allait avec l’éclat de sa prime jeunesse à l’université.
Ce n’est ni de l’évaluation déduite de l’audit du social ni le précis analytique de l’expert, mais tout simplement le constat d’un auteur qui dit : “Ç’aurait pu être mieux que ça !” C’est qu’il a l’argumentaire de ses souvenirs d’enfant mais aussi de l’étudiant qu’il était à l’époque bénie des années 1960-1970 et qu’il sème de la sève généreuse de son porte-plume d’écolier qui refait surface pour narrer l’époque où il avait le pied à l’étrier de l’intelligentsia algérienne.
Et du lot de souvenirs qu’il a “réprimé” pour cause de devoir de réserve d’un fonctionnaire de l’État, s’alignent aujourd’hui et à la lumière du “mesbah” (lampe à l’huile) qui éclaire son abri d’ermite d’Ath Yenni (wilaya de Tizi Ouzou).
Et de ce bled, fief de l’orfèvrerie berbère d’où est issu l’amusnaw Mouloud Mammeri (1917-1989) et l’islamologue-philosophe Mohammed Arkoun (1928-2010), d’autres étoiles filantes de l’intellectualité brodent le ciel de l’ancêtre nommé Yenni. D’ailleurs, c’est de cette contrée que l’auteur y galope à la “plus vite que le vent. Plus vite que le temps” du “Mont des orfèvres” pour passer le flambeau de l’espoir aux potaches naissants.
Soit à celles et à ceux qui n’ont pas connu la mixité filles/garçons de l’Alger du débat et de l’échange d’idées au Cercle Taleb-Abderrahmane (ex-l’Otomatic), le Neve ou la Brasse. Sur ce point et dans le lot des “Cocos”, la faculté centrale d’Alger avait aussi ses bouillonnants rebelles à la Daniel Cohn-Bendit, a déclaré l’auteur lors de la séance de vente-dédicace qu’il a animé ce 19 février à la librairie du Tiers-Monde.
Époque bénie pour les joyeux lurons ou temps honni pour les “Tristus”, c’était aussi l’étape de vie où le brave paysan s’est bureaucratisé à l’insu de sa charrue et de ses bœufs à cause du chant à l’unisson : “He Mamya thawra ziraîya” (révolution agraire) lors des journées de volontariat dans les prés de villages socialistes agricoles (V.S.A.).
“En dépit qu’il narre les échecs et les déceptions que nous avions vécus, mon récit est porteur d’espoir. Alors, et plutôt que de désespérer, l’esprit censé et la raison recommandent de s’interroger sur ce qui n’allait pas afin de ne plus réitérer l’échec dans l’immensité et la beauté de l’Algérie”, a ajouté Belkacem Achite.
Dans cet ordre d’idée, l’œuvre livresque de Belkacem Achite est l’œil témoin d’un auteur de son temps qui s’interdit de s’infuser dans l’autobiographie. À ce propos, l’auteur scrute l’Algérie de nos vingt ans, où l’essentiel de l’espoir se cueillait à l’issue des chauds débats idéalistes à la Cinémathèque algérienne. Brave père tranquille, Belkacem Achite fouille sa mémoire d’où il ravive ses souvenirs qu’il rafraîchit à la source de Jugurtha (thala n Yugurten).
À cet égard, son fils Meziane nous a susurré que l’écriture est devenue l’autre devoir, sinon la primordiale tâche de ce chef de famille. De ce point de vue, le préfacier docteur Youcef Nacib écrit : “Des séquences fortes de notre histoire contemporaine… Des événements relatés minutieusement avec, en miroir, les opinions et les émotions qu’ils suscitent... Des péripéties de vies façonnant une nation face à ses tourmentes politiques, lesquelles, un jour, s’affirmeront comme des déterminismes fort handicapants.
Une juxtaposition de théâtres d’actualité, de préoccupations qui, peut-être, surprendra le lecteur.” Donc, et si vous avez envie d’un bol d’eau de jouvence, c’est l’instant idéal pour vous désaltérer à l’œuvre de Belkacem Achite.
LOUHAL Nourreddine
Nous étions l’avenir. Regard sur l’Algérie de nos vingt ans,
de Belkacem Achite.
Casbah Éditions. 366 p. 2022. 1 000 D
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Par Nourreddine LOUHAL
le 22-02-2022 12:00
https://www.liberte-algerie.com/culture/un-regard-analytique-sur-lalgerie-de-nos-vingt-ans-373715
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