"Les jeunes partagent une vision assez consensuelle de la colonisation et de la guerre d'Algérie"
"Chez les petits-enfants de harkis, les difficultés matérielles et l’humiliation sociale ont altéré la figure virile des grands-pères souvent enfermés dans le silence", note le politiste Paul Max Morin. A Bourg-Lastic (Puy-de-Dôme), l'accueil qui leur fut réservé en 1962 n'a, en effet, pas été à la hauteur de leur engagement. © La Montagne
« Pas moins de 39 % des 18 à 25 ans en France ont un membre de leur famille marqué par la guerre d’Algérie », rappelle le politiste Paul Max Morin.
« Le cloisonnement des populations et donc des mémoires, poursuit-il, s’arrête avec eux. Les jeunes partagent une vision assez consensuelle de la colonisation et de la guerre. C’est surtout l’orientation politique, bien plus que leur origine familiale, qui détermine leur perception du passé. »
« Chez les petits-enfants d’appelés, détaille-t-il, la guerre est une parenthèse dans l’histoire familiale, certes bouleversante, mais une parenthèse, de fait, moins structurante. Pour les petits-enfants de pieds-noirs, la défense de la colonisation n’est plus tenable hors de milieux d’extrême droite ou de droite dans lesquels, de par leur hétérogénéité, ils ne se retrouvent pas tous. »
Les militaires putschistes à part
« Les petits-enfants de harkis, spectateurs de la douleur de leurs aînés, vivent dans l’inconfort d’une histoire collective à trous, poursuit le politiste. Chez les petits-enfants d’immigrés comme de harkis, les difficultés matérielles et l’humiliation sociale ont altéré la figure virile des grands-pères souvent enfermés dans le silence. Ces jeunes votent plus à gauche, en raison de leurs conditions ouvrière ou immigrée bien plus que d’une histoire familiale anticoloniale. »
L'Europe doit utiliser les drames de son histoire pour bâtir un monde nouveau
« S’agissant des petits-enfants de membres de l’OAS, conclut-il, cette histoire appartient au passé au sein des familles des pieds-noirs engagés clandestinement dans le terrorisme, pas encore au sein des familles des militaires putschistes, un milieu fermé et homogène, très marqué à droite, nationaliste et nostalgique des colonies. Mais ceux-là sont trop peu nombreux pour qu’une guerre des mémoires éclate chez les jeunes ! »
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Publié le 18/03/2022 à 11h00
Jérôme Pilleyre
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