La solidarité du peuple italien avec la Guerre de libération nationale a été soulignée, dimanche à Alger, par des intervenants italiens ayant consacré leur recherche à la Révolution du 1er Novembre 1954 et aux pratiques de torture exercées par les autorités de l'occupation françaises à l’encontre des Algériens.
Intervenant dans le cadre de la 25e édition du salon international du livre d'Alger (SILA), l’auteur et universitaire Andrea Brazzoduro a évoqué des "preuves tangibles" attestant du soutien des Italiens à la cause algérienne, citant la campagne de soutien lancée en 1958 par le journal "l'Unita" pour la libération d’Henri Alleg, incarcéré en 1956 par l’administration coloniale française pour avoir soutenu la Révolution algérienne.
"Des centaines de militants italiens, dont des ouvriers et des étudiants, ont soutenu cette figure de la résistance et, à travers elle, ils ont directement soutenu la cause de la lutte du peuple algérien", a fait observer l’auteur de "Mémoires de la Guerre d’Algérie", assurant que le film "La bataille d'Alger" de l’Italien Gillo Pontecorvo avait "marqué des générations d’Italiens".
De son côté, Caterina Roggero, chercheur universitaire, est intervenue autour de son ouvrage édité en 2013 et intitulé "L’Algérie au Maghreb, la guerre de libération et l’unité régionale" dans lequel elle évoque un médecin italien, Silvio Pampiglione, ayant travaillé à l’hôpital d’El-Bayadh en Algérie, au lendemain de l’indépendance du pays, où il a recueilli des témoignages auprès d’une centaine d’Algériens ayant subi les pires tortures des forces d’occupation françaises.
Ce médecin a rapporté "des détails terribles sur les méthodes de torture exercées par la France coloniale", indique-t-elle, avant d’évoquer le livre d’Henri Alleg "La Torture" dont l’impact a été "important" en France et ailleurs, annonçant, à l’occasion, la réédition en Italie de cet ouvrage.
Directeur de la Fondation Feltrinelli, Tarantino Massimiliano, est revenu sur l’importante contribution de l’éditeur, intellectuel et libraire, Jean Jacques Feltrinelli, à la cause algérienne en mettant au profit de celle-ci la culture et les livres, en vue de "susciter l’intérêt de l’opinion publique italienne pour la lutte libératrice des Algériens", citant, entre autres écrits, "Les Algériens en guerre".
Publié Le : Dimanche, 27 Mars 2022 18:56
https://www.aps.dz/culture/137804-sila-la-solidarite-du-peuple-italien-avec-la-revolution-algerienne-soulignee
L'Algérie au Maghreb, La guerre de libération et l'unité régionale
Caterina Roggero L'Algérie au Maghreb La guerre de libération et l'unité régionale Cinquante ans après la fin de la guerre d'Algérie des pistes nouvelles s'ouvrent sur un conflit qui a engagé l'Algérie pendant plus de sept ans. Fondée sur des sources inédites, cette recherche se focalise sur la dimension internationale de la guerre de libération algérienne. Elle marque ainsi une rupture par rapport à la majeure partie de l'historiographie, centrée sur l'engagement français dans le conflit. À partir de 1956, le Maroc et la Tunisie, devenus indépendants, offrent un hébergement aux bases du Front de Libération Nationale algérienne et de son bras armé, l'Armée de Libération Nationale. Dans ce contexte, la possibilité de mettre fin à la guerre d'Algérie à travers le projet d'une Fédération nord-africaine qui aurait garanti l'indépendance algérienne et une collaboration durable et privilégiée avec la France, a été proche de se réaliser à des moments divers, bien avant les accords d'Évian. La conférence tripartite prévue à Tunis pour octobre 1956 (sabotée par les français) et les rencontres « à trois » de Tanger et de Tunis en 1958 sont autant de moments où les partis nationalistes des trois pays montrent un front uni face à la puissance coloniale, qui pour sa part tente de confiner la « question algérienne » à l'intérieur des « frontières » françaises. Le Sahara et ses ressources gazières et pétrolières, les frontières maghrébines et la question mauritanienne sont les causes les plus importantes de l'évaporation de l'idéal unitaire maghrébin. Ces divergences sont jusqu'aujourd'hui à la base de l'inaction de l'Union du Maghreb Arabe, constituée en 1989. « (...) La conférence de Tanger peut être considérée comme l'apogée du projet unitaire maghrébin. À cette époque les trois parties étaient sur la même longueur d'onde, en traçant une stratégie commune qui laissait peu de place à la négociation avec la France, à laquelle sont présentées des résolutions précises et impératives. » Caterina Roggero Caterina Roggero, spécialiste de l'histoire contemporaine de l'Afrique du Nord, est titulaire d'un doctorat de recherche d'Histoire Internationale. Elle est assistante d'enseignement à la Faculté des Sciences Politiques de l'Université de Milan (Italie).
https://livre.fnac.com/a7743004/Caterina-Roggero-L-Algerie-au-Maghreb
Lire aussi au sujet du kivre d’Andrea Brazzoduro :
Pour Andrea Brazzoduro, la mémoire des appelés d’Algérie ne serait pas sans ressemblance avec celle de la Shohah : sa thèse est qu’il y aurait des accointances structurelles entre la mémoire de la guerre de libération anticoloniale de 1954-1962 et celle, par régime de Vichy collaborateur du nazisme interposé, de la Shohah...
https://doi.org/10.4000/insaniyat.14915
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