Originaire de Vendée, Georges (à droite) est resté 20 mois en Algérie entre 1958 et 1959.
Entre 1954 et 1962, date des accords d’Évian qui mettaient théoriquement fin au conflit, un million et demi d’appelés du contingent ont été envoyés en Algérie pour « maintenir l’ordre ». À 21 ans, Georges était de ceux-là.
Il est de ces plaies qui ne deviennent jamais des cicatrices. Tapie dans la mémoire, la douleur y est plus ou moins vive, reléguée au second plan, le temps de construire sa vie. La parole de ceux qui ont combattu en Algérie, désormais octogénaires, est encore rare. Le regard, simpliste, porté sur ces appelés a perdu en anachronisme pour se nourrir de l’Histoire fut-elle diversement, partialement, politiquement écrite.
Pour la reconnaissance de l’engagement imposé de la première génération d’appelés à aller au feu depuis la Seconde Guerre mondiale, les avancées, concernant près de 1,5 million de soldats (dont 400.000 militaires d’active) ont été longues à venir. La carte du combattant a été accordée aux combattants en Afrique du Nord en 1974. Et il a encore fallu attendre 37 ans après le cessez-le-feu issu des accords d’Évian pour qu’officiellement, « les opérations de maintien de l’ordre » soient reconnues comme une guerre par la loi de 1999.
Georges (au centre) au travail.
« Pour aider et protéger»
Cette guerre qui a tant tardé à dire son nom, Georges, bientôt 85 ans, y a été confronté pendant 20 mois. Fils d’agriculteur en Loire-Atlantique, Georges était depuis peu embauché dans une miroiterie nantaise, quand, à 20 ans, il a été appelé sous les drapeaux, en septembre 1957 ; il est arrivé à Oran le 20 avril 1958 après quelques mois d’instruction en Allemagne. « Je partais faire mon service militaire, pour faire du soutien, pour aider et protéger, pas pour faire la guerre », explique Georges qui, après plusieurs affectations est versé dans le 20e Bataillon de Chasseurs Portés, dans l’Oranais.
Un cantonnement au milieu des Aurès.
La guerre pourtant l’a rapidement rattrapé. Face à ceux qui leur tendaient des embuscades, « il a fallu défendre sa peau ». Quel que soit son ressenti. « Oui, il y avait les écoles, les logements, tous les aménagements faits par la France, mais il y avait aussi les bonnes terres piquées par certains colons Français, dans les lesquels travaillaient des Algériens plus ou moins payés et que l’on avait refoulés dans les montagnes… J’ai commencé à comprendre ce qu’il y avait d’injuste… », commente Georges.
Il a fallu se plier aux ordres de l’armée, cela n’a pas toujours été joli mais c’est comme ça.
« La première fois que je suis monté en embuscade, il y avait un Fell’ qui descendait sur moi, armé, je n’ai pas pu tirer. C’est le sergent qui était à côté de moi qui se l’est fait, et moi j’ai mangé un grand coup de pompe dans les fesses ».
Un moment de repos. En 20 mois, Georges aura eu une permission de 15 jours pour rentrer en France. Pris dans la tempête, son bateau mettra plus de 30 heures pour gagner les côtes françaises.
« La corvée de bois»
Parmi les événements marquants qu’il a eus à vivre, Georges cite celui qui s’est déroulé dans une ferme du côté de Palikao, à une quinzaine de kilomètres du cantonnement. « Nous avions l’habitude de venir y chercher de l’eau. Ce jour-là, le point d’eau avait été verrouillé par le colon. Notre lieutenant a fait sauter le cadenas et nous avons commencé à remplir la citerne. Le colon est arrivé avec un pétard. Il n’a pas eu le temps de tirer. Le lieutenant a été plus rapide… Nous, les appelés, nous serions sans doute repartis sans eau ».
La traversée d'un oued après un orage.
Et puis il y a eu la « corvée de bois » au poste avancé de Ain Farès. « Un soir, vers 10 heures, on m’a dit qu’il y avait corvée de bois. J’ai répondu qu’à cette heure-ci, c’était pas possible. J’ai compris quand on a fait monter des prisonniers musulmans dans un camion » et qu’ils ne sont pas revenus. « Cette histoire-là m’a beaucoup travaillé ».
Quand le ravitaillement n'arrive pas à temps: le système D
Il s'appelait Amar
Ces faits, traumatisants, et d’autres encore, Georges les a gardés précisément en mémoire. Sans pouvoir trop les dater. Il tenait un petit carnet dans lequel il consignait son quotidien, gardait quelques photos. « La DST (ex-service de Renseignements français) me l’a confisqué pour s’assurer que je n’étais pas de connivence avec les Fellaghas ».
Dans un texte qu’il a récemment écrit pour ses cinq enfants, Georges dit qu’il a eu « de la chance ». Que ce « séjour en Algérie », il l’a fait « sans une blessure mais pas sans peur ». Et qu’il en conserve « beaucoup d’horreur dans son cœur ». Au cours de sa carrière dans le bâtiment, il a eu, pendant 15 ans, un Algérien pour collègue. Un homme de son âge. Il s’appelait Amar, et Georges l’aimait bien. « On aurait pu se trouver là-bas face à face, pendant la guerre. Un jour il m’a dit, “si tu veux pas qu’on ait d’histoire, il vaut mieux qu’on n’en parle pas”. On n’en a jamais parlé ».
Soixante ans après l'indépendance de l'Algérie, les acteurs et héritiers de cette guerre peinent à s'entendre autour d'une histoire douloureuse et conflictuelle. Franceinfo a interrogé l'historien Benjamin Stora, auteur d'un rapport sur ces questions mémorielles.
Le 18 mars 2022 marque le 60e anniversaire de la signature des accords d'Evian, qui proclamèrent un cessez-le-feu et ouvrirent la voie à l'indépendance de l'Algérie, en juillet. (PIERRE-ALBERT JOSSERAND / FRANCEINFO)
"Il ne s'agit plus de déchiffrer pas à pas un destin déjà écrit au ciel mais d'écrire le présent comme une histoire que les siècles futurs sauront lire", écrit Alice Zeniter dans son roman L'Art de perdre, qui retrace l'épopée d'une famille de harkis durant la guerre d'Algérie. Soixante ans après la signature des accords d'Evian, le 18 mars 1962, qui proclamèrent un cessez-le-feu et ouvrirent la voie à l'indépendance de l'Algérie en juillet, les acteurs de cette guerre et leurs descendants continuent de se diviser sur cette histoire douloureuse.
Quelles sont les traces et les effets des mémoires de la colonisation et de la guerre d’Algérie sur la société française ? Quel statut donner aux souvenirs de chacun ? Comment écrire un récit commun ? Franceinfo a interrogé l'historien Benjamin Stora, auteur d'un rapport sur la mémoire de la colonisation et de la guerre d’Algérie. Il est également l'auteur de France-Algérie, les passions douloureuses (2021, Albin Michel).
Franceinfo : En France, combien de personnes sont aujourd'hui concernées par la guerre d'Algérie ?
Benjamin Stora : Parmi ceux qui ont vécu la guerre d'Algérie, il y a le groupe le plus important, celui des appelés du contingent. Plus d'un million et demi de soldats ont été envoyés de métropole en Algérie. Ensuite, il y a eu un million d'Européens d'Algérie, les pieds-noirs. Pendant la guerre, il y avait déjà 400 000 immigrés algériens en métropole, auxquels s'ajoutent 500 000 autres Algériens venus après l'indépendance. En 1962, il y avait donc en France environ 3,5 millions de personnes nées en Algérie ou qui y ont vécu.
Il faut bien sûr ajouter le groupe important des harkis (supplétifs musulmans de l’armée française) et leurs enfants, soit 200 000 personnes environ, puis tous les gens mêlés, les opposants, ceux qui ont construit leur parti politique durant la guerre, les "porteurs de valise" (militants soutiens du Front de libération nationale). Avec les descendants, on estime qu'il y a entre 6 et 7 millions de personnes concernées aujourd'hui en France par la guerre.
A l'indépendance de l'Algérie, quelle a été l'attitude de la France vis-à-vis des acteurs de cette guerre ?
Très vite, il a fallu tourner la page de cette guerre pour différentes raisons. La France sortait de plusieurs décennies de conflits, la Seconde Guerre mondiale, la guerre d'Indochine, puis la guerre d'Algérie. Il y avait une volonté très nette d'une immense majorité de la population de connaître la paix. Même si la guerre d'Algérie, qu'on a longtemps appelé "les événements", "la guerre sans nom", semblait lointaine depuis la métropole, la France vivait en situation d'angoisse, d'anxiété de la guerre, et il y avait un grand désir d'oubli.
Puis les années 1960 marquent le début des Trente Glorieuses, il y a une volonté de consommation, de voyages. La France veut entrer dans la modernité économique. Le général de Gaulle veut réorienter le poids géopolitique de la France vers la construction européenne et l'axe Paris-Bonn (Allemagne). Pour les dirigeants politiques, il y a un désintérêt vis-à-vis de l'ensemble des populations du Sud, témoins d'une époque qui représente l'ancien temps, le temps de l'Empire, de la colonisation.
Dans votre ouvrage La Gangrène et l'oubli, vous expliquez comment l'Etat a organisé cet oubli…
Il y a eu une volonté de l'Etat d'effacer cette histoire. De nombreuses mesures d'amnistie sont instaurées dès 1962. La première figure dans les accords d'Evian, où il est décidé qu'on ne peut pas juger les responsables des exactions commises durant la guerre. Ensuite, il y a la loi de 1968 qui attribue l'amnistie pénale aux militants de l'Algérie française et de l'OAS, et qui leur permet de revenir en France.
En 1974, sous Valéry Giscard d'Estaing, des lois effacent toutes les condamnations prononcées pendant ou après la guerre d'Algérie. En 1982, François Mitterrand réintègre dans l'armée française les principaux généraux putschistes, avec grades, pensions et décorations.
"Il n'y a jamais eu de procès sur la guerre d'Algérie en France. Personne n'a été poursuivi."
Benjamin Stora
à franceinfo
A l'époque, l'oubli est aussi voulu par la société française. Les personnes qui ont vécu la guerre avaient "intérêt" à oublier, il y avait une volonté de surmonter le deuil, les épreuves. Il n'y a pas eu d'opposition sur ces lois d'amnistie, pas de revendications. La demande d'abrogation de ces textes viendra plus tard avec le réveil mémoriel des enfants et petits-enfants dans les années 2000.
Quelle a été l'évolution du discours des présidents français à ce sujet ?
Pour le général de Gaulle, Georges Pompidou, Valéry Giscard d'Estaing et jusqu'à François Mitterrand, le discours a été très simple. Il s'est focalisé sur le partenariat économique avec l'Algérie, pays qui restait très important, notamment avec l'exploitation du gaz et du pétrole dans le Sahara. Il y a aussi eu des accords sur la gestion des migrations entre les deux pays.
Au début des années 2000, le discours change avec Jacques Chirac. En 2005, l'ambassadeur de France en Algérie, Hubert Colin de Verdière, condamne pour la première fois les massacres de Sétif, Guelma et Kherrata [répressions sanglantes survenues le 8 mai 1945, en Algérie, pendant des manifestations indépendantistes]. En 2008, à Constantine, Nicolas Sarkozy condamne le système colonial. En 2012, à Alger, François Hollande reconnaît les souffrances infligées par la colonisation. Ces discours sont des gestes de reconnaissance de l'histoire, ils condamnent le colonialisme, mais sans nommer des actes précis.
Emmanuel Macron marque-t-il une rupture ?
Contrairement à ses prédécesseurs, Emmanuel Macron nomme des personnes et des lieux. Il reconnaît l'assassinat de Maurice Audin [mathématicien communiste militant de l'indépendance de l'Algérie] par le système colonial français, l'assassinat d'Ali Boumendjel, avocat et militant nationaliste. Il reconnaît la fusillade de la rue d'Isly, le 26 mars 1962 contre les Européens, le massacre des Algériens à Paris le 17 octobre 1961, l'abandon des harkis…
Il y a un changement de tonalité opéré par des choses concrètes. Cela permet d'avancer de façon pratique dans la connaissance de l'histoire, c'est un changement important. Depuis la remise de mon rapport [sur "les mémoires de la colonisation et de la guerre d'Algérie"] en janvier 2021, il y a eu plus d'actes concrets qu'en soixante ans. Ces gestes sont une réponse à des mouvements citoyens, des associations d'enfants d'immigrés, de harkis, de rapatriés, de pieds-noirs, qui se sont battues durant des années pour qu'on reconnaisse ces événements et ces personnalités.
"Ces reconnaissances permettent de nommer les choses. Comme disait Albert Camus : 'Mal nommer les choses, c'est ajouter au malheur du monde'."
Benjamin Stora
à franceinfo
Il y a eu aussi l'ouverture plus large des archives, résultat d'une bataille mémorielle livrée par les historiens depuis très longtemps. Bien sûr, il reste encore beaucoup de choses à faire. Dans mon rapport, j'ai proposé également de se pencher sur les essais nucléaires réalisés en Algérie et leurs effets. Je propose d'améliorer l'entretien des cimetières européens en Algérie, de rédiger un guide des disparus pendant la guerre.
Quel est l'état de la souffrance des personnes qui ont vécu la guerre et de leurs descendants ? Vous parlez de "communautarisation des mémoires" et de "compétition victimaire".
Depuis la fin de la guerre, il n'y a pas eu un discours fort et commun sur la guerre, mais des lois d'amnistie, qui ont provoqué un fort ressentiment. Chaque groupe s'est fabriqué une identité à partir d'un personnage, une date, mais il n'y a pas eu de récit commun. Des fractures existent même au sein de ces groupes.
Aujourd'hui, nous sommes certes sortis de l'oubli, mais pour tomber dans une sorte de "guerre des mémoires" qui s'est faite dans le désordre et dans le repli identitaire. Je lis aussi cette situation comme l'affaiblissement des batailles citoyennes qui profitent à un groupe particulier. On est désormais plus habitué à être dans un statut de victime que de combattant.
"Chaque groupe souhaite qu'on reconnaisse sa vérité de manière exclusive au détriment des autres. Le grand danger est de ne pas trouver de passerelles, de séparer les mémoires."
Benjamin Stora
à franceinfo
Il faut reconstruire ces passerelles. "Les mémoires divisent, l'histoire rassemble", comme le dit l'historien Pierre Nora.
Comment cette mémoire est-elle traitée en Algérie ?
Cette mémoire de la guerre s'enracine dans un temps très long, de plus de 130 ans, depuis le début de la colonisation en 1830 jusqu'en 1962. La guerre d'indépendance y est appelée "révolution". La mémoire est anti-coloniale, elle se caractérise par la dépossession des frontières, des massacres, des exactions, des déplacements de populations. Contrairement à la France, il n'y a pas d'aspect positif, c'est une mémoire douloureuse.
Après la guerre, différentes mémoires se sont confrontées. Il y a eu d'un côté ceux qui ont été les pionniers du nationalisme algérien – Messali Hadj, Ferhat Abbas – et de l'autre ceux qui ont déclenché la guerre – Mohamed Boudiaf, Krim Belkacem – et qui n'ont pas eu leur place après l'indépendance et ont été écartés de la scène politique. L'Algérie doit se réapproprier le travail des pères fondateurs de la guerre et du nationalisme algérien.
Elle doit aussi voir comment elle situe la mémoire française dans son histoire, trouver une place pour les Européens d'Algérie, les Juifs indigènes (au sens de l'époque) séparés des musulmans par le décret Crémieux. C'est un travail très difficile dont on a commencé à avoir des traces dans les revendications du mouvement Hirak.
L'Algérie place la question de l'excuse comme préalable à toute discussion avec la France. Qu'en pensez-vous ?
Je ne suis pas contre le principe de l'excuse, mais en général c'est utilisé comme un argument idéologique qui empêche concrètement d'avancer. Tous les grands discours de condamnation ou d'excuses que l'on a pu observer dans d'autres guerres n'ont pas permis de régler l'héritage du passé. Les Japonais ont fait beaucoup d'excuses aux Chinois, aux Coréens, après la Seconde Guerre mondiale, les Américains aux Vietnamiens après la guerre du Vietnam. Cela n'a pas empêché les mémoires de saigner, les revendications de continuer à s'exprimer.
"Je suis plus partisan des travaux pratiques que des condamnations morales."
Benjamin Stora
à franceinfo
Il y a des gens qui ne peuvent exister qu'en tenant cette posture. Rester dans le conflit les fait vivre, et ce, des deux côtés de la Méditerranée. Pour moi, il faut avancer sur des actes concrets. J'ai notamment proposé la construction d'un musée d'histoire de France et d'Algérie à Montpellier pour centraliser sur un lieu les savoirs de cette guerre.
En France, certains refusent de regarder ce passé colonial en face et avancent le thème de la "repentance". Qu'en pensez-vous ?
C'est un discours idéologique, fabriqué et porté par une partie de la classe politique française. Personne n'a jamais demandé de repentance, mais une reconnaissance de ce qu'il s'est passé. Il faut sortir de ce piège par des mesures concrètes, comme celles que je propose dans mon rapport.
Que pensez-vous des questions de réparation ?
La réparation est nécessaire, mais il faudrait d'abord savoir de qui on parle. Combien de personnes ont disparu ? Combien ont été touchées par les essais nucléaires au Sahara ? Les réparations doivent s'articuler sur des faits argumentés. Une autre forme de réparation pourrait être l'enseignement de la guerre d'Algérie. L'enseignement a commencé à prendre en compte cette histoire depuis une vingtaine d'années. Il faut maintenant s'intéresser davantage à la colonisation.
Il y a 60 ans, le 19 mars 1962, prenait fin le conflit algérien. Le Castelroussin René Dumay se souvient avec émotion de cette guerre qui ne disait pas son nom.
1962. A peine sortis de l’adolescence, des centaines de milliers d’appelés ont rejoint le sol algérien pour une mission de pacification et de maintien de l’ordre qui n’était rien d’autre qu’une guerre fratricide. Près de 30.000 d’entre eux y ont laissé leur vie. Alors que sera commémorée, samedi, la signature des accords d’Évian, qui avaient mis un terme au conflit, le 19 mars 1962, certains se souviennent avec émotion de ces terribles années passées loin de leurs foyers.
"20 ans, pile". Originaire de Lignières, aux confins de l’Indre et du Cher, René Dumay travaille "chez les Américains", dans le fameux bâtiment 356, dévolu à l’informatique naissante. C’est un gamin sans beaucoup de soucis, qui est incorporé par son service militaire alors que la terre algérienne est en passe de s’embraser.
Des patrouilles nuit et jour pour intercepter des rebelles
Passée la formation succincte pendant les classes, direction le sud algérien pour des patrouilles et des escortes de travailleurs locaux construisant des pistes dans les montagnes. Le 7 juillet 1957, René Dumay fait partie d’un convoi attaqué par le FLN (Front de libération nationale). Dix soldats – "des appelés comme moi" –, sont tués, un autre est blessé. Une entrée en matière qu’il n’oubliera jamais.
"Nous n’étions absolument pas préparés à cela", se rappelle le Castelroussin, qui vit une nouvelle descente aux enfers, le 6 septembre 1957. "Lors d’une opération avec la légion étrangère, nous avons eu droit à un accrochage qui a duré toute l’après-midi". Là encore, le bilan humain est terrible : quatre morts et onze blessés.
Ceux qui viennent de perdre la vie sont des petits gars de l’Indre, de Bourges ou de Vierzon (Cher). Jusqu’à son retour en métropole, en avril 1959, René Dumay est affecté dans un poste isolé où il effectue des patrouilles de jour et de nuit pour tenter d’intercepter des rebelles venant du Maroc. Le harcèlement du FLN est incessant.
Nos meilleures années avaient été confisquées
René Dumay Châteauroux
"Ma réaction quand je suis revenu ? Comme pour beaucoup, impossible d’en parler. Nous venions de perdre notre jeunesse, nos meilleures années avaient été confisquées. En fait, on était complètement déboussolés."
Militer pour la mémoire des 30.000 disparus
Il faudra attendre des décennies pour que la parole se libère. "Je suis entré à la Fnaca (Fédération nationale des anciens combattants en Algérie, Maroc et Tunisie) en 1980 parce qu’il y avait des copains." Président du comité castelroussin depuis sept ans, René Dumay ne cesse depuis de militer pour la mémoire des 30.000 disparus, dont une centaine de soldats de l’Indre. "À travers notamment l’organisation d’une cérémonie nationale dans la cour des Invalides avec un catafalque recouvert du drapeau tricolore."
En attendant, il donne rendez-vous à ses 340 adhérents samedi, à partir de 9 h, devant le mémorial installé square de-Gaulle à Châteauroux. Pour le président, il est plus que nécessaire de poursuivre et d’amplifier le travail de mémoire. Car au sein des associations d’anciens combattants d’Afrique du Nord, les effectifs s’amenuisent. Après eux, il ne restera plus que les historiens pour témoigner.
Repères hsitoriques
19 mars 1962. Cette date marque la fin de la guerre d’Algérie à la suite des accords d’Évian signés le 18 mars 1962. Elle dura du 1er novembre 1954 au 5 juillet 1962 (Benjamin Stora).
Victimes. 250.000 Algériens ont été tués (dont plus de 140.000 combattants, ou membres du FLN), 50.000 harkis, après l’exode des habitants Pieds-Noirs et des Juifs, le 3 juillet 1962. Près de 25.600 militaires français sont morts et 65.000 blessés. 10.000 victimes civiles d’origine européenne ont succombé dans 42.000 incidents violents enregistrés.
Commémoration. Le terme de « Guerre d’Algérie » n’a été adopté que le 18 octobre 1999. Le 19 mars est « jour anniversaire du cessez-le-feu en Algérie », déclaré « journée nationale du souvenir et de recueillement à la mémoire des victimes civiles et militaires de la guerre d’Algérie et des combats en Tunisie et au Maroc » par la loi du 6 décembre 2012.
Le 18 mars 1962, le gouvernement français et le gouvernement provisoire de la République d’Algérie signaient, dans la ville du même nom, les accords d’Evian, mettant fin à une guerre qui durait depuis près de huit ans. Témoignages, décryptages, reportages… Retrouvez tous nos articles consacrés à l’anniversaire de cet événement
SOMMAIRE DU DOSSIER
Le 19 mars 1962, un cessez-le-feu, mais pas encore la fin de la guerre d’Algérie
Il y a soixante ans, le 19 mars 1962, la France et le FLN suspendaient les hostilités en Algérie avec les accords d’Évian. Fin de partie ? Non. Car l’accord de paix fut suivi par trois mois de violences et l’exode de 650 000 pieds-noirs
« On ne savait pas où aller, et personne ne voulait de nous » : en 1962, ils ont quitté l’Algérie, leur terre natale
Soixante ans après l’indépendance de l’Algérie, la parole et les souvenirs des pieds-noirs exilés dans une France qui n’était pas tout à fait la leur, s’effacent peu à peu. Derniers témoignages
En images : il y soixante ans, le 19 mars 1962 marquait la fin de la guerre d’Algérie
PORTFOLIO - Les accords d’Évian, signés le 19 mars 1962, mettaient fin à la guerre d’Algérie. Retour en images sur cet événement et ses conséquences.
« Face au conflit algérien, Albert Camus a vécu solitude et désespoir » : l’analyse d’Alain Vircondelet
Lui-même fils d’Algérie, l’écrivain Alain Vircondelet a refait, pas à pas, les étapes du calvaire d’Albert Camus face à l’inexpiable guerre, lui qui croyait possible une « communauté » entre pieds-noirs et Algériens.
Algérie-France : après la crise, le beau temps ?
Le 19 mars, l’Algérie va célébrer le 60e anniversaire des accords d’Evian qui ont ouvert la voie à son indépendance. À l’heure où les relations avec la France prennent une nouvelle tournure après de graves tensions
L’œil des archives : au cœur de la vie des harkis du camp de Bias, en Lot-et-Garonne
PORTFOLIO - Le bureau central des rapatriés basé à Agen, pôle d’expertise de la question harkie, devrait fermer ses portes en 2022, l’année du 60e anniversarie de la fin de la guerre d’Algérie. L’occasion de (re) découvrir en images la vie au camp de Bias entre 1963 et 1975.
La guerre d’Algérie et les Landes : Robert Coudroy originaire de Louer, a passé quinze mois dans le sud de l’Algérie
Mars 1962 - mars 2022 : c’est le soixantième anniversaire de la fin de la guerre d’Algérie. Dans ce cadre, « Sud Ouest » propose une petite série de trois témoignages (2/3).
Guerre d’Algérie : il y a 60 ans, l’effroyable massacre d’Isly à Alger
Le 21 janvier 2022, Emmanuel Macron a fait un geste mémoriel envers les rapatriés d’Algérie qui portera sur la fusillade de la rue d’Isly à Alger. Le 26 mars 1962, des soldats de l’armée française avaient ouvert le feu sur des manifestants « pieds-noirs », faisant quelque 80 morts et 200 blessés.
En 1961, le référendum sur l'autodétermination de l'Algérie
HISTOIRE - Premier référendum de la Ve République, le référendum sur l'autodétermination de l'Algérie a eu lieu le 8 janvier 1961 sous la présidence du général de Gaulle. Son résultat ouvre la voie à une indépendance de l'Algérie.
Vidéos. Il y a 60 ans, le massacre d’Algériens à Paris, lors d’une manifestation
Il y a 60 ans, le 17 octobre 1961, 30 000 Algériens, venus manifester pacifiquement à Paris contre l‘instauration du couvre-feu, subissent une violente répression. Bilan officiel : trois morts et une soixantaine de blessés, très loin de la réalité selon les historiens.
Guerre d’Algérie : le jour où fut créée l’Organisation de l’armée secrète (OAS)
Créée le 11 février 1961, L’OAS a été le bras armé clandestin et meurtrier des ultras de l’« Algérie française » dans les derniers épisodes de la guerre, entre février 1961 et l’indépendance, en juillet 1962
Histoire. En avril 1961 : le putsch d’un quarteron de généraux pour l’”Algérie française”
DANS LE RÉTRO - Dans la nuit du 21 au 22 avril 1961, quatre généraux français opposés à l’indépendance de l’Algérie font sédition et s’emparent d’Alger avec des légionnaires et parachutistes, défiant le général de Gaulle au pouvoir.
C'était il y a soixante ans… le 18 mars 1962, les accords d'Evian mettent fin à la guerre d'Algérie. Dès le lendemain, le 19 mars, tous les journaux français annoncent le cessez-le-feu, à commencer par France-soir, le quotidien de Pierre Lazareff (ci-dessous).
Ces accords d'Evian, après huit années de guerre meurtrière, ne vont pas apporter la paix immédiatement, loin de là : attentats OAS (Organisation de l'Armée Secrète) en Algérie et en France, massacres en Algérie, exode massif en France des Pieds-Noirs et des harkis. Les combats et les violences ne cesseront que quelques mois plus tard.
A la une de France-soir, deux enfants : une petite fille algérienne et un garçonnet français avec ses mots "Pour nos enfants, la paix en Algérie", reproduit une affiche, éditée par le gouvernement français, qui sera placardée en métropole et en Algérie (ci-contre).
Rappelant ainsi que les enfants ont subi cette guerre… comme la petite Delphine Renard, âgée de 4 ans, blessée le 7 février, un mois avant le cessez-le-feu, dans un attentat qui visait, à Boulogne Billancourt, le domicile d'André Malraux, ministre des Affaires culturelles. 1 kilo de plastic est déposé sur le rebord d'une fenêtre du rez-de-chaussée, où habitait la famille de Delphine. Et ce fut le drame. Blessée au visage, Delphine Renard, hospitalisée à l'hôpital Cochin, recevra quelque trois cents points de suture et perdra définitivement la vue quelques années plus tard.
Ce même 7 février, huit autres attentats au plastic, organisés par l'OAS, font plusieurs blessés à Paris.
Quelques jours plus tard, le vendredi 26 février, la brigade criminelle du commissaire Bouvier arrête les six auteurs de cet attentat à… Issy-les-Moulineaux, où trois d'entre eux habitent. Etudiants, lycéens, employé, ils ont entre 19 et 22 ans. Leur chef, un Algérien de 22 ans, a réussi à s'enfuir.
Depuis 2012, le 19 mars est consacré "journée nationale du souvenir des victimes civiles et militaires de la guerre d'Algérie". Un dépôt de gerbes aura lieu eu Monument aux Morts, square Bonaventure, à Issy-les-Moulineaux (ci-contre). PCB.
Emmanuel Macron présidera une cérémonie ce samedi 19 mars à l'Élysée pour le 60e anniversaire des accords d'Evian qui ont mis fin à la guerre d'Algérie. Avec un souci «d'apaisement» des mémoires et de «main tendue» à l'Algérie, selon la présidence. Le conflit a laissé des séquelles durables des deux côtés de la Méditerranée.
Délégation du Gouvernement provisoire de la République algérienne lors de la signature des accords d'Évian. Photo d'archive D.R.
«Commémorer n'est pas célébrer», a tenu à souligner l'Élysée. Il s'agit de ménager toutes les susceptibilités à moins d'un mois du premier tour de la présidentielle alors que la date du 19 mars 1962, qui marque l'entrée en vigueur du cessez-le-feu entre armée française et indépendantistes algériens, reste un sujet explosif. Le bilan humain de la guerre est terrible : entre 260 000 et 400 000 morts du côté algérien, 30 000 du côté français (soldats et Européens d’Algérie), plusieurs dizaines de milliers chez les harkis.
Comment va se passer la commémoration ?
Une réception aura lieu à l’Elysée ce samedi, au cours de laquelle Emmanuel Macron prononcera un discours. Le chef de l’Etat ne donnera pas « une ligne historique officielle », explique-t-on dans son entourage au journal L'Opinion.
Environ 200 personnes, des harkis, rapatriés, militants algériens ou militaires, sont conviées à l’Elysée, ainsi que des élus du Sud de la France, dont les maires d’Amboise, de Montpellier et de Nice. L'objectif de «réconcilier» et «apaiser», reste le même que lors des précédents rendez-vous mémoriels du quinquennat autour de la guerre d'Algérie. Emmanuel Macron a voulu, à travers une série de gestes mémoriels, «réconcilier la France et l'Algérie» ainsi que les «mémoires cloisonnées» en France, a rappelé l'Élysée.
Les accords d’Evian : qu’est-ce que c’est ?
Le 18 mars 1962, Louis Joxe, ministre d’Etat chargé des affaires algériennes, annonce que la délégation française et les membres du Front de libération nationale (FLN) sont parvenus à un accord pour mettre fin aux combats engagés depuis le 1er novembre 1954 en Algérie.
Le document décrète un cessez-le-feu. Et fixe les conditions du règlement du conflit et définit les futurs rapports entre la France et l'Algérie »si la solution d'indépendance et de coopération est adoptée ». Le texte prévoit surtout l’organisation d’un référendum.
Dès le 8 avril, les Français sont invités à se prononcer sur les accords d’Evian qu’ils approuvent à 90,81%. En Algérie, un référendum d’autodétermination se déroule le 1er juillet 1962 et le « oui » l’emporte à 99,72% des suffrages exprimés. "
La ville d'Evian, dans les Alpes françaises, a été choisie parce qu’elle était proche de la Suisse où séjournaient les indépendantistes algériens. Ces accords mettent fin officiellement à 132 années de colonisation française.
La rédaction
Pourquoi la date ne fait pas l'unanimité ?
« Cette cérémonie sera essentiellement franco-française, c’est-à-dire sans les Algériens. L’ambassadeur d’Alger a bien été convié à la réception, mais il n’est pas certain qu’il soit présent », souligne l'Opinion.
Des attaques de l’OAS (anti-indépendantiste), les exactions envers les harkis ou le massacre d’Oran contre les Européens ont eu lieu après le 19 mars, date du cessez-le-feu. C’est la raison pour laquelle elle ne fait pas l’unanimité parmi les « porteurs » des mémoires franco-algériennes.
«Tous les événements liés à la guerre d'Algérie ne se sont pas terminés du jour au lendemain avec la signature des accords d'Evian», a concédé l'Élysée en citant notamment la fusillade de la rue d'Isly à Alger, dans laquelle des dizaines de partisans de l'Algérie française furent tués par l'armée le 26 mars 1962.
Pourquoi les propos du président de la République ont fait polémique ?
Dans l'avion qui le ramenait en janvier 2020 d'Israël, où il participait à la commémoration du 75e anniversaire de la libération du camp d'Auschwitz, Emmanuel Macron a estimé que la France »avait peut-être un travail à faire » sur la mémoire de la guerre d'Algérie afin de mettre un terme au « conflit mémoriel ».
Lors de la précédente campagne électorale en 2017, Emmanuel Macron avait déjà créé la polémique en qualifiant la colonisation de « crime contre l'humanité ». »Je suis très lucide sur les défis que j'ai devant moi d'un point de vue mémoriel, et qui sont politiques. La guerre d'Algérie est sans doute le plus dramatique. Je le sais depuis ma campagne. Il est là, et je pense qu'il a à peu près le même statut que la Shoah pour Chirac en 1995 », a déclaré le président de la République.
« C'est de l'indécence. Il fait l'amalgame entre la guerre d'Algérie et le pire génocide de l'histoire humaine ! », s'est ému samedi le sénateur LR Bruno Retailleau dans le Figaro. »Ces propos sont à la fois une folie pour l'histoire et la mémoire, et une bombe à retardement pour notre avenir », avait abondé l'eurodéputé LR, François-Xavier Bellamy. "Comparer la Shoah à la guerre d'Algérie est obscène. Emmanuel Macron est en pleine dérive", a pour sa part estimé la présidente du Rassemblement national, Marine Le Pen.
L’Élysée a ensuite récusé toute comparaison entre la Shoah et la guerre d’Algérie. »C’est le crime absolu qui ne peut être comparé à aucun autre », a précisé Emmanuel Macron , en relevant la « singularité la plus extrême » de l’Holocauste.
Quels sont les gestes d'apaisement d'Emmanuel Macron ?
En janvier dernier, Emmanuel Macron a adressé un geste fort aux rapatriés d'Algérie. Il a qualifié d'« impardonnable pour la République » la fusillade de la rue d'Isly à Alger en mars 1962, et a estimé que le « massacre du 5 juillet 1962 » à Oran devait être « reconnu ».
Toujours dans un souci d'apaisement, le 15 mars dernier, l’ambassadeur français en Algérie, François Gouyette, a déposé une gerbe sur la stèle érigée à Alger en l’honneur de Mouloud Feraoun et des cinq autres victimes. Jean-Philippe Ould Aoudia, fils d’un des six inspecteurs des centres sociaux tués par l’OAS, déplore toutefois dans Libération que les victimes de l’organisation terroriste n’aient pas été honorées lors de commémorations officielles plus larges. « Harkis, Charonne, 26 mars 1962, Européens, 17 octobre 1961… Emmanuel Macron a fait le tour des mémoires. Il en reste une. Pourquoi n’honore-t-il pas celle des civils, militaires, Algériens, Français, magistrats, élus, enseignants, fonctionnaires de police tués par l’OAS ? ».
Accords d'Évian : de la fin de la guerre à l'indépendance de l'Algérie
À l'occasion des 60 ans des accords d'Évian, signés le 18 mars 1962, Europe 1 propose à partir de ce vendredi le podcast "Ici Alger, Europe n°1", écrit par Pauline Jacot et Sébastien Guidis, et disponible sur toutes les plateformes. Plongée dans les archives d'Europe 1 sur ces accords qui ont ouvert la voie à l'indépendance de l'Algérie.
Le 18 mars 1692, les accords d'Évian ont mis fin officiellement et politiquement à l'affrontement entre les forces françaises et le mouvement nationaliste algérien. Soixante ans après, jour pour jour, Europe 1 propose à partir de ce vendredi le podcast Ici Alger, Europe n°1, écrit par Pauline Jacot et Sébastien Guidis, disponible sur toutes les plateformes d'écoute. Ces accords historiques ont ouvert la voie à l'indépendance de l'Algérie, comme le retracent les archives de la station.
La fin de huit ans de guerre, mais pas des violences
Le soir du 18 mars 1962, le général de Gaulle s'adresse aux Français depuis le palais de l'Élysée. "La perspective qui s'ouvre sur l'avènement d'une Algérie indépendante, coopérant étroitement avec nous, satisfait la raison de la France", déclare le premier président de la Ve République. Les accords d'Évian mettent alors fin à huit ans de guerre. Ils incluent une aide économique à l'Algérie et une sauvegarde des intérêts français dans le Sahara.
Le cessez-le-feu doit avoir lieu le lendemain, 19 mars. Mais les violences continuent entre des membres de l'armée française et des Algériens sur place. "On est dans une poudrière", raconte alors le journaliste d'Europe 1. "Les balles ne sont pas passées loin. Ça tire environ à 25 mètres à ma gauche", affirme-t-il sous le bruit des balles, "comme une rafale. Et le calme revient. C'est ça, Alger."
Le "Oui" à l'indépendance massivement voté
Au moment du cessez-le-feu, l'Organisation de l'armée secrète (OAS) redouble de violence. L'OAS veut torpiller les accords d'Évian et lance une insurrection le 23 mars 1962. Trois jours plus tard, l'armée tire sur des manifestants pacifistes. C'est la fusillade de la rue d'Isly, qui fera au moins 49 morts selon le bilan officiel. Une tragédie franco-française passée sous silence par Charles de Gaulle. Le soir-même, le général appelle à voter "Oui" au référendum sur les accords d'Évian.
Le référendum sur l'indépendance de l'Algérie a lieu le 8 avril, et le camp du "Oui" l'emporte largement avec plus de 90% des voix. L'OAS poursuit son déchainement de violences, comme le raconte le correspondant d'Europe 1 sur place, René Duval : "Ce matin, on parle surtout à Alger de cet attentat où deux petits garçons musulmans qui jouaient au ballon dans la rue, devant l'appartement de leurs parents, ont été abattus."
"Nous abandonnons tout. On est désespérés"
Le correspondant d'Europe 1 demande des précisions à un jeune témoin de la scène. "Ils étaient quatre" à avoir tiré depuis une voiture, explique un petit garçon. "Ils ont tiré comme ça et ils sont partis. Je ne sais pas comment ils tirent sur les enfants comme ça, ils sont fous", poursuit l'enfant au micro d'Europe 1. Les Français d'Algérie quittent par centaines leur ville, leur maison. Ils partent en métropole où souvent personne ne les attend, et témoignent au micro d'Eugène Saccomano. "On part comme les réfugiés, deux valises chacun, une à chaque bras", dit un premier homme.
"C'est honteux, on est comme des bêtes", affirme une autre femme. Le journaliste d'Europe 1 la questionne : "On nous dit que les gens abandonnent leur voiture pour aller à l'aéroport, c'est vrai ?" "Ils mettent le feu, parce qu'on leur prend leurs autos", répond-elle, avant d'évoquer le climat "désolant" pour les Européens à Alger : "Nous abandonnons tout. On est désespérés."
En juillet 1962, c'est la fin de la guerre, mais d'autres batailles ne tarderont pas à s'ouvrir, comme celle des harkis, exclus en France, bannis en Algérie. Le même mois, pour la première fois, l'Algérie hisse son drapeau, l'Algérie est indépendante.
La guerre d'Algérie, longtemps sans nom, longtemps tue, s'est achevée il y a soixante ans. Les petits-enfants de ceux qui l'ont vécu de près n'ont, pour la plupart, pas reproduit « le cloisonnement des populations et donc des mémoires » de leurs grands-parents, relève le politiste Paul Max Morin. « C’est, insiste-t-il, surtout l’orientation politique, bien plus que leur origine familiale, qui détermine leur perception du passé. »
« Pas moins de 39 % des 18 à 25 ans en France ont un membre de leur famille marqué par la guerre d’Algérie », rappelle le politiste Paul Max Morin. « Le cloisonnement des populations et donc des mémoires, poursuit-il, s’arrête avec eux. Les jeunes partagent une vision assez consensuelle de la colonisation et de la guerre. C’est surtout l’orientation politique, bien plus que leur origine familiale, qui détermine leur perception du passé. » « Chez les petits-enfants d’appelés, détaille-t-il, la guerre est une parenthèse dans l’histoire familiale, certes bouleversante, mais une parenthèse, de fait, moins structurante. Pour les petits-enfants de pieds-noirs, la défense de la colonisation n’est plus tenable hors de milieux d’extrême droite ou de droite dans lesquels, de par leur hétérogénéité, ils ne se retrouvent pas tous. »
Les militaires putschistes à part
« Les petits-enfants de harkis, spectateurs de la douleur de leurs aînés, vivent dans l’inconfort d’une histoire collective à trous, poursuit le politiste. Chez les petits-enfants d’immigrés comme de harkis, les difficultés matérielles et l’humiliation sociale ont altéré la figure virile des grands-pères souvent enfermés dans le silence. Ces jeunes votent plus à gauche, en raison de leurs conditions ouvrière ou immigrée bien plus que d’une histoire familiale anticoloniale. »
« S’agissant des petits-enfants de membres de l’OAS, conclut-il, cette histoire appartient au passé au sein des familles des pieds-noirs engagés clandestinement dans le terrorisme, pas encore au sein des familles des militaires putschistes, un milieu fermé et homogène, très marqué à droite, nationaliste et nostalgique des colonies. Mais ceux-là sont trop peu nombreux pour qu’une guerre des mémoires éclate chez les jeunes ! »
L’auteur scrute l’Algérie de nos vingt ans, où l’essentiel de l’espoir se cueillait à l’issue des chauds débats idéalistes à la Cinémathèque algérienne.
Belkacem Achite est descendu de son “Mont des orfèvres” non pas “pour refaire le chemin à l’envers”, mais pour y scruter avec l’œil précis de l’orfèvre l’itinéraire sur lequel il y allait avec l’éclat de sa prime jeunesse à l’université.
Ce n’est ni de l’évaluation déduite de l’audit du social ni le précis analytique de l’expert, mais tout simplement le constat d’un auteur qui dit : “Ç’aurait pu être mieux que ça !” C’est qu’il a l’argumentaire de ses souvenirs d’enfant mais aussi de l’étudiant qu’il était à l’époque bénie des années 1960-1970 et qu’il sème de la sève généreuse de son porte-plume d’écolier qui refait surface pour narrer l’époque où il avait le pied à l’étrier de l’intelligentsia algérienne.
Et du lot de souvenirs qu’il a “réprimé” pour cause de devoir de réserve d’un fonctionnaire de l’État, s’alignent aujourd’hui et à la lumière du “mesbah” (lampe à l’huile) qui éclaire son abri d’ermite d’Ath Yenni (wilaya de Tizi Ouzou).
Et de ce bled, fief de l’orfèvrerie berbère d’où est issu l’amusnaw Mouloud Mammeri (1917-1989) et l’islamologue-philosophe Mohammed Arkoun (1928-2010), d’autres étoiles filantes de l’intellectualité brodent le ciel de l’ancêtre nommé Yenni. D’ailleurs, c’est de cette contrée que l’auteur y galope à la “plus vite que le vent. Plus vite que le temps” du “Mont des orfèvres” pour passer le flambeau de l’espoir aux potaches naissants.
Soit à celles et à ceux qui n’ont pas connu la mixité filles/garçons de l’Alger du débat et de l’échange d’idées au Cercle Taleb-Abderrahmane (ex-l’Otomatic), le Neve ou la Brasse. Sur ce point et dans le lot des “Cocos”, la faculté centrale d’Alger avait aussi ses bouillonnants rebelles à la Daniel Cohn-Bendit, a déclaré l’auteur lors de la séance de vente-dédicace qu’il a animé ce 19 février à la librairie du Tiers-Monde.
Époque bénie pour les joyeux lurons ou temps honni pour les “Tristus”, c’était aussi l’étape de vie où le brave paysan s’est bureaucratisé à l’insu de sa charrue et de ses bœufs à cause du chant à l’unisson : “He Mamya thawra ziraîya” (révolution agraire) lors des journées de volontariat dans les prés de villages socialistes agricoles (V.S.A.).
“En dépit qu’il narre les échecs et les déceptions que nous avions vécus, mon récit est porteur d’espoir. Alors, et plutôt que de désespérer, l’esprit censé et la raison recommandent de s’interroger sur ce qui n’allait pas afin de ne plus réitérer l’échec dans l’immensité et la beauté de l’Algérie”, a ajouté Belkacem Achite.
Dans cet ordre d’idée, l’œuvre livresque de Belkacem Achite est l’œil témoin d’un auteur de son temps qui s’interdit de s’infuser dans l’autobiographie. À ce propos, l’auteur scrute l’Algérie de nos vingt ans, où l’essentiel de l’espoir se cueillait à l’issue des chauds débats idéalistes à la Cinémathèque algérienne. Brave père tranquille, Belkacem Achite fouille sa mémoire d’où il ravive ses souvenirs qu’il rafraîchit à la source de Jugurtha (thala n Yugurten).
À cet égard, son fils Meziane nous a susurré que l’écriture est devenue l’autre devoir, sinon la primordiale tâche de ce chef de famille. De ce point de vue, le préfacier docteur Youcef Nacib écrit : “Des séquences fortes de notre histoire contemporaine… Des événements relatés minutieusement avec, en miroir, les opinions et les émotions qu’ils suscitent... Des péripéties de vies façonnant une nation face à ses tourmentes politiques, lesquelles, un jour, s’affirmeront comme des déterminismes fort handicapants.
Une juxtaposition de théâtres d’actualité, de préoccupations qui, peut-être, surprendra le lecteur.” Donc, et si vous avez envie d’un bol d’eau de jouvence, c’est l’instant idéal pour vous désaltérer à l’œuvre de Belkacem Achite.
LOUHAL Nourreddine
Nous étions l’avenir. Regard sur l’Algérie de nos vingt ans, de Belkacem Achite. Casbah Éditions. 366 p. 2022. 1 000 D
Le 18 mars 1962, à l'Hôtel du Parc d'Évian, des accords sont signés par Louis Joxe, ministre français chargé des questions algériennes, et Krim Belkacem, chef de la délégation algérienne représentant du GPRA.
Le soir, le général De Gaulle annonce la signature des accords d'Évian qui se traduisent dès le lendemain 19 mars à midi par un cessez-le-feu applicable sur tout le territoire algérien. La journée nationale est fixée au 19 mars, jour anniversaire du cessez-le-feu en Algérie.
Cette journée permet 60 ans après de commémorer les accords d'Évian du 18 mars 1962, de rassembler et rendre hommage à toutes les victimes civiles et militaires qui sont tombées durant la guerre d'Algérie. Malgré les drames provoqués par va-t-en guerre et les adeptes de la terre brûlée, les accords d'Evian furent accueillis en Algérie comme en France, par toute une génération comme une délivrance, un espoir, la fin d'une sale guerre qui n'osait même pas dire son nom.
Le comportement de certains acteurs de l'époque (généraux putschistes et membre de l'OAS) ne doit pas, ne peut pas occulter la sagesse politique de ceux qui surent mettre un terme à cette ignoble guerre coloniale. Le 19 mars 1962 à 12 heures, le cessez-le-feu était ordonné, et c'était la fin d'une guerre qui, en près de 8 ans avait fait des centaines de milliers de victimes, dont 1.500.000 entre combattants et civiles algériens et quelques milliers de soldats français. Ce cessez-le-feu avait été décidé par les deux parties en application des accords signés la veille.
Rappelons que les accords d'Evian ont été approuvés par plus de 90% des Français lors du référendum du 8 avril 1962. Le 19 Mars 1962 appartient à l'histoire de notre pays. Nous souhaitons que le 60ème anniversaire du cessez-le-feu officiel soit une journée de la mémoire et du souvenir de toutes les victimes algériennes militaires ou civiles de cette sale guerre. Le 19 mars 1962, l'entrée en vigueur du cessez-le-feu en Algérie, est une date importante : la veille, le 18 mars, les accords d'Evian étaient signés entre la France et le FLN. Ce jour n'a pas marqué la fin des combats et des massacres de populations civiles, dus surtout à la folie meurtrière de l'OAS, mais dans la mémoire collective, le 19 mars est l'anniversaire de la fin de la guerre d'Algérie. Pourtant, le 18 mars 2016, l'ancien président de la République française, Nicolas Sarkozy, a publié une tribune dans Le Figaro pour contester cette décision de François Hollande en critiquant sévèrement l'ancien chef de l'Etat pour avoir choisie la date du 19 mars pour commémorer la fin de la guerre d'Algérie, au prétexte que cette date ne marquerait pas la fin des combats. En réalité on peut voir dans cette prise de position du leader des Républicains une manifestation de la «guerre des mémoires» dont l'objectif premier est de s'approprier le soi-disant vote pieds-noirs, comme le font aujourd'hui encore les candidats d'extrême droite à l'image de Zemmour et Marine Le Pen.
Le 19 Mars 1962, fin d'un cauchemar qui a duré 132 ans et dont la dernière période d'une guerre atroce a permis aux Algériennes et aux Algériens de recouvrer leur indépendance. Nous voulons saisir cette opportunité pour rendre hommage à ces géants, ces révolutionnaires sans médaille, qui, à l'image du moudjahid El Hadj Belarbi khaled d'Oran qui a pris le maquis alors qu'il avait tout juste 17 ans, et âgé aujourd'hui de 85 ans, et ses compagnons de combat encore de ce monde, affirment humblement aujourd'hui encore, qu'ils n'ont fait que leur devoir. Ils soutiennent mordicus que : « des milliers d'Algériens nous ont aidés au détriment de leur sécurité et de leur vi même, et se sont battus à nos côtés de toutes les manières possibles pour l'indépendance, du pays ». La révolution de Novembre sans contexte a bénéficié du combat incessant des intellectuels qui n'ont pas cessé de dénoncer à travers leurs écrits, la période coloniale et la politique de l'épouvante, contre le peuple algérien qui en paya le prix fort. Nous ne devons pas oublier que dans les grandes échéances, c'est le peuple dans son ensemble qui fait la décision.
N'oublions pas que c'est toujours le peuple qui était en première ligne pour payer le prix fort comme en Mai 1945. Il serait juste pour la sérénité de notre histoire, de mettre dans le même giron des défenseurs de l'Algérie, non seulement ceux qui ont pris les armes, notamment les martyrs, mais aussi toutes celles et ceux qui, à des degrés divers, ont souffert dans leur chair. Ainsi, la notion de militant et de moudjahid devrait normalement être étendue à toutes celles et ceux qui ont porté haut et fort, la voix de l'Algérie et les espérances du peuple pour la liberté et la dignité. La révolution fut de ce fait, portée par tout le peuple algérien, sans exclusif, et chacun selon ses moyens à l'époque. Qu'il s'agisse du plus humble des besogneux, de l'universitaire, du médecin, du sportif, de l'homme de théâtre de la femme de ménage, «moussebla», boîte à lettres du FLN ou tout simplement l'Algérien lambda. Parmi ces autres moudjahidine qui luttèrent d'une façon aussi difficile qu'avec les armes, nous n'oublierons pas de citer à côté des étudiants(es), des universitaires, l'équipe de football du FLN, le théâtre du FLN, les diplomates... Convaincre le sénateur John Kennedy de la justesse du combat de l'Algérie, n'était pas simple.
Arriver, malgré les entraves en tout genre de la France pour étouffer la voix de l'Algérie aux Nations unies, et arriver en définitive à donner une visibilité, chaque année, lors de l'inscription de la question algérienne, n'était pas une mince affaire. Qui se souvient des universitaires et intellectuels qui sont morts pour la patrie? Qui se souvient de ces jeunes filles et jeunes garçons qui ont quitté les bancs du lycée ou de la faculté pour entrer dans la clandestinité ou mourir au maquis? On ne cessera jamais assez de le répéter, la révolution de Novembre, qui fut en son temps, une victoire du droit des peuples, le marqueur identitaire de la liberté des nations, fut portée par tout un peuple. Dans cet ordre d'idées, l'hommage premier est à faire aux moudjahidate qui prirent les armes, notamment pour soigner les malades dans les zones reculées du pays, mais aussi les blessés lors de combats auxquels, certaines fois, elles participèrent. N'oublions pas non plus les justes européens qui ont aussi aidés la Révolution Ils furent nombreuses et nombreux aussi, les femmes et hommes épris de justice et de liberté, et pour lesquels j'ai consacré un essai d'Histoire intitulé « LE COMBAT DES JUSTES », édité par IBRIZ. Ils furent nombreux ces intellectuel(le)s françaises et français (avocats, médecins, acteurs, journalistes) à risquer leur vie pour la cause de la liberté, en acceptant d'aider le FLN à collecter des fonds.
Ce sera le cas de plusieurs réseaux. Par ailleurs en France, des Français se sont battus, se sont exposés et ont mis en jeu leur liberté et parfois leur vie pour l´indépendance du pays, tout en étant fidèles à une certaine idée de la France. Ils furent nombreux à être des porteurs de valises dans le réseau Jeanson. D'une façon tout à fait anormale les massacres de l'OAS sont tombés dans l'oubli. Les dizaines de meurtres, de plastiquage et la politique de la terre brûlée n'a pas été documentée. Pourtant ce sont des criminels racistes imbues qui se prononcent aujourd'hui dans la course à la présidence de la république en utilisant un langage vieux de 60 ans pour attirer les bulletins des nostalgiques de l'Algérie de PAPA. Le 3 juillet , le général de Gaulle , à l'issue du scrutin sans appel, fut obligé de rendre à l'Algérie son honneur et sa dignité bafouée pendant 132 ans quand le général de Bourmont, celui qui s'emparait d'une façon épouvantable d'un pays, en reniant les promesses faites Celle de ne rien toucher ni aux biens , ni aux choses de la religion. Le moment est venu de réconcilier, les Algériennes et les Algériens avec leur histoire dans une démarche œcuménique.
Le FLN historique a été pour les Algériens, un marqueur indélébile de la dignité et de l'histoire de l'Algérie, à toutes les Algériennes et tous les Algériens, sans exception. La vraie identité de tous les Algériens, est de faire revive cet esprit de Novembre dans nos actions, au quotidien. C'est ce droit et ce devoir de «vivre ensemble que l'on soit de l'Est ou de l'Ouest, du Nord ou du Sud». Durant la Révolution, la contribution de chacun à la cause sacrée de la Révolution a été une réussite, car chacun plaçait l'intérêt supérieur de l'Algérie, au-dessus de toute considération. C'est cet esprit qui doit prévaloir dans la construction de l'Algérie Nouvelle que le Hirak a mis sur les rails. Elle gagnerait à être connue par les jeunes Algériens à qui on a fait ingurgiter un récit incohérent, où l'aspect démagogique et intolérant a pris le pas sur la vraie histoire. Une histoire qui dirait le vrai sans partie pris car comme l'écrit si bien Montesquieu : « Tout citoyen à le devoir de mourir pour son pays, mais nul n'est tenu de mentir pour lui ». Le 19 Mars 1962 a été le point d'orgue d'un combat qui a duré 132 ans. La révolution de Novembre, le dernier maillon de cette histoire, est une révolution qui s'inscrit dans le sillage des décolonisations rendues nécessaires par le besoin de liberté des peuples opprimés. Cependant, elle ne doit plus constituer un fonds de commerce. Nous devons dire aux jeunes -du même âge que ceux qui ont fait la révolution- d'inventer une nouvelle révolution. Cela passe par le parler vrai, la réappropriation de l'Histoire qui ne serait pas en pointillé, un vivre ensemble et surtout en une foi en l'avenir, en une Algérie Nouvelle où chacun trouvera sa place. Je termine par cette intervention dans un débat, d'un colonel français d'aviation écrivain né dans la Mitidja qui écrivait : «Je suis algérien, d'origine européenne. Je considère l'Algérie comme ma patrie. Je considère que je dois avoir à son égard les mêmes devoirs que tous ses fils. Ma place est aux côtés de ceux qui ont engagé le combat libérateur.»
Jules Roy (1)
(1) Né en 1907 à Rovigo (Hadjout), à vingt ans, il a été expulsé d'Algérie après avoir dénoncé dans le journal Alger Républicain la misère en Kabylie.
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