Rassemblement pour demander le transfert de l’avocate Gisèle Halimi au Panthéon, le 7 mars 2021 à Paris. Photo Jacopo Landi/Hans Lucas via AFP
La célèbre avocate, féministe et militante contre la guerre en Algérie est décédée le 28 juillet 2020. Emmanuel Macron avait promis un hommage début 2022… qui ne vient toujours pas. C’est pourtant l’oubli qui serait gênant.
Alors, ce grand hommage à Gisèle Halimi ? Après un report en septembre 2020 pour cause de départ précipité d’Emmanuel Macron à Beyrouth (ravagée par une explosion… un mois plus tôt), le chef de l’État avait promis qu’il aurait bel et bien lieu. Que la nation saluerait l’avocate disparue, au nom de « sa farouche liberté » et de « ses combats pour l’égalité ». Il avait même précisé une date : « début 2022 ». Bizarre : dans douze jours, c’est le printemps, et on peut considérer sans mauvais esprit que le « début 2022 » sera passé… Juste avant, 18 mars, ce sera pourtant le soixantième anniversaire des Accords d’Évian – instauration du cessez-le-feu en Algérie et voie ouverte à l’autodétermination : l’hommage à cette militante farouche pour l’indépendance et contre la guerre n’aurait-il pas pu trouver sa place dans ce calendrier-là ? Non, justement.
Son engagement reste trop clivant d’un point de vue politique – surtout à trois semaines d’une élection présidentielle ; d’ailleurs l’éventualité de son entrée au Panthéon, suggérée par l’historien Benjamin Stora comme un signe fort de réconciliation, n’a pas trouvé d’écho dans les hautes sphères de l’État. Bon… On aurait pu aussi lui rendre hommage aujourd’hui, 8 mars, Journée internationale des droits des femmes, tant elle se battit toute sa vie pour les faire respecter. Avec le procès de Bobigny, en 1972, elle posa même une pierre fondatrice à la longue lutte pour le droit à l’avortement en France… Eh bien non, toujours pas !
Même la grande soirée prévue en son honneur sur France Inter vient d’être déprogrammée pour faire place à une spéciale Ukraine, en partenariat avec France Télévisions. À croire que, plus d’un an et demi après sa mort et au-delà des aléas de l’actualité, la « farouche liberté » de Gisèle Halimi continue sérieusement d’embarrasser.
Publié le 08/03/22
Valérie Lehoux Publié le 08/03/22 Partager
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