9 février 1961, le comte et la comtesse de Paris assistent à Cherchell en Algérie à la présentation de la nouvelle promotion de l’école des officiers “prince François” nommée en l’honneur de leur défunt fils le prince François tué en mission en 1960. (merci à Philippe Gain d’Enquin)
François d'Orléans (1935-1960) duc d'Orléans
François s’élançait pour secourir un de ses harkis blessé devant lui quand une balle tirée d’un buisson le frappa en plein ventre. Il mourut presque dans l’instant. Sa mère le décrivait ainsi : « Il était droit et généreux. Il était simple avec tous et même familier. Mais il était toujours à sa place ». Le dimanche précédent il s’était confessé, avait servi la messe et communié. « Je sais qu’il est arrivé à bon port et nous avons encore plus besoin de son intercession que lui de nos prières », ajoutait Madame.
Ce jour où François devait succomber à ses blessures dans l’hélicoptère Sikorsky qui le transférait à l’hôpital Naegelen de Tizi Ouzou, il avait donc voulu se porter au secours d’un brave harki Mohand Ouidir Ait Messaoud qui avait reçu un projectile tiré d’une casemate et qui le blessa superficiellement. François alla lui porter secours et comme le rapporte Abdenour Si Hadj Mohand, dans Mémoires d’un enfant de la guerre, Kabylie (Algérie) : 1956-1962, L’Harmattan, 2011, avant-propos de Michel Rocard, « Fort de sa réputation et du courage légendaire de ses ancêtres de la famille royale, il avait ordonné au harki et aux soldats qu’il commandait : « Allez, avancez ! Vous avez peur ? ».
Dans son ouvrage Le comte de Paris et sa descendance, Philippe de Montjouvent (Éditions du Chaney, 1998) évoque ainsi la mort du prince François :
« Inscrit comme pensionnaire au collège des Oratoriens de Saint-Martin de Pontoise à la rentrée 1949, il obtient son baccalauréat, puis entre à l’Institut Agricole de Beauvais, dont il sort diplômé (lors des premières années, lorsqu’il ne retrouve pas sa famille à Cintra à l’occasion des vacances scolaires, le prince François est accueilli par les Tocqueville, à Carneville dans le Cotentin).
Après avoir fait son service militaire dans un régiment de parachutistes à Mont-de-Marsan, puis à Pau, le prince François entre à l’école d’officiers de Cherchell (Algérie). Mobilisé, il prend ensuite part, avec le grade de sous-lieutenant, aux opérations militaires menées par le 7e bataillon de chasseurs alpins, corps fondé par son trisaïeul, le duc d’Orléans (1810-1842), au temps de la conquête de l’Algérie. Hélas, le 11 octobre 1960, alors qu’il s’apprête à être démobilisé il est mortellement blessé près de Michelet, en Grande Kabylie, alors qu’il tente de porter secours à l’un de ses harkis (il ne lui restait alors plus que 65 jours à accomplir. A l’issue de ceux-ci, le prince François avait toutefois décidé de prolonger son temps de six mois). Le jour même, à 18 heures, le général De Gaulle, alors président de la République, adresse un télégramme de condoléances au Prince et à Madame qui se trouvent à Cintra (le texte de ce télégramme est aussitôt communiqué à la presse par les services officiels de l’Elysée. Le 12 octobre, le comte de Paris adresse ses remerciements par télégramme au général, puis les renouvelle par lettre du 23 octobre. Le 14 octobre, le colonel Alain de Boissieu, gendre du général De Gaulle, sous les ordres duquel le comte de Clermont avait servi en Algérie, présente également ses condoléances, par lettre au chef de la Maison de France. Reconnaissant de la sympathie que le général et madame De Gaulle leur ont témoignée lors du décès du prince François, le 3 octobre 1961, le Prince et Madame leur adressent une lettre accompagnée du mémento de leur fils, ce dont ils sont vivement remerciés par un courrier du 8 octobre 1961.)
Le lendemain, 12 octobre, après avoir entendu la messe à 6 heures 30, dans la chapelle de la Quinta, le Prince et Madame s’envolent à 7 heures 45 pour Paris. Arrivés à Orly à 12 heures 30, ils sont reçus par Paul Jarrier, représentant général d’Air France, Marcel Wiriath et le colonel de Rougemont, directeur général du cabinet du général Ely, chef d’état-major de la Défense Nationale, qui présente les condoléances du chef de l’Etat, du premier ministre Michel Debré, et du général Ely (à Orly, le comte et la comtesse de Paris retrouvent également la comtesse de Clermont, la princesse Hélène, comtesse Evrard de Limburg Stirum, la princesse Diane et son époux, le duc Karl de Wurtemberg, le prince Thibaut et la princesse Pierre Murat, née princesse Isabelle de France, sœur du comte de Paris). Puis, à 13 heures 15, tous deux embarquent pour Alger.
Arrivés à Maison Blanche à 15 heures 10, ils sont reçus par le colonel Lennuyeux, représentant le délégué général du gouvernement en Algérie, le colonel Barbe, du corps d’armée d’Alger, le chef de bataillon Trannoy, commandant le 7e B.C.A., le commandant Allaire, le lieutenant-colonel Bouysou, directeur de l’aéroport, et le commandant Maire, directeur des services militaires d’information. Ils y retrouvent également le comte de Clermont, arrivé la veille, qui s’était rendu en début de matinée à Tizi-Ouzou, où se trouvait le corps de son frère.
A 16 heures le comte et la comtesse de Paris et leur fils aîné se rendent à l’hôpital militaire Maillot où, arrivée à 13 heures, la dépouille du prince François est exposée dans une chapelle ardente et veillée par les chasseurs de sa section. Ils y sont reçus par le médecin colonel Siffre, médecin chef, l’aumônier général de l’Espinay et le chef de bataillon Trannoy. S’étant recueillis sur le corps du défunt et ayant assisté à sa mise en bière, ils se rendent ensuite au Palais d’Eté à 17 heures 15, où ils reçoivent, un quart d’heure plus tard, la visite du délégué général Paul Delouvrier.
Le 13 octobre, une messe de requiem est célébrée en la cathédrale d’Alger en présence de tout le bataillon du prince et de ses harkis. Le matin même le prince François a été fait duc d’Orléans à titre posthume par le comte de Paris. Sur son cercueil, ont été déposées sa croix de la valeur militaire, obtenue le 15 mars précédent, et sa Légion d’honneur, délivrée à titre posthume, ainsi que sa médaille commémorative d’Algérie. A l’issue de la cérémonie un avion militaire français transfère sa dépouille en France. [La levée du corps avec une cérémonie militaire et la bénédiction eut lieu à l’hôpital Maillot en présence de M. et Mme Paul Delouvrier]
Le 17 octobre, les obsèques religieuses du prince François ont lieu à Dreux, en présence de toute sa famille, de nombreux membres du Gotha et de la noblesse française, du maréchal Juin, du général Ollier, représentant le président de la République, d’Edmond Michelet, garde des Sceaux, de la totalité des officiers de son bataillon (messe de requiem célébrée par le révérend père Carré, de l’Académie française). Précédé de treize drapeaux tricolores portés par des anciens combattants et de seize enfants de chœur, le clergé pénètre dans le chœur. Vient ensuite le cercueil du prince recouvert du drapeau français, portés par huit chasseurs alpins du 7e B.C. A. suivis d’un de leurs officiers. Ses décorations ont été placées sur un coussin tenu par un sous-officier. Des aspirants de l’école de cavalerie de Saumur et une compagnie du premier Régiment d’Infanterie Coloniale rendent les hommes. La foule s’est pressée nombreuse. Tous n’ayant pu entrer, beaucoup se contentent de suivre la messe depuis le parc, où elle est diffusée par des haut-parleurs. A l’issue de la cérémonie, les huit compagnons d’armes du prince François portent son cercueil sous la coupole, puis le déposent dans la crypte où il repose sous le chœur. »
Précisons aussi que la mort du prince François fut en quelque sorte emblématique tant pour le FLN que pour l’armée française dans laquelle il était, indépendamment de sa situation princière, estimé pour sa gentillesse et sa discrétion mais aussi pour son courage. Il faut dire que ses camarades eurent à cœur de le venger. Il y avait déjà eu beaucoup de morts français dans la zone en question qui était dangereuse et notamment un neveu du maréchal Juin.
Le comte de Paris se souvenant sans doute qu’il avait été un blédard, n’hésita pas à accepter la demande du président Giscard d’Estaing qui souhaitait remettre à l’occasion de sa visite d’État en Algérie en 1975 un portrait de l’émir Abdelkader au président Boumediene. Giscard avait demandé au Prince un portrait d’Amboise et le prince le lui offrit et le porta lui-même à l’Élysée.
Plus tard en 2005 sur les terrasses du château fut inauguré un jardin mémorial en souvenir des 25 personnes de la famille et de la suite de l’émir qui moururent à Amboise au cours de ce séjour entre 1848 et 1852 parmi lesquelles Khadidja, fille d’Abdelkader, Aïcha sa nièce, fille de son frère Sidi Hocein, Embarka, épouse de l’émir, Ahmed, fils d’Abdelkader.
http://www.noblesseetroyautes.com/archives-le-comte-et-la-comtesse-de-paris-a-cherchell-en-algerie/#
.
Les commentaires récents