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REVENONS A NOS MOUTONS !
Je mâen sers rarement. Câest peut ĂȘtre ma langue mĂšre qui mâĂŽte toute envie de faire usage de cette langue de vipĂšre⊠qui opĂšre souvent de façon binaire : high or low : top ou flop ; 1 ou 0. To be or not to be⊠telle nâest pas la question⊠et si on vous affirme que câen est une, il ne faut surtout pas y rĂ©pondre⊠sous peine de vous rendre, de capituler, de cĂ©der au dĂ©mon de la modernitĂ©, au dĂ©mon de la PerversitĂ©.
Examinons ce quâil y a dedans de si haut, de si bas⊠de si gros, de si gras dans ce vocabulaire Ă©minemment ingrat.
Rappelons que tout jugement comporte toujours une ligne de dĂ©marcation quâon trace pour distinguer entre les torchons et les serviettes⊠câest un travail de distinction, de haute dĂ©finition, câest le H.D de notre entendement⊠qui ne peut rien rĂ©aliser sans hiĂ©rarchiser, en dĂ©signant le haut et le basâŠ
Ce qui vaut et ce qui ne vaut pas, ce qui est au dessus ou en dessous de tout soupçon.
High or Low ?
Câest une question plus digne de Machiavel que de Rimbaud. Elle est politique et nâa rien de poĂ©tique.
Je la vois bien aussi sous la plume dâEdgar Allan Poe, comme la genĂšse dâun poĂšme en prose qui prĂ©tendrait envers et contre tout, que tout est politique : Force et rapports de force. Autrement dit, une histoire de dĂ©sirs qui sâaffrontent⊠les uns qui se rĂ©alisent, les autres qui se dĂ©rĂ©alisent. Les High et les Low, autrement dit les forts et les faibles.
Qui sont les forts ? Qui sont les faibles ?
Darwin répond : que les forts sont les plus aptes à vivre, les plus durs à suivre.
Marx répond : que les forts sont ceux qui réalisent leurs fins sans utiliser les autres comme moyens.
Freud rĂ©pond que les forts sont ceux qui ont pacifiĂ© le rapport entre lâextĂ©rieur et leur for intĂ©rieur.
Les High sont forts, les Low sont faibles.
RĂ©ussite induite pour les uns, conduite dâĂ©chec pour les autres.
Force est de constater que « la force » est le mot-clé.
Merci La Fontaine : « la raison du plus fort est toujours la meilleure ».
LĂ comme ailleurs. Câest basique, tonique et architectonique : câest la base et le sommet de tout lâĂ©difice. On y tient parce que ça nous maintient⊠en vie, en place⊠en forme.
Parce que câest le fond⊠le seul et unique interface.
De force on nâen a jamais assez nous dit Rousseau car nul nâest assez fort pour ĂȘtre toujours le maĂźtre. Ce que lâon peut traduire en disant que ce sera toujours la guerre de tous contre tousâŠ. On ne cessera pas de se battre, on sâaffrontera toujours parce quâon ne peut pas faire autrement pour avoir toujours plus de pouvoir, se faire valoir, accĂ©der Ă la gloire⊠nous sommes de haut en bas et de bas en haut des forçats, innocents ou pas!
En somme câest la force qui nomme. Câest la force qui dĂ©gomme.
Mais quâest-ce qui fait la force ?
Dieu, rĂ©pondent ceux qui distinguent le jus de lâĂ©corce. Lâhistoire, rĂ©torquent ceux qui boivent le jus et jettent lâĂ©corce.
Nietzsche a un joli critĂšre de distinction : un critĂ©rium pour distinguer la force du fort de la force du faible. Lâaffirmation de soi dĂ©signerait selon lui, lâhomme fort⊠la nĂ©gation de soi, lâhomme faible, infirme, lâhomme de lâinfirmation⊠qui nâose pas dire oui, qui nâose pas dire non Ă la vie et Ă ses pĂ©ripĂ©ties.
Qui domine ? Le High. Qui est dominé ? Le Low
Et pourtant cette gĂ©omĂ©trie est seulement spatiale, elle nâest pas temporelle⊠elle est dans lâespace, non dans le temps.
Souvenons-nous de la fable du LiĂšvre et de la Tortue ou du conte du Petit Poucet qui se joue de lâogre, ou du rĂ©cit biblique qui met aux prises David et Goliath⊠parce que la force avant dâĂȘtre physique, elle est dâabord mĂ©taphysique⊠avant dâĂȘtre assimilĂ©e au corps, elle est dâabord mĂȘlĂ©e Ă lâesprit⊠non de gĂ©omĂ©trie mais de finesse.
Alors quand on cherche ce qui est haut (high) et ce qui est bas (low), on risque de ne rien trouver si on ne fait pas référence à une plus haute distinction : entre quantité et qualité.
Et on comprendra trĂšs vite que ce nâest pas la quantitĂ© de force qui importe mais la qualitĂ©âŠ. Nietzsche dirait : sa raretĂ©.
La quantité est sans portée. La qualité est de haute volée. Gage de valeur et de vitalité.
Et pourtant dans lâhistoire, câest la quantitĂ© qui lâa toujours emporté⊠la loi du plus grand nombre, celle des plus nombreux⊠non pas celle des plus forts renchĂ©rit Nietzsche mais celle des plus faiblesâŠ
Câest ce qui explique son plus beau mot :
« Quâil faut dĂ©fendre les forts contre les faibles » les High contre les Low et non le contraire comme le croient tous les moutons!
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