C’était le jeudi 29 mars 1956. Il était environ 9h00. Le centre-ville de Constantine grouillait de monde. Le commissaire principal Jean Sammarcelli, chef du 2e arrondissement de la police d’Etat quittait son domicile du boulevard Carnot (actuel boulevard de La Liberté) dans le quartier du Coudiat, pour se rendre à pied au commissariat de la place des Galettes (Rahbet Essouf), en passant par la rue de France (actuelle rue du 19 juin 1965).
Mais ce jour-là, Sammarcelli décida de changer d’itinéraire. Il quitta la rue de France, pour descendre la rue Sidi Lakhdar, et rejoindre la rue Combes (actuelle rue Kadid Salah). Arrivé au sabbat menant vers Rahbet Essouf, il reçut dans le dos des balles d’un revolver de calibre 7,65.
Selon la Dépêche de Constantine du vendredi 30 mars 1956, le tueur a pris la fuite en direction de la rue Bleue qui descend vers l’ex-rue Vieux (actuelle rue Amar Rouag), et débouche sur la rue Georges Clemenceau (rue Larbi Ben M’hidi). Evacué, Sammarcelli est mort sur la route vers l’hôpital. Son assassinat fut un coup très dur pour les autorités françaises. Une fois l’alerte donnée, une gigantesque opération de police fut engagée dans tout le centre-ville.
De nombreux Constantinois, témoins à l’époque, se rappellent de ces unités militaires qui avaient cerné tous les quartiers de la ville, avec la fouille de tous les passants. Depuis la matinée et jusque tard dans la nuit, des camions militaires transportaient des centaines d’hommes, rassemblés sur la place située en face de l’actuel commissariat central du Coudiat.
Des Constantinois se rappelaient encore que dès l’annonce de l’attentat, le fils du commissaire, parachutiste stagiaire à l’époque, avait pris l’arme et a commencé à tuer des civils. Sa première victime a été abattue sur les escaliers reliant le Coudiat à l’ex-rue Petit (actuelle rue Bouderbala). Durant la nuit, des groupes de l’organisation La main rouge ont enlevé et tué plusieurs personnes soupçonnés d’avoir des relations avec le FLN. On citera entre autres Ladjabi Mohamed-Tahar, Kechid dit Boucherit, et l’écrivain Ahmed Redha Houhou.
L’on estime à 300 le nombre de personnes tuées. Selon des témoignages d’anciens membres de l’organisation FLN-ALN à Constantine, l’attentat contre Sammarcelli a été l’œuvre de trois personnes. Il s’agit de Amar Zermane, chef du groupe, originaire de Djebel Ouahch, Amar Benayache, dit Chemin de fer habitant Sidi Mabrouk (celui qui a tiré sur le commissaire) et Hocine Benabbes, habitant la cité Ameziane. L’attentat est survenu en réponse au démantèlement du réseau du Fida à Constantine au mois de novembre 1955.
Les trois auteurs ont été condamnés à mort par contumace par le tribunal militaire de Constantine. Amar Benayache et Hocine Benabbes sont tombés au maquis en 1956 et 1957, quant à Amar Zermane, il est décédé dans les années 2000.
Les commentaires récents