Un soldat de la Légion étrangère avec une prostituée algérienne en 1913. (COLLECTION CASAGRANDE/ADOC-PHOTOS)
Des prostituées pour les Blancs, d’autres pour les indigènes : en matière sexuelle, la hiérarchie raciale est nette pendant la colonisation.
Tout faire pour éviter la « syphilis arabe ». Quand la France conquiert l’Algérie, se pose très vite la question de savoir comment réguler les relations sexuelles entre les soldats et les femmes. C’est d’abord une question sanitaire : la France a besoin de ses troupes, déjà décimées par la dysenterie, le choléra… Alors la syphilis en plus, non merci !
Les médecins veulent donc faire peur aux soldats avec la « syphilis arabe », qui serait bien plus contagieuse et dangereuse que sur le continent. L’armée est partie avec ses BMC – bordel militaire de campagne – mais les « recrues », européennes, ne sont pas suffisantes pour la demande. Bref, une des premières choses dont s’occupera l’administration militaire ce sera… d’organiser la prostitution sur place !
« Quinze jours à peine après la conquête d’Alger, l’administration met en place une réglementation de la prostitution, qui n’existait pas jusqu’alors en Algérie », raconte l’historienne Christelle Taraud, auteure d’« Amour Interdit. Marginalité, prostitution, colonialisme » (Payot), qui a également codirigé l’ouvrage « Sexe, race et colonies » (La Découverte).
Obsession sanitaire et « filles soumises »
A travers l’histoire des quartiers réservés et des maisons de tolérance en Algérie, c’est en fait toute la psyché de la France coloniale qui transparaît. Il y a d’abord l’obsession sanitaire, avec visites obligatoires au dispensaire, souvent payantes d’ailleurs, pour les « filles soumises » comme on les appelait. Mais il y a aussi l
Par Doan Bui
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