Des documents secrets américains, déclassés en 2001, ont été publiés ce mardi 20 août par le journal Ennahar. Ces rapports décrivent les conséquences de la Guerre d’Algérie sur l’écononmie de la France coloniale.
On y apprend que la CIA, analysant le conflit de près, a réalisé un bilan précis des forces en présence. Ainsi les services de renseignements ont compté seulement 20 000 soldats du côté algérien disposant de 30 mitrailleuses, 200 fusils automatiques, 1 800 pistolets automatiques et un nombre inconnu de fusils de chasse.
Les soldats du FLN étaient bien moins nombreux que ceux du contingent français. Alors qu’il comptait 64 000 militaires en juin 1954, entre soldats de l’armée, gendarmes et policiers, l’effectif a été multiplié par 6 en janvier 1957, atteignant 340 000 soldats répartis sur 13 divisions, 42 régiments militaires et 64 bataillons.
La multiplication des charges et des dépenses ont été désastreux pour l’économie française de l’époque. À tel point que la CIA avait prévu une fracture et une mutinerie au sein de l’armée française. « La colère et la contestation qui monte de plus en plus dans les ranges de l’armée » a mené le général Jacques Faure aux arrêts, stoppé dans sa tentative de coup d’État contre le gouvernement de Paris.
C’est la première fois que de telles informations prouvent que la fracture au sein de l’armée française a eu lieu avant le putsch des généraux, en avril 1961
https://alnas.fr/actualite/politique/la-cia-revele-des-informations-inedites-sur-la/
Comment la CIA a espionné le Maroc, l’Algérie et la Tunisie pendant des décennies
Les États-Unis et l’ancienne Allemagne de l’Ouest ont passé plusieurs décennies à espionner de nombreux pays en dirigeant une entreprise suisse qui vendait des produits de cryptage, selon un rapport conjoint publié mardi par le Washington Post aux États-Unis et les radiodiffuseurs publics ZDF en Allemagne et SRF en Suisse.
Les responsables du renseignement aux États-Unis et en République fédérale d’Allemagne auraient formé une société basée en Suisse, Crypto AG, qui aurait ensuite vendu ses produits à plus de 100 pays. Ces clients ne savaient pas que leurs communications cryptées ne seraient pas un secret pour deux grandes puissances de l’OTAN.
Mardi, les autorités suisses ont déclaré avoir ouvert une enquête sur les allégations selon lesquelles l’organisation de dispositifs de cryptage était au final exploité par la CIA et les services de renseignement ouest-allemands qui leur avaient permis de casser les codes des pays utilisant leurs produits.
La liste des pays espionnés
En Afrique, la carte du Washington Post révèle que 18 pays africains étaient espionnés à l’aide du matériel de Crypto AG, dont les cinq pays du Maghreb : le Maroc, l’Algérie, la Mauritanie, la Libye et la Tunisie. «Les dossiers montrent qu’au moins quatre pays – Israël, la Suède, la Suisse et le Royaume-Uni – étaient au courant de l’opération ou ont été alimentés par des renseignements secrets par les États-Unis ou l’Allemagne de l’Ouest», ajoute-t-on.
L'Iran, l’Inde et le Pakistan, ainsi que les juntes militaires d’Amérique latine et du Vatican, ont tous été cités comme clients de l’opération, ont rapporté les deux médias.
L’accès aux communications au sein des gouvernements a aidé les États-Unis à mieux comprendre les événements mondiaux, de la crise des otages de 1979 en Iran au bombardement libyen d’une discothèque de Berlin en 1986. Les médias ont également rapporté que Crypto avait donné à la Grande-Bretagne des informations sur les opérations militaires de l’Argentine pendant la Guerre des Malouines.
L’Union soviétique et la Chine n’ont pas acheté d’appareils de cryptage à Crypto AG, ce qui a protégé les adversaires communistes des regards indiscrets de l’Occident.
Rumeurs
La BND, l’agence d’espionnage allemande, s’est retirée de l’entreprise en 1993, mais la CIA a maintenu la relation jusqu’en 2018, lorsque Crypto a été liquidée.
Erich Schmidt-Eenboom, un expert du renseignement allemand et auteur de plusieurs livres sur l’espionnage pendant la guerre froide, a déclaré à l’agence de presse Associated Press que la participation d’agences d’espionnage occidentales à Crypto était suggérée depuis un certain temps. En 1992, un représentant de Crypto a été arrêté en Iran et a passé plusieurs mois en prison. La BND aurait payé une rançon d’un million de dollars pour la libération de l’employé de Crypto.
L’incident est l’une des raisons pour lesquelles l’agence d’espionnage allemande s’est retirée de l’opération conjointe un an plus tard, a déclaré Schmidt-Eenboom.
Le ministère suisse de la Défense a déclaré dans un communiqué que le gouvernement de Berne avait décidé d’examiner la question et de rendre compte des conclusions dans un délai d’un an, mais avait également émis une note de prudence avancée.
« Les événements en discussion ont commencé vers 1945 et il est difficile de les reconstituer », prévient le communiqué.
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