C’est dans une rubrique signée de Bruno Larebière, un ancien rédacteur en chef de Minutes et ancien dirigeant du Bloc Identitaire, que Benjamin Stora, l’historien spécialisé de la guerre d’Algérie a fait l’objet d’une caricature antisémite nauséabonde. Dans les pages de ce hors-série à la nostalgie des tortionnaires de la Bataille d’Alger, des militaires putschistes, des poseurs de bombes de l’OAS et du temps béni des colonies où l’on pouvait massacrer, violer, piller un peu partout sur la planète, celui dont les publications ont déjà été condamnées pour négationnisme, vient salir l’historien d’attaques sur son physique, soufflant la poussière sur la vieille thèse antisémite du juif embourgeoisé, ayant grossi en s’enrichissant auprès des puissants.
Benjamin Stora explique dans un article en réponse : "Cet article est antisémite, voici pourquoi. C’est le portrait d’un homme avide d’ambition et d’honneurs qui est ici dressé, hantant les couloirs du pouvoir, à la recherche de récompenses. C’est une description s’inscrivant dans la tradition classique antisémite des « juifs de cour » que l’on pouvait lire dans la presse d’extrême-droite au moment de l’Affaire Dreyfus, par exemple à propos de Bernard Lazare.
C’est une attaque fondée sur une description de mon physique. Ma prise de poids, notion qui revient à trois reprises dans l’article, s’explique non par les épreuves traversées dans ma vie (la perte de mon fille victime d’un cancer, mes crises cardiaques, ou les violentes agressions venant du monde intégriste dans les années 1990), mais par ma progression dans les couloirs du pouvoir. Cette obsession sur mon poids suggère l’expression d’un enrichissement, qui peut également se lire dans la presse antisémite, appliquée par exemple à Adolphe Crémieux ou Léon Blum."
Derrière ce que l’antisémitisme qui survit dans Valeurs actuelles appelle « l’historien officiel », c’est un travail de mémoire sur les combattants pour la liberté en Algérie qui est sali. Car cette figure de la réaction qui présente Stora comme entretenant une « relation pour le moins distanciée avec l’identité française » de par ses origines, ses travaux et ses engagements passés à l’extrême-gauche, veut se présenter comme un obstacle à un « système » toujours décrit comme mondialiste, cosmopolite et autres adjectifs chers à l’extrême-droite.
Derrière ce verbiage faussement subversif, ces nostalgiques de l’impérialisme français sont en définitive les plus grands défenseurs du pouvoir de la bourgeoisie la plus conservatrice, qui opprime les peuples, exploite et réprime les travailleurs sans demander pour le coup de papiers d’identité. Toute voix émancipatrice ne peut être que celle du « Syndicat », d’un complot judéo-bolchévique, maçonnique, ou du communautarisme islamiste (au choix selon l’ambiance du moment).
C’est la tâche que se donne Valeurs Actuelles. A noter, que Macron s’est donc répandu dans un organe de presse qui emprunte les méthodes des antidreyfusards. L’interview présidentielle et ce hors-série sont parus le même mois : un condensé de ce qui fait de plus sale dans les secteurs les plus réactionnaires de la bourgeoisie impérialiste française et dans le racisme institutionnalisé d’Etat.
vendredi 15 novembre
https://revolutionpermanente.fr/Benjamin-Stora-cible-par-la-gerbe-antisemite-de-Valeurs-Actuelles
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