Dans son dernier ouvrage Algérie une autre histoire de l'indépendance, trajectoires des partisans de Messali Hadj, le politologue, Nedjib Sidi Moussa, exhume un partie de l'histoire du «messalisme» et porte un nouveau regard sur la guerre de Libération et l'engagement des partisans du Mouvement national algérien (MNA).
D.RDans son dernier ouvrage Algérie une autre histoire de l'indépendance, trajectoires des partisans de Messali Hadj, le politologue, Nedjib Sidi Moussa, exhume un partie de l'histoire du «messalisme» et porte un nouveau regard sur la guerre de Libération et l'engagement des partisans du Mouvement national algérien (MNA). Cet ouvrage de 302 pages, paru récemment aux éditions Barzakh, interroge l'engagement et le récit historique depuis le début des années 1950 jusqu'à l'Algérie contemporaine, à travers différentes trajectoires de partisans «messalistes» après l'indépendance. Le travail de l'auteur démarre à partir d'une correspondance, datée de 1958, de Mohamed Saadoun (1926-1978) enseignant et militant exilé à Londres, adressée à Moulay Merbah (1913-1997), où il est fait état d'une relégation du Mouvement national algérien (Mna) au rang «d'acteur de second plan (...) malgré la sympathie des milieux travaillistes britanniques». L'ouvrage revient sur les origines du mouvement messaliste depuis la création de l'Etoile nord-africaine dans les années 1920. Il évoque les alliances avec la gauche française, la création en 1946 du Mtld (Mouvement pour le triomphe des libertés démocratiques) suite à la dissolution du Ppa, ainsi que celle de l'Association des femmes musulmanes algériennes (Afma, 1947) avec à sa tête, Mamia Chentouf (1922-2012) et Nafissa Hamoud (1924-2002). L'auteur souligne l'engagement «infaillible» des militants malgré la scission du Mtld, à l'été 1954, et qui «a conduit de nombreux indépendantistes à se détourner des partis politiques». Il fait coïncider cette scission avec la fin d'une «décennie des partis», notamment le Mtld, Udma et le Pca, qui dominaient alors la scène politique algérienne d'avant-guerre. C'est durant cette période que germera, aussi, l'idée de l'inéluctabilité de la lutte armée dans l'esprit de militants, rappellera l'auteur. La crise du Mtld est relatée de manière chronologique et dans le détail, depuis décembre 1953, jusqu'au congrès d'Hornu (Belgique) du mouvement en juillet 1954. La création du Mna en 1954, l'emprisonnement de ses militants, le conflit avec le Fln ainsi que les tentatives de rapprochement avec ce dernier pour faire face à la violence de l'Organisation de l'armée secrète (Oas), intervenues selon l'auteur au début de 1962. Pour étayer son propos sur le rapprochement Fln-Mna, Nedjib Sidi Moussa s'appuie sur des correspondances de militants, de tracts et de procès verbaux de réunions du BP du Mna. L'auteur aborde également des tentatives de retour du Ppa, «interdit dès le recouvrement de l'indépendance», sur la scène politique algérienne ainsi que l'édition de publications, clandestines, des Messalistes. Cependant les «trajectoires des partisans» après juillet 1962, évoquées dans le titre du livre, ne sont que très peu abordées, au même titre que l'histoire du Mna elle-même. Né en 1982 en France, dans une famille messaliste, Nadja Sidi Moussa est docteur en sciences politiques et associé au Centre européen de sociologie et de science politique. Il est l'auteur de «La fabrique du musulman, Essai sur la confessionnalisation et la radicalisation de la question sociale», paru en France en 2017.
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