Merci à l'Ancien FSE du 18 ème R.A qui a bien voulu me communiquer des témoignages sur cette période Force Locale en particulier la sienne la 480 UFL du 18ème R.A
<<<<Conformément à ta proposition, je t’adresse mes souvenirs d’Algérie en me disant que tu sauras mieux « placer » ce texte à la fois sur UFL 480 (pour les copains), mais aussi pour l’ensemble des UFL..
Secteur d’Orléansville 18eme RA : Les « batteries » sont réparties dans bien des bleds du secteur. Avec ma vieille carte Michelin de l’époque N° 172 (1958) et ma vieille mémoire, je peux citer : Ténès (Montenotte), El Marsa, le Guelta, Paul Robert (le PC), Cavaignac, Flatters, Hanoteau, Chassériau, Rabelais (mon UFL), Fromentin, Oued- Fodda, Cavaignac, Renault et enfin Warnier dernière base du régiment (terrain le l’A.L.A.T , Aviation légère de l’armée de terre) avant le rapatriement.
Avril 1962 : Sur ordre, je quitte Hanoteau (B2) avec quelques autres, direction Rabelais.
Une ancienne ferme viticole désaffectée suite au tremblement de terre dit d’Orléansville, mais qui pour être utilisée par l’armée malgré les nombreuses lézardes convenait apparemment très bien (louée au ministère des armées ou offerte gratuitement par les colons après dédommagement des assurances ? : nul ne sait !!!.)
Des bidasses algériens de souche arrivent de partout, ceux qu’on désigne par le titre évocateur de FSNA (Français de souche Nord Africaine). Ils seront logés dans les anciennes écuries et autres remises à bestiaux barbouillées à la chaux !! . L’encadrement sauf quelques sous officiers et quelques brigadiers sont tous comme moi des FSE (Français de souche), mieux logés dans les habitats des colons ou de leurs personnels.
Qu’est ce qu’on fout là ?? , mais pourquoi avoir été nommé dans cette unité dont la mixité me laisse rêveur ?? On ne sait rien, ni pourquoi, ni comment, juste que cette « force locale » est un élément « Tampon entre les populations » et ce qu’on croit entre les populations et le FLN. Erreur, erreur grotesque d’appréciation par manque délibéré d’infos!!
Ce que j’apprendrai plus tard et en France, c’est que suite aux accords d’EVIAN, nous sommes placés sous les directives du GPRA (gouvernement provisoire de la République Algérienne) DONC SOUS LE COMMANDEMENT DU FLN. Si nous avions eu « vent » de cette entourloupe, notre réaction n’aurait certainement pas été aussi docile. C’est une honte caractérisée de nous avoir UTILISE de la sorte. Les événements décrits par certains (enlèvements exécutions) prouvent que nos vies étaient mises en danger ALORS QUE LE CESSEZ LE FEU EST EN VIGUEUR. OUI ! HONTE A NOS AUTORITES.
Avec le recul je réalise que nous aurions pu les FSE « cadres » être égorgés sans pouvoir nous défendre, ne serait-ce que la nuit. Quant à la journée et dans le bled, avons eu des missions ridicules mais dangereuses en attendant notre départ pour Alger. Pourquoi ai-je été choisi (je me doute et le dirai plus loin) pour une mission débile. Envoyé dans une zone abandonnée par l’armée, un coin paumé à 60 K/m de Rabelais dans une vallée reculée avec une seule jeep composée de : le chauffeur et son PA, un civil que je ne connais pas, il est « pied noir ? » Berbère ? infiltré du FLN ? je ne saurai jamais !! Il est détaché de la SAS (section administrative spécialisée), une sorte d’administration pseudo militaire! Le troisième, c’est moi avec mon PM (mat 49). Notre mission : accompagner le civil de la SAS porteur d’argent pour quelques civils du douar (dont je n’ai pas retenu le nom) de quelques « prestations sociales ??? ». Cet argument me rassure un peu, mais nous sommes tellement « esseulés, perdus, vulnérables» tous les trois que la trouille m’envahit surtout à l’approche d’un village accroché au coteau, quand je vois des hommes en armes se disperser et se « planquer » à notre approche. Le FLN bien sûr !! Notre véhicule s’arrête au milieu du bled, le « trésorier » qui connait les lieux nous quitte. Me voilà (nous voilà le chauffeur et moi) à la merci de n’importe quel excité soucieux de se venger ou comme certains jouant les braves de dernière minute. J’opte donc pour l’attitude du « résigné » et je balance mon PM dans le dos et sort mon appareil photo (Foca sport 1 B). Bien m’en a pris, les enfants sont arrivés et signe de détente absolue, deux verres de thé à la menthe nous sont offerts. La peur s’en va, pas la méfiance !!! Retour sans problème……ouf !!
Je sais pourquoi le Lieutenant CHINCHON (fort sympa), il sera nommé Capitaine peu après, m’a désigné pour cette virée au fond du djebel.
La discipline, difficile à obtenir avec « la troupe », le capitaine décide de procéder à ce que les soldats connaissent bien comme étant une connerie, il s’agit de la revue de casernement. Malgré quelques propos confus (ça grogne) et un rangement quelque peu « bordélique » ça se passe à peu près bien, sauf qu’à un moment, s’opposant au pitaine un gars sort un couteau. Ma réaction est immédiate, ridicule dans le contexte, mais elle est le résultat de ma tension intérieure (les nerfs à fleur de peau) qui ne faiblit pas. Je fais usage d’une portion de prise de judo (clé de coude) et je l’immobilise. Avec des copains on transporte le gaillard à la cave à vin qui dispose d’une dizaine de cuves en béton énormes et lâchons le gars dans une des cuves (toutes vides évidemment) qui nous sert de prison improvisée. Pendant le trajet le type m’annonce que : je ne reverrai pas Marseille !!
Fort heureusement des copains du taulard on ouvert la trappe et il a déserté. Notre course poursuite avec les gendarmes et leur chien s’est interrompue, le chien ayant perdu sa trace.
Je réalise mon erreur, d’autant qu’à partir de ce jour je suis devenu un peu « l’homme de confiance » du capitaine, dont la mission citée plus haut.
Par une chaleur épouvantable nous embarquons pour Alger, qui n’a pas bonne réputation, l’OAS frappant sans cesse et sur des cibles essentiellement musulmanes (Arabes et Berbères confondus), mais aussi administrative (La Mairie). La traversée d’Alger se fait au ralenti dans une pagaille de foule et de véhicules qui m’impressionne compte tenu du contexte, les Algérois ont donc pris l’habitude de mépriser les risques des confrontations (comme nous aujourd’hui ici en France, alors que les agressions se succèdent tous les jours, les gens circulent comme si de rien n’était).
Bref, nous voilà sur les hauteurs de la ville, au dessus de Bab el Oued, vers la basilique Notre Dame d’Afrique, Qui a été depuis (ce qui est étonnant) rénovée !!
Installés dans une école désaffectée, nous prenons rapidement nos marques à la fois de confort et de protection (depuis le toit terrasse on a une belle vue sur la ville basse et le cimetière). Je deviens chef de section, par la grâce d’une permission de longue durée accordée à mon chef de section un S/Lieut Polytechnicien dont j’ai oublié le nom.
Les patrouilles dans le quartier et aussi à Bab el Oued s’enchainent sans problème pour moi, les gars de la section étant assez disciplinés ! Il faut dire que dès notre arrivée sur place ,j’ai discuté un moment avec eux (dont un surtout qui me servait d’interprète ) pour leur dire que j’avais compris depuis longtemps que l’Algérie allait vers son indépendance et qu’en cas d’accrochage avec l’OAS je serais peut-être le premier à tirer. Sans entrer dans la complexité de « l’Algérie Française » mon souci étant comme toujours de défendre ma peau suivant l’adage : c’est lui ou moi !
Ca n’a pas été la même chose pour un copain (son nom ?) qui en patrouille a été pris avec son groupe, sous un feu nourri de l’OAS pendant une bonne heure.
Il n’a été sorti de là que par l’intervention des blindés des gardes mobiles.
Alors que je suis en mission de « schouff » à la limite des habitations sur les hauteurs d’Alger, une autre section vient prendre la relève. A sa tête un sergent (ancien harki) BEN SEDIK. Je lui passe les consignes. Nous n’avions pas fait 50 M que deux coups de feu claquent, Ben Sedik s’écroule il est touché au ventre par son premier « voltigeur » en qui il avait toute confiance puisqu’il lui avait laissé son PM. Un voiture a déboulé on ne sait d’où avec, au volant un civil qui a embarqué le blessé ……………on ne l’a jamais revu !!! Probablement une des victimes du grand massacre des harkis par l’ALN.
Comme d’autres cadres de notre UFL j’ai eu aussi pour mission de déménager des pieds noirs de Bab el Oued. Quelle tension !! Les Algériens du quartier nous regardent avec des yeux de haine, de dégout et de défiance. Pour ce genre de mission évidemment nous ne sommes que des FSE : un chauffeur de la jeep et moi. Ma surprise est à son comble lorsque je monte dans l’appartement du « déménageant » et qui me dit : on ne va pas faire le trajet (un camion plein attend sur la rue) sans prendre « ce qu’il faut » !! C’est alors qu’il ouvre un placard et que je découvre une rangée impressionnante d’armes de toutes sortes. Il en saisit une plus un révolver et nous voilà partis. Autant que je me souvienne, nous avons escorté le camion jusqu’en dehors du quartier « Arabe ». Avec une telle « artillerie », on comprend que le conflit ne pouvait s’arrêter et encore moins espérer « le vivre ensemble » !! C’est foutu depuis longtemps on le sait, mais on le vit avec ces explosions juste derrière nous, comme pour nous dire (vous ne l’avez pas vu venir celle là), ces coups de feux de ci de là, ces civils qui fuient comme à la débâcle, préférant la valise (même réduite pour certains) au cercueil annoncé ! Tout cela est d’une confusion ahurissante, dans un climat d’épouvante, de défiance tous azimuts, de pagaille, de précipitation et bien sûr de larmes que les petites gens, loin d’être des colons ou des combattants OAS versent le plus sincèrement du monde. Comment ne pas comprendre une grand-mère ou un simple ouvrier qui ayant tissé pendant des années des liens forts avec les Algériens se trouvent poussés sur un bateau vers un destin plus que sombre. NON ! tous les Pieds noirs n’ont pas été des saboteurs, tout comme les Algérois n’ont pas été des sauvages du FLN ! Depuis, j’ai compris après avoir étudié l’Islam que la notion de pillage et de « « razzia » sur les biens des mécréants, faisait partie d’un mot d’ordre du FLN ………….les Civils d’ Oran ont payé cher cette directive !!
Une autre mission (j’ose dire de merde !!) qui a consisté à m’envoyer SEUL dans une voiture civile avec au volant un civil Musulman, dans un quartier douteux au dessus du cimetière St Eugène je crois, pour aider le FLN à dégager des blessés de leur rang après un accrochage avec des bérets noirs du secteur. Je suis là en tampon, offrant « mes services » à ceux qui pendant des années ont lutté contre des petits soldats comme moi, ces appelés du contingent dont près de 30000 ont laissé leur vie et ceux qui sont rentrés, une bonne partie de leur jeunesse et pour certains un traumatisme INDELEBILE.
Bref des voitures embarquent les blessés et mon chauffeur me ramène. Sur le chemin on est arrêté par une sorte de barrage de l’armée Française. S’approche de nous un de ces braves bidasses de base (il est seul )qui me voyant avec un PM en main, seul dans une voiture civile, change de mine en un instant ! Très vite je lui dis : ne t’inquiète pas je suis de la force locale (il ne sait probablement pas ce que c’est !!) en mission « secrète ».
Cet adjectif « à la James Bond » lui suffit dans le merdier du moment ! Et puis le « allez roulez » qu’il lâche doit le soulager, moi aussi !! Mon chauffeur me débarque à mon cantonnement. Ouf ! Encore un truc de passé.
On va vers le référendum, nos gars sont fiévreux, mais globalement ça va, sauf qu’un événement médical s’abat sur pratiquement tous les Sous/off. Tous, bien contents de retrouver dans nos locaux « une eau de ville au robinet » en ont fait un usage normal en la buvant. Mal nous en a pris puisque quasiment tous on a « ramassé » une dysenterie amibienne carabinée……….bonjour le folk
Les images ci-dessous viennent du documentaire La guerre d'Algérie de Peter Batty, 1984. Documentaire couleur d'un ancien envoyé de la BBC pendant la guerre. Diffusé par la chaîne britanique Channel 4 en septembre 1984, il faudra attendre 1990 pour être programmé sur FR3, une chaîne du service public en France
Capturées sur You Tube - La guerre d'Algérie 5- La valise où le cerceuil mais ou le mot Force Locale n'est jamais prononcée ?
http://marienoelyvonpriouforcelocale19mars1962.e-monsite.com/pages/force-locale-de-l-ordre-algerienne.html
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