Souffrances physiques, souffrances psychiques des appelés en guerre d’Algérie
- 1 Jean-Charles Jauffret estime à 1 179 523 le nombre d’appelés, de la classe 1954-1/A à la classe 196 (...)
1Plus d’1,2 million de jeunes gens furent appelés et happés dans la guerre d’Algérie1. Mais le mot même de « guerre » mérite qu’on s’y arrête : on le sait, les pouvoirs publics, l’État, se refusaient à l’appeler ainsi. Or cette euphémisation – que traduisaient des formules telles que « pacification » ou « opérations de maintien de l’ordre » – fut parfois en elle-même douloureuse : l’ancrage social et générationnel de la souffrance, pour ces jeunes, put naître de cette non-qualification de la guerre ; car, tout en combattant, il fallait pouvoir situer cette expérience guerrière, et tout simplement trouver sa place, par rapport aux générations antérieures qui avaient connu d’autres guerres, dans la cellule familiale, dans la société globale. Cette guerre d’Algérie engendra chez les soldats appelés et rappelés des souffrances physiques et psychiques qui sont en elles-mêmes sociales : dans leurs rapports aux normes de la masculinité et de la virilité en cours dans la société française de l’époque ; dans leurs liens avec la représentation sociale de l’armée et de ce que doit être une guerre ; dans l’émergence d’une conscience générationnelle enfin. Elles apparurent au sein d’une société qui peina à les voir et à les prendre en compte. Dès lors, elles disent aussi ce qu’étaient alors les seuils de tolérance de cette société, et leurs limites.
- 2 Cf. Alain Corbin, Historien du sensible, Paris, La Découverte et Syros, 2000, p. 44-45.
- 3 Séries T et H au Service historique de l’armée de terre (SHAT) à Vincennes.
- 4 Benjamin Stora, La Gangrène et l’oubli. La mémoire de la guerre d’Algérie, Paris, La Découverte, 1 (...)
- 5 Agnès Chauveau, « Guerre d’Algérie. Retour sur témoins », Entretien avec Benoît Rey. Émission diffu (...)
- 6 Antoine Prost, « Les mots », dans René Rémond(dir.), Pour une histoire politique, Paris, Seuil, 1 (...)
2La souffrance est par excellence éminemment intime. Elle n’est pas traduisible en termes statistiques. Mais pour autant l’historien ne peut renoncer à la prendre pour objet. On pourrait même aller jusqu’à dire qu’il ne fait au contraire que cela, ou presque, tant les sources dont ils disposent s’y prêtent, tant elles disent d’abord le mal-être, la douleur, la plainte et la complainte, bien davantage que le bonheur et le plaisir : ceux-ci sont « très peu producteurs de textes », Alain Corbin est de ceux qui l’ont rappelé2. Ainsi, malgré le caractère toujours personnel de cette souffrance, laisse-t-elle des traces, notamment institutionnelles. Le service militaire et l’expérience de la guerre en Algérie ont nourri les archives de l’armée : rapports sur le moral, mais aussi consignes d’instruction et d’ » action psychologique » y abondent pour cette période3. Ils ont aussi donné lieu à des monographies médico-militaires – qui, elles, fournissent des chiffres –, invité les médecins à s’interroger sur le « profil psychiatrique » de cette guerre particulière, incité les organisations de jeunesse à mener des enquêtes sur les marques, voire les traumatismes, laissés par le conflit. Enfin, ils ont fait naître la parole et l’écriture, chez les appelés puis anciens appelés, témoignages contemporains du conflit ou mûris a posteriori. Certes, la guerre d’Algérie a souvent conduit au silence ; beaucoup s’y sont même enfermés, et c’est dire là déjà combien ce conflit fut expérience douloureuse, souffrance dont le silence a ensuite été une matrice. Mais cela n’a pas empêché une « avalanche de l’écrit », selon les termes de Benjamin Stora4, un grand nombre de publications, de récits, d’ouvrages de toutes sortes, qui bien sûr demeurent très minoritaires au regard des centaines de milliers d’hommes qui ne s’y livrèrent pas, mais qui permettent à l’historien de nouer son récit à ces paroles-là. D’aucuns y ont même vu une échappée nécessaire pour fuir la souffrance que la guerre avait provoquée en eux : Benoît Rey, l’auteur des Égorgeurs, explique que l’écriture fut pour lui une « thérapie extraordinaire », qui lui a permis de « [se] reconstruire5 ». Bien sûr, on ne pourra que rejoindre Antoine Prost lorsqu’il évoque l’usage de la citation dans l’écriture même de l’histoire : « Mais que prouve une citation ? Qu’une opinion ou un jugement donnés ont été formulés, dans des conditions déterminées, par un individu donné. Nullement que cette opinion ou que ce jugement soient majoritaires, ou dominants, ou représentatifs6. » Il reste que l’émergence même de ces témoignages, leurs recoupements et leurs redondances, donnent voix et sens à une expérience collective, par-delà leur singularité.
- 7 Cf. Odile Roynette, « Bon pour le service ». L’expérience de la caserne en France à la fi n du xixe(...)
3Pour prendre la mesure de la souffrance sociale née de la guerre d’Algérie, il faut replacer le conflit dans l’emboîtement des expériences proprement militaires : dans le sillage des travaux sur la conscription7, comprendre ce que la vie de caserne portait encore de contraintes et d’humiliations, dans les années 1950 et 1960 ; dans le cas spécifique de la guerre d’Algérie, saisir ce que l’instruction militaire, en amont même de l’arrivée en Algérie, pouvait faire naître de souffrance, comme apprentissage venu s’entrechoquer avec d’autres formes d’enseignement ; enfin, quant à la guerre elle-même, aux combats, à l’attente, à l’ennui, tous éléments drainés par le conflit, dire ce que représentèrent la prise de conscience des réalités algériennes mais aussi la découverte des autres et, peut-être avant tout, de soi.
Encasernés
- 8 Arnold Van Gennep, Les Rites de passage, Paris, Librairie critique Émile Nourry, 1909.
4Rite de passage, le service militaire l’était encore fortement au cours des années 1950, et les rituels festifs entourant et mettant en scène les conscrits étaient alors toujours en vigueur. Or qui dit rite de passage, si l’on suit Van Gennep8, dit isolement, rupture par rapport à la communauté d’origine et mise à l’épreuve, où le corps est fortement sollicité et engagé. Le terme même d’ » incorporation » l’indique bien, et le corps y était souvent souffrant. Les brimades étaient loin d’avoir disparu ; des plus anodines au plus cruelles, elles s’inscrivaient toujours dans un spectre de traditions que le xixe siècle avait en partie inaugurées. La « pelote » – le parcours du combattant avec un sac chargé de pierres – et le « tombeau » – consistant à passer plusieurs heures dans un trou qu’on avait été contraint à creuser soi-même –, étaient régulièrement dénoncés par les journaux du mouvement ouvrier, en particulier la presse communiste.
- 9 « Étude psychologique d’un camp d’instruction 1961-1962 », SHAT 27T154/1* (l’astérisque signale l’ (...)
5L’armée eut soin, grâce au rapport passionné qu’elle entretenait désormais avec la psychologie, de mesurer les réactions à cette initiation. Le Service psychologique des armées mena enquêtes et entretiens psychologiques afin de jauger l’adaptation (ou l’inadaptation) des recrues à l’institution militaire. Si l’on se penche ainsi sur l’étude psychologique réalisée dans une compagnie d’appelés de la classe 1961-2/C au camp de Satory9, on s’aperçoit de cette souffrance, parfois confusément exprimée, à la fois matérielle et morale, qui renvoyait fondamentalement à la conscience de la perte : « On perd ses illusions, son enthousiasme », « Peut-être que je ne serai plus capable de travailler ? », « J’ai la hantise de ce qui va m’arriver. » Examen probatoire, le service militaire était aussi regardé comme un véritable engrenage qui annihilait la capacité de réaction, tant l’institution paraissait régir les moindres faits et gestes des recrues : « Sans arrêt, sans arrêt on est pris », « On n’est pas libre de nos actes », « On a l’impression que les gens pensent pour vous », « On revient à l’état animal. » Au cours des « classes », si l’on apprenait à se maîtriser sous la contrainte – « On se dompte » –, si l’on se découvrait un peu mieux face à l’épreuve – par « une connaissance approfondie de l’être » –, le rythme même de l’instruction, la discipline imposée faisaient naître une anxiété indéniable.
- 10 Cf. Erving Goffman, Asylums, [trad. fr.] Asiles. Études sur la condition des malades mentaux, Pari (...)
6Pour autant, il ne s’agit pas de considérer l’armée comme une « institution totale » ou « totalitaire » (total institution) à la manière de celles qu’a étudiées Erving Goffman10. L’armée n’est pas avant tout, ou pas seulement, un monde clos, coupé du reste de la société ; bien au contraire, celle-ci en accepte les fondements, y compris les formes de souffrances, considérées toujours comme brevets de masculinité, gages de virilité et d’accession au monde adulte, preuves physiques et psychologiques d’un passage : de l’adolescent à l’homme.
- 11 Général Molle, IXerégion militaire (Marseille), Rapport sur le moral, 20 janvier 1955, SHAT 2T90*
7Ce que la société acceptait sans doute moins, à cette époque, alors même qu’elle goûtait aux premiers bienfaits de la croissance, au cœur cette période que plus tard, Jean Fourastié qualifia de « Trente Glorieuses », c’était l’extrême précarité financière et matérielle dans laquelle l’armée plongeait les appelés. Le haut commandement, qui n’y pouvait rien mais puisqu’il y avait là un problème budgétaire relevant du Parlement, ne cessait d’ailleurs de le déplorer, en évoquant la « détresse des plus tragiques11 » de bon nombre de recrues et de leurs familles. Le montant de la solde était en effet dérisoire ; fixé à 900 francs mensuels en 1952, il ne varia pas tout au long du conflit en Algérie, tandis que selon une enquête de la JOC, réalisée en 1956, la dépense moyenne d’un soldat s’élevait à 3 000 francs par mois. Cette situation apparaissait proprement dégradante ; la condition des appelés mariés et chefs de famille, celle des soutiens de famille ou encore, plus largement, celle des fils de parents âgés et de revenus modestes, étaient tout à fait préoccupantes. Dans le monde agricole en particulier, on voyait des familles contraintes de vendre une partie du cheptel ou un lopin de terre pour faire face au départ du fils : car ce départ était désormais très long, du fait même de la guerre, de vingt-huit mois en moyenne – et ce bien qu’officiellement le service militaire durât toujours dix-huit mois. Cette détresse, matérielle et morale, un jeune paysan de la Haute-Vienne l’exprimait ainsi, en 1961 :
- 12 L’Avant-Garde rurale, février-mars 1961.
« Pour moi, la perspective de vingt-sept ou trente mois là-bas, la maladie, la blessure, la mort qui te guette chaque instant, cela n’est pas fait pour donner le moral. Mais en plus il y a la situation que crée mon départ à la ferme. Que vont faire mes parents ? Déjà en travaillant nous joignons juste les deux bouts et maintenant avec moi en moins ! […] Nous n’osons plus en parler à la maison et pourtant, chaque fois que nous ouvrons la radio, les informations sur l’Algérie nous rappellent le problème12. »
8 Sujet tabou, là encore, conduisant au refuge dans le silence, le service militaire transformé en expérience guerrière allait désormais au-delà de la simple acceptation de la conscription.
- 13 Lettre de Claude P…, 14 janvier 1961, dans Martine Lemalet, Lettres d’Algérie. La guerre des appel (...)
9Les officiers d’état-major eux-mêmes criaient à l’injustice sociale face à une telle situation. Pourtant, la discrimination faisait aussi partie de leurs pratiques ; de fait, au déséquilibre des conditions régnant traditionnellement entre le « deuxième classe » et les officiers s’en ajoutait désormais un autre : celui qui séparait l’appelé « bien français » de l’appelé algérien. Officiellement pourtant, l’armée était soucieuse de pratiquer ce qu’elle appelait l’ » amalgame » : « FS » (Français de souche) et « FMA » (Français musulmans d’Algérie) ou « FSNA » (Français de souche nord-africaine) étaient censés être instruits ensemble. Mais dans la pratique, un fossé les séparait souvent dans les casernements, par un grillage séparant les dortoirs de chacun des deux groupes, discrimination revêtant une matérialité sans équivoque, accentuée encore par une plus grande précarité parfois réservée aux soldats algériens : « Les musulmans occupent la partie la moins chauffée du dortoir13. » Source d’humiliation, cette discrimination active et raciste – la xénophobie s’insinuant aussi dans le comportement de certains appelés – était à l’origine d’une autre forme de souffrance, attisée par le caractère même du conflit : une guerre d’indépendance nationale où il fallait choisir son camp et où les déchirements identitaires se faisaient plus vivaces encore.
Apprendre la guerre
- 14 Jean Baudou, En Algérie. La guerre d’un jeune appelé forézien. « Godillots et casque lourd » (nove (...)
- 15 Michel Rachline, Courrier d’Algérie (1955-1956), Paris, Luneau Ascot, 1980, p. 29.
- 16 Général Zeller, « Directive particulière pour la conduite de l’Instruction en 1956 sur les formes (...)
- 17 Synthèse de commandement, général Faulconnier (Ve région militaire) (Dijon), 30 août 1956, SHAT 6T (...)
- 18 Jean Brec, Derrière la Grande Bleue, Niort, chez l’auteur, 1989, p. 9.
10« L’expérience de la caserne » portait en elle-même des facteurs de souffrance, même s’il n’est pas question de l’y réduire, avivés par la guerre d’Algérie. Aucune guerre, certes, n’est une guerre « comme les autres ». Il y avait cependant un caractère spécifique aux combats algériens : ceux de la guérilla, guerre de pièges, d’embuscades, de harcèlements, portant au corps à corps. De la nature de ces combats découlait une formation guerrière particulière. Les directives sur la conduite de l’instruction de l’armée indiquaient explicitement les buts à atteindre par un durcissement des classes : il y avait lieu de former des hommes aptes à supporter la fatigue, les efforts violents et les privations. La souffrance du corps en fut accrue d’autant : l’entraînement à la marche s’accentua, les parcours s’allongèrent, les chargements s’alourdirent. Un appelé, Jean Baudou, se rappela longtemps ces marches dans la neige et le froid, lors de son instruction en Allemagne : « Les faibles ne peuvent plus suivre et c’est clopin-clopant qu’ils essaient de garder le contact avec leur section. Aux pauses de l’heure, nous sommes de moins en moins nombreux. C’est la débandade, la retraite de Russie. […] Cette nuit-là, j’ai connu la souffrance comme je ne l’avais pas connue auparavant14. » Une autre recrue, Michel Rachline, s’étonna de cette douleur même, et de la résistance qu’il sut pourtant lui opposer : « Jamais je n’aurais pensé que mon corps pût supporter tant d’épreuves15 ! » Les conditions d’entraînement des hommes de troupe étaient particulièrement rudes, mais justifiées, d’après le général Zeller : « Si dans la vie courante, le bien-être du soldat doit faire constamment l’objet des soins attentifs du commandement, par contre l’initiation à la vie en campagne doit comporter certaines phases de volontaire austérité : bivouacs dans les conditions les plus dures sans couvertures ni toiles de tentes, marches pénibles sans bidon ni musette, privation de sommeil16, etc. » L’exercice de « nomadisation » fut introduit dans l’instruction de la troupe à la fin de l’année 1956 : il s’agissait de s’approcher le plus possible des conditions réelles du combat en Algérie, en réduisant les ravitaillements, en inventant des « commandos » harcelant les recrues, bref en créant une « ambiance d’insécurité17 ». « La dernière semaine de nos classes fut terrible, se souvient un appelé. L’on nous annonça que tout l’effectif devait faire un combat de nuit et que afin de simuler et de faire une approche de la guerre réelle, une vraie balle serait engagée de temps à autre dans les chargeurs18. »
- 19 Robert Castel, Présentation d’Erving Goffman, Asiles, op. cit., p. 30.
- 20 Témoignage cité dansDire. Témoignages de salariés de Rhône-Poulenc Roussillon sur la guerre d’Alg (...)
- 21 Ibidem.
- 22 Pierre-André Canale, Mission Pacification Algérie 1956-1958, Paris, Éditions France Empire, 1998, (...)
11Le plus douloureux était sans doute de devoir apprendre à tuer. Ici, il ne s’agissait plus seulement d’aguerrir le corps. « Mort temporaire pour apprendre à donner la mort19 », le service militaire, par l’instruction que l’on y prodiguait, pouvait se faire expérience traumatisante dans la mesure où il dépassait la seule formation virile pour enseigner l’acte même de tuer, le meurtre autorisé. Une telle instruction est restée dans les mémoires de ceux qui la connurent et la subirent : « Surtout ne donnez pas le coup de poignard de haut en bas, vous pouvez vous blesser, mais de bas en haut, le ventre s’ouvre facilement20. » Car la guérilla nécessitait l’apprentissage du corps à corps ou close combat. Au cours des entraînements, on apprenait donc « à étrangler, bras, ficelle, corde, ou encore mieux à éventrer21 » ; on découvrait « les prises qui font se rouler à terre en hurlant de douleur, implorer le pardon et appeler sa mère » et « la recette de la prise qui tue22 ».
- 23 Annie Crépin, La Conscription en débat ou le triple apprentissage de la nation, de la citoyenneté (...)
- 24 Ve bureau de l’État-major, « L’Instruction civique », avril 1958, SHAT 27T179/3*.
- 25 Ibidem.
- 26 Jean-Louis Nageotte, La Jeunesse égarée, Mâcon, chez l’auteur, 1996, p. 30.
12Même si l’épreuve de la douleur devait être surmontée, faire ses classes revenant toujours à faire ses preuves, le service militaire en guerre d’Algérie n’était plus cet apprentissage traditionnel qui devait faire des recrues des hommes et des citoyens ; du moins n’était-il plus seulement cela. Longtemps l’armée avait été vue et s’était considérée comme une seconde école, école de civisme et « de vertu », selon la formule même de Saint-Just, véritable « instrument de citoyenneté23 ». Mais lorsqu’il apprenait, selon les consignes de l’action psychologique, « les données de base de la mentalité algérienne24 », lorsque, par là même, il inculquait une forme de racisme institutionnalisé et officialisé, en expliquant, lors de séances d’instruction, ce qu’était censée être « l’âme musulmane » – impulsivité, grégarité, inconstance, crédulité, irrationalité25 –, il s’écartait de cette « vertu » républicaine que l’armée avait pourtant voulu faire sienne. Les jeunes soldats, pour certains, en prenaient conscience ; et cette conscience, alors, était douloureuse : « En résumé, les lignes directrices du discours étaient les suivantes : vous êtes ici pour tuer, pour apprendre à tuer ou pour être tué. C’était clair mais tellement peu logique par rapport à l’instruction que nous avions reçue à l’école, que nous en étions tous frappés de stupeur […]. L’image que nous avions de notre pays, celle que nos enseignants s’étaient efforcés de transmettre, se trouvait complètement détériorée26. » L’auteur de ces lignes, Jean-Louis Nageotte, appelé de la classe 1957-1/C, intitula son témoignage Une jeunesse égarée : la souffrance était tout entière dans cet égarement même, dans le désarroi ainsi ressenti et parfois exprimé.
- 27 Général Navereau, « Rapport sur le moral » (VIerégion militaire) (Lyon), 20 janvier 1956, SHAT 2T (...)
13Dès lors, la peur régnait dans les casernements à la veille du départ. Les rapports sur le moral, en dépit de leurs contraintes de rédaction, se firent l’écho de cette angoisse : « La peur des hommes d’aller en Afrique du Nord n’est même pas contrebalancée par la curiosité du voyage27. »
Les maux de la guerre
- 28 Jean Brec, Derrière la Grande Bleue, op. cit., p. 13.
- 29 Témoignage de Jean-Pierre Beltoise, dansL’Ancien d’Algérie, n° 355, mars 1997.
14Cette anxiété, génératrice de souffrance, ne pouvait pas être apaisée par les conditions du voyage et de l’arrivée en Algérie. Dans les paquebots qui traversaient la Méditerranée, les simples soldats étaient « parqués » en quatrième classe, l’accès au pont leur étant parfois même interdit, tandis que les officiers avaient droit aux cabines de première classe. Il y avait là une nouvelle discrimination, où la hiérarchie militaire recoupait le plus souvent les appartenances sociales. Cette pratique choqua profondément, lorsqu’elle n’humilia pas. Ensuite venaient les trajets en train depuis Alger ou Oran vers l’intérieur des terres. Ce qui frappait alors, c’était l’état de délabrement de ces convois, davantage trains de bestiaux que de passagers. Des comparaisons venaient à l’esprit et aux lèvres, signes que la guerre d’Algérie s’inscrivait dans une chaîne d’autres guerres ; elles étaient, en particulier, réminiscences du conflit tout proche, celui qui avait marqué les appelés lorsqu’ils étaient enfants : « Je me disais en moi-même “non ce n’est pas possible, nous n’allons tout de même pas voyager là-dedans comme des prisonniers que l’on expédiait en Allemagne en 39 à la dernière guerre” et cette image de wagons marqués (hommes 40 chevaux 8) me rappela les récits que mon père me racontait au retour de sa captivité où entassés les uns sur les autres ils furent expédiés au fin fond de l’Allemagne dans d’atroces souffrances et des conditions d’hygiène affreuses28. » Certains même évoquèrent les trains de la déportation : « On voyageait dans des wagons à bestiaux, exactement comme ceux qui, pendant la guerre, ont embarqué les Juifs vers les camps d’extermination. C’était évidemment bien différent mais, dans l’apparence, c’était ça29. »
- 30 Noël Favrelière, Le Déserteur, Paris, J.-C. Lattès, Édition spéciale, 1973, p. 39.
- 31 Stanislas Hutin, Journal de bord. Algérie novembre 1955-mars 1956, Toulouse, Groupe de recherche e (...)
- 32 Témoignage d’un rappelé cité par Andrew Orr, Ceux d’Algérie. Le silence et la honte, Paris, Payot, (...)
- 33 Cité dans les résultats de l’enquête du GEROJEP (Groupe d’études et de rencontres des organisation (...)
- 34 Témoignage cité dans Les Années algériennes, émission de Philippe Alfonsi, Bernard Favre, Patrick (...)
15Car l’un des nœuds de la souffrance née de la guerre d’Algérie, pour les soldats appelés du contingent, était bien là : dans la comparaison permanente avec d’autres guerres. Qu’allait-on faire en Algérie ? Comment se comporter à l’égard des populations ? Et dès lors, dans la pensée de certains et sous leur plume, la comparaison revenait, lancinante et douloureuse : « Cette fois, tu seras le boche et tu te battras contre des résistants30 » ; « C’est éprouvant de faire l’expérience de la haine : je vis au milieu d’une haine réciproque entre Arabes et Français et j’ai l’impression de vivre exactement, mais en sens contraire, ce que nous avons vécu pendant la résistance, en 1943, 194431 » ; « L’image qui me hantait, c’était qu’avec mon casque et mon uniforme, je ressemblais plus à un soldat allemand qu’à un partisan32. » Les camps de regroupement et de prisonniers, plongés dans « la plus noire misère », rappelaient à d’autres « le sort de nos prisonniers de 1939-194533 ». L’obsession de l’inversion des rôles, dans une guerre qui n’avait rien d’héroïque alors même que la gloire de la Résistance n’avait cessé d’être exaltée auprès des jeunes de cette génération dans les récits familiaux, dans la mémoire du quartier ou du village, dans la leçon des instituteurs, était à elle seule un tourment moral, pour un conflit qu’on avait peine à définir, « guerre de raccroc en quelque sorte34 », sans comparaison aucune avec la « Grande Guerre » et ses hécatombes, celle que les grands-parents avaient connue.
- 35 Charles-Robert Ageron, « Les pertes humaines de la guerre d’Algérie », dans Laurent Gervereau, Jea (...)
- 36 Jacques Frémeaux, La France et l’Algérie en guerre 1830-1870 1954-1962, Paris, Économica et Instit (...)
- 37 Témoignage de Gilles Perrault dans Gérard Marinier, Ils ont fait la guerre d’Algérie. Quarante per (...)
- 38 George L. Mosse, Fallen Soldiers. Reshaping the Memory of the World Wars,Oxford, Oxford Universit (...)
- 39 Claude Barrois, Psychanalyse du guerrier, Paris, Hachette, 1993, p. 32 et 209.
- 40 Texte dactylographié de Jacques P… (classe 1954-1962/B), accompagnant sa lettre au cardinal Feltin (...)
16Cela ne signifie pas que la guerre d’Algérie ne fut pas meurtrière – Charles-Robert Ageron avance le chiffre de 48 960 morts côté français35 et Jacques Frémeaux indique que les pertes militaires françaises représentèrent 1,25 % des effectifs engagés36 ; seulement la mesure n’était pas commune avec les morts des conflits qui l’avaient précédée. Toutefois, pour les jeunes gens confrontés à la mort de leurs camarades, le niveau de souffrance était le même : « Ça, évidemment c’est l’horreur totale. Mais c’est une horreur qui déclenche d’autres horreurs, on se disait : “Pas de pitié pour ceux qui ont fait ça37 !”. » Alors pouvait naître une insensibilité à la souffrance d’autrui, de l’ennemi quelqu’il fût, « le fellagha », ou plus abruptement et plus largement encore « le musulman ». Le débat historiographique concernant la « brutalisation », non pas seulement des sociétés – car c’est bien d’un point de vue collectif que George Mosse, en forgeant ce concept, l’a utilisé –, mais des individus, dans l’intimité de leur conscience, se poursuit chez les historiens de la Première Guerre mondiale notamment38. Il est tentant de reprendre le terme pour qualifier l’indifférence affective, forme de protection de soi face à la mort d’autrui, que l’on peut si souvent relever dans les témoignages des soldats d’Algérie, en particulier dans la correspondance, les journaux intimes et les récits sur le vif. Mais cela ne signifiait nullement suspension de la souffrance. Au contraire, la prise de conscience de cet état mental était en elle-même douloureuse ; l’effroi de constater sa propre anesthésie affective a été décrit par les spécialistes de psychiatrie militaire comme l’un des conflits psychologiques les plus violents39. Modification de tout l’être devant les effets de la guerre, pour ceux qui vivaient l’expérience des combats – on notera que certains n’ont pas combattu en Algérie, soit parce qu’ils stationnaient dans des zones préservées, soit parce qu’ils étaient affectés dans des bureaux pour des tâches administratives ; la diversité des situations fut très grande dans ce conflit –, cette transformation morale et psychique fut aussi sociale, ressentie par les appelés en liaison étroite avec le contexte politique et idéologique de l’époque : « À mon avis, expliquait un jeune appelé chrétien dans son journal de bord, cette violence était une réaction de désespoir moral, la tentation de la déchéance, un véritable suicide moral. La guerre que l’on nous faisait mener n’était pas une guerre de libération de la patrie ou de défense de la France comme celles qui furent menées par nos aînés : c’était une guerre dont les plus conscients d’entre nous comprenaient qu’ils ne pouvaient tirer que de la honte40. »
- 41 Revue des corps de santé, Tome VI, n° 3, 1965, p. 329.
- 42 L. Crocq, P. Lefebvre, R. Sauvaget, P. Bernot, A. Savelli, « Archives neuro-psychiatriques de la g (...)
- 43 Ibidem, p. 309.
- 44 Louis Crocq, Les Traumatismes psychiques de guerre, Paris, Odile Jacob, 1999, p. 97.
17La mort semée était d’autant plus difficilement supportable qu’elle était parfois le fait de méprises. On peut même en donner une approximation chiffrée, puisque, étudiant l’étiologie des lésions chirurgicales subies par les forces françaises en Algérie, des médecins militaires constatèrent que 21 % étaient dues à des « accidents au combat41 ». La formule était l’euphémisme utilisé pour désigner les erreurs des troupes : tirer sur un soldat de son propre camp, tuer son propre camarade. Ces drames provoquèrent des traumatismes indicibles. Au final, les psychiatres militaires évaluent à plusieurs milliers de jeunes gens, entre 8 000 et 9 000 au minimum, les « pertes psychiatriques » de l’armée française42. La guerre d’Algérie, comme tout conflit, eut son « profil psychiatrique » : troubles caractériels, confusion mentale, troubles du sommeil, affections d’ordre psychomoteur43. Certains de ces traumatismes psychiques de guerre perdurent encore aujourd’hui, chez les anciens appelés, sous forme de cauchemars de répétition et de reviviscences hallucinatoires44.
- 45 Jean Baudou, En Algérie, op. cit., p. 29.
- 46 Cf. Xavier Boniface, L’Aumônerie militaire française (1914-1962), Paris, Cerf, 2001, p. 470-473.
- 47 On renverra évidemment aux travaux de Raphaëlle Branche sur la torture et sur le viol, et notammen (...)
- 48 Entraîneur. Mensuel des jeunes chrétiens aux armées, n° 118, mai 1956.
- 49 Ibidem, n° 146, janvier 1959.
18La guerre d’Algérie fut faite de ces souffrances-là, difficiles à avouer. Elles mettaient en outre à mal l’image même de la virilité, par les larmes : « Jamais je n’ai eu autant le cafard. Je suis malheureux. Je me mets à pleurer. Oui, j’ai craqué. Je pleure en silence […]. Les copains doivent être dans le même état que moi, démoralisés à l’extrême45. » La souffrance ne vint pas seulement de l’expérience du combat ; dans l’écume des jours, elle put s’insinuer aussi, plus simplement, par le désœuvrement et l’ennui, l’usure des nerfs qu’ils suscitaient, l’isolement spirituel, créé tout à la fois par les pénuries propres à l’aumônerie militaire pour les soldats croyants46et par la situation même de la guerre, de sa violence, parfois de sa barbarie47 – « Les gars disent que la prière ne vaut plus ici48 » ; « Toute trace de vie selon l’Évangile semble avoir disparu chez ces gars49 ». Les états psychiques et processus mentaux apparaissent dans leur pleine dimension sociale, dont ils ne sont pas séparables : la guerre d’Algérie ébranla les convictions, modifia les représentations initiales tant sur le combat et la guerre que sur la population algérienne, et bouleversa parfois l’image de soi.
- 50 Jean-Marie Domenach, « Démoralisation de la jeunesse », dans L’Express, n° 301, 29 mars 1957.
19Parti presque encore adolescent, le jeune homme revenait ancien combattant, sans que ce statut lui fût d’ailleurs reconnu. Beaucoup constatèrent à leur retour que leur entourage n’était pas prêt à les écouter. D’autres s’avouèrent qu’ils ne voulaient pas en parler. L’angoisse de la réadaptation fut souvent constatée. On craignit ce que Jean-Marie Domenach appela alors un « ensauvagement de la jeunesse50 ». On eut vaguement conscience de la fragilisation morale et psychologique que l’expérience algérienne pouvait avoir fait naître, mais en même temps, aucune forme de soutien psychologique ne fut mise en place pour apporter une aide à ceux qui la ressentaient.
- 51 Michel Rachline, Courrier d’Algérie, op. cit., p. 17, 35, 43, 72, 75, 93 et 114.
20On ne saurait tirer de conclusions générales à partir d’expériences individuelles, d’autant que celles-ci, on l’a dit, furent très diverses pendant la guerre d’Algérie, selon la chronologie et la géographie du conflit. On terminera néanmoins cette étude par un cas particulier, que l’on préservera dans sa singularité. C’est celui de Michel Rachline, dont la correspondance permet de suivre pas à pas l’évolution. Classe 1954-2, parti en 1955 plein d’espoirs dans l’Algérie française, animé par « le sentiment du devoir », il assurait dans une lettre à sa mère, fin 1955 : « À mon retour, je pourrai parler tête haute. » Quelques mois plus tard, il expliquait à son père : « Nous nous livrons à des représailles, c’est-à-dire que nous prenons des innocents, hommes ou femmes, fusillés en place publique. La voilà donc ma France spirituelle et généreuse… » Au fil des lettres, le désarroi se révéla, devenant vite désespoir et souffrance : « Je suis désemparé » (mars 1956) ; « Nous avons ici tout perdu, même nos âmes […]. Merci pour ma conscience, messieurs, un cancer incurable désormais la ronge tout entière » (mars 1956) ; « Je me défais. Décomposé par la mort des autres » (vers juin 1956) ; « La façade reste solide. Ne grattez pas elle cache des morts et des blessés, des tortures, un empire perdu et un soldat désespéré » (vers juillet 1956). Et, éprouvante, surgissait cette intime conviction : « Cette guerre a déplissé mon âme51. »
NOTES
1 Jean-Charles Jauffret estime à 1 179 523 le nombre d’appelés, de la classe 1954-1/A à la classe 1962-2/C, ayant accompli leur service militaire en Algérie (à l’exclusion des disponibles et des réservistes). (Jean-Charles Jauffret, Soldats en Algérie 1954/1962. Expériences contrastées des hommes du contingent, Paris, Autrement, 2000, p. 79-80.
2 Cf. Alain Corbin, Historien du sensible, Paris, La Découverte et Syros, 2000, p. 44-45.
3 Séries T et H au Service historique de l’armée de terre (SHAT) à Vincennes.
4 Benjamin Stora, La Gangrène et l’oubli. La mémoire de la guerre d’Algérie, Paris, La Découverte, 1991, p. 248.
5 Agnès Chauveau, « Guerre d’Algérie. Retour sur témoins », Entretien avec Benoît Rey. Émission diffusée sur France Culture le 16 juillet 2001.
6 Antoine Prost, « Les mots », dans René Rémond (dir.), Pour une histoire politique, Paris, Seuil, 1988, p. 258.
7 Cf. Odile Roynette, « Bon pour le service ». L’expérience de la caserne en France à la fi n du xixe siècle, Paris, Belin, 2000.
8 Arnold Van Gennep, Les Rites de passage, Paris, Librairie critique Émile Nourry, 1909.
9 « Étude psychologique d’un camp d’instruction 1961-1962 », SHAT 27T154/1* (l’astérisque signale l’obtention d’une dérogation pour consultation).
10 Cf. Erving Goffman, Asylums, [trad. fr.] Asiles. Études sur la condition des malades mentaux, Paris, Éditions de Minuit, 1968.
11 Général Molle, IXe région militaire (Marseille), Rapport sur le moral, 20 janvier 1955, SHAT 2T90*.
12 L’Avant-Garde rurale, février-mars 1961.
13 Lettre de Claude P…, 14 janvier 1961, dans Martine Lemalet, Lettres d’Algérie. La guerre des appelés, la mémoire d’une génération, Paris, J.-C. Lattès, 1992, p. 50.
14 Jean Baudou, En Algérie. La guerre d’un jeune appelé forézien. « Godillots et casque lourd » (novembre 1956/janvier 1959), Supplément à Village de Forez. Bulletin d’histoire locale, n° 73/74, avril 1998, p. 15-16.
15 Michel Rachline, Courrier d’Algérie (1955-1956), Paris, Luneau Ascot, 1980, p. 29.
16 Général Zeller, « Directive particulière pour la conduite de l’Instruction en 1956 sur les formes modernes de la guerre », 22 décembre 1955, SHAT 12T27*.
17 Synthèse de commandement, général Faulconnier (Ve région militaire) (Dijon), 30 août 1956, SHAT 6T290*.
18 Jean Brec, Derrière la Grande Bleue, Niort, chez l’auteur, 1989, p. 9.
19 Robert Castel, Présentation d’Erving Goffman, Asiles, op. cit., p. 30.
20 Témoignage cité dans Dire. Témoignages de salariés de Rhône-Poulenc Roussillon sur la guerre d’Algérie, Commission culturelle du comité d’établissement Rhône-Poulenc Roussillon Isère, 1994, p. 87.
21 Ibidem.
22 Pierre-André Canale, Mission Pacification Algérie 1956-1958, Paris, Éditions France Empire, 1998, p. 31.
23 Annie Crépin, La Conscription en débat ou le triple apprentissage de la nation, de la citoyenneté et de la république (1798-1889), Arras, Artois Presses université, 1998, p. 13 et 229.
24 Ve bureau de l’État-major, « L’Instruction civique », avril 1958, SHAT 27T179/3*.
25 Ibidem.
26 Jean-Louis Nageotte, La Jeunesse égarée, Mâcon, chez l’auteur, 1996, p. 30.
27 Général Navereau, « Rapport sur le moral » (VIe région militaire) (Lyon), 20 janvier 1956, SHAT 2T91*.
28 Jean Brec, Derrière la Grande Bleue, op. cit., p. 13.
29 Témoignage de Jean-Pierre Beltoise, dans L’Ancien d’Algérie, n° 355, mars 1997.
30 Noël Favrelière, Le Déserteur, Paris, J.-C. Lattès, Édition spéciale, 1973, p. 39.
31 Stanislas Hutin, Journal de bord. Algérie novembre 1955-mars 1956, Toulouse, Groupe de recherche en histoire immédiate, 2002, p. 86.
32 Témoignage d’un rappelé cité par Andrew Orr, Ceux d’Algérie. Le silence et la honte, Paris, Payot, 1990, p. 66.
33 Cité dans les résultats de l’enquête du GEROJEP (Groupe d’études et de rencontres des organisations de jeunesse et d’éducation populaire), 1959, Archives départementales du Val-de-Marne, 518 J 6.
34 Témoignage cité dans Les Années algériennes, émission de Philippe Alfonsi, Bernard Favre, Patrick Pesnot et Benjamin Stora, n° 1, « D’amour et de haine ».
35 Charles-Robert Ageron, « Les pertes humaines de la guerre d’Algérie », dans Laurent Gervereau, Jean-Pierre Rioux, Benjamin Stora (dir.), La France en guerre d’Algérie, Paris, BDIC, 1992, p. 170.
36 Jacques Frémeaux, La France et l’Algérie en guerre 1830-1870 1954-1962, Paris, Économica et Institut de Stratégie comparée, 2002, p. 256.
37 Témoignage de Gilles Perrault dans Gérard Marinier, Ils ont fait la guerre d’Algérie. Quarante personnalités racontent, Paris, 1983, p. 121.
38 George L. Mosse, Fallen Soldiers. Reshaping the Memory of the World Wars,Oxford, Oxford University Press, 1990. Antoine Prost souligne que la traduction française a davantage mis en exergue ce concept (De la Grande Guerre au totalitarisme. La brutalisation des sociétés européennes, Paris, Hachette, 1999). Cf. Antoine Prost, « Les limites de la brutalisation. Tuer sur le front occidental, 1914-1918 », dans Vingtième Siècle. Revue d’histoire, n° 81, janvier-mars 2004, p. 5-6.
39 Claude Barrois, Psychanalyse du guerrier, Paris, Hachette, 1993, p. 32 et 209.
40 Texte dactylographié de Jacques P… (classe 1954-1962/B), accompagnant sa lettre au cardinal Feltin, 22 juillet 1957, Archives du diocèse de Paris, 1D XV 12*.
41 Revue des corps de santé, Tome VI, n° 3, 1965, p. 329.
42 L. Crocq, P. Lefebvre, R. Sauvaget, P. Bernot, A. Savelli, « Archives neuro-psychiatriques de la guerre d’Algérie. Étude de 1 280 dossiers de l’hôpital militaire de Constantine », dans Médecine et armées, 1986, tome XIV, n° 4, p. 303.
43 Ibidem, p. 309.
44 Louis Crocq, Les Traumatismes psychiques de guerre, Paris, Odile Jacob, 1999, p. 97.
45 Jean Baudou, En Algérie, op. cit., p. 29.
46 Cf. Xavier Boniface, L’Aumônerie militaire française (1914-1962), Paris, Cerf, 2001, p. 470-473.
47 On renverra évidemment aux travaux de Raphaëlle Branche sur la torture et sur le viol, et notamment à La Torture et l’armée pendant la guerre d’Algérie, Paris, Gallimard, 2001, et « Des viols pendant la guerre d’Algérie », dans Vingtième Siècle. Revue d’histoire, juillet-septembre 2002, p. 123-132.
48 Entraîneur. Mensuel des jeunes chrétiens aux armées, n° 118, mai 1956.
49 Ibidem, n° 146, janvier 1959.
50 Jean-Marie Domenach, « Démoralisation de la jeunesse », dans L’Express, n° 301, 29 mars 1957.
51 Michel Rachline, Courrier d’Algérie, op. cit., p. 17, 35, 43, 72, 75, 93 et 114.
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