Pourquoi la France a-t-elle conquis l’Algérie ?
L’image d’Épinal du coup d’éventail du dey d’Alger au consul de France Pierre Deval, les dettes de la France et l’explication factuelle de l’enchaînement d’événements diplomatiques conduisant à la prise d’Alger ne suffisent pas à l’expliquer. De même, l’idée que l’armée française aurait eu besoin de laver son honneur après les guerres napoléoniennes, comme celle que le roi Charles X pensait pouvoir ainsi détourner l’opinion publique des problèmes intérieurs, ne permettent pas de justifier à elles seules cette entreprise coloniale dont les commencements furent particulièrement hasardeux et peu planifiés. La longue durée de l’occupation coloniale a contribué à occulter a posteriori les doutes marquant les décennies 1830 et 1840. Pour tenter de comprendre ces premières années d’occupation, il faut pouvoir imaginer aussi que la colonisation de l’Algérie aurait très bien pu ne pas avoir lieu.
On a beaucoup écrit sur l’absence de projet colonial initial et sur le concours de circonstances aboutissant à la colonisation de l’Algérie. Mais alors, pourquoi l’Algérie, pourquoi la France, à ce moment-là ? Le débarquement d’un corps expéditionnaire de 35 000 hommes à Sidi-Ferruch, le 14 juin 1830, avait bien plus les apparences d’une énième opération de police méditerranéenne que celles d’une guerre de conquête coloniale. Les Européens, gênés par la course en Méditerranée [s p. 89], avaient forgé l’image d’Alger comme nid de pirates. L’attaquer, c’était alors déloger l’occupant ottoman et ébranler un empire trop puissant. Les Français étaient prêts, les autres puissances européennes consentantes. La monarchie de Juillet hérita de cette action entreprise sous la Restauration, sans avoir de projet politique sur la question algérienne. Rien n’était joué en 1830 – et sans doute pas en 1840 non plus. C’est autour des mots d’ordre du retrait, voire dans le registre rapidement plus émotionnel de l’« abandon », que se dessina peu à peu une politique coloniale et que fut prise la décision de « rester ».
Mais les premières années de l’occupation ont laissé d’autres voix émerger. Ainsi, en 1832, le marquis Frédéric Gaétan de la Rochefoucauld-Liancourt produisit un long plaidoyer dénonçant la violence de l’occupation française à Alger, les exactions du duc de Rovigo [s p. 19], les pillages et expéditions punitives ayant fait fuir les tribus, la destruction des mosquées et les autres attaques contre la religion musulmane. Il qualifia publiquement l’occupation d’Alger d’« illégale et despotique ». Il n’est d’ailleurs pas anodin que le mot « décolonisation », dont on date parfois l’apparition des années 1950, soit, comme l’a noté Charles-Robert Ageron, attesté dès 1836 dans un manifeste d’Henry Fonfrède
Hélène Blais
Chronologie 1830-1880
1830
16 juin. – L’armée française, forte de 37 000 hommes, débarque sur la plage de Sidi-Ferruch.
19 juin. – Bataille de Staoueli, près d’Alger : les troupes françaises l’emportent sur celles de la régence ottomane.
5 juillet. – Capitulation d’Alger et transfert du Trésor de la Casbah à Paris, aux termes de la convention signée par le général Louis-Auguste de Bourmont, le chef de l’expédition française, et le régent ottoman Hussein Dey.
10 juillet. – Hussein Dey est contraint par les occupants français d’embarquer pour Naples et les membres de la milice turque sont expulsés vers l’Asie Mineure.
26 juillet. – Le chef kabyle des Flitta, El-Hadj Mohammed Ben Zamoum, réunit les chefs de tribus de la Mitidja, à Tamentfoust, qui décident la résistance à l’envahisseur.
28-30 juillet. – Révolution de Juillet ; le 9 août, Louis-Philippe se fait proclamer « roi des Français ».
8 septembre. – Un arrêté du (récemment nommé) maréchal de Bourmont séquestre la propriété des Turcs expulsés et les biens habous.
17 novembre 1830-1er janvier 1831. – Première expédition du corps expéditionnaire à Médéa (10 000 hommes) ; saccage de Blida.
28 novembre. – En représailles, massacre de cinquante canonniers français.
14 décembre. – Les troupes françaises occupent Mers el-Kébir.
1831
1er janvier. – Évacuation de Médéa par les troupes françaises, suivie, le 4 janvier, par l’occupation d’Oran.
29 juin-5 juillet. – Deuxième expédition à Médéa.
14-29 septembre. – Nouvelle occupation et évacuation de Bône.
1832
27 mars. – Les capitaines d’Armandy et Yusuf occupent Bône ; négociations avec Ahmed Bey.
5 avril. – Le duc de Rovigo fait exterminer la tribu des Ouffia, accusée à tort d’un vol. Réunion des chefs de tribus avec Ben Zamoum à Souk-Ali (près de Boufarik). Rovigo met Blida à sac et fait exécuter deux cheikhs, munis pourtant d’un sauf-conduit.
21-23 novembre. – Révolte des canuts lyonnais.
24 novembre. – Les tribus des Hachem, des Beni Amer et des Gharaba proclament l’émir Abd el-Kader chef de la résistance.
1833
Dans les Antilles, révolte d’esclaves au nord de la Martinique. Abolition de l’esclavage par le Royaume-Uni.
29 septembre. – Occupation de Bougie.
2 septembre-19 novembre. – Une commission d’enquête envoyée en Algérie par le roi Louis-Philippe conclut notamment : « Nous avons débordé en barbarie les barbares que nous venions civiliser… »
1834
26 février. – Signature d’un traité de paix entre le général Louis Alexis Desmichels et l’émir Abd el-Kader, reconnaissant l’autorité de ce dernier sur l’Ouest algérien, à l’exception des places d’Oran, d’Arzew et de Mostaganem.
13-14 avril. – Insurrection des Parisiens réprimée par le général Bugeaud.
12 juillet. – À la bataille de Mahraz, Abd el-Kader défait le chef de la tribu makhzen des Douairs, Mustapha Ben Ismaël.
22 juillet. – Une ordonnance applique en Algérie le régime en vigueur dans les autres colonies françaises : elle institue les « possessions françaises dans le nord de l’Afrique » (ancienne régence d’Alger), dirigées par un gouverneur général avec un pouvoir proconsulaire.
1835
Janvier. – Expédition punitive contre les Hadjoutes.
9 avril. – À Bougie, signature d’un traité entre le général Jean-Baptiste Drouet d’Erlon, gouverneur général, et le chef kabyle Oulid Ou Rabah.
28 juin. – Dans le défilé de la Macta, les forces de l’émir Abd el-Kader infligent une sévère défaite aux troupes du général Camille Alphonse Trézel.
6 décembre. – Le maréchal Clauzel occupe Mascara, évacuée par l’émir Abd el-Kader.
1836
13 janvier. – Le maréchal Clauzel occupe Tlemcen et impose une forte contribution de guerre aux Koulouglis, qui avaient pourtant sollicité sa venue.
29 mars-9 avril. – Expédition de Clauzel contre Médéa, sans résultats.
25 avril. – Le général Joseph-Gaston d’Arlanges subit à l’embouchure de la Tafna une défaite aussi grave que celle de la Macta.
6 juillet. – Le général Bugeaud repousse les troupes d’Abd el-Kader sur les bords de la Sikkak.
8 novembre. – Le maréchal Clauzel engage, avec 8 700 hommes, une expédition pour la conquête de Constantine ; elle échoue et se termine, le 1er décembre, par une retraite sur Bône.
1837
30 mai. – Traité de la Tafna, signé entre Bugeaud et l’émir Abd el-Kader, qui reconnaît à ce dernier la souveraineté sur les deux tiers de l’Algérie.
1er-13 octobre. – Deuxième expédition française (réussie) contre Constantine, avec 20 400 hommes, dont 16 000 combattants ; les généraux Charles-Marie de Damrémont (gouverneur général) et Alexandre-Charles Perrégaux sont tués ; on compte des milliers de victimes algériennes.
1838
24 mars. – Occupation de Koléa.
3 mai. – Occupation de Blida.
25 juin. – Début du siège d’Aïn-Mahdi par Abd el-Kader.
8 octobre. – Occupation de Philippeville (Skikda) par l’armée française.
1839
Première guerre de l’opium entre le Royaume-Uni et la Chine.
9 janvier. – Formation d’un établissement français au Gabon.
10-20 janvier. – Occupation d’Aïn-Mahdi et destruction de la ville par Abd el-Kader.
13 mai. – Occupation de Djidjelli.
Juin-juillet. – Victoire de l’armée égyptienne sur l’armée ottomane ; le pacha d’Égypte exige la souveraineté héréditaire sur l’Égypte et sur les territoires ottomans jusqu’à Damas ; il a le soutien de la France, mais l’Angleterre s’y oppose. La question d’Orient entraîne un mouvement belliciste en France.
17 octobre-2 novembre. – Expédition française des Portes de fer (Kabylie).
3-18 novembre. – Abd el-Kader prévient le général en chef Sylvain Valée et annonce la reprise de la guerre.
1840
2-7 février. – Valée occupe Mazagran, puis, le 15 mars, Cherchell.
12-17 mai. – Prise par les Français du Thénia de Mouzaïa et de Médéa.
8 juin. – Valée occupe Miliana.
15 juillet. – Traité de Londres, signé par l’Angleterre, l’Autriche, la France et la Russie, qui confirme la cession de l’Égypte à Méhémet Ali.
1841
19 avril. – Le gouvernement turc reconnaît la souveraineté héréditaire de Méhémet Ali sur l’Égypte.
23-25 mai. – Le général Achille Baraguey d’Hilliers détruit Boghari, Boghar et Taza.
25 mai. – Bugeaud détruit Tagdempt.
30 mai. – Occupation de Mascara.
25 août. – Échange de prisonniers entre Ben Allel et Mgr Dupuch, archevêque d’Alger.
19 septembre-19 novembre. – Bugeaud razzie les Hachem.
Octobre. – Destruction de la maison paternelle de l’émir Abd el-Kader et de la ville de Saïda.
1842
1er février. – Bugeaud occupe Tlemcen, puis, le 9 février, détruit Sebdou.
18 mai. – Bugeaud (avec 7 000 hommes) attaque les Beni Zeroual.
Septembre. – Abd el-Kader châtie les tribus du Bas Chélif.
1843
Mai. – Inauguration des lignes de chemins de fer Paris-Rouen et Paris-Orléans.
16 mai. – Prise de la smala d’Abd el-Kader par les troupes du duc d’Aumale.
17 mai. – En Kabylie, Bugeaud chasse le lieutenant de l’émir, Ben Salem, du Bas Sebaou et détruit cinquante villages ; le 23 mai, Mustapha Ben Ismaël est tué.
11 novembre. – Ben Allel, le plus valeureux des lieutenants d’Abd el-Kader, est tué.
1844
26 février. – Établissement du protectorat français sur Tahiti.
6 août. – Bombardement de Tanger.
14 août. – Bugeaud (avec 11 500 hommes) défait l’armée marocaine à Isly.
10 septembre. – Le traité de Tanger met Abd el-Kader « hors la loi dans toute l’étendue du Maroc ou de l’Algérie ».
1er octobre. – Une ordonnance française supprime le caractère inaliénable des habous et donne pouvoir à l’administration de disposer des terres réputées vacantes ; s’engage alors une vaste entreprise d’expropriation au détriment des paysans algériens.
1845
18 mars. – La convention de Lalla Maghnia entre la France et le Maroc délimite les territoires à la frontière algéro-marocaine.
14 avril. – À Aïn-Meran, le colonel Achille de Saint-Arnaud met en déroute les troupes de Bou Maza.
15 avril. – L’ordonnance du 15 avril 1845 place le gouverneur général de l’Algérie sous les ordres directs du ministère de la Guerre.
20-21 avril. – Attaque par Bou Maza du camp des Gorges, près de Ténès et d’Orléansville ; soulèvement de l’Ouarsenis.
21 mai-1er juin. – Saint-Arnaud met en déroute les troupes de Bou Maza.
19 juin-12 août. – Enfumades des Ouled Riah par le colonel Pélissier (760 morts) et des Sbéah par le colonel de Saint-Arnaud dans les grottes du Dahra.
16 juillet. – Bou Maza attaque et détruit le convoi d’un agha rallié.
8 août. – Bou Maza est battu par Saint-Arnaud.
13 août. – Le lieutenant-colonel Armand d’Allonville surprend Bou Maza chez les Ouled Younès. Bou Maza parvient à se sauver, abandonnant sa smala. L’insurrection s’étend, préparée dans les tribus par des émissaires de Bou Maza qui avaient même pris son nom.
19-23 septembre. – Le général Jean-Alexandre de Bourjolly livre un combat acharné aux tribus insurgées et subit de graves pertes lors de sa retraite ; fin septembre, l’insurrection englobe une grande partie des provinces d’Alger et d’Oran.
30 septembre-5 octobre. – Le général de Bourjolly inflige des pertes à Bou Maza.
18 octobre. – Incursion de Bou Maza sous les murs de Mostaganem pour enlever une tribu soumise ; le lieutenant-colonel Émile Henry Mellinet (1798-1894) force Bou Maza à abandonner la tribu et à s’enfuir.
1846
Voyage du député et historien Alexis de Tocqueville en Algérie au sein d’une commission parlementaire ; favorable à une administration civile de l’Algérie et une colonisation au moyen de grandes concessions, il soutient le général Lamoricière contre le maréchal Bugeaud, partisan d’une administration militaire et d’une colonisation par des paysans soldats.
24-25 avril. – Ne pouvant subvenir à leurs besoins, Ben Thami fait exécuter, à l’insu de l’émir, deux cent soixante-dix prisonniers français dont l’échange avait été refusé par Bugeaud.
Septembre. – Bou Maza essaie d’entraîner les Beni Snassen ; il se sépare d’Abd el-Kader et se retire vers le Sud.
21-24 septembre. – Les forces d’Abd el-Kader écrasent les troupes françaises à Sidi-Brahim ; le lieutenant-colonel Lucien de Montagnac est tué.
1847
10 janvier. – Le général Émile Herbillon investit l’oasis de Sidi Khaled où s’était réfugié Bou Maza.
27 février. – Reddition de Ben Salem, lieutenant de l’émir Abd el-Kader en Kabylie.
13 avril. – Bou Maza se rend à Saint-Arnaud.
Mai-juin. – Bugeaud (avec 8 000 hommes) et Bedeau (avec 7 000 hommes) marchent sur les Beni Abbès et détruisent tous les villages.
23 décembre. – Abd el-Kader dépose les armes. Il est enfermé au Fort-Lamalgue.
1848
En Europe, le « printemps des peuples » renverse en quelques mois le système issu du Congrès de Vienne.
Février. – Révolution à Paris : fin de la monarchie de Juillet et avènement de la IIe République. Outre les territoires outre-mer de l’Ancien Régime, la république hérite de la Restauration et de la monarchie de Juillet l’Algérie, Mayotte et Tahiti.
27 avril. – Abolition de l’esclavage par le gouvernement provisoire de la IIe République.
Juin. – Répression des journées révolutionnaires à Paris par le général Cavaignac.
Avril-novembre. – Abd el-Kader et sa suite sont transférés à Pau.
1849
En Inde, l’Empire britannique annexe le Pendjab.
Abd el-Kader est assigné à résidence au château d’Amboise, où il restera quatre ans.
Mars-novembre. – Les habitants de la petite oasis Zaâtcha refusent de payer des impôts exorbitants et entrent en insurrection ; après 192 jours de siège, commandé par le général Émile Herbillon (1791-1866), le 26 novembre, les troupes françaises massacrent tous les habitants (800 au combat, 600 sous les décombres) ; avec 8 000 soldats engagés, l’armée française compte 3 000 morts.
1850
Au Brésil, le trafic d’esclaves cesse officiellement, par décret impérial.
5 janvier. – Les habitants de Nara (Aurès) sont exterminés.
1851
Février. – En Kabylie, début de l’insurrection de Bou Baghla (dit l’« homme à la mule »).
9 mai-18 juillet. – Campagne de Saint-Arnaud contre les tribus des cercles de Collo et de Djidjelli. Mohammed Ben Abdallah, de la tribu des Ouled Sidi Cheikh, entre en insurrection à Laghouat.
16 juin. – La loi foncière du 16 juin 1851 tend à affirmer l’inviolabilité de la propriété des paysans algériens et l’inaliénabilité des terres arch, face aux abus de la colonisation.
21 septembre. – La loi douanière du 21 septembre 1851 fait de l’Algérie une annexe commerciale de la France.
2 décembre. – Coup d’État du président de la République Louis Napoléon Bonaparte, futur Napoléon III, qui marque de facto la fin de l’éphémère IIe République, avant l’avènement du Second Empire.
1852
16 octobre. – Abd el-Kader est libéré par Napoléon III.
2 décembre. – Napoléon III devient empereur des Français.
4 décembre. – Assaut des troupes françaises contre Laghouat : une boucherie.
21 décembre. – Abd el-Kader s’embarque pour Damas, via Constantinople.
1853
28 avril. – Prise de possession par la France de la Nouvelle-Calédonie ; en quelques dizaines d’années, les deux tiers de la population kanak disparaîtront et les cinq sixièmes de leurs terres agricoles leur seront confisqués.
Mai-juin. – Campagne de Kabylie : deux divisions (10 000 hommes) pénètrent dans les Babor.
Novembre. – Pour se débarrasser de Mohammed Ben Abdallah, qui parcourait librement le Mzab, le général Jacques Louis Randon lance contre lui le chef des Ouled Sidi Cheikh Cheraga, Si Hamza, qui bat l’insurgé à N’gouça.
1854
1854-1855. – Guerre de Crimée entre la France, le Royaume-Uni et l’Empire ottoman, d’une part, et la Russie impériale, d’autre part.
Mai-juin. – Randon occupe la région entre Dellys et Bougie et pénètre au cœur du massif kabyle.
3 juin-6 juillet. – Expédition dans le Haut Sebaou contre Bou Baghla.
29 novembre. – Le commandant Marmier écrase Mohammed Ben Abdallah à Meggarine.
30 novembre. – Ferdinand de Lesseps obtient les droits pour percer et exploiter le futur canal de Suez.
26 décembre. – Mort de Bou Baghla.
28 décembre. – Le colonel Desvaux entre à Touggourt et occupe le Souf dont El Oued.
1857
Avril. – Remise en cause du système colonial britannique ; révolte indienne des Cipayes.
24 juin. – Combat d’Icheriden en Kabylie, une des plus dures opérations de la conquête française.
1er juillet. – Soumission des Beni Yenni.
11 juillet. – Capture de Lalla Fatma N’Soumer. Les Kabyles sont frappés d’une indemnité de guerre de 2 millions de francs.
1858
20-21 juillet. – Accord de Plombières : alliance franco-piémontaise contre l’Autriche.
1859
Guerre hispano-marocaine ; les Espagnols occupent Tétouan.
Février. – Les Français s’emparent de Saigon ; début de la conquête et de la colonisation de l’Indochine.
Campagne des Beni Snassen : le mouvement insurrectionnel, parti du Maroc, gagne les tribus algériennes de la région de Tlemcen et de Nemours ; le général de Martimprey pénètre avec 15 000 hommes dans le massif des Beni Snassen et contraint les tribus à demander l’aman ; 3 549 Français meurent du choléra.
1860
23 janvier. – Traité de libre-échange entre la France et l’Angleterre.
Juillet. – Abd el-Kader sauve les chrétiens de Damas.
16 septembre. – L’armée française arrive au Liban pour protéger les chrétiens maronites massacrés en Syrie et au Liban.
17-20 septembre. – Voyage de Napoléon III à Alger ; à cette occasion, il évoque le « royaume arabe ».
Octobre. – Ouverture de seize ports chinois au commerce occidental après l’occupation de Pékin par la France et l’Angleterre.
1862
Mai. – Ouverture de la première ligne de chemin de fer algérienne, entre Alger et Blida.
5 juin. – Traité de Saigon : l’empereur d’Annam Tu Duc est contraint de céder à la France trois provinces orientales de la Cochinchine.
1863
22 avril. – Un sénatus-consulte définit pour la première fois depuis la conquête les formes de propriété des paysans algériens détenteurs de terres melk (propriété familiale privative) ou occupant des terres arch, ouvrant ainsi en pratique la voie à une plus large colonisation foncière.
23 avril. – Instauration du protectorat français sur le Cambodge.
1864
Mars. – Début de la révolte des Ouled Sidi Cheikh dans le Sud-Oranais.
8 avril. – Combat d’Aouïnet bou Bekr ; le colonel Alexandre Beauprêtre est tué et sa colonne décimée ; Si Mohammed prend la tête de l’insurrection, qui s’étendra du djebel Amour au Titteri, gagnant vers l’est le pays des Flitta agité par le marabout Si Lazreg, jusqu’en Kabylie orientale.
3 juin. – Si Lazreg, qui avait pillé Zemmora et brûlé Ammi Moussa, est tué par l’armée française.
1865
Avril. – L’insurrection des Ouled Sidi Cheikh persiste dans le Sud-Oranais.
14 juillet. – Un sénatus-consulte fixe le statut juridique des indigènes musulmans.
1866-1869
À partir de 1866, les calamités s’abattent sur l’Algérie : essaims de sauterelles ravageant les cultures, tremblement de terre à Blida le 2 janvier 1867, sécheresse, choléra et famines (en 1868, la moitié du cheptel périt). Le terrible bilan des pertes humaines de cette période, aggravé par la politique coloniale, ne sera jamais précisément établi ; il serait de 300 000 à 500 000 morts, soit de l’ordre du cinquième de la population algérienne de l’époque.
25 juin 1867. – Annexion complète de la Cochinchine par la France.
17 novembre 1869. – Ouverture du canal de Suez.
1870
10 août. – Le général François Durrieu, éphémère gouverneur de l’Algérie, instaure l’état de siège, mais l’armée d’occupation est réduite à 43 090 hommes, du fait de la mobilisation des troupes sur le front de la guerre avec l’Allemagne.
Septembre. – Insurrection dans le sud de la Martinique.
2 septembre. – Défaite de Napoléon III à Sedan contre la Prusse.
4 septembre. – Proclamation de la IIIe République.
Octobre-décembre. – Trois décrets des 24 et 30 décembre substituent pour le gouvernement de l’Algérie le « régime civil » au « régime militaire » qui prévalait depuis la conquête.
24 octobre. – Décret Crémieux prescrivant la naturalisation des Juifs indigènes.
1871
18 janvier. – Proclamation de l’Empire allemand dans la Galerie des glaces à Versailles (IIe Reich).
20 et 23 janvier. – Soulèvement des spahis à Moudjebeur et à Aïn-Guettar, qui refusent d’être envoyés en France. La mutinerie d’Aïn-Guettar tourne à l’insurrection, et les mutins cherchent appui auprès de la puissante famille des Resgui. Les Resgui donnent à la révolte le sens d’une lutte pour l’indépendance ; leur appel est entendu par les Hanencha.
26-28 janvier. – Souk-Ahras est assiégé. Les incidents insurrectionnels se multiplient. Certaines djemaa se constituent en chertya, sorte de comités de salut public.
14 février. – La tribu des Ouled-Aïdoun, à El Milia, entre en dissidence et assiège le bordj.
27 février. – Lettre de démission du bachaga kabyle Mohamed El-Mokrani, renouvelée le 9 mars.
16 mars. – Prise et incendie de Bordj-Bou-Arreridj ; El-Mokrani fait intervenir le cheikh Améziane El-Haddad de la confrérie Rahmaniyya, ce qui change le sens du conflit : la confrérie luttera pour l’indépendance du pays avec l’appui du peuple kabyle.
8 avril. – El-Haddad lance l’appel à la guerre sainte sur le marché de Seddouk. La révolte s’étend des environs d’Alger à Collo et de la mer au désert. Les insurgés saccagent les fermes, détruisent les villages et incendient les forêts ; ils pillent Bordj-Menaïel et Palestro (le 20 avril), attaquent Sétif, Dra-el-Mizan, Tizi Ouzou, Fort-National, Dellys, Batna, Bordj-Bou-Arreridj, Touggourt et Ouargla ; le 22 avril, ils s’avancent jusqu’à l’Alma, dans la Mitidja.
17 avril. – Une tentative des Ouled Sidi Cheikh dans le cercle de Sebdou est réduite en un seul combat.
5 mai. – El-Mokrani est tué ; son frère Boumezrag poursuit la lutte.
8 mai-10 juin. – Bougie résiste aux attaques des insurgés.
10 mai. – Signature du traité de Francfort qui oblige la France à céder l’Alsace et le nord de la Lorraine à l’Empire allemand.
11 mai. – La colonne Lallemand dégage Tizi Ouzou et Dellys ; un mois plus tard, le 11 juin, Fort-National est débloqué.
24 juin. – Les insurgés perdent la bataille d’Icheriden ; six jours plus tard, les fils du cheikh El-Haddad, Si Aziz et son frère, se rendent ; mais l’insurrection continue avec Boumezrag El-Mokrani.
13 septembre. – La reddition des Zouara sonne le glas de l’insurrection.
8 octobre. – Capture de la smala de Boumezrag (lui-même sera arrêté le 20 juin 1872).
25 novembre. – La France et l’Angleterre deviennent copropriétaires du canal de Suez.
1873
27 mars. – Boumezrag est condamné à mort, condamnation commuée en déportation en Nouvelle-Calédonie ; il reviendra le 13 juillet 1905 à Alger, où il mourra le 13 juillet 1906.
26 juillet. – Vote de la « loi Warnier », « relative à l’établissement et à la conservation de la propriété en Algérie » : elle vise à la francisation des terres en « les purgeant des droits réels musulmans », d’où spoliation ; elle autorise aussi une « procédure d’enquête partielle » qui permet d’acquérir de la terre arch. L’application de cette loi sera suspendue en 1891 en raison de ses résultats catastrophiques.
1876
La reine Victoria est couronnée impératrice de l’Empire des Indes.
11-29 avril. – Soulèvement de la tribu des Bou Azid, qui occupent l’oasis d’El Amri et livrent un premier combat à la colonne du général Carteret-Trécourt ; le chef des insurgés, Mohammed Ben Yahia, est tué. Après de durs combats, les insurgés capitulent le 29 avril.
1879
30 janvier. – Démission de Mac-Mahon ; Jules Grévy est élu président de la République.
15 mars. – Albert Grévy est le premier civil nommé gouverneur général. Jusqu’à la chute du Second Empire, l’Algérie dépendait du ministère de la Guerre et les gouverneurs généraux étaient systématiquement des officiers. La IIIe République inaugure le régime civil en mettant fin à cette gestion par le ministère de la Guerre. Mais la fonction de gouverneur a continué d’être exercée par des militaires, jusqu’à cette nomination d’Albert Grévy, frère du président de la République.
30 mai. – L’insurrection d’une partie de l’Aurès occidental débute par l’assassinat de trois caïds des Ouled-Daoud et des Beni Bou Slimane par les partisans d’un prédicateur, Mohammed Amziane Ben Abderrahmane.
6 juin. – Après la répression, Mohammed Amziane et quelques-uns des siens se jettent dans le désert ; arrêtés dans le Djérid par des agents du bey de Tunis, ils sont livrés aux Français.
25 septembre. – Jules Ferry devient président du Conseil. Outre la réforme de l’enseignement, il compte développer la politique coloniale française en Extrême-Orient et en Afrique.
20 octobre. – Ferdinand de Lesseps fonde une seconde Compagnie du canal interocéanique de Panama.
1880
En Espagne, abolition de l’esclavage.
10 septembre. – Le traité entre Pierre Savorgnan de Brazza et Makoko Ilôo, chef des Batéké, établit la souveraineté française au Congo.
Premier mensonge, l’attaque d’Alger en 1830 aurait été décidée suite à un incident diplomatique. Il est établi que la France ne voulait pas rembourser ses dettes envers l’Algérie et que c’est pour cette raison qu’elle a déclenché la guerre.
Deuxième mensonge, la conquête se fait sans résistance. C’est faux et cette version est d’ailleurs mise au point uniquement pour faire croire que la France était supérieure sur tous les plans à l’Algérie. C’est dans cette logique raciste qu’est sous-entendue comme normale et bienvenue l’arrivée de la France en tant que « civilisatrice » . En un mot, on ne repousse pas son bienfaiteur!
Troisième mensonge, les Algériens auraient été des sauvages alors que c’est Bugeot et ses sbires payés pas l’Etat français qui ont dévasté le pays et massacré hommes, femmes et enfants.
Les commentaires récents