Entre émerveillement et découverte, Oued Souf ne laisse personne indifférent.
«Ma première vision d’El Oued me fut une révélation complète, définitive de ce pays, âpre et splendide qu’est le Souf, de sa beauté étrange et de son immense tristesse aussi.» Isabelle Eberhardt : Dans l’ombre chaude de l’Islam
Oued Souf qui a émerveillé André Gide, Isabelle Eberhardt, Marc Cote… ne cesse d’être source d’émerveillement pour son visiteur. C’est la révélation par excellence du désert. Secret, mystique ce désert est aussi une terre des hommes qui ont su dompter un Sahara où l’existence des oasis s’avère une création complètement artificielle dont chaque pouce de terrain est directement disputé aux dunes. Noyée dans l’étendue du grand erg oriental, Oued Souf offre au visiteur la possibilité de pénétrer ce fameux erg dont l’Algérie détient les 9/10es. Elle doit son nom aux cours d’eau qui traversaient la région en des temps immémoriaux, mer de sable à présent. Al Adouani, un chroniqueur arabe, raconte qu’à l’arrivée des Trouds, une tribu yéménite persécutée dans la région, au XIVe siècle, ils découvrirent l’Oued Souf encore visible. Ils s’installèrent près des cours d’eau encore affleurants et donnèrent le nom de Oued El Alenda (rivière de l’acacia), Oudey Tourk (ruisseau des Tourk), Oumih Ouensa (petite mare d’Ouensa) à la kyrielle de petits villages parsemés sur la route reliant El Oued à Touggourt.
Zone frontalière avec la Tunisie, la wilaya d’El Oued n’a jamais cessé d’être une escale sacrée dans le circuit des oasis. Les deux dernières années ont toutefois enregistré une recrudescence du nombre de touristes étrangers, notamment tunisiens transitant par le poste de Taleb Larbi. La moyenne mensuelle de ressortissants étrangers est de 3000. El Oued compte six hôtels avec une capacité d’accueil de 643 lits, une zone d’expansion touristique à El Oued-ville et huit autres nouvellement créés dans les différentes oasis de la wilaya.
Attractive, El Oued compte déjà trois grands projets dont un complexe de 449 lits à Oued El Alenda ; un hôtel de 100 lits, 8 bungalows et un parc d’attractions sur la route de Robbah et un petit hôtel saharien à Djemaa. Sept agences touristiques se disputent le marché local. Oued Souf, ce sont des ghouts uniques au monde et en Algérie ou cinq siècles durant les soufis ont creusé des entonnoirs et planté des palmiers qui cherchent l’eau dans les profondeurs de la terre au lieu d’être irrigués d’en haut. Les amateurs du désert viennent à El Oued surtout pour traverser l’erg oriental et malgré les précautions sécuritaires qui s’imposent, c’est l’immensité des dunes entrecoupées d’oueds jusqu’au puits de Couchet Errighi qui ouvre la méharée commençant à Debbabib.
La zone compte une multitude de puits servant à l’abreuvage des dromadaires et caprins en transhumance dans un décor fascinant : du sable, des oueds, des arbres et plantes spécifiques mais surtout des animaux spécifiques, tels que le fennec et la gazelle, confèrent toute sa dimension de terre vierge à découvrir à Oued Souf. L’attrait des petits campements nomades hospitaliers est un plus pour celui qui veut découvrir les sites naturels et déguster un thé fait sur la braise. Mais la direction locale du tourisme voudrait attirer l’attention sur l’archipel de sable en proposant aux professionnels six nouveaux circuits oasiens à promouvoir auprès de la clientèle.
Le point de départ étant El Oued-ville, l’itinéraire mènera au choix soit à Sidi Khalil en passant par Still et Mghaier vers Sidi Khalil, soit par Oued Alenda vers l’Ouest et les Zgoum vers Magrane, de Trifaoui vers Douar El Ma, d’El Bayadha vers Nakhla ou bien encore de Guemar vers Morara. Pour les amateurs de découvertes citadines loin des dunes, la ville des mille coupoles organise sa fête annuelle durant le mois de mars de chaque année, tandis que Djemaa abrite la hadhra de Rjal El Hachane durant la même période.
Oued Souf, patrimoine universel de l’humanité
En 2002, le ministère de la Culture a soumis Oued Souf à la classification en tant que patrimoine universel. Elle répond à quatre critères de classification de l’Unesco, à savoir : 1. témoigner d’un échange d’influences considérables pendant une période donnée ou dans une aire culturelle déterminée, sur le développement de l’architecture ou de la technologie, des arts monumentaux, de la planification des villes ou de la création de paysages ; 2. apporter un témoignage unique, ou du moins exceptionnel, sur une tradition culturelle ou une civilisation vivante ou disparue, les ghouts en l’occurrence ; 3. offrir un exemple éminent d’un type de construction ou d’un ensemble architectural ou technologique ou de paysage illustrant une ou des périodes significatives de l’histoire humaine pour ce qui est des coupoles ; 4. être un exemple éminent d’établissement humain traditionnel, de l’utilisation traditionnelle du territoire ou de la mer, qui soit représentatif d’une culture, ou de l’interaction humaine avec l’environnement, spécialement quand celui-ci est devenu vulnérable sous l’impact d’une mutation irréversible.
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