Le port de Tipaza est situé à l'Est du promontoire
avancé du Chenoua désigné aussi sous le nom de Ras-el-Amouch,
au pied d'une chaîne de collines régulières de 250 à 300 mètres
de hauteur, parallèle à la côte et située à 3 ou 4 kilomètres de la
mer, entre l'oued Nador qui la sépare du Chenoua et l'oued Mazafran qui la
sépare du massif de la Bouzaréa.
Un phare est construit sur la pointe de Ras-el-Kaiia,
au N.O. élevé à 31 mètres au-dessus de la mer.
La baie comprise entre l'extrémité Nord du promontoire du
Chenoua et la pointe rocheuse de Tipaza offre un bon mouillage, bien
abrité des vents compris entre l'Ouest et l'O. N. O. Mais les navires
doivent toujours être prêts à le quitter dès que le vent s'élève au
N.N.O., la mer y devient alors fort grosse.
C'est au fond de cette baie que se jette à la mer l'oued Nador.
Des ruines considérables couvrent le sol à l'intérieur et à l'extérieur
de l'enceinte ancienne. Nous citerons les principales : l'église,
rectangle de 60 sur 3o mètres, à l'Est; les citernes voûtées,
alimentées autrefois par les eaux du Nador amenées par un aqueduc
dont on retrouve encore des restes bien conservés; le théâtre
et une fontaine en hémicycle, découverte par un des principaux
colons de Tipaza, M. Trémaux, à l'entrée de la ville et sur le bord
de la route.
A quelques centaines de mètres à l'Est et à l'Ouest de la ville,
sur deux petits promontoires élevés d'une trentaine de mètres, on
trouve deux cimetières, véritables nécropoles antiques où les
tombeaux en pierre sont beaucoup plus nombreux que ne l'aurait
comporté cette ville d'après ses dimensions probables. C'est dans
le cimetière de l'Est, vers l'arête Nord du plateau, qu'était l'église
mentionnée plus haut; au milieu des pierres écroulées on voit encore
une pierre dans laquelle est découpé le monogramme du Christ.
L'ancien port romain semble avoir été construit, dit M. le contreamiral
Mouchez {Instructions nautiques), à l'abri des deux îlots, à
et la facilité des communications du port de Tipaza avecl'extrémité
Ouest de la plaine de la Mitidja, par la vallée du Nord, semblent
cependant devoir assurer une certaine prospérité à ce centre.
La population totale est de 2,061 habitants.
Communications.
- Un chemin vicinal longeant le bord de la mer
assure les communications vers l'Est et vers l'Ouest. Du côté
de l'Est, le chemin dessert plusieurs petits ports et se rattache sur
la rive gauche du Mazafran à la route d'Alger à Koléa.
Vers l'Ouest, le massif du Chenoua n'ayant pas permis de suivre
le rivage, le chemin remonte le cours de l'oued Nador pour gagner
Marengo, sur la route de Cherchell. La station du chemin de
fer la plus voisine est celle d'El-Affroun, sur la ligne d'Alger à Oran.
DÉBARCADÈRE A TIPAZA.
Historique.
— La construction d'un débarcadère a été réclamée, dès 1855,
par le concessionnaire du territoire de Tipaza, pour faciliter
le développement du village que l'on supposait à cette époque
devoir prendre rapidement une importance considérable; l'exécution
de cet ouvrage était mise à la charge de l'État, mais le Gouvernement restait libre de fixer
l'époque et l'importance des travaux.
Le service du Génie avait bien tenté, antérieurement même au
décret de concession, l'établissement d'un petit débarcadère en enrochements,
près du poste de douane qui venait d'être installé;
mais dès l'hiver suivant, le débarcadère fut enlevé par la mer.
On chercha à utiliser une petite crique voisine de l'ancien port;
les constructions nécessaires à la création d'un véritable port,
quoique très réduit, eussent entraîné une dépense de plus de
100,000 francs, hors de proportion avec le résultat à atteindre;
aucune suite ne fut donnée à celte idée. On se borna à proposer
l'exécution d'un simple débarcadère, accessible aux allèges qui
opéreraient le chargement et le déchargement des navires mouillés
au large de Tipaza, à l'abri du Chenoua.
Ce débarcadère devait être placé, d'après l'avant-projet des
2 3 mars-10 avril 1858, sur un plateau de rocher partant du bâtiment
de la douane et se dirigeant vers l'Est, en laissant au Sud
une petite crique assez bien abritée. La dépense était évaluée
à 23,ooo francs.
L'emplacement proposé présentait l'inconvénient assez grave
d'être encombré de tètes de rochers; on devait bien les faire disparaître,
mais on craignait en outre l'ensablement.
On a créé un terre-plein compris entre deux murs en
maçonnerie, reliant un îlot à la terre ferme et rattaché au village
par une rampe d'accès. Le mur Est, le seul accessible aux embarcations,
était élevé, comme le terre-plein, à 1 mètre au-dessus du
niveau de la mer; le mur Ouest, surélevé de im,56, formait mur
de garde et protégeait le terre-plein contre la mer.
Le tirant d'eau le long du mur de quai variant de 1m,10 à
3m10 cet ouvrage devait être accessible non seulement aux
allèges, mais encore aux bâtiments légers qui font le cabotage sur
la côte. Enfin, le point proposé étant plus enfoncé dans l'intérieur
de l'anse, était mieux abrité par sa situation même et par quelques
îlots et hauts-fonds dans la direction du N.E.
La dépense était évaluée à 26,000 francs.
Ce projet, examiné par une commission de gens de mer, a été
définitivement approuvé par décision du Ministre de l'Algérie et des
colonies du 3 novembre 1850,, sous réserve d'une légère modification
à apporter au tracé du mur Ouest du terre-plein.
Les travaux, commencés en 1860, ont été terminés en 1861 ; les
dépenses se sont élevées à 31,000 francs, dépassant de 7,000 francs
les prévisions; ce dépassement a été motivé par les difficultés rencontrées
pour l'ouverture de la rampe d'accès, par les avaries survenues
pendant l'hiver et enfin par l'augmentation du pavage qui,
prévu seulement le long des murs Est et Ouest, a du être étendu
en cours d'exécution à toute la surface du terre-plein.
L'établissement d'un mur de garde sur l'îlot rocheux formant l'extrémité
Nord du débarcadère (décision approbative du 2 août
1867). La dépense était évaluée à 6,5oo francs.
Enfin nous mentionnerons l'enlèvement, en 1873, de blocs et
de gros galets, sur la plage située au S.E. du débarcadère; ce travail,
demandé par les habitants, avait pour objet de permettre le
halage des embarcations des pêcheurs; il a exigé une dépense de
1,5oo francs, à laquelle les intéressés ont contribué pour 600 francs.
Depuis cette époque il n'a été apporté aucune modification au
débarcadère de Tipaza ; on se borne à entretenir les pavages et les
maçonneries; une réparation relativement importante a été faite
à la cale en 1876 : un angle de cet ouvrage démoli par la tempête
du 12 janvier a été refait en entier.
Description.
— Le débarcadère est à l'Est d'une crique d'environ
90 ares ouverte au Nord et au N. E. ; il comprend : 1° un mur de
quai de 21 mètres de longueur, orienté du Nord au Sud, avec un
tirant d'eau variant de 1m,5o à 3 m,20 une cale inclinée de
5 mètres de largeur. Le tirant d'eau sur l'arête inférieure est de 0m,5o.
Le terre-plein dallé a une superficie de 1,656 mètres carrés; il
est abrité par deux murs construits, l'un au Nord, l'autre à l'Ouest.
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otices sur les ports de Cherchell et Tipaza / par M. Meunier
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