CAMUS: UN JEUNE HOMME REVOLTE

UN JEUNE HOMME REVOLTE: ALBERT CAMUS A 20 ANS

 

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Parmi les nombreuses parutions, plus ou moins inspirées, sur la vie et la pensée immortelle d'Albert Camus, auteur, témoin de son siècle,  internationalement traduit, le livre de Macha Séry édité dans la collection dirigée par Louis-Paul Astraud, les écrivains à 20 ans, fait date.
A recommander en  guise de viatique pour mieux connaître la vocation de Camus, et aussi pour montrer la contemporanéité de sa pensée, au delà des caprices de la société du spectacle intellectuel.
Un plus pour les lycéens que cette biographie de la jeunesse de l'homme, déjà tiraillé entre la promesse et la fin.

 

Macha Séry n'a certes pas donné comme sous titre à cette biographie de genèse  "Premiers combats", par hasard. Camus, engagé et militant, au micro comme à Alger républicain ou à Combat et à L'Express, nul ne saurait en douter avec la distance.  Journaliste engagé donc, mais penseur en recherche, combattant d'abord contre une maladie de pauvre, conscient à l'âge où l'on n'est pas sérieux, 17 ans, de la propre fin d'un corps qu'en bon latin il célèbre sans complexe.

Celui qui n'aura pas eu le temps d'achever son oeuvre de mâturité, la liberté de cette pensée du midi héritée de l'héllenisme et du christianisme, est en effet révélé ici, jeune homme combattif malgré la maladie, et fraternel par naturel.

Ce  "Premier homme" sans père, mais doué et charismatique apparaît sous la plume de Macha Séry, comme un être à part, un petit Mozart que le Destin n'assassinera pas, tant il a l'intuition de ce qui est bon pour nourrir ses passions intellectuelles, sa recherche spirituelle et métaphysique, en paralléle à ce que la trajectoire singulière de sa vie lui réserve.

La topographie joue un grand rôle dans ce récit fort bien écrit et qui se lit avec bonheur. L'auteur, tout comme Elizabeth Hawkes aux Etats Unis, ne sépare jamais le vécu et les choix thématiques de l'auteur de "L'envers et l'endroit "ou de "la Chute".

Sincère parmi les sincères, déjà le jeune homme est engagé et non calculateur. On découvre avec lui que l'engagement rime inévitablement avec rupture.  C'est l'un des messages forts de sa cohérence morale qui ressort de cette contribution biographique. Un message entendu par les nouvelles générations.

Pour les autres, les citations choisies par Macha Séry nous rappellent aussi combien les différents biographes ont parfois dénaturé les paroles et les actes d'Albert Camus, citoyen français d'Algérie, réformé en 1940 et exempté de Monte Cassino par exemple, mais choisissant de rejoindre la France, pour sa santé de plus en plus précaire certes, mais aussi pour combattre dans la résistance et créer Combat.                                           

                                            Sous la plume de Macha Séry, déjà l'homme se profile en la silhouette du jeune homme: sur la réserve ou farceur, engagé ou primesautier, solidaire ou solitaire. En tout cas lucide avec ses mentors et ses maîtres sur la condition de l'homme moderne et audacieux.

Son discours de Suède révèle au plus au point l'originalité irréductible de Camus, homme de théâtre à la voix bien timbrée: "Personnellement, j'aurais voté pour Malraux".....et le rappel de la menace que constitue Hiroshima et Nagasaki pour la survie de la Terre dans les siècles à venir...

Aussi visionnaire qu'Orwell, aussi cocasse que Mark Twain, aussi exigeant que Malraux dans le reportage, oui, Camus est incontournable et ce petit livre contribue avec bonheur à mieux le connaître.

Autrement.

Albert Camus à 20 ans, de Macha Méry, collection Premiers Combats aux éditions du Diable Vauvert, 12 euros.

 

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http://annachronique.blogs.nouvelobs.com/archive/2011/12/01/camus-un-jeune-homme-revolte-recit-passionnant-et-novateur.html