Voyages initiatiques au cœur des civilisations antiques
La vocation artistique du sculpteur Kaci, son goût immodéré pour l’antiquité et ses fastes, il faut très certainement remonter à l’époque lointaine de son enfance où, jeune gamin, il déambulait avec l’innocence chevillée au cœur, à travers les ruines romaines de Tipasa.
La vocation artistique du sculpteur Kaci, son goût immodéré pour l’antiquité et ses fastes, il faut très certainement remonter à l’époque lointaine de son enfance où, jeune gamin, il déambulait avec l’innocence chevillée au cœur, à travers les ruines romaines de Tipasa. Il est attiré comme un aimant, subjugué par les vestiges, l’esprit emporté et fasciné par des monuments que les morsures du temps ne sont pas parvenues à effacer.
La passion vient de trouver son point d’ancrage, sa raison d’être nourrie par ce substrat et cet «humus» antique.
L’attachement de l’artiste-sculpteur à ce legs du passé ne s’est jamais démenti. Il s’est conforté à l’aune de figurines, de statuaires, de ces temples imposants et élégants, gorgés d’énigme, de sagesse et de spiritualité ancestrale.
L’artiste, ancien élève de l’Ecole nationale supérieure des Beaux-Arts de Paris, en garde une trace indélébile qui conditionne et influence, jusqu’à l’incandescence, son travail et sa veine créative.
L’exposition qu’il donne à voir au public du CCF, jusqu’au 28 juillet, est un exemple patent, une preuve irréfragable de cette filiation charnelle qui le lie aux grandes civilisations de l’antiquité.
C’est la somme de plus de vingt années de labeur passées à polir et à dompter le bronze, à malaxer la terre cuite, à la travailler pour en extraire des formes voluptueuses, transmettre une sagesse et une douceur exhumées des ces périodes ineffables dans l’histoire de l’humanité.
Le sculpteur Kaci n’a pas choisi son fil conducteur par simple caprice ou saute d’humeur car l’art qu’il pratique, est probablement le plus accompli, celui qui peut le mieux exprimer l’idéal de perfection, la beauté et la plasticité des choses. C’est un rituel qui donne de l’âme aux matériaux usités, leur confère une volupté non dénuée de poésie. C’est le péché de Prométhée qui y trouve un exutoire captivant.
Parcourir les œuvres de Kaci, c’est consentir à faire un saut dans cette fulgurante et foisonnante civilisation, dont les empreintes égyptiennes, sumériennes, gréco-romaines, étrusques, s’affirment à l’évidence.
Ce sont des fragments de l’humanité qui s’exhibent avec leurs énigmes et mystères, de signes ésotériques.
Voyage temporel pour retrouver un passé mythique, au travers de personnages paisibles et presque effacés, qui sonne comme un témoignage de reconnaissance, une espèce de dialogue des civilisations que l’artiste cherche à mettre en valeur avec humilité, à en traduire l’infinie valeur dans le rapprochement des cultures et des héritages communs.
Il n’est pas erroné de parler d’hymne à la mémoire collective, d’hommage au brassage des patrimoines et des apports civilisateurs.
L’artiste ne sombre pas pour autant dans un confort spirituel passéiste et suranné, il ne veut point se réfugier dans une époque que l’on tient pour révolue. Il rejette la sclérose et les réflexes figés. L’antiquité semble lui accorder de la force pour valoriser son inspiration, lui servir de thérapie roborative, un état de grâce. Cette filiation ombilicale qui embrasse un large spectre d’héritages « pluriels » n’est pas pour déplaire à un public friand de belles œuvres.
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Kaci. Bronze et Terre cuite. Récits de voyages. Au Centre culturel français d’Alger.
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M.B.
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