Gallimard jeunesse, 2009, coll. Fétiche)
Algérie, dans les hauteurs semi-désertiques du pays, un instituteur français reçoit la visite d'un gendarme et de son prisonnier indigène. A lui d'amener l'homme à Tinguit où il sera jugé pour meurtre. Cette tâche, l'homme l'accepte à contre-coeur et devra la confronter à sa conviction intime et la complicité étrange qui va le lier à cet homme dont il ne sait rien.
J'aime Ferrandez depuis ma découverte de ses sublimes Carnets d'orients, une fresque qui m'a fait découvrir un pays et une histoire qui fait partie de mon histoire familiale. J'aime ses dessins délicats, son sens du récit, ses personnages, les couleurs magnifiques qu'il emploie, sa finesse et sa sensibilité pour aborder des thèmes forts, durs, et des événements qui provoquent encore la passion et la haine.
Il choisit là d'adapter l'Hôte d'Albert Camus, un texte court, une nouvelle que je n'ai, je l'avoue, pas lue mais que j'ai découverte par les images de Ferrandez. Toujours aussi sublimes les images: on parcourt du regard les paysages immenses des montagnes algériennes, on ressent jusqu'à l'os l'isolement, le froid, la rudesse de ce monde de pierre, une rudesse qui répond à celle des hommes et à celle d'une époque où l'on doit choisir son camp et où toute humanité se heurte à la violence et l'incompréhension. Entre l'instituteur et le prisonnier se tisse un lien étrange, fait d'une sorte de respect mutuel, de découverte silencieuse de l'autre, un lien qui ne résistera pas au monde extérieur. Pas ou peu de dialogue, juste l'image et la force qu'elle donne au récit, sa fausse simplicité qui mène au dénouement qu'on devine tragique mais qui reste dans l'ombre. Comme si le bref instant de compréhension et de respect devait être préservé de la violence à venir.
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Algérie, octobre 1958. L'armée française a repris le contrôle du terrain après la bataille d'Alger. Chaque camp doit maintenant faire face à une nouvelle épreuve : gérer les conséquences du discours sur la « paix des braves » prononcé par le Général de Gaulle revenu au pouvoir. Les réactions des uns et des autres sont opposées : certains veulent croire en cette ouverture tandis que d'autres rejettent toute idée d'apaisement. De leur côté, Octave et Samia, qui ont fui au Québec, tentent de construire une nouvelle vie.
Les Carnets d'Orient est une oeuvre, comportant déjà neuf tomes, qui reste malheureusement méconnue. Le sujet ne passionne sans doute pas et le graphisme de Ferrandez ne mise pas sur l'esthétisme contemplatif.. Peut-être, mais s'arrêter à ces considérations, c'est passer à côté d'une série marquante au niveau historique. L'auteur ne se contente pas d'en faire un exposé sur la colonisation dans le premier cycle et sur la guerre d'Algérie dans le second, il donne à toute cette période une grande humanité en relatant les aventures de personnages attachants évoluant au cœur des évènements. La Dernière Demeure relate les faits qui se sont déroulés entre 1958 avec le discours de De Gaulle et janvier 1960 avec la semaine des barricades où une partie de la population européenne manifeste contre le changement de politique opéré par le Président. Ici, chacun tente de trouver sa place dans une période plus trouble que jamais avec les exactions commises par les deux camps. Comme dans les albums précédents, celui-ci est extrêmement bien documenté et d'une grande richesse tant au niveau des faits que des relations entre les différents acteurs mis en scène. L'évolution de la relation entre Octave et Samia est symptomatique des changements qui s'opèrent dans les mentalités. Algériens ou colons, chacun se positionne en vue d'affrontements qui apparaissent désormais inévitables.
La Dernière Demeure est plus sombre et moins romanesque, certainement parce que les évènements ont amené l'auteur à prendre cette direction. Le dessin de Ferrandez est toujours aussi agréable, empreint d'une grande sensibilité et d'une grande finesse, même si ses personnages sont parfois un peu anguleux. Le prochain tome devrait conclure ce cycle en plongeant au coeur de la période 1960 jusqu'à la fin de la guerre en 1962.
Les Carnets d'Orient est une oeuvre, comportant déjà neuf tomes, qui reste malheureusement méconnue. Le sujet ne passionne sans doute pas et le graphisme de Ferrandez ne mise pas sur l'esthétisme contemplatif.. Peut-être, mais s'arrêter à ces considérations, c'est passer à côté d'une série marquante au niveau historique. L'auteur ne se contente pas d'en faire un exposé sur la colonisation dans le premier cycle et sur la guerre d'Algérie dans le second, il donne à toute cette période une grande humanité en relatant les aventures de personnages attachants évoluant au cœur des évènements. La Dernière Demeure relate les faits qui se sont déroulés entre 1958 avec le discours de De Gaulle et janvier 1960 avec la semaine des barricades où une partie de la population européenne manifeste contre le changement de politique opéré par le Président. Ici, chacun tente de trouver sa place dans une période plus trouble que jamais avec les exactions commises par les deux camps. Comme dans les albums précédents, celui-ci est extrêmement bien documenté et d'une grande richesse tant au niveau des faits que des relations entre les différents acteurs mis en scène. L'évolution de la relation entre Octave et Samia est symptomatique des changements qui s'opèrent dans les mentalités. Algériens ou colons, chacun se positionne en vue d'affrontements qui apparaissent désormais inévitables.
La Dernière Demeure est plus sombre et moins romanesque, certainement parce que les évènements ont amené l'auteur à prendre cette direction. Le dessin de Ferrandez est toujours aussi agréable, empreint d'une grande sensibilité et d'une grande finesse, même si ses personnages sont parfois un peu anguleux. Le prochain tome devrait conclure ce cycle en plongeant au coeur de la période 1960 jusqu'à la fin de la guerre en 1962.
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