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L’étranger de Camus est un classique qu’on ne peut qu’avoir lu et si ce n’est pas le cas, il est à lire impérativement. Ce livre est si court qu’on le finit généralement en moins de deux heures de lecture, donc pour tous les réfractaires, vous pouvez vous lancer, vous ne perdrez au pire que très peu de temps.
Je ne mets pas de résumé car ce roman ne peut tout simplement pas être bien résumé. La force du roman ne réside pas vraiment dans son intrigue, somme toute peu intéressante, mais de la façon dont elle est interprété. En fait, le meilleurs résumé pour ce roman, c’est son titre. “L’étranger”, qui résume parfaitement bien le personnage. Mersault – le personnage principal, donc – est entièrement un étranger, pas dans le sens où il vient d’un autre pays, mais dans le sens où il est étranger à toutes les moeurs de son peuple, qu’il n’a pas les réactions que les autres souhaiteraient qu’il ait. Etranger et étrange aux yeux de son peuple.
La force du roman, vous l’aurez donc compris, c’est son personnage principal. C’est un personnage minutieusement travaillé que, à la lecture, on trouve “bizarre”. Est-il malade ? Dépressif ? Idiot ? On ne sait pas trop, mais le personnage réagit d’une façon si étrange qu’on ne peut s’empêcher de se poser plein de questions. C’est un personnage qui en a marre, de la vie, de tout. Ce n’est pas qu’il ait envie de mourir, mais la vie l’indiffère. Il passe sur les éléments importants de sa vie avec indifférence, l’ambition, l’argent, l’amour, tout ce qu’un homme essaie d’acquérir, lui s’en fiche, et cela dérange le peu de proches qu’il a. Ce personnage sonne creux tout au long du roman, aucune curiosité, aucun humour, peu voire pas intelligent… Il est lourd et, malgré nous, on commence à en avoir marre de lui et de ses réactions puériles.
Cela, c’est pendant tout le roman. On nous décrit, pendant tout le livre, les pensées du personnage, que l’on a du mal à comprendre, et on attend. On attend quelque chose, on ne sait pas trop quoi, mais on attend. Ca ne vient pas, et quand on se dit qu’en fait, ce qu’on attend ne viendra jamais, à une 10aine de pages de la fin, cela vient. Ce que l’on attendait, c’est l’explosion. Comment un personnage peut se contenir autant, se replier sur lui-même de cette façon, sans jamais exploser ? Et ce personnage, ce ne sera qu’en apprenant sa fin imminente qu’il va le faire. Aux derniers moments de sa vie, cette vie qu’il a rejeté, ou qu’il a plutôt ignoré, il se rend compte, qu’en fait, elle est toujours mieux que le vide. Cette coquille qu’on pensait vide est en fait pleine et sous la pression, se craquèle et explose en fait. D’un seul coup.
Il faut savoir que Camus est un philosophe, et il va déballer, en une dizaine de pages maximum, en une explosion de rage et de colère contenue jusque là toute sa vie chez son personnage, la philosophie à laquelle il nous avait préparé pendant tout le roman. C’est un choc chez le lecteur qui ne s’y attendait plus, qu’on aurait plus imaginé étalé sur la durée chez un philosophe afin qu’il puisse développer ses idées, comme le fait Nietzsche dans son Ainsi parlait Zarathoustra par exemple. Non, ici, on nous donne les bases brutes d’un raisonnement et c’est à nous de continuer dans ce sens. Le fait que ce soit si court et à la fin du roman permet au lecteur d’avoir tous les éléments en tête afin de pouvoir y réfléchir tranquillement.
Un livre que je conseille à tout le monde, sa rapidité de lecture, les idées qui y sont développées, plutôt originales, son prix dérisoire, et le roman tout entier en fait, joliment tourné, sont autant d’arguments pour le lire.
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