Albert Camus est un fils de l'Algérie. Celle des pieds-noirs, les plus modestes du quartier de Belcourt, à Alger. Journaliste, écrivain, prix Nobel 1957, il vit la guerre d'Algérie comme un déchirement, l'humanisme de son oeuvre étant battu en brèche par les courants intellectuels de gauche autour de Jean-Paul Sartre. Il meurt dans un accident de voiture en 1960. Réalisation : Thomas Briat (France, 2018) Présentation : Frédéric Mitterrand.
https://tipaza.typepad.fr/mon_weblog/2020/10/les-%C3%A9crivains-au-p%C3%A9ril-de-la-guerre.html
Noces à Tipaza
L'auteur fait partager sa passion pour un lieu magique "qui célèbre les noces de l'homme et de la mer", tout d'abord à travers des impressions sensorielles face à un paysage hors du temps où d'antiques vestiges de la culture humaine s'intègrent à la luxuriance d'une nature sauvage.
L'auteur suggère, par ailleurs, la dimension initiatique du site de Tipasa dont la splendeur majestueuse invite à un effort d'ajustement de tout l'être.
Exprimant la conciliation du bonheur et du plaisir dans l'harmonie retrouvée, il invite à une sagesse de l'acquiescement au monde, entre révolte et résignation. Bien que le texte soit rédigé au présent et au passé, la dimension du futur y est présente : "Noces à Tipasa reflète l'enthousiasme d'une initiation au monde dont Camus pressent qu'elle marquera son destin d'un caractère magique".
Un peu avant midi, nous revenions par les ruines vers un petit café au bord du port. La tête retentissante des cymbales du soleil et des couleurs, quelle fraîche bienvenue que celle de la salle pleine d’ombre, du grand verre de menthe verte et glacée ! Au-dehors, c’est la mer et la route ardente de poussière. Assis devant la table, je tente de saisir entre mes cils battants l’éblouissement multicolore du ciel blanc de chaleur. Le visage mouillé de sueur, mais le corps frais dans la légère toile qui nous habille, nous étalons tous l’heureuse lassitude d’un jour de noces avec le monde. »
Tipaza
Derrière les ruines de Tipaza
Le soleil vient de disparaitre
Et j ai de l or au bout des doigts
Tes cheveux bouclent sur le col
De ta chemise blanche comme soie
J'ai 14 ans 15 ans à peine
Et dans le ciel bleu je me noie
Au loin je vois la silhouette
De mon père détachée du ciel
Une mélodie tourne dans ma tête
La voix de ma mère éternelle
Autour de l'astre La mer est rouge
Et mes pas roulent sur les pierres
Au loin le chenoua qui ne bouge
Jamais assis dans la lumière
Ma robe à fleurs tout à l'envers
I'Insouciance de l'adolescense
Encor baignés de mon enfance
Mes rires ont traversé la mer
Aujourd'hui loin ,quand j'y repense
Quand mes rêves coulent comme l'eau
Je revis dans la transparence
Tipaza bercé par les flots
MARLENE
Le site en traduction arabe :
Albert Camus, extrait de Noces – 1938 –.
Submergé par toutes ses occupations artistiques, Albert pense-t-il encore qu’il a quelque part une épouse qui l’attend ? Apparemment non. Deux ans de mariage se sont à peine passés que le couple se sépare. Quelques semaines plus tard, en compagnie de quelques comédiens et comédiennes de sa troupe, le jeune directeur de théâtre part camper à la découverte des ruines de Tipaza et des richesses de Florence. Il en revient complètement ébloui et dans l’exaltation du moment, se sentant « le fils d’une race née du soleil et de la mer », il écrit 'Noces à Tipasa'.
Robert Jaussaud, Albert Camus, Madeleine Jaussaud et Yvonne Miallon à Tipaza
in Album Camus - La Pléiade 1982
L’arrivée à Alger de Pascal Pia, un jeune reporter parisien, impécunieux mais plein de projets, ouvre à Albert les portes du journalisme. Les deux jeunes gens croient au pouvoir de la presse. Dans l’espoir à la fois de dénoncer la misère des peuples opprimés et de témoigner de leur pacifisme foncier, ils envisagent de créer un quotidien: Le Soir Républicain.
Tipaza ou Tipasa -en arabe : تيبازة -en Tifinagh :
La présence de la mer, des reliefs du Chenoua et de la Dahra donnent un paysag e particulier et un intérêt touristique.
De nombreux vestiges puniques, romains, chrétiens et africains attestent de la richesse de l'histoire de cette colonie.
Si vous mêliez les vielles pierres, le site et l’esprit d’Albert Camus alors quelle belle journée vous aurez passée !
Noces de l'homme et de la nature
Camus, enfant né à Alger dans une extrême pauvreté , il dut faire face au silence insurmontable d'une mère muette , aimée d'un amour absolu. Il se levait le matin pour aller à l'école de la république , et y découvrir les ressources du savoir et celles des livres.
Enfant de pauvreté , baigné de mer et de lumière, il leur est resté toute sa vie fidèle, ainsi qu'au cœur de sa réussite, à ceux qui n'ont rien :
« Élevé d'abord dans le spectacle de la beauté qui était ma seule richesse , j'avais commencé par la plénitude . Ensuite étaient venus les barbelés, je veux dire, les tyrannies, la guerre . »
Retour à Tipasa, l’Été , 1952
Après le temps de l'exil dans le tumulte du monde et de la brutalité de l'Histoire, le retour sur la terre bénie de son enfance, à Tipasa, ne lui donne plus les clés du Royaume .
Camus journaliste vacille en 1954, quand commencent les hostilités avec l'Algérie . Et c'est alors que , mis en demeure de répondre à la violence de l'Histoire, il a pris le parti de se taire , en se détournant de ses semblables et en plongeant, absurdement, dans l'illimité de la mer et des paysages :
« La course de l'eau sur mon corps , cette possession tumultueuse de l'onde par mes jambes , et l'absence d'horizon . »
Son itinéraire d'homme aura été celui d'un être à la recherche de la lumière que chaque matin lui apporte .
Ce qu'il ne cesse de nous dire , c'est que la nature qui se donne si généreusement à ceux qui n'ont rien transcende l'histoire des hommes ,ainsi que le pouvoir et le monde urbain qui y sont associés .
Jean Daniel évoque à son propos « Le Soleil de la force obscure » toujours recommencée , expression que l'on retrouve dans son récit posthume, resté inachevé, Le Premier Homme
par
Né à Drean, ex-Mondovi, (près de Annaba, ex-Bône) en novembre 1913. Fils d'un ouvrier agricole et d'une femme de ménage d'origine espagnole. Elevé (à Belouizdad, ex-Belcourt) par une grand-mère autoritaire et un oncle boucher... il y «apprend la misère». Lycée, football, bac en 1932, militant communiste (35-37), études de philosophie, petits boulots, animateur de théâtre, mariage, militant dans un mouvement de résistance en 1942, journaliste... et ouvrages («L'Etranger», «Le Mythe de Sisyphe»... ). Mésentente avec les surréalistes (A. Breton) et les existentialistes (J-P Sartre). Octobre 57, 44 ans : Prix Nobel... dédié à son instituteur de CM2 «qui lui a permis de poursuivre ses études». Mais, le même jour, une réponse publique «malheureuse», en liaison avec la «guerre d'Algérie», sur le choix entre la mère et la justice.
4 janvier 1960 : il se tue dans un accident de voiture. Il avait accompagné Gallimard son éditeur dans son véhicule. Dans une de ses poches, il y avait un manuscrit inachevé et... un billet de chemin de fer. Albert «pas de chance» ! Il a tout «esquivé» sauf une «petite phrase» qui l'a «effacé» de la mémoire algérienne... puis un arbre sur la route de Paris qui l'a tué.
Juste pour rire -_-
Donnez-moi des mots d’Homme
Tipaza
(Jean Bogliolo écrivait Tipasa avec un Z. C'était toléré.)
Cependant que les flots exhalent leurs soupirs,
Sur les fûts brisés zigzaguent les hirondelles;
Le terrain caillouteux resplendit d'asphodèles
Qui naissent au printemps vierges de souvenirs.
Pénétrant de leur or les vagues de saphir,
Les rayons moribonds du soleil étincellent
Je rêve. Expire au loin le chant des tourterelles
Où suis-je ? A Tipaza ? Dans le pays d'Ophir ?
Le soir tombe. La nuit voilera les ruines
Mais surgit Séléné, riche en clartés divines
Bientôt donc renaîtront tous les dieux disparus,
Et le pas souverain des légions romaines,
Et, proches de la mer où chantent les sirènes,
L'ombre de Jean Grenier et l'ombre de Camus.
Jean Bogliolo
Professeur de lettres classiques au Lycée Gautier
L'ombre de Camus plane toujours sur Tipasa et ses ruines romaines, dont il était l'enfant comme il l'était du quartier pauvre de Belcourt. L'auteur de Noces y a même son monument.
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A 70 kilomètres à l'Ouest d'Alger, sur la route du littoral Tipasa occupe un site qui n'a guère changé depuis l'Antiquité.
A peu de distance du massif du Chenoua, qui l'abrite du côté de l'Ouest, sur trois promontoires que séparent des criques profondes au pied de collines modérées qui ferment l'horizon vers le Sud, la ville antique s'étendait le long de la mer sur environ 1500 mètres.
Si l'on ne possède que de maigres renseignements sur Tipasa, cela tient essentiellement à ce que les recherches archéologiques y ont commencé seulement vers 1895 - trop tard malheureusement pour empêcher bien des destructions et des actes de vandalisme.
En 1859, d'après un document officiel quatre fours à chaux fonctionnaient sur l'ancienne ville.
Les premières fouilles méthodiques furent faites en 1891 par Stéphane Gsell et l'abbé Saint-Gérand. Elles furent interrompues assez brusquement à la mort de ce dernier et c'est seulement en 1913 que le Service des Monuments Historiques entreprit d'une façon plus suivie des recherches sur ce site.
Depuis, elles ont été poursuivies avec une certaine régularité et plusieurs monuments témoignent à l'heure actuelle de l'importance et aussi de l'intérêt dés vestiges de la ville antique.
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Entre le promontoire au dessus des ruines de Tipaza, où la stèle à Camus dit :
"Je comprends ici ce qu’on appelle gloire : le droit d’aimer sans mesure"
et le mont Chénoua, il y a une grande plage qu’on appelle Matares..
Tipaza est la destination idéale pour les amateurs d’Histoire(s). Le site offre de quoi se balader entre les ruines avec les lignes de Camus qui résonnent, ou les voix millénaires de ceux qui jadis y ont vécu.
La misère étant, comme dit l'autre, moins pénible au soleil, Camus allait souvent à Tipasa, non loin d'Alger, s'abandonner aux joies du farniente et se baigner dans la mer "vivante et savoureuse", sous le mont Chenoua, qui ressemble à une femme enceinte allongée sur le dos.
Des mots qui, partis d'ici, ont fait le tour du monde.
Onfray commente : "Noces est un grand texte panthéiste au rebours de la phénoménologie, qui complique tout avec des néologismes. Il fait de la métaphysique sans en avoir l'air, avec des mots simples."
"Au printemps, Tipasa est habitée par les dieux et les dieux parlent dans le soleil et l'odeur des absinthes, la mer cuirassée d'argent, le ciel bleu écru,les ruines couvertes de fleurs et la lumière à gros bouillons dans les amas de pierres. A certaines heures la campagne est noire de soleil. Les yeux tentent vainement de saisir autre chose que des gouttes de lumière et de couleurs qui tremblent au bord des cils. L'odeur volumineuse des plantes aromatiques racle la gorge et suffoque dans la chaleur énorme. A peine au fond du paysage, puis-je voir la masse noire du Chenoua qui prend racine dans les collines autour du village, et s'ébranle d'un rythme sûr et pesant pour aller s'accroupir dans la mer.
Nous arrivons par le village qui s'ouvre déjà sur la baie. Nous entrons dans un monde jaune et bleu où nous accueille le soupir odorant et âcre de la terre d'été en Algérie. Partout, des bougainvillées rosat dépassent les murs des villas; dans les jardins, des hibiscus au rouge encore pâle, une profusion de roses thé épaisses comme de la crème et de délicates bordures de longs iris bleus. Toutes les pierres sont chaudes."
Nota Ben :-
On découvre aisément dans l'œuvre de Camus des résurgences de l'aptitude poétique à traduire les sensations dans leur pleine saveur qui triomphait dans Noces (1938), un des premiers essais où avant l'amère découverte de l'absurde, le jeune Camus célébrait avec fougue ses « noces avec Tipaza et avec le monde ».
"Je comprends ici ce qu’on appelle gloire : le droit d’aimer sans mesure. Il n’y a qu’un seul amour dans ce monde. Etreindre un corps de femme, c’est aussi retenir contre soi cette joie étrange qui descend du ciel vers la mer. Tout à l’heure, quand je me jetterai dans les absinthes pour me faire entrer leur parfum dans le corps, j’aurai conscience, contre tous les préjugés, d’accomplir une vérité qui est celle du soleil et sera aussi celle de ma mort."
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Extrait de l’essai d’Albert Camus, "Noces à Tipaza".
Il n'y a pas de mal ni de honte à être heureux...
Constant Louche Devant le Chenoua Huile sur toile, 36x120
« … l’incessante éclosion des vagues sur le sable me parvenait à travers tout un espace où dansait un pollen doré. Mer, campagne, silence, parfum de cette terre, je m’emplissais déjà d’une vie dorante et je mordais dans le fruit déjà doré du monde, bouleversé de sentir son jus sucré et fort couler le long de mes lèvres. Non, ce n’était pas moi qui comptais, ni le monde, mais seulement l’accord et le silence qui de lui à moi faisait naître l’amour.»
ALBERT CAMUS
farid-benyaa
Noces à Tipasa
Au printemps, Tipasa est habitée par les dieux et les dieux parlent dans le soleil et l'odeur des absinthes, la mer cuirassée d'argent, le ciel bleu écru, les ruines couvertes de fleurs et la lumière à gros bouillons dans les amas de pierres. À certaines heures, la campagne est noire de soleil. Les yeux tentent vainement de saisir autre chose que des gouttes de lumière et de couleurs qui tremblent au bord des cils. L'odeur volumineuse des plantes aromatiques racle la gorge et suffoque dans la chaleur énorme. À peine, au fond du paysage, puis-je voir la masse noire du Chenoua qui prend racine dans les collines autour du village, et s'ébranle d'un rythme sûr et pesant pour aller s'accroupir dans la mer.
Qui mieux qu'Albert Camus n'a chanté Tipasa.
ttp://www.ina.fr/video/I09335538
....La basilique de Sainte-Salsa est chrétienne, mais chaque fois qu'on regarde par une ouverture, c'est la mélodie du monde qui parvient jusqu'à nous: Coteaux plantés de pins et de cyprès, ou bien la mer qui roule ses chiens blancs à une vingtaine de mètres. La colline qui supporte Sainte-Salsa est plate à son sommet et le vent souffle à travers les portiques. Sous le soleil du matin, un grand bonheur se balance dans l'espace.
....Heureux celui des vivants sur la terre qui a vu ces choses....
....Je m'obstinais pourtant, sans trop savoir ce que j'attendais, sinon , peut-être le moment de revenir à Tipasa. Certes c'est une grande folie de revenir sur les lieux de sa jeunesse et de vouloir revivre à quarante ans ce qu'on a aimé et dont on a fortement joui à vingt.....
....Je désirais revoir le Chenoua, cette lourde et solide montagne, découpée dans un seul bloc, qui longe la baie de Tipasa à l'ouest, avant de descendre elle même dans la mer. On l'aperçoit de loin bien avant d'arriver, vapeur bleue et légère qui se confond encore avec le ciel. Mais elle se condense peu à peu, à mesure qu'on avance vers elle, jusqu'à prendre la couleur des eaux qui l'entourent, grande vague immobile dont le prodigieux élan aurait été brutalement figé au dessus de la mer calmée d'un seul coup. Plus près encore, presque aux portes de Tipasa, voici sa masse sourcilleuse, brune et verte, voici le vieux dieu moussu que rien n'ébranlera, refuge et port pour ses fils dont je suis....
Albert Camus, " Noces à Tipaza "
Camus a écrit deux fois sur ces lieux. Le premier texte, «Noces à Tipasa», date de 1937 ; le second est «Retour à Tipasa».
Au printemps 1958, Camus retourne une dernière fois à Tipasa. Dans ses Carnets, il écrit : «Je mourrai et ce lieu continuera de distribuer plénitude et beauté. Rien d’amer à cette idée. Mais au contraire sentiment de reconnaissance et de vénération.» Et, dans Retour à Tipasa : «Oui, il y a la beauté et il y a les humiliés. Quelles que soient les difficultés de l’entreprise, je voudrais n’être jamais infidèle ni à l’une ni aux autres.»
Dans son essai Retour à Tipasa, Albert Camus relate son retour dans le petit village algérien tombé en ruine. C'est la seconde fois que l'auteur foule les terres de ce village. Camus est subjugué par la beauté de ces lieux, il nous fait alors un éloge de cet endroit qu'il affectionne tout particulièrement. C'est un deuxième souffle qui s'offre à lui en redécouvrant le village. Pour lui le village est premièrement un lieu sublime puis deuxièmement un refuge. Camus aime et admire la beauté exceptionnelle du lieu. Il est envoûté...[
Tipaza did you know? .. Would you discover the city blessed by gods ...
So let it guide you through these pages and welcome on the web-site of
Nuptials at Tipaza
In the spring ,Tipasa is inhabited by gods and the gods speak in the sun and the scent of absinthe leaves ,in the silver armor of the sea ,in the raw blue sky ,the flower-covered ruins ,and the great bubbles of light among the heaps of stone .At certain hours of the day the country side is black with sunlight .The eyes try in vain to perceive anything but drops of light and colors trembling on the lashes .The thick scent of aromatic plants tears at the throat and suffocates in the vast heat .Far away ,I can just out the black bulk of the chenoua ,rooted in the hills around the village ,moving with a slow and heavy rhythm until finally it crouches in the sea .
The village we pass through to get there already opens on the bay .We enter a blue and yellow world and are welcomed by the pungent ,odorous sigh the Algerian summer earth .Everywhere ,pinkinsh bougainvillaea hangs over villa walls ;in the gardens the hibiscus are still pale red , and there is a profusion of tea roses thick as cream, with delicate borders of long ,blue iris . All the stones are warm. As we step off the buttercup yellow bus , butchers in their little red trucks are making their morning rounds ,calling to the villagers with their horns.
To the left of the port ,a dry stone stairway leads to the ruins ,through the mastic trees and broom . The path goes by a small light house before plunging into
The open country .Already ,the foot of this light house , large and red yellow ,and violet plants descend toward the first rock ,sucked at by the sea with a kissing sound .As we stand in the slight breeze ,with the sun warming one side of our faces , we watch the light coming down from the sky ,the smooth sea and the smile of its glittering teeth . We are spectators for the last time before we enter the kingdom of ruins .
AlbertCAMUS awarded the Nobel Prize for litteraturetranslated from the french by Matthew Ward-wintage international
This beautiful city by the sea, with its sandy beach and clear skies, was beloved by the philosopher Albert Camus. Close to the cliffs stands a headstone where it's just possible to make out the quotations from Nuptials:
“Here, I understand this thing they call glory: the right to love without measure.”
In his writing, Camus says “Tipaza is inhabited by the gods,” and tells how the gods speak in the sun, in the silver-plated sea, and in the flower-covered ruins. Over the centuries, these shores have been conquered and colonised by Phoenicians, Romans, Vandals, Arabs... but the sun still shines from the blue sky over the ancient landscape and it's easy to believe the gods still live here.
Lecture de plusieurs extraits de "Noces à Tipaza" - Vidéo Ina.fr
http://www.ina.fr/video/I09335538
Tipaza belle et rebelle
N o c e s
Ben Bella : « Prenez bien soin de Tipaza »
Je retournerais à Tipasa, comme en ces lieux d’enfance ou ces lieux de vie que les amoureux veulent se faire partager l’un à l’autre, en plus de ceux qu’ils découvrent ensemble. Tipasa, un de ces endroits chargés d’éternité, comme peuvent l’être la forêt de Brocéliande, certaines abbayes, ou tout autre lieu magique qui prendra telle ou telle présence suivant les êtres.
Albert Camus a offert « Noces » à Tipasa et lorsque j’ai pris à la bibliothèque de mon lycée à 13 ou 14 ans l’édition de poche, juste pour sa photo de couverture, j’ai ressenti à la lecture de cette œuvre le miracle de la rencontre, le don en mots de mes propres sentiments – un miracle, le miracle de la littérature!
Au printemps, Tipasa est habitée par les dieux et les dieux parlent dans le soleil et l’odeur des absinthes, la mer cuirassée d’argent, le ciel bleu écru, les ruines couvertes de fleurs et la lumière à gros bouillons dans les amas de pierres. (…)
Au bout de quelques pas, les absinthes nous prennent à la gorge. Leur laine grise couvre les ruines à perte de vue. Leur essence fermente sous la chaleur, et de la terre au soleil monte sur toute l’étendue du monde un alcool généreux qui fait vaciller le ciel. Nous marchons à la rencontre de l’amour et du désir. Nous ne cherchons pas de leçons, ni l’amère philosophie qu’on demande à la grandeur. Hors du soleil, des baisers et des parfums sauvages, tout nous paraît futile. Pour moi, je ne cherche pas à y être seul. J’y suis souvent allé avec ceux que j’aimais et je lisais sur leurs traits le clair sourire qu’y prenait le visage de l’amour. Ici, je laisse à d’autres l’ordre et la mesure. C’est le grand libertinage de la nature et de la mer qui l’accapare tout entier. Dans ce mariage des ruines et du printemps, les ruines sont redevenues pierres, et perdant le poli imposé par l’homme, sont rentrées dans la nature.
Et, dernières lignes : Le soir où après la pluie, la terre entière, son ventre mouillé d’une semence au parfum d’amande amère, repose pour s’être donnée tout l’été au soleil. Et voici qu’à nouveau cette odeur consacre les noces de l’homme et de la terre, et fait lever en nous le seul amour vraiment viril en ce monde : périssable et généreux.
Ben
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