© Photo F. V.
Le
4 janvier, il y aura 50 ans qu'Albert Camus a disparu dans un accident
de voiture. L'écrivain perpignanais Stéphane Babey consacre un livre à
sa "passion algérienne".
A lbert Camus disait qu'il était un Français d'Algérie et se pensait comme un écrivain d'Algérie"
: cette réalité est à l'origine du livre que Stéphane Babey consacre à
l'auteur de "L'Etranger". L'écrivain perpignanais a souhaité écrire une
sorte de carnet littéraire dans lequel l'oeuvre de Camus est abordée
dans son rapport avec la terre algérienne. "J'ai voulu analyser ce rapport entre l'écriture de Camus et les lieux", explique Stéphane Babey, "mais aussi voir ce qui reste de l'oeuvre de Camus dans l'Algérie d'aujourd'hui".
Pour mener à bien son
projet, Stéphane Babey a entrepris un voyage en Algérie sur les traces
d'Albert Camus : Alger, le quartier de Belcourt où Camus a vécu enfant,
les plages, Tipaza, Oran... "Je n'ai jamais été seul pendant ce voyage, mais toujours avec Camus à mes côtés", se souvient l'auteur.
La lumière Alors, que reste-t-il de l'Algérie camusienne ? Des lieux car "peu ont changé. L'appartement de Belcourt dans lequel Camus a vécu avec sa mère est resté le même".
A la permanence des lieux, s'ajoute la lumière, la chaleur, la mer...
toute la palette de la Méditerranée, si présente dans l'oeuvre du Prix
Nobel. "Albert Camus a écrit une oeuvre charnelle, sensuelle, parce
qu'il s'est toujours pensé comme un écrivain de la Méditerranée et de
sa culture", dit Stéphane Babey. "Pour moi, Albert Camus était
d'abord un artiste, avant d'être un intellectuel ou un politique. Il a
raisonné toute sa vie en artiste, ce qui d'ailleurs est à l'origine du
malentendu entre Camus et les intellectuels de sa génération", explique
encore Stéphane Babey qui, tout au long de son livre, ne cesse de
montrer en quoi l'oeuvre de Camus pose "un rapport charnel de l'homme au monde".
Cette oeuvre est aussi celle d'un homme révolté : "J'ai lu L'Homme
révolté de Camus à vingt ans et c'est un livre qui a changé ma façon de
voir le monde", se souvient Stéphane Babey qui traite évidemment du
thème de la révolte : "Albert Camus était issu de l'Algérie du
peuple et de la misère. Il a été le premier à dénoncer la misère et
l'injustice du système colonialiste".
La révolte
Pour Stéphane Babey, "la révolte est ce qui demeure de plus actuel dans l'oeuvre de Camus".
Mais attention, il faut selon lui distinguer la révolte de la
révolution. Camus révolté, pas révolutionnaire (c'est-à-dire prisonnier
d'un système) : "La révolte, chez Camus, c'est rechercher le triomphe de l'humain sur l'ignoble". Cet esprit de révolte, Stéphane Babey pense qu'il demeure dans l'Algérie contemporaine : "Pendant
la décennie noire, on mourait en Algérie sans savoir pourquoi, on ne
savait plus qui tuait qui... Le peuple et les intellectuels, tous ceux
qui, malgré le danger, ont continué dans leur voie, ont prolongé la
révolte telle que Camus la définissait. On a du mal à comprendre, en
Occident, que c'est l'islam qui a vaincu l'islamisme..." La beauté
Enfin, Stéphane Babey consacre des pages de son livre à la beauté
algérienne. "Je rappelle un texte peu connu de Camus, sa thèse sur
Saint Augustin qui était né en Algérie comme lui. Saint Augustin disait
que quand on voit la beauté de la terre algérienne, on ne peut vouloir
que la paix pour elle. Camus ne demande pas autre chose pour l'Algérie.
Il ne comprend pas pourquoi les hommes ne sont pas capables de vivre
ensemble devant une telle beauté. Il croit en l'innocence et demande
simplement que les hommes se reconnaissent entre eux..." Le combat des
justes, en somme, au coeur du livre de Stéphane Babey. Stéphane Babey,
"Camus une passion algérienne", éditions Koutoubia, 190 pages, 24
euros. L'auteur participera à la Caravane Albert Camus mise en place
par le Centre culturel algérien. Elle débutera le 14 janvier à Paris et
se déplacera ensuite dans plusieurs villes du Sud de la France.
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Serge Bonnery
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