D'habitude,
à l'arrivée du beau temps, les gens se sentent mieux disposés et plus légers.
Partout ailleurs dans ce monde, la période de soleil est fêtée et célébrée dans
la bonne humeur et même dans la joie. Les vacances scolaires, c'est l'été. Le
congé annuel, c'est généralement l'été, les grandes voyages, c'est aussi
l'été... L'été, saison du beau temps, définitivement collée à la mer, est un
moment de repos, de quiétude, de tranquillité, de bien-être.
Chez
nous aussi l'été est synonyme de mer. Il a suffi que le beau temps pointe du
nez pour que, par dizaines, de jeunes Algériens prennent la direction de la
mer. Comme tous les jeunes de leur âge, ou presque... Mais chacun attend le
beau temps à sa manière... Chez nous, ils s'embarquent pour la mort parce que,
en traversant la mer avec une barque de «fortune», c'est d'abord vers la mort
qu'on va. Ils s'embarquent aussi pour le risque, pour l'humiliation, et, enfin,
pour une éventuelle aventure... Peu importent leurs noms. Peu importent leurs
origines sociales. Peu importent les dechras desquelles ils descendent. Ils ont
un même objectif et cela leur suffit pour embarquer ensemble. De Annaba, de
Ghazaouet, de Beni Saf ou d'ailleurs... là où il y a des plages ou des endroits
où ils peuvent mettre leurs barques à l'eau !
Ils
fuient une situation qu'ils ne peuvent plus supporter. Un chômage qui a trop
duré. Des mensonges qui ne rougissent plus et qui, donc, ne prennent même plus
la peine de cacher leur nature. Ils fuient les nouveaux seigneurs d'une
économie qui tourne au ridicule. Les kherrada d'un type nouveau. Ils s'en vont
vomir ailleurs une opposition qui ne sait que danser du ventre et un régime qui
n'est affairé qu'à exceller dans le mensonge et l'inapproprié.
Non,
ce n'est pas le bonheur qui les pousse à quitter les leurs et leur pays. Non !
Ce n'est pas la belle vie qui les incite à s'en aller. Ils s'en vont à cause de
la misère imposée par ceux qui n'ont su - ni ne savent - être à la hauteur des
attentes du peuple, c'est-à-dire ceux-là mêmes qui font semblant de s'occuper à
regarder ailleurs au moment où l'hémorragie des jeunes et des cadres que subit
le pays est à son paroxysme.
Réprimander
la harga en la traitant comme un vulgaire délit n'est certainement pas la
meilleure façon de résoudre le problème car cela ne mettra jamais fin à la
faim, au chômage et à la misère de ceux qui décident chaque jour de partir.
Jeter en prison ceux qui se jettent à la mer pour tenter de les dissuader de
récidiver est simplement une aberration, il n'y pas de punition plus forte que
le suicide et que peut signifier la prison pour celui qui s'est déjà suicidé ?
La solution fait justement partie, dans ce cas, des sources de problèmes. On ne
gère pas que par la répression ! Il doit bien y avoir d'autres moyens.
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