allah yarahmou !
Mustapha Saâdoune de Cherchell est décédé mardi le 27 janvier 2009.
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Mustapha Saadoune, ex-officier de l'Armée de libération nationale
(ALN) et militant de la cause nationale dans la Wilaya IV historique,
est décédé mardi le 27 janvierdans sa ville natale, Cherchell, où il a été enterré
dans l'après-midi en présence d'une foule nombreuse.
Alité depuis un mois suite à un accident vasculaire cérébral (AVC),
Mustapha Saadoune s'est éteint à l'âge de 91 ans. Le moudjahid Mustapha
Saadoune était l'unique survivant de l'accrochage qui avait coûté la
vie, le 5 juin 1956 dans le maquis de la Wilaya IV, à ses compagnons
d'armes Henri Maillot et Maurice Laban, deux martyrs qui avaient
combattu l'occupant français aux côtés des éléments de l'Armée de
libération nationale.
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Henri Alleg :«Mustapha Saâdoune : un engagement exemplaire»
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Militant
de l'indépendance algérienne, Henri Alleg a connu Mustapha Saâdoune,
décédé mardi le 27 janvier. Leurs chemins se sont
longtemps croisés. Sur le terrain des luttes politiques et syndicales
et à l'épreuve du combat libérateur.
Notre correspondant à Paris a fait réagir l'ancien directeur
d'Alger républicain et auteur de La question. Propos à l'allure
d'hommage à la mémoire d'un «militant à l'engagement exemplaire».
A quand remonte votre dernière rencontre avec Mustapha Saâdoune ?
A
2003. C'était à Cherchell pour les besoins du tournage d'Un rêve
algérien (1). Nous nous n'étions pas rencontrés depuis de longues
années. Sans surprise, j'ai retrouvé un Mustapha Saâdoune fidèle à
lui-même. Un homme du peuple en phase avec ses engagements et plus que
jamais attaché à ses convictions.
Quel commentaire vous inspire son long cheminement militant ?
Mustapha
restera, pour l'histoire, comme un homme au parcours singulier, un
militant à l'engagement exemplaire. Il fait partie du groupe de
militants — Algériens et Français — qui, aux côtés de l'aspirant Henri
Maillot, ont participé à la mise sur pied du «Maquis de la libération»
dans la vallée du Cheliff (2). Contrairement à tout ce qui a été dit,
ce maquis n'a pas été créé contre l'avis du FLN. Ses initiateurs
n'étaient mus que par un seul et unique objectif, l'avènement d'une
Algérie libre et indépendante.
Un maquis qui avait suscité bien des débats...
A
l'époque, d'aucuns au sein de la direction du FLN ne voulaient de la
présence de militants communistes dans les rangs du FLN/ALN. Du reste,
une telle attitude avait beaucoup peiné Saâdoune et ses camarades de
lutte. Mustapha a dédié ses années de jeunesse au combat pour
l'indépendance. Entre autres préoccupations militantes, il a œuvré pour
l'union de toutes les forces algériennes, de tous les combattants.
Quelle qu'en soit l'origine.
En préfaçant le livre de
Serge Kastell, Le maquis rouge (L'Harmattan, Paris 1997), vous avez
rendu hommage à l'ensemble des «combattants de la liberté», noms connus
ou anonymes. Mais vous avez déploré aussi la chape de plomb qui a pesé
sur leur action dans la vallée du Cheliff...
A l'image de
l'aspirant Maillot, de Maurice Laban, de Abdelhamid Gherab, de
Abdelkader Babou et de Mohamed Boualem et de tous ses camarades du
«Maquis de la liberté», Mustapha Saâdoune a souffert des récits
réducteurs de l'histoire officielle. En France comme en Algérie.
L'indépendance acquise, Mustapha Saâdoune a été un peu déçu par le climat politique ambiant...
Il
était ulcéré par les affrontements fratricides qui ont agité la scène
algérienne au sortir de la guerre d'indépendance. Comme nombre de
militants, il ne cachait pas sa déception à la vue de choix et
d'options à contre-courant des espérances du combat libérateur.
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Propos recueillis par Salim Kettan
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(1) Réalisé par Jean-Pierre Liedo, ce film retrace l'engagement algérien de l'auteur
de La question
(2) La presse évoquait le «Maquis rouge», allusion à l'appartenance de la plupart
de ses membres au Parti communiste algérien (PCA)
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Un militant dans l’oubli
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D’une voix faible, à peine audible, Mustapha
Saâdoune ne manquera pas de nous dire de passer le voir assez souvent.
C’est sur cette phrase pleine de tendresse et d’émotion que nous
prenons congé du militant Saâdoune Mustapha, reclus dans sa chambre pleine de livres, de journaux et des revue qui relatent les conflits mondiaux.
A
l’occasion de la célébration de son 90e anniversaire, le 26 août
dernier à Nador (Tipaza), la Fondation de la Wilaya IV historique,
présidée par le colonel Youcef Khatib, lui avait décerné le titre de membre d’honneur de cette institution. Aujourd’hui, Mustapha
Saâdoune est l’unique survivant de l’accrochage qui avait coûté la vie
à ses amis et moudjahidine, en l’occurrence Henri Maillot, l’enfant
d’El Madania et Maurice Laban, l’enfant de Biskra. Ces deux martyrs
avaient adhéré à la guerre de Libération nationale par conviction
idéologique. Cet accrochage meurtrier a eu lieu le 5 juin 1956. Les
compagnons du militant Saâdoune Mustapha ont été enterrés au cimetière d’El Karimia, dans la wilaya de Chlef.
Ces dernières semaines, Mustapha
Saâdoune, cet employé volontaire du journal Alger Républicain durant la
révolution, est gravement malade. Hormis le soutien d’un cercle très
restreint composé de proches, Si Mustapha, issu d’une famille cherchelloise comptant des chouhada et des maquisards, vit des moments pénibles dans l’indifférence.
Ce militant de la première heure de la cause nationale qui avait
tenu tête à plusieurs responsables locaux à l’époque coloniale, qui
avait soutenu et organisé les jeunes Algériens qui vivaient dans les
montagnes, qui avait accueilli Henri Maillot quand celui-ci avait
déserté avec un camion chargé d’armes, lui qui avait été invité au
Kremlin avant l’indépendance et décoré par le premier cosmonaute Youri
Gagarine, vit des journées très dures. Mis à l’écart depuis des décennies, Si Mustapha
Saâdoune avait continué à sillonner, durant des années, les djebels à
la rencontre des paysans. Même sous le poids de son âge, on n’hésitait
pas à l’inviter à des manifestations sachant que sa présence donnait, à
chaque fois, un cachet historique. Il était toujours présent lors des
recueillements et des réunions organisés par ses camarades militants.
Fondamentalement contre la France qui avait promulgué des lois
humiliantes pour le peuple algérien, son souci de l’écriture de
l’histoire authentique de l’Algérie est demeuré toujours vivace. Son
regard en disait long, quand il nous a fixés avant que nous quittions
sa chambre. Son épouse, qui avait milité à ses côtés durant la guerre
de Libération nationale et qui avait participé à la manifestation du 11
décembre
1960 à Cherchell, et malgré ses problèmes cardiaques, est toujours à
ses côtés. Les souvenirs racontés, qui brisent le silence dans cette
chambre chargée d’émotion, en ravivent les douleurs.
Par M’hamed H.
10-12-2008
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Le Maquis rouge
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Constitué initialement par Abdeikader Babou, Mohamed Boualem et Mustapha
Saadoun, le maquis s'installe d'abord dans une grotte des Béni Boudouane,
et reçoit, grâce à la complicité de l'institutrice
Marylise Ben Haïm, le renfort du sous-lieutenant déserteur Abdelhamid
Guerab, de l'exalté Maurice Laban (de Biskra, ancien des Brigades internationales)
et le 7 mai d'Henri Maillot. Leur effectif ne dépassa jamais huit hommes.
Armés initialement de 4 vieilles armes de poing, ils tuent un des chefs
de village des Béni Boudouane, fief du bachaga Boualem. Echappant à
un ratissage, ils franchissent le Chéliff et se réfugient dans une
ferme du douar Medjadja. Ayant reçu 20 armes du lot volé. Us font
une expédition punitive dans les Béni Rached où ils assassinent
quatre ''traîtres''. Ils commettent alors l'erreur de revenir dans les Béni
Boudouane, où un cavalier prévient le bachaga, tandis que les habitants
capturent leur ravitailleur et le livrent au capitaine Conill, chef de SAS. Maillot
et Laban sont tués le 5 juin dans l'opération qui est rapidement
montée par Conill, avec la participation de la 2ème compagnie du
504ème BT à laquelle appartenait Maillot. Guerab et Boualem réussissent
à s'enfuir, ils seront arrêtés début septembre. Saadoune
rejoint Oussedik ; il deviendra adjoint politique de Si Baghdadi, le chef de la
future zone 2 de la wilaya 4. Après l'affaire, le PCF se démarqua
du PCA, mais le député Ramené déclarera en novembre
que Maillot a accompli son devoir de patriote algérien. Pour Henri Alleg,
cette héroïque aventure, menée par des personnages exceptionnels,
fidèles à leur idéal, est une épopée qui ne
doit pas être oubliée.
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