Création d’un Conseil d’écoute et d’un statut du chercheur
Accompagnement et renforcement du développement économique, sens de l’innovation et du défien Algérie.
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Tels sont les principaux axes soulignés dans la lettre du président de la République, M. Abdelaziz Bouteflika, adressée aux participants du colloque sur la formation, la recherche et le développement.
Dans ce message lu par le conseiller à la présidence de la République, M. Mohamed Ali Boughazi, le président de la République, a affirmé que l’Algérie "demeure fière de la réussite des ses enfants à l’étranger qui restent attachés à leur pays. Ces compétences qui tiennent à l’accompagner dans le domaine de la science et de la connaissance". Le président de la République a rappelé les engagements de l’Etat à finaliser les réformes dans l’éducation, la justice, la santé, la culture et l’agriculture. Comme il a souligné que le programme d’actions du Premier ministre "s’inscrit dans le droit fil de notre ambition de construire le développement durable sur des bases renouvelées en ayant en vue les attentes de notre peuple". Pour le chef de l’Etat, cette rencontre de la diaspora algérienne a de "vastes ambitions", car "il faudra inventer des solutions neuves dans plusieurs domaines et chercher patiemment les points d’articulation dans plusieurs directions à la fois", pour "donner un sens à l’engagement" de ces compétences.
De son côté, le ministre de la Solidarité nationale, de la Famille et la Communauté nationale à l’étranger, M. Djamel Ould Abbès, a annoncé l’installation avant la fin de l’année d’un Conseil consultatif de la communauté algérienne à l’étranger. « Ce Conseil permet de créer des ponts entre les chercheurs algériens établis à l’étranger et leur pays l’Algérie et d’être à l’écoute de leurs préoccupations ».
M. Ould Abbès n’a pas manqué de relever que des compétences, dont certaines appartiennent à des laboratoires et à des instituts de renommée mondiale, ont été « formées dans les écoles et les universités algériennes. »
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M. HARAOUBIA SOUHAITE QUE LES CERVEAUX ALGÉRIENS RESTENT À L’ÉTRANGER
Le ministre de l’Enseignement supérieur et de la Recherche
scientifique, M. Rachid Harraoubia a annoncé pour sa part que le statut
spécifique du chercheur et le statut de post-graduation et de doctorat
sont en voie d’élaboration. "Nous devons avoir une autre vision sur les
compétences nationales établies à l’étranger. Au lieu d’envisager leur
retour et leur installation dans des centres de recherche, il serait
plus pertinent de veiller à leur valorisation sur place et faire en
sorte que les équipes de recherche installées en Algérie puissent
bénéficier de leurs connaissances acquises", a affirmé le ministre.
Indiquant par la même occasion que son ministère est en phase de sélection des compétences nationales à l’étranger pour leur permettre de participer aux conseils scientifiques, administratifs et centres de recherche, et répertorier ainsi les priorités de la recherche scientifique. Il a précisé que les domaines d’échanges avec ces chercheurs touchent principalement les secteurs de l’énergie renouvelable, la technologie, la santé, l’agriculture et la physique des particules. Et justement ce colloque de trois jours, co-organisé par la Forem et l’Association des compétences algériennes (ACA), vise, selon Dr Bensebaâ, membre de l’ACA, « à identifier les paramètres et acteurs influents qui permettront l’édification d’une économie solide sur une base durable. »
Durant cette rencontre scientifique, plusieurs thèmes seront débattus comme "La formation et la recherche-développement (FRD) au service du développement économique", et "La FRD dans le domaine biomédical et l’environnement et l’ingéniorat et l’infrastructure". D’après les statistiques de la Forem, le nombre des compétences algériennes qui évolue à l’étranger est situé actuellement entre 30.000 et 100.000. Un chiffre supérieur à celui communiqué par le ministère de la Recherche scientifique qui l’estime à quelques 700 chercheurs alors que 16.000 autres évoluent en Algérie aux côtés de 300 chercheurs permanents.
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Souhila Habib.
— Horizon
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Trop tard !
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Sept cents chercheurs algériens exercent ailleurs que dans leur
pays. Le chiffre, communiqué récemment par l’Association des
compétences algériennes établies à l’étranger à l’occasion d’un
colloque organisé à Alger, ne devait pas passer sans poser les
interrogations qu’exigent l’importance et la sensibilité du sujet. Des
compétences scientifiques et des chercheurs universitaires quittant
leur pays d’origine est un mouvement qui ne réjouit personne.
Il impose plutôt une lecture lucide du contexte global ayant poussé l’élite à aller ailleurs dans l’objectif d’éviter de nouveaux départs. Les causes ayant contraint les intelligences algériennes de partir sont multiples.
Elles peuvent être réduites à deux aspects : dégradation de l’environnement de la recherche et dévalorisation, matérielle et intellectuelle, de la place sociale du producteur d’idées et du porteur de projets. Devant l’urgence de rétablir le sens de la compétence et d’éviter à l’université algérienne une hémorragie certaine, les pouvoirs publics annoncent avoir amélioré les conditions de travail des universitaires-chercheurs auxquels on promet monts et merveilles. L’objectif recherché par la tutelle est visiblement celui de stabiliser le personnel professoral et de préserver le gisement d’intelligence que compte le pays. Le souci de la qualité semble également inciter le gouvernement à souhaiter le retour des compétences installées un peu partout dans le monde. L’ambition est légitime. Parvenir à maintenir en place nos universitaires et réussir à faire participer, sous différentes formes, ceux qui activent à l’étranger -à défaut de pouvoir réunir les conditions d’un retour durable de cette catégorie-, c’est s’offrir les atouts d’un développement qui prendrait forme à partir de l’université. Néanmoins, on ne bâtit pas des projets sur du virtuel. Dire aujourd’hui que l’université algérienne fait plutôt fuir son propre produit équivaudrait à défoncer des portes déjà ouvertes.
Nul n’accorderait une attention à une évidence pareille. La réalité livre, au quotidien, des messages pleins de clarté, mais aussi d’amertume. L’université en Algérie se satisfait, hélas, de délivrer des diplômes de fin d’études, parfois sans que le titulaire du titre ait suivi le moindre cours. L’autre niveau de l’attente, consistant à espérer un retour de l’élite, s’apparente plus au souhait de voir évoluer le score d’un match dont l’arbitre avait déjà sifflé la fin. En accueillant, hier, des représentants des compétences algériennes établies à l’étranger, le ministre de la Solidarité, tente l’œuvre qu’il juge utile.
Il y a néanmoins motif de croire que nos compatriotes ont été
reçus de manière officielle parce qu’ils sont établis à l’étranger que
pour ce qu’ils représentent dans la balance de la compétence ici comme
ailleurs. L’absence du ministre de l’Enseignement supérieur et de la
Recherche scientifique conforte tout doute quant à la volonté de
valoriser les compétences nationales.
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Par Amirouche Yazid
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