.
Zeynab Laouedj
Poétesse algérienne, Zeynab Laouedj est née en 1954 à Tlemcen. Après une licence en littérature arabe à l’Université d’Oran, elle a obtenu, à Damas, un magistère intitulé L’évolution du concept de la révolution dans la poésie algérienne et un doctorat sur « l’aspect social dans la poésie maghrébine des années 1970 ». Professeur de lettres à l’Université Paris VIII et l’Université d’Alger, elle a entamé son parcours poétique à l’adolescence, son premier recueil a été publié en 1979 sous le titre Ya anta, man minna yakrah al-chams (qui de nous déteste le soleil ?). Elle a été élue députée au Parlement algérien, période pendant laquelle elle a mis sa production littéraire entre parenthèses, et a repris la publication en 2002, avec La Danseuse du temple et Nawara lahbila (Nawara la folle). Elle dirige la revue Cahiers de femmes, la collection Empreintes et a créé en 1998 la maison d’édition Espace-Libre. Nombre de ses œuvres sont traduites en plusieurs langues.
.
.
Face à la folie destructrice de la mort, la poétesse
algérienne Zeynab Laouedj
dit la volonté de vivre et le désir d’aimer d’une femme.
Dans son dernier recueil, Les Chants de la dernière colombe,
elle entraîne le lecteur au fond de son cri de survie.
.
.
.
Nostalgie
.
Je m’envole paroles ensorcelantes
Ouvrant les ailes aux papillons égarés
Au-delà des nuits prisonnières des regards qui
Chassent la lumière triomphante
Hors temps Hors saisons Hors joies Hors couleurs
Murmurant Tendresse Amour Promesse
Mains ouvertes Mer saisissant les nuances d’une
Aube qui essaie de renaître à la lumière d’un
Rêve Requiem oublié au seuil d’un regard fugitif
Insoumis aux feux ardents
Annonciateur de chants couleurs de vie
Annonciateur de voix qui se multiplient qui
Nous nourrissent de berceuses arc-en-ciel
Nous inventent
A jamais
Mer … suaves de paroles
Insoumises
Comme les mélodies délicates
Hantées de passions et de libertés
Au bord des rives où
Entre soleil et soleil j’habite
L’ombre des sirènes cachées
Je cueille les couleurs arc-en-ciel
Ombres lumineuses
Enfouies dans les cœurs oubliés et
Les yeux cachant leurs larmes
Luisantes secrets éternels
Extase de vie qui bercent
Nos rêves
Comme un regard qui nous
Habite et nous fuit
Amours Hanîne Nostalgies
Réveillent en nous … Traits Visages absents et
La vie qui n’est que multiples voyages
En nous, énigmatiques, guetteurs de mots
Sublime et de fines traces
Dévoile tes lumières Signe de l’errance
Attentives à nos blessures à
Nos cris débordants d’absence et de silence
Invente-nous
Encore et encore
Lumières passées Lumières présentes
Lumières qui s’accrochent au bout de nos
Espoirs fragiles et nos yeux hagards
Effleure nos regards égarés
Rêves inachevés pleins de présence sur
Nos lèvres encore sèches qui
S’ouvrent sur l’univers comme le
Temps qui trompe et trahit
.
.
Douleurs
.
Ouvrant les cicatrices de mots, de
Nos paroles cachées
Avant même que la lumière du
Temps qui voyage en nous
Avance vers l’inconnu
Aujourd’hui
Le poète est absent
Entre les lumières qui ruissellent en nous
Savoure en silence les
Saisons qui s’ouvrent et
Annonce leurs offrandes
Noblesse
Douceur
Rayons de soleil
Avant que les méchants
Se réveillent
Annoncent les temps maudits … nous crions
Belle … est tellement belle la vie … nous complices
Indomptables
Nous tressons les secrets des temps
Et nous scrutons le silence des mots
Iris ou Sawsana
Offrant charme et
Transparence
Nuances de vie
Illuminées au bout du cœur d’un
Enfant qui cueille
Les étoiles des Cieux ouverts
Poèmes
Espérance
Générosité
Rêves couleurs de miel
Ou plutôt
Beauté éternelle
Kalimates … mes Kalimates braises ardentes
Avancent telles mes nomades solitaires
Réveillent les vents et voyagent avec les
Etoiles filantes tendres et fragiles entre
Nostalgie et absence
Trompent la vigilance des Dieux
Inventent les signes des cieux pour
Mieux dire la nostalgie des lieux et crient
Heureux ceux qui se réveillent
Entre folies et folies
Interprètent
Nos délires
Ramassent nos mémoires traces
Inachevées des Dieux absents qui à
Chaque instant incarnent
Horreurs et châtiments
Sous le regard fugitif de ma Luna
Aux yeux et cœur ouverts belle à
Ravir
Adoratrice de
Parfums des rives oubliées
Aube des saisons
Uniques ouvertes sur
Les signes qui refusent
D’être
Apprivoisés comme une
Vieille source de lumière qui
Invite, savoir, sagesse
Divinité et
Beauté
En nous et
Tente de réveiller la sublimation des
Yeux angéliques
Aux cœurs des poètes voyageurs qui
Quittent vers les profondeurs
Glacées sans couleurs, sans
Images ni rêves
Embrasés, voltigeant
Comme les enfants
Aux visages lumineux qui
Traversent les voix du silence
Humectées de murmures
Et de chants
Rayons, blessures
Intenses qui
Nous habitent
Comme un nuage prometteur qui
Avance comme un ciel ouvert aux
Reflets des yeux baissés
Ombres fugitives
Lumières muettes qui scrutent les regards trahis et
Y sèment fragilité, impatience, attente, absence
Nuits fugueuses cherchent nous à la lisière des rêves
Enfouis au cœur d’une flamme porteuse de signes
Grande est la douleur des
Rimes vagabondes
Incrédules voyageuses aux cœurs des
Zéniths des saisons indomptables
Endormies dans
Les lumières ressuscitées
D’un chant berbère qui se réveille
Avec les cris de mon Algérie
Je la saisis comme l’air comme le temps
Elle se perd entre les lèvres d’un enfant peuplées d’amour
Attentive aux cris aux mots où germent les rêves et les
Nuits abreuvés de feux rassasiés de blessures
Ne cesses-tu pas de frémir Juste un
Instant de Répit et de Lumières Peux-tu compatir avec les
Nuits couleurs papillons qui nous
Echappent et nous accusent
.
.
Femme rebelle
.
Ailes ouvertes sur les
Nuits qui se déversent
Corps fissurés
Etoiles brûlantes
Silence tremblant qui
Cache les voix des
Ouragans comme un
Kanoun
Aux braises ardentes qui
Ravivent les cendres de mémoires
Lumineuses, oubliées
Au carrefour des
Intolérances et de
Nos jours blessés au cœur des fausses
Gloires qui saignent encore sans raison
Obscurantismes, violences et
Trahisons
Horizons … Fermés
Ombres sans … Ombres
Murmures sans … Voix
Amours … Confisqués
Soleils … Ensevelis
Beauté … Incriminée
Intelligence … Assassinée
Lumières … Effacées
Lieux sans … Présence
Univers sans voiles
Lumières qui
Refusent de choir et
Et interpellent les
Kyrielles des étoiles
Et les rêves en soie d’une
Gitane égarée au bout d’une
Etreinte volée entre
Ordre et orgueil cachant ses
Rubans arc-en-ciel
Grâce
Eternelle
Espérance
Lumières
Souffrances
Peurs
Et
Tourmentes
Hagardes mais qui
Avancent vers
Nos ombres cachées
Déchirent la chrysalide des
Rythmes
Eteints et des prières
Avortées
Laves noyées au fond des Yeux qui ressuscitent
Les délires sacrés et démêlent les cris
Impatient d’un Insoumis.
.
.
.
.
.
.
Les commentaires récents