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Il y avait autrefois une ville dont la cathédrale était le plus vaste édifice de l'Afrique chrétienne.
C'était une colonie romaine prospère mais les Vandales, vers 430, la saccagèrent. Elle allait peu à peu sortir de l'histoire. Les musulman Fatimides, vers 975, achevèrent le travail des Germains.
Du moins, c'est ce que rapporte Léon l'Africain.
L'antique cité devint Tefassed : "la ruinée".
En 1854, un entrepreneur parisien, Demonchy, eut l'idée grandiose de
rebâtir Tipasa. L`administration lui accorda une vaste concession; à charge pour lui de construire, à côté de sa ville, un village agricole. L'année suivante Demonchy meurt du paludisme (dans la vallée du Nador au pied du massif du Chenoua subsistaient des marais), puis c'est le tour de son épouse du fait du climat malsain qui régnait alors. Le fils, découragé, vend la concession à son beau-frère, JeanBaptiste Trémaux.
La ville de Tipasa ne renaîtra pas, mais Trémaux crée le jardin-musée pour protéger l'ancienne cité du vandalisme moderne, à côté du futur Parc Trémaux, parc national qui groupe l'essentiel des ruines romaines.
Le nouveau Tipasa sera un village, fondé par quarante colons dont huit déportés politiques et un musulman, Ameur Abdallah (chacun eut environ une quinzaine d'hectares). Un an après leur installation, vingt-trois avaient déjà abandonné. Ce centre sera anémique jusqu'au moment où vinrent s'installer, en 1876, de nouveaux colons originaires de l'Hérault, ruinés par le phylloxera. Parmi eux, il y avait les frères Théron (de nombreux maires de Tipasa porteront ce patronyme), originaires de Castries. Ils révolutionnèrent la culture dans tout le Cherchellois oriental. Ils défoncèrent le sol, ils plantèrent de la vigne, des plants languedociens, alors que des colons du premier peuplement avaient planté des céréales au rendement médiocre ou des plants bourguignons de moindre rapport et moins bien adaptés au climat. Grâce à ces Héraultais, Tipasa devint un village viticole prospère, moderne.
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Colonie maritime créée par arrêté de Monsieur le Gouverneur Général en date du 22 juillet 1848
L’emplacement a été déterminé au fond de la crique dite Mersa-el-Kabia qui forme un petit port.
Le site de Tipasa est incomparable, avec la baie et le massif du Chenoua.
Situé au débouché ouest de la Mitidja, il constitua dès l'antiquité une escale sur la voie maritime est ouest de la Méditerranée.
Quelques vestiges de l'époque punique y subsistent.
Sous la domination romaine, la cité fut florissante : l’ importance des ruines dans le village et ses alentours en témoigne. Les luttes religieuses, entre catholiques et donatistes, la domination vandale amenèrent la ruine de la cité.
Il ne restait en 1830, lors de la conquête, qu'un groupement de quelques familles sur le Haouch-et-Tefassed (la ruinée). Familles berbères, ainsi que les Chenoui qui occupaient le petit massif montagneux du Chenoua.
Lorsque l'ouest de la Mitidja entre, en 1848, dans le périmètre de colonisation, Tipasa apparaît comme le débouché logique sur la mer. Un projet de création d'un village d'une trentaine de feux, à double vocation, pêche et agriculture, est arrêté puis différé.
Pas de suite non plus à la demande de concession de 600 ha de Godeaux et Renou, qui prennent l'engagement de peupler en 4 ans deux villages de 10 familles.
De Malglaive est chargé d'ouvrir la route (Miliana) Marengo-Tipasa (''port de Marengo "). Il préside une commission qui dresse un plan de colonisation de 400 ha, mais le manque d'eau le fera différer. En 1854, un service de douanes et une baraque "à caractère commercial" en marquent seuls l'amorce.
Un entrepreneur parisien Auguste Demonchy demande une importante concession. 2672 hectares lui sont accordés le 12 août 1854, contre la somme de 20 000 francs. Il devra construire un village agricole de 50 feux, le peupler, attribuer 10 hectares dont 5 défrichés à chaque colon. L’Etat s’engageait à niveler le périmètre du village, à achever la route Marengo-Tipasa, à construire une église et une école et à alimenter le village en eau.
Il est un peu étonnant que l'Etat qui avait repoussé le projet de Malglaive en raison du manque d'eau se soit engagé et si rapidement à en fournir au centre créé.
Des difficultés administratives retardèrent l'installation des colons. Demonchy bâtit un caravansérail fortifié plus tard "Ferme Raynaud" et décédait du paludisme le 7 novembre 1855, laissant des héritiers mineurs.
La famille Demonchy vendit ses titres à M. Rousseau qui dut abandonner. Mme Demonchy et son fils aîné reprirent les charges du contrat modifié : 40 familles devaient recevoir 15 ha chacune en 32 lots urbains et 8 lots de fermes.
A la mort de Mme Demonchy, en novembre 1859, le village comprenait le caravansérail; à Tipasa même des baraques en bois où logent 182 ouvriers de l'entreprise, 22 maisons en construction, 3 fermes achevées et 24 colons installés. Quatre fours à chaux et une briqueterie à deux fours fournissent les matériaux, sans compter les emprunts aux ruines qu'on met à jour.
La question de l'eau reste entière : un seul puits romain reste utilisable en été et il faut en transporter l’eau. Les routes ne sont pas faites, le périmètre pas nivelé. Pas d'église, pas d'école. Les héritiers constatant la carence de l'Etat, demandent d'être libérés de leurs charges. Un long procès s'engage, qui ne verra fin qu'en 1906, sur une transaction amiable.
Mais les frères Demonchy, Adolphe et Gaston, ont rejoint la métropole après avoir vendu leurs droits aux Trémaux. Le village compte 40 concessionnaires, dont un Arabe et 8 déportés politiques, mais un an après, leur nombre sera réduit à 17, les autres ayant vendu leurs terres ou les ayant louées.
En 1862, la famille Thoa rachète une bonne partie de ces terres.
Les années 1867- 69 sont aussi mauvaises qu'on peut l'imaginer.
La chapelle se trouvait dans la maison de M. Monniot et le curé de Zurich (à 16 Km et par quelles routes) venait y dire la messe une demi-douzaine de fois l'an.
Quand il fut muté, la chapelle fut transformée en salle de classe.
Le lieu attirait écrivains et peintres qui n'avaient pour se loger qu'un établissement nommé pompeusement "Hôtel des bains de mer" (plus tard plage Raynaud-Matarèse).
IL fallait 6 heures de voyage depuis Alger jusqu'à El-Affroun. Ensuite, un omnibus jusqu’à Marengo où l'on trouvait à louer, à l'Hôtel d’Orient, une voiture qui vous amenait jusqu'à Tipasa, en passant le Nador à gué quand elle pouvait. Le pont ne sera construit qu'en 1906. Le facteur de Marengo apporte, en même temps que le courrier, le pain et les commissions.
Ecoutez ce que dit Desprez en cette année 1871: "Interrogez les Algériens, les plus vieux, les plus au courant des choses de la colonie ; quatre-vingt-dix pour cent répondront qu'ils n'ont pas vu Tipasa, et quant aux autres, ils ne sauront en général vous donner sur cette localité, que des renseignements vagues et d'un attrait médiocre. Le pays, selon eux, n'est ni pittoresque, ni gai, quelques pauvres maisons éparpillées sur un sol nu, pas d’eau, pas d’arbres et pour toutes ruines, un amas informe sans grandeur ni cachet, de briques, de moellons et de menus gravois".
Bien triste réputation ! Il est vrai que nombre d'auteurs la voyaient d'un oeil admiratif, s’intéressant surtout à son site.
Pendant la période troublée de 1871, au moment du soulèvement kabyle, fut créée une "commission de défense de Tipasa" présidée par le Maire J.B.Trémeaux. Plus de peur que de mal.
En 1876, de nouvelles concessions furent attribuées à des vignerons du Midi de la France ruinés par le phylloxera, les frères Théron, Chailler, Viala, Beyssade ... y planteront des cépages languedociens, mieux adaptés au climat.
Le village a enfin sa mairie, son école, son église mais le manque d’eau se fait toujours cruellement sentir. Les "Diligences du Littoral" ne pouvaient y abreuver leurs chevaux : Ce n’est qu’en 1906, avec le captage de sources au Chenoua que le centre aura enfin son eau.
En 1882, Tipasa devient commune autonome. Mais comme toujours en pareil cas, elle veut englober Desaix qui restera fraction de la commune de Marengo.
Avec l'extension de la culture de la vigne, le port de Tipasa devint très actif. Les quais étaient périodiquement encombrés de fûts que venaient charger les petits caboteurs des compagnies Achaque et Schiaffino. Port est un bien grand mot pour un abri doté d'un bout de quai, franchement dangereux par mer d’est comme ce fut le cas lors de la perte de "l'Angèle Achaque" pendant une tempête en novembre 1927.
Le camionnage automobile, puis les camions citernes devaient bientôt le reléguer au rang de port de pêche de peu d'importance par manque d'infrastructure.
La région connut un nouvel essor après 1925, avec la culture des primeurs, puis des agrumes.
Les travaux effectués par les diverses municipalités, en dotant le village d’un équipement moderne,l’attrait de la côte et des ruines romaines en ont fait une cité agréable et vivante, dans un cadre aimé des peintres et des touristes.
En 1955, la, commune comptait 5681 indigènes, (douar Chenoua) et 571 européens.
Deux à trois mille touristes fréquentaient la station en été, notamment la plage Raynaud (Matarès) et Chenoua - Plage.
TIPASA
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