Des faits graves ayant trait à la dilapidation des deniers publics ont émaillé ces derniers temps la scène politique algérienne et entamé la crédibilité de bon nombre de grandes institutions financières du pays.
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Les hautes instances juridiques, à coups de procès médiatiques, se font l’écho des cris populaires voulant coûte que coûte mettre un terme à ce que l’on peut nommer dorénavant « la fraude-habitude algérienne ». Si l’on fait un bilan de ces cinq dernières années, il ressort nettement qu’un nombre important de directeurs de banques et de hauts responsables dans de grandes entreprises, sans scrupules apparents, se sont arrogés les droits de vider les caisses des institutions pour lesquelles ils travaillent.
A toutes les sphères de la société, on peut faire le constat alarmant que l’Algérie souffre actuellement d’une situation très critique : la fraude, le vol, la dilapidation des deniers publics sont devenus des pratiques ancrées dans les moeurs de notre pays. Que ce soit au niveau des banques, des grandes entreprises d’import-export, des douanes ou des institutions financières, pas un secteur où le détournement d’argent à grande échelle n’a pris ses ancrages; pis, cette tendance semble s’être muée, depuis la dernière décade, en une forme de pratique endémique faisant partie du décor ambiant. Beaucoup y trouvent leur compte, d’autres rêvent d’y participer et de profiter de l’aubaine.
Le constat est certes affligeant, néanmoins l’origine de cette réalité qui a pris une dimension effarante depuis les années quatre-vingt-dix incombe aux gouvernements successifs, laxistes et souvent complices, qui n’ont jamais pris les mesures nécessaires et à leur portée pour maîtriser cette dérive qui mine l’économie algérienne et réduit à néant les sommes colossales que la conjoncture pétrolière, particulièrement favorable, permet d’injecter dans la modernisation de nos institutions. Mais au final, il faut le dire sans aucune complaisance, le premier et seul perdant est, comme toujours, le citoyen algérien.
Ce laisser-aller que nous avons adopté chez nous a pris, au fil des ans, des allures de caution à la plus totale impunité. On assiste à une hémorragie des capitaux qui est aussi et surtout une hémorragie des valeurs!
Les sommes détournées ont atteint des proportions surréalistes et la pratique a trouvé des espaces favorables dans des sphères monétaires qui représentaient jusqu’alors le socle de notre économie (voir les cas d’ Algérie Télécom, la Banque d’Algérie, la BADR, Khalifa Bank ...etc). Sans que cela inquiète sérieusement...
D’aucuns diront que cette pratique s’est incrustée durant la période trouble que notre pays a traversée. L’heure était grave et ne se prêtait pas à une prise en charge sérieuse de ce phénomène; notre pays avait des soucis autrement plus prioritaires. Ce qu’il ne faut pas omettre cependant c’est qu’à contrario, la situation de l’époque étant agitée et troublée, elle couvrait par sa confusion ces dérives dont une bonne frange de nos hauts responsables a consciemment profité...Sans scrupule aucun.
Mais puisque tout dernièrement, une prise de conscience semble s’installer progressivement au niveau des instances juridiques et qu’il y a une sérieuse prise en charge de cette désormais composante de notre quotidien, à quoi bon remuer le couteau dans la plaie ? Ces procès ne sont-ils pas, par leur répétition, des gages que les mentalités changent et que la revendication de transparence trouve aujourd’hui son terrain d’expression ? Rien n’est moins sûr !
A force de gaver les citoyens de boniments, nos politiciens de tous bords devront se rappeler que les Algériens ont appris à ne plus être dupes de leurs parades. Sinon comment de tous ces procès à répétition, aucun n’a encore sorti de leur nid des personnalités militaires ou politiques, et chacun sait combien nombreux ont été impliqués (la mascarade du procès Khalifa).
Cette campagne dissuasive semble être uniquement dirigée vers les simples citoyens et a, pour seul but, d’apeurer ceux qui seraient tentés par les sirènes du gain rapide. On donnera ainsi l’illusion que la justice algérienne prend au sérieux le combat contre la fraude, aujourd’hui bien enracinée dans nos moeurs. Il est malheureusement évident que l’appel réitéré du président de la République à une totale transparence dans la gestion des dossiers de fraude ne trouve pas suffisamment d’échos dans les corps politique et juridique algériens !
Si le gouvernement en place aujourd’hui est conscient de la gravité de la situation, il est évident que son implication à combattre ce fléau, qui mine notre économie depuis une quinzaine d’années, doit s’étendre à ces cercles politico-militaires où la fraude et le détournement d’argent ont atteint depuis longtemps des sommets vertigineux. Les imprécations et les mises en demeure n’ont d’effet que si elles sont suivies de gestes concrets. Cela, nos dirigeants semblent l’avoir occulté. Ils ont plutôt opté pour une politique de dissuasion qui agit par à coups : On intente des procès très médiatisés à quelques directeurs inconnus et l’on oublie les véritables bénéficiaires...ou peut-être s’ingénue-t-on à traîner tout le monde sauf eux à la barre des accusés ? Faire diversion n’éradiquera pas la gangrène qui mine les fondations de notre société.
La conjoncture économique, qui profite actuellement à notre pays, et notre volonté d’intégrer le marché mondial des échanges commerciaux nous obligent à réintégrer le chemin de la production. Nous courons vers notre propre perte si nous persistons dans la pratique de la paresse, du vol, du détournement de fonds et la dilapidation des deniers publics. Il faut procéder de nouveau à l’éducation du citoyen algérien aussi bien dans les sphères populaires que dans les sphères décisionnelles, lui réinculquer ces principes de base qui sont l’honnêteté, le labeur dur, l’amour de la réussite personnelle et collective et lui rappeler ce principe vieux comme le monde selon lequel celui qui ne sème pas l’hiver, ne récolte pas l’été !
Ces principes se transmettent à la nouvelle génération par l’éducation et le système scolaire. Aujourd’hui, malheureusement, notre système scolaire a oublié d’enseigner l’essentiel : Les valeurs sur lesquels se fonde une nation. Que d’enfants ont perdu toute foi dans l’avenir parce qu’on leur propose un horizon morose. Comment peut-on espérer qu’un enfant puisse croire au travail et à l’honnêteté lorsqu’il voit, à l’âge de l’innocence, que souvent ceux qui réussissent ce sont les escrocs qui dépouillent l’Algérie?
Il y a lieu de se poser des questions fondamentales pour l’avenir de notre pays et les valeurs qu’on veut inculquer aux futures générations.
Aujourd’hui, il
est urgent de générer une prise de conscience nationale qui doit se
répandre parmi tous les acteurs de l’éducation en Algérie qu’il
s’agisse des parents, des enseignants, des commissions scolaires... et
aussi et surtout des dirigeants qui doivent faire leur part des choses
!
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par Djelouadji Mohamed Ouamor
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