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Internet . Le phénomène de résonance du Facebook est sans doute derrière le succès du livre La Vérité du Facebook, ennemi ou ami ? Gamal Mokhtar tente de creuser derrière les causes de la frénésie du second site social après Google.
La figure emblématique du site social dit le Facebook est le billionnaire Mark Zuckerberg. A peine 24 ans, n’ayant pas terminé jusqu’à présent ses études à l’Université de Harvard, Zuckerberg avait inventé, en 6e, un programme d’informatique. Et en seconde année à la fac, il s’est introduit dans les PC de Harvard pour fonder un site à travers lequel les étudiants peuvent commenter et faire part aux photos de leurs amis du semestre. C’était dans le temps une attaque contre les lois de l’Université et lui a valu une enquête de la part de l’administration.
Ainsi raconte Gamal Mokhtar, l’auteur de La Vérité du Facebook, ennemi ou ami ?, les prémices de la naissance du Facebook dans un chapitre préliminaire qui présente sans enchantement ni éblouissement le site-phénomène.
Ces premiers essais à Harvard avant le lancement du site en 2004 nous renvoie déjà à la nature problématique du site utilisé par 80 millions de membres. Car il met en avant l’extrême facilité à brusquer et transgresser le « privé » de l’autre. Sachant que ce qui était hier illégal, communément désapprouvé, devient du jour au lendemain « normal » du vu et du su de tout le monde, à l’ère du net. Il suffit d’appuyer sur le bouton magique OK, une fois qu’on a rempli le formulaire de « mon profil », pour être engagé à vie dans ce réseau dont le revenu est de 150 millions de dollars par mois. C’est ainsi que l’auteur nous livre, à la manière simplifiée des rapports de marketing et des groupes de recherches qui en suivent, une longue liste d’informations ignorées par les internautes en se précipitant dans ce marathon acharné du Facebook. A savoir que le Facebook a tous les droits de garder les informations qui vous concernent, toutes vos activités et photos, etc. même si vous avez déjà annulé votre compte Facebook. Pire encore qu’il ne garantit pas la sécurité de vos dossiers, ainsi le contenu peut être visité par des personnes non autorisées, mais surtout que les activités exercées sur le site sont sues et vues, avec toute « transparence », par 50 réseaux adhérés ou partenaires du Facebook.
Gamal Mokhtar, qui est directeur en tête d’une société publicitaire, écrit ce livre qui a fait tabac dans un style plutôt simpliste qui vise à atteindre toutes les catégories, une manière dépouillée à l’instar de l’outil même d’Internet afin d’atteindre les jeunes. Sans oublier de s’adresser aux parents qui restent, selon lui, au bord d’un grand fossé qui les sépare des générations nouvelles. Le livre passe en revue l’histoire et l’évolution du Facebook, la couverture par la presse du phénomène en Egypte et dans le monde arabe, l’interdiction de sociétés et de gouvernements d’avoir accès au Facebook comme la Syrie et l’Iran, les abus de l’utilisation du site dans des groupes sexuels, le côté psychologique de l’afflux du Facebook et le mécanisme qui rend les gens presque « fanatiques » du site. En interviewant des jeunes et des stars sur les pour et les contre, on entend l’avis positif partagé par la communauté, celui de retrouver des amis perdus de longue date, d’élargir sa liste de connaissances afin de communiquer et de débattre des sujets d’intérêts communs, ou comme le précise le réalisateur Mohsen Ahmad : « Le Facebook satisfait un besoin et un état oriental recherché aujourd’hui qui est la communication chaleureuse entre les gens ». Mais cela n’empêche qu’ils reconnaissent tous la perte de temps absorbé par le Facebook, l’atteinte de la vie privée et les possibilités de bleufs, certains portent un avis réaliste affirmant que la frénésie du Facebook s’arrêtera à l’arrivée d’un autre site qui procure de meilleures conditions.
Mais tandis que le Facebook en France par exemple « ne révolutionne rien du tout », d’après un critique, étant donné que d’autres sites sont encore beaucoup plus populaires comme Myspace, ou parce que les annonceurs n’y trouveront qu’un intérêt très relatif, en Egypte et dans le monde arabe, nous sommes loin de l’affirmer. Car ce que le livre ne discute pas c’est l’influence spectaculaire du Facebook sur l’activité des bloggueurs en Egypte dernièrement. Surtout après l’affaire du 6 avril réussissant à regrouper plus de 70 000 pour une grève contre la hausse des prix. Cette influence continuera probablement tant que les systèmes arabes souffrent de tout mécanisme qui peut regrouper les gens pour réclamer un droit, protester ou simplement s’exprimer. C’est pourquoi le quotidien Al-Masri Al-Yom a qualifié le Facebook, les blogs et les moyens utilisés par les internautes comme « l’ennemi électronique qui fait peur au gouvernement ».
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Dina Kabil
Haqiqat
al-facebook,
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sadiq
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(la vérité du Facebook : ennemi ou ami ?), de Gamal Mokhtar,
Aspect Media House, 2008.
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