Après avoir dominé l’Espagne durant de longs siècles
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Début de la conquête de la péninsule ibérique
Ainsi, les musulmans, partis des rivages de l’Afrique du Nord, courageux et intrépides, conduits par une foi inébranlable, ont réussi à mettre pied à terre, pour la première fois, sur le rivage espagnol, le détroit de Gibraltar franchi (avant il portait le nom de colonnes d’Hercule). Quelques semaines leur suffirent pour tailler en pièces la forte armée des Wisigoths sous les ordres du comte Rodrigo et dont le nombre dépassait largement cent mille hommes.
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Rappelons que la bataille du Guadalete eut en plein Ramadhan de l’année 711, après que Tariq eut brûlé, dit-on, toute la flotte de navires sur lesquels ont embarqué ses combattants, environ six mille au départ, puis bientôt rejoints par six mille autres dépêchés par le wali, Moussa ibn Noçaïr, à l’appel du général berbère pour faire face à l’armée ennemie dix fois plus nombreuse.
L’armée des musulmans ne tarda pas à submerger les autres régions de la péninsule ibérique, en un temps très court, dominant le centre et le nord-est, traversant les montagnes de la Sierra Nevada, les fleuves, les plaines et les hauts plateaux des terres centrales en direction du nord. Là, pendant que Tariq était appelé à se présenter devant le calife ommeyyade, à Damas, ses successeurs continuèrent son œuvre gigantesque, profitant de la désunion des princes wisigoths dont politiqueinjuste et oppressante envers les autochtones ont grandement facilité la tâche des nouveaux conquérants. Il faut dire aussi que la religion musulmane aux valeurs universelles de justice, d’égalité et de tolérance a conquis immédiatement les habitants qui, en masses, l’adoptèrent et contribuèrent à asseoir une nouvelle société, très différente de la précédente, en se portant même comme volontaires pour la conquête de nouvelles provinces et à y répandre la religion islamique.
A cette époque, la province espagnole était rattachée au gouvernement ommeyyade, et peu après, une nouvelle dynastie, ommeyyade également, fut fondée par le prince Abderrahmane, rejeton de la grande famille arabe qui a réussi à échapper au massacre conçu par leurs ennemis, les Abassides, quand ces derniers parvinrent à s’emparer du pouvoir depuis le lointain Khorassan et leur nouvelle capitale, Baghdad, en Irak, sur les bords du Tigre et de l’Euphrate. Au nord de l’Espagne, les musulmans ne se découragèrnt nullement devant la formidable barrière constituée par les gigantesques montagnes des Pyrénées, très hautes et souvent couvertes de neige, face aux nouveaux arrivants qui connaissaient, surtout, les plateaux et le désert, à l’exception, bien sûr, des Imazighènes de l’Afrique du Nord, pays montagneux, avec notamment, la chaine de l’Atlas.
Très vite, les troupes musulmanes déferlèrent sur le sud de la France où ils furent arrêtés, à Poitiers, par le maire du palais, Charles Martel, en 732. Mais, pendant ce temps, le sud-est du pays des Francs était occupé jusqu’à la ville de Phocée (actuelle Marseille). D’autre part, les années suivantes virent l’occupation des îles de la mer Méditerranée, telles que l’Ile de Beauté (la Corse), la Sardaigne ainsi que la Sicile, sans oublier les provinces méridionales de la péninsule italienne. Les musulmans répandirent dans les terres conquises, leur religion, leur langue, leurs us et coutumes et les éléments de leur civilisation intégrant avec une facilité déconcertante l’apport des autochtones. Ainsi, en un laps de temps très rapide, une brillante et splendide civilisation vit le jour et rayonna sur une grande partie de l’Europe médièvale, qui vivait, à cette époque-là, dans le dénuement, l’ignorance et l’obscurantisme total.
Mais l’unité politique des musulmans d’Espagne ne tarda pas à se
désintégrer pour laisser place aux luttes intestinales, à la rivalité
entre princes, aux conflits fratricides et aux guerres ouvertes entre
les frères d’hier, ce dont profitèrent les rois chrétiens pour
enclencher l’offensive afin d’expulser les musulmans et reprendre le
dessus pour récupérer tout le pays, événements appelés la Reconquista
et qui durèrent plusieurs siècles, jusqu’en 1492, date qui coïncida
avec la découverte du Nouveau Monde, par le navigateur Christophe
Colombs.
Durant la Reconquista, les combats contre les musulmans n’empêchèrent
pas les royaumes chrétiens de s’affronter entre eux ou de s’allier aux
souverains arabes.
La faiblesse des royaumes chrétiens et leurs divisions internes les
rendant vulnérables, permirent aux musulmans de résister aussilongtemps
que possible.
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La marche espagnole vers la reconquête
En 978, Al Mansur, devient ministre du nouveau calife de Cordoue, Hisham II, et prend ainsi la réalité du pouvoir. Contrairement à ses prédécesseurs il paraît qu’il a usé de beaucoup de violence et d’intolérance religieuse.
En 985, Al Mansur attaque et pille Barcelone, emmenant avec lui de nombreux esclaves. Le gouverneur chrétien local demande de l’aide à son suzerain Hugues Capet. Ce dernier ne daignant pas lui répondre, il prend alors une indépendance de fait. Paradoxalement, cet événement marque le début d’une phase de développement de la Catalogne qui entraîne les autres États de la marche espagnole.
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La reconquête chrétienne
Après l’effondrement du califat omeyyade de Cordoue au XIe siècle, et son émiettement en une multitude de royaumes, les divisions au sein de l’espace musulman deviennent également importantes. De plus, ils ne purent que rarement compter sur un soutien du reste du monde musulman, au contraire des chrétiens à partir de 1064 et qui bénéficiaient de réguliers renforts venus notamment de France. Ces derniers parvinrent de ce fait à rétablir au fil de victoires et de reconquêtes leur domination sur la péninsule.
L’Andalousie musulmane perd son indépendance à la fin du XIe siècle avec la conquête des Almoravides berbères, venus du Maroc, qui donnent un coup d’arrêt à l’avance chrétienne à la bataille décisive de Zalaca. C’est aussi la fin d’un âge d’or culturel : les Almoravides, sunnites austères et rigides, favorisent plus les religieux que les poètes ou les philosophes.
L’affaiblissement du sultanat almoravide quelques décennies après entraîne une seconde vague de l’islam berbère, celle des Almohades de tendance qui en dominent le Maroc et al Andalus, après avoir infligé une défaite aux Castillans lors de la bataille d’Alarcos. Mais ce contre-mouvement est annihilé au XIIIe siècle lorsque les royaumes chrétiens s’unissent et, soutenus par une nouvelle croisade, défont les Musulmans à la bataille de Las Navas de Tolosa en 1212. Les princes chrétiens se partagent les terres reconquises, en 1179, qui donne à laCastille un accès à la mer Méditerranée par Carthagène et qui stoppe l’expansion aragonaise.
La prise de Cordoue et de Séville par les Castillans est complétée par les dernières campagnes de la Reconquista aragonaise (Valence et et les îles Baléares) et portugaise. Les musulmans ne dominent plus que dans le royaume de Grenade.
Dans les derniers temps d’Al-Andalus, la Castille - unie définitivement au royaume de León depuis 1230 - a suffisamment de forces militaires pour conquérir le royaume de Grenade, mais ses souverains préfèrent soumettre les rois de taïfas à un tribut.
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La chute de Grenade, dernier bastion musulman
Le royaume de Grenade avait été reconnu comme vassal par la Castille
depuis 1246 et ainsi devait lui payer un tribut. De temps en temps,
éclataient des conflits par le refus de payer et qui se terminaient par
un nouvel équilibre entre l’émirat maure et le royaume catholique. En
1483, Muhammad XII devient émir, dépossédant son propre père, évènement
qui déclencha la guerre de nouveau. Un nouvel accord avec la Castille,
provoqua une rébellion dans la famille de l’émir et la région de
Málaga se sépara de l’émirat. Málaga fut prise par la Castille et ses
15 000 habitants furent faits prisonniers ce qui effraya grandement
l’émir de Grenade.
Pressé par la population affamée et devant la suprématie des rois catholiques, qui avaient même de l’artillerie, il capitule le 2 janvier 1492 terminant ainsi onze ans d’hostilité pour Grenade et sept siècles de présence du pouvoir islamique en Espagne. La présence des populations musulmanes ne prit fin qu’en 1609, lorsqu’elles furent totalement expulsées d’Espagne par le roi Philippe III.
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La religion, moteur de la reconquête espagnole
Au haut Moyen Âge, la lutte chrétienne contre les musulmans fut
assimilée à une croisade spécifique à la péninsule Ibérique. Des ordres
militaires comme l’ordre de saint Jacques» l’ordre de Calatrava,
l’ordre d’Alcántara, l’ordre d’Avis et même les Templiers furent fondés
dans ce but ou y participèrent.
Les papes appelèrent en plusieurs occasions les chevaliers européens à
la croisade dans la péninsule. La bataille de Las Navas de Tolosa, en
1212 vit la victoire d’une coalition d’Aragonais, de Français, de
Navarrais, de Léonais, de Portugais, et des Castillans, qui dirigeaient
les opérations, sous les ordres de leur roi, Alphonse VI. Au contraire,
les musulmans étaient plongés dans leurs rivalités, leurs déchirements,
inconscients du danger chrétien qui finit par les balayer
définitivement après plus de sept siècles de présence dans cette terre
si proche du Maghreb et où ils ont fondé l’une des plus belles
civilisations humaines.
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15-07-2008
Mihoubi Rachid
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